mardi 26 août 2014

Livres : Bienvenue à Yumington

Entre thriller classique et pur fantastique, « Waldgänger » de Jeff Balek est aussi une expérience d'écriture autour d'un univers transmédia.

balek, yumington, brageloneYumington est une ville imaginaire. Elle sert de décor au roman « Waldgänger » de Jeff Balek. Une cité qui a sa propre vie sur le net à travers site (yumington.com) et réseaux sociaux (Twitter et Facebook essentiellement). En fait tout a débuté il y a quelques années par la volonté de l'auteur de proposer un feuilleton pour smartphones. Chaque jour il racontait l'histoire de Blake, ancien soldat à qui il arrivait des aventures incroyables. Édité en numérique, l'intégrale des épisodes termine finalement sous la forme d'un gros bouquin papier de plus de 400 pages chez Bragelone.
En 2025, les forces armées de Yumington sont en intervention au Moyen-Orient. Le commando de Blake doit protéger des archéologues sur le point de faire une découverte capitale. Il n'a pas le temps d'arriver sur le lieu des fouilles qu'il est attaqué. Son collègue, touché par une balle, prend feu. Lui aussi est frappé à la tête et sent son visage se consumer. Il tombe dans un trou, se retrouve nez à nez avec un squelette brandissant une épée. Blake, dans un dernier geste, s'en empare. Black-out.
Quelques jours plus tard il se réveille dans un hôpital. Défiguré, mais en vie. Il est rapatrié dans sa famille à Yumington. Accueil glacial de sa femme et de sa fille. Blake, convalescent, se découvre de nouveaux pouvoirs. Au début ce sont des flashes incontrôlables. Comme des hallucinations. Jusqu'à ce qu'il « voit » sa fille en train d'acheter de la drogue dans la rue. Il s'y rend et tue le présumé dealer. Blake devient alors l'ennemi public de Yumington et doit se cacher pour échapper à ses poursuivants.

Vengeance impitoyable
Il trouve refuge auprès d'un vieil original qui semble en savoir énormément sur ses nouvelles capacités de Waldgänger, un proscrit islandais qui se réfugiait dans les forêts. Et d'expliquer à Blake « Vous voilà donc livré au néant, Vous n'existez plus. Vous êtes mort en quelque sorte. Mort aux yeux de la société. Ou tout au moins vous n'existez plus que sous la forme d'une espèce de cauchemar, de croque-mitaine. » Blake se métamorphose, devient quasi invincible, omniscient. Mais pas forcément heureux, bien au contraire. « La vengeance nourrit ma rage comme l'oxygène alimente l'incendie. C'est tout ce quartier, toute cette ville, que j'ai envie de raser, de détruire jusqu'au dernier de ses habitants. A cet instant précis, le désir de tuer naît au plus profond de mon être. C'est un être archaïque, reptilien, qui surgit en moi. Une âme mauvaise et assoiffée de mort. » Yumington tremble, le Waldgänger est lâché et sa détermination est terrible.
Écrit de façon très cinématographique, à coup de courts chapitres très dynamiques, le roman déroute au début. Un style qui s'apparente à notre nouvelle habitude de consommer du bref, du vite lu et allant droit à l'essentiel. A l'arrivée, cela donne une impression de lecture en apnée, sans jamais de répit dans l'enchaînement des combats et autres coups de théâtre, particulièrement nombreux pour relancer sans cesse l'intérêt. Yumington prend forme et c'est naturellement que l'on poursuit l'exploration de la ville virtuelle sur internet. Une suite est en cours de publication, directement en numérique. L'action se déroule en 2075 et c'est toujours le très efficace Jeff Balek qui est aux manettes.

« Waldgänger », Jeff Balek, Bragelone, 22 €

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