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dimanche 6 avril 2025

BD – Chez Smitch, le travail c'est une vaste rigolade

Personnellement à la retraite depuis quelques mois, lire cette BD d'Erik Tartrais sur le monde du travail c'est pour moi la possibilité de retrouver avec une certaine nostalgie les douces odeurs de la machine à café, le matin, avant de commencer à bosser (ou de faire semblant pour pas mal de mes collègues). Dire que je regrette serait mentir. Oui, on est mieux en télétravail. Voire au chômage que dans ces entreprises où personne ne sait exactement quelle est sa fonction. L'auteur a visiblement passé pas mal de temps dans cet entourage toxique. Et comme il n'est pas dénué d'humour (en plus d'un bon coup de crayon), il transforme  ce qui semble furieusement à de véritables anecdotes en scénettes au comique irrésistible. 

On suit notamment le PDG de l'entreprise Lambertin & Fils, société française, première dans son secteur (mais on ne saura jamais lequel...). Laurent, le fils du grand patron, bête comme ses pieds, arrogant et hors sol, traite ses employés comme des enfants de maternelle. Ils ne sont pas dupes. Mais préfèrent en profiter tant qu'il est temps. Car la boite est en passe d'être rachetée par les Américains de chez Mitch. Une révolution que le pauvre Lambertin aura bien des difficultés à comprendre. 

Rions donc avec les dactylos (devenues assistantes de direction...), les délégués syndicaux et autres staffs de l'informatique ou des « forces commerciales ». C'est impitoyable, d'une rare méchanceté, notamment quand Erik Tartrais s'attaque à quelques figures du management, du Codir en passant par le fameux bâton de parole. 

Une BD qui va vous faire rire. Mais aussi envie de démissionner si vous avez le malheur de bosser pour une société du style Lambertin & Fils.     

« Bienvenue chez Smitch » d'Erik Tartrais, Fluide Glacial, 56 pages, 13,90 €

vendredi 28 mars 2025

BD - Humour paillard autour de Henri IV

Les petits tracas de la santé des grands de ce monde : tel est le thème de prédilection de Philippe Charlot, scénariste béarnais. Un Béarnais qui a décidé d'écrire une histoire grivoise et comique autour du plus célèbre d'entre eux. Ceux qui répondent François Bayrou devront passer le reste de la chronique au coin après avoir reçu une bonne torgnole ! Non, bien évidemment, le seul Béarnais qui a marqué l'Histoire de France reste Henri IV, le roi qui a beaucoup fait pour les Françis, un peu moins pour les poules. Même si certaines "poules" ont beaucoup bénéficié de ses faveurs quand il était en forme. Surnommé le "vert galant", il a bien une épouse mais préfère de loin les multiples conquêtes, jeunes, accortes et peu farouches. 

La chandelle du bon roy Henri se déroule en 1594 à Paris. Henri, converti au catholicisme, est devenu roi de France et a quitté Pau, son château et son gave pour Paris, son palais et la Seine. Il a quelques difficultés à imposer difficultés à imposer son autorité. Paris est rebelle. Les Parisiennes belles, mais farouches. De plus un problème urinaire lui complique la vie quotidienne. Son "porte-pot" (valet qui fait office d'urinoir ambulant) doit constamment être à ses côtés. Il a souvent envie mais ne peut que faire quelques gouttes. Il demande à son médecin de trouver un remède plus efficace, et rapidement. La solution viendra d'une voyante, un peu guérisseuse, un peu charlatane, mais experte en écoulement des fluides et en chandelles miraculeuses. 

Dessinée par Eric Hübsch, cette gaudriole est l'occasion pour les auteurs de brocarder la rigueur catholique face à la légèreté protestante. Il y est aussi question d'hypnotisme, de grand amour et de jeu de paume. On rit beaucoup à ces péripéties médicales d'un autre temps.

"La chandelle du bon roy Henri", Bamboo Grand Angle, 64 pages, 16,90 €

vendredi 14 mars 2025

BD - Tous les rieurs se tournent vers l'Ouest

Allergiques au western, cette BD va peut-être vous réconcilier avec le genre.  Manichéen, plein de bons sentiments et de violence gratuite, le western est la nouvelle tragédie pour certains. Un tissu de clichés pour d'autres. Les seconds vont donc se précipiter sur cette parodie championne de l'absurde. Olivier Supiot au scénario et Damien Geffroy au dessin proposent donc le second recueil d'histoires courtes. Des récits prépubliés dans Fluide Glacial, ce qui donne une idée du pourcentage d'humour dans les planches. 

Pour lier ces petits contes abscons, les auteurs ont pondu quelques pages et dessins de liaison mettant en scène un certain Starwild Ranger, un cowboy masqué, amateur de duels et de belles pépées. Un Ranger aujourd'hui à la retraite, grabataire et cloué dans son fauteuil roulant (qu'il prend pour un mustang !). Il tente de séduire (trousser à la hussarde exactement), l'aide soignante qu'il prend pour Suzie, une de ses conquêtes de quand il était jeune et vigoureux. En fait il s'adresse à Micheline qui a bien du mérite de supporter les délires du vieux. 

Entre une soupe et un suppositoire (on vous passe le changement de couches), Starwild raconte l'histoire du trappeur Kevin Croquette, un Canadien qu'il ne faut pas confondre avec Davy Crockett, de Charlie, pistolero impitoyable très à cheval sur l'hygiène ou du soldat Carrington, pris en défaut dès sa première mission chez les Indiens. Quelle idée aussi de fumer un calumet de la paix rempli d'herbes hallucinogènes. 

Des récits courts, de quatre pages maximum, qui parfois auraient pu contenir dans une seule planche de gag. Mais ce serait dommage car cela permet à Damien Geffroy de développer son graphisme. Il soigne ses planches, les décors sont dignes d'un Giraud ou d'un Hermann. Mais côté "héros", c'est plutôt du gros nez rigolo. Une opposition qui donne aussi tout son charme à une BD portant la parodie du western à son summum.

"Les cowboys sont toujours à l'Ouest" (tome 2), Fluide Glacial, 56 pages, 15,90 €

Retrouvez ici la critique du tome 1       

mardi 11 mars 2025

BD - Star Naze, parodie et gags intergalactiques

Qui aime bien, châtie bien ! Ced, le scénariste de ce recueil de gags, a sans doute vu des dizaines de fois chaque épisode de la saga des Star Wars. Sans compter les séries et autres dessins animés qui animent sans cesse la franchise (ne manquez pas la ressortie au cinéma, le 24 avril 2025 à l'occasion des 20 ans, de l'épisode III, La revanche des Sith). 

Christo, le dessinateur, a lui aussi visionné plus que de raison les films de Georges Lucas. Résultat ce sont deux fans, amateurs éclairés et véritables spécialistes qui se permettent les pires blagues sur cet univers légendaire. 

Dans "Star Naze", la version parodique, tous les personnages ont un côté obscur parfaitement caché. On découvre ainsi d'où provient la manie qu'a Yopla d'inverser verbe, sujet et complément. Et les graves conséquences que cette dyslexie a parfois. De Luc à Kador (version canine de Dark Vador ?) en passant par Yann Tousseul ou Klorokin (allusion à l'actualité dans le jeu de mot le plus drôle de la galaxie), vous rirez rien qu'en découvrant le nouveau nom des héros. 

Quant aux situations, entre violence et sexe, il y a tout ce que le vrai Star Wars laisse deviner sans jamais en parler et encore moins le montrer. Enfin vous risquez, comme moi, vous demander longtemps pourquoi l'ordre des Jedi est devenu dans la BD l'ordre des Jedognon. Un conseil, il faut le prononcer à haute voix pour comprendre l'astuce qui vous fera pleurer de rire.

"Star Naze", Jungle, 128 pages, 15 €

dimanche 23 février 2025

BD - Alphonse, chômeur qui donne de sa personne

Le marché de l'emploi est en pleine révolution. Terminés les métiers pépères que l'on occupait durant toute une vie de labeur. Désormais le CDD prime. Et les métiers changent. Beaucoup n'existaient pas il y a quelques années. D'autres sont peu connus. Une originalité qui a donné l'idée à Philippe Pelaez, scénariste alternant tous les genres, pour dit-il, "ne jamais rester dans sa zone de confort", ces histoires courtes comiques vues depuis quelques mois dans Fluide Glacial. 

Le héros, Alphonse, est le prototype du chômeur longue durée, acceptant tous les emplois, même les plus improbables. Voilà comment il se retrouve, sous les crayons de Pascal Valdés, bombardé "branleur de dindons" dans une ferme typique de la France profonde. Des dindons qui semblent apprécier sa présence. On rit à ces péripéties campagnardes, plus que si vous avez eu la malchance d'occuper le métier saisonnier très redouté dans le sud-ouest de "castreur de maïs". 

Les histoires courtes voient notre pauvre Alphonse devenir prof d'anglais en prison ou renifleur d'aisselles (un métier qui ressemble à s'y méprendre à testeur de médicaments pas encore tout à fait au point...). Le récit le plus bidonnant est peut-être quand il accepte d'être "nettoyeur de scène de crime". Certes il a des notions de "technicien de surface", mais un peu moins de "crime" quand il est associé au sang, tripes et morceaux de cervelle collés au plafond. La liste de ces métiers aussi détestables que comiques semble infinie. Une seconde livraison ne déplairait pas au lecteur en mal "d'umour et bandessinées", slogan toujours d'actualité pour Fluide Glacial qui fête le mois prochain ses 50 ans. 

"Alphonse, la gueule de l'emploi", Fluide Glacial, 56 pages, 13,90 €

Philippe Pelaez et Pascal Valdés seront présents aux prochaines Rencontres autour de la bande dessinée qui se déroulera du jeudi 17 avril au dimanche 20 avril, au Palais des congrès de Gruissan dans l'Aude.

mercredi 5 février 2025

BD - Jonathan Munoz se souvient de son (abominable) adolescence

De 1996 (12 ans) à 2004 (20 ans), Jonathan Munoz a vécu ce qu'il nomme gentiment "L'âge bête". Il a transformé ces années d'apprentissage entre collège, lycée et glandouille en "âge bite", car Jonathan Munoz, illustre auteur de BD de Fluide Glacial, aime provoquer, se moquer et rire de tout, en priorité de soi. Il a déjà évoqué sa petite enfance dans un précédent album, mais cette fois cela devient sérieux. 

Le petit Jonathan va devoir se coltiner le monde des grands (le collège...) avec ses racailles sa loi du plus fort et les mauvais exemples. Timide, vivant seul avec sa maman (son père meurt d'un coup d'un seul provoquant un séisme dans la vie de Jonathan, seul passage de la BD où l'émotion l'emporte sur le rire), sans véritablement d'amis si ce n'est d'autres losers. 


Il va cependant faire quelques découvertes intéressantes, racontées avec facétie comme Internet, le vol à l'étalage, le mensonge, comment embrasser (avec la langue) ou la masturbation...

Quand il arrive au lycée, nouveau gros choc : les filles ! Dans sa classe il tombe immédiatement amoureux de quatre filles : Vanessa, Anaïs, Marion et Laurie, même si pour cette dernière ce sont surtout ses gros seins qui lui ont tapé dans l'œil. 

Et puis il y a aussi le skate, les premières soirées entre potes, les jeux vidéos et sa première relation stable. En se dévoilant, Jonathan Munoz raconte la jeunesse de cette époque (d'il y a 20 ans), entre espoir et défaitisme. On rit souvent. Même si on peut aussi en tirer des enseignements philosophiques sur la vie en général, sauf le gag du sex-shop, vraiment dégoutant...

"L'âge bête" de Jonathan Munoz, Fluide Glacial, 56 pages, 13,90 €

samedi 21 décembre 2024

BD - Dad, un papa exemplaire

Pour le 11e recueil de gags de Dad et ses filles, Nob, dessinateur et scénariste de cette série vedette du magazine Spirou, dévoile la vie de son héros avant l’arrivée des enfants. Une quarantaine de flashbacks présentés chronologiquement avec d’entrée, un Dad à peine sorti de l’adolescence, déjà papa d’une petite fille sérieuse avant l’heure.

Car notre héros, malgré un métier aléatoire (comédien de casting…), ne peut s’empêcher, dès qu’il tombe amoureux, de concevoir un enfant avec sa belle. Une fille. Tout le temps.

Il y a donc la première, Pandora, intelligente, sérieuse, réfléchie. Elle ne veut pas de petite sœur mais craque complètement face à la mignonerie de la petite blonde Ondine, fille d’une starlette. Enfin arrive dans le foyer Roxane, aussi rousse que sa maman, employée dans une ONG à l’étranger. On rit aux facéties du père et relations parfois compliquées entre les trois sœurs.



Et puis au final, on ne peut retenir une petite larme quand arrive dans le foyer une quatrième fille, adorable Bébérénice, orpheline ayant déjà vécu son lot de malheurs. Une histoire de famille moderne, avec un papa que personne ne renierait.
« Dad » (tome 11), Dupuis, 48 pages, 12,50 €

dimanche 13 octobre 2024

De l’humour : Addictions

Fin, très actuel, joliment dessiné : le recueil de dessins d’humour signé François Ravard a tout pour vous faire passer un excellent moment. Il y est question d’Addictions. Souvent celles qui passent par les nouvelles technologies, du GPS aux réseaux sociaux.

Un dessin pleine page en couleur, une phrase prononcée par un des protagonistes et vous pouvez imaginer toute une histoire avec début, fin et chute. Exemple avec cette jeune fille attablée dans un restaurant. Le serveur lui explique, placide : « Je suis navré Madame, mais vos 135 followers ne seront pas suffisants pour prétendre à un repas gratuit. Pour un café à la rigueur. » .

« Addictions » de François Ravard, Fluide Glacial, 96 pages, 22,90 €

mardi 10 septembre 2024

BD – Comment se moquer de l’Amérique profonde


Le rêve américain, son cinéma inégalable, ses petites villes perdues, ses flics bêtes et bornés… Tel est le menu de recueil d’histoires courtes parues dans Fluide Glacial et reprises dans un album augmenté de quelques gags intermédiaires pour lier le tout.

Maddie Edwards est officiellement la shérif du comté de Badger, chef-lieu Chapatanka. Mais son rêve est de devenir romancière. Au lieu de rédiger les rapports de ses enquêtes de routine (très routinières), elle ambitionne de pondre un best-seller. Un polar évidement. Problème : elle n’a aucune imagination. Alors elle va s’inspirer de son quotidien. Nouveau problème, le roman débute par cette phrase peu accrocheuse : « Chapatanka, une ville sans histoires. »


Pourtant, si elle était un peu plus à l’affût, elle en trouverait des idées si l’on en croit les auteurs de la BD, B-Gnet et Joret. L’histoire de ces petites filles, des jumelles, perdues dans la forêt et qui survivent en tuant et mangeant des touristes, cet écrivain fou qui séquestre sa femme dans un hôtel isolé, cette famille de freaks, typique de ce Midwest où la dernière mode est de porter un masque en peau humaine.

Chaque histoire est une relecture, très humoristique, de grands classiques du cinéma US. De Rambo à E.T.
« Chapatanka », Fluide Glacial, 56 pages, 15,90 €

lundi 26 août 2024

BD - Dernières décisions de managers ridicules


Depuis le résultat des élections législatives anticipées, le président s’est fait discret sur le front des allocutions officielles. Alors ceux qui sont en manque (toutes les perversions existent dans ce triste monde…) doivent lire de toute urgence ce recueil de gags intitulé Dernière réunion avant l’apocalypse.

Dès la première page on voit le président, torse nu, un superbe tatouage maori sur l’épaule et le poitrail, expliquer aux citoyens que « l’apocalypse et la fin du monde auront lieu demain à 19 heures. » Sur cette nouvelle sensationnelle, Karibou (scénario) et Chavant (dessin), vont raconter, heure par heure, ce qu’il se passe dans la société, notamment au travail. Car sous couvert de message messianique, c’est une sévère critique du monde économique qui est proposée pour assouplir nos zygomatiques.

Les managers en prennent pour leur grade, eux qui veulent profiter de l’échéance pour pressuriser encore plus leurs subordonnés. Certains acceptent, oubliant que c’est leur dernière journée de boulot, d’autres se rebellent. Surtout pour tenter de prendre la place de leur N + 1 avant 19 h. Et les primes de fin d’année (qui n’arrivera jamais…) qui vont avec.

Le meilleur reste les gags avec le président. On sent le frustré décidé à utiliser au maximum ses prérogatives. Toute ressemblance avec…
« Dernière réunion avant l’apocalypse », Delcourt, 64 pages, 13,50 €

samedi 11 novembre 2023

BD - Gaston Lagaffe, retour très fidèle


Avec une année de retard, Gaston Lagaffe fait son retour dans les librairies. Une renaissance compliquée, l’héritière de Franquin portant l’affaire devant la justice. Après accord avec les éditions Dupuis, Delaf (dessinateur canadien des Nombrils), a donc pu distiller ses planches dans le journal de Spirou pour finalement proposer ce 22e recueil de gaffes en tous genres. Une reprise très attendue.


Delaf le sait, lui qui a osé faire dire aux membres de la rédaction :

« - C’est bluffant ! On dirait vraiment du Franquin !

- Au premier coup d’œil, oui. Au second, bof…

- Aaah, Franquin : souvent copié, jamais égalé ! »

Pourtant, côté dessin, rien à redire. La fidélité au trait de Franquin est parfaite. Il manque un peu de fantaisie, mais l’ensemble est très satisfaisant.

La bonne surprise vient du scénario. Seul, Delaf parvient à retrouver cet esprit frondeur et dilettante qui a fait son succès de cette première série avec un non-héros en vedette. Et comme il connaît ce petit monde sur le bout des doigts, les références aux différentes inventions du génial gaffeur permettent au lecteur un peu orphelin depuis quelques décennies, de retrouver un univers comique unique. Alors laissez-vous tenter par ce Gaston, sans a priori, vous ne le regretterez pas et pourrez rire de bon cœur comme dans votre jeunesse pour les plus anciens.

« Gaston Lagaffe » (tome 22), Dupuis, 48 pages, 12,50 €  

vendredi 8 septembre 2023

BD - Sympathique charge contre les abrutis des réseaux

Évitez de lire cette BD du Montpelliérain né à Perpignan, Fabrice Erre, si vous aimez traîner, publier et commenter sur les réseaux sociaux.

Réseau, boulot, dodo dézingue avec une rare méchanceté les très mauvaises habitudes que l’on prend en restant trop longtemps la tête penchée sur son smartphone à découvrir la dernière péripétie d’un influenceur affairiste ou pour commenter le statut totalement inutile de cette vague connaissance de maternelle retrouvée 25 ans plus tard.

En réalité, le gros problème de cette BD n’est pas de nous faire rire (à tous les gags !), mais de se transformer en miroir de notre propre dépendance à ces monstres virtuels devenus omnipotents en très peu de temps. Car oui, il se peut qu’on se reconnaisse dans ces personnages ignares et dépendants imaginés et dessinés avec un réel talent par Fabrice Erre. (Fluide Glacial, 13,90 €).

mercredi 30 août 2023

BD - L’Ouest frappadingue par Supiot et Geffroy


La conquête de l’Ouest américain et par extension toutes les histoires de cowboys a toujours fasciné les auteurs de BD. Beaucoup de séries réalistes de légende (Jerry Spring, Blueberry), des pastiches hilarants (Lucky Luke, Chick Bill) et depuis quelques années des hommages au troisième degré. On peut classer dans cette catégorie Les cowboys sont toujours à l’Ouest (Fluide Glacial, 56 pages, 15,90 €), anthologie d’histoires courtes signées Supiot (scénario) et Geffroy (dessin).

Des saynètes qui reprennent les grands mythes de l’Ouest, le vrai, de l’épopée du Pony Express à certaines légendes indiennes. Appréciez plus spécialement le récit complet sur Buffalo Yves. Des organisateurs de spectacles ont promis à la reine Victoria une rencontre avec Buffalo Bill, le célèbre chasseur de bisons. Mais indisposé, il est remplacé au dernier moment par Buffalo Yves, son équivalent… français. La reine va-t-elle s’apercevoir de la supercherie.
On rit aussi à la variation gore sur la vengeance de Nanabohzo, le dieu indien qui prend la forme d’un lapin. Un album qui n’est pas avare en jeux de mots comme « chasseur déprime » ou « Fort Bidden ».

vendredi 25 août 2023

BD - Humour jaune rebondissant selon Panaccione

Se moquer du sport, et surtout des sportifs, reste la meilleure façon pour se déculpabiliser de ne pas s’adonner à la moindre activité physique. Les footballeurs sont des proies de choix. Pourtant il existe une race de sportifs tout aussi bien payée qui échappait jusqu’à présent aux sarcasmes : les tennismen. Erreur réparée par Grégory Panaccione avec son Encyclopédie du tennis (Fluide Glacial, 56 pages, 13,90 €) constituée d’histoires courtes parues précédemment dans le mensuel créé par Gotlib.

Pour nous donner les rudiments de ce sport, Panaccione a fait confiance à Marcel Costé, international qui rêve de devenir N° 1 et déjà croisé dans Match, autre album hilarant sur la raquette et les balles jaunes, comme un certain humour. Marcel, gros godillots, bedaine en expansion, cheveux blond filasse et barbe de trois jours ressemble à Bjorg croisé avec Chabal. Il excelle à la destruction de raquettes, fume une clope au changement de côté et préfère le gros rouge à la Vittel.

L’occasion pour l’auteur de bousculer les règles. On assiste à des parties de tennis-car (les joueurs sont dans une voiture) et après le simple ou le double, place au centuple : chaque équipe sur le court est composée de cent joueurs.

lundi 3 juillet 2023

Cahier de vacances - Exos rigolos


Les enfants aussi pourront demander aux parents de faire leurs exercices durant les vacances. À la différence près que le traditionnel Cahier de vacances pour adultes, de 17 à 117 ans (128 pages, Chifflet & Cie, 9,95 €) est beaucoup plus cool que les exercices de maths, français ou histoire proposés aux jeunes. En annonçant en couverture « 200 exos rigolos », cette bible de la culture générale (richement illustrée de centaines de dessins de Joan), vous permettra de briller en société ou de constater que, finalement, vous n’êtes plus du tout dans le coup.

Des quiz diversifiés pour connaître votre niveau en rock, rugby ou manga, des tests sur votre mémoire avec par exemple, un jeu pour retrouver les titres de films sortis il y a dix ans. Le plus marrant reste cette dictée inversée. Il vous est proposé de corriger la copie de Jean-Kévin, candidat au brevet des collèges.

Pour avoir vu passer sur le Net quelques véritables dictées de 2023, je trouve que les auteurs ont été très gentils en ne glissant que 25 fautes dans ce court texte. Dans la vraie vie, un élève moyen en aurait certainement fait une bonne cinquantaine. Et vous, combien allez-vous en détecter ?


dimanche 14 mai 2023

BD - Hollywood, entre rêve et réalité

Ne jamais croire ce qui est montré dans les films américains. Cette usine à rêves dissimule une réalité souvent moins flatteuse. Zidrou la raconte dans des histoires courtes se déroulant dans le Hollywood des années 50. Maltaite se charge de la dessiner dans ce style à cheval entre un réalisme sans faille et des gueules caricaturales.

On croise dans ce premier recueil de récits parus dans Fluide Glacial une starlette un peu désespérée, persuadée que cette fois c’est la bonne elle va prendre son envol vers la gloire, un ancien cascadeur reconverti dans le hot dog et une jeune comédienne, d’origine asiatique, qui sera enfin filmée en gros plan.
De l’humour très noir qui frappe toujours là où ça fait le plus mal.

« Hollywoodland » (tome I), Fluide Glacial, 13,90 €

samedi 22 avril 2023

De choses et d’autres - Fake news avec arêtes

1er avril, voilà bien un jour où la chasse aux fake news est compliquée. Date sacrée pour les comiques des rédactions, c’est la possibilité de toutes les énormités. Car plus c’est gros, plus c’est plausible : telle est la maxime qui permet de mettre au point un bon 1er avril. Avec quelques règles aussi, car comme une contrepèterie doit avoir un petit côté salace, un poisson d’avril digne de ce nom tourne autour du milieu aquatique. A cette occasion, un lecteur, dans une lettre qu’il commence ainsi : « Messieurs de l’I. (non, pas Bruce voyons !) », propose quelques brèves piscicoles de printemps que je me réjouis de reproduire.
« Dédicace. Cet après-midi à la Maison de la presse, dédicace du livre « Pages blanches » ou les mémoires de Pascal Zheimer. Espérons qu’il n’aura pas oublié le rendez-vous.

Jumelage. On pensait le projet tombé dans les oubliettes pour cause de Covid. Que nenni. Le comité l’a remis sur la table pour mener à son terme le jumelage de Montner dans les Pyrénées-Orientales avec Montcuq, petit village du Lot. De beaux échanges culturels en perspective.

Information médicale. Le docteur Rienne César vous fait part de sa future installation au centre médical de la commune. »
Je me permets, dans l’esprit de ces brèves simplement signées « un citoyen Lambda » de rajouter cette information :

Météo. Après la procession de Saint-Gaudérique à Perpignan, nouvelle initiative pour le retour de la pluie dans la région : le grand sachem sioux Plume d’œuf en provenance du Wyoming fera la danse de la pluie, ce samedi, à 14 heures, sur la passerelle enjambant la Têt.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le samedi 1er avril 2023

vendredi 14 avril 2023

BD - Mo CDM, le meilleur gagman de tous les temps

Le rire peut-il sauver le monde ? Les conseillers du président des USA en sont persuadés. Rien de tel qu’une bonne blague pour redonner le moral à une population de plus en plus déprimée. Ils ont même lancé des recherches pour trouver le meilleur raconteur d’histoire drôle du pays. Le recueil de gags signé Mo CDM intitulé Tirez sur mon doigt monsieur le président relate cette nouvelle guerre de la plaisanterie.

Premier à entrer en scène, en compétition, le professeur Von Drole. Un peu savant fou, il a mis au point Supergagman, sorte de Frankenstein de la blague. Une dizaine de ses planches sont proposées au lecteur qui commence déjà à se dérider. Mais intervient ensuite le Docteur Vannedemerd, autre scientifique de génie. Ses recherches ont permis de mettre au point un cyborg répondant au doux nom de Ultra Gag 3000. De la belle machine, efficace et désopilante.

Mais au final c’est un banal humoriste français, un certain Mo CDM qui à partir de la page 40 va parvenir à sauver la planète de son marasme. Mo CDM qui signe des gags extrêmes, si marrants que le lecteur prend de réels risques à les lire sans filtre pour protéger sa rate et ses zygomatiques. Des gags à la pelle, absurdes et édifiants à la fois. Profitez-en, l’auteur en a des centaines, des milliers, voire des milliards en réserve. Enfin, c’est ce qu’il prétend...
« Tirez sur mon doigt monsieur le président », Fluide Glacial, 13,90 €

mercredi 12 avril 2023

De choses et d’autres - Prénoms à savourer

Une récente analyse des prénoms des petits Français depuis ces dernières années laisse apparaître une tendance étonnante. De plus en plus de parents délaissent le calendrier classique pour affubler leur progéniture de noms d’aliments.

Une mode pas si récente quand on voit la prolifération des Cerise, Prune et autre Clémentine dans les écoles, collèges et lycées. La différence de la nouvelle mode serait dûe au fait que les parents choisissent d’appeler leur enfant comme leur aliment préféré.

Voilà pourquoi on a désormais des Miel ou des Fraise qui font leur apparition sur les registres de l’état-civil. Les Anglo-Saxons seraient en pointe dans ce mouvement, qui semble très marqué par le véganisme. Car ce sont essentiellement des noms de fruits qui sont choisis.


Les amateurs de bidoche et de salé ne semblent pas attirés par cette tendance. Pourtant je verrai bien un faire-part de naissance de ce style. « Marcelle et Gérard Alamodkan ont la joie d’annoncer la naissance de leur petite fille, Tripe ». En espérant que les goûts culinaires ne soient pas radicalement différents dans un couple.

Le papa veut que sa fille s’appelle Côtelette alors que la maman revendique Macaron si c’est un garçon. Une mode qu’on pourrait régionaliser.

Ainsi, à Cambrai, les Bêtises seraient majoritaires ; les Nougat s’imposent à Montélimar et à Castelnaudary, toute une génération sera traumatisée après avoir reçu le prénom de Cassoulet. Pour ma part, c’est tout, vu : si j’avais un fils, actuellement, il prendrait pour premier prénom Rougail.

Et en seconde position, Saucisse, Cabri ou Tomate.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le mercredi 29 mars 2023

samedi 8 avril 2023

Billet - Éloge de la procrastination

J’ai peut-être déjà parlé de la procrastination dans cette rubrique. Souvent je me suis dit qu’il fallait que j’archive et note tous les sujets abordés depuis plus de dix ans dans ces colonnes. Mais justement, ma procrastination m’a toujours fait repousser cette tâche ingrate. Devenu titanesque depuis.

Donc, mille excuses à ceux qui ont plus de mémoire que moi. Si je parle de nouveau de cette manie de remettre au lendemain ce que l’on aurait dû faire le jour même (voire il y a quelques années dans mon cas…) c’est que ce samedi 25 mars est la journée mondiale de la procrastination. Pas le 26, le 25 !

Une société qui propose de s’occuper de mes tâches administratives, me le rappelle en me glissant au passage « sept astuces majeures pour éviter de tout remettre au lendemain ». Vaillant à la tâche pour une fois, je les parcours et y découvre en réalité quelques raisons supplémentaires pour procrastiner de plus belle. Exemples. « Commencez par les tâches les plus faciles » : faire le minimum dans mon cas et reporter les gros chantiers.

« Évitez les distractions » : tiens, ça me fait me souvenir que je viens de m’abonner au Pass Warner et que je dois rattraper quelques séries d’anthologie comme The Leftlovers, The Wire ou True Blood.

« Trouver un partenaire de responsabilité » : l’évidence même. Cela fait des années que je ne m’occupe plus des papiers de la banque, impôts, assurances et autres administrations rébarbatives. En l’occurrence, mon partenaire de responsabilité répond aussi au nom d’« épouse ayant les pieds sur terre ».

Enfin, « lorsque vous avez terminé une tâche importante, accordez-vous une récompense » : Chouette, je viens de terminer le billet, je suis en week-end. Sacrée récompense !

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le samedi 25 mars 2023