vendredi 30 décembre 2011

Voici les vidéos les plus vues en 2011 sur internet

En 2011 vous avez toujours autant regardé la télévision, mais les images se consomment aussi de plus en plus sur internet. Les plateformes de partage de vidéos remportent un succès croissant. Youtube fait la course en tête, avec en moyenne deux milliards de vidéos vues... chaque jour. Des chiffres énormes qui ne doivent pas éclipser le contenu des films eux-mêmes. Et là, c'est nettement moins réjouissant.
En tête, toutes catégories confondues, le clip « Friday » de la chanteuse Rebecca Black. Ce tube à l'envers a été élu plus mauvaise chanson de tous les temps. On y voit une adolescente toutes dents dehors, lèvres glossy à outrance, partir faire la fête et se réjouir que l'on soit vendredi car « demain, c'est samedi et dimanche vient juste après... ».

Elle devance une vidéo d'un chien doté de la parole. Enfin, c'est un trucage, mais avouons que là c'est très réussi et particulièrement comique.

En 5e place, « Nyan Cat » a tout pour rendre fou. Un animation pixelisée montre un chat courir dans le ciel. Image répétitive sur une musique encore plus horripilante. La version originale dure un peu plus de trois minutes. La torture ultime c'est de tenter de supporter la vidéo rallongée. 100 heures...

En France, les vidéos les plus vues sont essentiellement des sketchs spécialement conçus pour le net. « Norman fait des vidéos », avec un minimum de moyens, truste 7 places dans le Top 10. Un jeune s'adressant aux jeunes à travers un support qu'ils apprécient. En voilà un qui a tout compris.

mardi 27 décembre 2011

Les Centaures, des militaires volants par Herzet et Loutte au Lombard


La BD militaire, et plus spécialement d'aviation a toujours eu le vent en poupe. De Dan Cooper aux Chevaliers du ciel en passant par Buck Danny, plusieurs générations de petits garçons ont rêvé aux exploits des pilotes de chasse. « Centaures » est complètement dans cette veine. Éric Loutte, le dessinateur, a fait ses premières armes sur la reprise de Biggles. Emmanuel Herzet, le scénariste, s'est rodé sur la série Alpha et « La branche Lincoln ». Deux pros de la BD au service des pros de la guerre.
L'action de ce premier tome intitulé « Crisis » débute aux îles Amandine. Cet archipel, ancienne colonie française ayant conservé des accords de coopération militaire, est au centre d'un coup d'État. Premiers visés, les militaires français. Deux pilotes, TNT et Starbuck, parviennent à prendre la fuite à bord d'un Jaguar. Leur avion touché, ils se retrouvent aux mains des rebelles. De Paris, une opération est lancée pour les libérer.
Les auteurs ont passé une semaine sur le porte-avions Charles de Gaulle pour un maximum de vérité. Un album augmenté virtuellement, des QR codes permettant au lecteur de découvrir des reportages sur cet univers de l'armée de l'air française.

« Centaures » (tome 1), Le Lombard, 11,95 €

mardi 20 décembre 2011

Un couple d'enfer au sommaire du nouvel album des Nombrils de Delaf et Dubuc


Mais qu'est-il arrivé à Karine, l'infortunée héroïne de la série « Les Nombrils » de Delaf et Dubuc ? Après avoir rejeté son amour de toujours, Dan, elle décide de changer de personnalité. Jenny et Vicky, les deux pestes aimant tant l'humilier, en tombent des nues. Elle a oublié son tee-shirt trop court et son bas de survêtement informe pour un ensemble noir et sexy accordé à sa nouvelle couleur de cheveux. En virant gothique, Karine est le miroir de nombre d'adolescentes traversant une crise d'identité. Et comme dans la réalité, cette métamorphose n'est pas venue d'elle mais provoquée par une relation. Karine est en train de tomber amoureuse d'Albin, le chanteur albinos. Un blond mystérieux devenant de plus en plus énigmatique au fil des gags repris dans ce 5e recueil. Vicky et Dan vont s'unir, temporairement, pour en savoir un peu plus sur le nouveau mentor de Karine, prêt à tout, même à la prendre comme choriste dans son groupe. Après quelques éclats de rire (souvent dus à la bêtise de Jenny, la fille la plus bête du monde), l'histoire prend un tour un peu plus dramatique. Albin, dont le vrai prénom est Alain, a un passé loin d'être immaculé.

« Les Nombrils » (tome 5), Dupuis, 10,45 €

mercredi 14 décembre 2011

Fume, c'est du Manchette roulé par Tardi !


Tardi achève avec « O dingos, ô châteaux ! » sa trilogie Jean-Patrick Manchette. Presque une œuvre de jeunesse pour cet écrivain français mort en 1995. Ce roman a reçu en 1973 le grand prix de littérature policière. Un choix polémique tant la prose de Manchette, pour l'époque, était moderne, dérangeante et ouvertement de gauche. Sur 90 pages en noir et blanc, Tardi réinvente la cavale à travers toute la France de Julie, la nurse au lourd passé psychiatrique et de Peter, un gamin capricieux, insupportable mais riche héritier. Julie est accusée d'enlèvement. En fait c'est un coup monté par l'oncle pour hériter. L'intrigue ne semble être qu'un alibi pour mettre en scène des personnages sortant résolument de l'ordinaire. Julie, bien évidemment, femme fragile, allergique au mot « police », mais capable de tout pour continuer à avancer dans le sinistre théâtre de la vie. Il y a aussi Thompson, le tueur. Vieux, fatigué, souffrant de maux de ventre épouvantables, il va aller au bout de sa logique : tuer atténue la douleur.

« Ô dingos, ô châteaux ! », Futuropolis, 19 €


mardi 13 décembre 2011

Vengeance d'outre-tombe dans "Le Chinois" d'Henning Mankell au Seuil

 Une vengeance vieille de plus d'un siècle s'abat sur un petit village de Suède. Un thriller nordique signé Henning Mankell, le maître du genre.



Quel peut être le lien entre un jeune entrepreneur chinois et un petit village suédois ? La juge Birgitta Roslin va se retrouver impliquée dans cette vengeance traversant les siècles et les océans. Ce nouveau roman d'Henning Mankell, sans son héros fétiche, Wallander, débute dans un hameau perdu dans la neige et les forêts. Un photographe amateur, désirant immortaliser ces bourgades en voie de désertification, découvre un cadavre en partie dévoré par un loup.

La police locale se rend sur place et se retrouve face à ce qui « devait faire date dans l'histoire pénale suédoise. Ce que découvrirent les trois policiers était sans précédent. Ils passèrent de maison en maison, arme au poing. Partout ils trouvèrent des cadavres. Des chiens et des chats éventrés, et même un perroquet décapité. Dix-neuf morts, tous des personnes âgées, à l'exception d'un garçon d'une douzaine d'années. Certains avaient été tués au lit, dans leur sommeil, d'autres gisaient par terre ou étaient assis dans leur cuisine. » Le fait divers fait la une de tous les journaux. C'est comme cela que la juge Birgitta Roslin en prend connaissance.



Les doutes de la juge

Cette femme d'une soixantaine d'années est à une période charnière de sa vie. Proche de la retraite, elle n'est plus heureuse en couple. Ses enfants sont indépendants, elle est un peu perdue, entre son métier trop prenant et ses regrets de jeunesse, quand elle voulait révolutionner son pays trop calme.

Sur une photo des lieux du drame, elle semble reconnaître une maison. Elle fouille dans ses archives. « Son souvenir était exact. Cette folie meurtrière ne s'était pas abattue sur un village quelconque : c'était l'endroit où sa mère avait grandi. » Placée dans une famille d'accueil. Et Birgitta de se retrouver impliquée dans cette affaire car « dans la maison où sa mère avait passé son enfance, des gens venaient d'être assassinés. Ses parents adoptifs ? » La juge va bénéficier de quelques jours de repos pour se rendre sur place et découvrir des carnets datant du siècle dernier. Ce journal intime est celui d'un membre de la famille ayant émigré aux USA. Dans ses réflexions il laisse libre cours à un racisme abject. Ingénieur chargé de surveiller la construction du chemin de fer traversant le Nouveau Monde, il déverse sa haine contre « les négros et les chinetoques. »



Esclaves

Le roman d'Henning Mankell va alors basculer dans le passé. Durant une centaine de pages, passionnantes, on va suivre les déboires de trois Chinois, trois frères, trois paysans. Se rendant à Canton pour y trouver du travail ils vont être enlevés et vendus à des entrepreneurs chargés de construire cette fameuse ligne de chemin de fer. Parqués près du chantier, ils sont considérés comme des esclaves par les contremaîtres. D'autres groupes travaillent avec eux. Et les jeunes Chinois vont découvrir toute l'ignominie du racisme ordinaire. « Les Irlandais, souvent ivres, les injuriaient en leur lançant des pierres. Les frères ne comprenaient pas ce qu'ils criaient, mais leurs pierres faisaient mal : ce devaient être la même chose pour leurs paroles. » A force de recherches, Birgitta va faire le lien entre ce passé américain et le présent suédois. Et c'est en Chine, à Pékin, qu'elle obtiendra des réponses sur les véritables motivations de ce massacre.

Un roman doublement prenant car on ne peut qu'avoir de l'empathie pour les deux parties : les Chinois du passé, la juge du présent. Entre il y a toujours cette violence, cette folie meurtrière des hommes, matière première de tout bon thriller.

Michel Litout

« Le Chinois » de Henning Mankell, Seuil policiers, 22 €


samedi 10 décembre 2011

L'armure du Jakolass : Valérian repart à l'aventure en compagnie de Larcenet


Valérian, agent spatio-temporel animé durant des décennies par Christin et Mézières est officiellement en sommeil. Cependant, la retraite des deux créateurs de la série SF française la plus populaire n'empêche pas le jeune héros (toujours accompagné de la sublime Laureline) de poursuivre ses missions entre galaxies et champs d'astéroïdes. Il va, comme Spirou, passer de mains en mains pour explorer d'autres genres graphiques. Manu Larcenet est le premier à se risquer à réécrire cette BD culte. Certains critiques se sont offusqués de sa vision car il part du postulat que l'esprit de Valérian est enfermé dans le corps de Monsieur Albert, vieux poivrot de base, pilier de bar plus que franchouillard. C'est vrai que c'est déstabilisant, mais Larcenet a plus d'un tour dans sa manche et surtout une grande science du rebondissement et de la mise en abîme. Comme en plus, c'est un excellent dessinateur, cette aventure de Valérian, bien évidemment à des milliers d'années lumière de l'original, reste une BD de SF, intelligente et novatrice. Avec (pour le même prix), en bonus cachés, quelques aliens dessinés par des invités de marque, de Goossens à Binet en passant par Baru ou Jean-Yves Ferri.

« Valérian vu par... Larcenet » (tome 1), Dargaud, 11,95 €