
■ Gentille Maimouna
Sa meilleure amie, Maimouna, (Déborah Lukumuena) cache elle aussi ses cheveux. Mais pas pour la même raison. Cette grande et forte noire, à la candeur touchante, fille d’imam, va régulièrement à la mosquée vê- tue de la burqa. Mais au lycée, en situation d’échec comme 80 % de ses camarades, elle se dévergonde, notamment au contact de Dounia, obsédée par l’envie de gagner de l’argent. Beaucoup d’argent, le signe de réussite ultime dans les quartiers. Ce ne sera pas avec son BEP d’hôtesse d’accueil qu’elle pourra se payer des vacances à Phuket. Alors elle regarde autour d’elle et constate que certains s’en sortent plutôt pas mal. Comme Rebecca (Jisca Kalvanda), plus grosse dealeuse de la région. Au culot, avec le renfort de Maimouna, elle propose ses services à cette femme tigresse, collectionnant les amants « bogosse » aux abdos de fer comme d’autres les pin-up aux lèvres refaites. Le film raconte dans le détail cette plongée dans la délinquance, l’argent facile et les risques inhérents. Dounia prendra beaucoup de coups dans l’aventure, mais ne déviera jamais de son but. Même l’amour (Dounia tombe sous le charme d’un jeune danseur) ne parvient pas à la remettre sur le « droit » chemin. Les bonus du DVD, en plus de quelques scènes coupées dont une longue balade amoureuse dans un supermarché vide, donnent beaucoup la parole à la réalisatrice qui explique sa démarche.
➤ « Divines », Diaphana vidéo, 19,99 €

Oulaya Amamra, dans le rôle de Dounia, crève l'écran du début à la fin. Un personnage complexe à faire vivre car traversé d'une multitude d'émotions et de transformations physiques. Au début du film, elle est un garçon manqué, arrogante parfois, provocatrice, toujours à la limite dans un milieu éducatif qu'elle rejette en bloc. La jeune actrice a longtemps été élève de Houda Benyamina quand elle animait des ateliers de théâtre dans ces cités si bien racontées dans "Divines". La réalisatrice a longtemps hésité à l'engager, la trouvant top jeune, trop fragile. Finalement elle s'est imposée à force de persuasion et de préparation "En plus de sa folie et de sa puissance, elle a apporté à Dounia un sens de l'humour et une gentillesse qui étaient embryonnaires dans les précédentes étapes d'écriture", se souvient-elle. Pour Oulaya Amamra, "Dounia, c'est une guerrière, mais elle aussi est féline ! Quand elle va devoir vaincre ses peurs, elle va être obligée de se féminiser." On découvre sous la capuche du sweet une femme capable de séduire, de donner le change et d'utiliser sa meilleure arme, sa beauté, pour arriver à ses fins. Un travail de comédienne comme on en voit rarement dans le cinéma français. Encore très jeune Oulaya Amamra voudrait maintenant intégrer le conservatoire. Une envie de théâtre qui lui donne des airs d'Isabelle Adjani, quand elle alternait films de Truffaut, succès comme "La gifle" et grands classiques à la Comédie française.



