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mercredi 5 février 2025

BD - Jonathan Munoz se souvient de son (abominable) adolescence

De 1996 (12 ans) à 2004 (20 ans), Jonathan Munoz a vécu ce qu'il nomme gentiment "L'âge bête". Il a transformé ces années d'apprentissage entre collège, lycée et glandouille en "âge bite", car Jonathan Munoz, illustre auteur de BD de Fluide Glacial, aime provoquer, se moquer et rire de tout, en priorité de soi. Il a déjà évoqué sa petite enfance dans un précédent album, mais cette fois cela devient sérieux. 

Le petit Jonathan va devoir se coltiner le monde des grands (le collège...) avec ses racailles sa loi du plus fort et les mauvais exemples. Timide, vivant seul avec sa maman (son père meurt d'un coup d'un seul provoquant un séisme dans la vie de Jonathan, seul passage de la BD où l'émotion l'emporte sur le rire), sans véritablement d'amis si ce n'est d'autres losers. 


Il va cependant faire quelques découvertes intéressantes, racontées avec facétie comme Internet, le vol à l'étalage, le mensonge, comment embrasser (avec la langue) ou la masturbation...

Quand il arrive au lycée, nouveau gros choc : les filles ! Dans sa classe il tombe immédiatement amoureux de quatre filles : Vanessa, Anaïs, Marion et Laurie, même si pour cette dernière ce sont surtout ses gros seins qui lui ont tapé dans l'œil. 

Et puis il y a aussi le skate, les premières soirées entre potes, les jeux vidéos et sa première relation stable. En se dévoilant, Jonathan Munoz raconte la jeunesse de cette époque (d'il y a 20 ans), entre espoir et défaitisme. On rit souvent. Même si on peut aussi en tirer des enseignements philosophiques sur la vie en général, sauf le gag du sex-shop, vraiment dégoutant...

"L'âge bête" de Jonathan Munoz, Fluide Glacial, 56 pages, 13,90 €

lundi 20 janvier 2025

Roman - « Vous parler de mon fils », texte poignant sur le harcèlement scolaire

Vincent veut se souvenir de Hugo, ce fils qu’il vient de perdre. Il se sent coupable de ne pas avoir compris la situation. Le roman de Philippe Besson est un réquisitoire contre ce harcèlement scolaire sournois et trop souvent sous-estimé.


Alors que  des millions d’enfants viennent de reprendre le chemin de l’école, des collèges et lycées. Un lieu de savoir où malheureusement s’épanouit aussi une forme de terrorisme insidieux : le harcèlement scolaire. Car parmi les cohortes de jeunes, certains auront la boule au ventre, persuadés que leur cauchemar, mis sous l’éteignoir durant les vacances de fin d’année, va reprendre de plus belle. Combien parmi eux ne verront pas les beaux jours du printemps ? Le taux de suicide parmi les victimes de harcèlement est de plus en plus élevé.

Un sujet de société au centre du roman de Philippe Besson paru ce jeudi 2 janvier 2025 et intitulé « Vous parler de mon fils ». On suit le narrateur, Vincent, durant une journée particulière. Un mois après le drame, il va participer, avec sa femme et son autre enfant, à une marche blanche en hommage à Hugo, son aîné. Hugo n’est plus là. La mort « c’est très concret. C’est une chaise vide dans le petit matin tranquille, malgré le soleil qui éclabousse. » Hugo a fait le choix de partir, d’abandonner face au désastre de sa vie.

Un adolescent un peu renfermé, timide, pas très costaud, intelligent et bon élève. Le portrait idéal pour devenir le souffre-douleur de quelques idiots congénitaux, avides de méchanceté, de ce plaisir coupable de faire du mal, de terroriser. Les parents, notamment la mère, se doutent que quelque chose ne tourne plus rond. Mais Vincent temporise, refuse de s’inquiéter, persuadé qu’au contraire cela permettra à Hugo de fortifier sa personnalité. De se durcir De devenir un homme…

Au contraire, le mal-être de l’adolescent va s’ancrer profondément avec les coups, les SMS, les insultes. Et ce ne sont pas ces dernières les moins graves. Vincent l’a compris, mais trop tard : « Une insulte n’est pas une abstraction, c’est très concret. L’avilissement n’est pas théorique, on le ressent dans sa chair, il lacère le corps, comme le ferait une lame de couteau. » Dans ce texte d’une intensité stupéfiante, les parents se souviennent comment ils ont tenté de sauver leur fils. Quand ils ont compris qu’il était harcelé, ils alertent le proviseur. Mais ils se heurtent à un mur, celui érigé en vertu de la consigne « Pas de vague ».

La marche blanche, c’est aussi pour dénoncer cet état de fait, cet abandon de certains. Le père oscille entre colère, résignation et volonté de protéger son fils survivant. Il raconte comment ils ont vécu les jours après le drame : « En fait, on n’a pas dormi, ou très peu, on est juste restés étendus dans le noir, et cette immobilité sans sommeil nous a semblé être la métaphore parfaite de notre existence, on était des gisants, plongés dans l’obscurité, on le serait jusqu’à notre dernier souffle. »

Cette fiction, terrible de réalité, risque de devenir des faits divers dans quelques semaines. Car le harcèlement, on ne le répétera jamais assez, est un fléau de plus en plus fréquent. Alors si vous, parents, avez le moindre doute, parlez à votre « Hugo » avant qu’il ne soit trop tard. Car après, il ne vous restera que des larmes pour la marche blanche.

« Vous parler de mon fils » de Philippe Besson, Julliard, 208 pages, 20 € (« Un soir d’été » de Philippe Besson vient de paraître en poche chez Pocket, 176 pages, 8 €)

mardi 11 avril 2023

BD - Elliot, un adolescent particulièrement angoissé

Elliot a un petit air de ressemblance avec Esther, la jeune héroïne de Riad Sattouf. Mais là où la jeune fille est assez sérieuse, Elliot prête souvent à sourire. La faute à son ami imaginaire, représentant son angoisse quand il rentre au collège en 6e.

Elliot, timide, peu sûr de lui, gringalet bourré de complexes est la victime idéale pour les « grands ». Dans ce premier tome d’une série signée Théo Grosjean qui compte raconter toute sa scolarité, il se fait un ami, beaucoup d’ennemis et rencontre l’amour en la personne d’Amandine.

Finement observée, la vie dans un collège de nos jours semble être un véritable champ de bataille. Il y aura de nombreux blessés et même quelques morts. Comme la dignité d’Eliott…

« Elliot au collège » (tome 1), Dupuis, 9,90 €

vendredi 13 mars 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - Maîtrisez vous la nov-langue ?

 Pauvres collégiens. Pour rien au monde je ne voudrais retourner à leur place. Une nouvelle réforme se profile à l'horizon. Le ministère de l'Éducation veut qu'ils maîtrisent deux langues vivantes en entrant au lycée.
Conséquence les élèves de 5e, dès la rentrée de 2016, se farciront une matière supplémentaire. Après l'anglais ou l'espagnol au primaire, ils se lanceront dans la découverte de l'allemand, du russe, du chinois et autre langue affreusement compliquée. Déjà que la 5e est réservée à la découverte du latin (pour les rares volontaires), l'emploi du temps s'annonce surchargé. Et n'oublions pas la programmation informatique, sésame obligé pour un emploi dans ce futur de plus en plus numérique.
A l'arrivée, il faut craindre que le perdant soit encore le français. Notre bonne vieille langue, si compliquée avec ses conjugaisons multiples et variées, ses accords vicieux, ses verbes intransitifs et le fameux participe passé qui s'accorde avec le complément d'objet direct s'il est placé devant l'auxiliaire. Encore faut-il déterminer où est ce satané COD... Il suffit de parcourir les profils Facebook des adolescents pour se convaincre que leur orthographe reste très approximative.
En réalité, ce qu'ils manient le mieux, c'est cette nov-langue issue du pianotage intensif des smartphones. Abréviations, raccourcis, écriture phonétique et intuitive : ils se sont approprié un véritable moyen de communication totalement abscons pour tous les "vieux" de plus de 35 ans. Et dans 30 ans, quand les gamins d'aujourd'hui tiendront les rênes du pays, cette nov-langue sera certainement une LV1 officielle et quasi obligatoire.

vendredi 22 mars 2013

Billet - Les corrections à la chaîne de Petit Prof

Si l'enseignement de l'écriture cursive va se raréfier (voir précédemment), il reste encore du travail côté grammaire et orthographe. Pour s'en persuader il suffit de faire un tour sur le compte Twitter de
@Petit_Prof. Sobrement présenté par le laconique « Un prof, des élèves. No routine », on y trouve des perles de collégiens à mourir de rire. Et surtout récentes, quasiment d'actualité. Du genre, quand le prof demande de raconter la journée d'un chevalier, à la pause déjeuner, il « mange des kebbabs »... Autre devoir, sur l'analyse d'un roman de Jean Giono cette fois. Un cancre, plus intéressé par le cinéma américain que par la littérature française, considère que « l'auteur puise son imagination dans l'univers de Pirates des Caraïbes. » 
Petit Prof assure que tout est vrai. Souvent elle photographie des portions de copie. C'est tout bonnement hallucinant. Feuilles raturées, mots inventés, dessins dans les marges... les ados d'aujourd'hui ne manquent pas d'imagination. Certains ont même un réel avenir dans l'humour. « Avec le verbe "onduler", on voit que l'eau devient molle » explique cet observateur. Pour un poète, tendance slam religieux, « Une strophe de trois vers s'appelle une diocèse ». Ce dernier qui ne se foule vraiment pas : « Copier-coller tout un article Wikipédia dans un devoir en laissant les liens hypertexte. ».
Et pourtant Petit Prof aime son métier. Pourquoi , Réponse dans ce tweet : « Vu ancien élève. À l'époque, renfermé et transparent. Maintenant, épanoui. "Vous m'avez fait aimer les livres." »

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mercredi en dernière page de l'Indépendant. 

jeudi 7 septembre 2006

Roman - L'appel du collège

Jeanne Benameur, riche de son expérience personnelle dans l'enseignement, raconte par le menu le quotidien d'un collège dans "Présent !". 

Dans un collège, la première chose que l’on fait une fois en classe, c’est l’appel. La principale, en marchant dans les couloirs vides, le constate. « Les professeurs s’assurent, nom après nom, que les élèves sont bien là. De qu’elle présence s’assure-t-on ainsi chaque matin ? On fait l’appel à l’armée, dans les prisons, à l’école. Comme si, dans les lieux clos, il fallait toujours que la présence soit établie. Il faut un registre, une feuille ; il faut noter. C’est un comble. Est-ce que la clôture crée le doute ? » Jeanne Benameur, professeur dans les établissement dits difficiles jusqu’en 2001, aborde un thème qui visiblement lui tient très à cœur. Il y a eu déjà des centaines d’essais sur l’enseignement, le blues des professeurs, la baisse de niveau des élèves et autre problème perpétuellement remis sur le tapis. Mais Jeanne Benameur, loin de l’étude théorique, s’est appuyée pour écrire ce roman sur ce qu’un collège a de plus cher : les êtres humains. Car un professeur, un élève et même la principale restent avant tout des êtres humains, avec leurs doutes et leurs passions.

Le miracle Kafka
Par petites touches, comme des scènes en couleur dans une longue journée grise, on va faire connaissance avec quelques-uns de ces habitués du collège. Il y a le prof de littérature, qui ne lit plus par plaisir, le gardien, insipide, invisible, mais qui sait tout des 30 dernières années du collège, la déléguée de classe prenant son rôle, comme la démocratie, très au sérieux, la jeune prof en pleine dépression, l’élève introvertie ou la petite brute qui pense que le respect ne s’obtient que par la force. Tout un petit monde, résumé de notre société ne fonctionnant que grâce à ses contradictions. Il y a surtout dans ce roman plusieurs moments très émouvants comme quand le prof de français décide de ne pas faire l’appel, de simplement lire un texte de Kafka à ses élèves et qu’il s’étonne de les voir captivés. Ou quand la responsable du centre de documentation justifie la réussite de ses ateliers d’écriture car « quand les élèves croient en ce qu’ils font, ils ne s’arrêtent plus. Ils travaillent. Ne rien faire n’est pas ce qu’ils recherchent. Il faut du sens à ce qu’on leur demande, c’est tout. »
Inoubliable aussi le portrait de cette professeur des Sciences de la vie et de la terre, larguée, désespérée, incapable de retourner en classe. « Elle se regarde dans le miroir de la salle de bains. Si on lui disait Demain tu ne verras plus d’élèves, tu gagneras ta vie autrement, elle se sentirait libre et joyeuse à nouveau. Jeune. Elle aurait à nouveau envie de tout ».
Une journée au collège qui s’achève par le conseil d’orientation d’une classe de troisième. Des gamins qui ne savent pas ce qu’ils vont faire de leur vie. Et qui risquent déjà de se retrouver sur une voie de garage. Loin de la caricature, Jeanne Benameur offre une galerie de portraits émouvants et justes.
« Présent ! » de Jeanne Benameur. Éditions Denoël. 16 euros.