Pourquoi se priver d'exploiter une série qui marche ? Surtout quand les auteurs mettent autant d'application à faire ce spin-of. Les Spectaculaires, une bande de saltimbanques redresseurs de torts, imaginés par Régis Hautière et Arnaud Poitevin, animent depuis quelques années le catalogue des éditions Rue de Sèvres. Une BD s'adressant plutôt aux grands ados et adultes encore charmés par l'ambiance feuilletonesque du Paris du début du XXe siècle. Alors pourquoi ne pas décliner l'idée avec les même héros, mais encore enfants. Cela donne les Pestaculaires, gamins des rues déjà intrépides et très doués pour s'attirer les ennuis et résoudre les énigmes. Le dessin, un peu plus simple, les intrigues moins fouillées, font que l'ensemble s'adresse aux plus jeunes. Une excellente façon de découvrir la BD en général.
Comme dans la série d'origine, c'est la jeune et très acrobate Pétronille qui donne le "la". Elle est l'âme du groupe, la fille qui n'a jamais peur et fonce dans le tas. Cela permet à ses trois copains d'oublier leurs jeux enfantins pour aller à sa rescousse. Evariste deviendra un homme volant, Félix un loup-garou et Eustache un homme de fer. Dans le second album, la petite bande découvre avec joie qsue les rues de Paris se couvrent de neige. Manque de chance, c'est aussi à cette occasion que leur plus grand ennemi, Ignace, s'évade de la prison avec ses complices. Avec une seule idée en tête : se venger des Pestaculaires. Ces derniers, dans un moulin abandonnés, découvrent le plan d'un trésor. Celui des dames de Montmartre. Le début d'une chasse au trésor dans Paris, avec aussi course-poursuite entre les enfants, Ignace et ses comparses, la police et un mystérieux voleur qui signe ses forfaits de l'étrange message "Arsène Lapin, le gentleman cabrioleur". Et des cabrioles, il va y en avoir à foison dans un théâtre abandonné.
Une série joyeuse, gaie, trépidante et inventive tout en rendant hommage à un style de littérature qui a fait rêver plusieurs générations de Parisiens et de Provinciaux.
"Les Pestaculaires" (tome 2), Rue de Sèvres, 48 pages, 13 €





« Fatale », polar de Jean-Patrick Manchette paru en 1977 est peut-être le plus sombre et nihiliste des romans de l'écrivain trop tôt disparu. Doug Headline en signe l'adaptation et Cabanes les dessins. Un récit au long cours de 130 pages avec des airs de Simenon pour la description des notables de banlieue et de roman noir américain pour le personnage d'Aimée. La jeune femme aux cheveux noirs apparaît dès les premières pages. Une partie de chasse entre amis. L'un d'entre eux s'isole. Aimée arrive, lui sourit, le tue. Dans le train de nuit qu'elle prend dans la foulée, elle change de tête. Blonde et bouclée, elle débarque à Bléville. Son bord de mer, ses industries agroalimentaires. Sous une couverture de riche veuve qui cherche une propriété tranquille, elle s'intègre à la bonne société de la cité. Industriels, médecin, notaire : elle les intrigue et devient l'amie de leurs femmes. Patiemment Aimée va tisser sa toile d'araignée pour tout connaître de leurs travers, grands et petits secrets. Alors elle pourra faire ce pour quoi elle est venue. La BD, fidèle au roman, est le portrait d'une femme dangereusement désespérée. Son passage à Bléville laissera des traces. Rouges et sanglantes...
La belle Livia est elle aussi au centre de « Perico », série écrite par Régis Hautière et dessinée par Philippe Berthet. Cette jeune Cubaine, après une enfance malheureuse, est vendue à un parrain de la drogue. Dans la première partie, elle profite de la fuite aux USA du jeune Joaquim, un employé du trafiquant, pour s'évader avec lui. Ils volent au passage une valise pleine de billets. La seconde partie du récit vient de paraître et se déroule entièrement aux USA, à la fin de ces années 50 où la corruption est partout. Le rêve américain aussi. Livia voudrait devenir actrice à Hollywood. Dans une belle décapotable, elle va traverser les States avec Joaquim en chevalier servant. Mais le rêve devient cauchemar... un trio de tueurs cubains, bénéficiant de complicités dans la police et les syndicats de routiers, va traquer les deux jeunes en cavale. Berthet, qui a désormais sa propre collection (Ligne noire), excelle dans ces décors rétros. Il revient un peu à ses premières amours, du temps du « Privé d'Hollywood » avec Bocquet et Rivière.





