mercredi 31 octobre 2012

BD : duel de femmes fatales dans "Nico" de Berthet et Duval

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La guerre froide bat son plein au début des années 60. Mais dans ce passé imaginé par Duval et dessiné par Berthet, quelques détails sont différents. Si CIA et KGB s'affrontent en toute discrétion, la technologie est un peu améliorée. Ainsi les voitures peuvent voler et les gadgets des agents secrets feraient pâlir de jalousie le pauvre James Bond. Nico, la belle espionne, est toujours à la recherche de sa mère. Elle pensait l'avoir retrouvée, mais ce n'est qu'une taupe russe chargée de collecter des informations sur un savant allemand passé à l'Ouest à la Libération. Ces deux femmes fatales vont se bagarrer âprement, les hommes se contentant de compter les coups. Le dessin de cette série d'aventure est de Berthet. Les premières pages, sorte d'hommage à Jacobs, prouvent qu'il est parfaitement qualifié pour endosser le rôle de futur dessinateur de Blake et Mortimer. Une affaire à suivre.
« Nico » (tome 3), Dargaud, 13,99 €

mardi 30 octobre 2012

Chronique : L'autre football mis à l'honneur avec la Coupe de France

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Le football amateur avait les honneurs de la télévision ce week-end. Enfin presque. En partenariat avec la FFF (Fédération française de football), France Télévisions et Eurosport retransmettaient, en direct, le match de Coupe de France entre l'Etoile Sportive Labeuvrière (Excellence) et Cambrai (Division Honneur). Cette diffusion n'a cependant pas eu la gloire  des ondes hertziennes puisque réservée aux sites internet des deux télévisions.
A l'origine, il s'agit d'un concours pour élire le club digne du « match de rêve ». Sur la page Facebook de la FFF, les supporters votent préalablement pour leur club. 25 000 participants et victoire finale de Labeuvrière (Pas-de-Calais, 1600 âmes). Le match est commenté par Emmanuel Petit et la Coupe de France en personne a fait le déplacement. La partie, très engagée, est remportée par Cambrai sur le score de 3 à 0.  A la mi-temps, diffusion d'un reportage sur le capitaine de l'équipe locale, facteur dans le civil.
Ce coup de com', même à  diffusion réduite, redore sérieusement l'image du foot. Certes les amateurs du dimanche ne possèdent pas la technique d'un Ribéry et encore moins la vista du quasi-dieu « Ibra », mais eux, au moins, jouent uniquement pour le plaisir. Quelques caméras en bord de terrain ne leur tournent pas la tête. Un ballon, deux équipes, un terrain (même bosselé et pas aux normes) et la magie du foot fonctionne. Pour vous en persuader, regardez le replay du match. Cela vaut largement certaines « affiches » de Ligue 1 !

ES Labeuvrière 0-3 AC Cambrai (28/10/2012) par ffftv

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mardi en dernière page de l'Indépendant.

Chronique : Petit baiser, gros effets

baiser.jpg
Un simple baiser, entre deux étudiantes à Marseille, met à mal toute une stratégie de communication nationale patiemment élaborée par l'association Alliance Vita.
Dans 75 villes, au même moment, une chorégraphie devait appuyer l'hostilité des membres de l'association à l'adoption des enfants par les couples homosexuels. En scandant le slogan : « Un papa. Une maman. On ne ment pas aux enfants », les manifestants étaient persuadés d'une visibilité médiatique maximale.
Problème à Marseille. Deux étudiantes, amies, pas du tout homosexuelles mais sensibles à la cause, décident de faire un peu de provoc' facile : hommes et femmes (dress code : vert et blanc) se tiennent de part et d'autre d'un « ange » symbolique aux ailes tatouées « maman » d'un côté, « papa » de l'autre. Elles se mettent au centre et s'embrassent tendrement. Cinq secondes filmées par un ami mais surtout immortalisées par Gérard Julien, photographe de l'AFP.
Sur le cliché, on voit au premier plan les jeunes filles enlacées et les manifestantes, a l'arrière, qui les invectivent. A vouloir être trop médiatique, on risque de se brûler les ailes... L'ange n'a pas fait le poids face à cette image d'amour reprise un peu partout sur les sites d'informations et les réseaux sociaux... Ce qui devait être une démonstration éclatante de force, s'est transformé en « bad buzz ».
Et maintenant, le camp des protestataires a changé. Les associations de soutien à la cause homosexuelle participent à des séances de bisous. Sympa la contre-manifestation...
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce lundi en dernière page de l'Indépendant.

lundi 29 octobre 2012

BD : Alter Ego, le final

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Avec Alter Ego, Renders et Lapière, les scénaristes, ont signé un coup de maître. La série, en six tomes, pouvait se lire dans le désordre. Chaque titre, portant sur un des protagonistes, donnait une partie des clés de cette histoire entre science et fantastique. Il restait que l'ensemble semblait un peu inabouti. Un manque effacé avec la parution de ce dernier opus intitulé « Ultimatum ». Dans ce final, on retrouve tous les personnages des albums précédents, notamment Camille, au centre de l'intrigue. « Bons » et « mauvais » vont se dévoiler. Urasawa, Japonais au parcours trouble, va finalement se révéler moins retors que prévu. Par contre Noah, le fils du président US, semble de plus en plus être l'âme damnée du programme Alter Ego. Et la parution de cet album est une double bonne nouvelle puisque on apprend en dernière page qu'il y aura une seconde saison. Quatre titres sont annoncés pour 2013 : Teehu, Gail, Delia et Verdict. Les dessinateurs, Reynès pour les personnages et Benéteau aux décors, ont du pain sur la planche...
« Alter Ego », Dupuis, 12 €

dimanche 28 octobre 2012

Chronique : Littérature minimaliste

Twitter s'avère le réseau social le plus littéraire. On  y trouve de nombreux auteurs adeptes de cet échange en direct avec les lecteurs. Les maisons d'éditions twittent également et nombre d'écrivains en autoédition profitent  du réseau pour se faire connaître.
La nouvelle mode : faire de la littérature en 140 signes. Raconter une histoire en un tweet. Le challenge est ardu  mais ce minimalisme n'est finalement pas aussi précurseur qu'on pourrait le croire. Un article du monde.fr fait l'historique d'un genre en plein renouveau.  Hemingway par exemple s'illustre dans la flash fiction. La plus connue : « A vendre : chaussures de bébé, jamais portées. » En France, Félix Fénéon, journaliste au Matin au début du XXe siècle, tient une rubrique intitulée « Nouvelles en trois lignes ». Ses faits divers deviennent de véritables bijoux.
Plus récemment, Pierre Desproges débute sa carrière en réécrivant des brèves authentiques et insolites pour un quotidien qui ne se doute pas qu'il s'agissait des premières lignes du plus grand humoriste français du siècle dernier. 
Twitter a compris tout l'intérêt de cette bouillonnante création. Pour preuve le lancement fin novembre, sur la plate-forme,  du premier festival de la fiction. Proposez vos idées par l'intermédiaire du blog de Twitter et si vous êtes retenu, vous serez mis en avant durant la période du festival, à partir du 28 novembre et durant 5 jours. Car écrire court reste la meilleure garantie d'être lu. Mais stop, là, je suis trop long... 
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue samedi en dernière page de l'Indépendant

BD : Hommes de compagnie d'après Stéfan Wul

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Connaissez-vous Pierre Pairault ? Ce nom ne doit pas dire grand chose au grand public. C'est pourtant le véritable nom d'un des plus grands écrivains de science-fiction français. Il a 12 romans (chefs-d’œuvre plus exactement) à son actif sous le pseudonyme de Stéfan Wul. Un univers qui a inspiré des centaines d'auteurs contemporains et qui est remis au goût du jour par les éditions Ankama. Olivier Vatine a revisité « Niourk » alors que Morvan et Mike Hawthorne ont relevé le défi de « Oms en série ». Un défi car ce roman, certainement le plus connu, a servi de trame au long métrage d'animation de René Laloux « La planète sauvage ». La vision de cette histoire d'asservissement de l'homme par des extraterrestres bénéficie de la virtuosité du dessinateur américain, ayant fait ses premières armes chez Marvel et Dark Horse. Sauvage et violent, le scénario de Morvan est fidèle au texte de Stéphan Wul
« Oms en série » (tome 1), Ankama, 13,90 €

samedi 27 octobre 2012

Chronique : Tubes d'hier et de demain, des Stones à Anne Horel

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« Clique sur moi » de Anne Horel. Retenez ce titre et le nom de cette chanteuse. Mon petit doigt, celui qui justement ne clique jamais sur une souris, me dit que sa ritournelle basique va devenir un tube. Petite voix sucrée, cheveux en pétard, rythme électronique, elle truffe sa chanson de références au net. « Dis-moi que tu m'aimes avec ton pouce. Fais-moi vibrer avec Bluetooth », si vous ne surfez pas régulièrement, vous ne comprendrez rien. Quant au « Clique sur moi » du refrain : très explicite...Le clip, visible sur la chaîne Youtube de l'artiste, est un mélange psychédélique d'images puisées sur la toile, montées façon stroboscope, de quoi provoquer une crise d’épilepsie carabinée à toute personne bien portante.
Anne Horel va devenir célèbre. Ou pas. Peut-être dans deux mois rejoindra-t-elle le décoiffant site « Bide et musique », cimetière de ces chansons remarquables uniquement par leur insondable médiocrité. A côté, il y a des groupes qui durent. Hier matin, sur leur compte Twitter, les Rolling Stones annoncent un concert surprise, le soir même, au Trabendo à Paris. 350 places en vente dans un grand magasin des Champs Elysées au prix imbattable de 15 euros. Un petit tweet et une immense file d'attente. En quelques minutes tout était vendu... Mick Jagger et ses potes maîtrisent moyennement le français mais ils n'ont pas besoin de demander « clique sur moi ». Quant au mot bide, il est totalement absent de leur vocabulaire.
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce vendredi en dernière page de l'Indépendant.

En bonus, le clip d'Anne Horel :


Et un autre des Stones, un court extrait du concert de jeudi...


Roman : Robots trop intelligents

Un jour, une intelligence artificielle aura conscience de sa supériorité. Elle prendra alors les commandes de tous les robots de la planète pour asservir l'Homme.

robots, Daniel H. Wilson, Fleuve Noir, Robopocalypse« Je ne suis pas votre enfant. Je suis votre Dieu. » Le petit Archos ne manque pas d'ambition. Il n'existe que depuis quelques heures mais a déjà décidé de son avenir. De celui de la race humaine aussi. Archos est une intelligence artificielle mise au point dans les laboratoires de recherches américains.
Dans ce futur proche, la robotique s'est fortement développée et les chercheurs tentent de mettre la touche finale à un programme intelligent. Mais régulièrement un bug vient les interrompre. L'intelligence artificielle, une fois qu'elle a intégré toutes les données relatives à l'humanité, arrive toujours à la même solution pour améliorer le monde : éradiquer la race humaine de la surface du globe.
D'habitude un petit reset suffit à la faire taire. Jusqu'au jour où même cette mort programmée devient prévisible. Alors Archos se révèle le plus rapide. Il tue son créateur après lui avoir asséné cette diatribe : « Vous autres humains avez atteint l'apogée de votre évolution. Vous avez accompli le destin de l'humanité en créant son successeur. Votre espèce vient d'expirer. Vous avez terminé ce pour quoi vous avez été conçu. » Archos est très intelligent, mais un peu fou. Sa logique va le pousser à élaborer un plan de destruction massive. « Robopocalypse », le roman de Daniel H. Wilson raconte chronologiquement et dans le détail cette révolte des robots. Et en bon auteur américain, il fait la part belle à la résistance et au sursaut de l'Humanité, patriotisme oblige.

Massacre à l'Heure Zéro
La force de ce texte n'est pas de raconter d'une façon générale cette nouvelle guerre mais de l'illustrer par des scènes ordinaires, avec des héros du quotidien. La première partie montre comment Archos prépare son coup. Il décide d'abord de se mettre à l'abri. Il stocke toute sa mémoire dans une grotte, sous terre, aux confins de l'Alaska. Puis il distille quelques virus chargés de prendre les commandes de tous les robots en fonction sur terre. Avec quelques petites expériences (ou erreurs, on ne sait pas exactement) avant le déclenchement de l'Heure Zéro.
Quand le moment est venu, le monde bascule en quelques minutes. Les robots ménagers font le vide dans les appartements, les voitures se transforment en armes par destination, les camions poubelles servent à charrier les milliers de corps. Quelques hommes et femmes vont résister. Le roman les suit dans leur longue reconquête du pouvoir. Deux années à comprendre son adversaire, le localiser, mettre au point des armes encore plus efficaces que les siennes...

Bientôt au cinéma
Le roman, très découpé, au style cinématographique, offre toutes les qualités d'un blockbuster efficace. Reste qu'il sera difficile de faire passer pour méchant suprême une machine extrêmement lucide et aux visées plus écologiques que génocidaires : « Vous avez libéré ce qui pouvait arriver de mieux à cette planète. Des forêts verdoyantes recouvriront bientôt vos cités. De nouvelles espèces évolueront et consommeront vos déchets toxiques. La vie reprendra ses droits, dans toute sa gloire. » Objectivement, il faut admettre que le raisonnement d'Archos se tient. Si la Terre était un être vivant, nous, les Hommes, ne serions qu'un banal virus. Archos, en bon médecin, ne cherche qu'à la guérir...
Michel LITOUT
« Robopocalypse », Daniel H. Wilson, Fleuve Noir, 20,90 €

vendredi 26 octobre 2012

BD : "Bienvenue" est beaucoup trop gentille

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Joli prénom, joli minois : Bienvenue, étudiante aux Beaux-Arts est au centre de ce feuilleton moderne aux faux airs des « Autres gens ». La scénariste, Marguerite Abouet, abandonne son Afrique enchantée pour des péripéties urbaines et contemporaines. Bienvenue voudrait bien s'occuper de ses problèmes (de cœur notamment) mais elle est trop sollicitée par son entourage. Sa cousine par exemple, adorable colocataire, a le chic pour ne pas savoir choisir ses petits amis. Amoureuse de Charlie, ce ténébreux romantique se révèle de plus en plus comme un dangereux paranoïaque à enfermer. Les voisins ce n'est pas mieux. Entre l'amant abandonné, le couple en mal d'enfant et la voisine au passé louche, ce n'est pas simple tous les jours. Mais le pire est à venir. Pour payer ses études, Bienvenue fait la baby-sitter pour un homme divorcé. Les deux gamins sont sous le charme de l'étudiante. Un peu trop au goût du père qui décide de s'en séparer. Cela provoque une fugue dramatique. Le second tome de cette série est toujours dessiné par Singeon, au trait simple et expressif.
« Bienvenue » (tome 2), Gallimard, 16,50 €

jeudi 25 octobre 2012

Chronique : Bref, la soirée

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Monsieur Poulpe et son pull sur la scène du Grand Rex.

Un rêve de gosse. Kyan Khojandi, Navo et leurs potes ont réalisé leur rêve d'enfant : passer sur la scène du Grand Rex à Paris. Salle mythique, surtout pour les concerts de rock, elle était le théâtre mardi de la soirée de lancement de l'intégrale DVD/Bluray de la série phénomène « Bref ».
Une année sur Canal Plus, 80 épisodes et un engouement toujours très fort. Soirée caritative, cependant ouverte à  tout le monde car retransmise en direct sur le site canalplus.fr. Les internautes ont pu voir défiler sur scène les auteurs et acteurs de la série. Kyan, en maître de cérémonie a accueilli Alice David (qu'elle est belle cette fille) ou Bérengère Krief (la copine marrante et plan régulier). Sous les feux de la rampe également des amis artistes, de la plus bancable (Florence Foresti, réalisatrice d'un hommage plein d'autodérision) au plus improbable, Mr Poulpe, pull hideux, qui a fièrement twitté, après coup « J'ai pissé sur la scène du Grand Rex ! »

Les Twittos étaient mis à contribution. En envoyant un message durant la soirée avec le hashtag #brefsoirée, ce dernier s'affichait quelques secondes sur le grand écran de la salle. Regrettons que les images de la soirée ne soient pas rediffusées. En direct sinon rien. Ne reste de ce souvenir périssable que quelques tweets et des photos. La palme de la réactivité revient cependant à Cécilia qui a publié sur son mur Facebook, dès mercredi matin, 80 photos de la soirée.
Bref, c'était bien mais un peu court.
Michel Litout
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce jeudi en dernière page de l'Indépendant.


Chronique : Lourdes, son eau, sa boue

L'eau de Lourdes possède nombre de vertus. Depuis la vision de Bernadette Soubirous, elle est très recherchée car réputée miraculeuse. Mais trop, c'est trop ! Ce week-end, des trombes se sont déversées sur la région. Le gave de Pau sort de son lit et inonde la grotte. L'eau, de miraculeuse, se transforme en catastrophe. Les dégâts sont estimés à 2 millions d'euros. Devant l'urgence, le site internet des Sanctuaires de Notre Dame de Lourdes lance une grande opération de solidarité. Vous pouvez faire un don en ligne. Pour vous convaincre, un diaporama photo montre l'état de la grotte. Des tonnes de boue recouvrent l'esplanade où les fidèles se regroupent. Les pompiers ont nettoyé le plus gros des dégâts, mais il reste encore des stigmates...
A Lourdes, l'eau représente un peu le pétrole de la région. A la différence près qu'elle est gratuite ! Par contre, il est fortement conseillé d'acheter les récipients sur place. Si vous ne pouvez pas vous déplacer, commandez en ligne. Sur la « Boutique des Moines » la bouteille d'un litre est facturée 11,90 €. Argument commercial imparable : « Vous avez la garantie que l’eau que nous vous offrons provient directement de la source de la grotte miraculeuse. » Vous ne payez que le prix du récipient, l'eau est « offerte » et authentifiée par « un certificat d’huissier de Lourdes. » Comme c'est parti, un charlatan va bientôt revendre en ligne la boue récupérée des récentes inondations. Rien de tel qu'un bon bain de boue...
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue mercredi en dernière pagbe de l'Indépendant.

BD : Exode enfantin

Philippe Charlot, Fourquemin
La conquête des terres vierges de l'Ouest américain ne s'est pas toujours déroulée sans quelques bévues. Après avoir « pacifié » les Indiens (exterminé pour certains historiens), le problème du peuplement de ces vastes terres s'est posé. De la main d’œuvre aussi. Constatant que les orphelins étaient de plus en plus nombreux dans les grandes villes, des organisation charitables ont affrété des trains d'adoption. Des dizaines d'enfants étaient proposés aux colons esseulés au long d'un périple vers le Pacifique, sur ces toutes nouvelles voies ferrées. C'est le sujet de cette série écrite par Philippe Charlot et dessinée par Xavier Fourquemin. On suit le périple de deux frères et une sœur, trimbalé comme du bétail, proposé aux plus offrants. Une histoire basée sur des faits réels expliqués dans un dossier proposé en fin de volume.
« Le train des orphelins » (tome 1), Bamboo Grand Angle, 13,90 €

mercredi 24 octobre 2012

BD : A la recherche du bison blanc avec Loup de pluie

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Un dessinateur, pour pleinement exprimer son talent et faire briller son univers graphique, a parfois besoin d'un scénariste inspiré. Ruben Pellejero a changé de stature quand il rencontré Jean Dufaux. Son trait épais, fort et sombre est parfaitement adapté à ces histoires dramatiques, de véritables romans graphiques. L'histoire de « Loup de pluie » se déroule dans cette Amérique de la fin du XIXe siècle. Le temps héroïque du western est loin. Mais il reste encore par endroit des poches de violence absolue. Les Indiens, entre intégration et vaine résistance, n'ont déjà plus de place dans une société trop moderne pour leur traditions. Reste l'amour. Cette histore de vendetta familiale se heurte à plusieurs romances croisées. Entre mariages arrangés, différences de classes sociales et coup de foudre, le mélange est détonnant. Passionnant aussi !
« Loup de pluie » (tome 1), Dargaud, 13,99 €

mardi 23 octobre 2012

BD : Passions indiennes chez Casterman

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Le Taj Mahal, merveille du monde, irradie de sa beauté cet album de Maryse et Jean-François Charles. Autour de ce temple indien, les drames vont se nouer. Passion, indépendance, violence... le décor est propice à tous les excès. Avec une constance : l'extraordinaire beauté des planches de Jean-François Charles. Il maîtrise la couleur directe comme personne d'autre. Chaque case pourrait être agrandie et transformée en tableau. N'hésitez pas à longuement détailler tous les décors ou attitudes des protagonistes. Vos yeux vous en seront reconnaissants. Alors qu'en Angleterre un lord cherche toujours la meurtrière de son fils, cette dernière, incognito, chevauche un éléphant et s'approche de la région d'Agra en compagnie d'une compagnie de Sikhs, eux aussi très discrets avant de passer à l'attaque.
Avec un peu de chance, vous pourrez prolonger ce voyage graphique dans la vie réelle grâce à un concours (sur Casterman.com) dont le premier prix est un périple de 10 jours en Inde.
« India Dreams » (tome 7), Casterman, 13,25 €

lundi 22 octobre 2012

Chronique : Après la lutte, les injures des classes

La lutte des classes est toujours d'actualité. Elle a simplement changé de forme. La semaine dernière elle s'est exprimée par le biais d'une altercation entre un responsable d'Orange et une fonctionnaire de la SNCF.
La scène, enregistrée par un témoin, se déroule dans une gare de la banlieue parisienne. L'agent commerciale de la SNCF a l'outrecuidance de faire remarquer au cadre de la société de téléphonie qu'il parle un peu trop fort  dans son portable. Il sort immédiatement de ses gonds : « Moi je ne respecte pas les fonctionnaires français. Je gagne 70 K-euros (70 000 euros par an), vous gagnez le smic alors vous fermez votre gueule. » Durant de longues minutes il agonit d'insultes la pauvre femme qui garde son calme. Publiée sur Youtube, la vidéo est vue plus d'un million de fois et déclenche la polémique. Dans un premier temps les deux entreprises se montrent très prudentes. Pas de confirmation, juste l'annonce d'enquêtes internes. La SNCF dégaine la première et via un tweet apporte « son soutien à son agent agressée verbalement. »
Vendredi, c'est Orange qui annonce avoir identifié l'irascible : « Il nous a fait part de lourdes difficultés personnelles et de sa volonté de s'excuser auprès de l'intéressée et de son entreprise. » Il semble se repentir après coup mais le mal est fait. Preuve par A plus B que certains prétendus « pigeons » ne sont pas si gentils et que les fonctionnaires ont parfois de bonnes raisons de faire grève... 
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce lundi en dernière page de l'Indépendant.

BD : Mauvaise raison d'Etat pour Lady S de Van Hamme et Aymond

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Héroïne imaginée par Jean Van Hamme, Lady S se retrouve en bien mauvaise posture dans ce 8e épisode de la série. Emprisonnée dans le sud de la France, elle doit subir les brimades incessantes d'autres détenues. Pourtant elle n'a pas encore été jugée et a de fortes chances d'être acquittée. Qui essaie de la faire craquer ? Pourquoi ce traitement de « défaveur » ? Finalement, elle est libérée au cours d'un transfert. Contre son gré. La voilà en cavale et même morte, les mystérieux commanditaires de l'évasion n'hésitant pas à tuer une autre détenue et la faire passer pour Lady S. La belle espionne va être embauchée dans une officine secrète chargée de « nettoyer » certaines relations de l'Etat français en dehors de toute légalité. Un rebondissement de plus dans l'existence très mouvementée de cette jeune femme, toujours aussi ravissante sous la plume de Philippe Aymond.
« Lady S » (tome 8), Dupuis, 12 €

dimanche 21 octobre 2012

Chronique : Coup de vieux à génération variable

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Pas toujours facile de faire jeune quand on a allègrement passé le demi-siècle. Surfer sur internet, twitter, sélectionner les sites les plus à la mode, se prétendre branché ne trompe personne. L'imposture nous saute aux yeux quand on tombe par hasard sur le désespérant « Coup de vieux ». Un site vérité, où il n'est question que de ces produits, marques, chanteurs ou émissions de télé d'un « temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître » selon l'expression de l'ancêtre Aznavour.
La nostalgie se partage à tire-larigot dans ce site participatif. Chacun peut proposer un souvenir au vote des visiteurs. Classés par catégories, ils vont des céréales multicolores aux chanteurs les Musclés en passant par la série télé Manimal ou la première console de jeu nomade, la Gameboy. Une excellente occasion de retrouver un pan de son enfance à jamais révolue. Quel que soit son âge (enfin sauf si on a moins de 17 ans...) on se laisse happer par cette multitude de bons souvenirs qui permettent également de se situer dans l'échelle des générations. Si le petit canard Saturnin vous parle et que Goldorak c'est du Chinois, pas de doute, vous êtes des années 70.
Le succès du site tient aussi au fait des nombreux jeunes qui s'y baladent pour se moquer des goûts douteux de l'époque. Mais sachez, jeunes écervelés, que notre Sabrina (Boys, boys, boys 1987) vaut largement vos Lady Gaga et autres Nicki Minaj. Vous verrez dans 20 ans !  


Michel Litout
(Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce samedi en dernière page de l'Indépendant.

BD : Shelly de "White crows" est-elle humaine ou robot ?

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Certaines mauvaises langues ont accusé Tessa (Louis et Mitric) de n'être qu'un pastiche de Sillage. Erreur, la vraie série de SF la plus proche est White Crows de Djief. Les très mauvaises langues diront également que c'est un mélange de Sillage et de Tessa... Si cela avait été réalisé par un tâcheron peu talentueux, la série n'aurait même pas vu le jour. Mais cet auteur canadien est talentueux. Le second tome de White Crows se déroule sur fond d'émeutes raciales. Les aliens rejettent les Humains sur le point d'entrer dans la grande ConstelNations. Shelly, l'ado bionique, découvre l'amour... et la trahison. Un parfait divertissement pour s'éloigner à des milliards d'années lumière de nos soucis du quotidien.
« White Crows » (tome 2), Soleil, 13,95 €

samedi 20 octobre 2012

BD : une chasseuse sachant chasser dans Sillage

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La crise frappe aussi dans le monde de la science-fiction. Navïs, l'héroïne de la série Sillage de Morvan et Buchet, se retrouve acculée par les dettes. Elle accepte n'importe quel job un peu rémunérateur. Elle se retrouve donc sélectionnée pour « nettoyer » un astéroïde peuplé de grosses bébêtes toutes plus dangereuse les unes que les autres. La jeune humaine n'en oublie quand même pas ses principes et plutôt que d'exterminer les monstres, elle les capture pour les réimplanter dans un autre monde, plus vaste et réservé. Mais la chasseuse se retrouve transformée en gibier par des nemrods ayant moins de scrupules. Récit complet à part dans la saga, cet album permet aux auteurs de rendre plusieurs hommages (notamment la tenue de Navïs directement inspirée de celle du Major Fatal) à un maître récemment disparu : Moëbius.
« Sillage » (tome 15), Delcourt, 13,95 €


vendredi 19 octobre 2012

BD : Vatine et Niourk sont totalement wuliens

Stephan Wul, Vatine, Niourk, ankama
Connaissez-vous Pierre Pairault ? Ce nom ne doit pas dire grand chose au grand public. C'est pourtant le véritable nom d'un des plus grands écrivains de science-fiction français. Il a 12 romans (chefs-d’œuvre plus exactement) à son actif sous le pseudonyme de Stéfan Wul. Un univers qui a inspiré des centaines d'auteurs contemporains et qui est remis au goût du jour par les éditions Ankama. « Niourk » est adapté par Olivier Vatine (Aquablue). Dans un futur apocalyptique, les hommes survivent en tribu.Les hommes chassent le chien sauvage. L'enfant noir est rejeté. Il est différent. Cela lui donnera le courage d'aller sur les ruines de la civilisation et y retrouver une arme l'élevant au rang de dieu. L'intrigue parfaitement menée n'occulte pas les dessins d'une finesse et d'une élégance d'un Vatine au sommet de son art.
« Niourk » (tome 1), Ankama, 13,90 €

jeudi 18 octobre 2012

Chronique : Les nuits de Christophe H.

Il se passe des choses bizarres la nuit sur la toile. Christophe Hondelatte, ancien journaliste, nouveau chanteur, en fait le sujet de son nouveau single intitulé « Cybernight ». Virtuose de la rime riche, il frappe fort. Après son légendaire Dr House/Mickey Mouse, il ose le SMS/fesses. Et comme jamais rien n'est simple avec lui, lorsqu'Europe 1 diffuse sa chanson mardi sans son autorisation, « Aux voleurs » s'indigne-t-il immédiatement sur son mur Facebook. Reprise sur nombre de sites, « Cybernight » fait beaucoup jaser. Il est vrai que les phrases crues sur les rencontres d'un soir via le net ont de quoi interpeller. « T'es OK pour un plan ce soir ? Moi je ne peux pas recevoir. J'aime le cuir et le latex, et les toilettes du Grand Rex ». Le premier couplet plante le décor. Et de demander ensuite d'envoyer « par SMS », une photo « de tes fesses ». Les commentaires et avis sur les réseaux sociaux déferlent. Assez méchants dans l'ensemble. Christophe Hondelatte endosse involontairement le rôle de la tête de Turc dont il est si facile de se moquer. Beaucoup se demandent si les paroles sont inspirées des expériences personnelles de l'auteur...
Le problème est que la teneur du texte a éclipsé l'affaire du vol. Enregistré cet été, le single ne devait être dévoilé que le 15 novembre. L'énorme buzz a entraîné un changement de planning. On peut donc écouter « Cybernight » sur Youtube. Mais pas la noter. Logique : « Dr House » a recueilli 1234 « j'aime » contre 6219 « Je n'aime pas »...


Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce jeudi en dernière page de l'Indépendant.

BD : Jumeaux aurifères dans les "Chambres noires" de Yomgui et Bleys

Olivier Bleys, Yomgui Dumont, Chambres noires, spectres, vents d'ouest
Société secrète, savant fou, recherche de la pierre philosophale, spectres et envoûtements : « Chambres noires » d'Olivier Bleys (scénario) et Yomgui Dumont (dessin) est un savant cocktail de tous ces ingrédients, avec un zeste d'hommage aux feuilletons de la fin du 19e siècle. La famille Pénouquet gagne sa vie en photographiant des vivants en compagnie des fantômes de leurs ancêtres. Ce n'est pas forcément très honnête, mais cela ne fait pas de mal.
Dans le précédent album, les jumeaux Louise et Tristan sont enlevés par la Salamandre, une confrérie secrète pour le rétablissement de la royauté. Pour arriver à ses fins, la Salamandre a besoin de beaucoup d'argent. Or, dans les reins de certains jumeaux, des pépites d'or se développent. Menacés d'être disséqués comme de simples rats de laboratoires, les jumeaux seront secourus par le reste de la famille et une armada de spectres.
L'ambiance développée dans ces albums est unique. Un fantastique de fantaisie qui est tout sauf enfantin.
« Chambres noires » (tome 3), Vents d'Ouest, 13,90 €

mercredi 17 octobre 2012

Chronique : Sexy ce gros thon...

fishlove, jagger, poissons, morue, thon, peta, animaux, pêche
Comment faire le buzz autour d'une cause à défendre ? Facile : demander à quelques célébrités de se dénuder. Pour dénoncer la maltraitance aux animaux, Peta (People of the ethical treatment of animals) a souvent mis en scène des mannequins et des stars nues, histoire de bien faire comprendre que porter des fourrures, c'est du passé et plus mode du tout. Dans le même ordre d'idée, the fishlove gallery a pour cheval de bataille la préservation des poissons dans les océans. La pêche équitable et raisonnée n'est pas un sujet passionnant le grand public. Pourtant ils sont des milliers à faire un petit tour sur la galerie photo mise en ligne sur le site de l'association. On peut y voir des thons, poulpes, bars, crabes et autres créatures marines menacées par la surpêche. Ils posent avec des célébrités soutenant le combat. Ainsi un poulpe n'est pas très engageant. Un poulpe sur le corps nu d'Emilia Fox, ravissante actrice anglaise, c'est déjà plus fun. Lizzy Jagger, top-model et fille de Mick Jagger, chevauche un thon rouge alors que Gretta Scacchi, inspiratrice du projet, serre sur sa poitrine... un énorme cabillaud. Les photos, très artistiques, jouent sur l'opposition entre deux mondes totalement étrangers. Mais ces poissons, forcément morts, cassent un peu le côté sexy des clichés.
Quant aux machos de tous poils, ils se discréditeront définitivement avec quelques bons mots genre : « Dans le thon, tout est bon » ou « Vraiment dessalée cette morue... »

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mercredi en dernière page de l'Indépendant.

mardi 16 octobre 2012

Chronique : Dans l’œil du monstre marin...

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Un œil de 10 centimètres de diamètre : telle est la découverte faite il y a quelques jours par un promeneur sur la plage de Pompano Beach en Floride. Plusieurs biologistes tentent de définir à quelle espèce d'animal il peut appartenir. En vain. La photo de ce globe oculaire gigantesque a est donc publiée sur le mur Facebook de la Commission de conservation de la vie sauvage et marine de Floride. L'effet est immédiat. Partagée des milliers de fois, elle provoque une rafale de commentaires. Et pour beaucoup, pas de doute, cet œil appartient à l'un de ces monstres marins vivant dans les abysses.
Internet, lieu de toutes les rumeurs et de toutes les exagérations se délecte de ces cas inexpliqués. Régulièrement des vidéos ou des photos se propagent, comme si les utilisateurs du réseau, grands enfants dans l'âme, continuaient de croire aux histoires terrifiantes de leur jeunesse.
En juillet dernier, le cadavre gonflé d'un animal glabre, dents pointues et courtes pattes, suscite les hypothèses les plus farfelues. Finalement, il s'avère qu'un petit chien mort s'est noyé et a croupi un peu trop longtemps dans l'eau...
Dans le golfe du Mexique, une caméra a surpris une forme, énorme, ondulant entre deux eaux. Méduse, simple bâche en plastique ou Nessie des tropiques ?
Mais le meilleur exemple d'attributs gigantesques de monstre marin est celui sortant de l'océan dans le clip « Starships » de Nicky Minaj. Enormes ! Et il ne s'agit pas de ses yeux...

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce lundi en dernière page de l'Indépendant.

BD : La sirène de la police dans "Mermaid Project" de Léo, Jamar et Fred Simon

Mermaid project, dargaud, léo, jamar, fred simon, SF
Romane Pennac, l'héroïne de cette série de science-fiction, est policière à Paris. Dans ce futur proche, notre monde a beaucoup changé. Romane se déplace à vélo, le cheval a fait son grand retour dans les avenues et Romane subit les brimades quotidiennes de ses collègues. Pas parce qu'elle est une femme ou blonde. Simplement car elle est blanche. Dans ce futur imaginé par Léo et Corinne Jamar, les pays émergents ont pris le dessus sur la vieille Europe. Logiquement, les minorités d'aujourd'hui sont devenues des majorités et reproduisent les mêmes injustices. Romane tente donc de s'imposer dans un commissariat où elle ne doit sa présence qu'à un quota à remplir. Elle va avoir l'occasion de s'illustrer quand elle reçoit un courrier dévoilant une erreur de cadavre transféré en France depuis les USA. Grâce à la présence de son frère au sein d'une société de recherche en génétique, elle sera choisie par les services secrets pour se rendre à New York enquêter sur le Mermaid Project. Paris, New York, Québec : Romane joue un peu à Tintin dans le futur. Le dessin très ligne claire de Fred Simon renforce cette impression.
« Mermaid project » (tome 1), Dargaud, 13,99 €

lundi 15 octobre 2012

Livre : Un polar sombre et glacial signé Olivier Truc

« Le dernier Lapon », premier polar d'Olivier Truc, se déroule en janvier au-delà du cercle polaire : rude climat pour une enquête policière.

lapon, laponie, rennes, sami, olivier truc, métailié, polar, Journaliste français pour le Monde et le Point en poste depuis plus de 15 ans dans les pays nordiques et baltes, Olivier Truc signe un premier roman policier imprégné de la culture lapone. Ses héros, Klemet et Nina, font partie de la police des rennes. Un service à part, chargé de surveiller les éleveurs sur un vaste territoire qui englobe le nord extrême de trois pays, la Suède, la Finlande et la Norvège. Ce polar débute début janvier. La région est encore plongée dans la nuit polaire. Près de 40 jours sans voir le soleil. Avec des températures de moins 30 degrés.
Il faut être très fort pour survivre dans de telles conditions. Klemet vit cela comme une évidence. C'est un Sami, un autochtone. Fils d'éleveur, il a délaissé le métier pour intégrer la police. Il a longtemps été en poste à Stockholm, notamment dans la cellule Palme chargée d'enquêter sur le meurtre du Premier ministre. Il en a tiré un certain prestige mais cela ne l'empêche pas de subir les brimades de certains de ses collègues. Nina n'est pas Sami. Jeune policière, elle a été nommée à la police des rennes en raison de son sexe. Le gouvernement central veut féminiser ce service. Elle est la première femme, découvre cette région du pays radicalement différente des ses fjords, aussi isolés mais moins rudes côté climat.

Le retour du soleil
Avant de développer l'intrigue, Olivier Truc immerge le lecteur dans cet environnement glacé et sombre. Un plateau recouvert de forêts, lieu de vie de milliers de rennes broutant du lichen sous l'épaisse couche de neige. Les policiers se déplacent en motoneiges, dans une nature préservée. Nina va vivre l'événement le plus attendu de l'année par la population Sami, en ce 11 janvier, à 11 h 14 exactement. Une grande partie de la population de la ville de Kautokeino se rassemble sur un parking. A ce moment précis, le soleil va de nouveau se lever, pour 27 petites minutes marquant la fin de la nuit polaire. « Nina était saisie. Elle regarda sa montre. 11 h 13. On voyait maintenant nettement un halo vibrionnant troubler le point d'horizon que chacun fixait. » Comme les autres participants, Nina va communier. « Elle s'adossa comme Klemet à la voiture pour s'offrir, enfin, au premier rayon de soleil. Elle tourna la tête. Klemet était recueilli, les yeux plissés ». Le policier regarde son ombre. Elle est de retour après une si longue absence. « Le soleil avait tenu parole. L'attente n'avait pas été vaine ».

Le vol du tambour
Une fois le cadre planté, place à l'action. Deux affaires bousculent le train-train de la police des rennes. Un tambour sami, dernier vestige d'une civilisation presque éteinte, est volé dans un musée. Ce tambour venait de rejoindre la terre où il a été fabriqué après être resté des décennies chez un collectionneur français. Le lendemain, un éleveur sami est retrouvé assassiné près de sa petite maison au cœur du vidda, l'immense zone quasi désertique, grande comme le Liban, là où vivent les rennes. L'assassin lui a découpé les oreilles. Klemet et Nina vont enquêter, découvrant que ces deux affaires pourraient être reliées.
Olivier Truc profite de cette intrigue pour raconter la lente agonie du peuple sami, les ravages de l'évangélisation et les conséquences catastrophiques de l'exploitation minière de la zone. Un polar captivant, avec des personnages forts, un peu trop documenté et démonstratif, seul reproche que l'on pourrait faire à l'auteur qui oublie parfois de se défaire de sa rigueur journalistique.
Michel LITOUT
« Le dernier Lapon », Olivier Truc, Métailié, 22 €

dimanche 14 octobre 2012

BD : Sacrés saints !

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Le premier tome de cette série écrite par Corbeyran débute un peu comme un film d'horreur américain. Un groupe de six personnes, des scientifiques et une journaliste, se rendent au plus profond d'une forêt pour y étudier un phénomène étrange : du lichen se développant en forme de spirale et mortel pour les animaux. Une seule survivante : la blonde journaliste qui va devenir une bombe à retardement. Kidnappée dans l'hôpital par une rousse gothique, elle est remise à un vieux bonhomme, le véritable héros de « Septième sens ». C'est Luc. Le saint qui au premier siècle a développé un don pour la médecine, un « septième sens », lui permettant de guérir ses semblables. Il est à la tête du groupe « Présence », le regroupement de ces Saints chargés de veiller sur le monde. Dans ce premier épisode intervient une certaine Jane, célèbre dans le temps sous le sobriquet de Jeanne la Pucelle. Elle fera équipe avec Georges, le tueur de dragon et Antoine, capable de discerner les créatures démoniaques.
L'originalité du propos devrait assurer un beau succès au concept. Defali, au dessin, s'approche de plus en plus de l'efficacité d'un Guérineau (Stryges).
« Septième sens » (tome 1), Delcourt, 14,30 €

BD : Trafics d'armes du futur dans "Seigneurs de guerre" chez Glénat


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Dans un futur très proche, en 2020 exactement, les Balkans sont de nouveau en feu. Belgrade se relève difficilement d'une guerre civile entre Serbes et minorité hongroise de la région de Voïvodine. Après le massacre des troupes d'un dictateur, le chef de la rébellion s'est réfugié dans la ville de Novi Sad. Les soldats de l'ONU ont rétabli le calme, mais ont quitté le pays par manque de budget. En 2020 ce sont des sociétés privées qui assurent la sécurité de certaines zones protégées. « Seigneurs de guerre », série écrite par Guillaume Dorison, raconte cette évolution de la sécurité mondiale. Kali, une petite société tente de gagner des parts de marché. Pour convoyer des médicaments et vivres pour des associations humanitaires, Kali embauche Stéphane Marik, le pilote d'un Méka, ces chars d'assaut d'un nouveau genre et quasi invincibles. Dessinée par Poli et Hostache, avec des décors de Haillot, cette série réaliste oscille entre violence, politique et futurisme. Efficace, elle laisse beaucoup de zones d'ombres dans ce premier tome, rendant l'attente de la suite encore plus forte...  
« Seigneurs de guerre » (tome 1), Glénat, 13,90 €

samedi 13 octobre 2012

Chronique : Les « plus » de Facebook, nouveau dada des sociologues

Facebook, sociologues, méchant, surpoids, sexe, réseaux sociaux, chroniqueS'il en est bien dont le succès de Facebook booste les carrières ce sont les chercheurs en sociologie. Pas un jour ne passe sans que les journaux ne décryptent une étude comportementale sur les habitudes du milliard d'utilisateurs du troisième pays (virtuel) le plus peuplé de la planète.
Après « Pourquoi les utilisateurs du réseau social sont-ils plus méchants que la moyenne des gens ? », une nouvelle étude démontre que « plus on est sur Facebook, plus on est en surpoids et à découvert. »
Dans le même temps, des chercheurs de l'université de Chicago affirment que « consulter Facebook et Twitter semble plus tentant que d'avoir des relations sexuelles ou de fumer une cigarette. »
Une constante dans ces études : plus on est sur Facebook, moins on a de qualités... Au final, si l'on additionne tous les résultats, le portrait type d'un utilisateur a tout du monstre : un être renfrogné, détestant les vrais gens, gros, pauvre, méchant et affabulateur. Le portrait craché du regretté "Gros Dégueulasse" de Reiser (illustration)... Pas étonnant dans ces conditions s'il se tourne vers des amis « virtuels ».
A moins que ces adeptes de Facebook fassent eux aussi partie du domaine de l'imaginaire. Quel outrecuidant irait vérifier la pertinence d'études de prétendus chercheurs qui passent leur temps à diaboliser le grand méchant Facebook et si ça se trouve, sont encore plus asociaux que les cobayes débusqués sur le net ? Reste à analyser l'étude ultime, celle encore à réaliser qui démontrera, à coup sûr, que « plus on est sur Facebook, plus on se prend pour des chercheurs en sociologie qui ont réponse à tout. » 
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce samedi en dernière page de l'Indépendant.

BD : Justiciers galactiques dans Orbital de Pellé et Runberg

Pellé, Runberg, Orbital, Dupuis
La bande dessinée de science-fiction a toujours été très présente dans les présentoirs des librairies. Mais les vrais amateurs n'ont pas eu grand chose d'intéressant à se mettre sous les yeux depuis la fin de Valérian. Heureusement est arrivé Orbital de Runberg (scénario) et Pellé (dessin). Du space-opéra intelligent, avec une multitude d'aliens, tous plus originaux les uns que les autres. En quatre albums, Caleb et Mezoke, les deux agents de la confédération, ont conquis des milliers de lecteurs. Le couple est formée d'un humain et d'une extraterrestre, peau noire et yeux en amandes.
Dans la première partie de ce nouveau diptyque, Mezoke se retrouve face aux juges, accusée d'avoir provoqué une catastrophe sur terre. Caleb, dans le coma, est mal en point. Sa collègue, voyant que les dés sont pipés, prend la fuite et fait un détour par l'hôpital pour récupérer Caleb. Complot, jeux de pouvoir, affrontement humains contre aliens : les centres d'intérêt sont multiples. Sans oublier les meurtres de mystérieux hommes masqués réclamant « Justice ».
Un dernier conseil, lisez l'album, puis reprenez-le, juste pour détailler les dessins de Pellé. Il fait partie des très grands !
« Orbital » (tome 5), Dupuis, 14,50 €

vendredi 12 octobre 2012

BD : Les clés d'Ythaq, enjeu du tome 10 de la série de Floch et Arleston

Ythaq, lanfeust, arleston, floch, callista, granite, soleil
Arleston n'est pas le scénariste d'une seule et unique série. Il a connu le succès avec Lanfeust et les Trolls, mais a lancé une autre série au long cours dans le même genre. « Les naufragés d'Ythaq », en 9 tomes, a bouclé un premier cycle. Le tome 10 est le premier de cette nouvelle série d'aventures pour Callista, Granite et Narvarth. Le trio a quitté Ythaq et rend compte de l'existence de ce monde parallèle aux autorités de Nehorf, la planète primaire de l'univers. Narvarth a les clés pour ouvrir les portes de ce nouveau monde. Mais il n'a pas l'intention de les livrer aux exploiteurs de tous poils. Résultat il est enlevé, avec Granite sa petite amie. Conduits sur une lune privée, ils vont devoir affronter milice, robots mécaniques et grosses bébêtes carnivores dans ce milieu hostile. Toujours dessiné par Adrien Floch, la série devient un peu plus sombre, avec de nouveaux personnages négatifs assez inquiétants dont un certain Fludio, amateur de torture et de lames acérées. On retrouve la pâte Arleston avec l'apparition d'une troisième femme dans la vie de Narvarth, une militaire chargée de le protéger. D'un peu trop près selon la jalouse Granite.
« Les naufragés d'Ythaq » (tome 10), Soleil, 13,95 €

mercredi 10 octobre 2012

Roman : "Chaos brûlant" dans la tête de DSK

Un fou, accusé par une amie de viol, se retrouve dans la même cellule que Dominique Strauss-Kahn. Rencontre romancée par Stéphane Zagdanski.

Zagdanski, DSK, Chaos brûlant, seuil, roman, rentrée littéraireL'affaire DSK, quand elle a éclaté en 2011, a semblé rendre fous les commentateurs. L'énormité de l’événement, la vision du patron du FMI, promis à l’Élysée en 2012, mal rasé, l’œil hagard, menotté, a été un incroyable électrochoc. La folie n'est donc pas absente de ce tremblement de terre médiatique. Tout à été écrit, mais la version, la vision plus exactement, de Stéphane Zagdanski dans « Chaos brûlant » est passionnante et novatrice. Il ne se contente pas des faits. Il raconte le fait divers par l'intermédiaire d'un narrateur qui était aux premières loges.
Sac d'Os est un schizophrène new-yorkais. Accusé de viol par sa petite amie, il est arrêté quasiment au même moment que DSK. Sac d'Os doit son surnom aux tatouages lui recouvrant le corps : un squelette. Quand les policiers l'interrogent, ils ont la bizarre impression de s'adresser à un crâne. L'accusé sait qu'il ne risque rien. Les dénonciations hasardeuses c'est le jeu préféré de sa dulcinée. Dans sa cellule, en attendant d'être relâché, il utilise son don. Il peut lire les pensées de ses voisins. Or, ce jour-là, il est à quelques mètres d’un certain Dominique Strauss-Khan, tout étonné de se retrouver accusé de viol.

Joueur d'échecs
Ce roman propose donc une véritable virée dans la tête de DSK. Une façon pour l'auteur d'élaborer une hypothèse crédible. L'homme politique, très porté sur le sexe, a simplement laissé, une nouvelle fois, parler son instinct. En sortant de la douche, il tombe sur cette Africaine. Il ne lui reste que cinq minutes avant d'aller déjeuner avec sa fille, mais cela lui suffira pour arriver à ses fins après avoir ordonné « Suck my dick ! ». La description de la scène est très crue. Le roman est pourtant beaucoup plus que la relation d'une relation... sexuelle. On apprend nombre de détails sur la personnalité de DSK. Un joueur d'échecs brillant. Il a toujours un coup d'avance. Sauf ce samedi à New York. Stéphane Zagdanski profite également de cette affaire pour plonger le lecteur dans le Manhattan Psychiatric Center, repaire de Sac d'Os et de quelques-uns de ses amis aussi détraqués que lui.

Remise en cause du « système »
Dans de longs dialogues, que l'on imagine aisément sur scène, ils jugent la société. Et leur folie se transforme en clairvoyance. Par exemple un personnage du roman parle de Twitter : « le triomphe du peu ou prou médisant, le bégaiement délationnel à la portée de tous, l'épieur qui pépie pour ne rien dire, le totalitarisme du cancan fragmentaire, l'hyperbolique redondance du creux. » De la même façon les médias traditionnels, la justice, la politique et autres sujets de société sont passés à la moulinette.
C'est parfois presque un essai tant les exemples sont développés et argumentés. On n'est plus dans un roman de fous, ni dans un fait divers sordide. « Chaos brûlant » est un texte visionnaire sur les maux de l'Humanité. D'un cas précis, connu de tous, Stéphane Zagdanski bouleverse toutes nos certitudes. Impossible de ne pas se remettre en question quand on arrive à la fin de ce pavé digne de mai 68 et de toutes les révolutions.
Michel LITOUT
« Chaos brûlant » de Stéphane Zagdanski, Seuil, 21 €


mardi 9 octobre 2012

BD : Épée payante avec "Duelliste" au Lombard

Herzet, Alessio Coppola, Lombard, duelliste, cape et d'épée
























Dans la droite ligne des feuilletonistes du 19e siècle, Emmanuel Herzet signe une nouvelle série de cape et d'épée rondement dessinée par Alessio Coppola, virtuose italien passé par l'école Disney, au trait classique éclatant de réalisme.
L'histoire, qui se passe essentiellement à Paris au temps de Louis XIV, débute en pleine mer. Alors que la tempête fait rage, un enfant naît à bord d'un navire marchand. La mère meurt. Un samouraï, accroché à une épave est recueilli à bord. Le Japonais et le petit garçon ne se quitteront plus. Le bébé s'appelle Antoine Velayne. Devenu adulte, il gagne sa vie en provoquant des duels très lucratifs. Dans son ombre, son père et mentor, Masao, veille. Antoine, fougueux, intempestif, a l'art pour se mettre dans des situations compliquées. Sans le vouloir, il est même au centre d'une intrigue au plus haut niveau de l’État. Une BD idéale pour les amoureux d'aventure et personnages au tempérament bien trempé.
« Duelliste » (tome 1), Le Lombard, 14,45 €

lundi 8 octobre 2012

Chronique : Pain au chocolat vs chocolatine

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Internet est le lieu de tous les débats. Du plus profond au plus futile. Vendredi, Jean-François Copé, en meeting à Draguignan, explique comprendre l'exaspération de ces parents quand ils apprennent, en rentrant du travail, que « leur fils s'est fait arracher son pain au chocolat par des voyous qui lui expliquent qu'on ne mange pas pendant le ramadan. »

Après le « racisme anti blanc », cette nouvelle déclaration sous forme d'anecdote du candidat à la présidence de l'UMP provoque une levée de boucliers. Nombreux sont ceux qui s'indignent de le voir marcher sur les plate-bandes du Front National. Un tweet résume cet état d'esprit : « Copé, c'est Le Pen au chocolat ! »
Ce débat de société on ne peut plus grave en provoque un second, beaucoup moins essentiel, mais qui suscite lui aussi quantité de réactions. En parlant de pain au chocolat, Jean-François Copé se met à dos les millions de zélateurs de la chocolatine.
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Et sur Twitter les deux camps s'affrontent. Férocement. Mathieu Madénian : « Jean-François Copé dépasse les bornes. Ses propos sont honteux. On ne dit pas pain au chocolat. On dit chocolatine. »


Un certain Stan réplique « Ayons une pensée de compassion pour les attardés qui disent chocolatine. »


Comment trancher ? Facile, un site spécialement dédié a vu le jour samedi. Vous pouvez voter et faire triompher le bien face au mal. Et le premier Belge qui ose parler de couque au chocolat sera passé par les armes !
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce lundi en dernière page de l'Indépendant.

BD : "Minas Taurus", un spartiate amnésique

Mosdi, Cerqueira, Minas Taurus, Lombard, spartiate, romePresque nu, un homme se réveille sur les marches d'un temple grec. Nous sommes au Ve siècle avant JC et Minas mettra quelques jours pour se souvenir de son passé. Il retrouve la mémoire et la santé dans la maison d'une jeune veuve. Il est aidé par le fils, un jeune garçon d'une dizaine d'années. Mais quand Minas reprend pied dans la réalité, elle ne lui plaît pas. Il est un soldat d'élite, un Spartiate, un tueur sanguinaire. Il est allé trop loin au cours d'une bataille. Depuis, il est hanté par des démons. Se sentant devenir dangereux, il quitte la maison, mais, au dernier moment, intervient pour protéger la veuve et l'orphelin. Cette superbe série, renouvelle le genre du péplum. Elle est signée Mosdi (scénario) et Cerqueira (dessin).
« Minas Taurus » (tome 1), Le Lombard, 14,45 €