dimanche 31 août 2014

Cinéma : "Party Girl" en famille

Angélique Litzenburger interprète son propre rôle dans un film de son fils, Samuel Theis, avec toute sa famille dans les seconds rôles de cette réalisation entre biopic et documentaire.

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La nuit, tous les chats sont gris et toutes les femmes sont belles. Les mauvais éclairages des dancing et cabaret de la frontière franco-allemande ne permettent pas aux clients de faire la différence entre une hôtesse de bar pimpante ou décatie. Angélique Litzenburger sirote ses verres, seule au comptoir. Sa chevelure bouclée, ses breloques et son maquillage appliqué à la truelle ne font plus recette. Dans la salle, quelques hommes seuls regardent une pole-danseuse se trémousser. D'autres pelotent une habituée en échange d'une bouteille. C'est le prix à payer pour rêver un peu. Angélique, la soixantaine passée, ne fait plus rêver. Son dernier client, Michel (Joseph Bour), un mineur à la retraite, ne vient plus. Alors elle va carrément chez lui le relancer. Mais lui, tombé raide amoureux de la belle, la demande en mariage.



L'idée de ce film est de Samuel Theis. Acteur et réalisateur installé à Paris, il a simplement voulu rendre hommage à sa mère et se famille. Avec ses complices réalisatrices Claire Burger et Marie Amachoukeli, il a travaillé le scénario et trouvé les financements pour cet ovni cinématographique entre fiction, biopic et documentaire. Il n'y a pas d'acteur professionnel dans Party Girl à part Samuel. Mais lui aussi joue son propre rôle. Angélique, dans sa vie très agitée et nocturne, a souvent été enceinte. Quatre fois. Il y a Sonia, mariée et mère de deux petits enfants, Mario, veilleur de nuit et Samuel, l'aîné, celui qui est parvenu à quitter cette province dépressogène pour « réussir » à la capitale. La petite dernière, Cynthia, est la plaie toujours vive d'Angélique. A six ans, elle lui a été enlevée et placée dans une famille d'accueil. La mère indigne n'ose plus renouer avec sa fille perdue. Tout peut changer avec la proposition de Michel.

Les enfants et le mariage
Angélique se dit que finalement, changer de vie est encore possible même si, comme le fait remarquer Michel, « On n'a plus beaucoup de temps ». Et donc, l'idée de mariage fait son chemin. Même s'il faut passer devant le curé (ce n'est pas ce qui enthousiasme le plus Angélique), il y à la clé une belle fête (et ça, Angélique aime) et surtout l'occasion inespérée de réunir toute sa famille, dont Cynthia. Le film, lauréat de la caméra d'or au dernier festival de Cannes, a des faiblesses. Mais le jeu hésitant de certains, les clichés sur la province et les excès de la nuit sont largement rattrapés par l'extraordinaire prestation d'Angélique Litzenburger. Le film est sur sa vie. Elle vit le film. Rajoutée une émouvante scène avec Cynthia, la véritable fille « abandonnée » et vous ne pourrez que frissonner à cette histoire d'une maman noctambule, accro aux paillettes.


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Le fils prodigue


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Quand Angélique annonce à ses enfants son intention de se ranger d'épouser Michel, elle ne le dit dans un premier temps qu'à Mario et Sonia, ceux qui habitent toujours dans la région. Elle préfère dans un premier temps ne pas en parler à Samuel. On devine qu'elle le vénère et n'entend pas l'ennuyer avec ses histoires.
Pourtant quand il s'agit d'organiser le mariage, c'est lui qui prend les choses en main. De même, la lettre permettant de renouer le contact avec Cynthia, ditée par Sonia dans un premier temps, est entièrement réécrite, par Skype interposé en 30 secondes par un Samuel dans le rythme parisien.
Acteur depuis quelques années dans de nombreux téléfilms français (Joséphine ange gardien, un village français ou Drôle de famille), Samuel Theis a porté le projet « Party Girl ». A l'origine du scénario, co-réalisateur, c'est lui aussi qui a persuadé tous les membres de sa famille d'interpréter leur propre rôle. Une démarche audacieuse d'autant qu'il n'est pas toujours à son avantage dans la peau de celui qui a « réussi » et dont la famille est très fière. Une mise en abîme déconcertante mais donne tout son charme à ce film hors normes.

  

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