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dimanche 6 avril 2025

BD – Chez Smitch, le travail c'est une vaste rigolade

Personnellement à la retraite depuis quelques mois, lire cette BD d'Erik Tartrais sur le monde du travail c'est pour moi la possibilité de retrouver avec une certaine nostalgie les douces odeurs de la machine à café, le matin, avant de commencer à bosser (ou de faire semblant pour pas mal de mes collègues). Dire que je regrette serait mentir. Oui, on est mieux en télétravail. Voire au chômage que dans ces entreprises où personne ne sait exactement quelle est sa fonction. L'auteur a visiblement passé pas mal de temps dans cet entourage toxique. Et comme il n'est pas dénué d'humour (en plus d'un bon coup de crayon), il transforme  ce qui semble furieusement à de véritables anecdotes en scénettes au comique irrésistible. 

On suit notamment le PDG de l'entreprise Lambertin & Fils, société française, première dans son secteur (mais on ne saura jamais lequel...). Laurent, le fils du grand patron, bête comme ses pieds, arrogant et hors sol, traite ses employés comme des enfants de maternelle. Ils ne sont pas dupes. Mais préfèrent en profiter tant qu'il est temps. Car la boite est en passe d'être rachetée par les Américains de chez Mitch. Une révolution que le pauvre Lambertin aura bien des difficultés à comprendre. 

Rions donc avec les dactylos (devenues assistantes de direction...), les délégués syndicaux et autres staffs de l'informatique ou des « forces commerciales ». C'est impitoyable, d'une rare méchanceté, notamment quand Erik Tartrais s'attaque à quelques figures du management, du Codir en passant par le fameux bâton de parole. 

Une BD qui va vous faire rire. Mais aussi envie de démissionner si vous avez le malheur de bosser pour une société du style Lambertin & Fils.     

« Bienvenue chez Smitch » d'Erik Tartrais, Fluide Glacial, 56 pages, 13,90 €

vendredi 14 mars 2025

BD - Tous les rieurs se tournent vers l'Ouest

Allergiques au western, cette BD va peut-être vous réconcilier avec le genre.  Manichéen, plein de bons sentiments et de violence gratuite, le western est la nouvelle tragédie pour certains. Un tissu de clichés pour d'autres. Les seconds vont donc se précipiter sur cette parodie championne de l'absurde. Olivier Supiot au scénario et Damien Geffroy au dessin proposent donc le second recueil d'histoires courtes. Des récits prépubliés dans Fluide Glacial, ce qui donne une idée du pourcentage d'humour dans les planches. 

Pour lier ces petits contes abscons, les auteurs ont pondu quelques pages et dessins de liaison mettant en scène un certain Starwild Ranger, un cowboy masqué, amateur de duels et de belles pépées. Un Ranger aujourd'hui à la retraite, grabataire et cloué dans son fauteuil roulant (qu'il prend pour un mustang !). Il tente de séduire (trousser à la hussarde exactement), l'aide soignante qu'il prend pour Suzie, une de ses conquêtes de quand il était jeune et vigoureux. En fait il s'adresse à Micheline qui a bien du mérite de supporter les délires du vieux. 

Entre une soupe et un suppositoire (on vous passe le changement de couches), Starwild raconte l'histoire du trappeur Kevin Croquette, un Canadien qu'il ne faut pas confondre avec Davy Crockett, de Charlie, pistolero impitoyable très à cheval sur l'hygiène ou du soldat Carrington, pris en défaut dès sa première mission chez les Indiens. Quelle idée aussi de fumer un calumet de la paix rempli d'herbes hallucinogènes. 

Des récits courts, de quatre pages maximum, qui parfois auraient pu contenir dans une seule planche de gag. Mais ce serait dommage car cela permet à Damien Geffroy de développer son graphisme. Il soigne ses planches, les décors sont dignes d'un Giraud ou d'un Hermann. Mais côté "héros", c'est plutôt du gros nez rigolo. Une opposition qui donne aussi tout son charme à une BD portant la parodie du western à son summum.

"Les cowboys sont toujours à l'Ouest" (tome 2), Fluide Glacial, 56 pages, 15,90 €

Retrouvez ici la critique du tome 1       

dimanche 23 février 2025

BD - Alphonse, chômeur qui donne de sa personne

Le marché de l'emploi est en pleine révolution. Terminés les métiers pépères que l'on occupait durant toute une vie de labeur. Désormais le CDD prime. Et les métiers changent. Beaucoup n'existaient pas il y a quelques années. D'autres sont peu connus. Une originalité qui a donné l'idée à Philippe Pelaez, scénariste alternant tous les genres, pour dit-il, "ne jamais rester dans sa zone de confort", ces histoires courtes comiques vues depuis quelques mois dans Fluide Glacial. 

Le héros, Alphonse, est le prototype du chômeur longue durée, acceptant tous les emplois, même les plus improbables. Voilà comment il se retrouve, sous les crayons de Pascal Valdés, bombardé "branleur de dindons" dans une ferme typique de la France profonde. Des dindons qui semblent apprécier sa présence. On rit à ces péripéties campagnardes, plus que si vous avez eu la malchance d'occuper le métier saisonnier très redouté dans le sud-ouest de "castreur de maïs". 

Les histoires courtes voient notre pauvre Alphonse devenir prof d'anglais en prison ou renifleur d'aisselles (un métier qui ressemble à s'y méprendre à testeur de médicaments pas encore tout à fait au point...). Le récit le plus bidonnant est peut-être quand il accepte d'être "nettoyeur de scène de crime". Certes il a des notions de "technicien de surface", mais un peu moins de "crime" quand il est associé au sang, tripes et morceaux de cervelle collés au plafond. La liste de ces métiers aussi détestables que comiques semble infinie. Une seconde livraison ne déplairait pas au lecteur en mal "d'umour et bandessinées", slogan toujours d'actualité pour Fluide Glacial qui fête le mois prochain ses 50 ans. 

"Alphonse, la gueule de l'emploi", Fluide Glacial, 56 pages, 13,90 €

Philippe Pelaez et Pascal Valdés seront présents aux prochaines Rencontres autour de la bande dessinée qui se déroulera du jeudi 17 avril au dimanche 20 avril, au Palais des congrès de Gruissan dans l'Aude.

mercredi 5 février 2025

BD - Jonathan Munoz se souvient de son (abominable) adolescence

De 1996 (12 ans) à 2004 (20 ans), Jonathan Munoz a vécu ce qu'il nomme gentiment "L'âge bête". Il a transformé ces années d'apprentissage entre collège, lycée et glandouille en "âge bite", car Jonathan Munoz, illustre auteur de BD de Fluide Glacial, aime provoquer, se moquer et rire de tout, en priorité de soi. Il a déjà évoqué sa petite enfance dans un précédent album, mais cette fois cela devient sérieux. 

Le petit Jonathan va devoir se coltiner le monde des grands (le collège...) avec ses racailles sa loi du plus fort et les mauvais exemples. Timide, vivant seul avec sa maman (son père meurt d'un coup d'un seul provoquant un séisme dans la vie de Jonathan, seul passage de la BD où l'émotion l'emporte sur le rire), sans véritablement d'amis si ce n'est d'autres losers. 


Il va cependant faire quelques découvertes intéressantes, racontées avec facétie comme Internet, le vol à l'étalage, le mensonge, comment embrasser (avec la langue) ou la masturbation...

Quand il arrive au lycée, nouveau gros choc : les filles ! Dans sa classe il tombe immédiatement amoureux de quatre filles : Vanessa, Anaïs, Marion et Laurie, même si pour cette dernière ce sont surtout ses gros seins qui lui ont tapé dans l'œil. 

Et puis il y a aussi le skate, les premières soirées entre potes, les jeux vidéos et sa première relation stable. En se dévoilant, Jonathan Munoz raconte la jeunesse de cette époque (d'il y a 20 ans), entre espoir et défaitisme. On rit souvent. Même si on peut aussi en tirer des enseignements philosophiques sur la vie en général, sauf le gag du sex-shop, vraiment dégoutant...

"L'âge bête" de Jonathan Munoz, Fluide Glacial, 56 pages, 13,90 €

dimanche 13 octobre 2024

De l’humour : Addictions

Fin, très actuel, joliment dessiné : le recueil de dessins d’humour signé François Ravard a tout pour vous faire passer un excellent moment. Il y est question d’Addictions. Souvent celles qui passent par les nouvelles technologies, du GPS aux réseaux sociaux.

Un dessin pleine page en couleur, une phrase prononcée par un des protagonistes et vous pouvez imaginer toute une histoire avec début, fin et chute. Exemple avec cette jeune fille attablée dans un restaurant. Le serveur lui explique, placide : « Je suis navré Madame, mais vos 135 followers ne seront pas suffisants pour prétendre à un repas gratuit. Pour un café à la rigueur. » .

« Addictions » de François Ravard, Fluide Glacial, 96 pages, 22,90 €

mardi 10 septembre 2024

BD – Comment se moquer de l’Amérique profonde


Le rêve américain, son cinéma inégalable, ses petites villes perdues, ses flics bêtes et bornés… Tel est le menu de recueil d’histoires courtes parues dans Fluide Glacial et reprises dans un album augmenté de quelques gags intermédiaires pour lier le tout.

Maddie Edwards est officiellement la shérif du comté de Badger, chef-lieu Chapatanka. Mais son rêve est de devenir romancière. Au lieu de rédiger les rapports de ses enquêtes de routine (très routinières), elle ambitionne de pondre un best-seller. Un polar évidement. Problème : elle n’a aucune imagination. Alors elle va s’inspirer de son quotidien. Nouveau problème, le roman débute par cette phrase peu accrocheuse : « Chapatanka, une ville sans histoires. »


Pourtant, si elle était un peu plus à l’affût, elle en trouverait des idées si l’on en croit les auteurs de la BD, B-Gnet et Joret. L’histoire de ces petites filles, des jumelles, perdues dans la forêt et qui survivent en tuant et mangeant des touristes, cet écrivain fou qui séquestre sa femme dans un hôtel isolé, cette famille de freaks, typique de ce Midwest où la dernière mode est de porter un masque en peau humaine.

Chaque histoire est une relecture, très humoristique, de grands classiques du cinéma US. De Rambo à E.T.
« Chapatanka », Fluide Glacial, 56 pages, 15,90 €

mercredi 3 avril 2024

BD - Enfants légendaires

 


On a beaucoup parodié les contes. Notamment dans les pages de Fluide Glacial où Gotlib a présenté une version du Petit Chaperon rouge qui aurait peu de chance d’être publiée de nos jours… Mab reprend en partie le concept dans ce recueil d’histoires courtes intitulé Et ils eurent beaucoup d’emmerdes !

Après le conte, les héros ont donc eu des enfants. Cela donne des triplés chez la Belle au bois dormant. Le petit chaperon rouge a par exemple eu un fils (avec le loup… merci Gotlib). Un fils qui lui aussi doit aller porter des victuailles à sa grand-mère qui a beaucoup d’appétit. Mab revisite ainsi l’imaginaire collectif autour du Prince Charmant, de Tarzan, Boucle d’or, Barbe Bleue, l’ogre mangeur d’enfants, le Petit Poucet ou Peter Pan.

C’est parfois très osé, toujours juste et systématiquement hilarant. Par contre ce n’est pas à mettre entre les mains des enfants. Même si les véritables contes sont souvent encore plus effroyables.


« Et ils eurent beaucoup d’emmerdes », Fluide Glacial, 56 pages, 15,90 €

dimanche 28 janvier 2024

BD – Dinosaures, animaux et douleur : vous avez dit pédagogie ?

 Longtemps honnie par le corps enseignant, la BD permet désormais d’apprendre facilement. Une pédagogie par l’image parfois très sérieuse, d’autres beaucoup moins…  


Fascinants dinosaures

Rares sont les dessinateurs de BD qui osent s’aventurer en dehors du cocon douillet de leur studio de création. Sédentaires, ils aiment s’évader par la pensée. Aussi quand un artiste décide de s’enfoncer dans la jungle hostile du Laos à la chasse aux restes de dinosaures, on se doute que l’aventure sera belle et palpitante. Ce parcours, c’est Mazan qui l’offre à ses lecteurs dans cette BD entre récit de voyage, séquence pédagogique et reportage dessiné.

Passionné par les dinosaures dès son plus jeune âge, Mazan, installé près d’Angoulême, a longtemps dessiné des récits historiques avec sa compagne Isabelle Dethan. La passion des dinos est revenue quand il découvre un chantier de fouilles près de chez lui. Il copine avec les paléontologues, devient bénévole, dessine leurs fouilles et finalement s’intègre à l’équipe de Ronan Allain qui s’envole pour le Laos en 2012.

Durant un mois et demi, Mazan va participer à l’expédition, manier la pioche et le pinceau. De toute beauté, ce roman graphique retrace la démarche du dessinateur, des chercheurs, raconte dans le détail le voyage en Asie, les déceptions et découvertes enthousiastes.

On apprend beaucoup sur les dinosaures (attention, c’est la partie la plus pédagogique mais aussi la plus complexe), mais surtout on rêve dans les pas de ces aventuriers du XXIe siècle et face à ces aquarelles parfois réalisées dans le feu de l’action, entre boue, attaques de moustiques et crainte de croiser un scorpion.

Kipling insolite

Grand écrivain britannique, Rudyard Kipling prix Nobel de littérature en 1907, a régulièrement séjourné à Vernet-les-Bains dans les Pyrénées-Orientales. C’est peut-être là, au calme d’un hôtel et d’une station thermale, qu’il a imaginé ces petits contes animaliers adaptés par le dessinateur espagnol vivant à Barcelone, Pedro Rodriguez.

Kipling, avec une malice redoutable, explique comment la peau du rhinocéros est devenue épaisse et fripée, pourquoi le léopard a un pelage tacheté, d’où vient la trompe de l’éléphant ou la bosse du chameau. On pourrait penser à première vue que c’est un album on ne peut plus sérieux traitant de l’évolution des espèces. C’est mal connaître ce conteur savant mais surtout très imaginatif.

Dans le premier conte, le rhinocéros, qui au début avait une peau douce et lisse, doit sa transformation à son comportement social « rustre et égoïste », à son amour des gâteaux et à la vengeance d’un Parsi, habitant de cette petite île de la Mer Rouge. On rit beaucoup de ces aventures loufoques, qui s’achèvent à chaque fois par un poème de Kipling.

Le dessin de Rodriguez, simple et expressif, renforce le côté ludique et comique de l’ensemble, très éloigné d’une simple BD pédagogique, mais le lecteur ne s’en plaindra pas.

Santé et douleur par l’humour

Quand un médecin rhumatologue, spécialiste de la douleur, s’associe à un dessinateur humoristique, cela donne cet album simplement intitulé « Aïe ! ». Patrick Sichère a écrit les scénarios de ces huit histoires complètes et les a confiés à Achdé, dessinateur repreneur de Lucky Luke.

Prépubliés dans Fluide Glacial, ces récits abordent entrer autres les problématiques des dents, du dos ou des pieds. L’occasion de revenir sur les débuts de la médecine, quand souffrir était un gage important pour se persuader qu’on était bien soigné. Et parfois cela marchait. L’arracheur de dent, ancêtre du dentiste, avait un truc infaillible pour faire oublier la douleur lancinante de l’abcès mal placé.

Avec presque un gag par dessin, cet album a le double avantage de faire sourire et de nous faire oublier que l’on est malade. Par contre, c’est une lecture à déconseiller aux hypocondriaques car ils pourraient découvrir de nouvelles maladies encore non envisagées.

« Les dinosaures du Paradis », Futuropolis, 224 pages, 26 €

« Les observations animalières de Rudyard Kipling », Aventuriers d’Ailleurs, 146 pages, 18,90 €

« Aïe ! La douleur se traite aussi avec humour », Fluide Glacial, 58 pages, 13,90 €

mercredi 30 août 2023

BD - L’Ouest frappadingue par Supiot et Geffroy


La conquête de l’Ouest américain et par extension toutes les histoires de cowboys a toujours fasciné les auteurs de BD. Beaucoup de séries réalistes de légende (Jerry Spring, Blueberry), des pastiches hilarants (Lucky Luke, Chick Bill) et depuis quelques années des hommages au troisième degré. On peut classer dans cette catégorie Les cowboys sont toujours à l’Ouest (Fluide Glacial, 56 pages, 15,90 €), anthologie d’histoires courtes signées Supiot (scénario) et Geffroy (dessin).

Des saynètes qui reprennent les grands mythes de l’Ouest, le vrai, de l’épopée du Pony Express à certaines légendes indiennes. Appréciez plus spécialement le récit complet sur Buffalo Yves. Des organisateurs de spectacles ont promis à la reine Victoria une rencontre avec Buffalo Bill, le célèbre chasseur de bisons. Mais indisposé, il est remplacé au dernier moment par Buffalo Yves, son équivalent… français. La reine va-t-elle s’apercevoir de la supercherie.
On rit aussi à la variation gore sur la vengeance de Nanabohzo, le dieu indien qui prend la forme d’un lapin. Un album qui n’est pas avare en jeux de mots comme « chasseur déprime » ou « Fort Bidden ».

vendredi 25 août 2023

BD - Humour jaune rebondissant selon Panaccione

Se moquer du sport, et surtout des sportifs, reste la meilleure façon pour se déculpabiliser de ne pas s’adonner à la moindre activité physique. Les footballeurs sont des proies de choix. Pourtant il existe une race de sportifs tout aussi bien payée qui échappait jusqu’à présent aux sarcasmes : les tennismen. Erreur réparée par Grégory Panaccione avec son Encyclopédie du tennis (Fluide Glacial, 56 pages, 13,90 €) constituée d’histoires courtes parues précédemment dans le mensuel créé par Gotlib.

Pour nous donner les rudiments de ce sport, Panaccione a fait confiance à Marcel Costé, international qui rêve de devenir N° 1 et déjà croisé dans Match, autre album hilarant sur la raquette et les balles jaunes, comme un certain humour. Marcel, gros godillots, bedaine en expansion, cheveux blond filasse et barbe de trois jours ressemble à Bjorg croisé avec Chabal. Il excelle à la destruction de raquettes, fume une clope au changement de côté et préfère le gros rouge à la Vittel.

L’occasion pour l’auteur de bousculer les règles. On assiste à des parties de tennis-car (les joueurs sont dans une voiture) et après le simple ou le double, place au centuple : chaque équipe sur le court est composée de cent joueurs.

dimanche 14 mai 2023

BD - Hollywood, entre rêve et réalité

Ne jamais croire ce qui est montré dans les films américains. Cette usine à rêves dissimule une réalité souvent moins flatteuse. Zidrou la raconte dans des histoires courtes se déroulant dans le Hollywood des années 50. Maltaite se charge de la dessiner dans ce style à cheval entre un réalisme sans faille et des gueules caricaturales.

On croise dans ce premier recueil de récits parus dans Fluide Glacial une starlette un peu désespérée, persuadée que cette fois c’est la bonne elle va prendre son envol vers la gloire, un ancien cascadeur reconverti dans le hot dog et une jeune comédienne, d’origine asiatique, qui sera enfin filmée en gros plan.
De l’humour très noir qui frappe toujours là où ça fait le plus mal.

« Hollywoodland » (tome I), Fluide Glacial, 13,90 €

vendredi 14 avril 2023

BD - Mo CDM, le meilleur gagman de tous les temps

Le rire peut-il sauver le monde ? Les conseillers du président des USA en sont persuadés. Rien de tel qu’une bonne blague pour redonner le moral à une population de plus en plus déprimée. Ils ont même lancé des recherches pour trouver le meilleur raconteur d’histoire drôle du pays. Le recueil de gags signé Mo CDM intitulé Tirez sur mon doigt monsieur le président relate cette nouvelle guerre de la plaisanterie.

Premier à entrer en scène, en compétition, le professeur Von Drole. Un peu savant fou, il a mis au point Supergagman, sorte de Frankenstein de la blague. Une dizaine de ses planches sont proposées au lecteur qui commence déjà à se dérider. Mais intervient ensuite le Docteur Vannedemerd, autre scientifique de génie. Ses recherches ont permis de mettre au point un cyborg répondant au doux nom de Ultra Gag 3000. De la belle machine, efficace et désopilante.

Mais au final c’est un banal humoriste français, un certain Mo CDM qui à partir de la page 40 va parvenir à sauver la planète de son marasme. Mo CDM qui signe des gags extrêmes, si marrants que le lecteur prend de réels risques à les lire sans filtre pour protéger sa rate et ses zygomatiques. Des gags à la pelle, absurdes et édifiants à la fois. Profitez-en, l’auteur en a des centaines, des milliers, voire des milliards en réserve. Enfin, c’est ce qu’il prétend...
« Tirez sur mon doigt monsieur le président », Fluide Glacial, 13,90 €

dimanche 12 février 2023

BD - Chevrotine et sa marmaille

Bien que publiées par Fluide Glacial, les aventures de Chevrotine et de ses enfants n’ont rien de comique. Décalées certes, absurdes souvent, mais pas de gros gags dans cet album imaginé par Pierrick Starsky et mis en images par Nicolas Gaignard.

Le monde de Chevrotine est totalement déjanté. Entre campagne bucolique, teintée de science-fiction avec des extraits de western, c’est un peu un remake de Blanche-Neige et les sept nains, version Massacre à la tronçonneuse. Car Chevrotine, pour nourrir sa marmaille constituée de six enfants, a besoin de viande fraîche. Alors elle va au bord de la rivière et pêche.

Régulièrement, elle sort de l’eau des plongeurs en combinaison. Elle les invite gentiment chez elle, profite d’une nuit d’amour puis les trucide et les découpe en morceaux. Voilà de quoi se régaler pour un bon mois… Dès le premier chapitre, le ton est donné : folie douce et magie cachée. On l’apprendra un peu plus tard, Chevrotine est une sorcière très peu appréciée de ses voisins. Un peu plus de Mouillette, le facteur livreur de colis.

On croise aussi dans ces pages dessinées par Gaignard dans un style semi-réaliste d’une grande délicatesse (avec parfois des réminiscences de Moebius) un cosmonaute en panne, des tueurs à gages et des poètes vagabonds. Un univers foisonnant qui fait aussi parfois penser aux mondes improbables de Fred, le créateur de Philémon, version sage et posée de la redoutable Chevrotine.

«Chevrotine», Fluide Glacial, 16,90 €


jeudi 19 janvier 2023

BD - Enquêtes absurdes du Major Burns

Rire d’un classique de la littérature policière, c’est le parti pris de Devig, auteur complet toulousain. Il a imaginé une parodie de Sherlock Holmes en imaginant, pour la revue Fluide Glacial le duo composé du Marjor Burns et de son acolyte le docteur Wayne. 


Au cours de leurs investigations, très ligne claire entre Hergé première mouture et Jacobs, ils vont croiser (et éliminer), la légende du monstre du Loch Ness, Dracula, un chien noir rodant sur la lande et autres spectres britanniques. C’est décalé et complètement loufoque. 

« Les mystérieuses histoires du Major Burns » (tome 2), Fluide Glacial, 15,90 €

mercredi 2 novembre 2022

BD - Vilains super marrants

Beaucoup d’entre vous rêvent d’avoir un superpouvoir. Et si ça se trouve, vous êtes nombreux à en avoir un. Mais restez discrets car il y a pouvoir et pouvoir. Sur ce constat, Philippe Pelaez (scénariste) a imaginé une BD illustrée par Morgann Tanco. Ils sont trois, adolescents dans un lycée de province, à s’être découvert un don. Mais qu’en faire ?


Sandra peut déclencher une diarrhée, Wilma casser votre smartphone et Hugo vous rendre amoureux. Contrairement au titre de la série, ils ne vont pas devenir des Super Vilains. Au contraire ils vont déployer des trésors d’imagination pour transformer leurs pouvoirs en arme contre la bêtise.


Cela donne des scènes assez croquignolesques qui feront sourire voire rire à gorge déployée comme cette prof de physique prise d’un besoin pressant en plein cours, un CPE qui craque pour son adjoint, un vigile découvrant l’amour auprès de son berger allemand.

Et comme les auteurs sont généreux, il y a également un jeune qui parle aux crustacés et un autre qui peut se téléporter. Mais ce dernier don a un bug… 

Super vilains de Morgann Tanco et Philippe Pelaez est édité par Fluide Glacial et coûte 12,90 €

Chronique parue en dernière pager de l’Indépendant le samedi 29 octobre 2022

samedi 17 septembre 2022

BD - La touchante tendresse de Monsieur Léon


C’est un petit bonhomme terne et insignifiant. De ceux que personne de remarque dans les transports en commun. Un discret qui vit sa vie sans bruit, bien à l’abri derrière les murs de son deux-pièces. Pourtant monsieur Léon mérite bien qu’Arnaud le Gouëfflec et Julien Solé lui consacrent tout un album de BD.

Car Monsieur Léon cache bien son jeu. Il aime les vieilles ritournelles d’antan, pratiquer le tango et autres danses de salon, jouer au golf nu dans son salon ou porter secours aux poissons rouges dépressifs. Surtout, Monsieur Léon, en cette période de confinement, est capable de braver les forces de l’ordre et l’interdiction de circuler, juste pour plaire à sa voisine, la si timide et prude Mademoiselle Sophie.

Parues dans Fluide Glacial, ces petites histoires complètes sont plus poétiques qu’humoristiques. Elles racontent un monde moins mercantile que notre quotidien. Julien Solé, au dessin, excelle dans le mariage entre noir et blanc et couleurs éclatantes. Un dessinateur qui sait alterner les styles, toujours à l’affût d’expérimentations graphiques. Julien Solé qui fait partie des auteurs présents à Perpignan ce week-end dans le cadre du festival de la BD.

« Monsieur Léon », Fluide Glacial, 13.90 €


vendredi 16 septembre 2022

BD - Barney Stax, le détective privé du pire


Le mythe du détective privé à la Marlowe a encore de beaux jours devant lui. Question dérision, l’album de James et Guerse est un bijou d’humour. Généralement, Barney Stax n’a absolument rien à faire de ses journées.

Mais quand une jolie blonde débarque dans son bureau et lui demande de suivre son mari pour comprendre pourquoi il ne la trompe pas (elle est nymphomane et paiera Barney en nature), il ne se doute pas qu’il est en train de plonger dans une guerre secrète entre CIA et KGB. Car le mari, plombier de son état, est en réalité un espion. Dialogues hilarants, situations cocasses, chutes incongrues, rebondissements abracadabrantesques : Barney Stax va regretter d’avoir dit oui.

« Barney Stax », Fluide Glacial, 13,90 €

vendredi 26 août 2022

BD - Classiques revisités


Il y a un peu de la folie de Daniel Goossens dans ce recueil d’histoires parues dans Fluide Glacial et signées B-Gnet. Si le titre affirme que La plume est plus forte que l’épée, le dessin en couverture prouve malheureusement le contraire dans les faits. B-Gnet connaît ses classiques, de Cyrano à Hamlet en passant par le plus populaire Robin des Bois. C’est dans ce monde qu’il trouve le plus d’inspiration.

Il délaisse le protecteur des pauvres pour se focaliser sur le Shérif de Nottingham. Ce dernier se transforme en « Inspecteur Nottingham », sorte de parodie de Derrick à la sauce forêt de Sherwood. Un inspecteur rarement efficace, toujours à côté de la plaque et qui peut passer du bon copain de taverne à tortionnaire cruel des geôles humides. Le tout avec une dérision, une façon de se comporter entre bêtise et non-sens qui ravira tous ceux qui aiment les récits abscons qui jouent sans cesse sur les références.

On apprécie aussi la version de Cyrano, qui ne semble due qu’à une faute de frappe, le héros devenant Tyrano de Bergerac et prenant l’aspect d’un tyrannosaure honteux de ses petits bras comme le héros de Rostand détestait son nez.

« La plume est plus forte que l’épée », Fluide Glacial, 13,90 €

mardi 9 août 2022

BD - Cow-boy ou dessinateur ?


Quand on est dessinateur de BD comme Thierry Martin, on a l’imagination débordante. Loin de se voir comme un sédentaire scotché à sa planche à dessin, il a plutôt l’impression d’être un cow-boy vivant de formidables aventures dans l’Ouest sauvage. 

Mais au lieu de capturer des méchants ou de sillonner le désert sur son mustang, il gronde ses enfants turbulents et va faire des courses pour sa femme qui elle a l’apparence d’une super-héroïne.

Ces gags et histoires courtes, parus dans Fluide Glacial, sont délicieusement absurdes et poétiques. Cela donne envie au lecteur de lui aussi réinventer son quotidien trop classique. Alors pour vous, ce sera polar ou fantasy, western ou saga historique ?

« La famille selon Jerry Alone », Fluide Glacial, 12,90 €


lundi 25 juillet 2022

BD - L’amour au comptoir

Habitué de l’humour très noir, trash et gore, Jonathan Munoz cache, pourtant, derrière ses histoires terribles (Annick Tamaire, Godman) un petit cœur sensible et romantique. Il réussit le tour de force de mettre les deux facettes, totalement opposées, de sa personnalité dans un seul et unique album. L’inconnue du bar raconte l’amour platonique d’un serveur de bar, Joshua, pour une jeune femme, Dara, qui dessine ses BD en terrasse.

L’album alterne les tentatives de drague de Joshua avec les histoires courtes de Dara. Ces dernières sont du pur Jonathan Munoz avec la fille d’un pirate abandonnée sur une île déserte et qui, devenue adulte et institutrice, tyrannise ses élèves. Ce petit garçon, si gentil, si dépendant de sa maman, qui va virer leader fasciste ou ce méchant cow-boy découvrant qu’il ne peut plus tuer. Alors, il se met à donner des bisous, provoquant une véritable hécatombe.

Quant à l’histoire d’amour entre le serveur et la dessinatrice, elle va connaître une fin assez étonnante.

Sans rien en dévoiler, sachez qu’elle est en totale opposition avec l’esprit des récits courts de Dara.

« L’inconnue du bar », Fluide Glacial, 12,90 €