Il y a 20 ans, l’Europe est devenue une réalité tangible pour les Français. Impossible de l’ignorer puisqu’en 2001 l’euro a remplacé le franc. Je me souviens avoir méchamment phosphoré dans le but de trouver une astuce afin de convertir facilement les prix. Au début j’ai eu du mal. Impossible de me défaire de ces francs, que mes parents, jusqu’à leur mort, affublaient de la précision désuète de « nouveaux ».
Aujourd’hui je suis totalement incapable de déterminer l’équivalence en francs (anciens comme nouveaux) de 10 euros. Par contre, il est certain que tout a augmenté. Alors que bruissent des rumeurs d’explosion du prix de la baguette pour cause de raréfaction de la farine, ou des chocolatines en raison du beurre presque aussi cher que l’or (ils ont déjà la même couleur), la meilleure façon de savoir si la vie en euros est beaucoup plus chère qu’en francs, c’est de demander à un certain Patrick, cadre bancaire à la retraite vivant en région parisienne.
Un article du journal Le Parisien raconte comment ce fou du classement a conservé dans des boites soigneusement rangées par année toutes les notes de ses courses du quotidien depuis 1967. Il peut ainsi faire une courbe hyperréaliste du prix d’une boîte de cassoulet ces 50 dernières années. Certes, ça ne sert strictement à rien, mais Patrick semble un peu psychorigide sur le sujet.
Le plus étonnant, sur la photo illustrant l’article, Patrick tient une liasse de notes qu’il vient de sortir d’une boite de chocolats de la marque catalane Cémoi. Et je me pose la question : a-t-il acheté ces chocolats car ils étaient bons ou simplement car la boite semblait idéale pour collecter les notes de ses courses ?
Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le vendredi 7 janvier 2022






Oulaya Amamra, dans le rôle de Dounia, crève l'écran du début à la fin. Un personnage complexe à faire vivre car traversé d'une multitude d'émotions et de transformations physiques. Au début du film, elle est un garçon manqué, arrogante parfois, provocatrice, toujours à la limite dans un milieu éducatif qu'elle rejette en bloc. La jeune actrice a longtemps été élève de Houda Benyamina quand elle animait des ateliers de théâtre dans ces cités si bien racontées dans "Divines". La réalisatrice a longtemps hésité à l'engager, la trouvant top jeune, trop fragile. Finalement elle s'est imposée à force de persuasion et de préparation "En plus de sa folie et de sa puissance, elle a apporté à Dounia un sens de l'humour et une gentillesse qui étaient embryonnaires dans les précédentes étapes d'écriture", se souvient-elle. Pour Oulaya Amamra, "Dounia, c'est une guerrière, mais elle aussi est féline ! Quand elle va devoir vaincre ses peurs, elle va être obligée de se féminiser." On découvre sous la capuche du sweet une femme capable de séduire, de donner le change et d'utiliser sa meilleure arme, sa beauté, pour arriver à ses fins. Un travail de comédienne comme on en voit rarement dans le cinéma français. Encore très jeune Oulaya Amamra voudrait maintenant intégrer le conservatoire. Une envie de théâtre qui lui donne des airs d'Isabelle Adjani, quand elle alternait films de Truffaut, succès comme "La gifle" et grands classiques à la Comédie française.


