vendredi 28 février 2014

Livres : La vie, la mort... un jeu !

Enfin ! Bretin et Bonzon achèvent enfin leur saga fantastico-policière du Complex. Un tome 3 encore plus étonnant que les précédents.

complex, eden, sentinelle, génération, bretin, bonzon, thriller, fantastique, le MasqueAprès « Eden » et « Sentinelle », la trilogie du Complex est enfin bouclée avec « Génération ». A la manœuvre, Denis Bretin et Laurent Bonzon, qui, quand ils écrivent en duo, abandonnent leurs prénoms pour le plus claquant Bretin & Bonzon. Le seul reproche que l'on peut leur faire, c'est la lenteur. Pas dans l'action du roman. Non, dans la parution de cet épilogue tant attendu de tous les lecteurs des deux premières parties de cette vaste saga fantastico-policière. Cinq ans c'est long. On retrouve donc les flics Renzo Sensini et Roman. Le bel Italien impassible au passé mystérieux et l'informaticien, un peu mou, trop gras et timide, mais à l'intelligence acérée et compétences techniques sans limite. Le duo travaille à Interpol. Du moins Roman car Renzo vient de démissionner.

L'Aubrac en décor
Les premières pages de ce troisième tome reviennent succinctement sur les événements précédents. La découverte du vaste complot par Sensini, la rédaction d'un rapport circonstancié et sa mise au placard immédiate. Visiblement il s'attaque à beaucoup plus fort que lui. D'autant que son amie, Iva, est éliminée. Un meurtre comme une simple mise en garde très explicite destinée à Sensini. Inquiet, ce dernier va immédiatement se rendre chez Léo, son ami prêtre retiré dans une maison isolée sur l'Aubrac. Une bonne partie du roman se déroule dans cette belle mais rude région de l'Aveyron. Dans la maison de Léo, déserte et transformée en camp de base par Sensini, dans une autre maison à proximité, la cave exactement où est détenu Léo, torturé par un homme se faisant appeler le Loup. Lentement mais sûrement, on devine la confrontation à venir entre ce dernier et Sensini. Une vieille dette à solder.

L'île du jeu
Une intrigue en plus dans la trame du roman déjà très riche. L'action se déplace parfois aux USA. En Virginie, là ou vit une certaine Tracy. Cette « gameuse » qui a pour pseudonyme RosaLux (pour Rosa Luxembourg) tente avec d'autres passionnés de jeux vidéo, d'atteindre le niveau 9 de l'île. Ce jeu, apparu récemment sur la toile, est unique. Il est réservé aux meilleurs. Si réel qu'on peut y laisser sa peau, au figuré.
La partie fantastique du roman est parfois un peu compliquée. Il faut s'accrocher et faire une sacrée gymnastique pour passer de la réalité à la réalité virtuelle puis à cette île, lieu imaginaire peuplé par des « partners » qui ont tout l'air d'être les maîtres du monde. Tels les Dieux sur l'Olympe, ils regardent les Humains courir en tous sens comme des cohortes de fourmis dérangées dans leur labeur programmé. Ils aiment bien jouer avec les mortels. Mais n'apprécient pas du tout quand on s'approche de leur repaire, le fameux niveau 10 de l'île. Pour se protéger ils ont une arme redoutable : Chitchine, tueur russe implacable.
L'attrait de ce roman fleuve de 400 pages consiste aussi dans la multiplicité des personnages. Les chapitres courts, très rythmés, empêchent le lecteur de s'ennuyer. Il est happé par le mouvement et l'inéluctable. Et en toile de fond on trouve une réflexion sur la manipulation des masses. Complex est un roman policier tirant sur le fantastique mais avec une bonne dose de politique pour ne pas mourir idiot.
Michel LITOUT

« Génération » (Complex, tome 3) de Bretin et Bonzon, éditions du Masque, 20 €

jeudi 27 février 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : Ces étoiles bien cachées

La dernière livraison du Guide Michelin regorge d'adresses étoilées. Dans la région, plusieurs restaurants sont distingués. Pourtant, les véritables pépites où l'on savoure bonheur culinaire et accueil chaleureux bénéficient rarement de cette publicité de prestige.
Durant mes années aveyronnaises, je n'ai jamais aussi bien mangé qu'à l'Hôtel du Centre de Baraqueville. Simple, rustique, copieux, pas cher. Et pas de chichis. Le potage, toujours compris dans le menu, était amené dans une grande soupière qui passait de table en table.
Quand j'étais en poste à Castelnaudary, le Bar de l'Industrie était devenu un second bureau tant l'accueil de Sabine, Philippe et Ali était chaleureux. Des endroits de ce genre, heureusement il en existe encore. Il faut les chercher, ne pas hésiter à pousser des portes inconnues.
Et il s'en crée même de nouveaux. Pour preuve dans mon village actuel, à Pollestres au sud de Perpignan, deux jeunes n Vincent et Sébastien - viennent de reprendre le bar du centre-ville après trois longues années de fermeture. Un matin, je sirote mon café et le barman s'occupe en découpant des pommes de terre destinées à devenir les frites maison du plat du jour. Car le midi, ils proposent un menu tout compris, sans prétention mais qui ne déçoit jamais. Derrière les fourneaux, Sébastien le cuistot allie tradition et modernité. Comme le décor, peintures refaites à neuf mais avec aux murs de vieilles publicités émaillées pour des boissons du passé, un vélo rouillé et des pochettes de 33 tours. Eux, comme d'autres, ne figurent pas dans le Michelin mais ne déméritent pas.

Cinéma : le fil si ténu de la vie dans "Le sens de l'Humour" de et avec Marilyne Canto

Comment aimer après un deuil ? Cette interrogation torture le personnage d'Élise, au centre du film "Le sens de l'humour" réalisé et interprété par Marilyne Canto. La cinéaste sera ce vendredi 28 février à 19 heures au Castillet pour présenter son premier long-métrage.
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Talentueuse actrice française vue dans de très nombreuses productions ces dix dernières années, Marilyne Canto passe pour la premières fois derrière la caméra. Son premier long-métrage, mais pas ses débuts à la réalisation puisqu'elle a déjà quelques courts-métrages à son actif. « Le sens de l'humour » est d'ailleurs la suite de « Fais de beaux rêves », césar en 2006.



On retrouve Élise, interprétée par Marilyne Canto, dans sa vie de mère hyper active. Conférencière au Louvre, elle élève seule son fils Léo (Samson Dajczman) âgé d'une dizaine d'années. Seule car le père est mort. Dans le court, Marilyne Canto filme le moment de la disparition. Dans « Le sens de l'humour », on les retrouve, quelques années plus tard, dans la continuité. La vie continue. Le travail, l'école. L'absence physique du mort s'est atténuée, dans la tête, c'est une autre histoire. Certes Élise a rencontré un homme, Paul (Antoine Chappey), bouquiniste aux Puces. Ils s'aiment. Physiquement essentiellement. Élise est plus que sur la réserve. Dure avec cet homme, n'hésitant pas à lui affirmer « Je ne t'aimerai jamais », elle ne semble avoir de l'amour que pour son fils.

Omniprésence de l'absent
Composé de longs plans-séquences, dans les rues de Paris, au Louvre ou dans l'appartement d'Élise, ce film pourrait-être catalogué de cérébral. A cause du personnage d'Élise Une femme pleine de doutes, comme effrayée par l'amour, l'attirance. Pas encore guérie du deuil, incapable de se « donner », comme coupable d'infidélité. Mais à côté, sa vie bouillonne. Samson Dajczman, dans le rôle de Léo, est d'une justesse trop rare dans le cinéma français. Lui aussi son père lui manque. Il n'en a que peu de souvenirs. Matériellement cela se résume à une clarinette qu'il peine à monter. Qu'il conserve dans son lit la nuit. Avec Paul le courant passe. Une réelle complicité s'installe entre eux. Élise apprécie. Et c'est peut-être cette amitié qui va lui permettre d'accepter cet amour.
Film épuré, quasi minimaliste parfois, « Le sens de l'humour » est une radiographie de la difficulté d'accepter d'aimer à nouveau. Comme si Élise, après un long moment de repli sur soi, tentait enfin de déployer le fil ténu de la vie, croire au bonheur, à la renaissance des sentiments. S'épanouir et enfin sourire aux autres, aux siens.

Maryline Canto sera vendredi 28 février à partir de 19 heures au Castillet pour une séance exceptionnelle de son film en partenariat avec l'Institut Jean Vigo qui dévoilera le programme du 50e festival Confrontation du 9 au 15 avril.

mercredi 26 février 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : Parigots, têtes de bobos

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Les élections municipales ne sont guère passionnantes cette année à Paris où tout semble plié d'avance. Du moins vu de province. Car il faut bien le reconnaître, le « Parigot », comme on dit au-delà du périphérique, est une espèce bien complexe souvent tributaire de son arrondissement.
J'ai découvert sur le site internet « Merci Alfred » un test qui permet de déterminer dans quel arrondissement vous devriez vivre pour être le plus en accord avec vos goûts. Autant le dire tout de suite, je n'ai pas tout compris. Première question : que buvez-vous ? Et d'entrée je n'ai aucune idée de ce que peut être de la Volcelest (une bière bio, après recherches). Dans le choix des journaux, au moins deux ne sont pas en vente dans notre région et quand arrive le volet musique, Deadmaus ou Booba n'ont jamais atteint mes oreilles.
Le pire, arrivé à la fin, c'est le petit texte explicatif du résultat. Si vous êtes 12e, « Vous êtes sacrément visionnaire. Peut-être un peu trop. Investir dans un appart' dans le 12e parce que "dans 20 ans, ça vaudra de l'or", fallait oser. » Le 8e semble un lieu réservé aux initiés : « Y avait la queue chez Ladurée et c'était blindé chez Maxim's. Heureusement que la bonne a emmené les gosses au Parc Monceau parce que là vous êtes carrément au bout du rouleau. »
Mais le pire semble le 4e : « Habiter dans un Paris de carte postale, ça en jette. Se coltiner les touristes qui les achètent, un peu moins. »
Bon, les Parigots, restez entre vous, de toute manière c'est trop cher, ça pue et en province, personne ne fait la différence entre vos arrondissements.
Chronique "De choses et d'autres" parue ce mercredi en dernière page de l'Indépendant. 

Cinéma : Au plus près des ours

En réalisant Terres des ours en 3D, Guillaume Vincent permet aux spectateurs de s'immerger dans cette région sauvage du Kamtchatka.
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La Russie, encore plus que les USA, s'étend sur des milliers de kilomètres. Si on désigne Moscou comme une capitale de l'Est, en fait, la ville est placée à l'Ouest du pays. L'Est, c'est la Sibérie et encore plus au bout du continent, la péninsule du Kamtchatka, la terre des ours. Quasiment aussi grand que la France, ce territoire qui est baigné par les eaux glacées du Pacifique Nord, est une immense réserve naturelle. Faune et flore y sont protégées. C'est donc une chance de pouvoir admirer ces paysages tourmentés sublimés par la caméra en 3D de Guillaume Vincent. Le réalisateur de film animaliers est ses différentes équipes techniques ont passé une année dans des conditions extrêmes pour raconter la vie des seigneurs des lieux : les ours bruns. Ils sont encore plusieurs milliers à vivre dans ces vastes étendues.


Durant huit mois de l'année, ils hibernent dans leur tanière. Ce sont les premières images du film. Dehors la neige et le vent glacé empêche toute vie. Sous terre une mère dort profondément. Seul son petit s'agite, réveillé un peu trop tôt. Il cherche à sortir, ne se doutant pas des dangers qui le guettent. Racontée par Marion Cotillard, voix off de luxe, l'histoire de ces ours est classique. Pas de scénario alambiqué ni de mise en scène. Les ours n'ont pas de nom. Ils sont un parmi d'autres. Sorti un peu tôt, poussé par la faim, un jeune mâle va rejoindre la vallée des geysers, un micro climat où il sait qu'il trouvera à manger même en plein hiver. Il se contentera au début de jeunes pousses d'herbes. Etonnante image de ce monstre de griffes et de muscles, broutant comme une vache.
Quand tous vont sortir avec l'arrivée des beaux jours, ce sera un feu d'artifice d'images marquantes. Un vieux mâle se baigne dans un torrent et frotte sa fourrure à un arbre comme pour mieux profiter de cette nature généreuse. Une mère, tout en surveillant ses deux petits, joueurs et insouciants, va prendre la direction des rivières, là où la nourriture sera abondante. Car les ours n'attendent qu'une chose : l'arrivée des saumons pour le banquet annuel. Le film explique très pédagogiquement cette interdépendance entre les poissons venus du Pacifique et les ours. Des milliers de saumons vont remonter les rivières pour aller frayer là où ils sont né, cinq ans plus tôt. Les ours, au passage, pêchent les poissons et de goinfrent. Il y va de leur survie. Sans cette graisse accumulée en quelques semaines, ils ne pourraient passer les huit mois d'hibernation.
Spectacle grandiose, renforcé par les images en 3D, cette Terre des ours est un sanctuaire à protéger. Mais grâce au film de Guillaume Vincent, il ne sera plus ignoré du plus grand nombre.
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Un livre pour prolonger le voyage
Le film de Guillaume Vincent, fruit d'une année de travail, se décline aussi sous forme d'un beau livre paru chez Arthaud (24,90 €). La première partie, signée Yves Paccalet, le scénariste, est consacrée au Kamtchatka et aux ours bruns. Un texte entre poésie et pédagogie, illustrée de photos tirées du film. La seconde partie est l'œuvre de Guillaume Vincent. Il y raconte le making of du tournage. En montagne sous la neige, sous l'eau pour capter l'arrivée des saumons, au bord du lac Kourile entouré de centaines d'ours nerveux se disputant les saumons : il révèle nombre de secrets, comme pour mieux rendre hommage à son équipe technique mise à rude épreuve. Un dernier chapitre intitulé « La technique au service de la poésie » en est le meilleur exemple.

mardi 25 février 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : Élégants, pas tricheurs les skieurs français


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Pas banale cette histoire de pantalons prétendument non conformes, aux jeux olympiques de Sotchi. En ski cross, les Français terminent aux trois premières places. Discipline peu connue mais spectaculaire, le trio tricolore va vite, très vite. Trop vite selon les Slovènes et les Canadiens qui accusent l'encadrement des Bleus d'avoir modifié la coupe des pantalons au dernier moment pour les rendre plus aérodynamiques.
Dans le genre « Explication tordue d'un mauvais perdant », on a rarement vu aussi gros. Le tribunal arbitral du sport a bien évidemment donné raison aux Français. Nos compatriotes n'avaient pas l'intention de tricher. Simplement, la fameuse French Touch leur interdisait de porter n dans une compétition internationale qui plus est n ces pantalons pattes d'eph' (le summum du mauvais goût depuis trois décennies).
Plutôt que d'avoir l'air aussi ploucs que les Slovènes ou les Canadiens devant des millions de téléspectateurs, ils ont exigé que la coupe soit rectifiée. Ainsi le bon goût français a triomphé et le rayonnement culturel du pays n'a pas souffert de cette faute de style qui aurait fait se retourner dans sa tombe Yves Saint-Laurent et Karl Lagerfeld (le second n'est pas vraiment mort mais depuis son régime il ressemble à une momie).
Ce n'est quand même pas le Canada, patrie de Gilles Vigneault et de Justin Bieber qui va nous donner des leçons d'élégance vestimentaire.
Et de toute manière, dans trois jours plus personne ne se souviendra du ski cross et encore moins du nom des médaillés français...

En bonus la vidéo de la course. 

BD : traque et traquenard dans "Perico" de Berthet et Hautière


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« Ligne noire », nouvelle collection des éditions Dargaud est directement inspirée de la mythique série Noire. Des histoires sombres, dessinées par Philippe Berthet, l'unique illustrateur très ligne claire de la série. Premier titre avec « Perico » (perruche en espagnol, mais également cocaïne en argot cubain) sur un scénario original de Régis Hautière. A la fin des années 50, à Cuba, pays en pleine déconfiture peu de temps avant l'arrivée de Castro au pouvoir, Joaquim, un jeune employé d'un hôtel restaurant appartenant au caïd de la pègre locale, récupère une valise bourrée de dollars. Avec ce trésor, il quitte l'île en compagnie de Livia, une chanteuse de talent promise en « cadeau » au président dictateur Battista par le gangster. Le couple va tenter de rejoindre Hollywood par la route. Des relations compliquées entre Joaquim et la diva, l'incrustation d'un joli et mystérieux) blondinet dans la voiture décapotable et les hommes de main à leurs trousses, l'action ne manque pas. Un road movie tendu et dramatique, mis en couleur par Dominique David qui a peut-être donné un coup de main à Berthet sur les dessins, le héros ressemblant énormément à Jimmy Boy, son héros si attachant mais abandonné faute de succès.

« Perico » (tome 1), Dargaud, 14,99 €

lundi 24 février 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : Le coup de la panne entre WhatsApp et Facebook

Mark Zuckerberg, Pdg et créateur de Facebook, ne sait plus quoi faire de son argent. La semaine dernière il a déboursé 16 milliards de dollars pour acheter "WhatsApp", une application pour envoyer des SMS gratuits depuis son smartphone. Cela fait un peu cher le bidule qui, a priori, ne rapporte pas un kopeck puisque son succès est dû à sa gratuité et son absence totale de publicité. On se doute que le jeune entrepreneur, potentiellement homme le plus riche de la Terre (voire de la galaxie) a une idée derrière la tête.
Encore faut-il qu'il ne se soit pas fait tout simplement escroquer. Trois jours après l'annonce de cette acquisition, WhatsApp tombe en panne ! Non seulement ça coûte un bras, mais en plus c'est cassé. On ne va pas le plaindre. Il s'est fait avoir, comme tout un chacun à un moment ou un autre.
Dans le genre, je suis un spécialiste, mais heureusement dans un autre ordre de grandeur question finances. Ma première voiture, une 204 Peugeot achetée d'occasion à Montpellier et au comptant avec toutes mes économies, a roulé 200 kilomètres. Pas plus... Juste assez pour rallier Rodez, devant chez moi.
Sur les vide-greniers, mon enthousiasme me perd souvent. Trop content de trouver un lot de revues de BD des années 70 (mon péché mignon), j'achète. Les yeux fermés. Cruelle désillusion arrivé à la maison, le propriétaire de l'époque a consciencieusement découpé les quatre pages de la meilleure série à suivre...
En conclusion, Mark, avant de sortir ton carnet de chèques, vérifie au moins que ce que tu achètes fonctionne encore !

dimanche 23 février 2014

Regards : Smartphone, le nouvel esclavage

Entre le « 22 à Asnières » de Fernand Raynaud et le « Allô, quoi... » de Nabilla, la communication téléphonique a vécu une révolution en accéléré. Si le principe est le même, permettre la communication entre deux personnes éloignées, les outils n'ont plus rien à voir. Comme si le progrès entre l'invention de la roue et du moteur à explosion s'était concentré sur une génération.

Le règne des smartphones est une évidence. Au début, on ne l'utilise que comme un téléphone portable. Et puis il s'impose par sa polyvalence. Internet, SMS, musique, vidéo, jeux, information... on peut tout faire avec ce couteau suisse des nouvelles technologies. Avec l'avantage de pouvoir le personnaliser transformant ces composants électroniques en « prolongement de notre vie intérieure » selon l'expression de Joëlle Menrath, sociologue. On peut parfois oublier ses clés ou son portefeuille. Jamais son téléphone portable. Il est devenu trop essentiel dans notre quotidien. Regardez dans la rue, ces jeunes, écouteurs dans les oreilles, dans les transports en commun, plongés dans la vision de la dernière vidéo qui fait le buzz ou en train de composer des SMS. Au bureau ou en regardant la télévision, le smartphone est devenu le second écran pour se distraire ou donner son avis. Le smartphone, en devenant aussi précieux que la prunelles de ses yeux, aiguise les appétits. Commerciaux mais surtout sécuritaires. Dans Big Brother de Orwell, des caméras surveillaient chaque citoyen. Aujourd'hui c'est encore plus simple, la caméra étant individuelle et déclenchée volontairement par chaque individu. Avec les services de géolocalisation, vous êtes parfaitement traçable par les autorités. Les faits divers ne cessent de raconter les histoires de ces voleurs trahis par leur téléphone. A quoi bon mettre des gants pour ne pas laisser d'empreintes quand on a dans la poche un téléphone qui signale sa présence dans le secteur toutes les minutes ? On est souvent fier de montrer son smartphone. Comme une chaine en or arborée en signe de réussite. Mais un bijou synonyme d'esclavage.  

samedi 22 février 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : Faux et vrais loups

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Ces jeux olympiques à Sotchi risquent de laisser un petit goût d'amertume quand ils seront achevés. Certes Martin Fourcade a réalisé une exceptionnelle moisson de médailles, à l'image de l'équipe de France qui a battu tous les records. Mais à côté de ces célébrations cocardières, certains "à-côtés" rappellent aux sportifs et à leurs fans que la vraie vie n'est pas mise entre parenthèses. Un écologiste emprisonné, des Pussy Riot interpellées, certains représentants de l'Ukraine préférant déclarer forfait... Poutine n'a pas réussi le sans-faute qu'il espérait.
Côté insolite aussi le sportif a parfois été éclipsé par ces petites informations dont la presse est friande. WC doubles (pour les équipes de bobsleigh à deux ?), hôtels inachevés, portes de salle de bains défoncées par un concurrent pris au piège... Le meilleur aura été cette histoire de loup rôdant la nuit dans les couloirs du village olympique. La vidéo de quelques secondes a fait le tour du web. Kate Hansen, une lugeuse américaine, a publié le message "Un loup dans mon couloir ? ! ?" suivi d'un lien vers un petit film pris par elle-même cachée derrière sa porte. Tout le monde y a cru. Hier, Jimmy Kimmel, célèbre animateur télé américain, a dévoilé le pot aux roses. Un simple canular pour son émission ; le loup est un animal dressé, vivant aux USA, le couloir une reconstitution à l'identique grâce à des photos transmises par Kate Hansen, complice de la supercherie.
Le faux loup de Sotchi fait sourire. Les vrais loups, aux abords de la place Maïdan à Kiev, font beaucoup plus peur.
Chronique "De choses et d'autres" parue ce samedi en dernière page de l'Indépendant. 

vendredi 21 février 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : Petite poésie sur petits papiers

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"Laissez parler les petits papiers", tel est le nom d'un blog photo ouvert à tous. Il remporte un beau succès car permet de détourner les noms de marques et faire de la poésie à moindre coût. Le principe est simple. En mettant un ou deux petits papiers collants (souvent jaune...) sur l'étiquette d'un produit, il est possible de faire un jeu de mot absurde ou rigolo. On photographie le résultat et on partage sur http://lplpp.tumblr.com.
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Exemple : sur une pelote de laine Phildar, rajoutez avant "Oups, faut que je" et après "-dare". Il y a des centaines de trouvailles comme "oie la baignoire" sur un flacon de laque Elnett.
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Un peu plus tordu, rendez plus rock'n roll un paquet de couches-culottes en écrivant "Red Hot Chili" devant Pampers. Un message à faire passer à votre moitié qui l'a promis mais ne l'a toujours pas fait ? Prenez un pot de yaourt de La laitière, mettez devant le nom de la marque "Tu peux changer" et derrière "du chat ?"
Sur le même principe, un Américain s'amuse à photographier dans les transports en commun des inconnus, en rajoutant au premier plan, la tête d'un héros. Vous croisez alors des Batman, Mickey et autres Hulk plus vrais que nature.

BD : La bio de Bouzard


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Les plus grands chercheurs indépendants se sont penchés sur ses bandes dessinées. Leurs conclusions sont sans appel : « Pas la peine de tortiller du cul pour chier droit... Guillaume Bouzard est drôle. On y peut rien. » Même si cette affirmation n'est que pure invention du créateur de Plageman, on ne peut que répondre, tel Perceval dans Kaamelott ; « C'est pas faux. » Bouzard, quand il ne fait pas du foot, se présenter aux municipales ou sauver le monde, pond des histoires courtes pour divers journaux. Dans ce recueil de 60 pages on retrouve les récits publiés dans les hors-séries de Fluide Glacial. L'occasion de se mettre en scène, de rire de son manque d'idées, de son retard récurrent et de l'image qu'il donne aux Parisiens persuadés « qu'il est fainéant cet animal » « avec sa tête de goret ». Dans la réalité, Bouzard est simplement un peu dispersé. Pour quatre pages publiables, il en dessine douze et en écrit cent. Quatre pages de haute qualité, qui déclenchent des rires. Presque du satisfait ou remboursé. Car Bouzard, en réalité, est un génie du gag. « Il est drôle, on y peut rien... »

« Moi, Bouzard », Fluide Glacial, 14 €

jeudi 20 février 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : Entre deux, tout est histoire de nuances


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Le bien et le mal, le haut et le bas, la droite et la gauche, le masculin et le féminin. Toute notre société semble basée sur cette dualité basique. Heureusement notre intelligence a découvert toute une palette de nuances qui fait qu'un référendum (oui ou non) se retrouve réservé aux primates.
Entre le blanc et le noir, il existe quantité de couleurs pour se différencier. Ce n'est pas pour rien que les représentants des associations LGBT (lesbiennes, gays, bi et trans) ont choisi l'arc-en-ciel pour symbole. Une différence parfois difficile à faire passer auprès de certains mais qui progresse indéniablement dans les esprits.
Dernier exemple en date sur les profils Facebook. Pour vous définir, vous devez cocher quelques cases. Dans la catégorie "sexe" vous n'aviez que deux choix possibles. Depuis quelques jours, une troisième possibilité s'offre aux abonnés anglo-saxons : transsexuel ou intersexuel. Le "troisième sexe" a enfin droit de cité sur les réseaux sociaux.
Mais il existe encore des pièges. Les politiques français sont persuadés d'avoir beaucoup œuvré pour l'égalité des sexes en imposant la parité sur les listes électorales. Une parité un peu réductrice. La liste Europe écologie de Toulouse s'est retrouvée avec un cas d'école. En 31e position, on découvre François Bertocchio, entre deux candidates femmes, comme il se doit. Problème, depuis un an, François est devenu Florence. Un changement d'état-civil long et compliqué que les responsables des Verts toulousains n'avaient pas pris en considération. Résultat, la liste a dû être modifiée : la parité, trop basique, ne prévoit pas ce genre d'exception.
Chronique "De choses et d'autres" parue ce jeudi en dernière page de l'Indépendant

Cinéma : le Romantisme rouge sang de Jim Jarmush

Pour Jim Jarmush, réaliser Only lovers left alive, film de vampires hors normes, est surtout l'occasion de filmer romantisme, beauté, musique et littérature.

jarmush
Une bande-son à se damner, deux acteurs irréprochables, des décors chargés d’un vécu poignant, des vampires et des guitares électriques : Only lovers left alive de Jim Jarmush est le genre de film qui accumule les qualités quand d’autres en manquent cruellement. Entre rêverie romantique et réflexion philosophique sur le devenir de l’Humanité, l’histoire d’Adam et Eve est des plus vénéneuses. Adam, rocker reclus, vit dans une vieille maison en ruine dans un de ces quartiers désertés de Detroit. Eve, confortablement installée au milieu d’une constellation de coussins attend que le jour décline pour déambuler dans les ruelles de Tanger.
Le début du film montre leur réveil, à des milliers de kilomètres de distance l’un de l’autre, la caméra prise de tournis, comme un vieux vinyl sur un électrophone. Adam (Tom Hiddleston) et Eve (Tilda Swinton) tournent en rond. Sans fin. Une fois la nuit tombée, ils sortent. Adam, déguisé en toubib, se rend dans un hôpital. Eve, voilée, marche avec assurance dans cette ville marocaine aux mille sollicitations. Elle et lui sont à la recherche de la même chose : du sang frais.
Vampire et suicidaire
Vampires, ils sont quasi immortels mais doivent se méfier. Terminé le temps où il suffisait de traîner dans certains lieux interlopes pour trouver une âme perdue qui étanchait leur soif. Les maladies, notamment celles du sang, compliquent leur tâche. Adam négocie directement avec un laborantin véreux qui lui revend du sang contrôlé destiné aux transfusions. Dans un petit café fréquenté seulement par des hommes qui jouent aux dominos, Eve a un bon ami ; il lui cède une partie de son approvisionnement en provenance du stock « d’un bon docteur français ».


Eve et Adam ont été mariés. Trois fois, dont la dernière au XIXe siècle. Leur discrétion leur permet de survivre dans un monde implacable. Si le personnage interprété par Tilda Swinton éprouve encore du désir et de la curiosité, celui de Tom Hiddleston est en pleine dépression. Passionné de musique, il compose mais ne veut plus que ses œuvres soient diffusées. Les Humains (les Zombies comme il les appelle dédaigneusement) l’horripilent. Ils massacrent leur planète alors qu’il serait si simple de la préserver. Conséquence, le vampire immortel cherche un moyen efficace pour se suicider... Eve, consciente du danger, quitte l’Afrique pour Detroit. Réunis, les amants errent dans les ruines de la ville industrielle avant d’être rejoints par Ava, la sœur d’Eve, vampire elle aussi, mais jeune et extravertie. Le début des vrais ennuis car « ce n’est jamais simple la famille ».
Loin de ne s’adresser qu’aux amateurs de films de genre, Jim Jarmush truffe son œuvre de références culturelles, de Byron à Shakespeare en passant par Jack White (des White Stripes) ou le mystérieux et sulfureux Christopher Marlowe (John Hurt). Le tout avec une bande-son de toute beauté, envoûtante. On retrouve Sqürl, le groupe de Jarmush mais aussi des compositions du musicien néerlandais Jozef Van Wissem ou de la Libanaise Yasmine Hamdan. Enchantement des yeux, bonheur des oreilles et parfait excitant des méninges, le dernier film de Jim Jarmush a tout du chef-d’œuvre qui vous prend aux tripes.
Michel Litout
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Deux décors, deux mondes

YasmineCinéaste américain, Jim Jarmush a financé son dernier film avec des capitaux allemands. Si de nombreuses scènes en intérieur sont tournées à Cologne, il a planté le décor de son histoire de vampires romantiques dans deux villes radicalement différentes. D’un côté Detroit et ses immenses friches industrielles, désert de briques et de béton envahi d’herbes folles, à la splendeur passée. De l’autre Tanger, la vieille ville africaine aux ruelles tortueuses et pentues, comme dans un labyrinthe vieux de plusieurs siècles. Là, la vie grouille, on est abordé à chaque encoignure et les bars sont ouverts sur l’extérieur. C’est d’ailleurs de la rue qu’Adam entend pour la première fois Yasmine (photo) en concert dans un minuscule boui-boui.
Ce grand écart entre les décors conforte la double poésie du film. Toujours montrés de nuit, les anciens théâtres ou usines de Detroit abritent dans leur silence et leur solitude les errances des deux vampires pleurant une civilisation morte. À l’inverse, la vie exubérante de Tanger, son romantisme intact depuis des siècles, leur apportent cette petite étincelle de vie. La nuit y est belle et pleine d’espoirs.

mercredi 19 février 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : Non, le Premier ministre de Nouvelle-Zélande n'est pas un reptile

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"Je ne suis pas un reptile". Cette étonnante déclaration est sortie, la semaine dernière, de la bouche du Premier ministre néo-zélandais John Key. "Je ne suis jamais allé dans l'espace. Je suis un Kiwi ordinaire", a-t-il continué lors d'une rencontre avec des journalistes.
Si le personnage politique le plus important en Nouvelle-Zélande tient de tels propos, c'est simplement pour couper court à une incroyable rumeur. Un certain Shane Warbrooke, citoyen d'Auckland, a officiellement interrogé le cabinet du Premier ministre en lui demandant de lui apporter la preuve - comme le permet la loi - "qu'il n'est pas un reptile alien usant de la forme humaine pour la conduire à l'esclavage." Des élucubrations qu'il puise dans la théorie du complot propagée par un certain David Icke, ancien footballeur professionnel anglais, persuadé que des reptiles humanoïdes dominent secrètement le monde. Pour ceux qui seraient tentés de croire Icke, rappelons que l'affaire ressemble furieusement au scénario de la série télé "V".
John Key, non sans une bonne dose d'humour, a poussé l'absurde au maximum. Non seulement il a passé une visite médicale auprès d'un docteur pour être certain de son humanité, mais il a aussi consulté... un vétérinaire. Le verdict est sans appel : "Je ne suis pas un reptile".
Cela fait rire la planète entière, sauf Shane Warbrooke. Dans une réponse tout aussi officielle, il prétend maintenant que le médecin et le vétérinaire sont eux aussi des aliens reptiliens. Une histoire qui se mord la queue... de lézard.
En bonus, la déclaration surréaliste du Premier ministre néo-zélandais...

Premier ministre Néo-Zélandais : "Je ne suis... par lemondefr
Et un extrait de la série V, l'ancienne et la nouvelle.


DVD : La totale de Tati en coffret chez Studiocanal

Studiocanal propose l'intégrale des œuvres restaurées de Jacques Tati dans un coffret DVD ou Blu-ray.


tati, école facteurs, coffret, hulot, studiocanalPerfectionniste, Jacques Tati n’a pas beaucoup tourné. Mais chacun de ses films fait partie du patrimoine cinématographique français. De « Jour de fête » à « Parade », Tati n’a que six longs-métrages à son actif. Avec les deux chefs-d’œuvre que sont « Les vacances de Monsieur Hulot » et « Mon oncle ». La restauration a pris de longues années. Avec le secours de toutes les nouvelles technologies numériques, les pellicules d’époque ont été analysées, traitées, nettoyées de certaines imperfections et défauts, « tout en veillant à ne jamais dénaturer l’œuvre originale ». Le résultat est éblouissant, donnant une nouvelle modernité à des films qui ont fait rêver et rire des millions de spectateurs. Pour chaque film des bonus sont proposés (versions colorisées, films didactiques par l’exégète Jacques Boudet) dont un long reportage de la chaîne de télévision américaine ABC sur le tournage de « Playtime » dans la ville moderne entièrement reconstituée en studio. Enfin découvrez les débuts de Jacques Tati. Simple clown burlesque dans « On demande une brute », il tient déjà son personnage de Jour de Fête dans les 15 minutes du très pédalant « École des facteurs ».

mardi 18 février 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : Christina Cordula Taille patron

couture, cordula, m6, tissus, télétéalité

Après les bactéries (C'est du propre), la bouffe (Top chef) et les viennoiseries (le meilleur boulanger de France), M6 s'attaque aux fringues. Christina Cordula tourne actuellement l'adaptation d'une émission anglaise sur... la couture. "Cousu main", verra dix passionnés s'affronter. Ils tenteront de "prouver qu'il est possible de confectionner à moindre coût les vêtements tendance que tout le monde aime porter."
Franchement, à part demander aux plus beaux mannequins actuels de porter les "créations" de ces amateurs (avec si possible des images en coulisse les plus dénudées possible), je ne vois pas comment le public sera captivé par des mamies expertes en napperons ou des mamans soucieuses de leur budget - et du look de la famille n mais déjà débordées. Car la couture, malgré l'émergence de quelques créateurs novateurs, reste l'affaire des mères au foyer (loin de moi l'intention de critiquer ces travailleuses de l'ombre), et de dames d'un certain âge. Sans trop caricaturer (quoique !), la couture passionne surtout les premières, quand leurs maris sont au boulot et les secondes lorsque les mêmes s'adonnent à la pétanque. Clichés ?
Pas selon mon épouse qui a assisté récemment à la démonstration d'un système révolutionnaire (et prohibitif) pour se passer de patron dans un magasin de tissu. J'ai bien rigolé à son compte-rendu de cette "expérience". Entre les ficelles trop visibles du commercial et l'espièglerie de notre chère voisine trop contente de lui en apprendre, elle a passé un moment plein d'enseignement et de drôlerie. Le voilà peut-être le bon concept d'émission.
Bonus : vous ne connaissez pas Christina Cordula ? Session de rattrapage avec cette vidé"o d'une de ses émissions sur M6.


 Chronique "De choses et d'autres" parue ce mardi en dernière page de l'Indépendant. 

BD : Papiers courts chez Delcourt


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A l'heure où l'ogre numérique menace de tout dévorer sur son passage, notamment le livre imprimé sur du bête papier, certains auteurs ont volontairement lancé une expérience digne du siècle dernier : créer une revue de BD. Lewis Trondheim est derrière ce projet intitulé « Papier ». Cela ressemble à un livre de poche de 200 pages, du noir et blanc simple et un générique entre valeurs sûres, petits jeunes et découvertes internationales. Le second numéro vient de sortir (disponible dans les librairies spécialisées). On retrouve une longue histoire politique de Trondheim himself, mais les deux véritables pépites sont placées au début et à la fin. En ouverture de ce numéro sur la famille, Pénélope Bagieu, dans un style moins léché, plus torturé, revient sur la mort de son père et les jours qui ont suivi. En fin de volume, Julien Frey (dessin de Mermoux) raconte sa première rencontre avec son père. Rien que pour ces deux histoires complètes, Papier mérite votre attention et montre toute l'étendue des talents de la BD actuelle.

« Papier » (numéro 2), Delcourt 9,95 €

lundi 17 février 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : Perché et à poil

nu.JPG
Tout le monde se réjouit de l'exploit de Renaud Lavillenie. Devenu l'homme le plus haut du monde (6,16 mètres à la perche samedi en Ukraine), même Jean-François Copé doit jubiler. Il y a quelques années, Lavillenie était un des rares athlètes à avoir taclé son collègue Romain Mesnil. En panne de sponsor, Mesnil diffuse sur le net un film où il court, perche en main, dans les rues de Paris. Détail qui tue : il est nu comme un ver.
Copé, grand croisé contre le "tous à poil" depuis une semaine, n'a pas relevé à l'époque. Lavillenie si. Il déclare dans Sud-Ouest : "Je n'adhère pas du tout à ce qu'il fait. Ce n'est pas une démarche sportive, ce n'est pas comme ça qu'on cherche des sponsors. (...) Je ne fais pas de la perche pour qu'on parle de moi, chacun son truc".
C'était en avril 2009. Deux ans plus tard, Lavillenie participe à une publicité pour une marque de slips. Devant appareils photos, caméras et équipe technique, les publicitaires ont la brillante idée de le faire sauter en sous-vêtements. Puis sans… Donc, Mesnil se met à poil pour trouver des sponsors et Lavillenie se retrouve à poil à cause de ses sponsors, après avoir clamé haut et fort que ce n'est pas son truc. Dans un cas comme dans l'autre, le sport est loin, très loin. Par contre, côté régal des yeux, nombreuses (et nombreux…) sont ceux qui ont détaillé sa plastique parfaite.

Et si l'histoire se répète, Jean-François Copé tournera son clip de campagne pour les présidentielles de 2017 dans le plus simple appareil…
Chronique "De choses et d'autres" parue ce lundi en dernière page de l'Indépendant. 

BD : Délicat retour à Berlin pour Miriam Katin


Miriam Katin, lacher prise, seules contre tous, allemagne, guerre, futuropolis
Découverte en 2008 avec « Seules contre tous » le récit de son enfance, Miriam Katin revient à la BD dans « Lâcher prise », album dans lequel elle se raconte, sa vie aux USA et son très temporaire mais difficile retour en Allemagne. Cette graphiste très recherchée dans les studios d'animation des majors américaines, a changé de registre. Après le succès de son premier album, elle se cherche. Difficile d'être un espoir de la BD internationale à 71 ans. Elle revient sur ce succès, les expositions qui ont suivi. Fière d'être Juive et Américaine, elle s'étonne quand son fils lui demande d'entamer des démarches pour obtenir la nationalité Hongroise. Cela lui permettra de s'installer plus facilement à Berlin. Cette annonce est un choc pour Miriam. Elle n'a pas encore pardonné à ce pays qui a massacré les siens. Malgré ses appréhensions elle ira à Berlin, rendre visite à son fils et sa compagne. Un séjour où elle se rend sur quelques lieux de pèlerinage et comprend que plus rien n'est comme avant. Elle retournera dans la capitale allemande pour une expo au Musée juif. La BD, loin d'être trop sérieuse, montre toutes les coulisses de ces deux voyages : les ennuis de santé, les doutes et errances. Le tout dessiné aux pastels de couleur.

« Lâcher prise », Futuropolis, 22 €

dimanche 16 février 2014

Livre : La dissolution de la campagne dans "Le village évanoui" de Bernard Quiriny

Avec des « si » on refait le monde. Bernard Quiriny dans « Le village évanoui » se contente d'imaginer quelques milliers de provinciaux coupés de la civilisation.

village évanoui, quiriny, flammarionOn se souviendra longtemps de ce 15 septembre 2012 à Chatillon, charmant village de la Bierre entre Auvergne et Morvan. Pour certains habitants c'était la fin du monde. Pour d'autres, le début d'une autre ère. Ce 15 septembre, tout a commencé par l'épidémie d'une panne de voitures, au même niveau de la route conduisant à Névry, la capitale économique et départementale de la région. Arrivé à un certain endroit, le moteur cale. Quand certains travailleurs ont tenté de prévenir leurs patrons qu'ils arriveraient en retard, impossible d'avoir du réseau. Par contre ils ont pu téléphoner à familles et amis de Chatillon pour venir les récupérer. Rapidement, les élus et gendarmes se rendent sur place. Et découvrent que le phénomène est généralisé à toutes les routes du canton. Passé un certain périmètre, les véhicules s'immobilisent. Les téléphones ne passent plus. Internet est muet de même que les radios et les télévisions. A la fin de la journée l'évidence s'impose à tous : Chatillon est coupée du monde.

Le Dôme du terroir
Le début du roman de Bernard Quiriny a des airs de thriller fantastique à la Stephen King (on pense à Dôme, notamment). Mais avec un phrasé, des personnages et des réactions plus proches du roman de terroir. Un grand écart parfaitement voulu par cet auteur belge qui a remporte de nombreux prix avec ses recueils de nouvelles. Une fois le postulat de départ accepté par le lecteur (Chatillon n'a plus de contact avec l'extérieur, la communauté va devoir vivre en autarcie pour une durée indéterminée), place aux intrigues, rebondissements et autres péripéties pour ces hommes et femmes qui n'étaient pas préparés à un tel destin. Car en fait, ils vont devoir réinventer la civilisation. Pas moins.
On suit les hésitations du maire, plus gestionnaire que visionnaire. Du chef des gendarmes, bien embarrassé car toute infraction ne peut plus avoir de suite, juges et tribunal ayant disparu du canton. Le curé se réjouit du regain de foi de ses ouailles, si perdus qu'ils s'en remettent au Seigneur. Mais attention aux dérives sectaires.
Certains jouent collectif. D'autres sont d'irréductibles solitaires. Les vivres commencent à manquer. Le désespoir à gagner. Même le retour du printemps ne parvient pas à redonner le moral aux habitants de plus en dépressifs, voire suicidaires.
En fait la vie de la communauté change quand un paysan bourru, Jean-Claude Verviers, refuse de se plier aux injonctions du maire lui ordonnant de partager ses vivres. Car ce travailleur infatigable, célibataire, ne jurant que pour son troupeau de vaches et ses champs, refuse de céder la moindre de ses richesses à cette horde de paresseux vaniteux. Sa philosophie est simple : « La plupart des gens n'ont au fond aucune raison d'être malheureux ; ils ne le sont que parce qu'ils regardent au loin, apprenant ce qu'ils ne devraient pas savoir. Une cause du malaise contemporain était le ressentiment et l'envie qu'inspirait aux humbles le spectacle télévisée de la richesse et du luxe. » Sur ce postulat, il va tout simplement faire sécession, provoquant une véritable tension internationale entre sa ferme et le reste du canton. C'est la partie du roman la plus passionnante. Comment deux communautés s'affrontent, se trouvent des leaders, cherchent à dominer son voisin. Le village de Chatillon, après une année d'isolement, se retrouve à singer les Nations.
A la limite de l'étude sociologique, le roman s'emballe et le lecteur se passionne. Quant au dénouement du livre, mieux vaut ne pas en dire un mot et laisser au lecteur le plaisir de découvrir comment l'auteur se tire brillamment de cette histoire sans fin.

« Le village évanoui », Bernard Quiriny, Flammarion, 17 €

samedi 15 février 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : Quand le moins vaut plus

Toujours plus ! On en veut toujours plus. Mais ce concept a ses limites dans une société de consommation toujours à l'écoute des envies des clients. S'il reste quelques îlots de ce principe (forfait avec SMS illimités ou buffet libre dans des restaurants privilégiant la quantité à la qualité) la mode est plutôt aux moins. Aux "sans" exactement.
Dans l'alimentaire, par exemple, après avoir listé tout ce qui était dommageable pour la santé, les industriels ont trouvé un filon pour lancer de nouveaux produits. Les sodas font grossir ? Pas de problème, les versions light prennent le dessus. Sans sucre, sans caféine... Le produit est quasiment le même. On a simplement enlevé un petit quelque chose. Et comme les grands groupes capitalistes sont pleins de ressources, ils trouvent le moyen de nous faire acheter plus cher ce qui leur coûte moins cher.
La brèche ouverte, ils rivalisent tous d'imagination pour trouver l'ingrédient qui va faire vendre... par son absence. On voit donc fleurir les produits sans gluten ou sans lactose pour des histoires d'allergies pas toujours évidentes. Dans les confitures, ils osent le "sans sucre ajouté" alors que c'est le principe même de la recette... Ne parlons pas des bières sans alcool, parfaitement imbuvables ou des produits sanitaires sans paraben dont je ne connaissais pas l'existence avant qu'il ne disparaisse...
Parfois je rêve d'inventer un cocktail à base de sucre, de gluten, de lactose, de paraben et de caféine. J'en ferai boire une dose à tous ces empêcheurs de consommer en paix. S'ils disent vrai, c'est la mort assurée.

DE CHOSES ET D'AUTRES : La bêtise, cul sec, avec Neknomination

neknomination,alcool,facebook,idiots,chaineAvec le phénomène Neknomination sur Facebook, les détracteurs des réseaux sociaux ont une nouvelle raison de dénoncer l'effet viral de la bêtise. Neknomination est un défi destiné aux jeunes adultes. Il s'agit de se filmer en train de boire cul sec un verre d'alcool puis de désigner trois de ses amis qui devront faire pareil, voire mieux, dans les 24 heures. Les vidéos Neknomination se propagent de page en page. Certaines restent banales, d'autres deviennent beaucoup plus inquiétantes.
L'alcool et les jeunes n'ont jamais fait bon ménage. Le sempiternel "avec modération" est peu respecté dans ce qui est pour beaucoup un simple jeu. Dangereux quand même. Gare aux effets foudroyants d'un verre d'absinthe à 70 ° bu d'une traite. Les mélanges explosifs ne sont pas sans risque. On peut voir un participant boire le mélange de dix sortes d'alcools forts (du rhum au gin...), le tout dilué dans sa propre urine... Un autre, dans un bar à strip-tease en Thaïlande, s'enfile trente shoots de tequila en moins d'une minute.
Neknomination est marqué aussi par une volonté de transgression. Sur quantité de films, les participants se montrent en slip ou complètement nus. Quand l'exhibitionnisme rejoint la bêtise, le summum de la décadence. Sur la page Facebook de Neknomination France, l'administrateur, face aux critiques, tente de se dédouaner : Boire cul sec "ça n'a jamais tué personne" et "si les gens sont assez cons pour prendre le volant après avoir bu, c'est pas notre problème." Attention, la Justice pourrait avoir un avis différent.
En bonus, une compilation des "meilleurs" neknomination.

Et cette autre vidéo pour expliquer l'idiotie du challenge...

Cinéma : Période noire, images grises dans "Ida"


Avec le portrait d'Ida, le réalisateur Pawel Pawlikowski revient sur la Pologne des années 60.
Pawel Pawlikowski, ida, pologne, religion
En noir en blanc, personnages souvent immobiles dans un cadre épuré, campagne hivernale et boueuse ou forêts impénétrables : Ida a tout du film graphique à forte teneur artistique. Pourtant son réalisateur a débuté en tournant nombres de documentaires pour la BBC. En s'attaquant à la fiction, il change de registre, conservant cette science du cadrage et de la mise en abîme de ses sujets. Ida se déroule en Pologne durant les années 60. Le pays, après la guerre avec l'Allemagne, la domination soviétique et les purges staliniennes sanglantes, arrive à vivre presque normalement. D'autant que le régime, malgré sa sévérité, a toujours préservé les institutions religieuses. Dans un couvent, Ida (Agata Trzebuchowska), jolie novice au sourire rare mais lumineux, va prononcer ses vœux dans quelques jours. Avant ce renoncement, elle part à la rencontre de son unique famille, une tante qu'elle n'a jamais vue. Orpheline, elle a été élevée chez ces sœurs qu'elle désire ardemment rejoindre. Valise à la main, elle débarque un matin chez Wanda (Agata Kulesza), fervente communiste qui a mis sa vie au service du régime. Juge, elle n'a plus trop de pouvoir mais bénéficie d'une appréciable liberté de mouvement. Wanda et Ida partent à la recherche de la tombe des parents d'Ida. Une quasi enquête policière car ils étaient juifs. Une révélation pour la jeune fille, qui n'ébranle pas sa foi chrétienne. Pas plus que le sort réservé à ses parents, durant la guerre, par ces « bons catholiques » si vite pardonnés après une confession, deux pater et un « Je vous salue Marie »... La force du film réside dans la reconstitution fidèle de cette période. Comme si le périple des deux femmes que tout oppose, était filmé comme un documentaire. Avec sincérité, sans concessions. On est plongé dans un autre monde, partagé entre grands idéaux contraires. Le noir et blanc renforce le côté gris et terne des regrets. Agata Trzebuchowska apporte fraîcheur et spiritualité au rôle d'Ida, qui mettra longtemps avant de choisir la vie qu'elle se réserve.

BD : Collision d'égos à Whaligoë


Whaligoë, romantique, écosse, yann, augustin, casterman
On n'arrête plus Yann. Le scénariste des Innommables multiplie les projets. Sans distinction de maison d'édition. Cette fois c'est chez Casterman (d'ici à ce qu'on lui propose la reprise de Tintin qui se murmure de plus en plus...) qu'il imagine les péripéties d'un couple improbable en plein romantisme du 19e siècle. Douglas est un dandy, érudit et poète. Speranza, sa maîtresse, est aussi belle que dépendante à la drogue, du laudanum en l'occurrence. Ils sont bloqués à Whaligoë, petite bourgade écossaise. Douglas tente de découvrir qui se cache derrière le pseudonyme d'Ellis Bell, écrivain dont la première publication est d'une extraordinaire beauté. Un certain Branwell, brute épaisse, vulgaire et illettrée, prétend être cet écrivain promis à un bel avenir. Douglas ne le croit pas et le défie en duel. La dernière partie de ce diptyque dessiné par Virginie Augustin permet à Yann de pondre quelques vers et allégories que Chateaubriand ne renierait pas. Car décidément, l'ancien trublion des Hauts de page de Spirou sait tout faire.

« Whaligoë » (tome 2), Casterman, 13,50 €

jeudi 13 février 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : Oiseau flapi

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Séisme dans le petit monde des jeux vidéo pour smartphones. Le dernier succès du moment, Flappy Bird, n'est plus disponible. Une décision, du jour au lendemain, de son créateur le Vietnamien Nguyen Ha Dong. Il s'explique dans un tweet : "Flappy Bird est mon succès mais il a aussi ruiné ma vie simple. Alors je le déteste maintenant." Résultat le jeu n'est plus disponible sur les plates-formes de téléchargement. Gratuit, simple et très addictif, Flappy Bird générait 50 000 euros de revenus publicitaires par jour.
Est-ce cette fortune subite qui a tourné la tête du créateur ? A moins qu'il ne s'agisse d'un coup de pub ? Autre explication, les problèmes juridiques potentiels : Flappy Bird ressemble beaucoup à un autre jeu, Piou-Piou, imaginé par Kek, dessinateur français.
En fait, on se retrouve face à une situation incompréhensible dans tous les domaines. Premièrement, le jeu, en deux dimensions, semble tout droit sorti d'une console Nintendo, première époque. Pourquoi rester hypnotisé des heures devant ce piaf qui monte et descend entre des tuyaux ? Deuxièmement le retrait du jeu en quelques heures au sommet de sa popularité, c'est comme si un gagnant au loto qui a tiré six bons numéros ne voulait en toucher que les gains de cinq. A moins qu'il ne soit encore plus gourmand. Si le jeu réapparaît dans une version payante (juste quelques centimes) ce n'est pas une fois que Nguyen Ha Dong aurait gagné au loto, mais une dizaine de fois... On devrait rapidement le savoir car tout buzz a une durée de vie très limitée.
En bonus, une vidéo sur les conséquences (parfois dramatiques) de ce jeu simple mais addictif. 

Cinéma : le retour marrant des Inconnus

Les Inconnus se reforment enfin. Après trop d'années d'absence, ils vont nous faire rire dans Les 3 frères, le retour, véritable feu d'artifices de gags et de situations loufoques.

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Mais pourquoi ont-ils tant attendu ? Véritable phénomène du rire dans les années 90, le trio des Inconnus, après avoir fait rire la France entière dans des sketches à la télévision, se lancent dans l'écriture d'un film. Le pari est risqué. Remporté haut la main, « Les trois frères » totalisant plus de 6,7 millions d'entrées. Quelques films plus tard, moins réussis il faut le reconnaître, ils se séparent et entament des carrières solo. Bernard Campan s'essaye aux rôles dramatiques. Didier Bourdon prend pas mal de kilos et de bides. Pascal Légitimus joue beaucoup à la télévision et au théâtre, notamment avec Mathilda May la pièce à succès « Plus si affinités ». Sur les planches, un soir, Bourdon et Campan rejoignent Légitimus pour plaisanter. La magie opère. Le trio prend du plaisir, le public en redemande : Les Inconnus annoncent dans la foulée leur intention de se reformer pour réaliser la suite de leur premier succès. Trois années plus tard le résultat est à l'affiche, belle réussite, entre gags nostalgiques et nouvelles trouvailles.

Le film reprend 18 ans après la fin du premier. De nouveau, les trois frères Latour sont réunis autour d'une convocation judiciaire. Après le décès de leur mère, une chanteuse française émigrée aux USA, ils reçoivent une notification pour recueillir ses cendres et régler les deniers détails de la succession. Toujours aussi avides d'argent, il se réjouissent un peu trop vite. En fait ils doivent rembourser à la multinationale américaine une avance sur un disque jamais enregistré. Déjà que les retrouvailles étaient peu chaleureuse, l'annonce qu'ils sont endettés solidairement plombe encore l'ambiance.

Parcours divergents
Mais avant de savourer ce rebondissement, le spectateur découvre avec plaisir ce que sont devenus les trois frères. Didier, marié à une horrible mégère dans l'espoir d'hériter, fait croire qu'il est professeur dans un lycée parisien prestigieux. En réalité il vend des sextoys sur internet depuis sa voiture stationnée sur le parking d'une grande surface en banlieue. Il est odieux, avare prétentieux et mesquin. On retrouve enfin le Didier Bourdon aux répliques implacables. Bernard vit dans une roulotte de cinéma, tentant de percer dans le One Man Show. Sa seule apparition remarquée, pour l'instant, il l'a réalisée, grimé en grosse peluche, dans une publicité d'aliment pour chien. Naïf et optimiste, c'est le seul qui est content de revoir ses frères. Cela ne va pas durer... Pascal semble le mieux loti. Il vit dans une immense villa, roule en voiture de luxe, est habillé avec goût et vit avec une mystérieuse Américaine qui ne cesse de lui donner du « Mon lapinou » au téléphone. Mais là aussi la réalité est moins reluisante qu'en surface.
Rapidement, les trois frères vont voir leur petit monde s'écrouler à cause de l'irruption des cendres de la mère absente. Ruinés, quasiment SDF, ils devront trouver refuge dans la caravane de Bernard, enchanté de passer plus de temps avec ses frères. Et une fois le trio reformé, place aux péripéties toutes plus dingues les unes que les autres, permettant aux Inconnus de se déguiser (Bernard Campan excellent en faux jeune à la banque) ou de ressortir, à bon escient, des phrases cultes comme le réjouissant « 100 patates ! ». Loin d'être exclusivement réservé aux nostalgiques du premier opus, ce « retour » réussi devrait toucher un public très large.
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Mais comment choisir ?

Dans une troupe ou un groupe, le public a toujours un préféré. La force des Inconnus réside dans leur parfaite complémentarité. Naturelle en plus, le trio s'étant formé spontanément au petit théâtre de Bouvard. 18 ans après le premier film, petit exercice critique sur trois fortes personnalités.
Pascal Légitimus a le mieux vieilli. Physiquement du moins. Il ne semble pas avoir changé. A peine quelques cheveux gris. Il joue de sa prestance, de son statut de beau gosse et d'étalon. Mais lui aussi dans le retour a pris les années en pleine face. Pour preuve il abuse de Bois bandé pour permettre à son bonsaï de redevenir le baobab de sa jeunesse...
Bernard Campan, quasi chauve, s'est détourné de la comédie ces dernières années. C'est peut-être la raison pour laquelle il est le plus utilisé dans les situations extrêmes. Déguisé en chien, travesti en femme, seul sur scène... il se donne au maximum. Il est le plus humain, le plus chaleureux. Mais quel boulet parfois !
Didier Bourdon a trop souvent déçu quand il était en solo. Dans le trio, son personnage, rond et bourru, pourrait être très sympathique. Mais le mauvais fond prend toujours le dessus. Cela donne le plus excessif des trois. Le plus incisif aussi. Car le faux prof de philo (dans le film), quand il se lâche, ne mâche pas ses mots. Cette méchanceté, digne des meilleures périodes de Hara Kiri, fait qu'on adore le détester.

mercredi 12 février 2014

Cinéma : Escroc un jour, escroc toujours dans "Abus de faiblesse" de Catherine Breillat

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Les artistes ont souvent besoin d'une muse pour enclencher le processus de création. Catherine Breillat, en découvrant Christophe Rocancourt et son histoire d'escroc de haut vol à la télévision a le coup de foudre artistique. Sa présence, son physique, son discours : tout dans cet homme sorti depuis peu de prison l'intéresse. « Il m'inspire. C'est un personnage formidable » explique-t-elle à ses amis inquiet ce cette attirance. Rocancourt aussi est « inspiré » par cette cinéaste et romancière. Victime d'un AVC, elle est très diminuée physiquement, le côté gauche quasiment paralysé. Par contre sa main droite, celle qui sert à signer des chèques est parfaitement valide. En quelques années Rocancourt se fera « prêter » plus de 800 000 euros. Escroc un jour, escroc toujours.


De cette histoire, véritable descente aux enfers d'une femme faible, comme ensorcelée, Catherine Breillat en a fait un livre. Et maintenant elle vient de porter son histoire sur grand écran. Pour jouer son rôle, elle a fait confiance à Isabelle Huppert, habituée des challenges difficiles. De la première scène, son réveil après l'attaque, chute du lit, appel des secours avec cette affirmation déconcertante « Je suis à moitié morte » à l'acceptation de sa déchéance face à ses proches, elle est parfaite. Même les passages où l'excès doit être de mise sonnent juste.
Débutant brillant
Si Isabelle Huppert explose à l'écran par son professionnalisme, sa science du jeu, elle ne peut pourtant pas porter le film seule. Il lui fallait un partenaire à la hauteur. Catherine Breillat a choisi Kool Shen, ancien chanteur de NTM. Quasiment son premier rôle. La réalisatrice, comme au temps de Rocancourt (elle voulait l'avoir comme acteur dans un film avec Naomie Campbell qui ne se fera finalement pas) a certainement eu le coup de foudre artistique pour un débutant brut de décoffrage. Kool Shen ne joue pas l'escroc. Il est l'escroc. Tout dans ses répliques, ses attitudes, ses grandes tirades sur ses déboires financières transpirent l'homme manipulateur, sans foi ni honneur. En face, la victime se laisse faire. Surtout car il lui permet de retrouver ce qui lui le plus manqué durant sa rééducation : le rire. Un petit rire aigu, comme la fillette que la réalisatrice redevient quand elle est en présence de ce flambeur arrogant, vulgaire et sans limite. 
A l'affiche au Castillet.

DE CHOSES ET D'AUTRES : Banane Chanel

La mode réserve bien des surprises. Dans les derniers modèles présentés par Chanel, je tombe sur une étonnante création de Karl Lagerfeld. Pas dans la coupe, tout à fait classique, mais dans l'utilisation des accessoires.
Allez savoir pourquoi, il affuble le mannequin de coudières et de genouillères. Comme si l'assurance avait imposé ces protections à des salariées dont l'activité est risquée. Chuter est si vite arrivé sur un podium. Surtout quand on doit marcher vite, sans regarder ses pieds et en tortillant du croupion.

A model presents a creation for Chanel during the Haute Couture Spring-Summer 2014 collection show, on January 21, 2014 at the Grand Palais in Paris.      AFP PHOTO / PATRICK KOVARIK

Mais la découverte la plus incroyable reste le sac banane autour de la taille de ces gravures de mode. Le bon vieux sac banane, si ringard quand il est porté par le touriste lambda ; particulièrement ridicule quand il accentue le rebondi d'une silhouette ventripotente...
Même griffé Chanel, un sac banane reste cet objet pratique mais étonnamment laid. Maintenant, il se peut que cette tentative de Lagerfeld de dédiaboliser le symbole absolu de la beaufitude trouve un écho favorable auprès des hordes de femmes prêtes à tout pour être dans le coup. Mais si cet été la banane devient le « it-bag », vous me verrez encore moins que d'habitude en bord de mer.

mardi 11 février 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : François Hollande à San Français-sco

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Demain, François Hollande clôture sa visite officielle aux USA par une escale à San Francisco. Il y rencontrera des représentants de l'importante communauté française installée près de la Silicon Valley. Des entrepreneurs dans les nouvelles technologies, souvent obligés de s'expatrier pour se trouver au plus près des innovations et des décideurs. Ne pensez pas que cette communauté ne compte que des techniciens surdiplômés et fortunés. La conquête de l'Ouest est ouverte à tous. Il suffit d'un peu de talent, de pas mal de volonté et de bonnes idées.
Exemple avec Laurel. Cette dessinatrice de BD originaire de Metz, aurait tout à fait pu vivre de ses albums et illustrations dans la presse jeunesse. Sa rencontre avec Adrien a changé sa vie. Il l'aime, elle l'aime. Mais là n'est pas le sujet, même si Laurel doit sa notoriété à son blog largement autobiographique. Le jeune informaticien cogite sur la conception d'un nouveau jeu vidéo. Laurel se charge d'en dessiner l'univers. Une première version remporte un joli succès. Limité. Le couple décide alors de faire le grand saut. Depuis près d'un an ils ont créé une société près de San Francisco et travaillent d'arrache-pied sur de nouvelles créations. L'idée, le talent, la volonté : la trilogie magique pour réussir aux USA. Je ne sais pas si Laurel et Adrien feront partie des Français conviés à rencontrer le président Hollande, mais ils le mériteraient.
D'autant que Laurel, sur son blog (bloglaurel.com) compare la vie en France et aux USA. Pour l'instant, à part le système de couverture santé, les States mènent largement...

BD : Collision de genres dans la vie du Chevalier d'Eon


chevalier d'Eon, Tonnerre, Maupré, Ankama, tzarine, Louis XV
L'étonnante existence du chevalier d'Eon n'est que très rarement enseignée en cours d'Histoire. Excepté, peut-être, dans la région de Tonnerre dont il est originaire. Agnès Maupré, après avoir réinventé la vie de Milady, le personnage d'Alexandre Dumas, romance celle de ce noble français, espion et confident de Louis XV. La particularité d'Eon c'est qu'aujourd'hui encore on s'interroge sur son véritable sexe. Homme parfois déguisé en femme ou femme ayant tenté de sortir de sa condition en se déguisant en homme ? Agnès Maupré choisit son camp. Eon a même de solides et volumineux attributs maniés avec dextérité par la Tzarine de Russie. Le premier travestissement a lieu dans un bal masqué. Remarquée par le roi, Léa de Beaumont (l'identité féminine du chevalier) est envoyée en Russie pour renouer les liens diplomatiques avec la puissance de l'Est. Le premier tome raconte ce long périple du chevalier, déguisé en femme, obligé de subir les assauts de soudards. Il accomplira sa tâche avec efficacité. En couleurs directes lumineuses, cette nouvelle série d'Agnès Maupré prouve toute la virtuosité d'une dessinatrice au service de ses personnages.

« Le chevalier d'Eon » (tome 1), Ankama, 15,90 €

lundi 10 février 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : Patinage ennemi

Sans vouloir marcher sur les plate-bandes de mon confrère Fabrice Voné (envoyé spécial de l'Indépendant à Sotchi, il nous fait vivre les compétitions mais également les coulisses des Jeux olympiques en pages Sports), j'ai laissé ma télé allumée samedi pour regarder les premières épreuves.
Passée la déception de la 6e place de Martin Fourcade (espérons qu'il fera mieux aujourd'hui) et en attendant la prestation de la jeune Perrine Laffont, voilà-t-y pas que le service public diffuse du patinage artistique avec l'inénarrable Nelson Monfort aux commentaires. Au panthéon des sports qui m'insupportent le plus, le patinage artistique remporte le premier prix haut la main devant le foot et le curling.
Je ne mets pas en doute les performances physiques des participants, simplement depuis toujours dans mon entourage, j'ai constaté que cette discipline ne plaît qu'aux personnes âgées. Et inconsciemment je me persuade que si je dois trouver un quelconque intérêt aux pirouettes, axels et autres vrilles, sourires - figés par le froid, sans doute - accrochés aux lèvres aussi solidement que les patins aux pieds, alors, malheur à moi, j'aurai basculé dans cette vieillesse ennemie.
Samedi, j'ai rapidement été rassuré. Je suis toujours « jeune » car je n'ai pas tenu longtemps. J'ai vite zappé sur le rugby à XV. Un bon match rugueux entre l'Écosse et l'Angleterre, avec hymne national à la cornemuse et coup de canon en préambule. Dans le public de Murrayfield aussi il y avait quelques jupettes (appelées localement kilts). Bizarrement, elles me font plus d'effet que celles des patineuses de Sotchi.

BD : Collision temporelle à la Porte de Brazenac


Porte de Brazenac, Léo, Rodolphe, Pion, Dargaud, faille temporelle
Seul dans son château désert, le baron Pierre de Brazenac est malade. Et désargenté. En cette fin du 16e siècle, dans cette province loin de tout, il a encore des privilèges, mais il sent bien que c'est la fin. Il l'explique à un visiteur, en route vers la capitale. Quelques jours plus tard, il assiste à un événement extraordinaire : son cheval disparaît, comme avalé par un monde invisible. L'animal réapparaitra le lendemain. Intrigué, le baron va retrouver de la vigueur pour dénouer cette énigme. Il trouvera l'endroit exact ou on disparaît. En fait passé la porte, on est dans une autre dimension temporelle, loin dans le futur. Le noble ne le comprend pas immédiatement. C'est sa rencontre, de l'autre côté, avec une jeune infirmière qui lui ouvrira les yeux. Léo et Rodolphe signent un scénario palpitant, aux multiples rebondissements. Quand passé et avenir se télescopent, cela fait des étincelles. Voire de grands incendies. Une matière en or pour Patrick Pion, le dessinateur de cet album dans lequel il alterne scènes en costumes et passages contemporains avec vélo, auto et avion de chasse.

« La porte de Brazenac », Dargaud, 15,99 €

dimanche 9 février 2014

BD : Dégueux mais marrants les héros de Garréra et Ghorbani


Garréra, Ghorbani, jungle, dégueux
Pour trouver de nouvelles idées, certains auteurs s'inspirent de leur quotidien ou de leurs proches. Par exemple Cauvin a créé les Femmes en Blanc suite à un séjour à l'hôpital et les Psys après quelques séances chez un spécialiste. Je ne veux pas savoir comment Jean-Luc Garréra, le scénariste, a eu l'idée des Dégueux. Contentons-nous de rire à ces gags un peu extrêmes dessinés par Ghorbani qui ne fait pas dans la dentelle côté caricature. Les Dégueux ce sont des adolescents peu soucieux de leur hygiène. Krass collectionne les crottes de nez et les croutes, Pustula est Miss acné depuis 5 ans, Pudubec a une haleine de chacal et Proutty Woman des flatulences plus toxiques que tout l'arsenal chimique syrien. Il ne faut pas être dégoûté pour savourer ces gags à base de morve, vomi et autres sécrétions extraites de pustules bien mûres. Félicitation d'ailleurs à la fabrication de l'album qui réalise une couverture en relief. Exactement, ce sont les boutons de Krass et Spot qui ressortent sous les doigts des lecteurs. Effet garanti ! Une idée de gadget pour le prochain tome : un sac à vomi, sûrement très utile pour les plus sensibles.

« Les Dégueux » (Tome 1), Jungle, 9,95 €