lundi 29 février 2016

Cinéma : Et Jacqueline devint une star...

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Omniprésente bien que muette, Jacqueline, "La vache" du film de Mohamed Hamidi, crève l'écran. Tout comme son propriétaire, Fatah (Fatsah Bouyahmed).


Le cinéma, s'il doit faire réfléchir sur les maux de notre monde, peut aussi distraire et émouvoir. Sans s'affranchir du premier principe. Ils sont trop rares les films qui tout en faisant passer un excellent moment aux spectateurs, les éduquent, les enrichissent et œuvrent en catimini à construire une société tolérante et apaisée. Ne boudez pas cette chance ni votre plaisir, précipitez-vous dans les salles qui programment "La vache" de Mohamed Hamidi. Vous en sortirez avec des étoiles dans les yeux, quelques larmes et une formidable envie de vous dépasser, tel le héros de ce road-movie en tous points remarquable. Fatah (Fatsah Bouyahmed) cultive son jardin et prend soin de Jacqueline, sa vache, dans ce petit village du bled algérien. Il vit chichement mais heureux, à bichonner sa Tarentaise placide et vaillante, auprès de sa femme et de ses deux filles.
La faute à la poire
Ce modeste paysan, en plus de fredonner les tubes des années 80 avec son accent (hilarante version de "Li dimons de minuit"...) rêve de participer au Salon de l'agriculture de Paris. Comme il l'explique à ses amis, c'est un peu "La Mecque des paysans". Le jour où il reçoit son invitation, pour lui et Jacqueline, il saute de joie. Problème : le déplacement n'est pas pris en charge. Il demande l'aide du village. Tous se cotisent pour payer la traversée en bateau. Mais arrivé à Marseille, c'est à pied qu'il va rejoindre la capitale. Un homme et une vache sur les routes... Toute ressemblance avec "La vache et le prisonnier" n'est pas fortuite. Mohamed Hamidi, scénariste et réalisateur du film, avoue un hommage au chef-d'œuvre de Verneuil. Il fallait donc un acteur à la forte personnalité pour supporter la comparaison avec Fernandel. Fatsah Bouyahmed impose son personnage de paysan rêveur et un peu naïf avec une virtuosité de tous les instants. Gringalet, chauve et timide, il attire immédiatement la sympathie. Dans son périple, il recevra l'aide de plusieurs personnes, sans jamais rien demander. Il succombe aux plaisirs locaux, notamment une eau-de-vie de poire qui va lui gâcher la vie et permettre de créer une réplique prochainement culte : "C'est la faute à la poire !" Jacqueline, épuisée par le voyage, doit rester quelques jours au repos. Fatah trouvera étable et table accueillante chez Philippe, un comte ruiné (Lambert Wilson), bourru et pédant au premier abord mais qui lui aussi succombera à la gentillesse de Fatah. Le film se termine en apothéose au Salon de l'agriculture, avec une séquence très émouvante, preuve que tout n'est pas perdu si un tel film parvient à faire pleurer les Français grâce à une histoire d'Arabes et de ruminant.
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Jamel Debbouze, militant de l'humour

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Producteur et interprète du film de Mohamed Hamidi, Jamel Debbouze ne s'est pas économisé pour assurer la promotion de ce film qu'il qualifie de "réconciliateur, rassembleur, drôle et touchant". Auréolé du Grand prix au Festival international du film de comédie de l'Alpe d'Huez en janvier dernier, "La vache" signe la seconde collaboration entre l'acteur franco-marocain et le réalisateur d'origine algérienne. En 2011, ils étaient unis dans la belle aventure de "Né quelque part", l'histoire d'un jeune obligé de retourner au bled. Cette fois le héros fait le chemin inverse, abandonnant la vie simple et rurale de son village pour se frotter à la frénésie de la société européenne. Le message est à chaque fois le même : montrer au public que l'on peut vivre en bonne harmonie, malgré nos différences. L'aventure de Fatah induit aussi une série de belles rencontres. La France montrée dans le film pourrait sembler un peu trop angélique mais dans la réalité, il se trouve certainement plus d'hommes et de femmes capables de s'entraider, sans tenir compte de l'origine, la couleur de peau ou la religion, que de racistes rejetant en vrac tout ce qui n'est pas "de souche". Dans 20 ou 30 ans, espérons qu'aux générations futures restera cette image de la France et pas celle des intégristes de Daech ou des identitaires repliés sur leurs valeurs rances.

dimanche 28 février 2016

Littérature : Le vrai roman de l'écrivain en bâtiment

Didier Goux, pour ses vrais débuts en littérature, livre un roman sensible et désenchanté.
goux, belles lettres, HouellebecqIl a l'étiquette de blogueur de droite, sarcastique et cassant. Ses billets en ont blessé plus d'un dans la sphère des "modernœuds" comme il se plaît à les caricaturer sur son blog. Didier Goux, en plus d'une immense culture, d'un goût affirmé pour la grande littérature (Proust !) et d'une grande intelligence, s'est toujours dévalorisé en se traitant "d'écrivain en bâtiment". Journaliste dans un hebdo pour mamies curieuses, il arrondissait ses fins de mois en pondant des romans de gare en moins de temps qu'il n'en faut pour certains des lecteurs pour arriver au chapitre 2. Les gares se désertifiant (comme à peu près tout ce qui fait la France que l'auteur regrette tant), il a cessé de publier deux romans par an. Mais cela ne lui a pas fait passer l'envie d'écrire. Et encouragé par quelques lecteurs et amis clairvoyants, il a osé se lancer dans l'élaboration d'un véritable roman.
Tosca et Charly
Dans Le chef-d'œuvre de Michel Houellebecq on retrouve parfois le Goux pessimiste et fataliste sur l'évolution de la société, le Goux moqueur des modes mais aussi, et surtout, le Didier Goux, inconnu jusqu'à présent, sensible et bienveillant envers certains de ses personnages.
Si l'on excepte Michel Houellebecq, la narration suit l'évolution de quatre "héros". Le premier, Evremont, semble un portrait en creux de l'auteur, quand il vivait seul et reclus. Écrivain en bâtiment justement, il boit un peu trop et ne se nourrit que de camembert Réo. Lors d'une de ses rares sorties, à siroter un viandox à la terrasse d'un café de la petite ville de province cadre du roman, il est abordé par Jonathan. Cet étudiant en pharmacie fait partie de ces grands paranoïaques victimes consentantes de la propagande du "Grand remplacement". Persuadé que Noirs et Arabes sont en train d'envahir le pays, il souffre d'un racisme exacerbé qui lui attire une multitude d'ennuis. Il est vrai que la France décrite par Didier Goux est assez angoissante. La police municipale est remplacée par des "Commandos paillasse" formés de clowns chargés de dénouer les tensions... Les syndicalistes défilent avec un badge proclamant "Je suis Jackie". Rien a voir avec la liberté d'expression, le Jackie personnifie les "acquis sociaux". On rit donc en lisant ces pages, preuve que l'humour de droite a encore de beaux restes.
Mais roman implique romantique. Didier Goux signe ses plus belles pages quand il raconte la rencontre puis la belle histoire entre Tosca, jeune fille libre et intelligente, et Charly, fils d'épicier arabe, débrouillard, un peu brut de décoffrage mais qui se bonifiera au contact de la jeune fille. Et alors, on découvre que contrairement à l'image qu'il donne sur son blog, Didier Goux a foi en l'avenir et en la jeunesse. Tosca et Charly, qu'on espère retrouver dans une suite, le blogueur ayant déjà annoncé son intention de récidiver dans la même veine.
Le bâtiment a perdu un artisan, la littérature y a gagné un artiste.
"Le chef-d'œuvre de Michel Houellebecq", Didier Goux, Les Belles Lettres, 21,50 euros

samedi 27 février 2016

BD : Les Rugbymen ont le blues


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Rien ne va plus à Paillar. Ils viennent de perdre plusieurs rencontres d'affilée. La Teigne, la Couâne ou l'Anesthésiste ont perdu leur plaisir de jouer chaque dimanche. L'heure est grave. Les supporters râlent et le staff ne sait plus quoi faire. Le 14e album de recueil des aventures des Rugbymen de Béka et Poupard commence comme une mauvaise histoire où on peut remplacer Paillar par USAP... Si l'USAP est toujours dans l'ornière, les joueurs de Paillar retrouvent la base du jeu après un stage dans le camp de Marcatraz. Mélange de Marcoussis et d'Alcatraz, ils vont être mis au régime. Moins de bouffe, moins de sorties et plus de physique. De quoi se rebeller... Et si c'était le but recherché. Ces 48 pages toujours aussi drôles pour les adeptes du ballon ovale sont à mettre entre toutes les mains des joueurs, de ProD2 à la fédérale.
« Les Rugbymen » (tome 14), Bamboo, 10,60 euros


vendredi 26 février 2016

BD : Santiago, cowboy idiot


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D'une façon générale, dans les westerns, les cowboys ne brillent pas par leur intelligence. Seuls leur dextérité à dégainer plus vite que le duelliste d'en face leur permet de survivre. B-Gnet, dessinateur humoriste ayant pas mal traîné dans le Psychopat et autre Arggg ! (revue satiriques par excellence), a un trait entre Gir et Goossens. Donc son Santiago a fière allure dans ses bottes et sous son chapeau. Mais difficile de faire plus idiot. Excepté peut-être ses trois complices, encore moins futés que lui. Quand ils débarquent dans un train ou une banque, il menacent tout le monde et demandent « Vos objets de valeur et vos femmes ». Des fois ils se trompent et réclament « vos objets et femmes de valeur ». Souvent ils repartent bredouilles. Ces 100 pages de galopades frénétiques dans le désert, entre saloon et maison de passe, bivouacs au clair de lune et rencontre avec les Apaches, sont désopilantes. John Wayne ne doit pas apprécier, mais le lecteur, lui, se tord de rire !
« Santiago », Vraoum, 15 euros



jeudi 25 février 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : Et Louane ouvrit un livre...

Fan de musique française, regardez bien le prochain clip de Louane, la jeune chanteuse devenue célèbre après son rôle dans 'La famille Bélier'. Si tout se passe bien, elle va faire un truc incroyable. Vous n'en croirez pas vos yeux ! Louane va prendre un livre, l'ouvrir et le lire. Oui, vous avez bien lu, lire un livre !
Louane ambassadrice de la bonne littérature ? Arrêtez de rêver ! Le fin mot de cette séquence est beaucoup plus prosaïque. Son Et de toute manière, si dans son prochain clip Louane approche un bouquin, sûr que ce titre-là je ne le lirai pas.premier album s'est vendu à plusieurs milliers d'exemplaires, et ses clips inondent les chaînes musicales et YouTube.
Des millions de vues. Un argument en béton pour la maison de production de la jeune chanteuse déterminée à rentabiliser sa pouliche. Le pot aux roses a été dévoilé par l'éditeur 'Aux Forges de Vulcain'. Il a reçu une proposition commerciale tellement extravagante qu'il a décidé de la rendre publique. Pour 25 000 euros HT, le Label de Louane propose que dans son clip, la chanteuse "lise à l'image le livre de votre choix lorsqu'elle voyage par exemple. Une intégration naturelle et prescriptrice, appuyée par un plan serré sur votre livre pour garantir la reconnaissance du titre."
Un simple placement de produit ? Non, un livre n'est pas un produit comme les autres. On peut montrer une certaine marque de voiture ou de céréales dans un clip. Mais un livre, dans la grande majorité des cas, reste un bien culturel qui ne se place pas comme une marque textile ou de lessive.

BD : Le Poilus en ont ras le casque


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Au milieu des célébrations du centenaire de la guerre 14-18, Bouzard apporte sa pierre à l'édifice de grande commémoration nationale. L'humoriste, devenu pilier de Fluide Glacial, apporte un ton décalé dans ces souvenirs. Plutôt que de reprendre les grandes dates du conflit (la bataille de Verdun par exemple...), il ne parle que des hommes pataugeant dans la gadoue, le sang et les tripes. Quelques gags entre des histoires courtes démontrent avec brio la folie complète de cette guerre. Notamment l'ignorance dans laquelle sont maintenus les Poilus, Français de base élevés dans la haine du Boche. Alors souvent on rit (l'histoire sur le match de foot ou de la lettre d'amour sont particulièrement réussies), mais souvent aussi on constate combien la bêtise humaine se complait dans la crasse et la violence. Une déshumanisation renforcée par le dessin volontairement sommaire de Bouzard. Un casque, un nez tordu au dessus d'une moustache, l'uniforme et les guêtres suffisent pour plonger le lecteur dans l'enfer des tranchées.
« Les Poilus frisent le burn-out », Fluide Glacial, 10,95 euros


mercredi 24 février 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : Béziers, son Club Med'

Si la ville de Béziers faisait peu parler d'elle il y a quelques années, à présent elle revient régulièrement à la une de l'actualité nationale. Pour une fois Robert Ménard, surdiplômé es provoc médiatique (et néanmoins maire élu avec l'appui de l'extrême-droite), n'y est pour rien. Une séquence vidéo tournée en prison a suffi.
La France, pays des droits de l'Homme, semble bichonner ses détenus. Pour preuve, le week-end dernier, un jeune a pu diffuser durant plusieurs heures une retransmission vidéo en direct depuis sa cellule. On retrouve une nouvelle fois la plateforme Périscope à l'origine de cet 'exploit technique'. "Ici, c'est le Club Med" explique le prisonnier, en pleine nuit, un joint aux lèvres.
Bien connu de l'administration pénitentiaire, il a déjà été sanctionné en janvier après la découverte de trois portables dans sa cellule. Visiblement, il en gardait un sous le coude pour discuter en direct avec ses potes. Cette provocation risque de lui coûter gros (voir en page Eurorégion), mais au moins en voilà un qui a trouvé sa voie en cas (différé pour l'heure) de réinsertion : la télé.
Sûr, quantité de fans des émissions de téléréalité adoreront ses transgressions. Et il n'aura que l'embarras du choix : rejoindre le casting des 'Anges de la téléréalité' (où il jouera le démon) ou postuler comme chroniqueur à 'Touche pas à mon poste'.
Du moins si ces émissions existent toujours quand il sortira du "Club Med" de Béziers.

Livre : Steampunk, mode d'emploi

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Dans le vaste genre de la science-fiction, le Steampunk, en quelques années, a pris une place prépondérante. Pour les ignorants, le principe de ces romans consiste à imaginer une société futuriste sur des technologies du passé. Pas de moteur à explosion ni d'électricité, mais le règne de la machine à vapeur et du charbon... Un côté nostalgique qui séduit de plus en plus, certains aimant à imaginer des machines et objets venant de ces livres. Conçu par deux spécialistes du genre, Desirina Boskovich et Jeff Vandermeer, « Le manuel Steampunk » est un ouvrage superbe et très complet offrant de nombreux conseils et sources d’inspiration aux lecteurs souhaitant explorer cette culture riche et fertile. À travers des chapitres consacrés à l’art, la mode, l’architecture, l’artisanat, la musique, aux spectacles et à l’écriture, Le Manuel est un guide théorique et pratique destiné à motiver et à impressionner les passionnés débutants tout comme les créateurs acharnés. Il offre une gamme de projets allant du plus simple au plus délirant pour stimuler l’envie et l’imagination. Lancez-vous dans la construction d'un planétaire rétro actionné par une machine à vapeur ou d'une carte de vœux formée de collages rétro.
« Le manuel du steampunk », Jeff Vandermeer et Desirina Boskovich, Bragelonne, 30 euros



mardi 23 février 2016

Roman : Du grand n'importe quoi à la grande œuvre

 Arthur, un personnage perdu dans les méandres de la création, est le « héros » de ce roman gigogne signé JM Erre.

erre, buchet-chastelAvez-vous parfois eu cette impression bizarre d'avoir déjà vécu un moment de votre vie ? Comme si le temps faisait des siennes, que vous vous retrouviez dans un paradoxe complet, à vous souvenir de quelque chose qui vient d'arriver ? Les cartésiens rient de ces balivernes. Lucas, le personnage principal du roman « Le grand n'importe quoi » de JM Erre est de ce genre. Il ne croit que ce qu'il voit. Et ne vit que dans l'instant présent. Pourtant...
Quand il décide d'aller avec sa fiancée dans un petit village de campagne à une fête organisée par le professeur de culturisme de cette dernière, il ne se doute pas que son existence, de tranquile, va complètement être chamboulée. En moins d'une minute. Exactement en plusieurs fois la même minute. Tout se dérègle ce 7 juin 2042 à 20 h 42. Arthur vient de se faire larguer par sa petite amie. Déguisé en Spiderman (la soirée était à thème), il erre sans voiture dans le rues du village quand il voit une soucoupe volante dans le jardin d'une ferme. La bâtisse appartient à un certain Alain Delon, membre du club de Homonymes anonymes. Alain Delon inconscient, enlevé par des aliens. La soirée avait débuté difficilement, elle continue encore plus bizarrement. Dans son errance, Lucas croise la route d'Arthur, écrivain raté de science-fiction, poursuivi par les culturistes de la fête après avoir tenté de violer (du moins c'est ce qu'ils croient) le sosie de Marilyn Monroe. Le duo va finalement échouer dans le bar joliment nommé « Le dernier bistrot avant la fin du monde ». Acculés, menacés, il tentent de fuir par derrière. Et alors arrive l'incroyable, Lucas se retrouve de nouveau à 20 h 42. En bond en arrière dans le temps que lui seul semble avoir conscience. Arthur ne le connait plus. Par contre les culturistes sont toujours à ses trousses. Et les aliens sont bien chez Alain Delon.

Tout s'explique
Complètement déjanté, ce roman, sorte de pastiche de science-fiction de gare agrémenté de quelques saillies sur la physique quantique et le devenir de la France, devenue à cette époque une colonie malgache, mérite parfaitement son titre. « Le grand n'importe quoi » c'est à chaque page, à chaque phrase. Pourtant il y a quelques onces de vérité et de raison dans ce roman, notamment quand Arthur, après avoir ouvert la porte à Marylin Monroe et qu'il est persuadé qu'elle vient de lui faire des avances clairement sexuelles, constate que « l'esprit humain, parmi tant- d'extraordinaires facultés, en possède deux particulièrement fascinantes : la capacité à gober n'importe quoi et l'autosatisfaction. » On croisera également un paysan à la gâchette facile, un illuminé (mais ne le sont-ils pas tous dans ce texte ?), une romantique et une maire légèrement nymphomane.
Une somme de délires à déguster sans à priori, tout en sachant qu'à la fin, JM Erre retombe sur ses pattes et donne une explication tout à fait crédible à l'ensemble des étrangetés énumérées précédemment. Bref, le grand n'importe quoi se transforme, à la dernière page, en grande œuvre.

« Le grand n'importe quoi » de JM Erre, Buchet Chastel,19 euros


lundi 22 février 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : La tombe de la voiture

Pourquoi se simplifier la vie quand on peut la compliquer ? L'histoire de ce chauffard en Argentine pourrait être hilarante s'il n'y avait pas à la clé la mort de trois innocents. Dans cette bourgade du nord du pays, carnaval bat son plein. Au retour d'une fête, le conducteur d'une voiture fauche un groupe de six personnes. Trois meurent sur le coup.
Le chauffard, pris de panique, ne s'arrête pas et rentre chez lui. Conscient de la gravité de ses actes, au lieu de faire face, il décide de camoufler son crime. L'arme du crime exactement. Il décide donc d'enterrer sa voiture au fond du jardin. Comment lui est venue cette drôle d'idée ? Mystère... Peut-être dans un polar où le meurtrier, pour ne pas laisser de traces, enterre son pistolet ou son couteau. Ni vu, ni connu.
Les policiers, qui ont retrouvé sa trace grâce à des témoins, découvriront stupéfaits la carcasse de l'auto sous deux mètres de terre. Certes la panique est souvent mauvaise conseillère, mais creuser un trou de la dimension d'une piscine pour y faire disparaître sa voiture reste la solution la plus bizarre (et invraisemblable) qu'aurait imaginée un romancier.
Malgré tout le chauffard aurait pu faire plus compliqué. De la même manière que certains tueurs démembrent leur victime pour l'évacuer en petits morceaux dans les poubelles, il aurait pu démantibuler son auto, pièce par pièce. Et d'ailleurs, il a poussé le vice jusqu'au bout : dans un coin du garage, les policiers ont retrouvé le moteur, proprement démonté. Pour cet affreux, tuer trois personnes ne justifie visiblement pas la perte d'un bon moteur.

La seconde vie des voitures "moches"

Moquées au moment de leurs sorties, certaines voitures, manifestement ratées, retrouvent une seconde jeunesse grâce aux jeunes collectionneurs nostalgiques des années 70 ou 80.

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La vie des constructeurs automobiles est rythmée par de rares superbes réussites et quelques ratés mémorables. La Clio de Renault, championne des ventes de ces dernières années (avec son ancêtre la R5), a relevé le prestige de la Régie plombée par des modèles pour le moins laids. La Renault 14, surnommée "la Poire" ou la Fuego, fausse sportive ont fait beaucoup de mal à la marque. Pourtant ces voitures n'étaient pas si ratées. Simplement trop originales ou pas assez excessives. Aujourd'hui elles retrouvent une seconde jeunesse par l'intermédiaire de collectionneurs nostalgiques d'une certaine mode des années 70 et 80.
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Baptisée "La 7 cv du bonheur" dans les premières publicités au moment de sa sortie en 1976, la Renault 14 ne rencontre qu'un succès mitigé. Pour relancer les ventes, quelqu'un a l'idée iconoclaste de faire un rapprochement avec une... poire. Et la presse se retrouve inondée de publicités montrant une famille au volant d'un fruit. Conséquence, les acheteurs de la poire ont la désagréable impression d'en être pris pour une. Au lieu de faire exploser les achats, la voiture devient la risée de toute la France. Pourtant la R14 est fiable, économe et relativement moderne dans ses équipements de base. Son look la transforme injustement en une sorte de monstre honteux.
Étonnante Fuego
Encore plus ratée, la Fuego est le prototype de la fausse sportive. Vendu comme un cabriolet jeune et moderne, au nom qui claque, c'est en réalité un veau manquant cruellement de puissance. Pour réduire les coûts, elle est bâtie sur le châssis de la R18. Une sportive de quatre places... Elle bénéfice même d'un moteur diesel. Un turbo diesel, capable de la propulser à 175 km/h. Mais un diesel quand même... Difficile de "frimer" au volant de cette drôle de voiture dont les derniers exemplaires sont sortis des chaînes de fabrication en 1986. Aujourd'hui, devenue voiture de collection, elle est très recherchée. Une sorte de revanche pour l'auto la plus réprouvée des années 80.
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On croise parfois dans les campagnes des Ami 6 ou 8. Ces Citroën familiales, aux angles improbables (notamment la lunette arrière du premier modèle), étaient une évolution de la mythique 2 CV. Si cette dernière reste une référence dans le génie de la construction automobile française (comme la 205 quelques années plus tard chez Peugeot), ses dérivés n'ont pas connu le même succès.
La Dyane, surnommée la voiture du curé, ou la Méhari ont usé jusqu'à la corde un concept populaire mais définitivement dépassé. Aujourd'hui toutes les voitures ont tendance à se ressembler, les formes et gabarits semblant sortir des mêmes cartons à dessin de designers à la mode. L'original ou le bizarre sont réservés à des voitures concepts uniquement exposées dans des salons. Dans les concessions, la banalité est de mise. Cela explique sans doute le retour en grâce de ces voitures, prétendument ratées, mais qui en réalité étaient simplement uniques et surtout populaires.

Dossier autos moches : De la mécanique des courbes

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Les voitures populaires sont toutes dans nos mémoires. Leurs courbes et robes sont des plaisirs pour les dessinateurs. La série « Garage de Paris », dont un second recueil vient de paraître chez Glénat, leur rend hommage. Dugomier (scénario) et Bazile (dessin) font revivre quelques modèles de légende dans ces histoires courtes au délicieux parfum de nostalgie. Cap sur les années 50-70 en Aronde, Alpine, Panhard ou Deux-Chevaux. Au total dix voitures par volume qui se prêtent aux récits exceptionnels.
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En plus d'être une délicieuse plongée dans le passé, chaque histoire complète apporte quelques renseignements techniques sur les modèles utilisés. On apprend ainsi que la Panhard a véritablement été la première voiture révolutionnaire, quelques années avant la DS. Quatrième vitesse, phare antibrouillard, tableau de bord rembourré, carrosserie ultra légère en aluminium, optimisation de l'aérodynamisme : tout est nouveau. Sa carrière sera de courte durée mais elle fera bien des petites sœurs. L'Aronde aussi aura une durée de vie assez limitée mais restera très longtemps sur les routes françaises.

Dossier autos moches : À qui le trophée de la voiture la plus laide ?

La Renault 14 n'est pas spécialement laide. Bizarre, mais pas affreuse. On ne peut pas en dire de certains modèles, plus ou moins récents. On trouve sur internet des « Top » des voitures les plus horribles. Une sorte de concours de designers en manque d'inspiration ou alors complètement à la masse. Pourtant ces voitures ont été produites et pire, vendues à des conducteurs au mauvais goût évident. A moins qu'ils n'aient cédé à des prix bradés, dernier argument de certains concessionnaires désespérés pour écouler de leur ultime stock « d'horreur sur roue ».
trabant
Championne toute catégorie, et heureusement introuvable en France,; la Trabant 601. La star de la RDA, sorte de caisse à savon en tôle ondulée, à la motorisation aussi puissante qu'une mobylette, a un aspect aussi rebutant qu'impersonnel. S'il s'en est venu des millions, c'est uniquement car elle n'avait pas de concurrente.
La Fiat Multipla est de la catégorie des grosses familiales pratiques. Mais qui a eu l'idée de placer les phares sous le pare-brise lui donnant des airs de gros insecte ? Même modernisé elle fait peur.
La BX de Citroën remporte au beau succès dans ces classements. Ses lignes tout en angles, sans la moindre courbe, la transforme en dessin industriel perdu dans un monde où la courbe est généralisée. Un OVNI esthétique.
Rancho. Vous souvenez-vous de la Matra Rancho. Ancêtre des petits 4x4, ce modèle, lancée par Simca et repris par Talbot après on changement de nom, elle a surtout pâti de la surcharge inutile d'éléments sur sa carrosserie. Pourtant elle était idéale en baroudeuse au large coffre surélevé.
La plus étrange reste l'AMC Pacer. Une petite américaine à la vitre arrière bombée lui donnant un étonnant air de... suppositoire. Reste les modèles hors catégorie, visibles uniquement en photos car jamais importées en France comme la Dongfeng D120 (Chine) ou la Tata Nan (Inde). Si un jour, vous en croisez une, gare à l'infarctus.

Dossier autos moches : Fausses et vraies renaissances

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Si Renault ne prévoit pas de reprendre une version de la Fuego modernisée, la Régie a présenté la semaine dernière son autre "sportive", à la sauce années 2010. Alpine, petite mangeuse de goudron si agile dans les routes en lacets, a fait rêver des générations de "fous du volant". Quelques exemplaires rugissaient encore lors de rassemblements. Un engouement encore vivace expliquant la modernisation et renaissance de la marque légendaire. La nouvelle Alpine, présentée par le PDG en personne (photo à droite), sera en réalité une marque indépendante, ambitionnant de concurrencer Porsche sur le segment des sportives de luxe. La présentation, à Monaco, en est la preuve éclatante.
Rien pour la 4L
Par contre rien de prévu pour la sympathique 4L. La toile avait fantasmé durant quelques jours sur une version "SUV" de l'ancêtre. Elle avait de la gueule et tout le monde était enthousiaste. Pourtant ce n'est qu'une ébauche sur papier, même pas issue des ateliers de recherche de la firme. Pour rouler en 4L, il ne reste que l'arrière-grand- père qui la bichonne depuis des décennies. Par contre la Méhari de Citroën va renaître de ses cendres. Sans jeu de mots douteux, la voiture ayant été victime dans les années 70 d'un détraqué qui les incendiait dans les rues de Paris. Tout terrain increvable, agile et permettant de pleinement profiter de la nature, la e-Méhari (photo à gauche) revient dans une version tout électrique. Ce sera sans doute la vedette de ces prochains mois tant son look, coloré et jeune, dénotera dans la grisaille ambiante. Reste la motorisation électrique, un frein commercial important dans une France qui n'arrive pas à franchir le cap de l'abandon du moteur à explosion.

dimanche 21 février 2016

Roman : Le quatrième âge, ce condensé de méchanceté

Armand est méchant. Le héros de "Hospice &  Love", roman de Thiébault de Saint-Amand, à 85 ans passés, à plus d'une entourloupe dans sa besace.
Thiébault de Saint-Amand, hospice, love, hugoLa fin de vie est au centre de ce roman iconoclaste. Si l'on vit de plus en plus vieux en France, parfois les dernières années des membres du quatrième âge ne sont pas très gaies. L'action se déroule en 2024. Armand Bouzies, ancien commissaire de police, 85 ans et toujours bon pied bon œil, l'apprend à ses dépens. Placé dans une maison de retraite spécialisée par sa fille partie se relancer professionnellement à Singapour, il comprend vite que cet 'établissement collectif de séjour pour personnes dépendantes' de Nogent-le-Rotrou est un vulgaire mouroir. Terminées les sorties en goguette, les journées en pyjama et la belle vie. Sa chambre, double, a tout l'air d'une cellule. Il tombe de haut mais ce vieux monsieur foncièrement méchant ne se laisse pas abattre. La première partie du roman le montre à la manœuvre pour dégoûter ses colocataires. Trois en quelques semaines. Pour conserver sa tranquillité, il n'hésite pas à les pousser au suicide. Pas grave : ce n'est qu'avancer l'inéluctable de quelques jours ou semaines...
Se faire la belle
Avouons-le, difficile d'avoir la moindre once de sympathie pour cet octogénaire qui maltraite les alzheimers et se fait un petit pécule en trafiquant les médicaments, histoire d'avoir de quoi venir le jour où il s'enfuira. Car le but ultime de l'ancien flic est de se faire la belle. Une sacrée crapule décrite par Thiébault de Saint-Amand. Comment transformer cette charge contre les mouroirs inhumains en roman émouvant et sensible ? Il suffit de faire intervenir une nouvelle pensionnaire : Elizabeth. 83 ans, mais une distinction et une grâce intacte, malgré la perfusion qu'elle trimbale partout. Armand en tombe raide dingue amoureux. De l'amour fou, de celui qui frappe les adolescents acnéiques. Armand va-t-il changer ? Pour Elizabeth il va s'adoucir, mais n'abandonne pas ses envies de cavale. Au contraire il embringue Elizabeth dans l'affaire. Les voilà partis tous les deux vers la côte Normande pour une ultime lune de miel à Deauville. Même si parfois le tête à tête langoureux se transforme en séances de pleurs pour Elizabeth. "A un certain âge, on souffre d'un trop-plein de vie", avoue la vieille dame qui accepte enfin de se confier sur son passé professionnel. Armand n'en reviendra pas (le lecteur non plus) et cela amplifiera son amour. Entre rires grinçants et mélodie sentimentale, maladies dégénératives et personnel soignant déshumanisé, le roman est parfois un peu déstabilisant. Pourtant, l'auteur à force de coups de théâtre et de surprises, va au bout de sa démonstration avec un final très brillant.
"Hospice & Love" de Thiébault de Saint Amand, Hugo, 17 euros.

samedi 20 février 2016

Paradoxe parisien

A chacune de mes courtes escapades à Paris, je sacrifie au rituel du café en terrasse. Le plaisir de siroter un "petit noir" en observant cette faune incroyable de la capitale pour le provincial que je resterai toujours.
D'ordinaire, il faut jouer des coudes pour trouver une place. Le froid combiné au souvenir encore présent du 13 novembre semblent avoir rebattu les cartes. Par contre, ce qui n'a pas changé c'est le prix prohibitif de ces quelques centilitres de nectar odorant. Entre trois et quatre euros, le "kawa" devient un véritable luxe.
Comme de bien entendu, j'en profite pour en griller une sous les convecteurs à gaz tournant à plein régime. Je demande un cendrier à la serveuse. "Désolée, la mairie de Paris nous a interdit les cendriers. Il paraît qu'ils peuvent se transformer en projectile en cas de bagarre." Face à mon air interloqué elle continue "Jetez votre mégot par terre, je passerai le balai... »
Paris sera toujours aussi paradoxal. Si un cendrier peut se transformer en arme, alors pourquoi continuer à servir des bières pression dans des chopes encore plus "contondantes" qu'un petit cendrier si elles sont lancées avec détermination et dextérité. Cette décision ne serait-elle pas plutôt destinée à ostraciser encore plus les fumeurs ? Car la municipalité a également décidé de verbaliser les jets de mégots sur la voie publique. 68 euros le PV. Mais en l'absence de cendriers, que faire du reste de sa cigarette ? Suggestion : que chaque paquet "neutre" soit équipé d'un cendrier portatif.

Cinéma : Faire son deuil avec lenteur dans « Ce sentiment de l’été »


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Un beau matin d'été. Un jeune couple se réveille. La femme se lève. L'homme se rendort. Sasha part travailler. Lawrence (Anders Danielsen Lie, photo) reste au lit. Ils vivent à Berlin. Elle traverse une partie de la ville, va à son atelier et une fois son labeur terminé, rentre chez elle. En chemin, au milieu d'une pelouse, elle s'écroule. Cinq jours plus tard, Sasha est morte. Lawrence débute son long travail de deuil.


Film sur la mort, le chagrin et la renaissance, « Ce sentiment de l'été » de Mikhaël Hers impose rapidement son rythme, ses silences, son image. Voyage introspectif dans l'âme des survivants, il décortique ce sentiment d'absence quand un être cher part. Car Sasha est morte à 30 ans. Sans avoir réalisé ce qu'elle rêvait, seule et avec l'homme qu'elle aimait. Un amour réciproque. Lawrence est comme perdu, absent, comme abandonné. Heureusement les parents de Sasha prennent la paperasse administrative en main. Aux obsèques, une simple soirée à discuter de la morte, il y a aussi Zoé (Judith Chemla), la jeune sœur de Sasha. Elle lui ressemble énormément. Trop pour Lawrence qui ne peut s'empêcher de la revoir sous ses traits. Une année plus tard, on retrouve Zoé à Paris. Elle vit désormais seule, élevant tant bien que vaille son fils. Lawrence vient passer quelques jours, il se rapproche de Zoé avec pour seul sujet de conversation Sasha. L'un comme l'autre vivent encore dans le souvenir de la morte. La troisième partie se déroule à New York. Lawrence, Américain, est revenu chez lui. Il aide sa soeur dans un magasin d'antiquités. Il commence à sortir la tête de l'eau. Toujours en plein été, Zoé arrive. Ils vont encore mieux apprendre à se connaître et s'entraider pour définitivement tourner la page. Ce film, d'une grande tendresse, loin d'être triste, est en réalité une ode à la vie. La mort a touché Lawrence et Zoé. Mais ne les a pas coulés. Il faut du temps pour colmater les brèches. Une fois les peines du cœur réparées, la navigation peut reprendre.

vendredi 19 février 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : Accident de personne

"Accident de personne". L'annonce claque comme un coup de feu dans le wagon du TGV à destination de Paris. À 20 minutes de mon arrivée gare de Lyon ce mercredi. Le train ralentit et s'immobilise dans un tunnel. Pas de chance pour les voyageurs qui doivent prendre une correspondance. Pas de chance non plus pour le pauvre bougre qui s'est jeté sous la locomotive à l'entrée de Maison-Alfort. Après cinq heures de cohabitation polie, les langues se délient, en même temps que les bouteilles d'eau distribuées par les contrôleurs. Les deux petites filles assises en face de moi, des jumelles de six ans (Selena et Cyann) ont été très sages mais cet arrêt intempestif les perturbe.
Leur mère tente d'expliquer. "Un monsieur s'est fait percuter par un train". "Ça veut dire quoi percuter, maman", interroge la plus curieuse. L'une des fillettes compatit pour le monsieur ("Il est mort alors ?") alors que l'autre ne comprend pas pourquoi on reste arrêté : "On le met à côté et le train repart !" Le monde des enfants est si simple... La maman s'oblige à préciser : "Il faut que les pompiers et la police viennent d'abord". Le TGV redémarre. Juste pour sortir du tunnel.
"On va repartir maman ?" demandent au moins trente fois les jumelles à tour de rôle durant les deux heures d'immobilisation. Dans vingt ans, elles ne se rappelleront plus de ces deux longues heures d'attente. Elles feront toujours Perpignan-Paris en train. Encore plus vite grâce à la nouvelle ligne à grande vitesse. Moi, je me souviendrai toujours de ce désespéré qui a préféré finir sa vie sur ces rails funestes.

jeudi 18 février 2016

BD : Double dose de nostalgie



spirou, sophie, jidéhem, franquin, dupuis
En se lançant dans l'historique des éditions Dupuis et de son navire amiral le journal de Spirou, Christelle et Bertrand Pissavy-Yvernault ne se doutaient pas que ce travail serait titanesque. Passionnant aussi. C'est véritablement l'histoire de la BD franco-belge qui est retracée dans ce second volume de plus de 330 pages très richement illustré. Après la guerre et la clandestinité, Spirou retrouve son rythme de parution hebdomadaire. Le héros est toujours animé par Jijé, mais il a décidé de passer la main à un petit jeune plein d'avenir: André Franquin. Ces années d'apprentissage sont aussi le fondement de l'école de Marcinelle. Jijé, le « maître », héberge chez lui et forme trois petits apprentis : Will, Morris et le discret Franquin. Une entente tellement forte qu'ils partiront avec armes et bagages tenter leur chance aux USA. Un périple conté dans la BD de Yann et Schwartz « Gringos locos ». Grâce à ce volume, on connait la suite de l'aventure. Tout le monde s'ainstalle à Mexico pour quelques mois puis l'entente se fissure, Morris part à New York, Franquin revient en Belgique. A partir de 1950, ces dernier deviendra le pilier de la revue, multipliant les animations. Les brouilles avec les patrons aussi.
spirou, sophie, jidéhem, franquin, dupuis
Ce second volume se termine en 1955, année où Jidéhem devient assistant de Franquin. Jidéhem qui est aussi l'auteur de Sophie, série enfantine qui obtient enfin une réelle reconnaissance avec la parution de l'intégrale de ses histoires courtes ou longues. Le tome 4 regroupant la production des années 1972 à 1978 vient de paraître. On retrouve le trait précis et élégant d'un dessinateur trop souvent resté dans l'ombre.
« La véritable histoire de Spirou » (tome 2), Dupuis, 55 euros
« Sophie, l'intégrale » (tome 4), Dupuis, 32 euros

mercredi 17 février 2016

BD : Vengeance acérée


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L'histoire débute comme une aventure presque classique. En 1983, trois Européens se rendent sur un petit archipel indonésien pour y réaliser un documentaire sur la pêche traditionnelle. Léo, sa femme Isa et leur ami Bernard sont des militants écologiques avant l'heure. Ce film permettra de dénoncer l'exploitation excessive des ressources halieutiques. Les locaux pêchent à l'explosif, tuant toute vie dans le lagon, les coraux aussi. Léo est le plus engagé, le plus vindicatif. Sa femme Isa profite plus du cadre. Enceinte de sept mois, elle se baigne avec plaisir dans les eaux turquoises, filmant les tortues Luth. Mais alors qu'elle se baigne dans le lagon, un immense crocodile de plus de six mètres de long, n'en fait qu'une bouchée. Le roman graphique, de balade au soleil et plaidoyer écologique, se transforme en drame puis en vengeance redoutable. Léo va tenter de tuer le monstre. En vain. La suite de l'histoire se déroule de nos jours. Léo, est de retour sur l'île. Il vient solder ses comptes. La vengeance n'en sera que plus acérée. Stéphane Piatzszek écrit un scénario alternant beauté des lieux, analyse politique (montée de l'intégrisme islamique, indépendance larvée) et intrigue quasi policière. Le tout est dessiné par Jean-Denis Pendanx en couleurs directes. Les trois planches finales, après une incroyable montée de la tension, sont de véritables tableaux. A ne pas manquer.
« Le maître des crocodiles », Futuropolis, 20 euros

mardi 16 février 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : La beauté du sport

aurier, blanc, psg, foot, fiotteDepuis longtemps, les exploits des footballeurs me laissent indifférent. Exploits sportifs j'entends. Car pour le reste, j'avoue ma faiblesse face à leurs multiples écarts de conduite. De l'affaire Zahia à la fameuse sextape de Valbuena (doublée de la suspicion de chantage reprochée à Benzema), ces infatigables travailleurs du pire alimentent régulièrement la rubrique faits divers.
Et quand on croit avoir touché le fond, il se trouve toujours un petit rigolo pour en remettre une couche. Je n'avais jamais entendu parler de Serge Aurier, défenseur du Paris Saint-Germain, avant-hier matin. Mais il entre avec fracas dans le club des sportifs qui gagneraient à jouer à la baballe plutôt que de l'ouvrir. Le fameux Serge Aurier, sur une plateforme de vidéo en ligne très appréciée des jeunes, répond aux questions des internautes en direct. Inconscience ou provocation ? Au lieu de la tourner sept fois dans la bouche, il ignore la langue de bois. Laurent Blanc ? "une fiotte", Zlatan ? "Une gentille bête", le goal Sirigu ? "Il est guez" (comprendre nul.) En résumé, un coéquipier de rêve. Cependant, comme toujours sur internet, quelques vigies bienveillantes enregistrent la séquence et la rediffusent à tire-larigot.
Conséquence, Serge Aurier tente le coup du démenti, il se pose en victime d'un trucage vidéo et sonore. Malheureusement pour lui, si l'arbitrage vidéo n'a toujours pas droit de cité sur les terrains de foot, dans la vraie vie, il reste un moyen très prisé pour faire comprendre à un malotru qu'il est allé un peu trop loin.

lundi 15 février 2016

BD : Contes des indiens Jivaros



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Les Jivaros, tribus d'Indiens d'Amazonie, ont longtemps été associés à leur pratique de réduction des têtes. Vous ne trouverez pas une seule allusion à cette pratique dans « Anent », reportage dessiné d'Alessandro Pignocchi. Ce jeune chercheur en sciences cognitives, a fait de fréquents séjours en Amazonie au cœur de la forêt. Il aime particulièrement dessiner la faune locale. Sa vision de la région change quand il découvre « Les lances du crépuscule », livre témoignage de Philippe Descola paru à la fin des années 70. Cet ethnologue, élève de Lévi-Strauss, a passé trois années en immersion dans une tribu Achuar. Alessandro a dans un premier temps de réaliser un documentaire sur ces Indiens et leur évolution par rapport à la description de Descola. Ce sera finalement un album de BD, entièrement réalisé à l'aquarelle. Pignocchi se met en scène, quand il est jeune et ne connait pas l'existence des Achuar, puis ses séjours à la recherche des descendants des héros des « Lances ». L'occasion aussi de tenter de recueillir d'autres « Anent », ces chants sous forme de contes que les chasseurs interprètent avant de tuer leur gibier. Un peu ardu au début, le roman graphique devient passionnant au fur et à mesure que l'auteur se rapproche des ces Indiens, menacés mais encore très conscients de leurs traditions. Ces 160 pages donnent envie d'aller sur place. Chance, l'auteur donne en fin de volume tous les contacts pour passer quelques jours à Numbaïme ou Napurak.
« Anent », Steinkis, 20 euros


dimanche 14 février 2016

BD : L'éternel retour de Clifton


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Ce cher colonel Clifton est de retour. Imaginé par Raymond Macherot dans une de ses rares incursions dans la BD classique, lui qui brillait tant dans le style animalier, ce vieux garçons britannique, membre des services secrets, était l'antithèse de James Bond. Une sorte d'Hercule Poirot (pour les moustaches), doublé d'un John Steed (pour la classe et les parapluies). Une première apparition avant le succès du au talent de Turk et De Groot. Les créateurs de Robin Dubois et de Léonard, ont fait leurs armes avec une dizaines d'albums de Clifton. La série relancée a ensuite été reprise par Bédu puis Rodrigue. Un héros fatigué, disparu depuis près d dix ans. Mais il en fut plus pour faire la peau à ce pilier du catalogue du Lombard. Une nouvelle fois c'est Zidrou qui s'est chargé de refaire vivre cet univers si spécifique. Et pour assurer un lien avec le passé, Turk revient au dessin. « Clifton et les gauchers contrariés » se déroule entièrement en Angleterre. Le héros est contacté par la Lala (Ligue des assureurs londoniens et anglais) pour enquêter sur une inquiétante épidémie. Des conducteurs de sa gracieuse majesté, british pur jus, décident sans aucune raison, de conduire à droite. Résultat une multiplication des accidents et donc des bénéficies en baisse pour des assureurs présentés comme de sacrés grippe-sous. La conduite à droite, invention de Napoléon selon le scénariste, peut-elle mettre en péril toute la Grande-Bretagne ? Avec force de références aux clichés les plus comiques de l'art de vivre anglais, l'album alterne avec bonheur gags et scènes de cascades. Un retour particulièrement réussi, dans l'esprit des précédents albums ce qui est assez rares en ces temps de chamboulement complet (remember Bob Morane ou Ric Hochet...)
« Clifton » (tome 22), Le Lombard, 10,60 euros



DE CHOSES ET D'AUTRES : Vertus de la solitude

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Pour la Saint-Valentin, si par malheur vous êtes seul, plongez-vous dans ce petit livre de Maïa Mazaurette. En écrivant un guide subversif sur 'L'art du célibat', elle devrait donner un peu de baume au cœur aux délaissés de la fête des amoureux.
En 150 pages denses et joliment illustrées, elle énumère toutes les bonnes raisons de vivre seul, un jour, une semaine voire une vie. Pour vous donner une idée du ton du livre, voilà les quelques-uns des avantages qu'elle trouve à être seul chez soi : "Avoir la pizza de la veille à portée de main quand on passe son week-end dans son canapé. Découvrir plus d'activités nouvelles. Notamment, passer encore plus de temps sur Facebook."
Tous les aspects pour accéder au statut de célibataire sont passés à la moulinette, de comment se rendre invivable à une liste de phrases de rupture. Sans oublier l'essentiel : "Comment se faire passer pour une victime et garder tous ses amis ?"
Bref un guide du savoir-vivre dans son coin sans rien devoir à l'autre. Et encore une fois : Bonne Saint-Valentin !
'L'art du célibat', Jungle, 9 €

samedi 13 février 2016

DVD : La gentille étudiante et le méchant vieux monsieur

étudiante,heri,brasseur,calbérac,tonquédec,schmidt,studiocanalIl est vieux et bougon. Elle est jeune et joyeuse. Comment vont-ils pouvoir cohabiter ? Tout le pitch du film est contenu dans cette interrogation. Monsieur Henri (Claude Brasseur) a un caractère totalement opposé à celui de Constance (Noémie Schmidt). Ce veuf taciturne vit seul depuis des décennies. Son fils Paul (Guillaume de Tonquédec), décide de louer une chambre du grand appartement à une étudiante qui pourra ainsi veiller sur le vieil homme misanthrope et à la santé parfois vacillante. Cette comédie d'Ivan Calbérac est adaptée de sa pièce de théâtre. Une comédie qui débute sur les chapeaux de roues.

Situation scabreuse
Les premières confrontations entre Henri et Constance ont une force comique puissante et rare. Elle répond du tac au tac aux méchancetés du papy qui semble y trouver son compte. Mais la vie à Paris est dure pour la jeune femme. Malgré un petit boulot de serveuse, elle ne parvient pas à payer son loyer. Une situation qui donne l'idée à Monsieur Henri d'utiliser Constance pour casser le couple de son fils. Cela pourrait virer à la comédie scabreuse, c'est au contraire très touchant. Saluons les interprétations parfaites des confirmés Brasseur, de Tonquédec et Frédérique Bel mais surtout celle de Noémie Schmidt, jeune actrice suisse qui endosse ce premier rôle avec un naturel et une facilité déconcertants. Dans les bonus communs aux DVD et blu-ray, un long making of où le réalisateur parle de son travail de direction d'acteur et de réécriture. Un long passage est également consacré à la très belle musique de Laurent Aknin. Musique qui tient un rôle très important dans la suite du film.
"L'étudiante et Monsieur Henry", Studiocanal, 16,99 euros le DVD et le blu-ray.

DE CHOSES ET D'AUTRES : Action ou vérité

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Enfoncé Laurent Ruquier, dépassé Cyril Hanouna : TF1 dans la course à l'audience sort l'artillerie lourde. Alessandra Sublet va tester un nouveau concept de talk-show inspiré du jeu « Action ou vérité ».
Rappel pour les ménagères de plus de 50 ans, ce jeu est très prisé chez les adolescents et les jeunes adultes en mal de transgression. Les participants se placent en cercle autour d'une bouteille couchée, l'un la fait tourner, elle désigne un des joueurs. Il doit, au choix, répondre à une question sans mentir ou réaliser le gage imposé. Souvent le jeu dérive vers des interrogations ou des défis orientés vers le sexe. Genre « As-tu fait l'amour avec deux personnes en même temps ? » ou « Embrasse sur la bouche ton voisin (ou voisine) de gauche ». On imagine facilement les situations cocasses, voire scabreuses, qui peuvent découler de questions bien choisies.
Mais tout est aussi question de casting. Une indiscrétion de la maison de production nous donne une idée des premiers numéros sur le point d'être enregistrés et normalement diffusés le mois prochain. On retrouve autour d'Alessandra Sublet une star de la télé réalité que rien n'arrête (Leïla Ben Khalifa), des actrices en promo (Michèle Bernier et sa fille), JoeyStarr et deux licenciés de fraîche date : Julien Lepers éjecté de « Questions pour un champion » et Nathalie Kosciusko-Morizet récemment remerciée de la direction du parti Les Républicains. Comme cette dernière a un livre à promouvoir, elle risque de devoir accepter quelques compromissions : dévoiler la vérité sur ses relations avec Sarkozy ou embrasser Julien Lepers. Je ris d'avance.

vendredi 12 février 2016

BD : Un traître chez les "Sept Frères"



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Didier Convard connaît parfaitement l'univers de la franc-maçonnerie. Il a signé la série au long cours du « Triangle secret », mais ne s'arrête pas en si bon chemin. Avec Jean-Christophe Camus, il a imaginé ce « Sept frères » dessiné par Hervé Boivin au trait de plus en plus proche de celui de Jacobs. Ils sont sept membres de la loge de la Rose silencieuse. En 1943, leur confrérie sert surtout à abriter un réseau de Résistance. Mais un matin, le vénérable est abattu et les sept frères interpellés par la milice ou la Gestapo. Près de dix ans plus tard, tous reçoivent une convocation pour une réunion destinée à démasquer le traitre. Alors qui du libraire, du dessinateur, du journaliste, du fonctionnaire, du grand bourgeois, du romancier ou du photographe a donné ses frères ? Durant les 56 pages le lecteur se pose la question, tentant de découvrir le coupable. Une intrigue digne des meilleurs Simenon ou Agatha Christie.
« Sept frères », Delcourt, 14,95 euros



Cinéma : Les monstres de "Chair de poule" passent du papier au grand écran

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Pas loin de 200 histoires dans la collection, presque autant de monstres sortis de l'imagination de R. L. Stine : la collection "Chair de poule" a passionné (et terrorisé) des millions d'adolescents. Un succès planétaire qui a logiquement intéressé plusieurs producteurs américains. Tim Burton avait pris une option sur cet univers gentiment fantastique mais longtemps le projet est resté dans les cartons. Finalement l'univers des livres est enfin adapté au cinéma mais c'est Rob Letterman ("Monstres contre Aliens") qui réalise le film, centré sur le personnage de R. L. Stine. Il est interprété par le phénoménal Jack Black, toujours aussi comique malgré ses nombreuses apparitions dans des comédies formatées.



Comme les romans s'adressent aux adolescents, il est normal que le film soit lui aussi destiné aux teenagers américains. Même si les lecteurs de "Chair de poule" ont tous aujourd'hui plus de 30 ans, voire des cheveux blancs. Et pour plaire au plus grand nombre, le scénario utilise les ficelles classiques de la famille en deuil. Gale Cooper et son fils Zack (Dylan Minnette) débarquent dans la petite ville de Madison au fin fond des USA. Gale est la nouvelle proviseur adjointe du lycée. Lycée où Zack fait sa rentrée avec l'étiquette traumatisante du nouveau. Ils tentent de changer de ville pour oublier la mort, l'année dernière, du père et mari.
Monstres en liberté
Gale se consacre à son travail, Zack à sa voisine. Hannah (Odeya Rush), jolie brune piquante, est claquemurée chez elle. Son père ne veut pas qu'elle sorte. Elle ne se prive pas de désobéir, entraînant Zack dans des balades nocturnes étonnantes. Mais c'est rien à côté de la découverte de la bibliothèque du père d'Hannah. Ce sont les manuscrits des romans "Chair de poule". Ils sont cadenassés. Zack en ouvre un par erreur. L'abominable homme des neiges est immédiatement libéré et sème la panique en ville.
Un effet boule de neige, ce sont des centaines de monstres qui se déchaînent. Pour sauver la ville de Madison, Zack, Hannah, Stine et Champ (Ryan Lee) vont devoir multiplier les ruses. Si le début du film est typique des comédies juvéniles, rapidement les monstres viennent mettre une sacrée pagaille à l'ensemble. Des zombies aux nains de jardin en passant par un loup-garou et un lutin machiavélique, les effets spéciaux s'en donnent à cœur joie. L'humour est omniprésent. Par les gaffes de Champ, les répliques de Jack Black, les mimiques de certains monstres...
L'ensemble est un film d'une rare efficacité, mélange de Goonies et de Gremlins. Un spectacle familial par excellence.

DE CHOSES ET D'AUTRES : Amour, toujours

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La Saint-Valentin, jolie fête des amoureux, pâtit d'une image par trop commerciale. Tout est bon pour faire du chiffre, l'amour comme la mort. Dans mon village, la Saint-Valentin a conservé sa raison d'être. Pas de repas en amoureux à vendre ni de séance au spa et encore moins de jouets sexuels à petits prix (bien que ma commune soit la mieux achalandée de la région en matière de boutique plaisir, j'y reviendrai certainement un jour ici même).
Non, chez moi, la fête des amoureux se transforme en printemps des poètes. Sur chaque lampadaire, un gros cœur rouge est accroché quelques jours avant le fameux 14-février et des maximes, aussi belles que romantiques, sont proposées aux regards des passants curieux. Juste pour le plaisir, la beauté des mots. Ainsi, de la fenêtre de ma cuisine, depuis mardi, je peux lire de jour comme de nuit, "Je ne sais où est mon chemin, mais je marche mieux quand ma main est dans la tienne."
A trois mètres de la porte du garage, j'apprends que "Dieu a créé la nuit pour que je puisse rêver de toi".
On pourrait rire de cette poésie un peu simpliste. Mais franchement, entre ces petites phrases pleines de douceur et de tendresse et les tags incompréhensibles, insultants, orduriers voire racistes qui fleurissent sur le mobilier urbain, le choix est vite fait. D'ailleurs, les cœurs "vierges" installés de ci de là à l'intention des poètes amateurs sont chaque année respectés. Aucun détournement ni vandalisme. Nouvelle preuve que l'amour restera toujours une valeur sûre des fondements de notre société.

jeudi 11 février 2016

BD : De la philosophie au complot


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Surtout connu pour sa série enfantine « Mélusine », Clarke ne se contente plus de ces gags humoristiques sur fond de gentille sorcellerie. Après avoir tâté de l'humour noir dans les pages de Fluide Glacial, il a signé quelques romans graphiques dans lesquels il montre que son dessin réaliste vaut largement celui des maîtres du genre. Nouvelle incursion dans ce monde avec « Dilemma » un album double. Deux versions sont en vente car Clarke, en écrivant cette histoire sur le déterminisme, a voulu donner le choix de la fin aux lecteurs. L'essentiel du récit se déroule en Allemagne durant la seconde guerre mondiale. Un archéologue découvre des écrits grecs signés de quatre philosophes. Diogène, Platon, Aristote et Xénophon. Ils imaginent le futur, tablant sur une grand bouleversement afin de remettre l'Humanité en question. Un récit qui décrit tous les conflits de l'Europe, jusqu'à l'accession au pouvoir d'Hitler. Se peut-il que tout soit déjà écrit ? Comment empêcher l'avènement d'un monde où « l'aboutissement de la logique humaine est ce désir pour une majorité d'être dirigée par une minorité. » Cela fait froid dans le dos. De la philosophie pure appliquée à l'actualité.
« Dilemma », Le Lombard, 19,99 euros (La fin alternative est lisible sur un site internet dédié)


Cinéma : La foi à l'épreuve de la vie dans "Les Innocentes" d'Anne Fontaine

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Comment survivre à l'horreur, comment garder la foi ? Le film "Les innocentes" d'Anne Fontaine apporte une réponse forcément subjective mais d'une réelle beauté.

Hiver 1945. La Pologne vient d'être libérée du joug nazi. Libérée mais aussi envahie par les forces russes. Pour certains, les cinq années de crainte et de peur ne font que commencer. Dans ce pays en ruines, la croix rouge française est en mission pour soigner et rapatrier les soldats tricolores blessés au front. Mathilde Beaulieu (Lou de Laâge), jeune interne, se forme en multipliant les opérations de rafistolage de chairs blessées. Elle est sous la responsabilité de Samuel (Vincent Macaigne), médecin haïssant les Polonais. Pas étonnant quand on sait que toute sa famille est morte dans un camp à quelques kilomètres de là. Fataliste il confie à Mathilde, "Les seuls Polonais que j'aime ce sont ceux du ghetto de Varsovie. Mais ils sont tous morts". Le film d'Anne Fontaine, par cette voix de Samuel, ne se prive pas de dénoncer les persécutions des Juifs par les Polonais, catholiques parfois trop primaires. Mais eux aussi ont souffert. Pour preuve la situation des 30 religieuses d'un couvent isolé dans la campagne. Quand les soldats russes sont arrivés en libérateurs, ils ont profité de cette "prise de guerre". Toutes les religieuses ont été violées.
Grossesses compliquées
Quelques mois plus tard, Mathilde reçoit la visite de l'une d'entre elles. Elle veut l'aide d'un médecin car les grossesses de certaines ne se déroulent pas bien. Inspiré d'une histoire craie, ce film marque un tournant dans la carrière d'Anne Fontaine. Habituée aux histoires de triangle amoureux, elle plonge dans ce drame avec une sensibilité et une compréhension revigorante. Car malgré les drames personnels, les doutes, la violence de la guerre, les horreurs du passé, ce film est résolument optimiste. Mathilde, athée et rationnelle, va souvent revenir dans le couvent, se lier d'amitié avec ces femmes à l'esprit si différent du sien. Elle va surtout parvenir à leur faire accepter leur destin et ces enfants de la honte. Elle recevra l'aide d'une religieuse plus ouverte, sœur Maria, interprétée par Agata Buzek, actrice polonaise qui crève l'écran. L'amitié entre ces deux femmes que tout oppose permettra de sauver les enfants et les jeunes femmes craignant la damnation éternelle pour n'avoir pas respecté (pourtant à leur corps défendant) leur vœu de chasteté. Entièrement tourné en Pologne dans un monastère désaffecté (l'église polonaise a refusé de prêter un de ses couvents pour le tournage...), le film oppose la froideur des lieux à la chaleur des cœurs des hommes et femmes, tous liés par les mêmes épreuves. Et au final, la vie l'emporte sur la foi.
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Et Lou de Laâge devint adulte
lou.jpgÀ 25 ans, Lou de Laâge quitte pour la première fois son statut d'adolescente, éternelle espoir du cinéma français. En endossant l'uniforme de ce jeune médecin français, plongée dans les horreurs de la guerre, elle devient adulte. Femme aussi. Très libre. Avec Samuel, elle forme un couple atypique. Ils se vouvoient, travaillent ensemble, dansent parfois et se donnent du bon temps dans les bras l'un de l'autre. Médecin par vocation, elle désire ardemment sauver des vies même si dans les conditions difficiles d'un pays exsangue elle se contente de rafistoler des corps. Aussi quand elle pénètre la première fois dans le couvent et découvre des religieuses vivant comme une honte absolue leur maternité non désirée, elle brise un peu sa carapace. Elle fera tout pour les aider. Elles et les enfants qu'elles portent. Elle se substituera à leur mère supérieure, enferrée dans ses principes et sa doctrine religieuse au point de commettre l'irréparable. Un rôle tout en nuance pour Lou de Laâge. Elle s'en tire parfaitement, dosant avec subtilité ses émotions et son expression, de plus en plus épanouie au fil des semaines et des naissances. Son interprétation de Mathilde devrait lui ouvrir d'autres horizons, elle qui jusqu'à maintenant a essentiellement joué des rôles d'adolescente allumeuse et torturée ("Respire" ou "L'attente").

DE CHOSES ET D'AUTRES : Patron qui s'en dédit

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Il faut réformer le marché du travail. Sinon le chômage en France pourrait grimper à 13 ou 14 %. Cette prédiction particulièrement pessimiste a été prononcée par Pierre Gattaz, patron du Medef. Faut-il le croire ? Vu les résultats de ses précédentes déclarations, on peut en douter.
Souvenez-vous. François Hollande lance le Pacte de responsabilité. Des aides massives aux entreprises qui en échange s'engagent à embaucher. L'enveloppe, en deux ans, est chiffrée à plus de 33 milliards d'euros, notamment par l'entremise du CICE (crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi). Gattaz, enthousiaste, lance l'opération "Un million d'emplois". Les entreprises françaises vont créer un million d'emplois et les patrons sont invités à le faire savoir en arborant un pin's spécifique.
Aujourd'hui, les pin's sont tombés aux oubliettes, de même que les emplois promis. Par contre les milliards d'aides ont fait des petits, largement redistribués en dividendes aux actionnaires. Mais le patronat français en exige toujours plus. Il entend profiter de la réforme du code du travail menée par Myriam El Khomry pour "aménager" (lire supprimer en langage patronal) les 35 heures et le CDI. Et Pierre Gattaz de se féliciter hier matin sur France Info de la trouvaille des Italiens : un CDI avec une période d'essai de trois ans.
Trois ans, souvent le temps durant lequel les patrons restent en poste à la tête des grandes entreprises. Et quand ils partent, ce ne sont pas les mains vides comme un salarié à la fin de sa période d'essai, mais les poches lestées de quelques millions en primes et autres retraites chapeau.

mercredi 10 février 2016

BD : L'Aubrac en sombre sous le pinceau de Christophe Bec

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Retour aux sources pour Christophe Bec. Il reprend ses pinceaux pour dessiner un de ses scénarios. De plus « Les tourbières noires » se déroulent dans son Aveyron natal, sur le plateau de l'Aubrac exactement. Cette histoire il la destinait à un long métrage. Mais face aux difficultés financières ou aux modifications du script original par les différents intervenants, il a préféré reprendre sa liberté et mener cette histoire effrayante à son terme, mais en solitaire. Un photographe prend des clichés de la nature sauvage de cette partie de l'Aveyron froide et hostile. Sous le charme, il attend le coucher du soleil pour capter les couleurs exceptionnelles mais se retrouve seul dans la lande. Il trouve refuge dans une ferme où un homme semble paniqué à l'idée de sortir. Il vit seul avec sa fille, jeune et belle. La nuit, une vieille demeure, deux hommes, une femme : tous les ingrédients sont réunis pour un album très personnel autour des centres d'intérêts récurrents d'un auteur prolixe.
« Les tourbière noires », Glénat, 14,95 euros


DE CHOSES ET D'AUTRES : Singeries


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Le singe est une créature rusée et insaisissable. Pas de chance pour les humains, l'année 2016 selon le calendrier chinois est placée sous les auspices de cet animal pour le moins imprévisible. Pourtant c'est mignon un singe. Certains sont même certainement plus intelligents que les représentants humanoïdes de certains groupes comme les supporters de foot ou les fans de téléréalité tendance "Anges".
Le singe chinois de 2016, parmi les nombreuses joyeusetés dont il pourrait être responsable, va faire monter d'un cran la tension internationale et la crise économique. La faute au feu, élément associé à cette année. Or, selon les maîtres du feng shui, cette conjonction, heureusement très rare, provoque disputes et maladies. Par extrapolation, cela nous mène aux armes et aux missiles. Justement, la Corée du Nord a tiré une fusée le week-end dernier. Fusée qui ressemble plus à un missile balistique qu'à un vaisseau spatial.
Mais comme toujours dans l'art de la divination et des prévisions astrologiques, on y trouve un volet positif. Le singe favorise aussi les technologies. Conclusion : des découvertes et innovations majeures sont au programme des 12 prochains mois.
Surtout, le singe est bienveillant avec les femmes. 2016 sera une année exceptionnelle pour elles. Tout leur réussira et elles prendront systématiquement le dessus face aux hommes. Hillary Clinton y croit. À moins que Donald Trump, prêt à tout pour accéder au Graal suprême, se fasse opérer pour changer de sexe. Il a déjà la coiffure qui va avec.

mardi 9 février 2016

Cinéma : "Chocolat", être humilié pour pouvoir exister

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Au début du XXe siècle, le clown « Chocolat » brillait sur les pistes des cirques avec son comparse Footit. Roschdy Zem signe le biopic du premier artiste noir célèbre. Humilié, mais célèbre.

Omar Sy est devenu l'acteur français le plus connu au monde. Comme Jean Dujardin après « The Artist », il s'est lancé dans une carrière américaine thésaurisant le succès d'« Intouchables ». A la différence que le colosse originaire de Trappes, après des années à jouer le « noir » de service dans des sketches bas de gamme, est considéré comme un comédien à part entière au pays de l'oncle Sam. Il participe ainsi à quelques-uns des plus gros succès de ces deux dernières années comme « Jurassic World » ou « X-Men, Days of Future Past ». Cela ne l'empêche de revenir en France pour tourner des scénarios soigneusement choisis. Il porte littéralement « Chocolat » le nouveau film de Roschdy Zem. Ce biopic du clown Chocolat a bien des ressemblances avec le parcours d'Omar Sy. A la fin du XIXe siècle, un jeune esclave est acheté à Cuba et placé dans une exploitation en Europe. Après de nombreux petits boulots, il découvre le cirque. Sa vigoureuse constitution et sa peau très noire lui permettent d'endosser le personnage d'un cannibale qui, accompagné d'une guenon, fait simplement peur aux enfants venus au cirque rire des péripéties des clowns. Un clown, justement, le repère et lui propose de devenir son compère de scène. Footit (James Thiérrée) sera le meneur et Chocolat l'Auguste.

Battu mais content
Un duo irrésistible quand Footit commence à maltraiter ce « nègre » selon le vocable de l'époque, qui encaisse les coups sans se révolter comme tout bon domestique qu'il est. Un rôle de composition pour Chocolat qui a pour véritable nom Rafaël Padilla. Une identité qu'il oublie face à la gloire, l'argent et les filles faciles. Chocolat dépense beaucoup à la table des casinos et se moque des brimades quotidiennes tant que le public rie. Footit y trouve son compte. Il gagne deux fois plus que la véritable vedette qui pour lui ne reste qu'un accessoire comme un autre. Le film, dans sa rudesse des rapports entre maître et esclave, permet au spectateur de découvrir la mentalité profondément raciste qui prospérait à l'époque dans cette France, si fière de ses colonies. Chocolat tente de se rebeller, de faire reconnaître son talent, mais l'éveil des consciences n'interviendra que bien plus tard, quand dans les années 60 un vaste mouvement de décolonisation a rendu honneur et indépendance à nombre de pays. L'image des Noirs auprès de la population changera radicalement, même si le film de Roschdy Zem dénonce en filigrane un certain racisme latent toujours très présent dans notre société. Le film permet à Omar Sy de s'illustrer dans des numéros hilarants et de donner une belle épaisseur à son personnage. Même si les auteurs ont pris quelques libertés avec la véritable histoire de Chocolat, la trame principale reste la même, de l'esclavage à la gloire puis l'oubli et la mort dans la misère.
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James Thiérrée, clown dans l'âme

chocolat,omar sy,zem,thierree,clown,gaumontSi Omar Sy a découvert l'univers du cirque et de la comédie clownesque à l'occasion du film de Roschdy Zem, James Thiérrée, son partenaire, est au contraire un pro de ce monde du cirque. Petit-fils de Charlie Chaplin, il a suivi ses parents dans les incessantes tournées du cirque familial. Très jeune il a arpenté la piste ronde en tant qu'acrobate, mime et... clown. Plus tard il prendra des cours de comédie et fera de nombreuses apparitions dans des films européens ou américains. Dans « Chocolat », c'est lui qui a mis au point les numéros du duo. Il a insufflé un peu de modernité et de surréalisme aux scénettes présentées au début du XXe siècle par les deux véritables artistes. Il a amplifié la grâce et l'agilité de Chocolat, gommant en partie sa gaucherie qui faisait tant rire le public, pour transformer chutes et fuites en ballet aérien. Son propre rôle est très physique. Mais cela ne fait pas peur à James Thiérrée, déjà remarqué dans le film « Mes séances de lutte » de Jacques Doillon. Déjà un duo fusionnel. Avec Sara Forestier, ils se battaient tout au long des 90 minutes du film, une lutte amoureuse déconcertante.

lundi 8 février 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : Hollywood sur Seine

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Fleur Pellerin ne laissera pas un souvenir impérissable au ministère de la Culture. Remplaçante un peu au pied levé d'Aurélie Filipetti partie avec perte et fracas, celle qui s'est imposée par ses connaissances en nouvelles technologies a souvent bafouillé et gaffé dans ses attributions.
La semaine dernière elle était à Hollywood pour "vendre" la production cinématographique française. Exactement, elle était chargée de vanter à de gros investisseurs, la hausse du crédit d'impôt sur les films étrangers, passé à 30 % au 1er janvier et désormais accessible aux productions de plus de 4 millions d'euros. On est passé d'une logique d'exception culturelle française à une simple volonté d'attirer les capitaux et les emplois sur notre sol.
Son déplacement s'est soldé par quelques annonces. Christopher Nolan (Inception, Interstellar) par exemple, tournera en France son prochain film. Logique puisqu'il s'agit de l'histoire de l'évacuation de Dunkerque durant la seconde guerre mondiale. Filmer dans les décors d'origines devait sans doute coûter moins cher que recréer le site en studio. En projet également, mais sans certitude, quelques scènes de deux films Marvel. Espérons qu'il s'agisse du nouveau Spider-Man. L'homme-araignée sur la Tour Eiffel ça aurait de la gueule.
Mais le meilleur, Fleur Pellerin l'a révélé à la fin du séjour : la suite de "Cinquante nuances de Grey" sera en partie réalisé chez nous. On retrouve bien là l'esprit français : défiscaliser une apologie du sadomasochisme. Le Marquis de Sade doit bien ricaner dans son tombeau.

dimanche 7 février 2016

Braquage, cavale, otages : les « Enragés » font mal



enragés, wild side video, lambert wilson, gouix, bava, hannezoPremier film d'Éric Hannezo, « Enragés » est le remake d'une série B signée Mario Bava. Ce jeune réalisateur, qui a longtemps travaillé dans le milieu de la télévision (journaliste chez Delarue et aux services des sports de France 2 et TF1), a sans doute voulu en mettre un peu trop. On sent qu'il a cherché à se faire plaisir en multipliant les références aux réalisations qu'il place dans son panthéon. Résultat, malgré une patte technique affirmée, il se perd un peu dans les dédales d'un scénario trop fragmenté et des personnages trop nombreux pour être correctement développés psychologiquement. Cela démarre un peu comme Drive. Sabri (Guillaume Gouix) est au volant d'une puissante routière. Il attend la sortie de ses complices en plein braquage d'une banque. Mais au moment où ils sortent en courant du bâtiment, une patrouille de police passe. Début des problèmes pour le quatuor. Course poursuite en ville (le film a été tourné à Montréal, donnant des airs US à l'ensemble) puis sacrifice du chef blessé (Laurent Lucas, toujours aussi bon dans ces rôles sans nuances). Repérés, les trois survivants se réfugient dans un centre commercial et parviennent à prendre la fuite en prenant une otage (Virginie Ledoyen). Ils changent de voiture et interceptent un père de famille (Lambert Wilson) conduisant sa fillette malade à l'hôpital. A six dans la voiture, ils vont sillonner le pays, multipliant les mauvaises rencontres (motards, épicier acariâtre, villageois avinés), laissant leur trace en rouge sang comme un petit Poucet pour adultes.
Le film, un peu lent malgré une réalisation punchy, semble basculer dans le hors-norme quand la voiture s'arrête, en pleine nuit, dans un village reculé où se déroule une cérémonie digne d'une secte satanique. Un peu de fantastique et d'horreur auraient bonifié cette première réalisation, mais ce n'est qu'une fête traditionnelle. Regrets d'une bonne idée mal exploitée. Reste la fin. Un twist incroyable vient tout bousculer. Preuve qu'il y avait bien des scénaristes derrière ce road movie qui paraissait très creux jusqu'au dénouement. Les bonus offrent un long making-of de plus d'une heure au cours duquel on suit, au jour le jour, les doutes et enthousiasmes du réalisateur.
« Enragés », Wild Side Vidéo, 14,99 euros le DVD, 19,99 euros le blu-ray.