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dimanche 29 septembre 2024

Rentrée littéraire - « Berlin pour elles » : l’amitié contre la dictature

Dans la partie soviétique de Berlin, de 1967 à 1988, Hannah et Judith survivent grâce à une amitié indestructible. Pour son second roman, Benjamin de Laforcade touche au cœur. 

Elles se rencontrent dans un terrain vague à Berlin-Est, pas loin de ce mur qui coupe la ville en deux. Judith et Hannah ont 6 ans en cette année 1967.

Une blonde et une brune qui dès le premier regard ont senti cette connexion. « Judith a les yeux noirs, Hannah les paupières roses. Elles se fixent sans rien dire, elles sont comme pétrifiées. […] Hannah et Judith se laissent aspirer par ce qui naît entre elles. En silence, elles se racontent la joie, la curiosité, la timidité, l’envie de rire et l’envie de jouer. »

Pour son second roman, Benjamin de Laforcade, jeune écrivain français vivant à Berlin, utilise sa plume pour se glisser dans la peau de ces deux gamines. Il va les suivre jusqu’à l’âge adulte, en 1988, racontant ainsi les années noires de la RDA, le moment où l’État totalitaire et dictatorial a cédé face aux envies de liberté. Les deux héroïnes ne participent pas directement aux événements historiques.

Mais leurs vies, leurs amours, en sont profondément impactées. Judith est la fille d’un responsable de la Stasi, la police politique qui a mis en place un impitoyable système de surveillance des concitoyens. Tout le monde est suspect, tout le monde peut dénoncer son voisin. Hannah vient d’un milieu plus modeste, travailleur. Sa mère ne voulait pas s’encombrer d’un mari.

Un collègue s’est dévoué, depuis elle élève seule sa fille, courageusement. D’autres personnages jouent un rôle dans la vie de Judith et Hannah : Michael le jeune frère de Judith, un pasteur dissident ou Karl, petite frappe profitant du système pour faire régner la terreur.

Au présent, sans fioritures, ce texte raconte le réel étouffant de la vie à Berlin-Est, quand la liberté était à quelques mètres… derrière le mur.

« Berlin pour elles » de Benjamin de Laforcade, Gallimard, 208 pages, 19,50 €

jeudi 29 décembre 2022

BD - Berlin au quotidien

Roman graphique se déroulant sur deux époques et dans deux lieux différents, Hypericon de Manuele Fior semble basé en partie sur ses souvenirs berlinois. Ruben, le jeune Italien dilettante, semble inspiré de la jeunesse du créateur de cette BD de plus de 140 pages. 

Ruben rencontre, aime et vit avec Teresa, autre Italienne déracinée qui vient cordonner l’exposition Toutankhamon. L’album, en plus de la découverte de l’amour entre ces deux jeunes dans un Berlin jeune et moderne, raconte la découverte de la tombe du pharaon par Carter. 

Un parallèle avec deux techniques de dessins.

« Hypericon », Dargaud, 23 €

lundi 21 novembre 2022

BD- Berlin, nid d’espions


Le Blake et Mortimer de cette fin d’année est très « guerre froide ». Écrit par José-Louis Bocquet et Jean-Luc Fromental, ce 29e tome des héros imaginés par Jacobs se déroule en grande partie dans le Berlin de 1963 récemment coupé en deux par les Soviétiques. 

Les premières pages se déroulent dans l’Oural (avec Mortimer) et en Suisse (avec Blake). Ils vont de rejoindre à Berlin, pour un événement de grande importance sur lequel plane la menace d’une opération russe machiavélique. 

Dessiné par Antoine Aubin, parfait dans le respect du graphisme originel, ce long récit, entre fantastique et réécriture de l’Histoire, permet aussi à quelques méchants de faire leur grand retour.

« Blake et Mortimer » (tome 29), Blake et Mortimer, 16,50 € (parution le 25 novembre)


samedi 20 février 2016

Cinéma : Faire son deuil avec lenteur dans « Ce sentiment de l’été »


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Un beau matin d'été. Un jeune couple se réveille. La femme se lève. L'homme se rendort. Sasha part travailler. Lawrence (Anders Danielsen Lie, photo) reste au lit. Ils vivent à Berlin. Elle traverse une partie de la ville, va à son atelier et une fois son labeur terminé, rentre chez elle. En chemin, au milieu d'une pelouse, elle s'écroule. Cinq jours plus tard, Sasha est morte. Lawrence débute son long travail de deuil.


Film sur la mort, le chagrin et la renaissance, « Ce sentiment de l'été » de Mikhaël Hers impose rapidement son rythme, ses silences, son image. Voyage introspectif dans l'âme des survivants, il décortique ce sentiment d'absence quand un être cher part. Car Sasha est morte à 30 ans. Sans avoir réalisé ce qu'elle rêvait, seule et avec l'homme qu'elle aimait. Un amour réciproque. Lawrence est comme perdu, absent, comme abandonné. Heureusement les parents de Sasha prennent la paperasse administrative en main. Aux obsèques, une simple soirée à discuter de la morte, il y a aussi Zoé (Judith Chemla), la jeune sœur de Sasha. Elle lui ressemble énormément. Trop pour Lawrence qui ne peut s'empêcher de la revoir sous ses traits. Une année plus tard, on retrouve Zoé à Paris. Elle vit désormais seule, élevant tant bien que vaille son fils. Lawrence vient passer quelques jours, il se rapproche de Zoé avec pour seul sujet de conversation Sasha. L'un comme l'autre vivent encore dans le souvenir de la morte. La troisième partie se déroule à New York. Lawrence, Américain, est revenu chez lui. Il aide sa soeur dans un magasin d'antiquités. Il commence à sortir la tête de l'eau. Toujours en plein été, Zoé arrive. Ils vont encore mieux apprendre à se connaître et s'entraider pour définitivement tourner la page. Ce film, d'une grande tendresse, loin d'être triste, est en réalité une ode à la vie. La mort a touché Lawrence et Zoé. Mais ne les a pas coulés. Il faut du temps pour colmater les brèches. Une fois les peines du cœur réparées, la navigation peut reprendre.

vendredi 12 juin 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - Manuel Valls, papa à la mi-temps


Faute avouée à moitié pardonnée. Manuel Valls fait son grand mea culpa : jamais il n'aurait dû prendre ses enfants dans le Falcon gouvernemental samedi soir pour rejoindre Berlin et assister à la finale de la Ligue des champions. Mais comment cet incorruptible de la République, si exigeant quand il s'agit d'éthique et d'exemplarité, a-t-il pu commettre une bourde pareille ?
L'explication est peut-être à trouver dans son statut de père de famille recomposée. Ses enfants (dont on ne sait quasiment rien) sont issus de son premier mariage, avant de refaire sa vie avec la violoniste Anne Gravoin.
Le week-end dernier (1), comme des milliers de papas à mi-temps, Manuel Valls avait la garde de deux de ses garçons. « Papa, qu'est-ce qu'on fait samedi ? », demande le plus jeune. « Je dois aller à Poitiers au congrès du PS puis à Berlin, le soir. Vous allez rester avec Anne. Vous irez l'écouter en concert », explique le père trop occupé. « Oh non, se lamente l'aîné, encore de la musique classique... A choisir je préfère encore Merkel à Berlin... »
Manuel Valls, gêné, obligé d'avouer : « En fait ce n'est pas Merkel que je vais rencontrer à Berlin mais Michel Platini. Et après la réunion, je suis... hum... obligé de rester pour la finale du Barca. » Les deux gamins se mettent à sauter partout, surexcités : « On veut venir ! Allez papa, soit sympa. Pour une fois... » Et là j'imagine parfaitement la cuirasse du papa d'un week-end se craqueler : « OK, vous venez, même si je sens que ça va me coûter cher... »
1 250 euros par enfant exactement. Et quelques points de popularité en moins.
(1) La situation et le dialogue qui suivent sont imaginaires.

vendredi 17 avril 2015

Cinéma : Téhéran, ses rues, sa censure



Le réalisateur Jafar Panahi, plante clandestinement ses caméras dans son taxi. Dans « Taxi Téhéran », il filme le quotidien d'un pays où la censure est omniprésente.


Si aller au cinéma et réaliser des films est une évidence dans la majorité des pays, il n’en est rien dans certaines dictatures. L’Iran et son régime religieux strict imposent une censure intransigeante aux créateurs locaux. Leur talent est bridé. Mais paradoxalement, cette chape de plomb leur donne encore plus de raisons de faire des œuvres engagées en faveur de la liberté d’expression et de la défense des droits de l’Homme.
Parfait exemple avec Jafar Panahi. Condamné en 2011 à la prison, il lui est interdit de pratiquer son métier et de quitter le pays. Il est donc contraint de monter des projets clandestins, avec peu de moyens, sans avoir la moindre certitude qu’ils parviendront à leur fin.
Dans un taxi, il constate que la parole se libère. Quand plusieurs passagers utilisent la même voiture, ils communiquent, osent se dévoiler. Le réalisateur décide donc de poser des caméras miniatures dans un taxi et de filmer une journée de maraude dans les rues de la capitale. Il se met au volant car il doit tout gérer seul pour rester discret. Cela fait parfois l’impression d’un film à sketches. Il y a tout d’abord la confrontation entre une institutrice et un voleur à la tire, la première appelant à plus de libertés et de tolérance alors que le second, au contraire, couperait quelques têtes s’il était au pouvoir, pour décourager les voyous. Panahi accueille aussi un homme accidenté et sa femme en pleurs pour les conduire à l’hôpital. On revient au cinéma avec le client suivant, un nain transportant dans un immense sac des dizaines de DVD piratés. Des films occidentaux interdits en Iran. Un client, qui reconnaît le réalisateur au volant du taxi, lui demande conseil. Réponse de Panahi « Tout film mérite d’être regardé ».

L’avocate aux roses rouge sang
La fin du film, récompensé de l’Ours d’or au dernier festival de Berlin, est plus politique. Notamment quand le taxi charge une femme avec un bouquet de roses rouge sang. Il s’agit de l’avocate Nasrin Sotoudeh dans son propre rôle. Elle a été rayée du barreau mais continue à défendre les prisonniers politiques. Elle a en commun avec le réalisateur de bien connaître les geôles du régime. Nasrin quitte la voiture en demandant à Panahi de ne pas diffuser ses propos au risque de leur attirer de nouveaux ennuis.
De toute manière, Panahi ne se fait pas d’illusion, jamais ses films ne seront « diffusables » en Iran. Sous ce qualificatif se cache toute une panoplie de règles pour formater les longs-métrages. Une censure absolue qui ne veut pas dire son nom mais que le spectateur découvre à travers le personnage de la jeune nièce de Panahi. Elle doit réaliser un court-métrage pour son école mais constate qu’il est quasiment impossible de filmer le réel car il est toujours très éloigné du politiquement correct iranien. Voilà la triste réalité du cinéma iranien aujourd’hui : engoncé dans un carcan empêchant toute création et originalité. Heureusement quelques brûlots parviennent à quitter le pays comme ce « Taxi Téhéran » de Panahi.

jeudi 6 novembre 2014

Cinéma : Réfugiée dans son propre pays

Avant la chute du Mur, des Allemands de l'Est parvenaient à passer à l'Ouest. Récit de ce parcours éprouvant dans « De l'autre côté du mur ».
Un quart de siècle déjà que le symbole le plus fort de la partition du monde entre Est et Ouest est tombé. Il y a 25 ans, le mur de Berlin était abattu sous les coups de boutoir de la population de la RDA. 25 ans que l'Allemagne est redevenue une seule nation, reléguant aux oubliettes cette séparation idéologique obsolète.
Le film de Christian Schwochow ne raconte pas ce fait historique mais les à côtés de la guerre froide, en 197510. Quand la RFA servait de refuge à quelques rares dissidents suffisamment déterminés pour risquer leur vie. Nelly (Jördis Triebel), jeune mère d'Alexei, un garçon de dix ans, chercheuse en chimie, ne supporte plus la paranoïa de la RDA et les interrogatoires incessants de la Stasi. Elle décide de rejoindre la RFA et ses espoirs de liberté, de démocratie, de renaissance.

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La jeune femme n'est pas spécialement une dissidente. Son départ est plus personnel. Le père d'Alexei, un scientifique russe, a disparu du jour au lendemain. Nelly apprend qu'il aurait trouvé la mort dans un accident de la circulation à Moscou. Mais alors pourquoi la police politique ne cesse de l'interroger à son sujet. Et pourquoi a-t-elle perdu son emploi ?
Après un passage humiliant de la frontière (fouille au corps entièrement nue), Nelly est hébergée dans un centre provisoire. Là, dans cet ensemble qui a tout l'air d'une prison, des centaines de réfugiés de l'Est tentent d'obtenir le droit de librement circuler à l'Ouest. Ils doivent obtenir un sauf-conduit décerné par les services secrets des Alliés. Nelly quitte un cauchemar pour un mauvais rêve qui y ressemble furieusement. Là aussi elle a droit à une fouille au corps sans ménagement et à de longs interrogatoires par un agent américain, interprété par Jacky Ido, l'acteur français originaire du Burkina Faso. Les questions tournent essentiellement autour du père d'Alexei, Nelly est-elle venu le rejoindre ?

Ce film, à l'ambiance lourde et paranoïaque, montre comment la guerre froide, la suspicion permanente et la crainte des agents infiltrés a parfois dégoûté des hommes et des femmes de cette liberté promise à l'Ouest mais jamais accordée. Une page noire de l'histoire de la RFA méconnue et parfaitement expliquée dans un film sobre mais pas aussi pessimiste qu'il ne semble.