mardi 28 février 2017

Livres de poche : histoires d'amours multiples, futures et familiales


Olympe est une femme pressée. 37 ans, galeriste réputée, elle butine de Paris à New York avec cette énergie conquérante, irrésistible, qu’engendre la liberté en étendard. Ce qu’elle désire, elle le prend. Jusqu’au jour où, rencontrant trois indociles (ses semblables, ses pareils), elle se prend au jeu de l’art et de l’amour. Murielle Magellan, au style direct et vif, dresse le portrait réussi d’une femme d’aujourd’hui.
➤ « Les indociles », Pocket, 6,95 €


Émile a quinze ans. Il vit à Montargis, entre un père doux-dingue et une mère qui lui teint les cheveux en blond depuis toujours, parce que, paraît-il, il est plus beau comme ça. Quand la fille qui lui plaît plus que tout l’invite à Venise pour les vacances, il est fou de joie. Seul problème, ses parents décident de l’accompagner... Dans ce road-book d’Ivan Calbérac, l’humour se mêle à l’émotion.
➤ « Venise n’est pas en Italie », Le Livre de Poche, 7,60 €


Jean-Michel sombre dans la nuit, absent à tout. Sa femme lutte à ses côtés, espérant que son amour inébranlable pourra faire revivre l’homme qu’il était avant. Face au déclin de ce père tant aimé, sa fille trouve un moyen de tenir le malheur à distance en tenant un journal. À travers ce vibrant hommage à son père, Marie Griessinger tente de conjurer le mauvais sort. Tout s’efface, mais les écrits restent.
➤ « On reconnaît le bonheur au bruit qu’il fait en s’en allant », Milady Poche, 6,90 €


De choses et d'autres : On regrette déjà iTélé

 Dans la nuit de dimanche à lundi, iTélé a cédé la place à Cnews. Pendant les premières heures, les réseaux sociaux ont beaucoup jasé sur la nouvelle mouture de la chaîne d’info du groupe Canal +. Pas à cause de la moyenne d’âge des recrues (entre Elkabbach et Poivre d’Arvor, on frise l’exploitation du quatrième âge) mais de deux séquences qui, au minimum mettent mal à l’aise. Dans les journaux de la nuit, à propos de la famille disparue à Orvault, interview surréaliste de Lilie Delahaie présentée comme « profileuse ». Devant une entrée de métro, elle explique avoir rêvé d’un « jeune qui assassinait sa famille ». Un cauchemar qui se déroulait au bord de la mer, avec de grandes vagues « comme la Bretagne ou la Loire-Alantique »... Moi-même, j’ai récemment rêvé d’une Peugeot (voiture du fils, activement recherchée par les enquêteurs). A qui dois-je révéler cette information vitale ? A la rédaction de Cnews ou aux policiers ?
Second éclat de la nouvelle chaîne pour son premier jour, un dé- bat sur la chirurgie esthétique. A 9 heures du matin. Un « expert » raconte avec naturel comment il agrandit les pénis au repos avec des injections d’acide hyaluronique. Selon lui, un homme n’est pas perturbé par son pénis en érection mais quand il est au repos. Le fameux « complexe du vestiaire » à propos duquel Pascal Praud, ancien journaliste sportif, s’est longuement épanché. Visiblement, il sait de quoi il parle... 

(Chronique parue le 28 février en dernière page de l'Indépendant)

lundi 27 février 2017

Roman : Cyril Massarotto invente le monologue à deux



"QUELQU’UN À QUI PARLER". Cyril Massarotto joue avec le temps. Son narrateur va dialoguer avec son double enfant.

Nos rêves d’enfant prennent-ils fin un jour ? Cette question est lancinante dans le nouveau roman de Cyril Massarotto. L’ancien instituteur des Pyrénées-Orientales, devenu écrivain à plein-temps, semble encore nostalgique du contact avec les enfants. Ils tiennent régulièrement une grande place dans ses livres et ce huitième opus ne déroge pas à la règle. Samuel le narrateur, fête ses 35 ans.
■ Un simple coup de fil
Seul. Employé dans une société spécialisée dans les habits pour chien, il n’a quasiment pas de vie sociale en dehors des repas avec ses voisins du dessous, les « M & M’s » Marcel et Marceline. Il passe ses journées dans son petit bureau à imaginer des slogans publicitaires. Depuis très longtemps. Trop. Mais son patron, un tyran l’apprécie : il peut le martyriser à loisir. Un peu désenchanté donc le Samuel, à se remémorer l’époque où il était plein d’ambition (devenir écrivain...) entouré de copains, heureux chez ses parents. Il se souvient tellement bien de l’époque qu’il a toujours en mémoire le numéro de téléphone de la maison.
Sur une impulsion il le compose et quelqu’un décroche. À l’autre bout du fil, la voix d’un enfant. Un gamin de 10 ans. Samuel aussi. Le jeune. L’excellente idée de départ de Cyril Massarotto (les dialogues entre Samuel 35 ans et Samuel 10 ans) lui permet ensuite de dé- rouler son intrigue en toute décontraction car le lecteur est happé par cette relation dans laquelle il ne peut que se projeter. L’occasion d’émouvoir ou d’amuser. Côté émotion les larmes silencieuses de l’enfant et cet aveu de l’adulte « C’était ma grande fierté : personne n’a jamais su que j’étais un petit garçon désespéré ». On imagine facilement que Cyril Masarrotto a beaucoup mis de lui-même dans le personnage de Samuel. Entre sa phobie de l’avion et ses envies d’écrire, il a certainement puisé dans ses souvenirs.
Cela ne l’empêche pas de glisser dans le fil du roman des considérations plus générales qui sont devenues un peu sa marque de fabrique. Sur l’amitié : « Chacun sait plus ou moins comment l’on fait pour tenter de séduire quelqu’un, mais il n’y a pas de recette pour se faire des amis ». Les ruptures : « La vie après un amour envolé se couvre d’une boue épaisse dans laquelle on patauge en essayant de ne pas se noyer. » Reste ce dialogue vivifiant entre un enfant plein d’espoir et un adulte résigné. Un dialogue constructif qui permettra à Samuel de s’envoler, au propre comme au figuré.  
➤ « Quelqu’un à qui parler », Cyril Massorotto, XO éditions, 18,90 €

De choses et d'autres : Les craintes de Trump


Il a beau être devenu l’homme le plus puissant du monde, Donald Trump n’en reste pas moins prévoyant. Avant même de prendre possession de la Maison Blanche, il a tout compris au fonctionnement des nouvelles technologies. Selon une enquête de CNN, Trump depuis une dizaine d’années, achète tous les noms de domaines possibles et imaginables autour de son nom. Plus de 3 600 au total. Pour ses affaires bien évidemment (son nom est aussi sa marque) mais aussi avec des arrière-pensées plus étonnantes. En effet il a fait une razzia du côté des noms négatifs. Si après l’élection de Nicolas Sarkozy il était possible de créer un site internet à l’appellation explicite de Sarkozy-dé- gage.com, inutile d’essayer pour Trump. Déjà pris. Par le principal intéressé. De même que les variantes qui associent son patronyme à toutes sortes de mots peu reluisants tels escroc, voleur, fraudeur ou les phrases simples comme « Trump doit partir » ou « Votez contre Trump ». Du verrouillage médiatique de très haut niveau.
Alors pour contrer le président US si décrié il ne reste plus que... la sorcellerie. Des sorciers du monde entier se sont donné rendez-vous vendredi soir devant la Trump Tower pour lancer un sort au vainqueur de l’élection. Le rituel sera reconduit à chaque lune décroissante jusqu’à son départ du bureau ovale. Paradoxal car si Trump avait vécu au Moyen âge, avec sa chevelure tirant sur le roux, il aurait vite terminé son mandat sur un bûcher. Pour sorcellerie justement. 

dimanche 26 février 2017

DVD et blu-ray : The Magicians, une série entre fantastique et merveilleux



Adapté des romans de Lev Grossman (parus en France aux éditions de l’Atalante), « The Magicians » a des airs d’Harry Potter pour jeunes adultes. La saison 1, composée de 13 épisodes, nous plonge dans l’école de Brakebills, une école secrète où les jeunes ayant un don sont repérés et canalisés. Le personnage principal est Quentin (Jason Ralph), amateur de tour de cartes et surtout grand rêveur. Il ne se sépare jamais de ses chroniques de Fillory, série fantastique pour enfants. Introverti, il se dévergondera au contact d’Alice (Olivia Taylor Dudley), une surdouée qui est à la recherche de son frère, disparu de Brakebills quelques années plus tôt. Un duo épaulé par un voyageur, médium capable de se déplacer de monde en monde et deux dandys très borderline (Hale Appleman et Summer Bishil). Quentin découvrira alors que Fillory existe véritablement, mais que c’est un monde plus dangereux que le pays coloré décrit dans les romans. On apprécie particulièrement dans cette série les rapports complexes entre les jeunes magiciens. Des histoires d’amour se nouent, mais ce n’est pas l’essentiel de l’intrigue.
Un premier arc décrit le parcours de Julia (Stella Maeve), meilleure amie de Quentin et refusée à Brakebills. Elle rejoindra des sorciers dissidents qui veulent détruire l’école. Et dans les derniers épisodes, toute la bande va se rendre à Filory pour tenter de tuer « La Bête », le grand méchant de la série. Quelques effets spéciaux permettent de donner du crédit aux tours et autres enchantements.
Les décors de l’école sont d’une grande beauté mais la suite, à Fillory, annonce encore plus de surprise et de féerie. La saison 1, disponible en DVD avec de nombreux bonus dont un bêtisier, des scènes coupées et un long reportage sur le monde imaginé par Lev Grossman, va être diffusée prochainement sur la chaîne Syfy en France, la saison 2 étant déjà à l’antenne aux USA.
➤ « The Magicians », Universal Pictures Vidéo, 29,99 € le coffret blu-ray, 24,99 € le DVD.

samedi 25 février 2017

BD : Oublier les malheurs de l’enfance




Espé, après avoir illustré des séries réalistes scénarisées par Corbeyran (Le Territoire, Sept jours pour une éternité ou Châteaux Bordeaux), délaisse ces mondes imaginaires pour se pencher sur une histoire triste et dramatique : la sienne. Il a huit ans et sa maman est souvent absente. Elle fait des crises. Seule solution : l’hospitaliser dans une clinique psychiatrique. Sous forme de petites histoires courtes, il raconte comment il vit cette situation si compliquée. Une mère entre folle hystérique et zombie rendue amorphe par les médicaments. Mais il a quand même de beaux moments, comme cette balade en famille au Pic de Nore près de Carcassonne. Rarement une BD parvient à ce point à émouvoir le lecteur. Une réussite qui en plus se termine sur une note optimiste avec la naissance du premier enfant de l’auteur, dans une maternité d’Ariège où il a décidé de s’installer avec sa petite famille.
➤ « Le perroquet », Glénat, 19,50 € 

De choses et d'autres : Parlez-vous le baraki ?





Il existe des spécificités locales qui méritent le détour. Carrément une encyclopédie en ce qui concerne le baraki, terme belge se rapprochant du beauf français. Philippe Genion, expert en belgitude (c’est son troisième ouvrage sur le sujet) résume ce livre par ce sous-titre savoureux : « De l’art de vivre en jogging en buvant de la bière ». Il faudrait aussi rajouter « en mangeant des frites et des fricadelles avec les doigts devant un match de foot à la télé ». Il suffit de passer quelques jours dans n’importe quelle petite ville du Plat Pays wallon pour en croiser des dizaines dans les friteries, cafés et autres lieux publics où ils aiment se rencontrer. Dé- couvrir le quotidien d’un baraki est hilarant.
Je n’aime pas me moquer des gens (jusqu’à preuve du contraire, le baraki reste vaguement humain), mais je ne peux que me gondoler aux descriptions de l’auteur. A 99 % masculin, le baraki n’est jamais efféminé mais peut parfois se décliner au fé- minin : « Les femelles barakies portent le plus souvent des tee-shirts ornés de petites perles style faux diamants ou de petits clous en métal argenté formant des lettres genre Macumba Club ». Et à la fin du livre, conquis, vous vous exclamerez, « Alley, encore une jatte ? »
➤ « L’encyclopédie du baraki », Philippe Genion, Points, 10 €

vendredi 24 février 2017

BD : Paul Dini et le justicier masqué




De l’influence des héros imaginaires dans nos vraies vies, tel aurait pu être le titre de cet album de BD dessiné par Eduardo Risso et écrit par Paul Dini. Ou plus exactement des héros que l’on a imaginé. Paul Dini raconte dans ces pages comment Batman, le personnage dont il écrivait les aventures (Batman, la série animée) au moment des faits, lui a permis de surmonter l’épreuve. Dini dans cette autofiction se décrit comme un geek heureux, gagnant bien sa vie en faisait ce qu’il aime le plus : raconter des histoires. Mais un soir, dans un jardin public, il est agressé par deux jeunes voyous. Laissé pour mort, le crâne défoncé. Et de se demander pourquoi dans la réalité il n’y a pas de super-héros masqué pour vous défendre. Une longue introspection très édifiante sur l’état d’esprit actuel des Américains, blancs, cultivés et célibataires.
➤ « Dark Night, une histoire vraie », Urban Comics, 14 €

jeudi 23 février 2017

DVD : avec "Nocturama", la nuit, la jeunesse se meurt



Déconcertant. Abrupt. Sombre. Il n’y aura jamais assez de termes pour décrire la première impression à la fin de « Nocturama », film de Bertrand Bonello qui sort en DVD. Parler du terrorisme est particulièrement risqué ces dernières années. Le projet, dans les tuyaux depuis 2011, a mis longtemps avant d’être bouclé. Et entretemps il y a eu le 13 novembre 2015... Cela n’a pas empêché le réalisateur de Saint-Laurent et de l’Apollonide d’aller jusqu’au bout de son idée. Un film dual, en deux parties bien distinctes. La première heure se déroule dans Paris. Sept jeunes, sans un mot, se déplacent rapidement. Ils prennent le métro, vont dans des parkings souterrains, récupèrent des sacs plastiques. La tension est permanente, la caméra les suit dans cette course effrénée qui ne laisse que peu de temps de respiration au spectateur pris dans cette maestria effrénée.
■ Attentats
Une longue mise en place qui finalement aboutit à une série d’attentats simultanés dans divers lieux de la capitale. Un directeur de banque est abattu à bout portant, des bombes font exploser un étage d’une tour dans la Défense, des voitures et même une salle de réunion du ministère de l’Intérieur. On comprend aux cibles que ces jeunes sont en rébellion contre la société, mais il n’y a pas de message frontal dans Nocturama. Au contraire, le réalisateur raconte dans un entretien en bonus au DVD qu’il est parti du constat que la France est devenue une « cocotte-minute » prête à exploser. Et d’estimer que « de temps en temps dans l’Histoire, il y a une insurrection, une révolution. Un moment où les gens disent stop. Il y a un refus. » C’est ce que portent ces jeunes issus de tous les milieux. Avec quelques symboles forts comme cette gamine de banlieue qui badigeonne la statue de Jeanne d’Arc d’essence avant d’y mettre le feu.
Une fois les attentats perpétrés, ils se donnent tous rendez-vous dans un grand magasin juste avant la fermeture des portes. Un ami, employé comme vigile, neutralise le système de surveillance. La seconde partie du film passe de la vitesse à la lenteur, de la lumière à l’obscurité. Ils attendent, sans nouvelles des événements à l’extérieur. Ils sont coupés du monde et décident, pour passer le temps de profiter de toute cette société de consommation triomphante. Musique à fond, beaux habits, maquillage et bijoux, ils s’offrent une parenthèse. Comme pour oublier qu’ils sont devenus depuis quelques heures des meurtriers.
Ce portrait de la jeunesse insurgée sonne juste. Le réalisateur a fait un savant mélange en jeunes acteurs et amateurs, recrutés directement dans ces milieux d’extrême gauche toujours à la limite de la lutte armée, du terrorisme. Un film parfaitement maîtrisé au niveau de la réalisation, à la bande son très soignée, la première partie directement écrite par le réalisateur pour amplifier la tension, la seconde composée de reprises comme « My Way » ou la musique d’Amicalement vôtre. C’est virtuose, même si on regrette une fin un peu pauvre en propositions, sans la moindre surprise pour le spectateur.
 ➤ « Nocturama », Wild Side Vidéo, 14,99 € le DVD


De choses et d'autres : De Mehdi à Marcelin


A l’affiche depuis hier au cinéma, le film « Split » de M. Night Shyamalan raconte l’histoire d’un homme qui a 23 personnalités cohabitant dans son esprit. Une schizophrénie extrême terrifiante. Mehdi Meklat semble, lui aussi, souffrir de cette maladie mentale. Le jeune homme, célèbre depuis ses interventions sur le Bondy Blog, est la coqueluche des médias. Il assure une chronique sur France Inter et vient de publier un roman au Seuil.
A priori l’exemple même du jeune de banlieue qui s’en sort, tout en restant fidèle à son milieu d’origine. Problème, Mehdi est aussi Marcelin. Une schizophrénie issue des réseaux sociaux. Quand il s’est lancé sur Twitter, Mehdi, pas encore connu, a utilisé le pseudonyme de Marcelin Deschamps. Et ses messages étaient tout sauf des appels à la tolérance. Diatribes antisémites, appel au meurtre de Charb, misogynie exacerbée et apologie du terrorisme.
Devenu connu, Mehdi a repris son nom d’origine. Mais les tweets sont restés. Une fois le pot aux roses découvert, il s’est justifié en disant qu’il s’agissait d’un personnage fictif. Histoire d’explorer « la notion d’excès et de provocation ». Pourquoi pas, les comptes parodiques sont légion sur Twitter. Mais encore fallait-il le préciser d’entrée. Pris au premier degré, ces messages de haine ont conforté dans leur position radicale certains lecteurs. Et au final, Mehdi Meklat n’aura fait qu’amplifier la tendance détestable de la libération de la parole raciste. 

mercredi 22 février 2017

Cinéma : pour ne pas oublier d'où vient le Front national


CHEZ NOUS. Lucas Belvaux réalise un film engagé contre l’extrême droite. Selon lui, même « dédiabolisé » le Front national a toujours des relents de racisme qu’il cherche à cacher.



Dans ce Nord de plus en plus sinistré socialement, le lien social se délite. Pauline Duhez (Emilie Dequenne) est une fille de Hénart, la ville imaginaire du film « Chez nous » de Lucas Belvaux. Elle y est née, son père, ancien syndicaliste et militant communiste y a toujours travaillé. Devenue infirmière libérale, à domicile, elle s’occupe de ses patients avec beaucoup d’empathie. Souvent des personnes âgées dépendantes, seules et tristes. Pour elle non plus la vie n’est pas tous les jours facile. Divorcée, elle élève ses deux enfants seule. Malgré les horaires à rallonge. Un matin, elle découvre une de ses mamies morte dans la cuisine. Le médecin de la ville, le docteur Berthier (André Dussolier) constate le décès et en profite pour inviter Pauline à dîner chez lui. Pauline a beaucoup d’affection pour le médecin familial qui a tout fait pour permettre à sa mère de guérir d’un cancer. En vain.
■ Candidate
Lors du repas, en tête à tête, Berthier aborde la politique. Cela débute par le classique « tous les mêmes » suivi du « tous pourris » pour finalement faire l’apologie d’Agnès Dorgelle (Catherine Jacob), la présidente du Bloc, le parti d’extrême droite qui cherche à conquérir le pouvoir. Et Berthier de proposer à Pauline de s’engager aux prochaines municipales comme tête de liste pour le Bloc. Elle rétorque qu’elle ne s’en sent pas capable, mais Berthier lui explique qu’elle sera entourée de jeunes diplômés, qu’elle est la meilleure pour comprendre la population de la ville, qu’elle connaît tout le monde. Et surtout que tout le monde l’apprécie.
Pauline va longtemps hésiter. Elle change d’avis après une nouvelle dispute avec son père, retraité, malade, acariâtre, déçu. Et surtout après les conseils d’une amie, enseignante mais qui ne cache plus ses penchants pour la préférence nationale.
Le début du film est un peu déconcertant car tout cela semble trop beau. Le médecin près de ses patients, la jolie infirmière un peu paumée, le vieux militant de gauche râleur... En réalité c’est ce que le Bloc veut nous faire croire. Berthier, intime avec la présidente, lui « vend » litté- ralement Pauline. Parfaite pour le rôle. Et surtout sans la moindre casserole. Car lui, déjà élu une fois, a quelques faits d’armes qui pourraient, s’ils étaient découverts, compromettre sa carrière. Cela n’empêche pas le second du parti (ressemblant étrangement à Louis Aliot) de faire une enquête discrète sur la perle rare du Nord. Tout se passe parfaitement jusqu’à la découverte de la relation de Pauline avec un autre enfant de Hénart, Stanko (Guillaume Gouix), vieille connaissance de Berthier. Ensemble ils ont cassé de l’arabe (ce que Stanko continue à faire avec ses amis néo-nazis et identitaires). Berthier va changer de visage et ordonner sèchement à Pauline de choisir entre sa carrière politique et Stanko, presque la menacer.
Le film change de registre. Chantage, manipulation, mensonges : la seconde partie démasque le parti qui cherche à se refaire une virginité avec des candidats neufs mais qui conserve dans ses rangs, et souvent aux postes de décision, les plus extrémistes et racistes de ses membres, comme protégés par ces nouveaux visages.
Alors que la gauche, déchirée, semble avoir définitivement abandonné toute chance de contrer le FN, ce film est un courageux manifeste pour ouvrir les yeux aux futurs électeurs qui en croyant sanctionner les sortants risquent de faire bien pire.

De choses et d'autres : Toujours plus vite


De toutes les activités inutiles et chronophages, l’addiction aux séries télé caracole en tête de peloton. Regarder une saison complète, y compris les nouveaux formats qui comptent 12 à 13 épisodes, prend énormément de temps. Même en DVD expurgé des publicités. La mode depuis quelques années : se lancer dans des marathons. Plusieurs heures devant le poste à enchaîner 6 ou 7 épisodes voire toute la saison d’un coup d’un seul. Le lendemain à la machine à café on peut parler des derniers rebondissements de Game of Thrones. Mais on n’est pas très efficace côté boulot... Heureusement l’informatique vient au secours des boulimiques du genre. Un petit gadget sur certains lecteurs vidéo permet d’augmenter la vitesse. Les voix sont à peine déformées et on peut gagner 20 à 30 % de temps. Cette mode a été nommée outre-atlantique le « speed watching » en référence au « binge drinking », action d’ingurgiter un maximum d’alcool en un minimum de temps. Aux esprits chagrins prompts à dénoncer la déformation de l’œuvre originale, je répondrai que parfois on a envie de passer à la version accélérée tant l’action proposée est lente. Un Maigret de 90 minutes peut se résumer en un quart d’heure. Les épisodes de Joséphine ange gardien mériteraient d’être raccourcis (clin d’œil de très mauvais goût, j’admets) d’autant. Quant à la mythique série « Voisin voisine », les 385 épisodes de 58 minutes tiennent sans difficulté en une petite demi-heure.



Voisin Voisine par tibobon

mardi 21 février 2017

BD : Et si nous avions deux vies ?



Baudouin s’est longtemps rêvé guitariste et chanteur d’un groupe de rock. Mais les impératifs de la vie l’ont poussé à entreprendre des études de droit. Résultat, à trente ans, il est juriste dans une grosse société à la Défense, le crédit de son appartement sur le dos, célibataire et presque sans amis. Une situation qui désole son frère aîné, médecin pour une ONG humanitaire en Afrique. Lors d’un de ses retours à Paris, il tente de persuader Baudouin de mieux profiter de la vie. En vain. C’est une petite boule sous le bras qui va le pousser à tout remettre en question. Une tumeur. Et d’après un ami cancérologue du grand frère, il ne sert à rien de tenter de la soigner. C’est trop tard. Mieux vaut essayer de profiter des derniers mois qu’il lui reste à vivre. Baudouin part au Bénin avec son frère et va commencer sa seconde vie. Car comme l’a dit Confucius « On a deux vies, et la deuxième commence quand on se rend compte qu’on n’en a qu’une ». Une très belle histoire de Fabien Toulmé maîtrisant à merveille narration et coup de théâtre final de ce roman graphique de plus de 270 pages.
➤ « Les deux vies de Baudouin », Delcourt, 27,95 €

De choses et d'autres : Le nouveau cannibalisme

Arte consacre sa soirée au sang et à ses dérivés. En France, le don est basé sur le bénévolat. Dans d’autres pays, donner son sang induit une rémunération (USA) ou un dédommagement (Allemagne). De ces poches de sang est extrait le plasma, essentiel à la fabrication de nombreux médicaments. Le documentaire d’Arte s’est intéressé aux pratiques d’Octopharma, une société helvétique. Présente en France, elle vend aux hôpitaux ses produits dérivés. Le problème vient de la provenance de la matière première. Aux USA des centaines de centres de collecte tournent 12 heures par jour. Les plus démunis vendent leur sang deux fois par semaine pour quelques dizaines de dollars. Un des intervenants explique se sentir comme « une vache qui fournit du lait ». Ce plasma américain est ensuite congelé, expédié en Suisse et sert de base aux médicaments d’Octopharma. Les associations de donneurs français crient à l’« abomination ». Certains responsables parlent de « nouveau cannibalisme ». La France est autosuffisante en sang. Il faut sans cesse renouveler les appels aux dons mais le système a prouvé son efficacité. L’ouverture à la concurrence des médicaments issus du plasma risque de bousculer cet équilibre. Alors pour pérenniser ce formidable acte de générosité que représente le don du sang, rendez-vous aux multiples collectes organisées dans la région, comme à Pollestres les 22 et 23 février ou à Trèbes le 22 février.

lundi 20 février 2017

Roman : Retour gagnant pour Malaussène et Daniel Pennac

Daniel Pennac exhume son personnage fétiche de la naphtaline. Il est toujours aussi séduisant.





Coucou le revoilou... Malaussène, le héros parisien imaginé par Daniel Pennac, après des millions d’exemplaires vendus de ses précédentes mésaventures, revient sur le devant de la scène littéraire. Il a toujours la même verve, avec un poil de sagesse en plus. « Ils m’ont menti » est le premier tome de la nouvelle trilogie de Pennac au titre évocateur de « Le cas Malaussène ». Oui c’est un cas ce Benjamin Malaussène à la famille recomposée et compliquée immense et labyrinthique racontée dans les six premiers tomes de son existence hors du commun (tous les titres sont disponibles en Folio sous de très belles couvertures signées Tardi).
Près de 20 ans après, certains personnages ont grandi. Notamment les enfants, devenus adultes, travaillant aux quatre coins du monde. Malaussène lui est toujours employé dans la maison d’édition de la Reine zabo, grande prêtresse de la littérature de la « vérité vraie », autrement dit de l’autofiction. Les auteurs racontent leur vie, sans tabou ni garde-fous. Malaussène se charge de les protéger car les révélations ne font pas toujours plaisir.
C’est le cas d’Alceste qui a remporté un incroyable succès avec « Ils m’ont menti », l’histoire de sa famille. Il met la touche finale à la seconde partie, « Leur très grande faute », dans un chalet isolé sur le Vercors. Une région idéale pour les jeunes selon Pennac : « L’immensité convient à l’enfance que l’éternité habite encore. Passer des vacances à plus de 1 000 mètres d’altitude et à 80 kilomètres de toute ville c’est alimenter le songe, ouvrir la porte aux contes, parler avec le vent, écouter la nuit, prendre langue avec les bêtes, nommer les nuages, les étoiles, les fleurs, les herbes, les insectes et les arbres. C’est donner à l’ennui sa raison d’être et de durer. » De la poésie pure, à picorer entre les pages plus classiques sur l’intrigue.
■ Critique sociale et littérature
Car une nouvelle fois de l’exceptionnel arrive dans l’entourage de Malaussène. L’affairiste George Lapieta est enlevé. Le montant de la rançon réclamée est la somme exacte du parachute doré qu’il vient de toucher, un peu plus de 2,8 millions. Critique sociale fait bon ménage avec réflexion sur la littérature quand Pennac explique toute la difficulté de débuter un roman : « Par quel bout attraper le réel ? (…) Décider de raconter une histoire, c’est se soumettre à un début. Dire le réel c’est envisager tous les commencements possible. » Mais pour « Le cas Malaussène », la problématique est différente car il s’agit d’un recommencement. Pour le plus grand plaisir des fans du personnage. 
➤ « Le cas Malaussène » (Ils m’ont menti, tome 1), Daniel Pennac, Gallimard, 21 €

De choses et d'autres : À deux pages du crash


La semaine dernière, lundi exactement, j’ai passé la journée à Paris pour divers rendez-vous. Un aller-retour en avion, départ à 7 heures et retour à 21 h 50. J’enchaîne les rencontres et rejoins Orly en fin d’après-midi.
C’est dans la salle d’embarquement que je découvre l’urgent de notre site internet : « Météo : Aude et P.-O. en vigilance orange ». Confirmation une fois installé dans le Bombardier de Hop !, le pilote annonce un temps calme au début, puis quelques turbulences sur la descente vers Perpignan. J’en profite pour terminer un roman. Le narrateur avoue qu’il a la phobie de l’avion. Obligé de se rendre en Chine pour rejoindre sa dulcinée, il explique : « Je sais pertinemment que si un seul avion doit s’écraser cette année, ce sera le mien : j’en ai toujours été persuadé ». Pile à ce moment, le mien commence à ressembler à un manège de Port Aventura. Vais-je passer de la fiction à la réalité ?
Perpignan est là. Je vois les lumières de la ville. Cela secoue de plus en plus. Pourtant on va bien se poser puisque le commandant dit « PNC, préparez-vous à l’atterrissage ». J’avoue ma panique en constatant que la piste s’approche, mais qu’on n’est pas du tout dans l’axe puisque je la vois parfaitement sur ma gauche par le hublot. D’un coup, l’avion reprend de la hauteur. Trop de vent. On se posera à Montpellier pour terminer le voyage en bus.
Finalement, « Quelqu’un à qui parler » de Cyril Massarotto ne sera pas le dernier roman que j’aurai lu dans ma vie. 

(Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le 20 février)

dimanche 19 février 2017

Livres de poche : du gros, très gros best-seller



Le soir de son mariage, Lila, seize ans, comprend que son mari Stefano l’a trahie en s’associant aux frères Solara, les camorristes qu’elle déteste. De son côté, Elena, la narratrice, poursuit ses études au lycée. Quand l’été arrive, les deux amies partent pour le bord de mer. « Le nouveau nom » est le second tome de la saga d’Elena Ferrante dont la troisième partie vient de paraître chez Gallimard.
➤ « Le nouveau nom », Folio, 8,80 €


Hope, Josh et Luke, étudiants en neurosciences, forment un trio inséparable. Lorsque Hope tombe malade, ils décident de jouer aux apprentis sorciers, aux alchimistes de la vie et de se lancer dans une course effrénée pour défier la mort. Émouvant, mystérieux, plein d’humour et d’amour, « L’horizon à l’envers » de Marc Levy est un roman innovant qui explore la mémoire des sentiments.
➤ « L’horizon à l’envers », Pocket, 7,80 €


Autofiction réussie, « D’après une histoire vraie » est directement inspirée de la vie de Delphine Le Vigan. La romancière, après un important succès, passe par une période de doute. Elle rencontre L. Et c’est cette descente aux enfers qu’elle raconte à la première personne. Un texte qui va être adapté au cinéma par Roman Polanski avec Emmanuelle Seigner en vedette.
➤ « D’après une histoire vraie », Le Livre de Poche, 7,90 €

Pour Lucas Belvaux, le FN « veut prendre le pouvoir, pas arranger les choses »

Dans une rencontre avec la presse quotidienne régionale, le réalisateur Lucas Belvaux revient sur le message qu’il veut faire passer dans son film « Chez nous » sur les candidats et les électeurs du Front national




L’Indépendant : D’où vous est venue l’envie de réaliser un film politique sur l’extrême droite en France ?
Lucas Belvaux : L’idée du film m’est venue durant le tournage de « Pas son genre », à Arras pendant la campagne des dernières élections municipales. J’aimais beaucoup le personnage principal, une coiffeuse sympathique, volontaire, une fille du peuple pour qui j’avais beaucoup de sympathie. Pendant le tournage, les sondages donnaient entre 30 et 40 % pour le FN. Nous avions parfois 200 figurants sur le plateau. Et statistiquement, cela en faisait entre 60 et 80 qui votaient FN. Je me suis demandé « mais elle, le personnage de Jennifer, comment va-t-elle voter ? » Et surtout, à la fin du film, après qu’elle se soit fait maltraiter par son amoureux philosophe, qui représente la cible des partis populistes, pour qui votera-t-elle après son dépit amoureux ? J’avais cette idée, cette envie de parler du parti et des électeurs mais je ne trouvais pas la forme. Puis j’ai découvert le roman « Le Bloc » de Jérôme Leroy et je me suis appuyé sur cette trame.

« Dans le Nord, voter pour un parti pétainiste n’a aucun sens »

Comment expliquer qu’une jeune femme soit séduite par ce parti ?
Elle travaille dans un secteur où elle est confrontée de 6 h du matin à 22 h le soir à la souffrance. Physique d’abord, et sociale aussi. Au bout d’un moment, elle ne peut répondre à tout, c’est un personnage généreux. Quand elle a la possibilité de s’engager plus, elle le fait car elle est dans une espèce de trou idéologique. Dans cette région, il y a encore ce souvenir de la lutte sociale et en même temps, il y a une rupture dans la transmission sur laquelle prospère le FN. On a une génération, des trentenaires nés au début des années 80, qui ont l’impression que les luttes n’ont abouti à rien. Droite ou gauche, tout ça c’est pareil, les socialistes sont corrompus, et ils n’ont pas tout à fait tort, encore que dans certaines communes où les élus travaillent bien, le FN n’a pas du tout prospéré. Je voulais raconter ce vote contre nature dans une région où il y a eu une résistance très dure dans les mines et maintenant ils votent pour un parti pétainiste et ça n’a aucun sens. On note un rejet de l’élite. Parce qu’on « souffre », on ne veut recevoir de leçon de personne.
Pourquoi sortir le film à moins de deux mois du premier tour ?
On voulait qu’il sorte maintenant, on s’est dépêché pour qu’il soit finalisé pour la campagne électorale. C’est une façon de participer au débat. Ça fait quelques années que le cinéma n’ose plus dire les choses frontalement. Il y a un moment, il faut dire les choses clairement : les gens oublient ce qu’est ce parti fondamentalement. C’est un parti cryptofasciste, raciste, antisémite. Et ce n’est pas la peine d’aller très loin pour s’en rendre compte. Mais les gens sont dans le déni. Pourtant, quand on gratte à peine, on voit réapparaître les vrais fascistes, des nazis. Car aujourd’hui, en 2017 en France, il y a des nazis, des gens qui s’en revendiquent. Notamment l’association des amis de Léon Degrelle, homme politique belge qui a porté l’uniforme SS. Elle publie des revues qui sont des apologies des crimes de guerre ou des nécrologies de combattants SS et dont ses membres sont élus dans les conseils régionaux. Pas ouvertement, ils ne se font pas élire sur ce programme. N’empê- che qu’aujourd’hui il y a des gens qui ont élu des nazis. La grande réussite de Le Pen père a été d’agréger une extrême droite qui était contradictoire. Il y a les fascistes, les Maurassiens, les néo-païens. Aujourd’hui il y a encore des tensions entre eux, mais ce qui les intéresse c’est de prendre le pouvoir, pas d’arranger les choses.
Votre vision de l’actuelle campagne électorale ?
Ça me déprime assez sur le fait que les idées du FN prospè- rent. Quand un syndicaliste policier trouve que « bamboula » c’est acceptable, quand on en arrive là, c’est effrayant. La campagne commence à me faire un peu peur.
(Interview parue dans l'Indépendant le 19 février dernier)
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« On est chez nous »
Avant même sa sortie, le film de Lucas Belvaux a été violemment critiqué par les cadres du Front national. « Un joli navet clairement anti-Front national », selon Florian Philippot. Même élément de langage chez Steve Briois attaquant un « un sacré navet en perspective » et se portant à la rescousse de sa présidente : « Pauvre Marine Le Pen qui est caricaturée par ce pot à tabac de Catherine Jacob ». On appréciera au passage la méchanceté de cette appréciation contre une grande dame du cinéma français qui interprète son personnage sans la moindre outrance, trouvant l’attitude juste d’une femme de fer, poursuivant simplement son unique but par tous les moyens : accéder au pouvoir. Le problème réside bien les méthodes utilisées par le « Bloc », le parti du film, pour arriver à ses fins. La fameuse stratégie de dédiabolisation du FN, mise en place par Marine Le Pen pour faire oublier les provocations du père, n’est qu’un maquillage. Dans les faits, les mêmes décideurs sont toujours dans les instances dirigeantes. Ils n’ont pas perdu par une hypothétique prise de conscience leur profond racisme, antisémitisme et nostalgie d’une France nationaliste et recroquevillée sur ses « valeurs » du passé. « Chez nous » raconte comment la machine infernale va utiliser des hommes et des femmes assez naïfs (comme l’infirmière interprétée par Emilie Dequenne) pour représenter une image propre du mouvement d’extrême droite.

samedi 18 février 2017

BD : Dirty Karl, exhumé d’entre les morts


De tous les jeunes auteurs découverts ces dernières décennies par Fluide Glacial, Relom est sans doute le plus trash. Les gamins Andy et Gina et leur famille totalement déjantée (un papa rock’n roll, une maman se réduisant à une tête parlante) ne sont que la seconde série destroy de l’auteur Avant, dans les pages du Psikopat, Relom a signé quelques histoires courtes de Dirty Karl. C’était à la fin des années 90. Ce Karl adore les macchabées. Et quand ils sont de sexe féminin, il va même beaucoup plus loin. Son chien, sorte de dogue mutant, aime dévorer les petites filles. De l’humour noir à ne pas mettre entre toutes les mains, mais qui plaira à ceux qui considèrent que la BD est le support idéal pour franchir tous les interdits et oser rire des pires horreurs.

➤ « Dirty Karl », Fluide Glacial, 10,95 € 

vendredi 17 février 2017

BD : Mesdames les brigandes



Les femmes à la maison, pour s’occuper des enfants, du ménage, des repas et de la vaisselle. Une vision très réductrice qui a aussi cours chez les brigands mexicains du début du XXe siècle. Ces « Desperados Housewifes » imaginées par Sybille Titeux et mises en images par Amazing Ameziane ont pourtant d’autres qualités. Surtout ces trois sœurs sont beaucoup plus intelligentes que leurs nigauds de maris. Donc elles prennent les affaires en main, mais en se cachant. Masquées, elles braquent banques et étrangers de passage pour améliorer l’ordinaire. Beaucoup de gags, des personnages caricaturaux mais assez réussis, des situations entre dérision et action : sans prétention, ce manifeste féministe non politiquement correct est tout ce qu’il y a de plus réjouissant.
➤ « Desperados housewives », Jungle, 10,60 €

jeudi 16 février 2017

BD : Le tour de passe-passe du Messie



Grande nouvelle à Jérusalem : le corps de Jésus, crucifié trois jours auparavant, a disparu. Un événement transformant la ville pas encore sainte en ruche bourdonnante. Qui a fait le coup ? Pourquoi ? A qui profite le crime ? Il n’est pas encore question de résurrection, simplement de rapport de force entre colonisé, colonisateur et les religions avec pignon sur rue. En six volumes, au rythme d’un titre par mois, ce feuilleton humoristico-religieux est écrit pat Nicolas Juncker et dessiné par Chico Pacheco. Parmi les protagonistes les apôtres, Barabbas, Judas le Galiléen (meneur de l’indépendance des Palestiniens) et Ponce Pilate, consul romain sentant la situation lui échapper. Bourré de références contemporaines, cette BD joue avec les faits. On apprécie particulièrement les petites guerres entre apôtres opposant les zélateurs du messie à ceux, plus réalistes, qui sont déjà passés à autre chose (en gros imposer la nouvelle religion avec l’aide des Romains). Le second tome sort la semaine prochaine et même si on connaît le fin mot de l’Histoire, l’interprétation déjantée proposée par les auteurs fait que l’on attend avec impatience les épisodes suivants.
➤ « Un jour sans Jésus » (tomes 1 et 2), Vents d’Ouest, 11,50 €

mercredi 15 février 2017

Cinéma : "Loving" prouve que l'amour est plus fort que les lois


LOVING. Dans les années 50, les vieilles lois américaines de certains états du Sud interdisaient les mariages entre personnes de couleur différente. Les époux Loving ont fait plier les racistes.


Dans la campagne de Virginie, au Sud des USA, la vie s’écoule lentement et sereinement. La famille Loving vit dans un quartier pauvre. Ce sont presque les seuls Blancs dans cette zone. Richard (Joël Edgerton), maçon, passe ses soirées à réparer et customiser des voitures avec des voisins noirs. Et dans la petite bande, il en pince pour Mildred (Ruth Negga), surnommée brindille. Un amour réciproque. Pourtant cette relation n’est pas au goût de tout le monde. Notamment toute la communauté blanche qui vit avec une haine farouche des anciens esclaves. Ils ont pris leur liberté, mais sont encore loin de l’égalité. Pour preuve, il est toujours interdit en 1958 de se marier entre un Blanc et une Noire. Se sentant protégés par leur amour et leurs familles (qui approuvent cette relation), ils vivent même ensemble. Cachés, mais ensemble.
■ Devant la Cour suprême
Quand Mildred tombe enceinte, Richard lui demande sa main. Ils vont donc se marier au Nord, à Washington, là où l’amour est plus fort que les lois. De retour en Virginie, tout bascule un matin quand le shérif local débarque au petit matin, surprend Richard et Mildred dans un même lit et les emprisonne. Paradoxe américain où il est possible de se marier dans un état et interdit de vivre ensemble dans un autre. Rapidement jugés, ils échappent à la prison en promettant de quitter l’état de Virginie pour 25 ans et de ne plus jamais s’y rendre ensemble. Coupés de leur famille, ils tentent de refaire leur vie en ville. Mais Mildred est nostalgique de sa campagne, de sa famille. Elle décide de raconter son histoire à un élu démocrate qui la confie à l’ACLU (Union américaine pour les libertés civiques). L’occasion de porter le combat devant la cour suprême qui ainsi pourrait rendre obsolètes ces lois d’un autre âge. Cette histoire, emblématique de l’évolution de la vie quotidienne partout aux USA, est racontée de façon linéaire et très réaliste par Jeff Nichols (réalisateur de Mud et de Midnight Spécial).
Une première partie qui ressemble presque à une histoire à l’eau de rose. Le maçon maladroit, la jeune fille enthousiaste à l’idée de fonder une famille avec l’homme qu’elle aime... Mais le conte de fée se transforme en véritable cauchemar. Pas de magicienne ni de lutin : juste des juges pétris de convictions religieuses rétrogrades, de shérif raciste et de jeunes avocats, brillants mais encore inexpérimentés.
Pourtant, c’est une happy end qui clôture le film. Pas de celles tirées par les cheveux de comédies lourdingues, non, de celles inespérées qui redonnent foi en la vie et en l’Homme. Une leçon de tolérance qui doit tout à l’amour, seule arme de destruction massive (des pré- jugés) contre laquelle aucune loi ne sera assez forte.
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Joel Edgerton, un Aussie à Hollywood


Originaire d’Australie (Sydney) exactement, Joël Edgerton, à l’image de Mel Gibson, Russel Crowe ou Nicole Kidman, fait partie de ces acteurs talentueux repérés par Hollywood. Après quelques productions dans leur pays d’origine, ils sont castés pour des rôles plus ambitieux dans des productions appelées à inonder le monde. Joël Edgerton, excellent dans le rôle de Richard Loving, a commencé à se faire un nom dans la série « Nos vies secrètes ». Quand il décroche son premier rôle aux USA, ce n’est pas moins que pour la Guerre des étoiles de Georges Lucas. Il est le demi-frère de Dark Vador dans les épisodes 2 et trois de la saga. Ensuite, tout s’enchaîne très vite. Il collectionne les rôles, de boxeur à garde du corps en passant par chausseur ou pilote d’hélicoptère. Il passe du film de genre (remake de The Thing) aux grands classiques (participation à Gatsby the magnifique, version Baz Luhrmann) sans oublier les films noirs.
C’est d’ailleurs dans une production de ce genre qu’il croise pour la première fois Jeff Nichols dans « Midnight Express ». Un film entre polar et fantastique, à l’ambiance très particulière, preuve que Nichols et Edgerrton excellent dans tous les styles. Ils se retrouvent donc pour « Loving ». Jeff Nichols avait remarqué une ressemblance frappante entre l’acteur et le personnage. Le métier de l’acteur a suffi pour que d’Australien de base se métamorphose en homme du sud des USA, frustre mais formidablement amoureux de sa « brindille ».
Un ouvrier, taciturne, peu causant, comme portant sur les épaules des années de malédiction qu’il est bien décidé à oublier en se donnant corps et âme à son amour absolu. Un grand rôle, ingrat et difficile, qui donne tout son sel à cette formidable histoire d’amour.

DVD et blu-ray : Un "Toro" fougueux et dangereux


Non sorti en salles, ce film espagnol de Kike Maillo vaut pourtant largement nombre de films d’actions français ou même américains. Ce jeune réalisateur, originaire d’Andalousie, a décroché son diplôme à Barcelone et a déjà réalisé une série pour la télévision catalane TV3.

Pour cette histoire de deux frères pris dans les filets de la mafia et qui tentent de s’en sortir, il a sorti l’artillerie lourde côté cascades, bagarres et paysages. Et la distribution aussi a de la gueule avec Mario Casas (beau gosse et gros biscotos), Luis Tosar (parfait en père aimant mais débordé) et José Sacristain (grand du cinéma espagnol à la carrière prestigieuse). Du très bon donc, avec en prime les paysages de l’Andalousie, plages et constructions modernes. Toro, plus jeune des frères Lopez, travaille pour Romano, le notable de la ville à qui tout (ou presque appartient). Et ce qui lui échappe directement, il le rackette avec l’aide des frères. Mais Toro en a assez. Il décide d’arrêter ces boulots violents.


Pour une dernière intervention, tout dérape. Poursuivis par la police, l’aîné est tué d’une balle perdue. Toro écope de cinq années de prison. On le retrouve à quelques mois de sa sortie définitive. Il est en conditionnelle. Tous les jours il sort pour conduire les touristes de l’aéroport aux hô- tels de luxe. Avant de rejoindre sa cellule, il va roucouler avec sa fiancée, institutrice. Mais Lopez, son frère, endetté, n’arrive pas à rendre ce qu’il doit à Romano. Les sbires de ce dernier enlèvent sa fille. Acculé, il demande l’aide de Toro qui va abandonner ses rêves de tranquillité pour une course-poursuite sanglante et meurtrière. On apprécie particulièrement dans ce thriller les cascades très spectaculaires sur la plage d’Almeria ou les personnalités tortueuses des seconds rôles, avec une préférence pour Romano interprété par José Sacristain étonnamment crédible dans la peau de ce vieillard vicieux pourtant très croyant et attaché aux traditions.
Le DVD et blu-ray offrent en prime un long making of de plus de 30 minutes parsemé d’interviews du réalisateur et des acteurs.
 ➤ « Toro », Wild Side Vidéo, 14,99 € le DVD et 19,99 € le bluray (sortie le 22 février, en VOD le 17 février).


mardi 14 février 2017

Roman noir : Causse toujours

Sur le Causse, balayé par le vent et le froid, seules les bêtes vous entendent hurler, de solitude ou de terreur.
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Là-haut sur le Causse, la vie semble s’être arrêtée. Longtemps les petits villages étaient suffisamment peuplés, malgré les rigueurs de la météo et de la terre. Mais inexorablement les familles sont clairsemées, les jeunes sont partis, les derniers résistants se sentent de plus en plus seuls.
« Seules les bêtes », roman noir de Colin Niel, aborde de façon frontale ce problème. La campagne française se meurt. Est morte plus exactement. Cela n’empêche pas les faits divers. Le roman propose la version de quatre personnes qui tournent autour de la disparition d’une jolie bourgeoise. Une fille de la ville qui a dit oui à un notable du cru, assez intelligent pour délaisser les troupeaux pour la politique. Même s’il est toujours question de moutons…
Première intervenante Alice. Fille d’exploitant, elle a repris l’exploitation de son père. Exactement elle s’est mariée avec l’ouvrier agricole qui a prolongé le travail d’élevage d’un beau troupeau d’aubrac. Alice est l’assistante sociale de la région. Elle va de ferme en ferme, renseigne sur les évolutions des directives européennes. Fait beaucoup d’écoute. Des vieux.
Des hommes seuls aussi comme Joseph. Célibataire, il a perdu sa mère il y quelques années. Depuis, à part Alice, il ne voit plus personne à part sa centaine de brebis. Il raconte avec une étonnante perspicacité sa situation. « Je sais pas comment c’est pour les autres, mais moi la solitude, je dirais pas que je l’ai voulue. Et elle m’est pas tombée dessus du jour au lendemain. Non, c’est venu lentement, j’ai eu le temps de la voir arriver avec les années, de la sentir m’entourer comme une mauvaise maladie. » Alice, comme pour tenter de le sauver, s’offre à lui. Une relation adultère qui détonne et ne sera pas sans conséquence sur la suite de l’intrigue.
Car l’auteur, qui a déjà signé plusieurs romans se déroulant en Guyane, dans la troisième partie quitte le Causse pour des cieux plus exotiques. Drame de la mondialisation et de l’omniprésence des réseaux sociaux. Le mari d’Alice, sous des airs de brute épaisse, est un cœur d’artichaut. Il est amoureux fou d’Amandine, jeune femme avec qui il converse par ordinateurs interposés. Amandine qui raconte son quotidien, à mille lieues des mensonges à destination de l’agriculteur français.
De polar rural, le roman de Colin Niel bascule dans le glauque. Par l’intermédiaire de Joseph, mais aussi d’Amandine, la surprise de taille de ce texte particulièrement actuel par ses thèmes abordés.
➤ « Seules les bêtes » de Colin Niel, éditions du Rouergue, 19 €

lundi 13 février 2017

Livres de poche : à découvrir avant de lire les suites

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Quatre masseuses thaïlandaises sont brutalement assassinées à Stockholm. Le corps d’une autre est retrouvé mutilé. Le jour, Zack Herry fait partie d’une unité chargée d’enquêter sur les affaires les plus difficiles. Comme celle-ci. La nuit, il fréquente les boîtes et consomme de la cocaïne, entre autres avec des gens qu’il pourrait aussi bien être en train d’interroger. Et il soulève les questions qui le conduiront peut-être à résoudre ces meurtres. En proie à ses addictions, hanté par les fantômes du passé, Zack est pourtant bien décidé à résoudre cette affaire. Mons Kallentoft et Markus Lutteman s’imposent sur la scène très embouteillée du polar nordique. La suite des aventures de Zack (Leon) vient de paraître à la Série Noire.
➤ « Zack » Folio, 8,20 €
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Brünhilde Blum déteste son prénom. Elle dé- teste encore plus ses parents adoptifs, qui dirigent une entreprise de pompes funèbres. C’est pour cela que, à 24 ans, elle décide qu’il est temps pour eux de mourir… Huit ans plus tard, elle a tout pour être heureuse : un époux aimant, deux adorables fillettes. Jusqu’au jour où son époux Mark, policier, passe sous les roues d’un chauffard. L’enquête qu’il menait autour d’une sans papiers moldave, séquestrée durant cinq ans, serait-elle à l’origine de cet « accident » ? Blum décide alors de venger Mark. Or, quand il s’agit de tuer – on l’a vu –, Blum n’a aucun scrupule. Un drôle de personnage imaginé par Bernhard Aichner. On la retrouve, toujours aussi froide et déterminé dans « La maison de l’Archipel » qui vient de paraître aux éditions de l’Archipel.
➤ « Vengeances », Pocket, 7,40 €

dimanche 12 février 2017

BD : Drogue et colonisation

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La grandeur de la France, c’est du passé. Mais il y a encore moins de deux siècles, notre pays était gouverné par un empereur qui n’hésitait pas à s’allier avec le royaume d’Angleterre pour se partager les restes du monde. 1859. Napoléon III lance une expédition militaire vers la Chine. L’envie d’en découdre est forte. Les Chinois, malgré un traité, tuent les missionnaires européens. Une bonne occasion pour lancer l’offensive. François Montagne, jeune soldat français un peu trop idéaliste, se retrouve au cœur de cette guerre qui a l’opium comme véritable moteur. De la grande aventure écrite par Alcante et Bollée, dessinée par Xavier Besse à la technique encore perfectible mais excellent dans les grandes mises en scène spectaculaires.
➤ « Lao Wai », Glénat, 13,90 € 

samedi 11 février 2017

BD : Le réveil des anomalies dans "Olympus Mons" de Bec et Raffaele

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Revoilà Christophe Bec et Steffano Raffaele dans une nouvelle série aux mêmes ficelles que Prométhée. Dans un futur proche, des scientifiques découvrent au fond de la mer de Barents une « anomalie » qui ressemble fortement à une soucoupe volante échouée. Au même moment, un équipage russe se pose sur Mars et explore le Mont Olympus. Eux aussi découvrent des restes de ce qui pourrait être un vaisseau spatial. Deux actions reliées par les visions d’un médium américain. Selon lui, les occupants du vaisseau sont sur le point de se réveiller et ils ne sont pas contents. 56 premières pages d’une série dont on ne connaît pas encore le nombre de tomes mais qui promet tant ce prologue est palpitant et imaginatif, tout en étant inspiré de faits réels datant des années 50.
➤ « Olympus Mons » (tome 1), Soleil, 14,95 €


De choses et d'autres : Extermination du cafard

Étonnant téléscopage entre la fiction et la réalité. Philippe Ségur, romancier de Perpignan, vient de publier début janvier une fantaisie littéraire intitulée « Extermination des cloportes ». Dans ce roman, le personnage principal, professeur voulant devenir écrivain et qui a des soucis de voisinage avec sa copropriété, se réveille un matin avec l’étrange sensation d’avoir des cloportes dans les yeux. Des insectes qui l’empêchent de voir la réalité en face.
Pas de fiction pour une Indienne de 42 ans selon une dépêche de l’agence France Presse : « Ce n’était pas une idée qui lui trottait dans la tête mais un cafard bien vivant. Ressentant une sensation désagréable derrière les yeux au réveil, la femme se rendit dans une clinique locale où lui fut pratiqué un lavage nasal. Ceci fait, on la renvoya chez elle. Mais la douleur était toujours là. Ce n’est que lorsqu’un spécialiste examina ses canaux nasaux à l’aide d’un endoscope que fut découverte la terrible vérité. ‘J’ai vu des petites pattes bouger à l’intérieur’, raconte le médecin. Poussant plus loin ses recherches, quelle ne fut pas sa surprise : « j’ai réalisé que j’observais en fait le postérieur d’un cafard », se souvient-il avec horreur. Le blattoptère en goguette était entré par les narines de la femme pendant son sommeil et avait si bien avancé qu’il se trouvait presque à la base du crâne. Le passager clandestin fut finalement aspiré hors du nez, gigotant et bien vivant. » Philippe Ségur doit bien rigoler dans son coin...

vendredi 10 février 2017

DVD et blu-ray : Rions avec les gros bras de la CIA


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Rien ne vaut des acteurs ne se prenant pas au sérieux pour réaliser une bonne comédie. Le duo de « Agents presque secrets », film de Rawson Marshall Thurber est l’exemple parfait. Kevin Hart, acteur noir surtout connu pour ses succès sur scène est là où on l’attend (et il excelle). Par contre Dwayne Johnson est plus surprenant. L’ancien champion de catch sous le pseudo de « The Rock », après quelques films d’action où ses muscles étaient pris au premier degré, s’est diversifié avec une autodérision de très bon aloi. Dans ce film d’espionnage à l’intrique un peu légère, il interprète un agent secret américain de la CIA qui tente de découvrir qui va acheter les codes secrets des satellites pilotant les missiles nucléaires. A moins que cela ne soit lui le méchant. Kevin Hart ne le sait pas exactement. Mais là n’est pas le problème car ce grand baraqué capable d’assommer trois hommes en deux secondes est un ancien collègue du lycée. A l’époque il était le petit gros dont tout le monde se moquait. Alors que Kevin, brillant, se voyait gouverneur, il végète en petit comptable. Deux personnalités opposées, qui donnent aux scénaristes une quantité quasi illimitée de gags. On rit beaucoup, encore plus en visionnant le bêtisier, très fourni dans ce genre de distribution avec deux acteurs toujours capables de partir dans des improvisations démentielles.
 ➤ « Agents presque secrets », Universal Vidéo, 14,99 €

De choses et d'autres : La pétition exponentielle

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Désolé, une nouvelle fois je vais parler de l’affaire Fillon. Dans le but de rééquilibrer la balance, tentons de savoir s’il y a véritablement acharnement contre Penelope. Dès que l’affaire a été révélée par le Canard Enchaîné, Christophe Grébert élu à Puteaux, a lancé une pétition sur Change.org. L’intitulé a l’avantage de la clarté : « Mme Fillon, rendez-nous ces 500 000 euros ».
Rapidement plusieurs milliers de personnes signent sur le net ce nouveau genre de manifeste. 40 000 le premier jour et depuis la vague ne cesse de monter. 400 077 exactement hier à 12 h 30. Mais il n’y a pas que la quantité de signataires qui voit son nombre croître de façon exponentielle. La semaine dernière, après les nouvelles révélations du palmipède en papier, l’intitulé de la pétition est devenu « Mme Fillon rendez les 800 000 euros ».
Et au troisième épisode du FillonGate mercredi dernier, elle a encore grimpé d’un cran. Là, on frise effectivement l’acharnement car Christophe Grébert annonce carrément la somme de 1,5 million d’euros à rembourser. Mais comment est-il parvenu à un tel montant ? Tout simplement en précisant que le calcul est basé sur « l’euro constant 2016 ». Il exagère un peu, l’élu de Puteaux. 1,5 million représentent deux fois la valeur de l’habitation principale des Fillon selon l’estimation officielle du candidat. Après avoir sali son honneur, on va quand même pas mettre toute sa famille à la rue ? Allons. 

jeudi 9 février 2017

BD : Undertaker, la renaissance du westernt

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Après un tome 2 se passant exclusivement dans une mine désaffectée au cœur du désert (sorte d’hommage à Blueberry), Jonas Crow, l’Undertaker met le cap au Nord vers l’Oregon, là où la civilisation prend fin. Ce croque-mort, accompagné de son vautour apprivoisé, se lance sur les traces de l’ogre de Sutter Camp, un chirurgien derrière qui se cache un redoutable tueur en série. Jonas n’est pas seul, il a gagné dans ses précédentes aventures deux associées : la jolie nurse britannique mais très torturée Rose, et Madame Lin, une Chinoise qui cache bien son jeu (experte en armes et redoutable en négociations pécuniaires). Changement de décors pour Ralph Meyer, le dessinateur de la série écrite par Dorison. Forêts humides, boue, petit village et surtout beaucoup de sang sur la piste du « méchant ». Rose sera une proie de choix pour ce sadique d’anthologie. Une des meilleures séries de ces dernières années, qui réinvente le western et rencontre un immense succès tout à fait mérité.
➤ « Undertaker » (tome 3), Dargaud, 13,99 €