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mardi 2 mai 2023

De choses et d’autres - Bataille de sacs à main

Ils ne savent plus quoi inventer pour faire oublier la séquence réforme des retraites. Alors que le président Macron, après des semaines d’hibernation, repart à la conquête des Français (et de leurs casseroles) et que Bruno Le Maire fait une sortie bien nauséabonde pour remettre l’immigration au centre du débat, la palme de l’originalité revient à Marlène Schiappa.


Après sa couverture du dernier numéro de Playboy, elle est parvenue à faire mieux en lançant une énième polémique qui va faire parler dans les foyers. Une coproduction, exactement, avec une autre membre du gouvernement, Isabelle Rome. Cette dernière est ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes.

À ce titre, elle s’était permis de critiquer sa collègue et les photos illustrant l’interview dans le magazine de charme. Mais avec Marlène Schiappa, mieux vaut se méfier.

La réponse est venue d’un SMS, pour le moins abrupt, dans lequel elle accusait Isabelle Rome de « ne pas avoir de tripes » et la traitait de « sac à main de seconde main ». Une insulte un peu trop genrée mais qui dans la bouche d’une ministre (au bout de ses doigts exactement, c’est un SMS), fait mal. Le SMS a fuité (comme par hasard…) et depuis, tout le monde tombe sur la secrétaire d’État chargée de l’Économie sociale et solidaire et de la Vie associative.

Non seulement ça ressemble à une querelle de cour de récréation avec insulte approximative mais en plus, c’est particulièrement dénigrant pour toute la filière de la seconde main et du recyclage, pourtant essentielle dans notre société trop consumériste.

Mais en attendant, l’effet est immédiat : on parle (un peu) moins de la réforme des retraites !

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le vendredi 21 avril 2023

jeudi 27 avril 2023

De choses et d’autres - Au rendez-vous des chakras

Il n’est pas toujours facile d’honorer des rendez-vous. Surtout quand on les prend longtemps à l’avance. Pour le suivi d’une opération, le secrétariat d’un chirurgien vient de me demander si le mercredi 4 octobre à 10 heures je serais disponible. J’ai tendance à répondre « Peut-être ».

Je ne peux objectivement pas en être sûr et certain car, qui me dit que dans six mois à cette même date et heure, un autre rendez-vous encore plus important ne me serait imposé par ailleurs. Et d’une façon plus prosaïque, rien ne m’assure que je serai toujours de ce monde en octobre. Si j’écoutais mon côté pessimiste, je ne prendrais pas le moindre rendez-vous au-delà de trois jours.

Pas très pratique, mais on n’est jamais assez prudent. D’autres sont moins regardants et partent du principe qu’un rendez-vous ne les engage pas. Ainsi, une amie proche m’a raconté pourquoi elle n’est pas allée à une consultation et n’a même pas prévenu la personne qui la lui avait fixée. Souffrant d’une maladie mystérieuse qui transforme ses pieds en braises incandescentes (du moins, c’est l’impression très douloureuse qu’elle en a), après plusieurs non-réponses de spécialistes, elle s’est décidée, à contrecœur, de se rendre chez une rebouteuse.

Une magnétiseuse, exactement, qui voulait lui « rééquilibrer les chakras ». Aussi sceptique qu’un électeur progressiste quand il entend Olivier Dussopt prétendre que sa réforme des retraites est de gauche, elle décide finalement de conserver ses chakras en l’état et de ne pas effectuer le déplacement. Et de se justifier de cette annulation cavalière : « Elle m’a dit qu’elle était aussi un peu médium. Si c’est vrai, elle a certainement deviné que je ne viendrais pas. »

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le mardi 4 avril 2023

mercredi 26 avril 2023

De choses et d’autres - Chathérapie

La vie quotidienne est source d’une multitude de problèmes, tous plus stressants les uns que les autres. Pour les surmonter, on peut se gaver d’anxiolytiques ou fermer les yeux en procrastinant. Il existe aussi une autre façon de faire passer ces difficultés : la chathérapie. Une discipline non enseignée en médecine mais d’une étonnante efficacité. Tous les possesseurs d’un chat savent de quoi je veux parler.

Car il n’y a rien de plus destressant qu’un chat câlin. Une société d’alimentation pour animaux a même commandé un sondage aux résultats incontestables : « 98 % des propriétaires de chats trouvent leur présence destressante». Vous avez un petit coup de mou et des pensées noires ? Vite, demandez de l’aide à votre chat. S’il fait partie des affectueux, prenez-le sur vous et laissez-vous endormir par ses ronrons intempestifs provoqués par vos caresses. Si c’est un facétieux, lancez un objet dans une pièce et profitez de ses cavalcades pour le rattraper et jouer avec. Si c’est un dormeur, contentez-vous de le regarder roupiller, 22 heures par jour, bien calé dans son panier (ou le canapé du salon).

C’est d’ailleurs le trait de caractère que l’on envie le plus à notre animal de compagnie : « Dormir aussi bien et longtemps qu’eux. »

Il n’y a que les chats dédaigneux qui ne sont pas d’un grand secours, ceux qui font les sourds quand on leur parle gentiment. Un peu à part on trouve aussi les revendicatifs. On en a un à la maison répondant au gentil nom de Marcel. Sa manie : miauler de toutes ses forces, en pleine nuit, pour réclamer une ration de croquettes supplémentaire. Résultat : on dort mal mais cela ne l’empêche pas, lui, d’en écraser toute la journée quand on est au boulot.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le 5 avril 2023

mardi 25 avril 2023

De choses et d’autres - Protestation poilue


Ces derniers temps, mes billets font souvent réagir. Et pas qu’en positif. La preuve, cette lettre reçue hier après avoir fait l’apologie de la chathérapie. Un certain Médor, Labrador croisé Teckel, s’insurge contre mon « parti pris flagrant pour le camp des félins ». Avec son accord (il a remué de la queue quand je lui ai demandé), voici quelques extraits de son message.

« Une nouvelle fois, Michel Litout, vous démontrez que vous êtes tout, sauf indépendant. Pourquoi faire l’apologie des chats alors que la majorité des Français préfère les chiens ? Nous sommes, nous aussi, parfaitement capables de déstresser nos maîtres. Et on assume le terme de maître car nous, les chiens, contrairement à ces égoïstes de chats, on obéit aux ordres de la main qui nous nourrit. Ils ronronnent. La belle affaire ! Quoi de plus flatteur et bénéfique pour le maître qu’une grosse lèche sur la joue ? Et le jouet, ils s’amusent avec, mais seuls. Nous, on le ramène et on fait participer le maître, lui demandant, sans cesse, de le renvoyer pour continuer la partie.

Pour ce qui est de la propreté, nous n’avons pas de litière. Mais on fait mieux : on oblige le maître à nous sortir, à prendre l’air et à faire un peu d’exercice physique, plusieurs fois par jour. Avec les chats, les humains font du gras sur le canapé ; avec nous, les chiens, ils préparent un marathon. Nos croquettes devraient être remboursées par la sécurité sociale.

Enfin, nous sommes de redoutables gardiens. Les cambrioleurs craignent nos aboiements et nos crocs, quand les chats ne se réveillent même pas…

Alors un conseil, Michel Litout, rectifiez le tir, sinon, prenez garde à vos mollets ! »

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le jeudi 6 avril 2023

dimanche 23 avril 2023

De choses et d’autres - Retraite, climat, même combat


Vous l’avez certainement entendu au détour d’une publication facebook ou sur Twitter. Même les grandes chaînes ont passé des extraits du tube du printemps. Une chanson improbable, que j’ai découverte avec stupéfaction en regardant les dernières nouvelles concernant les mobilisations populaires contre la réforme des retraites.

Entre deux charges de policiers un tantinet énervés et une déclaration fracassante de Laurent Berger de la CFDT que l’on n’aurait jamais imaginé plus radical qu’un militant de base de la CGT, je tombe sur une jeune femme habillée en noir, avec lunettes de soleil, qui danse comme si elle était en boîte de nuit devant une banderole revendicative.

Une certaine « Mathilde danse pour le climat » selon son profil TikTok. En musique de fond, un refrain basique et entêtant collé à quelques boîtes à rythmes très années 80 : « Pas de retraités sur une planète brûlée. Retraite, climat, même combat ! » La convergence des luttes. Ou plus exactement la convergence des tubes puisque ce morceau composé par « Planète Boum Boum, l’équipe d’animation d’Alternatiba Paris » est devenu viral.

Message simple et clair, avec la possibilité de le hurler sous les bruits des explosions de grenades lacrymogènes et de cocktails molotov, la Planète Brûlée a un bel avenir devant elle. Un refrain, mais pas de couplet, si ce n’est une petite précision une fois passé le milieu de la chanson : « on veut taxer les riches ».

J’attends la version plus clairement anti gouvernement : « Pas de 49.3 pour le président Roi. Pauvres, chômeurs, même douleur ! »

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le lundi 3 avril 2023

samedi 22 avril 2023

De choses et d’autres - Fake news avec arêtes

1er avril, voilà bien un jour où la chasse aux fake news est compliquée. Date sacrée pour les comiques des rédactions, c’est la possibilité de toutes les énormités. Car plus c’est gros, plus c’est plausible : telle est la maxime qui permet de mettre au point un bon 1er avril. Avec quelques règles aussi, car comme une contrepèterie doit avoir un petit côté salace, un poisson d’avril digne de ce nom tourne autour du milieu aquatique. A cette occasion, un lecteur, dans une lettre qu’il commence ainsi : « Messieurs de l’I. (non, pas Bruce voyons !) », propose quelques brèves piscicoles de printemps que je me réjouis de reproduire.
« Dédicace. Cet après-midi à la Maison de la presse, dédicace du livre « Pages blanches » ou les mémoires de Pascal Zheimer. Espérons qu’il n’aura pas oublié le rendez-vous.

Jumelage. On pensait le projet tombé dans les oubliettes pour cause de Covid. Que nenni. Le comité l’a remis sur la table pour mener à son terme le jumelage de Montner dans les Pyrénées-Orientales avec Montcuq, petit village du Lot. De beaux échanges culturels en perspective.

Information médicale. Le docteur Rienne César vous fait part de sa future installation au centre médical de la commune. »
Je me permets, dans l’esprit de ces brèves simplement signées « un citoyen Lambda » de rajouter cette information :

Météo. Après la procession de Saint-Gaudérique à Perpignan, nouvelle initiative pour le retour de la pluie dans la région : le grand sachem sioux Plume d’œuf en provenance du Wyoming fera la danse de la pluie, ce samedi, à 14 heures, sur la passerelle enjambant la Têt.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le samedi 1er avril 2023

jeudi 20 avril 2023

De choses et d’autres - Le dernier gadget à la mode

Beaucoup d’éditorialistes se sont moqués plus ou moins ouvertement du journal qui a interviewé le président Macron. Pour les 75 ans de son personnage vedette, Pif Gadget, magazine mensuel relancé avec succès, a permis à quelques-uns de ses jeunes lecteurs de poser des questions au président. Ses réponses ont été interprétées à l’aune de l’actualité, notamment quand on lui demande ce qu’il se passe en cas de grave crise.

Beaucoup se demandent si l’interview du président est à sa place entre une histoire comique de Pif et la réédition d’un récit complet ayant pour héros Rahan, fils des âges farouches.

Mais souvenez-vous, Pif a aussi publié d’autres BD aux titres qui pourraient être très d’actualité de nos jours. Docteur Justice (et son cri qui paralyse) aurait été d’un grand secours durant la pandémie et même aujourd’hui pour aller soigner les manifestants blessés au milieu des champs. La Jungle en folie était désopilante. Des animaux aux réactions et attitudes très humaines. Exactement l’inverse de ce qui s’est passé à l’Assemblée nationale durant le débat sur la réforme des retraites.

Pif Gadget, journal communiste à ses débuts, a aussi vulgarisé le combat de la Résistance contre l’occupant nazi dans l’excellente série du Grêlé 7/13.

Pif qui le premier a publié en France Corto Maltese et a longtemps hébergé dans ses pages le maître absolu de l’humour, un certain Gotlib et son chien neurasthénique Gai-Luron.

Bref, Emmanuel Macron dans Pif Gadget, cela ne me gêne pas. D’autant que je me souviens, dans les années 70, d’une interview de Jacques Chirac, Premier ministre, annonçant le prochain abandon du service militaire obligatoire. C’était dans le journal de Tintin…

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le vendredi 31 mars 2023

mercredi 19 avril 2023

De choses et d’autres - Houellebecq débouté, Houellebecq dégoûté

Ne jamais signer un contrat en ayant trop bu. Michel Houellebecq aurait dû faire sienne cette maxime, quand il a accepté la proposition d’un artiste néerlandais. Dans le but de prouver que l’amour peut réconcilier la gauche et la droite, Stefan Ruitenbeek propose à l’écrivain français, catalogué à droite, voire un peu plus, de se laisser convaincre par une jeune militante de gauche de faire l’amour avec lui ; il est séduit par l’idée. Le tout filmé et diffusé.

En compagnie de sa femme (c’était aussi une sorte de cadeau de mariage…), le romancier tourne quelques scènes qualifiées de pornographiques. Mais quand un premier extrait est diffusé sur le net, Houellebecq veut tout arrêter. Il demande l’interdiction du film à la justice.

Le procès vient d’avoir lieu. Principal argument pour ne pas montrer ces scènes : l’accord a été obtenu alors que le romancier était « dépressif » et que son discernement était faussé car « sous l’emprise de l’alcool au moment de la signature ». Les juges, après avoir visionné la signature du contrat (Stefan Ruitenbeek a l’habitude de tout filmer, avant, pendant et après ses expériences artistiques), ont convenu que Michel Houellebecq n’était pas spécialement ivre. Et qu’il semblait parfaitement au courant des intentions du réalisateur.

Bref, il est débouté. Dégoûté aussi puisqu’il doit payer les frais de justice, près de 1 400 euros.

Il compte faire appel. Mais en attendant, le montage du film avance et tous ceux qui sont allergiques au romancier provocateur dans ses écrits, attendent avec délectation de le voir dans un rôle inhabituel et pas forcément à son avantage.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le jeudi 30 mars 2023

mercredi 12 avril 2023

De choses et d’autres - Prénoms à savourer

Une récente analyse des prénoms des petits Français depuis ces dernières années laisse apparaître une tendance étonnante. De plus en plus de parents délaissent le calendrier classique pour affubler leur progéniture de noms d’aliments.

Une mode pas si récente quand on voit la prolifération des Cerise, Prune et autre Clémentine dans les écoles, collèges et lycées. La différence de la nouvelle mode serait dûe au fait que les parents choisissent d’appeler leur enfant comme leur aliment préféré.

Voilà pourquoi on a désormais des Miel ou des Fraise qui font leur apparition sur les registres de l’état-civil. Les Anglo-Saxons seraient en pointe dans ce mouvement, qui semble très marqué par le véganisme. Car ce sont essentiellement des noms de fruits qui sont choisis.


Les amateurs de bidoche et de salé ne semblent pas attirés par cette tendance. Pourtant je verrai bien un faire-part de naissance de ce style. « Marcelle et Gérard Alamodkan ont la joie d’annoncer la naissance de leur petite fille, Tripe ». En espérant que les goûts culinaires ne soient pas radicalement différents dans un couple.

Le papa veut que sa fille s’appelle Côtelette alors que la maman revendique Macaron si c’est un garçon. Une mode qu’on pourrait régionaliser.

Ainsi, à Cambrai, les Bêtises seraient majoritaires ; les Nougat s’imposent à Montélimar et à Castelnaudary, toute une génération sera traumatisée après avoir reçu le prénom de Cassoulet. Pour ma part, c’est tout, vu : si j’avais un fils, actuellement, il prendrait pour premier prénom Rougail.

Et en seconde position, Saucisse, Cabri ou Tomate.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le mercredi 29 mars 2023

mardi 11 avril 2023

De choses et d’autres - Privé de roi, privé de tarte

Lundi 27 mars au matin, selon mon hebdomadaire télé préféré, TF1 et France 2 proposaient le même programme en direct. Du pur people pour fan de royauté : la visite de Charles III à Paris. Patatras, le magazine a été imprimé avant l’annonce de l’annulation de la visite officielle du roi d’Angleterre.

J’imagine la déception dans certains foyers. Le sourire en coin chez d’autres qui saluent le premier résultat tangible de la mobilisation sociale contre la réforme des retraites.

Et puis aussi l’indifférence dans la majorité des familles françaises qui, un lundi matin, va d’abord travailler pour gagner sa croûte de pain et tenter de mettre un peu d’essence dans le réservoir qui flirte avec la réserve.

Charles III a attendu presque toute une vie pour accéder au trône, alors décaler une visite officielle de quelques mois, ce n’est pas la mer à boire.

Par contre, on ne dira jamais assez combien ces visites protocolaires luxueuses sont attendues par les meilleurs artisans de l’excellence française. Prenez le repas de lundi soir à Versailles, ce sont de grands chefs qui devaient se mettre aux fourneaux. Asperges en entrée, volaille de Bresse en plat principal et « tarte tatin revisitée au caramel et aux fruits secs » par Pierre Hermé. Une création qui devra rester encore inédite.

Dans cette annulation, le plus à plaindre reste bien le président Macron. Il doit se passer d’une séquence prestige dans un cadre d’exception. Même si accueillir un roi à Versailles n’est pas la meilleure image à offrir de la République française alors que le peuple, dans les rues, rejoue la Révolution.

Privé de roi et privé de tarte. La double peine.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le mardi 28 mars 2023

lundi 10 avril 2023

Billet - Record en bleu délavé

Mais ils étaient où les 231 Schtroumpfs manquants ? 231 bonshommes en bleu égarés dans la nature et qui ont douché les espoirs des organisateurs du carnaval de Landernau en Bretagne de battre le record du monde. Samedi soir, l’association du carnaval étoilé de Landernau a eu beau multiplier les vérifications, le compte n’y était pas. Le record du plus grand rassemblement de personnes déguisées en Schtroumpfs n’a pas été battu.

La palme est restée à la ville de Lauchringen en Allemagne (Schlümpfe dans la langue de Goethe) avec 2 763 Schtroumpfs réunis, en 2019. A Landernau, ce week-end, ils n’étaient que 2 532. 2 532 qui voient la vie en bleu malgré les difficultés du quotidien.


Pour se consoler, les carnavaliers ont fanfaronné : vice-champion du monde. Voire carrément les premiers si on prend en considération une variable qui a tendance à compliquer les choses : la pluie. « Nous devenons champions du monde du rassemblement sous la pluie ! » plastronne le président dans les colonnes du Télégramme.

Si ça se trouve, le record aurait pu être battu, mais quelques déguisés ont imprudemment utilisé de la peinture à l’eau pour se grimer. Et une fois arrivés sur place, douchés par les averses, ils ont constaté que leur peau avait retrouvé sa couleur d’origine les excluant de fait du comptage final.

Une mésaventure qui m’a soufflé l’idée de la question métaphysique du week-end : le rassemblement de Schtroumpfs a-t-il pour conséquence de faire apparaître la pluie ? Si c’est effectivement le cas, voilà une piste à explorer pour les désespérés de la sécheresse.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le lundi 27 mars 2023

samedi 8 avril 2023

Billet - Éloge de la procrastination

J’ai peut-être déjà parlé de la procrastination dans cette rubrique. Souvent je me suis dit qu’il fallait que j’archive et note tous les sujets abordés depuis plus de dix ans dans ces colonnes. Mais justement, ma procrastination m’a toujours fait repousser cette tâche ingrate. Devenu titanesque depuis.

Donc, mille excuses à ceux qui ont plus de mémoire que moi. Si je parle de nouveau de cette manie de remettre au lendemain ce que l’on aurait dû faire le jour même (voire il y a quelques années dans mon cas…) c’est que ce samedi 25 mars est la journée mondiale de la procrastination. Pas le 26, le 25 !

Une société qui propose de s’occuper de mes tâches administratives, me le rappelle en me glissant au passage « sept astuces majeures pour éviter de tout remettre au lendemain ». Vaillant à la tâche pour une fois, je les parcours et y découvre en réalité quelques raisons supplémentaires pour procrastiner de plus belle. Exemples. « Commencez par les tâches les plus faciles » : faire le minimum dans mon cas et reporter les gros chantiers.

« Évitez les distractions » : tiens, ça me fait me souvenir que je viens de m’abonner au Pass Warner et que je dois rattraper quelques séries d’anthologie comme The Leftlovers, The Wire ou True Blood.

« Trouver un partenaire de responsabilité » : l’évidence même. Cela fait des années que je ne m’occupe plus des papiers de la banque, impôts, assurances et autres administrations rébarbatives. En l’occurrence, mon partenaire de responsabilité répond aussi au nom d’« épouse ayant les pieds sur terre ».

Enfin, « lorsque vous avez terminé une tâche importante, accordez-vous une récompense » : Chouette, je viens de terminer le billet, je suis en week-end. Sacrée récompense !

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le samedi 25 mars 2023

jeudi 30 mars 2023

De choses et d’autres - S’endetter ou lire, faut choisir


En tant que lecteur compulsif, toujours prompt à défendre cette saine activité culturelle qu’est la lecture, pas si chère au final au prorata du nombre d’heures occupées intelligemment, j’ai découvert une publicité pour le moins choquante.

Pour un organisme de crédit à la consommation, deux petits schémas explicatifs reviennent sur la situation financière et ses conséquences d’un Français lambda. Première séquence. « Il aurait dû se passer ça : ma télé qui me lâche + le loyer à payer = je vais lire un livre ». Mais dans un second temps, face à ce bad karma de la lecture comme seule solution pour occuper ses soirées, le client potentiel (et futur endetté) peut se réjouir : « Ma télé qui me lâche + le crédit à la consommation = à moi les séries ! »

Franchement, alors que le CNL et le ministère de l’Éducation organisaient la semaine dernière la grande opération du quart d’heure de lecture, cette publicité semble assez lunaire et très à côté de la plaque. Opposer un livre et la télévision, c’est comme si on devait choisir entre l’œil droit ou le gauche. Désolé, ça ne marche pas comme ça.

Pour parfaitement voir ce qui nous entoure, deux yeux sont nécessaires. De même, difficile de se cultiver sans piocher un peu dans tous ce qui est proposé. Un film, un livre, une série, une chanson… Alors quitte à s’endetter avec un crédit au taux trop souvent prohibitif, autant en profiter un maximum. D’accord pour acheter une nouvelle télé et s’abonner à une plateforme, mais achetez aussi des livres, allez au cinéma.

Par contre, avec la télévision, méfiance face à certaines émissions de talk-show en direct. La culture et elles, c’est comme la lecture et le crédit à la consommation : une grande incompréhension.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le jeudi 16 mars 2023

mercredi 29 mars 2023

De choses et d’autres - Un cadeau de poids pour la Saint-Valentin de... 2046

Êtes-vous du genre à programmer longtemps à l’avance vos cadeaux ? Si oui, n’allez pas trop vite en besogne pour la Saint-Valentin de 2046. C’est dans 23 ans exactement, alors vous avez quand même le temps, pas la peine de faire trop de plans sur la comète.

Et de comète justement il en est question puisque c’est ce 14 février 2046 exactement qu’un astéroïde pourrait venir déclarer sa flamme à notre bonne vieille terre.

Problème, le fameux caillou qui à pour petit nom 2023 DW, gros comme une piscine olympique selon les scientifiques qui le surveillent depuis quelques semaines, s’il reste sur sa trajectoire initiale, pourrait causer suffisamment de dégâts pour accélérer un peu plus l’extinction de toute vie sur Terre.

Un tel scénario catastrophe me semble un peu tiré par les cheveux. Les savants l’admettent, la probabilité que 2023 DW frappe la terre est faible. Il peut aussi passer à des milliers de kilomètres. Sans provoquer le moindre problème. Mais dans notre société qui aime tant se faire peur, l’annonce d’une catastrophe qui pour une fois n’est pas due à la folie humaine, a de quoi rassurer. Sacré paradoxe.

Et si on résonne par l’absurde, pourquoi interdire les moteurs à essence en 2035 si quelques années plus tard tout doit disparaître ? Et trier les déchets ? Une corvée de moins. Sans parler de la réforme des retraites pour tous ceux qui sont nés après 1982… Pourquoi cotiser si on ne peut pas toucher les dividendes pour cause d’apocalypse.

Mauvaises idées en fait. N’en faites rien. Dites-vous simplement que si 2023 DW percute effectivement la planète bleue en 2046, il ne faut pas attendre le dernier moment pour déclarer votre flamme à l’être aimé. La voilà l’utilité de l’astéroïde : répandre un peu plus d’amour sur Terre.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le mercredi 15 mars 2023

lundi 27 mars 2023

De choses et d’autres - La santé à l’épreuve du genre


Une récente étude sur les prises de rendez-vous sur Doctolib a démontré que les femmes prennent 85 % des rendez-vous. Cela ne dit pas que vous, mesdames, êtes plus souvent malades que nous, fiers membres du sexe dit fort. Non, c’est simplement la preuve éclatante que la charge mentale de la gestion de la santé de la famille repose entièrement sur vos (soi-disant) frêles épaules. Notamment celle des enfants.

C’est pour cette raison que désormais le compte Doctolib pour prendre rendez-vous pour les enfants peut être géré par deux personnes. Deux utilisateurs pourront réserver, modifier, annuler les rendez-vous. Et ils recevront tous les deux les comptes rendus. Les hommes n’auront plus d’excuse.

Du moins si leur compagne fait le nécessaire pour les mettre dans la boucle. Car il faut aussi reconnaître qu’en matière de santé, dans un couple, c’est souvent la femme qui porte la culotte et garde la tête sur les épaules. Pour preuve cette réaction d’un internaute qui se veut humoristique mais qui résume bien le risque de confier la santé des enfants à un homme : « Si on nous laisse gérer ça va être drôle. On inverse la charge mentale des rendez-vous médicaux des enfants avec ceux pour la révision de la voiture ? » Quel vilain cliché complètement idiot : à maman les bobos et à papa l’auto ?

D’autant qu’en creux cela voudrait dire qu’on accorde, nous les hommes, plus d’importance à notre bagnole qu’à notre descendance ?

Sur ce je vous laisse, mon petit-fils tousse, va sans doute falloir que je fasse la révision des 7 ans et changer la tête de Lego.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le mardi 14 mars 2023

dimanche 26 mars 2023

De choses et d’autres - Le goût de la friture


Quand il faut se sacrifier, voire prendre des risques pour exercer mon métier avec le plus de rigueur possible, je suis toujours partant. Non je ne vais pas rejoindre Bakhmout en Ukraine pour relater le combat pour cette ville martyr. Encore moins me frotter aux députés qui s’écharpent sur la réforme des retraites à la buvette de l’Assemblée nationale. Je suis peut-être un cobaye, mais pas si fou que cela.

En fait je préfère, de loin, tester les petits gestes ou nouveautés du quotidien, essentiellement quand il y est question de nourriture. Voilà pourquoi quand j’ai appris que MacDonald’s avait décidé de remplacer ses pommes de terre potatoes par un trio de légumes étonnant, j’ai décidé de goûter ces nouvelles saveurs. Une opération ponctuelle destinée à redorer l’image de la chaîne de restauration rapide. Ou du moins à faire parler d’elle. C’est réussi.

Exit donc les potatoes place au panais, betterave et carotte. Des tubercules, comme les patates, découpés en bâtonnets et cuits… dans la friture. On ne va quand même pas changer une recette un peu grasse certes, mais qui marche. Au niveau visuel, c’est moins convaincant malgré les couleurs. Question goût, c’est différent, pas forcément meilleur.

En fait, je dois le confesser, dans les menus McDo, ce ne sont pas les frites qui m’attirent le plus mais les hamburgers. Notamment quand il y a de la sauce Deluxe. Pour les frites, qu’elles soient classiques, potatoes ou avec des légumes incongrus, le vrai plaisir c’est de les manger avec les doigts, après les avoir trempées dans la mayonnaise ou le ketchup.

Une sorte de régression primaire que tous ceux qui ne peuvent manger qu’avec des couverts ne comprendront jamais. Et parfois, je les plains.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le lundi 13 mars 2023

samedi 25 mars 2023

De choses et d’autres - Toute la société est à cran


Mais pourquoi tant de haine ? Et de mauvaise humeur générale ? Je ne sais pas si c’est le temps, trop sec, trop froid, ou l’ambiance politique un peu lourde (réforme des retraites, inflation), mais j’ai l’impression que l’agressivité flottant dans l’atmosphère vient de progresser d’un cran.

Mon épouse vient d’en faire les frais. Jeudi matin, jour de grève générale, elle décide de se rendre à l’accueil du drive d’un supermarché pour échanger une boite de café cabossée. Elle se gare sur la place réservée. Et se fait copieusement insulter par un livreur de bouteilles de gaz mécontent de ne pouvoir arrêter son camion à proximité.

Avec un argument imparable, symptomatique de l’ambiance très à cran sévissant dans le pays : « Vous êtes aveugle ou quoi ? Vous voyez bien que je viens livrer. Je suis debout depuis 4 heures du matin, laissez les travailleurs travailler, la bourgeoise qui fait ses courses ! » Saluons l’exploit de la fameuse « bourgeoise » (sans doute l’insulte la plus infamante et erronée qu’elle ait eue à subir depuis des années) qui a conservé son calme.

Certes, elle portait une veste noire et blanche du plus bel effet, mais achetée dans une friperie d’Elne dans les Pyrénées-Orientales (chez Plume, pub gratuite) pour quelques euros.

Et puis, insulter une femme un 8 mars, c’est un sacré manque de tact. Si je me fais l’avocat du diable, ce pauvre livreur était de mauvais poil car il aurait bien aimé, lui aussi, faire grève et ne pas devoir travailler deux ans de plus en fin de carrière. Mais une journée de salaire ça compte en fin de mois.

À moins qu’il ne fasse partie de ceux qui ne supportent plus que ces « gauchistes » bloquent péages, boulevards et place de parking alors que les travailleurs, les vrais, bossent, eux.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le samedi 11 mars 2023

vendredi 24 mars 2023

De choses et d’autres - Quinze minutes vitales


Le 10 mars, le Centre national du livre (CNL) en collaboration avec le ministère de l’Éducation organise le quart d’heure de lecture national. Des animations sont ptopsées un peu partout en France pour promouvoir la lecture.

Avec ce credo : lire au moins un quart d’heure par jour. 15 minutes. Une misère. Pourquoi pas une petite heure ? Car franchement, un quart d’heure pour découvrir un roman, ce n’est pas assez. Surtout pour ceux qui n’ont pas l’habitude de dévorer les bouquins.

Personnellement, j’ai le problème inverse de la majorité des Français. Au lieu de ne pas lire assez, je lis trop. J’ouvre un bouquin et sans m’en apercevoir, je plonge dans ce nouvel univers et ne reviens à la surface que longtemps après. Et jamais avant le fameux quart d’heure de ce 10 mars.

Je dois cependant admettre que cette initiative est essentielle, vitale même. Car une société dans laquelle la population ne lit plus, notamment des fictions, ne mérite pas d’être soutenue. Enlevez le rêve, l’imagination, la possibilité de découvrir de nouveaux mondes ou simplement des situations sans avoir à les vivre directement sont des expériences qui nous définissent sans doute le mieux en tant qu’animal un peu plus évolué qu’une amibe.

Alors ce vendredi et les autres jours, si vous avez l’occasion, arrêtez-vous dans une librairie, voire au rayon bouquins du supermarché, prenez un ouvrage (n’importe lequel car en plus vous avez le choix) et lisez. Même 10 minutes, ce serait super. Surtout si en plus vous êtes convaincu par les lignes parcourues et que vous décidez d’en faire l’acquisition. Les livres sont de formidables portes ouvertes sur le bonheur. S’ils ont des lecteurs, évidemment.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le vendredi 10 mars 2023

mardi 21 mars 2023

Roman - Les drôles de gens imaginés par J.M. Erre


J.M. Erre, né à Perpignan mais vivant à Montpellier (personne n’est parfait), a publié dans les pages de Fluide Glacial, le magazine d’Umour et Bandessinées, plusieurs nouvelles. Il les a étoffées, mis entre des textes de liaison et recyclé le tout dans un livre au titre énigmatique : Les autres ne sont pas des gens comme nous.

Ces nouvelles seraient écrites par Julie, l’héroïne handicapée d’un précédent roman de J.M. Erre se déroulant en Lozère, Qui a tué l’homme-homard ? Des portraits et tranches de vies d’hommes et de femmes qui, c’est le moins que l’on puisse dire, ne sont vraiment pas comme nous. De Ousmane, obsédé par le « c’était mieux avant », à Félix, persuadé qu’il a un talent d’humoriste en passant par Valère, fils d’un artiste qui a transformé le meurtre en happening, ces récits, en plus de faire rire, nous éclairent sur quelques travers de l’âme humaine.

De tous ces textes, le plus étonnant reste la belle histoire d’amour entre Pétronille et Barnabé qui vivent quasiment à la même adresse, le 4 et le 8 avenue Bernard-Patafiole.

Et souhaitons que J.M. Erre, dans un prochain ouvrage, décrive dans le détail l’émission de téléréalité : Les Aveyronnais en Andorre.

«  Les autres ne sont pas des gens comme nous » de J.M. Erre, Buchet-Chastel, 19 €
 

De choses et d’autres - Décrue téléphonique


Pour la première fois, depuis que le produit existe, la vente des smartphones a subi une sévère chute l’an dernier. Cette décrue marque-t-elle la fin du règne absolu de ce nouveau doudou indispensable à toute personne normalement constituée en ce début de XXIe siècle ?

D’abord considéré comme un simple téléphone, portable, un peu plus sophistiqué, le smartphone a petit à petit convaincu ses propriétaires de ses nombreuses utilités. La couverture n’a cessé de s’améliorer et comme les nouveaux modèles, d’une année à l’autre, devenaient de plus en plus légers et puissants, l’engin s’est imposé partout, tout le temps.

Pour expliquer cette soudaine désaffection (baisse de près de 20 % des ventes quand même, et la tendance semble la même pour début 2023), les experts ne mettent pas en cause les utilisateurs mais les fabricants. L’industrie n’arrive plus à suivre le rythme, la faute au covid et à la pénurie de composants. Je me demande quand même si la formidable hausse du coût de la vie n’est pas aussi un peu responsable.

Certains fans de ces nouveaux objets du paraître et de la « branchitude », en changeaient tous les ans. Mais vu le prix et surtout l’augmentation de tous les autres produits tout aussi essentiels (loyers, nourriture, essence…), le nouveau smartphone, avec écran un peu plus lumineux, quadruple capteur pour les photos et compatible avec la 5G, attendra des jours meilleurs.

Et qui sait, un jour prochain, un implant cérébral fonctionnant avec un programmateur quantique nous permettra de dialoguer directement, dans notre esprit, avec une intelligence artificielle qui remplacera avantageusement ce smartphone devenu obsolète car trop matériel.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le jeudi 9 mars 2023