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vendredi 14 février 2025

BD - "Les navigateurs" raconte l'histoire de Paris, cité lacustre et fantastique

Voir Paris différemment. Loin des clichés touristiques, d'une cité figée dans un passé récent. Le roman graphique "Les navigateurs" de Serge Lehman et Stéphane de Caneva est digne d'une expérience psychédélique. Vous allez pénétrer dans un monde que vous ne soupçonnez pas, une monde fantastique rempli de monstres sévissant dans les profondeurs de la capitale depuis des siècles et des siècles. Du noir et blanc, entre enquête contemporaine, plongée dans le surréalisme et visions cauchemardesques. 

Max
Pour prendre le chemin de la "vieille mer" et croiser le chemin de "l'aragne" ou des "mangles", le lecteur doit d'abord apprendre à connaitre les trois membres de la bande du Panorama. Trois ados de la banlieue (Clamart), qui 20 années plus tard, sont toujours en relation. Max, écrivain brimé, journaliste frustré mais vivant quand même de sa plume, Sébastien, héritier de la maison d'édition de son père et Arthur, l'aventurier, celui qui voulait découvrir le monde mais qui vit toujours à Clamart, une jambe en moins, handicapé ne survivant qu'avec sa pension et l'argent sale de petits trafics. 

Les trois copains ont intégré dans la bande, durant moins d'un an, une fille. Neige. Quand elle revient, ils décident de l'inviter dans une soirée de retrouvailles. Mais c'est dans sa maison que le groupe se reconstitue, découvre une fresque cachée sous une tapisserie moisie. 

Neige, Max et la fresque.

Le soir même, Neige disparait alors que Max est persuadé qu'elle est victime d'une araignée géante. Neige qui est dessinée, nue, sur la fresque.  

Le début, entre considérations d'adultes torturés par les contraintes d'aujourd'hui et irruption du fantastique dans leur quotidien est intrigant. Ils mènent l'enquête, découvrent un monde caché dans les quartiers populaires parisiens et finissent par enfin trouver une entrée vers le monde de la "vieille mer". 

Une histoire passionnante, qui pourrait se décliner en série télé (à condition d'y mettre le budget en décors et effets spéciaux). Les dessins de Stéphane de Caneva, en noir et blanc, avec quelques hommages à des graveurs du début du XXe siècle comme Odilon Redon, sont parfois à la limite de l'hypnose. Attention, à trop les regarder, vous pourriez vous aussi rencontrer l'aragne ou un mangle à l'odeur de boue et de déchets organiques en putréfaction. 

"Les navigateurs", Delcourt, 208 pages, 26,50 € 


mercredi 12 février 2025

BD - Les Pestaculaires à la chasse au trésor

Pourquoi se priver d'exploiter une série qui marche ? Surtout quand les auteurs mettent autant d'application à faire ce spin-of. Les Spectaculaires, une bande de saltimbanques redresseurs de torts, imaginés par Régis Hautière et Arnaud Poitevin, animent depuis quelques années le catalogue des éditions Rue de Sèvres. Une BD s'adressant plutôt aux grands ados et adultes encore charmés par l'ambiance feuilletonesque du Paris du début du XXe siècle. Alors pourquoi ne pas décliner l'idée avec les même héros, mais encore enfants. Cela donne les Pestaculaires, gamins des rues déjà intrépides et très doués pour s'attirer les ennuis et résoudre les énigmes. Le dessin, un peu plus simple, les intrigues moins fouillées, font que l'ensemble s'adresse aux plus jeunes. Une excellente façon de découvrir la BD en général.

Comme dans la série d'origine, c'est la jeune et très acrobate Pétronille qui donne le "la". Elle est l'âme du groupe, la fille qui n'a jamais peur et fonce dans le tas. Cela permet à ses trois copains d'oublier leurs jeux enfantins pour aller à sa rescousse. Evariste deviendra un homme volant, Félix un loup-garou et Eustache un homme de fer. Dans le second album, la petite bande découvre avec joie qsue les rues de Paris se couvrent de neige. Manque de chance, c'est aussi à cette occasion que leur plus grand ennemi, Ignace, s'évade de la prison avec ses complices. Avec une seule idée en tête : se venger des Pestaculaires. Ces derniers, dans un moulin abandonnés, découvrent le plan d'un trésor. Celui des dames de Montmartre. Le début d'une chasse au trésor dans Paris, avec aussi course-poursuite entre les enfants, Ignace et ses comparses, la police et un mystérieux voleur qui signe ses forfaits de l'étrange message "Arsène Lapin, le gentleman cabrioleur". Et des cabrioles, il va y en avoir à foison dans un théâtre abandonné. 

Une série joyeuse, gaie, trépidante et inventive tout en rendant hommage à un style de littérature qui a fait rêver plusieurs générations de Parisiens et de Provinciaux.

"Les Pestaculaires" (tome 2), Rue de Sèvres, 48 pages, 13 €  

dimanche 5 janvier 2025

Littérature – Quelques grands romans à redécouvrir dans des versions festives

Rééditions de prestige pour des romans d’anthologie. La fin de l'année est  aussi l’occasion de redécouvrir des histoires intemporelles qui ont marqué leur époque.


Sorti en 1984, Talisman de Stephen King et Peter Straub fait partie de ces grands romans fantastiques dont le héros, Jack Sawyer, gamin de 12 ans, devient un ami intime tant on vibre à ses aventures à la recherche du Talisman dans les Territoires pour sauver sa mère, malade.

Au début des années 80, Stephen King est déjà très célèbre. Peter Straub, dans un genre encore plus horrifique, est lui aussi considéré comme un grand romancier. L’envie de collaborer est immédiate et la trame du roman est trouvée dans un kebab londonien. C’est Stephen King lui-même qui l’affirme dans l’interview qui précède le roman dans cette très belle réédition chez Albin Michel (800 pages, 29,90 €). Raconte comment ils ont écrit à tour de rôle les chapitres, se les envoyant par modem (internet n’existait pas encore) par-dessus l’Atlantique.

Le texte final est d’une grande fluidité, une quête regorgeant d’inventions et d’épreuves.


Autre style littéraire avec le recueil de romans de Patrick Modiano intitulé Paris des jours et des nuits, paru chez Gallimard dans la toujours très élégante collection Quarto (1 020 pages, 27 €). Cette édition, réalisée par l’auteur, reprend de façon chronologique une dizaine de romans parus entre 1982 (De si braves garçons) et 2019 (Encre sympathique). 

Leur point commun : Paris, la ville que Patrick Modiano a sillonné depuis des décennies en long, en large et en travers, y puisant son inspiration.

Le Prix Nobel de littérature en 2014 propose en début de volume des photographies des divers lieux que l’on croise dans ses romans, des abattoirs de Vaugirard à la gare Saint-Lazare en passant par le bal de La Marine ou les Tuileries.



Classique un peu oublié de la littérature française, La Dame aux camélias d’Alexandre Dumas fils est de nouveau disponible chez Calman-Lévy (240 pages, 25 €) dans une édition collector, couverture cartonnée avec préface de Claude Schopp. Inspirée de sa propre liaison avec Marie Duplessis, cette dramatique histoire d’une femme qui se sacrifie par amour a été adaptée au théâtre.

On peut notamment découvrir la scène finale au début du film Sarah Bernhardt, la Divine, actuellement au cinéma, interprétée par une Sandrine Kiberlain possédée par son personnage. Une tirade inoubliable de la belle Marguerite : « J’ai toussé et craché le sang toute la nuit. Aujourd’hui je ne peux plus parler, à peine si je peux remuer les bras. Mon Dieu ! Mon Dieu ! je vais mourir. Je m’y attendais, mais je ne puis me faire à l’idée de souffrir plus que je ne souffre, et si… » Un des sommets du romantisme.

vendredi 25 octobre 2024

BD - Quand Paris se soulève


« Paris outragé, Paris brisé, Paris martyrisé ! Mais Paris libéré
! » Cette célèbre tirade du Général de Gaulle le 25 août marque la fin d'une des grandes batailles de l'Histoire de France (nom de la collection), la libération de Paris. Jean-François Vivier et Denoël ont retracé ces quelques jours avec la méticulosité des historiens. Dans un prologue, ils présentent les forces en présence.

Car les libérateurs n'arrivent pas forcément unis. D'un côté les communistes, de l'autre les Gaullistes. La libération de Paris est avant tout une affaire politique franco-française.


L'album raconte comment les Gaullistes tentent de temporiser pour permettre à la 2e DB de Leclerc de rejoindre la capitale et d'arriver en triomphateur avec De Gaulle. Les communistes sont au contraire déterminés à en finir le plus vite possible. Ils sont persuadés que les forces intérieures seront assez fortes pour repousser l'envahisseur. Alors qu'une trêve est négociée, les barricades communistes dans divers quartiers parisiens viennent provoquer l'armée allemande.

Surtout, les résistants du colonel Rol-Tanguy harcèlent les SS, mènent des raids contre les colonnes de l'armée d'occupation, n'ont qu'un seul mot d'ordre « A chacun son boche ». Par chance, dans les derniers jours, tous se retrouvent et participent, unis à la libération de la ville.

Mais au final c'est de Gaulle qu'un million de Parisiens acclament le 26 aout 1944 sur les Champs-Elysées. L'histoire alterne tractations politiques et coup de force armée avec aisance. Le dessin de Denoël, réaliste et fidèle, permet au lecteur de plonger au cœur de l'action, de l'Histoire.

« La libération de Paris », Plein Vent, 48 pages, 15,90 €
 

mercredi 10 janvier 2024

BD - Cape, épée et masque : "Gueule de cuir", le super-héros de la fantasy


Romancier reconnu dans le petit monde de la fantasy, Pierre Pevel a dans un premier temps adapté ses romans en BD. Désormais il crée des série originale pour le 9e art. Les amateurs sont aux anges car son imagination foisonnante fait des merveilles dans ce genre si particulier. 

"Gueule de cuir", sa dernière création en date, est dessinée par Créty. Un très grand illustrateur pour un monde qui ne l'est pas moins. Dans ce Paris entre renaissance et mondes magiques, un épéiste vit en gagnant des duels. 

Un soir, à la demande d'une mystérieuse beauté, il doit se rendre dans un quartier malfamé de Paris. Là, il viendra en aide à un homme attaqué par des brigands. Il les tuera tous et croit l'aventure terminée quand le secouru, sur le point de mourir, le transperce de son épée. Et immédiatement il lui recouvre le visage d'un masque de cuir. 

Voilà comment le héros devient à son corps défendant justicier de la nuit, obligé de combattre des forces maléfiques sous le nom de Gueule de cuir. On apprécie dans cette série le côté baroque, les combats millimétrés,  le mystère entourant les nombreux protagonistes et surtout l'invention du Zodiaque du Diable. Douze signes qui pourraient se décliner en autant d'albums si le succès est au rendez-vous.

"Gueule de cuir" (tome 1, l'épéiste), Bamboo Drakoo, 64 pages, 15,90 €

jeudi 25 mai 2023

BD - Le Paris de Pierre Pevel est magique


Le Paris des Merveilles est une série de romans signés Pierre Pevel. Un monde de fantasy, où le monde magique d’Ambremer communique avec le Paris du début du XXe siècle. Étienne Willem s’est approprié ce monde pour en signer une adaptation BD parfaite.


Ceux qui connaissent déjà cet univers retrouvent Louis Griffont, un mage luttant contrer les forces maléfiques. Ce premier tome est une sorte de mise en situation, l’occasion de présenter les protagonistes, une belle et mystérieuse cambrioleuse et une très méchante entité démoniaque.

« Le Paris des Merveilles » (tome 1), Bamboo Drakoo, 14,90 €

mardi 28 février 2023

BD - Des castagnettes pour les réfugiés climatiques du futur

David Ratte, auteur complet installé depuis quelques années dans les Pyrénées-Orientales, aime l’eau. Du moins il en met dans ses bandes dessinées récentes. Beaucoup dans le premier tome du 3e cycle de sa série vedette Le voyage des pères éditée par Paquet, beaucoup moins dans la suite de son roman graphique futuriste Réfugiés climatiques et castagnettes chez Grand Angle de Bamboo. Beaucoup d’eau dans le premier donc, puisqu’il s’agit d’une variation sur la vie de Noé et de son arche, beaucoup moins dans le second expliquant que le réchauffement climatique a transformé l’Europe du Sud en désert invivable. Conséquence, les habitants du nord, en l’occurrence les Parisiens, sont obligés d’héberger des réfugiés en provenance d’Espagne, du Portugal ou d’Italie.

Voilà comment Louis, fils de bonne famille, se retrouve à devoir accueillir dans son bel appartement une famille de Barcelone.

Tout se passe bien dans le premier album car Maria, la vieille mamie espagnole arrive en compagnie de sa petite fille, Nieves. Charmante, parlant le français, moderne, cette dernière ne laisse pas indifférent Louis. Mais face à l’agressivité des Français et le marasme économique, Nieves rejoint l’Allemagne, laissant Louis en tête à tête avec Maria ne parlant pas un mot de la langue de Molière.

La seconde partie de cette fable parfois triste, souvent comique et heureusement humaniste au final, montre l’évolution des relations entre Louis et Maria. Ce fils de grand bourgeois va découvrir dans cette grand-mère perdue mais pleine d’empathie, une mère de substitution. Avec une leçon au final : les étrangers permettent parfois de s’ouvrir sur le monde, de changer sa façon de voir et de mieux vivre les changements, voulus ou subis.

« Réfugiés climatiques et castagnettes » (tome 2), Bamboo Grand Angle, 15,90 €

mercredi 15 février 2023

Cinéma - “Goutte d’or”, bas-fonds urbains et fantastiques

Un soupçon de fantastique dans un univers urbain : Goutte d’or, film de Clément Cogitore, détonne dans un cinéma réaliste français social et souvent sans surprise. Du milieu abordé dans ce long-métrage, les marabouts sévissant dans les quartiers populaires de la capitale, le réalisateur a atténué le propos sur une simple escroquerie en glissant quelques signes inexplicables dans un scénario écrit au cordeau, tendu et sur la brèche.


Ramsès (Karim Leklou) a plusieurs rabatteurs qui écument les rues du quartier de Barbès et de la Goutte d’Or. Ramsès est un marabout, un médium, qui contre 100 euros vous permet de communiquer avec « l’être cher qui vous manque » selon le cliché répandu. Il a pris la suite de son père, devenu fou à force de voir des démons un peu partout. Mais Ramsès a les pieds sur terre. Avec ses complices, il a mis au point une combine pour découvrir les secrets de ses « patients ». Il prétend que ce n’est qu’un travail comme un autre.

L’exploitation de la crédulité a pourtant des limites. Notamment quand Ramsès a une véritable vision qui le conduit sur un chantier. Là, il découvre le cadavre d’un gamin des rues. Il faisait partie d’une bande venue de Tanger. Le faux marabout va tout faire pour tenter de sauver ces jeunes âmes en perdition.

Méfiez-vous des djinns de Goutte d’or, film envoûtant porté par un Karim Leklou transcendé.

Film de Clément Cogitore avec Karim Leklou, Malik Zidi 

 

jeudi 5 janvier 2023

BD - À la Bastille ! Avec des enfants

À Paris en 1789, le peuple a faim. Les ouvriers sont sans le sou, les artisans presque ruinés. Quant aux enfants des rues, ils se débrouillent comme ils peuvent. 

Cette nouvelle série de Bordas raconte comment Michel, fils d’un tailleur, va rejoindre une bande de petits voleurs qui vivent cachés sur les toits de la capitale.

Durant ce printemps de révolte, il se retrouve seul après que son père a été arrêté car un peu trop révolutionnaire. Du coup, Michel n’a plus qu’un but : aller libérer son père, emprisonné à la… Bastille.

« Les enfants perchés de la Révolution » (tome 1), 11,95 €

mardi 11 octobre 2022

Polar historique - Intrigues napoléoniennes

Été 1800. Paris bruisse de rumeurs. Napoléon, en campagne en Italie, aurait été défait. Immédiatement les intrigues se nouent pour récupérer le pouvoir tel un fruit mûr. Dans ce marigot, quelques têtes émergent. Talleyrand et Fouché en premier lieu. Le premier a tout connu, du sacre de Louis XVI à la révolution et l’avènement du Premier consul. Il est dans la place et manigance pour accroître sa fortune et son pouvoir. 

Fouché est l’homme de l’ombre, le chef de la police qui sait tout sur tout le monde. Ils vont s’affronter tout en déjouant les intrigues de Lucien, le frère de Napoléon et de Joséphine, la belle créole, femme du futur empereur. Tristan Mathieu, dans ce premier roman policier historique, déploie tout son savoir d’historien. Mais aussi de feuilletoniste puisque ces complots à tiroirs sont découverts par Armand de Calvimont, noble de Dordogne, revenu en France après quantité d’aventures aux quatre coins du monde. 

Fier et impétueux, il est au service de Talleyrand, surnommé le diable boiteux, et va croiser la route de la belle et tout aussi intrigante Julie de Swarte. 

Un roman enlevé, instructif, bourré d’action, d’énigmes, de combats et qui sera suivi d’une suite car cette partie de l’Histoire de France est riche de péripéties.

« 1800 » de Tristan Mathieu, Presses de la Cité, 21 €

lundi 25 avril 2022

BD - Paris nostalgie


Pierre Christin, scénariste de Valérian, cultive depuis quelques années sa nostalgie du XXe siècle. Il a confié à Jean-Michel Arroyo (dessinateur biterrois), l’illustration de cette tranche de vie d’un provincial monté à Paris en 1950. 


Antoine débarque de l’Aubrac et se retrouve embauché comme homme à tout faire dans un cabaret. Jolies nanas, trafics en tout genre et surtout mainmise de la mafia corse dans un milieu où il faut souvent oublier la légalité. Dans un noir et blanc au lavis, le Pigalle d’antan revit avec fusillades, jambes levées et amours impossibles. .

« Pigalle, 1950 », Dupuis, 25,95 €

vendredi 2 novembre 2018

BD - Lucky Luke voyage bien

 



Enfin une femme entre dans la vie de Lucky Luke. Le cow-boy imaginé par Morris, longtemps animé par Goscinny et repris depuis quelques années par Jul (scénario) et Achdé (dessin) va devoir protéger cette compagne française pour le moins encombrante. Pour cause, elle mesure 93 mètres de haut… Tout commence dans les plaines de l’Ouest quand le héros qui tire plus vite que son ombre rencontre un certain Bartholdi. Contrairement à ce que pense le ventre affamé d’Averell Dalton, ce n’est pas un glacier italien mais un sculpteur français. Ce que le repris de justice a pris pour une glace géante est la flamme de la liberté. De la future statue de la Liberté. 

L’histoire de Jul, truffée de gags et de clins d’œil savoureux, explique comment Bartholdi a collecté l’argent de la souscription en sillonnant le pays avec juste la réplique de la main. Ensuite, il s’agit de convoyer la statue monumentale. Mais des ennemis de la liberté veulent détruire le monument. Lucky Luke sera chargé de le protéger. Le voilà donc à Paris pour jouer les gardes du corps de cette femme si symbolique. Une excellente suite à une série qui après quelques atermoiements semble être de nouveau sur d’excellents rails.
« Lucky Luke - Un cow-boy à Paris », Lucky Comics, 10,95 €

vendredi 12 octobre 2018

BD - Les femmes (en)chantantes du "Sang des cerises" de François Bourgeon


L’une chante, l’autre jure. François Bourgeon aime raconter la vie de femmes qui bousculent le quotidien, la routine et la normalité. Si tout a commencé avec Isa, son inoubliable héroïne des « Passagers du vent », il continue aujourd’hui cette saga familiale vendue à plus d’un million d’exemplaires. 20 ans après la mort d’Isa, on retrouve sa petite fille, Zabo, dans le Paris de la fin du XIXe siècle. 20 années dont on ne sait rien, si ce n’est qu’elle se fait désormais appeler Clara.
 Elle parle toujours comme un charretier et a tendance à vouloir défendre la veuve et l’orpheline. C’est comme ça qu’elle croise la route de Klervi, jeune Bretonne montée à Paris pour y trouver du travail comme bonne. Importunée par un homme lors des obsèques de Jules Vallès, Clara prend la défense de Klervi. Elles se croisent de nouveau un peu plus tard. Klervi, a abandonné ses rêves. Elle est sous la protection d’un mac. 
Clara va la libérer de son emprise. Les deux femmes deviennent amies et ne se quittent plus durant les 80 pages de ce roman graphique. En changeant de lieu et d’époque, François Bourgeon renouvelle sa palette. Il dresse le portrait de ce Paris encore meurtri par le drame de la Commune et qui gronde. Klervi, dotée d’une belle voix, va chanter dans les cabarets. 
Une histoire féministe avant l’heure, au cours de laquelle l’auteur dévoile parcimonieusement quelques indices sur le passé de Zabo, devenue Clara. 
« Les passagers du vent, le sang des cerises » (tome 1/2), Delcourt, 17,95 €

jeudi 20 septembre 2018

De choses et d'autres - Paris sans pipi


Petit précis sur la difficulté de manier l’humour au second degré. Parfois, on se croit très marrant. Bizarrement, non seulement les gens ne rient pas pour les bonnes raisons, mais en plus on se retrouve au centre d’une polémique inextricable. Un exemple la semaine dernière avec le clip, sponsorisé par la ville de Paris pour dé- noncer les incivilités dans la rue. 
Le message à transmettre : « Il ne faut pas faire pipi dans (les rues de) Paris ». Sujet délicat et peu ragoûtant. Une véritable plaie pourtant, pas seulement à Paris. Dans nos régions, la chaleur n’arrange pas les choses. On imagine les communicants en train de chercher des idées. Impossible de choisir l’hyperréalisme. Un clip en odorama aurait le mérite de bien situer le problème mais ferait fuir tout le monde. Alors autant tenter la dérision. La youtubeuse et comique (elle se produit dans divers cafés-théâ- tres parisiens) Swann Périssé relève le challenge. Elle écrit une chanson où elle remercie sincèrement ceux qui ne font « pas pipi dans Paris » (titre de la chanson). 
Dans le clip, les costumes sont jaunes, les lèvres couleur citron ou banane et parmi les accessoires, quantité de rouleaux de papier toilette et une immense brosse à WC. Si les iconoclastes de Groland avaient décidé de le parodier, ils n’auraient pas fait mieux. Tout le monde s’est insurgé. Car si le second degré se prête à diffuser certains messages, les institutions publiques y ont rarement recours. 
L’impression générale : la Mairie de Paris se moque de nous en rigolant d’un réel problème. Un bad buzz qui n’empêchera personne de se soulager contre un muret ou sous un pont. De quoi rire jaune. Ou «pisser de rire » selon l’expression favorite de Jean-Marie Bigard.



Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le 21 septembre 2018

jeudi 21 décembre 2017

Des idées cadeaux de films, séries et coffrets...

L’hiver est terminé

Pour ceux qui ont raté le phénomène « Game of Thrones » ces dernières années, voilà l’occasion parfaite de tout découvrir d’un coup. Les sept saisons dans un gros coffret, pour des heures et des heures de plongée dans cet univers violent et inquiétant. Avec en plus quantité de bonus. Et si vous êtes attentif, vous pourrez reconnaître certains lieux de tournage, notamment Gérone en Catalogne.
➤ Coffret Game of Thrones, Warner home vidéo, environ 100 €
Parisiennes

Elles sont cinq. Cinq femmes dans Paris. Valeria Bruni-Tedeschi, Anaïs Demoustier, Naidra Ayadi, Lou Roy-Lecollinet, Zabou Breitman interprètent ces Parisiennes modernes qui vivent, aiment, jouissent et se posent des questions. Ludique et passionnant.
➤ "Paris, etc », Studiocanal
Frenchy-space

Tiré de la BD de Christin et Mézières, l’adaptation de Valérian par Luc Besson est une superbe réussite. Effets, spéciaux, humour, 3D, monstres... Le film n’a rien à envier aux superproductions américaines. A déguster dans son canapé à la vitesse de la lumière.
➤ « Valérian », EuropaCorp
Bébél éternel

Jean-Paul Belmondo (qui pourrait de nouveau tourner prochainement), a longtemps assuré ses cascades lui-même. Ce coffret reprend six de ses films les plus mouvementés dont « L’alpagueur » tourné en grande partie à Perpignan. Du cinéma efficace et spectaculaire.
➤ « Belmondo cascadeur », Studiocanal
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Entre cape, épée et comédie US

S on nom s’est peu à peu effacé de la mémoire collective mais André Hunebelle n’en reste pas moins un grand réalisateur français du XXe siècle. Si la trilogie Fantômas et OSS 117 sont ses films les plus populaires, le cinéaste a aussi révélé Louis de Funès (il lui a donné son premier rôle dans Taxi, Roulotte et Corrida), Bourvil, Jean Marais (avec qui il a tourné « Le Miracle de Loups » dans la Cité de Carcassonne) et même le scénariste et dialoguiste Michel Audiard. Pathé ressuscite deux de ses œuvres issues de sa période de cape et d’épée : « Les Trois Mousquetaires » et « Le Capitan ». Les Trois Mousquetaires est un véritable monument de la littérature française. En 1953, André Hunebelle en fait une adaptation drôle et musclée sur des dialogues de velours. Il faut dire que le scénario est signé Michel Audiard.
Un an après avoir réalisé Le Bossu, André Hunebelle signe Le Capitan en 1960, adapté du roman éponyme de Michel Zévaco, avec la même équipe à succès. Le réalisateur retrouve en effet Jean Marais et Bourvil dans des rôles similaires avec, en prime, Guy Delorme, éternel méchant des films de cape et d’épée, aussi bien chez Hunebelle que chez Bernard Borderie. Une fois encore, le casting est épatant. Jean Marais apporte une touche d’émotion et de justesse à son rôle. Coloré, historiquement fidèle et majestueusement décoré, Le Capitan est une pépite du genre. Vif, rocambolesque et rythmé, le film joue sur les scènes d’action et d’aventure qui se succèdent avec panache.

Qui se souvient de Preston Sturges ? Pas assez de cinéphiles malheureusement alors voilà l’occasion de se replonger dans l’œuvre de ce grand maître de la comédie hollywoodienne, artiste avant-gardiste enfin célébré à sa juste valeur par un objet d’exception ! Ce coffret reprend six trésors restaurés et présentés pour la première fois en HD. Sarcastique dans « Le Gros Lot » avec Dick Powell, Jimmy MacDonald rêve de remporter le gros lot du concours de slogans. Ses collègues lui font croire qu’il a gagné… Il se lance alors dans de folles dé- penses pour ravir sa famille et sa fiancée. Romance dans « Un cœur pris au piège » avec Barbara Stanwyck et Henry Fonda. Après un voyage en Amazonie, Charles Pike, riche héritier, rencontre sur le bateau du retour une femme fatale en quête de mari, Jean Harrington. Elle va bientôt jeter son dévolu sur lui.
Dans le coffret vous retrouverez un livre exclusif grand format (24x30cm à l’italienne) de 188 pages, rassemblant à la fois un texte in- édit de Philippe Garnier (ainsi que des textes sur chacun des films), la biographie de Preston Sturges signée Marc Cerisuelo et un album photo dédié à chacun des films, tiré d’archives rares.
➤ Coffret Hunebelle, Pathé.
➤ Coffret Preston Sturges, Wild Side Vidéo

jeudi 24 août 2017

Roman - "Minuit, Montmartre", le Paris rêvé de Julien Delmaire


Elle est noire, sauvage et belle comme un paysage d’Afrique. En 1909, la jeune Masseïda erre dans les rues de Paris. Dans le quartier de Montmartre. Si loin de sa terre natale. Mourant de faim, frigorifiée, elle ne devra son salut qu’à la rencontre avec un gros chat, le roi du quartier. Il va la conduire chez son maître. Du moins l’homme chez qui il daigne parfois passer les nuits. Théophile Alexandre Steinlein est un artiste peintre. Ce surdoué du fusain vivote en plaçant des dessins dans la presse humoristique. Il réalise aussi des tableaux de commandes. Mais ce qu’il aime c’est dessiner des chats, ses meilleurs amis. Il va faire une exception pour Masseïda.

Julien Delmaire, en racontant la vie de cet illustrateur mondialement connu pour avoir signé l’affiche du « Chat Noir », y ajoute une belle romance et une réflexion sur le déracinement et la différence. Être une femme, noire, indépendante dans ce Paris dévergondé mais encore plein de préjugés n’est pas de tout repos. Il utilise un style chatoyant et riche pour décrire la vie du peuple, ses rébellions et joies.

➤ « Minuit, Montmartre » de Julien Delmaire, Grasset, 18 € 

lundi 26 juin 2017

Poches : faites votre choix dans ces thrillers



La petite ville de River Falls est le lieu idéal pour les amoureux de la nature. Mais quand des randonneurs découvrent le corps d’une jeune fille, la peur s’empare des habitants. Tout juste réélu au poste de shérif, Mike Logan veut éviter un nouveau meurtre. Avec sa compagne la profileuse Jessica Hurley, il s’intéresse à la troupe du Big Circus. Grand retour du héros d’Alexis Aubenque dans une enquête inédite.
➤ « Retour à River Falls », Milady, 7,90 €


Alors que le compte à rebours de l’extinction de l’Église catholique aurait commencé, à Paris, Antoine Marcas, le commissaire franc-maçon, assiste à la mise aux enchères d’un sarcophage du Moyen Âge. Un sarcophage unique au monde, car il contient selon le commissaire-priseur, les restes d’un… vampire. Giacometti et Ravenne viennent également de signer chez Lattès « Conspiration », nouvelle aventure de Marcas.
➤ « L’empire du Graal », Pocket, 8,50 €


Claude Izner revient avec le premier opus d’une nouvelle série de romans à suspens dans le Paris des années folles et des boî- tes de jazz. Jeremy Nelson, jeune pianiste américain passionné de jazz, vient tirer le diable par la queue dans la capitale, à la recherche de ses origines. « La femme au serpent », suite de cette première aventure de Jeremy Nelson vient de paraître, en grand format, toujours chez 10/18.
➤ « Le pas du renard », 10/18, 7,80 €

vendredi 23 juin 2017

De choses et d'autres : Paris à l'espagnole


Je viens de passer trois jours à Paris. Bien choisi ma période moi... Trois jours totalement caniculaires, étouffants, avec alerte pollution à la clé. A la descente du TGV, mardi, j’ai eu des relents d’arrivées sous les tropiques, quand on ouvrait la porte de l’appareil et qu’une bouffée de chaleur enveloppait les pauvres touristes occidentaux peu habitués à de telles différences de températures. Un Paris presque équatorial. Et pas un brin de vent, ni tramontane, ni marinade qui rafraîchissent un peu en cas de fortes chaleurs. En surface le goudron fond. Mais le pire est au sous-sol, dans le métro qui prend des airs d’enfer. Dans les couloirs, ça va à peu près, mais dans les rames, notamment les plus anciennes totalement dépourvues de climatisation, c’est intenable. Et l’accessoire à la mode est l’éventail. La ligne 6 a des airs andalous. D’autant qu’un des buts de ma visite est de voir en avant-première « Que dios nos perdone », film de Rodrigo Sorogoyen (sortie en France le 9 août). Un thriller implacable sur le Madrid de 2011, entre viol de femmes âgées, visite du pape pour les JMJ et début de l’insurrection des Indignés. « Petit problème technique, prévient l’organisateur, il n’y a pas de climatisation dans la salle...» Normal, ce vieux cinéma de quartier, spacieux et au cachet certain, n’a pas anticipé le réchauffement climatique. Cela tombe bien finalement car le film se déroule l’été, en pleine canicule. On est plongé dans l’ambiance quand un des héros constate que « les gens sentent plus » (je confirme dans le métro). Et comme de nombreuses Espagnoles sont dans la salle, les éventails sont authentiques et maniés avec une grâce indéniable.
(Chronique parue le 23 juin 2017 en dernière page de l'Indépendant)

lundi 12 juin 2017

De choses et d'autres : Merci, vous êtes "à vomir"

La défaite est parfois difficile à avaler. Dans le cas d’Henri Guaino, elle provoque de sérieux problèmes gastriques.


Pour preuve, dimanche soir, en direct sur un plateau télé pour commenter les résultats des législatives et de sa sévère défaite (4,5 % dans la 2e circonscription de Paris) il a cette saillie définitive : « L’électorat qui a voté est, à mes yeux, à vomir. »
Pas très sympa pour les forces vives de la démocratie. Certes, ne se sont déplacés, selon Henri Guaino, que les « bobos d’un côté qui sont dans l’entresoi » et « la bourgeoisie traditionnelle de droite qui va à la messe, envoie ses enfants au catéchisme » et vote pour un type qui « a triché par tous les moyens ».

  • Il se retire de la vie politique
Les électeurs « à vomir » ne le regretteront pas. A l’opposé, il y a les perdants qui ont compris que ce sont les choses de la vie. Parfois ça passe, d’autres ça casse. Prenez Élisabeth Guigou. Ancienne ministre, cadre du Parti socialiste, elle est éliminée dès le premier tour ?
Mais ce n’est pas une raison pour elle de fustiger les électeurs. Au contraire, elle constate tout simplement qu’une « page se tourne ». « Merci à tous les militants, électeurs et amis. Une page se tourne. Je suis fière de tout ce que nous avons accompli ensemble », a-t-elle tweeté.
Encore plus classe, Benoît Hamon. Déjà sèchement battu à la présidentielle, vilipendé part son propre camp, il n’a pas hésité à se lancer dans une nouvelle campagne éprouvante. Député sortant, élu local, il connaît bien sa circonscription. Mais cela n’a pas suffi. Les a-t-il vomis comme Henri Guaino ? Non il a tweeté « Ce fut un honneur de les représenter » pendant cinq ans. Contrairement à Guaino, il est jeune. On le retrouvera dans cinq ou dix ans.


(Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le 12 juin 2017)

mardi 9 mai 2017

BD : Pigalle, sa nuit et ses cadavres



Nostalgie quand tu nous tiens. Noël Simsolo ne cache pas son amour du cinéma noir des années 50. Dominique Hé, lui, est un adepte de la ligne claire. Ensemble ils ont déjà signé une série se déroulant à Hollywood au milieu du XXe siècle. Ils récidivent avec « Les miroirs du crime », mais en version française puisque l’essentiel de l’intrigue se déroule dans les cabarets de Pigalle. Guy Natale, patron de « La Perle Noire », flirte avec le monde du crime tout en conservant une relative honnêteté. En clair, il refuse de prostituer ses danseuses et de vendre de la drogue. Une intégrité qui n’est pas du goût des nouveaux caïds du quartier. Il échappe à un guet-apens, sauvé par un clochard. Guy prend soin de son « ange gardien » et va devoir mener une lutte sans merci contre des tueurs sans foi ni loi. Difficile combat dans lequel il recevra l’aide d’un policier cachant son jeu. Il mène une vendetta contre le chef de gang qui en veut à Natale. Ambiance film noir dans cette BD prévue en deux parties. On croise d’ailleurs le cinéaste JeanPierre Melville dans un cabaret et même Léo Malet, en plein repérage pour son nouveau roman policier qui verra l’éclosion d’un célèbre détective privé français. Nostalgie...
➤ « Les miroirs du crime » (tome 1), Glénat, 13,90 €