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mercredi 19 août 2015

Cinéma - Femmes, mode d'emploi dans "La belle saison"

Film sur la libération des femmes, 'La belle saison' de Catherine Corsini raconte la difficile émancipation du sexe trop longtemps considéré comme faible.


Au début des années 70, le rôle de la femme dans la société française se réduisait souvent à faire la cuisine et satisfaire le mari. Cela semble un poil caricatural et pourtant... Catherine Corsini, en réalisant La belle saison a certainement voulu rafraîchir la mémoire à quelques machos oublieux du combat titanesque du MLF, Mouvement de libération de la femme. Le long-métrage raconte la rencontre de deux femmes que tout oppose et qui vont pourtant s'apprécier, s'épauler puis s'aimer. Dans son Auvergne natale, Delphine (Izïa Higelin) aide ses parents à la ferme. A 18 ans elle sait traire les vaches, conduire un tracteur et rentrer les foins. Mais elle est en butte avec les envies de son père de lui trouver un mari qui pourrait l'aider. Or, Delphine aime les femmes. Une homosexualité considérée comme une maladie à cette époque. Oppressée dans ce milieu étriqué, elle 'monte' à Paris et trouve un emploi de secrétaire. Sur le chemin du travail elle croise le chemin de Carole (Cécile de France), blonde exubérante, professeur d'espagnol et militante féministe. La jeune provinciale va découvrir ce milieu exclusivement féminin dans lequel elle s'épanouit. Réunions agitées, actions éclairs sur les plateaux télé ou au cours de réunions d'associations familiales catholiques : les deux amies multiplient les coups. Et logiquement Delphine tombe amoureuse de Carole. Mais cette dernière, toute féministe qu'elle est, vit avec un homme, de gauche mais jaloux. Même d'une femme...

Homosexualité et ruralité
La romance compliquée entre les deux amies est filmée avec pudeur et grâce. Mais on retiendra surtout du film de Catherine Corsini la description du milieu féministe parisien puis la difficulté pour Delphine à avouer son orientation sexuelle à ses parents et collègues agriculteurs. Si la Parisienne n'hésite pas à s'afficher, il n'en est pas de même de la provinciale. "Je n'en ai pas rien à foutre de ce que pensent les autres, moi !" jette Delphine à la face de Carole. La problématique de l'homosexualité en milieu rural a rarement été abordée au cinéma. La belle saison est assez dure avec un monde décrit comme peu tolérant. La vision qu'en a donnée Alain Guiraudie dans Le roi de l'évasion est plus étonnante : le héros, représentant en machines agricoles, concluant toutes ses ventes par une partie de jambes en l'air... Mais on est dans un registre différent. Catherine Corsini a voulu un film témoignage, un manifeste, une comédie militante en hommage à ces femmes de fer et de conviction.
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 Izïa Higelin, fille de saltimbanque

Elle endosse la peau de cette fille de paysan avec une aisance incroyable. Izïa Higelin, déjà récompensée d'un César pour son premier rôle dans le film Mauvaise fille est de ces comédiennes qui osent tout. Au volant de son tracteur ou juchée en haut de la moissonneuse-batteuse, elle est crédible de bout en bout. Une femme forte, mais pleine de doutes. Attachée à cette terre, ce patrimoine, cette vie au grand air. Pourtant elle est insatisfaite, bloquée par l'étroitesse d'esprit de ses voisins. Une double personnalité peu évidente à interpréter. Mais Izïa Higelin a de qui tenir. Cette fille de saltimbanque, après nombre de concerts et trois albums, a décidé, comme son père Jacques à ses débuts, de toucher à tout ce qui peut être artistique. Sur scène, son énergie débordante fait des merveilles, son dernier tube La Vague en est l'illustration parfaite. Devant une caméra, il faut parfois savoir aller contre son tempérament. Delphine est secrète, timide et introvertie. C'est dire s'il s'agissait d'un rôle de composition pour la fougueuse Izïa.

mardi 30 octobre 2012

Billet - Petit baiser, gros effets


Un simple baiser, entre deux étudiantes à Marseille, met à mal toute une stratégie de communication nationale patiemment élaborée par l'association Alliance Vita.

Dans 75 villes, au même moment, une chorégraphie devait appuyer l'hostilité des membres de l'association à l'adoption des enfants par les couples homosexuels. En scandant le slogan : « Un papa. Une maman. On ne ment pas aux enfants », les manifestants étaient persuadés d'une visibilité médiatique maximale.
Problème à Marseille. Deux étudiantes, amies, pas du tout homosexuelles mais sensibles à la cause, décident de faire un peu de provoc' facile : hommes et femmes (dress code : vert et blanc) se tiennent de part et d'autre d'un « ange » symbolique aux ailes tatouées « maman » d'un côté, « papa » de l'autre. Elles se mettent au centre et s'embrassent tendrement. Cinq secondes filmées par un ami mais surtout immortalisées par Gérard Julien, photographe de l'AFP.
Sur le cliché, on voit au premier plan les jeunes filles enlacées et les manifestantes, a l'arrière, qui les invectivent. A vouloir être trop médiatique, on risque de se brûler les ailes... L'ange n'a pas fait le poids face à cette image d'amour reprise un peu partout sur les sites d'informations et les réseaux sociaux... Ce qui devait être une démonstration éclatante de force, s'est transformé en « bad buzz ».
Et maintenant, le camp des protestataires a changé. Les associations de soutien à la cause homosexuelle participent à des séances de bisous. Sympa la contre-manifestation...

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce lundi en dernière page de l'Indépendant.