dimanche 31 août 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : Occupé !

occupé, pastor, monsieur D, petit coin, hugo, desingeRien de tel en début de week-end que de faire provision de bonnes blagues et autres informations insolites pour briller à la mi-temps, autour du barbecue ou lors des soirées.
Exemples : épatez tout le monde en demandant de quoi est fait un pinceau en poil de chameau. Le piège est énorme. Et pourtant, il s'agit de fourrure d'écureuil. Et les îles Canaries, d'où tirent-elles leur nom ? Pas des oiseaux mais des chiens (Canis en latin) qui pullulaient dans l'archipel. Bien après, les oiseaux ont pris le nom de l'île...
A ceux qui trouvent les orchidées gracieuses et délicates, rappelez que leur nom vient du mot "orchis" qui signifie testicule en grec ancien. Tout de suite moins glamour.
Si vous cherchez une mine inépuisable de bizarreries, pensez Anglais. Leur respect de la royauté implique l'interdiction formelle de coller un timbre la tête en bas s'il représente la Reine.
Un volcan islandais menace de se réveiller. Tous ressortent l'anecdote des vols cloués au sol. Soyez plus original en expliquant qu'un autre volcan islandais a provoqué... la révolution française. En 1783 son éruption s'est soldée par un immense nuage de cendres sur l'Europe, a perturbé climat, récoltes et le peuple français, affamé, s'est indigné...
Vous en voulez d'autres ? Faites comme moi, plongez-vous dans "Occupé ! Le bouquin du petit coin" (12,95 €) d'où sont tirées ces anecdotes. La sixième édition vient de paraître aux éditions Hugo Desinge. Grâce aux trouvailles d'Annie Pastor et aux dessins de Monsieur B. vous captiverez votre auditoire après chaque passage aux commodités.

DE CHOSES ET D'AUTRES : Occupé !

Cinéma : "Party Girl" en famille

Angélique Litzenburger interprète son propre rôle dans un film de son fils, Samuel Theis, avec toute sa famille dans les seconds rôles de cette réalisation entre biopic et documentaire.

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La nuit, tous les chats sont gris et toutes les femmes sont belles. Les mauvais éclairages des dancing et cabaret de la frontière franco-allemande ne permettent pas aux clients de faire la différence entre une hôtesse de bar pimpante ou décatie. Angélique Litzenburger sirote ses verres, seule au comptoir. Sa chevelure bouclée, ses breloques et son maquillage appliqué à la truelle ne font plus recette. Dans la salle, quelques hommes seuls regardent une pole-danseuse se trémousser. D'autres pelotent une habituée en échange d'une bouteille. C'est le prix à payer pour rêver un peu. Angélique, la soixantaine passée, ne fait plus rêver. Son dernier client, Michel (Joseph Bour), un mineur à la retraite, ne vient plus. Alors elle va carrément chez lui le relancer. Mais lui, tombé raide amoureux de la belle, la demande en mariage.



L'idée de ce film est de Samuel Theis. Acteur et réalisateur installé à Paris, il a simplement voulu rendre hommage à sa mère et se famille. Avec ses complices réalisatrices Claire Burger et Marie Amachoukeli, il a travaillé le scénario et trouvé les financements pour cet ovni cinématographique entre fiction, biopic et documentaire. Il n'y a pas d'acteur professionnel dans Party Girl à part Samuel. Mais lui aussi joue son propre rôle. Angélique, dans sa vie très agitée et nocturne, a souvent été enceinte. Quatre fois. Il y a Sonia, mariée et mère de deux petits enfants, Mario, veilleur de nuit et Samuel, l'aîné, celui qui est parvenu à quitter cette province dépressogène pour « réussir » à la capitale. La petite dernière, Cynthia, est la plaie toujours vive d'Angélique. A six ans, elle lui a été enlevée et placée dans une famille d'accueil. La mère indigne n'ose plus renouer avec sa fille perdue. Tout peut changer avec la proposition de Michel.

Les enfants et le mariage
Angélique se dit que finalement, changer de vie est encore possible même si, comme le fait remarquer Michel, « On n'a plus beaucoup de temps ». Et donc, l'idée de mariage fait son chemin. Même s'il faut passer devant le curé (ce n'est pas ce qui enthousiasme le plus Angélique), il y à la clé une belle fête (et ça, Angélique aime) et surtout l'occasion inespérée de réunir toute sa famille, dont Cynthia. Le film, lauréat de la caméra d'or au dernier festival de Cannes, a des faiblesses. Mais le jeu hésitant de certains, les clichés sur la province et les excès de la nuit sont largement rattrapés par l'extraordinaire prestation d'Angélique Litzenburger. Le film est sur sa vie. Elle vit le film. Rajoutée une émouvante scène avec Cynthia, la véritable fille « abandonnée » et vous ne pourrez que frissonner à cette histoire d'une maman noctambule, accro aux paillettes.


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Le fils prodigue


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Quand Angélique annonce à ses enfants son intention de se ranger d'épouser Michel, elle ne le dit dans un premier temps qu'à Mario et Sonia, ceux qui habitent toujours dans la région. Elle préfère dans un premier temps ne pas en parler à Samuel. On devine qu'elle le vénère et n'entend pas l'ennuyer avec ses histoires.
Pourtant quand il s'agit d'organiser le mariage, c'est lui qui prend les choses en main. De même, la lettre permettant de renouer le contact avec Cynthia, ditée par Sonia dans un premier temps, est entièrement réécrite, par Skype interposé en 30 secondes par un Samuel dans le rythme parisien.
Acteur depuis quelques années dans de nombreux téléfilms français (Joséphine ange gardien, un village français ou Drôle de famille), Samuel Theis a porté le projet « Party Girl ». A l'origine du scénario, co-réalisateur, c'est lui aussi qui a persuadé tous les membres de sa famille d'interpréter leur propre rôle. Une démarche audacieuse d'autant qu'il n'est pas toujours à son avantage dans la peau de celui qui a « réussi » et dont la famille est très fière. Une mise en abîme déconcertante mais donne tout son charme à ce film hors normes.

  

samedi 30 août 2014

DVD : Le cauchemar Hollywood dans "The Canyons" avec Lindsay Lohan


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Dans « The Canyons », Paul Schrader montre la face immonde du cinéma américain.


La filmographie de Paul Schrader, vieux routier du cinéma américain, ne fait pas dans l'eau de rose. De Américan Gigolo, La féline au préquel de l'Exorciste, il a quantité de thrillers, films d'horreur et même érotiques à son actif. Quand il parvient à mettre sur pied le projet d'un film sur les dessous d'Hollywood avec l'écrivain Bret Easton Willis (American Psycho) au scénario, on se doute que ce sera noir et incisif. « The Canyons », en grand partie auto-produit par les deux hommes, est pour beaucoup un faux film d'auteur. En raison une distribution assez singulière. Pour interpréter le couple vedette le choix se porte sur Lindsay Lohan, actrice pestiférée abonnée aux tabloïds à scandale et James Deen, uniquement connu dans l'industrie du porno. Pourtant l'un comme l'autre sont excellents dans ces rôles d'une rare noirceur. Christian (James Deen) est un riche fils à papa. Il ne sait pas quoi faire de son argent. Alors il décide de financer un film d'horreur porté par Gina, son assistante. Au moment du casting, Tara (Lindsay Lohan) ancienne actrice et petite amie de Christian, donne son avis. Elle choisit Ryan, le petit ami de Gina. Le film débute par un repas au restaurant entre les deux couples. Ryan remercie Christian. Ce dernier s'en moque absolument. Il se contente d'expliquer au jeune acteur qu'il aime « partager » Tara avec des inconnus contactés par l'intermédiaire d'un site de rencontre. L'opposition est flagrante entre un couple jeune et rangé et un autre extraverti et atypique. La suite du film est à l'avenant. James Deen joue à la perfection cet homme froid et sans sentiment, amoureux de Tara, mais incapable de l'aimer simplement. Tara elle profite ouvertement du système. Sorte de prostituée de luxe, elle se rattrape en passant ses journées oisives au bord de la piscine ou à faire du shopping.
L'ambiance du film est souvent malsaine, oppressante. Les scènes de sexe sont très soft, l'érotisme laissant souvent la place à une esthétique porno. Pourtant « The Canyons » a une sorte de charme envoûtant. Dans la réalisation crépusculaire et aussi dans le désespoir de tous les protagonistes. Au début Hollywood fait rêver. Mais très vite cela se transforme en cauchemar sans fin.
« The Canyon », Pathé Vidéo, 19,99 euros


vendredi 29 août 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : Au Vitriol

Le vendredi, je ne suis jamais de bonne humeur. Sans doute un vestige des menus poisson à la cantine, ou le syndrome des longs week-ends passés devant les émissions idiotes de Jacques Martin et Michel Drucker. Plutôt que de me lancer dans une psychanalyse, mieux vaut que je profite de mon caractère chagrin et de lancer une série de portraits... au vitriol.
Pour inaugurer la série, j'ai l'embarras du choix. L'actualité récente semble ne fonctionner que sur la prolifération de têtes à claques. Avec en « maître » étalon le phénomène Emmanuel Macron. En deux jours, ce banquier passé par Rotschild est devenu l'homme que l'on aime le plus détester. Mais il s'avère quand même risqué de s'attaquer à cet énarque. Si à 36 ans il est nommé ministre des Finances de la 5e puissance économique mondiale, logiquement à 45 il devient Premier ministre, à 50 président de la République et à 60 maître du monde. Il terminera sa progression avec le titre de « Dieu unique » vers 70 ans. Je ne serai plus là pour le voir. Parfois, la mort a du bon.
Je pourrais aussi taper sur son pauvre prédécesseur. Arnaud Montebourg et ses postures pathétiques représente une victime de choix. Un peu trop justement. L'impertinent s'est suffisamment fait taper sur les doigts et même exclure par son prof principal pour que je l'épargne.
Le prof en question, bien que d'origine catalane (il ne faut jamais pas trop les titiller), mériterait aussi qu'on le recadre. Bien que dans son cas, il se charge tout seul de se couler. Quelle drôle d'idée pour un chef de gouvernement dit « de gauche » de clamer « J'aime l'entreprise ! » devant des patrons transformés en fans hystériques. Allons, allons...


jeudi 28 août 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES: Apologie d'ISIS

Isis, déesse de l'Égypte antique, a inspiré les créateurs britanniques de lingerie érotique Ann Summers. Le nom de cette divinité de la fertilité est décliné sur des soutiens-gorges en dentelles, des strings et même des porte-jarretelles. Problème, depuis quelques mois, Isis est également le nom anglais de l'État islamique, ces mêmes terroristes qui ont décapité le journaliste américain James Foley. Un télescopage de nom particulièrement troublant. Paradoxalement, la société de lingerie a officiellement présenté ses excuses précisant qu'en aucun cas elle ne soutenait ou ne tolérait des actes de terrorisme ou de violence. Les sous-vêtements ne seront pas retirés, mais ils prennent carrément une odeur de souffre. Comme ce vin Chardonnay élaboré à Malte qui lui aussi a emprunté le nom de la déesse égyptienne... En vérité, le succès de ces produits est assuré. Car si en Occident l'État islamique est la nouvelle incarnation du mal absolu, sorte de rejeton encore plus horrible d'Al-Qaïda, il n'en est pas de même dans de nombreux pays musulmans. En Turquie par exemple, les petites échoppes vendent de plus en plus de ces drapeaux noirs, symboles du califat hissés sur les bâtiments conquis en Irak ou en Syrie. Ces mêmes drapeaux ont été brièvement vus dans des manifestations en Europe, notamment en soutien aux Palestiniens.

Pour autant, je ne suis pas certain que l'humour des jihadistes aille jusqu'à manifester en strings et porte-jarretelles Isis, une bouteille de Chardonnay à la main, l'autre brandissant un drapeau noir, le tout sur un char de la Gay Pride évidemment...

DE CHOSES ET D'AUTRES : La petite reine du gore

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Le film d'horreur ultime vient d'être découvert la semaine dernière à Angoulême. En compétition lors du festival du film francophone, il a provoqué l'évanouissement de six personnes dans la salle. Un effet tel que la projection a été interrompue et les pompiers appelés en renfort pour secourir les malades... Pourtant "La petite reine" du Canadien Alexis Durand-Brault ne s'affiche pas comme une de ces productions volontairement terrifiantes tels "Saw" ou "American Nightmare".

Il s'agit en fait d'un biopic tendance drame sportif. L'histoire d'une cycliste québécoise surprise par la patrouille en train de se doper. Les malaises commencent quand elle s'injecte les produits dopants puis manipule des poches de sang en vue d'une transfusion. Voilà comment un long-métrage qui a toutes les chances de passer inaperçu lors de sa sortie (si sortie en France il y a...) devient un phénomène qui fait causer.
Parfois, le succès d'un film dépend d'un détail que réalisateurs, acteurs et producteurs n'auraient jamais imaginé si important au moment du tournage. Sans la motte de beurre, qui se souviendrait du "Dernier tango à Paris" ? Le dernier Batman serait déjà tombé aux oubliettes sans la scène hilarante où Marion Cotillard meurt dans une déferlante de mimiques à la sauce actor's studio. "Basic instinct" se résume aux deux secondes au cours desquelles Sharon Stone croise et décroise les jambes. Alors gore ou pas gore, souhaitons simplement à "La petite reine" le même triomphe que ces trois illustres exemples.

DE CHOSES ET D'AUTRES : Le sein pétillant de Kate Moss

sein, kate moss, fesse, nicki minaj, champagneSi parmi vos fantasmes les plus inaccessibles, messieurs, vous rêvez de porter le sein de Kate Moss à vos lèvres, sachez que vous aurez prochainement la possibilité de le réaliser.
Le longiligne mannequin a accepté de prêter sa plastique pour une création artisanale unique. La sculptrice Jane McAdam Freud a réalisé le moulage du sein gauche de Kate et s'en est servi pour réaliser une coupe de champagne en édition limitée. Pour la modique somme de 2 650 euros (ça fait cher le fantasme...) vous pourrez vous imaginer en train de vous désaltérer, le galbe de la poitrine de la star entre vos lèvres. Quelques restaurants londoniens annoncent déjà l'acquisition d'exemplaires pour leurs clients.
Mais attention aux crises de jalousie des épouses. Si, la coupe étant pleine, elles s'avisent de la briser, le dîner en amoureux deviendra hors de prix. Cette coupe de champagne Kate Moss se veut un hommage au bol-sein ou jatte-téton moulé sur la poitrine de Marie-Antoinette. Mais cette dernière s'était réservée l'usage de la sculpture unique de Le Jeune pour y boire... du lait.
sein, kate moss, fesse, nicki minaj, champagneSi la mode persiste, voici quelques suggestions pour de futures créations. Jane Birkin servira de modèle pour une coupe réservée aux alcooliques anonymes. Totalement plate, le liquide s'en échappera avant même que vous ne la portiez à la bouche. Les gros buveurs, les soiffards intrépides, opteront pour la chope moulée sur une fesse de Nicki Minaj. Mais à ce compte-là, le célèbre "Un verre, ça va. Trois, bonjour les dégâts" deviendra "Un verre, j'ai peur. Trois, adieu je meurs !"

mercredi 27 août 2014

DVD : "Minuscule" mais effet maximum



Après avoir été vu par plus d'un million de spectateurs au printemps dernier, « Minuscule, la vallée des fourmis perdues » est disponible en DVD et blu-ray 3D. Le film d'animation de Thomas Szabo et Hélène Giraud est le prolongement de la série diffusée dans les programmes jeunesse de plusieurs télévision.
minuscule, szabo, giraud, coccinelle, fourmis, montparnasseUne petite coccinelle, clouée au sol pour cause d'aile brisée, aide des fourmis à ramener à la maison une boite de sucres en morceaux abandonnée par des pique-niqueurs en pleine forêt. Un trésor convoité par de méchantes fourmis rouges. Durant 90 minutes, sans un seul dialogue, on plonge dans ce microcosme plein de dangers. Chute, attaque de brochet, voitures... les périls sont nombreux avant d'atteindre la fourmilière. Et une fois à l'abri, des millions de fourmis rouges passent à l'attaque. Humour et aventure ponctuent ce film d'animation visible par les plus jeunes. Les images de synthèse s'intègrent parfaitement dans les décors réels trouvés dans les Parcs du Mercantour et des Écrins. La preuve que l'animation franco-belge peut largement concurrencer les mastodontes américains. En bonus, découvrez un reportage de 30 minutes sur la fabrication de ce long-métrage où chaque pièce du puzzle vient s'imbriquer patiemment l'une dans l'autre pour en faire, au final, une œuvre cohérente et plaisante.

« Minuscule, la vallée des fourmis perdues », éditions Montparnasse, 15 euros (25 euros le blu-ray 3D)

mardi 26 août 2014

Livres : Bienvenue à Yumington

Entre thriller classique et pur fantastique, « Waldgänger » de Jeff Balek est aussi une expérience d'écriture autour d'un univers transmédia.

balek, yumington, brageloneYumington est une ville imaginaire. Elle sert de décor au roman « Waldgänger » de Jeff Balek. Une cité qui a sa propre vie sur le net à travers site (yumington.com) et réseaux sociaux (Twitter et Facebook essentiellement). En fait tout a débuté il y a quelques années par la volonté de l'auteur de proposer un feuilleton pour smartphones. Chaque jour il racontait l'histoire de Blake, ancien soldat à qui il arrivait des aventures incroyables. Édité en numérique, l'intégrale des épisodes termine finalement sous la forme d'un gros bouquin papier de plus de 400 pages chez Bragelone.
En 2025, les forces armées de Yumington sont en intervention au Moyen-Orient. Le commando de Blake doit protéger des archéologues sur le point de faire une découverte capitale. Il n'a pas le temps d'arriver sur le lieu des fouilles qu'il est attaqué. Son collègue, touché par une balle, prend feu. Lui aussi est frappé à la tête et sent son visage se consumer. Il tombe dans un trou, se retrouve nez à nez avec un squelette brandissant une épée. Blake, dans un dernier geste, s'en empare. Black-out.
Quelques jours plus tard il se réveille dans un hôpital. Défiguré, mais en vie. Il est rapatrié dans sa famille à Yumington. Accueil glacial de sa femme et de sa fille. Blake, convalescent, se découvre de nouveaux pouvoirs. Au début ce sont des flashes incontrôlables. Comme des hallucinations. Jusqu'à ce qu'il « voit » sa fille en train d'acheter de la drogue dans la rue. Il s'y rend et tue le présumé dealer. Blake devient alors l'ennemi public de Yumington et doit se cacher pour échapper à ses poursuivants.

Vengeance impitoyable
Il trouve refuge auprès d'un vieil original qui semble en savoir énormément sur ses nouvelles capacités de Waldgänger, un proscrit islandais qui se réfugiait dans les forêts. Et d'expliquer à Blake « Vous voilà donc livré au néant, Vous n'existez plus. Vous êtes mort en quelque sorte. Mort aux yeux de la société. Ou tout au moins vous n'existez plus que sous la forme d'une espèce de cauchemar, de croque-mitaine. » Blake se métamorphose, devient quasi invincible, omniscient. Mais pas forcément heureux, bien au contraire. « La vengeance nourrit ma rage comme l'oxygène alimente l'incendie. C'est tout ce quartier, toute cette ville, que j'ai envie de raser, de détruire jusqu'au dernier de ses habitants. A cet instant précis, le désir de tuer naît au plus profond de mon être. C'est un être archaïque, reptilien, qui surgit en moi. Une âme mauvaise et assoiffée de mort. » Yumington tremble, le Waldgänger est lâché et sa détermination est terrible.
Écrit de façon très cinématographique, à coup de courts chapitres très dynamiques, le roman déroute au début. Un style qui s'apparente à notre nouvelle habitude de consommer du bref, du vite lu et allant droit à l'essentiel. A l'arrivée, cela donne une impression de lecture en apnée, sans jamais de répit dans l'enchaînement des combats et autres coups de théâtre, particulièrement nombreux pour relancer sans cesse l'intérêt. Yumington prend forme et c'est naturellement que l'on poursuit l'exploration de la ville virtuelle sur internet. Une suite est en cours de publication, directement en numérique. L'action se déroule en 2075 et c'est toujours le très efficace Jeff Balek qui est aux manettes.

« Waldgänger », Jeff Balek, Bragelone, 22 €

DE CHOSES ET D'AUTRES : Douche glacée

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A l'heure de la rentrée, après un été pourri côté météo, impossible de ne pas revenir sur le phénomène de ces deux derniers mois. J'ai toujours considéré les modes comme une preuve flagrante de la bêtise de l'Humanité. Le challenge Ice Bucket ne contribue pas à me faire changer d'avis.


Comment des publicitaires complètement azimutés ont-ils réussi à convaincre la moitié de la planète que se verser un seau d'eau glacée sur la tête pouvait faire progresser la recherche médicale ? Car, in fine, c'est le message qui est distillé : avant de faire un don, relevez un défi et passez le mot à votre voisin…
De Bush à Bill Gates en passant par Lady Gaga ou Shakira et Pique, ils se sont tous filmés dans leur jardin, au bord de la piscine ou sur la terrasse. Ils offrent en pâture aux foules anonymes quelques secondes de leur intimité. La belle affaire. Comme pour prouver leurs points communs avec l'internaute. Sauf que, la caméra coupée, une horde d'assistants se précipite sans nul doute, armée de peignoirs et de serviettes pour réchauffer l'illustre frigorifié.
S'ils se montraient un tant soit peu honnêtes, ce sont ces images qu'ils diffuseraient. Des scènes où, grands de ce monde, ils se font servir par une armée de petites gens dévouées et entièrement à leur service.
En réalité, cette histoire d'Ice Bucket, n'est que la contre-offensive du gotha mondial contre les neknominations et autres défis idiots. Internet permet à chacun de connaître ses 20 secondes de gloire. Or la "société du spectacle" n'existe plus si elle ne fait pas rêver le quidam de base. Cet été, un seau d'eau glacée lui a sauvé la mise.

dimanche 24 août 2014

BD : Alexandre avant la grandeur

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La Macédoine, en 300 avant Jésus Christ, rayonne sur la région. Le roi Philippe vient de mourir et la ville de Pella, capitale du royaume, est en fête pour l'accession au trône du jeune Alexandre. Sa fulgurante ascension, jusqu'à dominer la moitié du monde civilisé, est racontée par l'intermédiaire de quelques uns de ses proches ou de ses simples sujets. Le scénario de Chauvel et Le Galli se concentre sur Pyrrhus et Eurydice. Frère et sœur, ils ont été spolié de leurs titres de noblesse. Alexandre est ami avec Pyrrhus et Eurydice est sa maîtresse, mais pour ne pas se mettre la noblesse à dos, il laisse les choses en l'état. D'autant qu'il a d'autres chats à fouetter : éliminer ses rivaux, conquérir la Thrace et se lancer à l'assaut de l'Orient. Dans sa conquête il emmène un soldat, Karanos, une prostituée, Apamée et un médecin, Philippe. Rigueur historique et solidité de l'intrigue transforment cette série, dès le premier tome, en réelle réussite. Surtout que le dessin du Breton Gildas Java est d'une rare méticulosité.

« Alexandre, l'épopée » (tome 1), Glénat, 14,95 €

samedi 23 août 2014

Cinéma : Le nouvel Eden des « Combattants »


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Un homme, une femme, la nature. Le premier film de Thomas Cailley parle d'amour, de survie et de la place des jeunes dans la société.


Le premier contact entre Madeleine (Adèle Haenel) et Arnaud (Kevin Azaïs) est des plus rugueux. Sur une place, au coeur de l'été, l'armée française organise des jeux pour tenter de recruter des jeunes susceptibles de s'engager. Arnaud, inscrit par des amis, doit se mesurer à Madeleine dans un corps-à-corps. Madeleine, musclée et entraînée, a vite le dessus. D'autant qu'Arnaud rechigne à se battre avec une femme. Bloqué, il n'a pas d'autre moyen que de mordre son adversaire pour lui faire lâcher prise. Ils se séparent en se lançant des regards de haine. Fin du prologue de ce film entre naturalisme et survivalisme.
Arnaud recroise le chemin de Madeleine quelques jours plus tard. Il aide son frère à construire des abris de piscine en bois. Les parents de la jeune fille, riches bourgeois aisés, en achètent un et c'est Arnaud qui va le construire. L'ouvrier va travailler tout en surveillant la jeune femme qui fait des longueurs dans la piscine. Intrigué par sa nage particulière, il s'approche du bord. Quand Madeleine émerge, avec ce ton cassant qui la caractérise elle l'apostrophe : « Tu me mates? » La situation tendue se débloque quand Madeleine demande à Arnaud s'il peut la conduire sur la plage, là où les militaires ont planté leur podium d'information. L'incompréhension mutuelle va lentement se transformer en fascination. Surtout du fait d'Arnaud qui reste sans voix face à cette fille qui sait ce qu'elle veut. Madeleine, persuadée que le fin du monde est proche, cherche à s'aguerrir pour survivre. La meilleure façon, selon elle, est d'intégrer l'armée française, un bataillon de parachutistes, les mieux entraînés.

La forêt sur grand écran
Avant un stage de deux semaines, elle fait ses classes avec Arnaud en coach : nage avec sac à dos chargé et préparation aux nourritures les plus abjectes (elle petit-déjeune avec un maquereau cru passé au mixer...). Arnaud aussi fera ce stage et leur destin se trouvera alors irrémédiablement lié.
Tourné dans les forêts landaises, certaines scènes du film font penser à un nouvel éden. Voire à deux naufragés volontaires loin de la civilisation. L'amour a-t-il sa place dans cet environnement hostile ? La survie est-elle plus facile seule ou en couple ? Ce long-métrage, présenté à Cannes dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs, tout en abordant des thèmes éternels, est particulièrement bien ancré dans son époque.
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Femme forte

Si Arnaud semble beaucoup hésiter sur l'orientation à donner à se vie future, Madeleine ne doute pas une seconde.
combattants, haenel, vailley, landes, survieQuand elle accepte de venir manger chez Arnaud (elle venait pour lui offrir des poussins morts et congelés à donner à manger à son furet...), elle explique calmement qu'on est tous condamnés. Entre la faim dans le monde, le réchauffement climatique ou les catastrophes nucléaires, rien n'est épargné aux convives. S'engager dans l'armée, c'est se préparer à survivre. Problème, cette individualiste survivaliste ne supporte pas l'autorité. Son stage de commando tourne rapidement au fiasco.
Pour interpréter cette femme forte et fragile, Adèle Haenel a mis de côté son charme et son joli minois. Elle ne sourit quasiment jamais, semble toujours sur la défensive et aboie plus qu'elle ne parle. Une jolie performance pour une actrice déjà primée aux Césars avec le prix du meilleur second rôle en 2014 dans « Suzanne ». Elle est également au générique de “L’homme qu’on aimait trop“ d’André Téchiné, toujours à l’affiche. 

vendredi 22 août 2014

Cinéma : Un amour aussi bref qu'intense dans "Nos étoiles contraires"

Adapté du best seller de John Green « Nos étoiles contraires », ce film d'amour pour adolescents aborde le difficile problème de la maladie.

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Grace et Gus sont amoureux. Ils hésitent avant de s'engager. Ils n'ont que 17 et 18 ans. Pourtant ces grands adolescents n'ont pas de temps à perdre. Tout les deux atteints du cancer, chaque jour passé est une victoire sur la maladie. Alors comment dans ces conditions faire des projets à plus ou moins terme ? Si l'amour déplace les montagnes, le cancer les rend parfois totalement infranchissables. Le film de Josh Boone, adapté du roman de John Green (édité chez Nathan en France) est un mélodrame intelligent et émouvant.



Hazel Grace Lancaster (Shailene Woodley) a des poumons à l'état de vieilles éponges. Atteinte d'un cancer à 10 ans, elle a passé des mois et des mois dans un hôpital. Séances de chimio, médicaments et finalement découverte d'un traitement expérimental qui lui sauve la vie. Temporairement, mais elle peut retourner vivre chez ses parents (Laura Dern et Sam Trammell). Pas retourner à l'école, mais vivre quasiment normalement si elle fait abstraction de l'assistance respiratoire qu'elle traîne en permanence derrière elle...
Son problème, ce sont les autres. Elle s'est repliée sur elle, ne sort presque plus. Sa mère la pousse à participer à un groupe de parole. C'est là qu'elle rencontre Gus (Ansel Elgort). Beau, grand, sûr de lui, séducteur il accompagne un ami qui va devenir aveugle. Lui-même a connu le cancer. Une forme rare qui a obligé les médecins à lui amputer une jambe. Depuis il a une prothèse. Mais surtout il est en rémission. L'espoir personnifié.

Voyage à Amsterdam
Entre Gus et Grace les débuts sont compliqués. Elle est attirée, mais n'ose pas s'engager. Elle fait des rechutes sévères, la condamnant à de longs séjours à l'hôpital. Mais il en faut plus pour décourager le gentil Gus. Lui veut croire en cet amour. Il va littéralement faire le siège de la forteresse Grace pour finalement trouver les mots pour l'émouvoir. Il trouvera même la solution pour lui faire rencontrer son auteur favori, le romancier d'un seul livre (sur le cancer) retiré aux Pays-Bas. Une longue séquence tournée à Amsterdam, notamment dans la maison d'Anne Frank. Le film, loin d'être mièvre, est parfois très dur. La maladie est montrée dans toute sa noirceur. Ils tentent d'en rire, mais cela se termine souvent dans des pleurs. Le spectateur lui aussi a les glandes lacrymales régulièrement sollicitées. Il est vrai que les deux jeunes acteurs, Shailene Woodley et Ansel Elgort sont bourrés de talent. La première notamment impose sa force après ses premiers rôles dans la série « La vie secrète d'une ado ordinaire » et le blockbuster de science-fiction « Divergente ».

jeudi 21 août 2014

Cinéma : un petit « SMS » et de gros problèmes

Guillaume de Tonquédec est virevoltant dans une comédie un peu brouillonne.

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Il y a des jours comme ça. Cela semble une journée comme les autres. Pas mieux, mais pas pire que les autres. Et puis un simple SMS déclenche une série d'événements tous plus catastrophiques les uns que les autres. En prenant son petit déjeuner dans sa maison fraîchement rénovée, Laurent (Guillaume de Tonquédec) goûte à la joie d'une vie de famille paisible. Jusqu'à ce que sa femme Nathalie (Anne Marivin) hurle sous la douche froide et que son fils Milo constate que sa chambre est inondée. Mais il n'a pas le temps. Il doit filer conduire Milo à l'école.



En chemin, il apprend que sa société de téléphonie mobile a un découvert de 150 000 euros et reçoit le fameux SMS. Un inconnu, qui s'est trompé de numéro, demande à Nathalie de quitter son « connard de mari ». Laurent n'a pas le temps de se remettre du choc qu'un « jeune à capuche » lui vole son smartphone. Le film, déjà parti sur les chapeaux de roues, prend encore plus de vitesse quand le héros course le voleur dans les rues de Paris. Jusqu'à embrasser une voiture et revenir penaud et boitant. Sans le téléphone. Sans son fils non plus qui a disparu entre temps.
De journée désagréable, Laurent bascule dans une abominable journée de merde, la pire de son existence. Car même si le réalisateur Gabriel Julien-Laferrière (Neuilly sa mère) a placé la barre assez haute pour les 20 premières minutes de son second long-métrage, il en rajoute quelques touches sur les épaules d'un Guillaume de Tonquédec de plus en plus dépassé par les événements. Mené à 100 à l'heure, entièrement sur les épaules de l'interprète du patriarche de la famille Lepic, ce film se disperse un peu en cours de route. Il est vrai que Laurent court beaucoup de lièvres en même temps, de son amour de jeunesse (Géraldine Pailhas) à son frère frapadingue (étonnant Franck Dubosc) en passant par le sauvetage de sa boîte.
Une gentille comédie française qui permet surtout de révéler un acteur de talent trop souvent cantonné aux seconds rôles.

mercredi 20 août 2014

DVD : L'étrange enfance de Jodo


danza realidad, chili, enfance, jodorowsky, pathé
Tocopilla, petite ville côtière chilienne entourée de désert sert de décor au film « La danza de la realidad » d'Alejandro Jodorowsky. Le gourou de la la psychomagie avait délaissé la caméra ces vingt dernières années pour se consacrer essentiellement aux scénarios de ses multiples séries de bande dessinée (Bouncer, La caste des Meta-barons ou l'Incal).
S'il a choisi cette ville isolée et quasi sinistrée, c'est parce qu'il y a vu le jour à la fin des années 20. Le film se veut une autobiographie imaginaire. Il se met en scène, gamin trop bon (il donne ses chaussures neuves à plus pauvre que lui) mais exclu car Juif.


Le film est essentiellement consacré aux parents de Jodo. Jaime, le père (interprété par Brontis Jodorowsky, le propre fils du réalisateur), commerçant révolutionnaire vivant dans le culte de Staline, impose une éducation à la dure à son fils unique. Il quittera Tocopilla pour tenter d'assassiner le dictateur au pouvoir, se fera capturer et torturer.
danza realidad; chili, enfance, jodorowsky, pathéSara, la mère (Pamela Flores) est encore plus extravagante. Elle ne s'exprime qu'en chantant, montre sans cesse son énorme poitrine et croit dur comme fer à certaines formules magiques permettant de guérir la peste avec de l'urine ou de se rendre invisible dans des lieux publics. Foisonnant, inquiétant, poétique mais aussi parfois choquant, ce testament de Jodo (il a plus de 80 ans, même qu'il n'en paraît pas plus de 60...) a tout de l'expérience mystique filmique. On n'en sort pas indemne car tout n'est pas du domaine du cartésien.

« La danza de la Realidad », Pathé, 19,99 €

mardi 19 août 2014

BD : A la gloire des aviateurs français


ciel de guerre, pinard, Dauger, diables rouges, paquet
Comment la France a perdu la guerre en 1940 ? Si cet album n'apporte pas une réponse complète et circonstancié à cette question historique, il permet cependant ce mieux comprendre comment les aviateurs français ont été balayés par les assaut des chasseurs allemands. Malgré leur courage et leur détermination, ils n'ont pas fait le poids face aux engins plus rapides et mieux armés. Philippe Pinard, journaliste et passionné d'aviation, a intégré quelques héros imaginaires (Etienne de Tournemire notamment) à l'escadrille des Diables rouges. De véritables aviateurs postés à la frontière, spectateurs impuissants de l'attaque éclair des forces nazis. Battue sur terre, l'armée française l'a également été dans les airs. Ses quelques vieux « coucous » n'étaient que des cibles faciles pour les centaines de Messerschmitt. Au dessin, Olivier Dauger est un as de la ligne claire, tendance hyper réalisme. L'album est complété par un dossier sur les forces en présence et les différents types d'appareils engagés, bourré de détails techniques pour les plus passionnés.

« Ciel de guerre » (tome 1), Paquet, 13,50 €

lundi 18 août 2014

BD : Les amazones de Bassaïev

anlor, ducoudray, russie, grand angle, bamboo
La Russie, sur le point de s'engager dans un conflit dur avec l'Ukraine, a déjà lourdement payé son tribut aux guerres d'indépendance de l'ancien empire soviétique. Aurélien Ducoudray, le scénariste de cette nouvelle série historique dessinée par Anlor (Les innocents coupables), s'est inspiré d'articles de presse sur les mères courage, parties en Tchétchénie tenter de retrouver leurs fils, soldats russes capturés par les troupes de Bassaïev. C'est donc l'histoire d'une maman, sans nouvelle de se son tendre et cher Volodia. Elle part en bus vers Grozny pour négocier directement avec le chef tchétchène. En chemin, elle se fait dérober toutes ses affaires et rapidement se retrouve plongée dans le conflit, sous les bombes russes. Sauvée par un jeune Tchétchène, elle rencontre une des amazones de Bassaïev, de jeunes femmes, tireurs d'élite, cachées dans les forêts, véritables cauchemar des troupes d'occupation russes. Ce sont des femmes qui mènent ce récit, les hommes étant soit absents (Volodia), soit monstrueux comme le sinistre Bassaïev. Un album d'une grande force, décrivant sans complaisance la guerre et ses horreurs.

« Amère Russie » (tome 1), Bamboo, 13,90 €

dimanche 17 août 2014

BD : Petit samouraï


taro, kogaratsu, michetz, bosse, dupuis
Michetz, le dessinateur de la série « Kogaratsu », n'est pas réputé pour sa rapidité d'exécution. Pas moins de quatre ans entre « Le protocole du mal » douzième album et la nouveauté « Taro » parue début juillet. Quatre années pour un artiste adepte du travail bien fait. Il peaufine chaque case, passant des heures à simplifier un trait, épurer une scène. Et ensuite, il passe autant de temps pour placer ses couleurs. Dans le plus pur style des estampes japonaises. Michetz est donc un auteur rare. Raison de plus pour savourer son univers. Toujours sur un scénario de Bosse, Kogaratsu, samouraï errant, accepte un travail peu commun. Il doit enlever un enfant, Taro. Le libérer exactement. Placé par ses parents chez un oncle, ce dernier l'utilise désormais comme otage. Aidé de la belle (et très jeune) Tomomi, il découvre sidéré que la mère du petit Taro n'est autre que la princesse Ishi, son amour de jeunesse. C'est donc un peu son fils que Kogaratsu sauve des griffes du maître-chanteur. Mais le gamin a un sacré caractère (comme sa mère...) et cela compliquera d'autant la fuite du trio. Simple, efficace et merveilleusement dessinée, cette série n'a qu'un défaut : sa rareté !

« Kogaratsu » (tome 13), Dupuis, 12 €

samedi 16 août 2014

BD : Musique satanique finlandaise


perkeros, ahonen, alare, metal, rock, casterman
Le hard rock, tendance métal et sataniste, connaît un formidable succès dans les pays scandinaves. Les Finlandais Ahonen et Alare, après avoir tenté de percer sur la scène musicale locale, ont rangé leurs guitares pour s'atteler à une autre œuvre, plus dans leurs cordes : un roman graphique sur cet univers si particulier. Axel, leader du groupe Perkeros, croit à son destin. Il compose et joue de la guitare. Veut aussi chanter ses créations, même s'il n'est pas du tout au point, voire carrément bègue par moment. Cela suscite quelques tensions avec Lily, le clavier, Kerninen le bassiste et l'Ours, le batteur. Ce dernier est un véritable ours, premier indice dans une BD qui finalement va tendre vers le fantastique dans sa dernière partie. Mais sur les 180 pages, pas moins de 120 sont essentiellement consacrées à la vie du groupe, ses espoirs, ses désillusions et même sa rupture quand rien ne va plus. Axel, persuadé que la musique a un grand pouvoir sur les êtres vivants, va se retrouver métamorphosé après une expérience mystique. Certains sons sont-ils capables de vous transformer ? En bien ? Ou en mal, tendance Satan, métamorphoses et sacrifices humains ? Un album à lire en écoutant sur Spotify des compositions originales liées à l'histoire.

« Perkeros », Casterman, 17 €

vendredi 15 août 2014

Cinéma : La famille, révélateur d'émotions


le rôle de ma vie, zach braff, mandy patinkin, kate hudson, humour juif, wild bunch
Dix ans après un premier film encensé par la critique et la presse, Zach Braff récidive avec « Le rôle de ma vie », magnifique et émouvante comédie sur la famille.


Le cinéma américain est un parfait catalyseur de l’humour juif. Chaque époque semble avoir son petit génie qui marque durablement les esprits. Il y a eu Mel Brooks et Woody Allen, puis les frères Coen. Place désormais a Zach Braff qui, au passage, écrit lui aussi ses scénarios avec son frère, Adam.
Passé par le théâtre et les sitcoms, Zach Braff ne réalise qu’avec parcimonie. Principale raison de cette rareté : il veut avoir une totale indépendance et maîtriser son projet de A à Z. Quand le phénomène du crowdfunding (financement participatif sur internet) a fait son apparition, il a lancé son projet. Moins d’une semaine plus tard il avait réuni son budget (modeste en regard des superproductions) pour se lancer dans l’aventure du « Rôle de ma vie ». Un film tourné à Los Angeles, en peu de temps, au casting sans fausse note (lire ci-contre) où le spectateur est sans cesse propulsé du rire aux larmes.
Aidan Bloom (Zach Braff) est acteur. Du moins c’est son rêve le plus cher. Pour l’instant il se contente de quelques publicités et court les castings pour décrocher un second rôle. En vain. Résultat c’est sa femme, Sarah (Kate Hudson) qui alimente le compte en banque. Un boulot tout ce qu’il y a de plus alimentaire et abrutissant. Si le couple bat un peu de l’aile, leurs deux enfants prolongent une complicité toujours vivace. Il y a l’aînée, Grace (Joey King) et le petit dernier Tucker (Pierce Gagnon). Ils vont à l’école privée juive du quartier. Des études hors de prix, mais c’est le père d’Aidan, Saul (Mandy Patinkin) qui paie. Jusqu’à ce qu’il décide de consacrer ses dernières économies à un autre budget encore plus prioritaire : soigner son cancer...

Le père et ses fils
Aidan, pris à la gorge, retire ses enfants de l’école (après une entrevue avec le rabbin d’une causticité époustouflante) et tente d’assurer seul, à la maison leur éducation. Le voilà donc le rôle de sa vie : apprendre à ses deux rejetons les bases pour survivre dans un monde sans pitié. Tour à tour prof autoritaire, copain cool et gamin encore plus farceur que Tucker qui pourtant a plus d’un tour dans sa poche, Aidan va de surprise en désillusion. Mais ce premier coup du sort va enfin lui ouvrir les yeux sur son bonheur : une femme aimante et des enfants adorables. Une seconde catastrophe va lui permettre de redécouvrir son père et renouer avec son petit frère Noah (Josh Gad). La séquence émotion joue à plein. Rires et pleurs se mélangent allègrement dans une œuvre aussi dense qu’une vie.
Un film qui pourrait devenir culte tant certaines trouvailles restent en mémoire comme le gros mot trouvé par Tucker pour alimenter une cagnotte ou le départ du rabbin en segway dans les couloirs d’un hôpital façon auto tamponneuse. Sans oublier le feu de camp la nuit dans le désert et cette superbe leçon sur la prise de conscience d’une épiphanie, expérience spirituelle « où l’on comprend quelque chose que l’on a vraiment besoin de comprendre...» Un très grand film comme il ne s’en fait qu’un par an.

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Une distribution à tomber !

Outre Zach Braff et Kate Hudson, acteurs formant le couple Bloom, “Le rôle de ma vie” bénéficie d’un casting à la limite de la perfection.

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Dans la famille Bloom, si vous prenez la fille vous aurez la joie de retrouver Joey King déjà vue et appréciée dans diverses séries télé comme New Girl et prochainement Fargo. Avec sa perruque rose fluo et ses lunettes de soleil, elle est éblouissante. Pour le grand-père, atout majeur en la personne de Mandy Patinkin. Ce grand acteur spécialisé dans les rôles de patriarche (Dead like me ou Homeland) irradie le film de sa présence. Trés religieux, trop rigide, la maladie va le pousser à se raprocher de ses fils. Si Aidan a toujours été présent, ce n’est pas le cas de Noah. Ce surdoué, complètement associal, a tout plaqué face aux critiques paternelles. Josh Gad, en geek gras et rebelle, est très convaincant. Il croise au générique un autre geek de légende : Jim Parsons (Sheldon dans The Big Band Theory) fait deux apparitions au début et à la fin du film.

jeudi 14 août 2014

DVD : Vivre avec les zombies, la leçon de "The Battery"

Film d'auteur et de genre, « The Battery » de Jeremy Gardner sort directement en DVD.
Dans la catégorie des films d’horreur, la sous-catégorie « zombies » remporte de plus en plus de succès. Pourtant il est difficile de faire plus basique au niveau scénario. Un virus se propage par morsure. Les Humains se transforment en estomac sur pattes à la recherche de cervelle fraîche. Les héros tentent de survivre. Souvent en vain.
Pourtant il y a 1 000 possibilités d’explorer différemment cette odyssée des temps modernes. Jeremy Gardner en écrivant, tournant et interprétant le premier rôle de « The Battery » a tenté de faire un film de zombies au plus près de la réalité. Quelques semaines après le début de l’épidémie, dans une campagne américaine ensoleillée et déserte, deux amis marchent. Sans but. Juste pour semer les contaminés. Ben (Jeremy Gardner), le meneur du duo, barbu, costaud et toujours armé de sa batte de base-ball, a une théorie : si les requins ont survécu des millions d’années dans les océans, c’est parce qu’ils ne se reposent jamais, toujours en mouvement. Il tente de transposer sa théorie dans sa réalité du moment.

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Micky (Adam Cronheim), son comparse, est plus casanier. Un casque hi-fi vissé sur les oreilles en permanence, il pense au passé heureux et notamment à sa petite amie dont il n’a plus qu’une photo et son parfum en souvenirs. Il n’en peut plus de cette vie d’errance, de mauvaises nuits à la belle étoile et de ce tête-à-tête avec Ben. Si ce dernier n’a qu’une idée : survivre, l’autre espère surtout de rencontrer d’autres survivants.
Sans grands effets spectaculaires ni scènes sanguinolentes, « The Battery » séduit avant tout par son ambiance. Une franche camaraderie s’installe entre les deux hommes pourtant très différents. Ils ont de longs dialogues dans des décors improbables comme un verger, une salle de dancing ou une voiture break transformée en « véritable garçonnière » selon l’expression de Ben. C’est dans cette voiture que se déroule un incroyable plan séquence qui scelle leur avenir. Avec une économie de moyens radicale, Jeremy Gardner parvient à insuffler une angoisse maximum dans un final à déconseiller aux claustrophobes.
« The Battery » de Jeremy Gardner, Zylo, 15 euros

mercredi 13 août 2014

BD : Fuite sibérienne

grande évasion, sibérie, tilman razine, Kris, martinez
Annoncé comme étant la dernière « Grande évasion » de la série, cette « Ballade de Tilman Razine » conduit le lecteur dans les camps de travail de Sibérie. Loin d'être imaginés par les Soviétiques, ces goulags ont vu le jour sous le règne des Tsars. En 1900, le transsibérien est sur le point d'être inauguré. Des milliers de kilomètres pour traverser cet empire ambitieux. La voie ferrée est sans le moindre arrêt, si ce n'est arrivé près du lac Baïkal. Plutôt que de contourner l'immense étendue d'eau, il est imaginé un système de navettes avec un ferry. C'est là que des centaines de prisonniers travaillent dans des conditions inhumaines. Ils n'ont qu'une envie : s'évader. Pour cela ils espèrent beaucoup dans la science de Tilman Razine. Un bandit légendaire qui met au point une évasion massive particulièrement ingénieuse. Au scénario, on retrouve un vieux routard des steppes russe : Kris. Après « Notre dame la guerre » (Futuropolis, prochainement adapté au cinéma), il retourne dans ces terres froides, synonymes d'injustice. Il retrouve au dessin Martinez pour qui il avait écrit « Le Monde de Lucie » et « Motherfucker ».

« La grande évasion, la ballade de Tilman Razine », Delcourt, 14,95 €

mardi 12 août 2014

BD : Les zombies de la République


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Le mort-vivant est très tendance depuis quelques années. Les zombies ont redonné leurs lettres de noblesse à la littérature fantastique, aux films de série B et aussi à la BD. Côté américain, « Walkind dead » a contaminé le monde entier. Mais chez les Français aussi une série basée sur ce thème cartonne. « Zombies » de Péru et Cholet gagne des adeptes à chaque nouvel épisode. Un succès que le scénariste a décidé de prolonger dans une série dérivée, « Zombies Néchronologies ». Selon les termes officiels de la présentation de l'éditeur, ce spin-off est en quelque sorte, « un journal de bord de l'épidémie, au travers des personnages qui y font face ». Des récits indépendants les uns des autres, confiés à plusieurs dessinateurs. Le premier tome débute dans la cour de l'Elysée. Des hordes de zombies affamés déferlent vers le chef de l'Etat. Heureusement son garde du corps veilkle. Charles, qui en est à son quatrième président, va tout faire pour sauver François Hollande. Mais ce dernier, dans une scène peu flatteuse, va se révéler si lâche qu'il sera destitué par l'armée. Charles, au chômage, décide de se rendre à Genève rejoindre son ex femme. Le voyage sera mouvementée et l'arrivée au portes de la Suisse encore plus compliquée. Péru, dans un récit très littéraire, en profite pour lâcher quelques bombes comme les portraits des différents chefs de l'Etat, « hommes choisis par les urnes qui ne valent pas tout le papier qu'on gâche pour eux ». Charles, le serviteur, va finalement se découvrir un destin : protéger les misérables. Pour dessiner cette épopée, Nicolas Pétrimaux signe son premier album. Mais sa longue expérience de storyboarder fait la différence.

« Zombies Néchronologies » (tome 1), Soleil, 14,50 €

lundi 11 août 2014

Livre : Paroles de comateux dans "Ces lieux sont morts" de Patrick Graham

Exploration macabre de l'inconscient d'hommes et de femmes plongés dans le coma au sommaire de « Ces lieux sont morts » de Patrick Graham.

ces lieux sont morts, coma, patrick graham, fleuve noirSearl, médecin dans un grand hôpital américain, a une spécialisation peu commune. Il a en charge le réveil de traumatisés plongés dans le coma. Dans ces vastes salles, des hommes et femmes dorment, parfois depuis des mois et des mois. Ils sont coupés du monde. Parfois reprennent conscience. C'est là que Searl intervient le plus rapidement possible. Il a développé une technique pour retenir l'esprit de « l'éveillé » dans la réalité. Car souvent, en constatant ce qu'il est devenu, il retourne volontairement dans « ces lieux morts ».
Patrick Graham, l'auteur de ce roman terrifiant, a distillé une petite dose de science-fiction dans la réalité médicale de Searl. Grâce à des diffuseurs olfactifs, le médecin parvient à guider la volonté des endormis vers des lieux de leur enfance. Pour qu'ils reprennent conscience de leur réalité dans les meilleures conditions possibles. Il se branche en parallèle et intervient directement dans leur esprit. Une astuce littéraire pour permettre au héros de pénétrer l'esprit des différents protagonistes de ce thriller. Car rapidement cela se complique.

Fillette enlevée
Retardé au travail par l'arrivée d'une femme grièvement blessée dans un accident de la circulation, il ne peut pas rejoindre sa seconde femme, Becka, et ses trois enfants né d'un premier mariage. Ils partent donc à quatre, dans une voiture de location, en pleine tempête de neige, rejoindre un chalet isolé dans la montagne. On est en décembre, à quelques jours de Noël. En chemin, ils sont harcelés par un gros camion transportant des billes de bois. Après une halte dans une station-service, ils prennent à leur bord Liam, un jeune auto-stoppeur qui va dans la même localité rejoindre sa grand-mère.
Il apparaît que Liam est un dangereux serial-killer. Il écorche Becka et les deux ainés et enlève Kirsten, la plus jeune. La première partie du roman se lit d'une traite. 150 pages qui pourtant son peu de choses à côté des suivantes.
Searl est au chevet de ce qui reste de sa famille, une femme et deux ados plongés dans le coma. Kirsten est introuvable. Mais chaque semaine, en pleine nuit, elle appelle son père et lui dit son angoisse d'être prisonnière. La suite du roman se focalise sur la fillette, comment elle survit dans l'obscurité en compagnie de deux autres jeunes filles, Mila et Taylor. Pour donner encore plus de corps à ce roman très dense, Patrick Graham fait intervenir un shérif cancéreux et en fin de vie, une section spéciale du FBI, des vagabonds rejetant toute société de consommation et fait voyager le lecteur des routes de l'Australie au désert du Nevada en passant par le grand rassemblement de Burning Man. Bref, des heures et des heures de dépaysement, d'angoisse et de coups de théâtre. Le tout est sombre, très sombre, comme notre inconscient...
Michel LITOUT

« Ces lieux sont morts », Patrick Graham, Fleuve Noir, 20,90 €

dimanche 10 août 2014

BD : Un classique de la littérature en images


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Certains classiques n'en finissent plus d'inspirer les jeunes auteurs. Si tout le monde n'a pas lu « Notre Dame de Paris » de Victor Hugo, personne de plus de 12 ans n'ignore plus rien de l'histoire de la belle Esmeralda et du laid Quasimodo. Jean Bastide (aidé de Robin Recht au scénario) propose sa version de ce classique de la littérature française. Fidèle à l'histoire (mais comment pourrait-il en être autrement tant elle est forte) Bastide se concentre surtout sur Esmeralda. La belle Égyptienne, aux jupes trop courtes et décolletés généreux, est d'une rare beauté sous son pinceau. Quasimodo, surtout présent en fin de volume, est plus musculeux que déformé. Quelques gros plans sur son regard suffit à lui donner cette humanité chère à l'auteur.
Reste Frollo, l'abominable Frollo, monstre de cruauté pour cause d'amour impossible. Certaines planches quasi muettes sont dignes d'être exposées dans des musées.
« Notre Dame » (tome 2), Glénat, 14,95 €



samedi 9 août 2014

BD : Playmate à vif

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Mais qui a décidé de violer, tuer et lacérer au couteau de jeunes Américaines, tellement belles qu'elles pourraient toutes poser pour Playboy ? Le troisième et dernier tome de « Miss Octobre », écrit par Desberg et mis en images par Queireix donne enfin toutes les explications au lecteur impatient. L'assassin, dont on ne voit le visage que dans les deux dernières planches, tue une nouvelle fois. Et la prochaine sur la liste est Viktor Scott, la fille d'un riche promoteur de Los Angeles. Sourde, elle est de plus amnésique depuis qu'elle a subi une tentative de viol dans sa chambre. Elle se sent menacée et demande à une ancienne prostituée mexicaine devenue détective de surveiller ses arrières. Cette dernière est également la maîtresse du lieutenant Clegg Jordan, chargé de l'enquête. Il se dispute le leadership avec l'inspecteur Ariel Samson, lui-même amant de Mme Jordan... Un joli imbroglio dans l'Amérique des années 60, bel hommage aux romans et films noirs de la grande époque. Queireix, au dessin prend beaucoup de plaisir à dessiner les courbes des jolies Américaines... femmes comme voitures.
« Miss Octobre » (tome 3), Le Lombard, 12 €



vendredi 8 août 2014

DVD ET BLU-RAY : Survie en ère glaciaire


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Film post-apocalyptique, « The Colony » traite de survie et d'humanité.



Dans un futur pas si lointain (il nous pend au bout du nez en réalité), le réchauffement de la planète fait des ravages. D'immenses tours sont construites un peu partout pour contrôler la météo. Elles se détraquent et c'est un froid glacial qui fige toute la surface de notre bonne vieille terre. « The Colony », production canadienne inédite au cinéma et qui sort directement en DVD, blu-ray et VOD, débute quelques années plus tard. Plusieurs communautés survivent tant bien que mal dans des colonies enterrées. Quand le groupe de survivants mené par Briggs (Lawrence Fishburne) reçoit un SOS de la colonie 5, il décide de se rendre sur place avec deux volontaires dont Sam (Kevin Zegers). Signé Jeff Renfroe, ce long-métrage est bourré d'effets spéciaux. Pour aller jusqu'à la Colonie 5, le petit groupe traverse une grande ville figée dans la glace. Les plaines sont recouvertes de neige, seuls quelques poteaux électriques émergent encore de ce monde du passé. Un grand fleuve s'est transformé en glacier et le pont qui le traverse est fragilisé par le gel. Chaque minute passée dehors est un défi à la mort.
colony, survie,apocalypse, fishburne, wild sideArrivé sur place, le trio ne trouve pas trace de vie. Par contre les flaques de sang sont omniprésentes. C'est en descendant dans les profondeurs de la Colonie qu'ils découvriront une menace encore plus redoutable que le froid. Le film bascule ouvertement dans l'horreur avec des scènes particulièrement gores mais tout à fait justifiées.
Côté distribution, Lawrence Fishburne (Morpheus dans Matrix) est impeccable dans son rôle de chef plein de compassion. Bill Paxton et son regard qui tue est utilisé à bon escient. Quant au vrai méchant (Dru Viergever, déjà entraperçu dans Saw), il vous filera les chocottes pour quelques nuits cauchemardesques...
Le DVD propose en bonus un petit reportage de 10 minutes sur le making of du film, notamment le lieu étrange de tournage, une base militaire désaffectées et enterrée au plus profond d'une montagne. Claustrophobes s'abstenir.

« The Colony », Wild Side, 17,99 euros

jeudi 7 août 2014

Cinéma : Quand l'hiver turc est d'or

Auréolé de la palme d'or au festival de Cannes, « Winter Sleep » de Nuri Bilge Ceylan allie réflexion sur la vie et grandeur des paysages de l'Anatolie.
 Winter.jpg
Film de l'intériorité « Winter sleep » explore les rapports humains dans une petite localité turque, perdue au cœur de l'Anatolie. Intérieur des maisons, troglodytes, sombres et silencieuses. Intérieur de l'âme, tout aussi sombre parfois.



L'hiver rend encore plus rudes les conditions de vie dans cette région. Aydin (Haluk Bilginer), ancien acteur, est revenu au pays gérer l'hôtel légué par son père. Il dérouille son anglais auprès de Japonais ou routards européens attirés par une nature sauvage et authentique. Sa jeune femme, Nihal (Melisa Sözen) s'ennuie désespérément. Elle s'occupe en animant une association de bienfaisance chargée de rénover les écoles publiques. Le début du film montre Aydin faire le tour de ses terres en compagnie de son homme de confiance. Dans leur 4x4 brinquebalant ils vont de maison en maison, récupérer les loyers. Aydin possède quasiment tout dans la région. Il a encore l'aura d'un seigneur auprès de certains. D'autres le détestent comme ce gamin qui jette une pierre sur la voiture. Il a très mal vécu la saisie de la télévision par un huissier et l'humiliation de son père pour cause de loyer impayé.
L'histoire de Nuri Bilge Ceylan a des accents sociaux. Mais ce n'est qu'une infime partie des trois heures de cet hiver turc. L'essentiel se déroule dans le bureau de cet homme partagé entre tradition et modernité. Il y reçoit des amis, sa femme et sa sœur, Necla (Demet Akbag) récemment divorcée et échouée bien malgré elle dans cet hôtel triste et silencieux.

Magnifiques paysages
Pendant qu'Aydin écrit son éditorial hebdomadaire pour un journal local, elle est étendue dans le canapé, derrière elle, à lui poser des questions existentielles. La magie du film opère alors à plein. Dans une atmosphère tamisée, les acteurs jouent à merveille ces nantis en mal de reconnaissance. Et de s'interroger sans cesse sur leur passé, leurs erreurs et errements. Necla qui a quitté son mari, ivrogne et violent, regrette. Elle demande à son frère si elle n'aurait pas du donner une chance au mal. En gros, ne pas interrompre les violences par son départ, simplement subir, jusqu'à ce que le mari se rende compte par lui même du mal qu'il provoque. Ces discussions philosophiques émaillent sans cesse le film et le rend passionnant. D'autant que loin de faire la morale ou imposer un point de vue, le réalisateur laisse tout ouvert. A chacun de réfléchir, une fois sorti de la salle, sur ces questions universelles.
Et puis il y a aussi les décors, superbement mis en valeur par la caméra. Notamment quand la neige tombe et étouffe encore plus le paysage. Sans oublier quelques scènes d'anthologie comme la beuverie entre Aydin, son ami et l'instituteur qui a parfois un petit côté à la Lelouch. Un film magique, où le temps immobile semble paradoxalement passer plus vite qu'ailleurs. La Palme d'Or à Cannes est peut-être un peu surestimée, mais la virtuosité de Nuri Bilge Ceylan devait être récompensée.



Amour en retenue

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Lors de sa présentation en mai à Cannes, nombre de critiques ont assimilé « Winter Sleep » à un film de Bergman. Il est vrai que les longs dialogues (parfois plus de 20 minutes sans la moindre action) donnent cette impression. Il y a également les relations tendues entre Aydin et sa femme Nihal. On semble alors plonger dans les mythiques « Scènes de la vie conjugale ». A une énorme différence près. Quand Bergman montrait le couple dans son ensemble (au lit, dans la salle de bain, dans la cuisine...), le réalisateur turc limite leurs relations au minimum. Et si Aydin dit aimer la très belle Nihal, il ne s'en approche jamais à moins de trois mètres. Quand il la découvre pleurant dans son lit de désespoir, il ne fait pas un pas vers elle. Jamais on ne le voit la toucher, l'embrasser... Différence de civilisation certainement, mais cela rend quand même difficile l'identification pour le spectateur occidental qui obligatoirement aurait réagi différemment car prendre une femme qui pleure dans ses bras est naturel dans nos contrées.
Du Bergman donc, mais sans le côté physique de certains films du maître suédois. Cette froideur et la distance entre les protagonistes renforcent le climat glacial du film.

mercredi 6 août 2014

BD : Troll dépressif

trolls de troy, arleston, mourier, astérix, soleil
Une nouvelle fois, en découvrant cette 18e aventure des aventures des Trolls de Troy, on se dit que décidément Uderzo aurait dû choisir Arleston et Mourier pour assurer la reprise d'Astérix. Ferri et Conrad ont fait du bon boulot avec leurs Pictes, mais l'univers des Trolls colle tellement à celui du petit Gaulois que se passer de leurs services relève du suicide éditorial. Alors à défaut de potion magique, profitons de notre chance de lire près de deux fois par an un album hilarant avec du troll, des jeux de mots idiots, des pétaures et quelques références bien senties à l'actualité. « Pröfy Blues » débute par un runing gag de la série. Le troll Pröfy tente une nouvelle fois de construire une maison, condition pour qu'il puisse un jour épouser la belle Waha. Et comme d'habitude, sa bâtisse s'écroule. Envolés ses rêves de lune de miel... Et ça lui file un sacré coup au moral. Prostré, il reste immobile plusieurs jours. Waha, qui n'est pas sans cœur, décide de le faire soigner par un docteur de la tête. Une caricature de Freud qui fera bondir certains psychanalystes et rire tous les autres. Pröfy, pour guérir complètement, va partir à la recherche de son père et croise au passage un maléfique Tonsantöh, agriculteur adepte des rendements intensifs.
« Trolls de Troy » (tome 18), Soleil, 13,95 €



mardi 5 août 2014

BD : La guerre imaginaire dans « Zeppelin's war »

Zeppelin's war, guynemer, hitler, nolane, villagrasa, soleil
Avec des si, on peut refaire l'histoire. Richard D. Nolane s'est fait une spécialité de ces uchronies dont le public est de plus en plus friand. Après avoir imaginé une autre fin à la seconde guerre mondiale dans « Wunderwaffen » (cinq tomes parus), il s'attaque au premier conflit mondial. En 1916, la guerre se déroule essentiellement dans les airs. Les Allemands ont une armada de zeppelins pour bombarder Paris. La différence réside dans la nature du gaz. L'hélium, trop inflammable, a été remplacé par un composé inerte permettant de multiplier par trois le poids de la charge transportée. Illustré par Villagrasa, le récit est truffé de personnages très connus. Dans les airs, un certain Hitler commande un zeppelin alors que Goering est aux commandes d'un avion de chasse. Il croise le fer avec l'as français Guynemer. Et en parallèle aux combats, on découvre les manigances de Raspoutine, espion à la solde de Berlin ayant pour mission de déstabiliser le Tsar. Une sacrée revue d'affectifs de salauds en devenir...

« Zeppelin's war » (tome 1), Soleil, 14,50 €

lundi 4 août 2014

Livre : Justice à retardement

Un industriel allemand est assassiné dans sa chambre d'hôtel. Le tueur, Fabrizio Collini reconnaît le meurtre mais refuse de s'expliquer. Son avocat va enquêter dans le passé.
collini, von schirach, justice, allemagne, gallimard
La société allemande, tout en triomphant mondialement au niveau sportif ou économique, n'en finit pas de solder son passé. Il y a moins de 70 ans, la terreur nazie s'abattait sur la totalité de l'Europe. La défaite a permis de juger certains responsables, mais d'autres sont passés à travers les mailles du filet. De simples exécutants, loyaux à leur supérieurs et leur pays, ou des hommes et femmes, en état de juger et donc complices actifs de crimes de guerre et de génocide ?
Cette interrogation, sorte de devoir d'inventaire jamais véritablement achevé, est au centre du terrible roman de Ferdinand von Schirach, « L'affaire Collini ». L'auteur, par ailleurs avocat au barreau de Berlin depuis 1994, est un fin connaisseur de la justice de son pays. Une partie du roman porte d'ailleurs sur les droits des accusés, la façon dont les affaires criminelles sont instruites et la méthode de désignation des avocats commis d'office.
Tout débute en 2001. Dans une chambre d'hôtel à Berlin, un homme se faisant passer pour un journaliste, prend rendez-vous avec Hans Meyer, industriel allemand. Une fois en tête à tête, Fabrizio Collini, le faux journaliste et véritable force de la nature, sort un révolver de son manteau, fait agenouiller Meyer et l'abat de plusieurs balles dans la tête. Puis, « de sa chaussure, il retourna le corps. Soudain, il asséna un coup de talon dans la face du cadavre, le regarda, puis lui donna un autre coup. Il ne pouvait plus s'arrêter, il tapait et tapait encore, sang et substance blanche giclaient sur son pantalon, sur le tapis, sur le bois du lit. » Un meurtre horrible, un émoi considérable.

Meurtre inexplicable
Collini s'étant constitué prisonnier dans le hall de l'hôtel, l'instruction peut débuter immédiatement. Il faut cependant lui trouver un avocat. Le jeune Leinen, installé à son compte depuis quelques semaines, est de permanence. Malgré sa totale inexpérience des procès d'assises il accepte de prendre la défense du géant muet. Cet homme, d'origine italienne, est venu travailler en Allemagne durant les années 50, fuyant la misère de son pays. Sans casier judiciaire, discret, il est à la retraite depuis peu.
Rien ne semble pouvoir expliquer de coup de folie. Même à son avocat il ne dit rien de son mobile. Leinen, qui a accepté de défendre Collini sans connaître l'identité du mort, a un gros coup au moral en découvrant qu'il s'agit d'Hans Meyer. Il a côtoyé cet homme durant sa jeunesse. C'était le grand-père de son meilleur ami. De Johanna aussi, son amour de jeunesse inachevé, qui se concrétise finalement à la faveur des événements tragiques. Pris entre son amitié avec la famille de la victime et sa détermination d'avocat, Leinen va aller jusqu'au bout. En creusant dans le passé de Hans Meyer, il risque de perdre Johanna, mais aussi y trouver le mobile, l'explication qui pourrait inverser les rôles, Collini devenant la victime de ce drame.
Écriture puissante, passion tourmentée, professionnalisme à toute épreuve : ce roman ne manque pas d'intérêt. Reste avant tout de cette « Affaire Collini » une leçon d'Histoire et l'exhumation de pratiques peu glorieuses dans une Allemagne qui, des années après la fin de la guerre, a bien caché son double jeu.
Michel LITOUT

« L'affaire Collini », Ferdinand von Schirach (traduction Pierre Malherbet), Gallimard, 16,90 €

dimanche 3 août 2014

BD : La guerre 14-18 en Afrique

barly baruti, cassiau-Haurie, glénat, congo belge, livingstone, Tanganyika
Si la guerre 14/18 est devenue planétaire, c'est aussi en raison de l'implication des puissances coloniales dans le conflit. Pendant que Français et Allemands s'affrontaient dans les tranchées du Nord, d'autres soldats mouraient sous la chaleur des tropiques. Barly Baruti, dessinateur d'origine zaïroise installé en Belgique, retrace une partie de cette bataille africaine. Sur les rives du lac Tanganyika, forces belges et allemands sont face à face. Les premières viennent de recevoir des avions. Les seconds ont pour eux la puissance de feu d'un cuirassé quasi indestructible. Gaston Mercier, jeune aviateur, survole la région à la recherche du gigantesque bateau pour tenter de le détruire. Il est aidé par un autochtone surnommé « Madame Livingstone » car il prétend être le fils du célèbre explorateur et se balade en... kilt. Scénarisée par Christophe Cassiau-Haurie, cette histoire, en partie basée sur des faits avérés, permet à Baruti de faire passer un message fort contre le colonialisme. Étrangère au conflit européen, l'Afrique a pourtant payé un lourd tribut, tant dans les tranchées que sur les rives de ce fleuve de légende.

« Madame Livingstone », Glénat, 22,50 €