lundi 31 décembre 2012

Chronique : 2012, l'année des Twitteuses !

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2012 sur le net : que reste-t-il d'une année de surf virtuel ? Tentative de bilan, épisode 4/6.
Twitter a ses stars. Et en 2012, elles étaient surtout féminines. De Valérie Trierweiler à Audrey Pulvar en passant par Nadine Morano, elles ont parfaitement maîtrisé le réseau social pour faire parler d'elles. Pas toujours en bien, mais le résultat est le même.
François Hollande à peine élu, la nouvelle première dame de France réussit l'exploit de faire oublier « Carlita » en un seul tweet. Alors que les législatives s'annoncent plus serrées que prévu pour le PS, elle lance un pavé dans la mare en soutenant Olivier Falorni, le dissident de La Rochelle opposé à Ségolène Royal. Exit le débat politique, la guerre entre l'ex et la nouvelle éclipse tout débat de fond. Depuis @Valtrier a fermé son compte, puis en a rouvert un nouveau, beaucoup moins personnel, plus politiquement correct...
twitter, morano, pulvar, valtrierAndrey Pulvar aussi fait beaucoup jaser les twittos. Journaliste reconnue et compétente, elle change de statut en devenant la compagne d'Arnaud Montebourg. Là aussi, un certain voyeurisme est à l'origine de son succès. Femme de ministre, elle doit mettre un bémol dans ses interventions. Et c'est sur Twitter qu'elle annonce sa séparation. Qui dit que la gauche ne peut pas faire dans la peopolitique ?
twitter, morano, pulvar, valtrierMais la reine de Twitter reste et restera pour toujours Nadine Morano. Un délice pour les observateurs amateurs de second degré involontaire. Nadine, surtout, ne change rien !  
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue vendredi en dernière page de l'Indépendant.

dimanche 30 décembre 2012

Chronique : Prisonniers du net en 2012

assange.jpg
2012 sur le net : que reste-t-il d'une année de surf virtuel ? Tentative de bilan, épisode 3/6.
Utiliser Internet n'est pas dénué de danger. En cette année 2012, en plus des blogueurs chinois, arabes ou cubains emprisonnés arbitrairement (mais ce n'est pas nouveau), deux fortes personnalités sont privées de liberté pour un tout autre motif. Coup de théâtre en janvier : le site Megaupload (60 millions d'utilisateurs) est supprimé et son fondateur, le très folklorique Kim Dotcom, arrêté en Nouvelle-Zélande. Ce milliardaire du piratage internet, adepte des voitures de course et du clinquant en tout genre, reste un mois dans les geôles d'Auckland. Les USA tentent vainement de l'extrader. On chiffre les pertes pour les ayants droit, en raison du piratage, à près de 500 millions de dollars. Placé sous contrôle judiciaire, Kim Dotcom a l'intention de se relancer : il annonce l'ouverture de Mega vers le 20 janvier 2013, pile une année après la mort de Megaupload. 
Très différent le parcours de Julian Assange. Le fondateur australien de Wikileaks dérange de nombreux Etats. Le site publie des documents confidentiels, véritables bombes pour quelques démocraties. L'extradition le menace, pour une affaire de mœurs montée de toutes pièces selon ses avocats, il se réfugie dans l'ambassade d'Equateur à Londres le 19 juin. Depuis, il n'a pas quitté le bâtiment, bien que le pays lui ait accordé l'asile politique. Entrepreneur mégalo ou défenseur des libertés, leur point commun : une indépendance entravée par Internet.
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue jeudi en dernière page de l'Indépendant.

samedi 29 décembre 2012

BD : Le Che à l'Eden hôtel

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L'engagement politique du Che débute en pleine seconde guerre mondiale. Le jeune Argentin fait partie, avec son père, de Action Argentina, une organisation dénonçant les agissements de l'Allemagne fasciste en Amérique du Sud. Sur cette base historique, Diego Agrimpau imagine une « folle rencontre » près des ruines de l'Eden Hôtel dans la province de Cordoba. Cet hôtel est la tête de proue de la communauté allemande de la région. Depuis les années 30, on y vénère le culte du Fuhrer. Le Che va infiltrer cette communauté pour le compte des Alliés. Il y nouera une brève histoire d'amour avec l'autre héroïne de l'histoire, Helena Werber, sublime jeune fille sous le pinceau de Gabriel Ippoliti, le dessinateur de cette brillante fiction historique.
« Eden Hôtel », Casterman, 13,50 €

BD : Pilotes du futur dans "Red Wing"

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Le temps, à l'image de notre existence, semble composé d'un début et d'une fin. Il est linéaire. Erreur vous répondra tout scientifique un peu porté sur la question. Pour mieux comprendre ce concept, il suffit de se plonger dans Red Wing, une BD américaine de Hickman (scénario) et Pitarra (dessin). Et comme souvent avec les USA, la compréhension passe par les armes. Les héros sont des pilotes d'intercepteurs temporels. Des avions de chasse passant d'une époque à une autre. Ils combattent des machines venues on ne sait d'où, piller les richesses naturelles de la terre. Des combats, des dilemmes de générations, des trahisons : ces 130 pages se dévorent en plus de temps qu'il n'en faut pour détruire des siècles de civilisation.
« Red Wing », Delcourt, 14,30 €

Chronique : Live is live !

2012 sur le net : que reste-t-il d'une année de surf virtuel ? Tentative de bilan, épisode 2/6.
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Internet, loin de signer la mort de la presse, permet d'inventer de nouvelles pratiques journalistiques. En 2012, le « live » ou « direct » a pris un essor phénoménal. Pour un événement prévu (match de rugby, conseil municipal ou procès) ou imprévu (incendies, phénomène climatique), le live est un instrument médiatique alliant souplesse et réactivité. Complément parfait d'une diffusion télévisée, il permet une réelle interactivité.  
Par l'intermédiaire de Twitter, de SMS ou de commentaires en direct, les questions de ces lecteurs multimédias fusent. Comme une grande discussion à bâtons rompus dans un immense forum. Néophytes et spécialistes se répondent en fonction des dernières informations diffusées par le ou les journalistes en direct sur place. En 2012, sur le site de l'Indépendant, les « lives » voient leur audience grimper exponentiellement. Cet été, des milliers d'internautes ont pu suivre en direct l'avancée des incendies en Catalogne Sud. 
Dernier exemple en date, le record absolu de la saison, est à mettre au crédit de la pseudo fin du monde. Durant la nuit de vendredi à samedi, entre les tweets en direct de Bugarach (calme plat) et les délires des uns et des autres, vous êtes des milliers à avoir rigolé en ligne. Le live est un exercice tout terrain dont on est loin d'avoir fait le tour. Confirmation en 2013.
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue mercredi en dernière page de l'Indépendant.

vendredi 28 décembre 2012

BD : sacrifice dans le groupe des "Luminae" de Bengal

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Amateurs de guerrières sexy, ne manquez pas cette série fantastique écrite et dessinée par Bengal. Luminae est une mystérieuse femme de lumière. Elle est entourée de six dames, ses protectrices, sortes de mercenaires au service du bien. Dans le royaume de fantasy cadre de l'histoire, une ancienne protectrice, devenue démoniaque, affronte ses anciennes amies.Un combat déséquilibré car les Luminae viennent de guerroyer toute une nuit contre des centaines de morts vivants. Dans cet affrontement inégal, il ne reste plus qu'une solution : que l'une d'entre elles se sacrifie. Une solution d'autant plus recommandée que Luminae vient de désigner une nouvelle dame parmi le peuple des hommes chiens. Bengal fait partie de ces rares dessinateurs du mouvement total. Chaque case de ses planches semble bouger au gré des passes d'armes, bonds et courses de ses héroïnes félines. 80 pages de pure action sans le moindre tic graphique ou la plus petite répétition.
« Luminae » (tome 2), Ankama, 14,90 €

Livre : Nos cœurs vaillants de Jean-Baptiste Harang

harang, livre de poche, nos coeurs vaillants, scoutsJean-Baptiste Harang admet sa « vieillesse » et ses signes ostentatoires comme surcharge pondérale ou cheveux gris. Mais l'auteur ne fait pas dans la nostalgie, au contraire, il doit se forcer pour se souvenir, « L'oubli est un animal sauvage, furtif, incontrôlable et invisible », de ces étés passés aux Crozets, colonie de vacances située dans le Jura. La colonie des Cœurs vaillants, patronage du quartier du jeune Jean-Baptiste. Il profite d'un séjour dans le Jura pour retourner aux Crozets. Il décrit les bâtiments, aujourd'hui à l'abandon. Et s'interroge sur ce besoin de souvenir, de retour sur un passé révolu. (Le Livre de Poche, 5,60 €)

Chronique : Rires GIFesques (bilan 2012, 1/6)

2012 sur le net : que reste-t-il d'une année de surf virtuel ? Tentative de bilan, épisode 1/6.
batman.gif
2012 a été le théâtre d'une résurrection sur le net : le GIF. Ce format, un des premiers pour transmettre des images, a connu un regain d'intérêt sidérant. Comme toujours, c'est grâce à une utilisation au second degré que le GIF (graphics interchange format) a inondé les boîtes mails et les comptes Tumblr. Une vingtaine d'images en boucle forment un petit film sans fin. L'idée géniale de cette année 2012 aura été de mettre une légende décalée à ce film minimaliste. Un chaton se contorsionne, la tête en bas, et finit en boule dans un petit aquarium. Déjà rigolo tout court, mais la légende : « Quand mon chat se prend pour un poisson » décuple l'effet. Les GIF permettent aussi quelques trucages. Un chat (pas le même) devient une star en sautant d'un balcon à un autre, manquant la cible d'un bon mètre. Son saut dans le vide prend toute sa signification quand il s'élance de la capsule de Félix Baumgartner. 
Les GIF sont pain bénit durant la campagne présidentielle. Rien de tel pour se moquer d'une expression ou d'un tic. Les deux finalistes de mai en prennent plein les dents... Vainqueur le montage où Hollande en Batman et Sarkozy en Robin fuient face au 18 % du Front national. 
Et si vous aussi avez envie de vous moquer de vos proches ou de vos animaux de compagnie, téléchargez Microsoft Gif Animator. Simple et gratuit.   
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue mardi en dernière page de l'Indépendant.

BD : Petits héros deviendront grands dans "Vigilantes"

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Quatre gamins, un chaman. Une nuit particulière. Daryl, Zack, Curtis et Jesse se retrouvent avec des super-pouvoirs, comme les héros des comics qu'ils dévorent chaque semaine du haut de leur dix ans. L'un vole, l'autre déplace les objets à distance, un troisième se transforme en monstre, le dernier a une force surhumaine. Un pouvoir qu'ils perdent s'ils ne sont pas ensemble. Trente ans plus tard, ils découvrent que le candidat démocrate à la présidence des USA est un « méchant » de la pire espèce. Ils l'ont affronté. Aujourd'hui ils doivent reformer le groupe des Vigilantes pour le mettre une nouvelle fois hors d'état de nuire. Écrite par Gaudin et dessinée par Crosa, la seconde partie de cette série (prévue en quatre) lève un peu le voile sur les exploits des jeunes Vigilantes. Adultes, ils ont plus de difficulté à retrouver leurs pouvoirs. Il leur faut plus de complicité pour augmenter la puissance. Ils vont donc traverser les USA en voiture pour s'approcher du candidat. Entre action, souvenir d'enfance et considérations d'adultes blasés, cette BD joue sur plusieurs niveaux. Toujours avec justesse.
« Vigilantes » (tome 2), Soleil, 13,95 €

mercredi 26 décembre 2012

Livre : "Je suis un écrivain japonais"

dany laferrière, livre de pocheC’est l’histoire d’un homme qui ne fait rien, ou presque. Il prend des bains. Relit le poète japonais Bashô. Écrit à peine. Fait l’amour avec Midori. Apprend qu’il est célèbre à Tokyo. Célèbre à Tokyo ? Un jour, dans une interview, il a annoncé que son prochain livre s’intitulerait Je suis un écrivain japonais. Et tout s’est emballé. L’histoire dérape. La police arrive... Moins « chaud » que ses précédentes œuvres (« Comment faire l'amour avec un Nègre sans se fatiguer » ou « Le goût des jeunes filles »), ce roman de Dany Laferrière donne une dimension supplémentaire à un écrivain inclassable, hors du commun, passionnant dans ses différences.
(Le Livre de Poche, 6,10 €)

lundi 24 décembre 2012

Beau Livre : Fantomatique Bilal au Louvre

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Le Musée du Louvre ouvre ses galeries aux auteurs contemporains de bande dessinée. Un partenariat mis en place depuis quelques années avec les éditions Futuropolis. Après David Prudhomme ou Bernard Yslaire, c'est Enki Bilal qui a eu carte blanche pour trouver l'inspiration dans ce temple de l'art. Autant dessinateur que peintre ou cinéaste, Bilal a arpenté les galeries simplement armé de son appareil photo. Des journées à s'imprégner de l'ambiance, à admirer les œuvres exposées et au final un travail sur 22 tirages. Et le résultat est résumé dans une phrase d'introduction : « C'est comme si au Louvre on respirait du fantôme. » Sur chaque œuvre, il a peint le portrait d'un fantôme directement concerné. Ces vies imaginaires donnent une force supplémentaire à des chefs-d’œuvre incontestables. Sur le tableau de la « Jeune orpheline au cimetière » de Delacroix, Bilal met en opposition le visage de Lantelme Fouache. Né en 1773, il est le père de Béatrix, le modèle. Elle pleure son père récemment décédé après être tombé dans un ravin. C'est elle qui l'a poussé : « Sept ans de viols discontinus étaient ainsi effacés. Ce matin-là, il avait commis celui de trop, et elle avait eu le courage. » Le livre présente, à côté du texte, le tableau de Bilal, la photo de « l'inspiration » et des dessins préparatoires. Un ensemble exposé à partir du 20 décembre (jusqu'au 18 mars) à la salle des Sept-Cheminées dans l'aile Sully. C'est la première exposition au sein des salles du Louvre consacrée à un auteur de bande dessinée.
« Les fantômes du Louvre » de Bilal, Louvre Editions et Futuropolis, 25 euros.

Vidéo : l'autre visage de Bugarach

BD : Phil Perfect, la classe de l'intégrale

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Serge Clerc, habitué du festival du disque et de la bande dessinée de Perpignan, est le créateur de Phil Perfect. Ce détective rocker, dandy et moderne, a évolué dans les pages de Rock & Folk et Métal Hurlant, essentiellement durant les années 80. Cette intégrale de près de 280 pages reprend les récits et illustrations ayant fait le renommée du « dessinateur espion ». Mais avant de plonger dans « La nuit du Mocambo » ou « L’allégorie du Rock & Roll », découvrez l'incroyable parcours de ce lycéen de province, devenu en quelques mois, avec Moebius et Druillet, un des piliers de « Métal Hurlant ». Il y croisera Yves Chaland, son jumeau de plume, et affinera son style pour aller vers « le fouetté de Jijé, magnifique et sensuel. »
Cette intégrale, très classe, ravira tous les quinquas, nostalgiques de leur jeunesse rebelle.
« Phil Perfect, l'intégrale », éditions Dupuis, 32 euros.

dimanche 23 décembre 2012

BD : Lanfeust en cavale

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Rien ne va plus pour Lanfeust. Accusé du meurtre du grand sage Nicomède, il est en cavale. Il doit retrouver le jeune Rypleh, seule personne pouvant l'innocenter. « La grande traque », 4e partie de Lanfeust Odyssey, est un album d'ambiance. Pas de grande nouveauté dans l'intrigue générale mais beaucoup d'action et des combats mémorables, notamment contre des serpents géants dans la ville d'Euxine, construite dans des arbres gigantesques créés graphiquement par Tarquin. L'occasion aussi pour Arleston, le scénariste, de mieux détailler les rapports du jeune héros et de ses quatre épouses. Un humour scabreux, plein de sous-entendus, tout ce qui fait le succès d'Arleston depuis pas mal d'années.
« Lanfeust Odyssey » (tome 4), 13,95 €

BD : Cinéaste engagé avec "Un homme est mort" de Kris et Davodeau

C'est l'histoire d'un film, d'une lutte, d'un homme. En 1950, la grève générale paralyse la reconstruction de Brest. Régulièrement la CGT organise des manifestations pour demander des augmentations et surtout du lait pour les enfants. Le 17 avril, un dimanche, la police titre sur la foule. Edouard Mazé, militant CGT, est tué d'une balle dans la tête. De cette histoire des luttes sociales, il ne reste plus que des souvenirs. Pourtant, un film retraçait les faits. Un documentaire d'un peu plus de 15 minutes, tourné par René Vautier et diffusé dans la foulée sur les piquets de grève. Un témoignage unique, totalement disparu aujourd'hui. C'est l'histoire de ce film que Kris (scénario) et Davodeau (dessin) racontent une BD. La version poche chez Folio s'enrichit d'un dossier complet sur l'histoire du mouvement et les témoignages des rares survivants.
« Un homme est mort », Folio BD, 7,65 €

BD : retour du Bouncer, le manchot justicier de Boucq et Jodorowsky

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Trois ans d'attente. Trois ans sans avoir de nouvelles du Bouncer, ce héros manchot imaginé par Jodorowsky et Boucq. Du western pur et dur, avec poussière et sueur. Le justicier est de retour chez Glénat après 7 premiers tomes aux Humanoïdes Associés. « To Hell » débute par un massacre. Pretty John, fils du directeur du pénitencier de Deep-End, arrive en ville pour récupérer un condamné. Avec son escorte, il va dans le saloon et déchaîne son sadisme sur des prostituées. Le barman et sa femme, une Indienne, interviennent. Pretty John les assassine. Bouncer est chargé par les autorités de la ville de le ramener pour qu'il soit jugé. Mais ce fou, bossu et arborant un chapeau de femme, se réfugie chez son père. Comment le Bouncer va-t-il capturer un homme déjà derrière les murs d'un pénitencier ? Le western ultime à ne pas manquer.
« Bouncer » (tome 8), Glénat, 14,95 €

BD : Zombies musicaux en intégrale par Nikopek et Lou chez Ankama

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Billy Rockerson est le prototype du raté. Musicien et chanteur de seconde zone, il vivote en imitant Elvis. Mais il y a pire. Dans cette Amérique imaginaire, plusieurs zones du pays sont truffées de zombies affamés. Billy se fait mordre. Non seulement il est un chanteur raté, mais il va devenir un mort-vivant attiré par la chair humaine. Et pour couronner le tout, il délire, croyant converser avec Elvis. A moins que cela soit vrai. Bref, Billy va profiter de son nouveau statut de zombie pour voir la vie (la mort en l'occurrence) sous un nouveau jour. Plus ambitieux et sûr de lui. Digne du King. Nikopek et Lou, le duo aux manettes de ces zombies musicaux, ne lésine pas sur les scènes sanglantes. Ni sur les références aux légendes du rock. Une intégrale de plus de 200 pages dont une bonne quarantaine d'hommages par d'autres auteurs, de Cha à Astier en passant par Wilmaury.
« Rockabilly Zombie Superstar » (intégrale), Ankama, 25,90 €

BD : la Cellule Prométhée sur les traces de soldats affamés

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Il y a du Tardi, tendance Adèle Blanc-Sec dans cette nouvelle série écrite par Patrice Larcenet (le frère de l'autre...) et dessinée par James. L'action se déroule en 1930, dans un Paris encore marqué par les drames de la Grande guerre. Quand un héros des tranchées devient fou, cela ne passe pas inaperçu. Surtout s'il trucide femme et enfant avant de les boulotter au dîner. Un fait divers parfait pour réactiver la Cellule Prométhée. Cette police de l'ombre, totalement indépendante, est composée de trois personnes. Un médium, un homme d'action et leur chef, un ancien curé, tireur d'élite. Quand un second cas de cannibalisme se développe chez un ancien soldat, ils vont découvrir les ultimes séquelles de ce conflit que tout le monde, par la suite, a qualifié de « grande boucherie ». Ne vous laissez pas déstabiliser par les personnages, des animaux anthropomorphisés, contentez-vous de glisser dans l'ambiance et l'intrigue. Vous ne regretterez pas ce voyage plein de mystères.
« La cellule Prométhée » (tome 1), Treize Etrange, 13,90 €

vendredi 21 décembre 2012

Chronique : Tout schuss virtuel sur les pistes de Font-Romeu

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Je dois bien vous l'avouer, je ne suis pas très sports. Encore moins sports d'hiver. Jamais mis les pieds sur une piste de ski, encore moins dans les chaussures du même nom. Mais je ne mourrai pas idiot, Google Street me permet enfin de ressentir les sensations d'une descente tout schuss. Après avoir photographié toutes les rues et routes de France, les caméras à 360° du moteur de recherche dévalent les pistes des stations. Je me mets en condition : radiateur du salon au minimum, doudoune, bonnet et gants. Non, pas les gants. Pas très pratique pour la souris... Premier test : Les Angles. La piste est large, le ciel dégagé, les sapins nombreux. Décor de rêve. Je me place face au vide et me projette virtuellement 100 mètres plus bas. L'impression de descente est grisant. Il ne manque que le bruit des skis sur la neige glacée...


Et aucun risque de percuter un autre skieur ni de finir contre un arbre. Je m'arrête à mi-pente, fais une rotation complète de l'image et admire le paysage. Sublime.
En dix secondes et trois clics de souris, je me retrouve sur les sommets de Font-Romeu. Le ski sur Google Street permet aussi de zapper les interminables files d'attente. La piste, plus à pic, donne une impression de chute encore plus prononcée. Arrivé en bas, je repars... en sens inverse. Avec Google vous pouvez remonter une piste noire aussi vite que vous la descendez ! Et ça, même les champions ne peuvent pas le faire.  
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce vendredi en dernière page de l'Indépendant.

BD : Canada illustré dans l'imaginaire de Seth


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Le Canada, l'autre pays de la BD ? On pourrait le croire en lisant cet album de Seth. Il imagine une ville, Dominion, et un club sélect, la confrérie des cartoonists du Grand Nord. Une maison pour accueillir les dessinateurs vedettes du moment. Plongez dans ce monde feutré et totalement imaginaire. Seth raconte la vie des auteurs mais aussi de leurs créations. Et on se surprend à lire ce roman graphique comme un documentaire. Comment ne pas croire à l'existence réelle de Bartley Munn, l'inventeur en 1959 de Koa-Kuk, l'astro-eskimo ? Comment se procurer un album de Canada Jack, un des héros les plus mystérieux du Grand Nord ? Qu'est devenu Pefferlaw, l'auteur d'un unique album, « The Great Machine », BD sur un monde souterrain peuplé de machines inutiles ? Cette histoire c'est un peu le catalogue de toutes les BD que Seth aurait aimé lire en étant jeune. En les citant comme de véritables œuvres, il leur donne une vie, une existence, encore plus formidables que si elles étaient réelles. La première BD sur de fausses BD...
« La confrérie des cartoonists du Grand Nord », Delcourt, 22,95 €

Chronique : Instagram a mal

Vous faites des photos avec Instagram, le logiciel les transforme en dollars sonnants et trébuchants. Sympa le concept. Problème : les dollars restent dans l'escarcelle de la société rachetée par Facebook pour un milliard. Une simple modification dans les conditions d'utilisation de la marque enflamme les réseaux sociaux. La plate-forme annonce le 18 décembre qu'elle s'octroie le droit de vendre les photos passées par ses filtres. Exit le droit d'auteur ! Colère des utilisateurs. Nombreux sont ceux à annoncer leur intention de se passer de ce service censé donner du « cachet » à des photos quelconques. Instagram a fait, hier, son mea culpa.
Après la brouille avec Twitter, ce nouveau coup dur pour le logiciel a donné des idées à de nombreux concurrents. Côté vintage, la palme revient à « Hipstamatic ». Ses filtres seraient directement inspirés des effets proposés par un appareil argentique du même nom fabriqué en 200 exemplaires seulement en 1980 dans une petite ville du Wisconsin. Rare et mythique : tout pour plaire aux geeks branchés. Même si au final, il ne s'agit que d'une légende fabriquée de toute pièce par des publicitaires plus malins que la moyenne. Une entourloupe suffisante pour placer Hipstamatic en très bonne place face à Instagram. D'autant qu'à l'arrivée, les photos sont encore plus floues, encore plus saturées, encore plus trafiquées. En un mot : moches !
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce jeudi en dernière page de l'Indépendant.

jeudi 20 décembre 2012

livre : Betty, l'ensorcelante d'Islande

betty, arnaldur indridason, points, islandeLe narrateur est en garde à vue. La police l'accuse de meurtre. Il reste muré dans son silence. Refuse de collaborer. Et se souvient. Le texte alterne courtes scènes d'interrogatoire et longs retours en arrière pour planter le cadre de ce drame. Tout débute quand Betty fait son apparition dans une salle de conférence. Il y était question de quotas de pêches européens, la spécialité du narrateur après ses études juridiques. Betty est la femme d'un riche armateur islandais. Betty est ensorcelante. Ce roman policier de jeunesse est beaucoup plus classique que les suivants signés par Arnaldur Indridason. Une intrigue efficace, parfaitement menée, totalement dépendante du personnage de Betty. Une femme fatale qui risque d'être longtemps présente dans vos rêves, avant que ces derniers ne se transforment en cauchemars. (Points, 6,80 €)

mercredi 19 décembre 2012

Chronique : Ma cuisine en 3D

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Notre nouvelle maison (voir chronique de lundi) est une de ces vieilles bâtisses typiques des bourgs des Pyrénées-Orientales. La cuisine se limite à un évier et deux placards. « Tout est à refaire ! » décrète ma femme.
Entre le compromis de vente et le déménagement, il nous reste trois mois pour plancher sur cette nouvelle cuisine. Chance, il existe des logiciels en ligne pour concevoir, en 3D, l'agencement idéal en fonction de vos contraintes, goûts et budget. Première difficulté, les deux derniers paramètres sont rarement convergents : le beau est cher, le moche économe.
Après une vaine tentative de télécharger le logiciel d'un fabricant suédois, je me rabats sur une enseigne française, alliant royalisme et magie. Et là, je me dis que les fameuses ménagères de moins de 50 ans ne sont certainement pas aussi cruches que le pensent les publicitaires, car je n'ai pas été capable de passer la première épreuve : définir les dimensions de la pièce et placer portes et fenêtres... J'ai vaguement installé un lave-vaisselle, mais mon évier a toujours refusé de se fixer au bon endroit...
Il faut au minimum un diplôme d'architecte pour maîtriser la bête. Ou avoir un peu de sens pratique.
Heureusement mon épouse n'en manque pas. Sans logiciel, mais armée de son mètre, elle a imaginé une cuisine fonctionnelle, lumineuse et élégante, tout acheté en kit et supervisé le montage ! J'ai juste été sollicité pour acheter les chants du plan de travail oubliés dans la commande. Pauvre de moi, je ne savais même pas ce que c'était...
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mercredi en dernière page de l'Indépendant.

Livre : Souvenirs radioactifs dans "AtomKa" de Franck Thilliez

Alors que Sharko et Lucie essaient vainement d'avoir un enfant, les deux flics imaginés par Franck Thilliez plongent dans une affaire entre science et folie meurtrière.

sharko, lucie, franck thilliez, atomka, fleuve noir, thrillerUn bon thriller, comme les grandes recettes, nécessite des ingrédients de qualité. L'intrigue fait beaucoup, mais sans des personnages forts et des rebondissements minutés, il y a toutes les chances que la sauce ne prenne pas. Franck Thilliez a parfaitement intégré cette règle. Depuis quelques années il ajoute à ses romans une part de feuilleton avec deux personnages centraux: Sharko et Lucie. Deux écorchés, aux parcours chaotiques, pleins de drames et de sang. Collègues, ils sont devenus amants. Comme pour conjurer un double mauvais sort. Mais qu'il est difficile de prétendre à sa part de bonheur quand son quotidien est fait de meurtres, enlèvements et autres crimes sadiques.
« Atomka » est un roman policier de circonstance pour ce qui est de la météo. Il règne en permanence un froid glacial, quasi mortel. Tout débute par la découverte du corps d'un journaliste d'investigation à son domicile. Il est mort de froid. Le tueur l'a enfermé vivant dans un congélateur. Et a même percé un petit trou dans le couvercle pour assister à l'agonie. Enquête classique au début. Sharko retrace la vie de Christophe Gamblin. Relations de travail. Derniers articles parus.
Une première partie un peu lente car l'auteur veut aussi dérouler un peu de la vie privée de ses deux héros. Lucie veut un enfant. Avec Sharko. Mais leurs efforts restent vains. Sharko se résout à faire une analyse de son sperme pour déterminer si le problème ne vient pas de son côté. Mais en cachette de sa compagne. Comme s'il culpabilisait.
Un passage familial de courte durée car l'affaire du meurtre du journaliste se corse. Il enquêtait sur une série d'accidents dans des lacs gelés. Et les policiers arrivent à la conclusion que Gamblin était sur la piste d'un psychopathe s'attaquant aux femmes. Il les enlevait, les droguait et les jetait dans l'eau glacée. Immédiatement il téléphonait aux secours. Certaines n'ont pas survécu, d'autres ont été sauvées, mais après un laps de temps plus ou moins long de mort virtuelle dans les eaux gelées.

Les limites de la mort
Où se situe la limite de la mort ? Cette question semble tarauder le psychopathe. Une autre journaliste était sur ses traces. Elle a disparu. Sharko et Lucie vont se lancer à sa recherche, la suivre dans ses déplacements, en France et à l'étranger. Le roman va faire voyager le lecteur. Des montagnes enneigées près de Grenoble au désert du Nouveau-Mexique. Avec rapidement un dénominateur commun : la radioactivité.
Et le roman atteint son paroxysme quand les enquêteurs découvrent d'autres victimes, des enfants malades. Lucie, encore sous le coup de la perte de ses deux fillettes, vit très mal cette évolution.
Sharko va tenter de la protéger au maximum, mais pour lui aussi des souvenirs pénibles reviennent à la surface. Il semble que son ennemi absolu, l'Ange Rouge, ait fait des émules. Les deux policiers, pris entre leur enquête et des souvenirs pénibles, auront toutes les difficultés pour se concentrer et retrouver leur efficacité.
Un thriller redoutable d'efficacité. On est doublement accroché. Par l'enquête tournant autour des séquelles de la radioactivité, mais aussi (et surtout) par les doutes existentiels des deux héros. Lucie si fragile mais inflexible, Sharko, déterminé mais plein de doute.
Michel LITOUT
« Atomka », Franck Thilliez, Fleuve Noir, 21,90 €

mardi 18 décembre 2012

Chronique : quand se photographier tous les jours devient ridicule

Tempus fugit. Avec les nouvelles technologies, rien de plus facile que de mettre en images cette expression latine. On ne saura jamais qui le premier a eu l'idée de se photographier quotidiennement et d'en faire un montage accéléré. Les vidéos de ce genre ont pullulé un moment sur internet. Une fois la surprise de la nouveauté passée, force est de constater que la chose n'est pas bien passionnante.
Deux sortent cependant du lot. Un père persévérant a filmé sa fille de sa naissance à ses 12 ans. Du gentil bébé joufflu, elle devient une charmante adolescente, de plus en plus réticente à l'exercice...

TimeLapse fille de 0 à 12 ans par Spi0n

Plus fun la vidéo de cet homme adepte des expériences capillaires en tout genre. De la crête d'Iroquois à la tonsure totale, de la barbe torsadée aux rouflaquettes, il devient en moins de deux minutes un catalogue complet pour coiffeur inventif. 

Se prendre en photo tous les jours pendant 2 ans ! par thony911

Les autres ne sont que fades copieurs. Sergio Salma, dessinateur de BD, imagine les pires sur son mur Facebook. « Elle se prend en photo chaque jour pendant 3 ans et demi, le temps d'un régime où elle va perdre 90 kg mais on voit rien, c'est mal cadré » est illustré par un bout d'épaule. La photo d'une souriante blonde explique qu'elle « se prend en photo tous les jours depuis 2 jours. Et c'est très con. » La dernière, ma préférée : « Il se prend en photo toutes les heures depuis 27 ans et se fait voler son ordinateur avec toutes ses photos dedans. »
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mardi en dernière page de l'Indépendant.

Livre : Mondes improbables et "Voyages imaginaires"

Farid Abdelouahab, Arthaud, voyages imaginaires
Avec « Voyages imaginaires », Farid Abdelouahab convie le lecteur dans des régions touristiques totalement absentes des prospectus des agences de voyages. Pourtant qui ne rêverait pas d'aller au centre de la terre, sur l'île du docteur Moreau, la planète Pandora ou dans la 4e dimension ? Imaginaires, ces lieux ont fait rêver des dizaines de générations. Par la pensée, on les a explorés comme en son temps Gulliver ou le baron de Munchausen. Farid Addelouahab a recensé et classé ces « voyages imaginaires » dans ce beau livre richement illustré. Des « Mondes oubliés, cachés ou perdus », en passant par les « Pôles fantastiques » ou « A travers les océans », vous ressortirez certainement de ces périples avec l'envie de mieux connaître certaines des œuvres décrites, des plus connues comme « La machine à explorer le temps » de Wells, aux plus confidentielles du genre « Le Fulgur » de Semant, ancêtre du récit d'exploration sous-marine.
« Voyages imaginaires » de Farid Abdelouahab. Editions Arthaud, 29,90 €

Baudoin dessine la biographie de Dali, génie graphique

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Dessinateur exigeant, un peu à part dans le milieu de la bande dessinée, Edmond Baudoin signe une biographie dessinée de Salvador Dali que n'aurait certainement pas reniée le maître de Cadaquès. L'album, publié dans le cadre de la collection Aire Libre de Dupuis, en collaboration avec le Centre Pompidou, est en vente au moment où s'ouvre une grande exposition autour de l’œuvre du peintre catalan aux longues moustaches recourbées.
dali, baudoin, dupuis, centre pompidou, expositionUn génie ou un fou ? L’œuvre de Dali plaide pour la première solution. Son parcours et ses extravagances ont brouillé son image auprès du grand public. Edmond Baudoin, dans ces 140 pages en noir et blanc, parsemées de quelques fulgurances colorées ne donne pas de réponse. C'est le regard subjectif d'un artiste sur un autre artiste.
Baudoin, tout en suivant une trame chronologique fidèle, se permet quelques incartades dans le récit. Il se met en scène pour justifier cette vision particulière. A sa compagne lui faisant remarquer que ses interprétations de certains tableaux « sont très fantaisistes. Des trahisons », il répond, expliquant ainsi toute sa démarche graphique : « C'est parce que je suis fou comme lui. Je joue moi aussi à la paranoïa critique et j'ai ainsi la prétention de mettre en images l'inconscient de Dali à l'instant de la création. »
Cette BD, plus que d'autres, est à lire à deux niveaux. L'histoire, logique et rationnelle. Mais aussi juste les dessins, les illustrations, tirées de tableaux. Une vision uniquement graphique tout aussi riche et intéressante.
« Dali par Baudoin », coédition Dupuis/Editions du Centre Pompidou, 22 euros.

lundi 17 décembre 2012

Chronique : RJ45 ou prise en T ?

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Déménager, quelle aventure ! Je viens de passer 15 jours éprouvants. Avant, pendant et surtout après. Où se cache le carton de couverts ? Il me le faut pour retrouver ce satané tire-bouchon, indispensable pour ouvrir la bonne bouteille de Taïchat achetée afin de décompresser après une journée de dingue. Les couverts réapparaîtront trois jours plus tard, au fond du garage entre deux piles de cartons de livres...
La bouteille a quand même été dégustée après utilisation détournée du tournevis cruciforme de l'électricien. Déménager est un sacré challenge, si en plus la maison est en travaux, la folie guette. L'électricien a pour mission de tout remettre aux normes. Sur le devis, il annonce une « ligne RJ45 (78,24 HT) » dans le salon. RJ45 ce sont les nouvelles prises pour téléphone et box Internet. Chouette, je vais être à la pointe du progrès. Problème, mes câbles actuels sont obsolètes. Et parmi le millier de choses à faire avant le déménagement, je me dis qu'il me faut acheter des câbles RJ45 à la place des prises en T. Bien évidemment, je ne trouve pas le temps de me procurer ce qui me paraissait pourtant d'une urgence absolue... Arrivé dans la nouvelle maison, surprise, je découvre... une prise en T. Finalement je me connecte tout simplement avec les vieux fils emballés la veille avec la box. D'accord, mon réseau n'est pas à la pointe, mais au moins, il fonctionne. Contrairement à la salle de bain dont les joints ne sont toujours pas secs... 
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce lundi en dernière page de l'Indépendant.

BD : Dépenses exorbitantes chez « L'accro du shopping »

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Sophie Kinsella a trouvé le filon. Les femmes aiment lire. Elles aiment aussi faire des folies dans les magasins de luxe. Elle a mixé ces deux faits dans des romans bourrés de noms de marque. Son héroïne, Becky Bloomwood, après les livres et les films, prend vie dans une bande dessinée ouvertement « fashion girl ». Adapté par Véronique Grisseaux, dessiné par Yishan Li, le récit est fidèle à la première histoire. La jeune journaliste économique est désespérément à découvert. La faute aux soldes, promotions et autres achats compulsifs. Becky va tenter de trouver des moyens pour réduire ses dépense (peine perdue) puis gagner un peu plus d'argent... Impossible pour un homme de s'identifier à ce personnage attiré par tout ce qui brille. Par contre, si vous êtes une femme... gare aux risques de mimétisme une fois l'album refermé.
« L'accro du shopping », Jungle, 12 €


Achats sexuels au "Magasin sexuel" de Turf

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Amandine, jeune orpheline à la fibre innovante, reprend le commerce de son père. Mais au lieu de vendre des ustensiles de jardinage, elle se lance dans le sextoy. Un « magasin sexuel » ambulant, prenant place une fois par semaine sur la place du petit village des Bombinettes. Forcément, cela ne plaît pas à tout le monde. Chance ou malheur, Amandine charme le maire, le très caricatural Raymond Orloff, dit le père Dodu. Si le premier tome était plus centré sur la jeune fille, le second se met le focus sur ce maire vieux jeu, concentré de machisme et d'arrogance. Grosse moustache, calvitie naissante et bedon proéminent, comment peut-il s'imaginer réussir à séduire la frêle mais têtue jeune femme ? Turf oscille entre fable provinciale et critique acerbe de notre société rétrograde. Un petit bijou de lucidité.
« Magasin sexuel » (tome 2), Delcourt, 14,95 €

Emplettes canadiennes avec le tome 8 du "Magasin général"

loisel, tripp, casterman, magasin général, canada, québecDouble révolution dans le petit village québécois de Notre-Dame-des-Lacs : Marie est enceinte et le curé se pose des questions existentielles. Le 8e tome du « Magasin général » de Loisel et Tripp, tel un feuilleton captivant, dissèque les vies de ces villageois retirés entre forêts et montagnes enneigées. Marie ne sait pas qui est le père de son enfant, mais est quand même follement heureuse. La défection du curé perturbe les fidèles, notamment trois bigotes prêtes à en référer à l'évêque. L'album est entrecoupé de planches muettes, six cases pour montrer le temps qui passe, les occupations du quotidien plus fortes que les bouleversements. Une quiétude revigorante dans notre monde stressant.
« Magasin général » (tome 8), Casterman, 14,95 €

dimanche 16 décembre 2012

BD : Thorgal, trois fois

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Triple actualité pour les fans de la série Thorgal. Pas de titre dessiné par Rosinski, mais trois albums à ne pas manquer quand même. Louve et Kriss de Valnor ont droit à leur propre série. Le troisième pour la guerrière à l'archer, le second pour la fille du héros Viking. Louve, prisonnière d'un mage, s'est partagée en deux. Une part sauvage, contenant toute son agressivité, une part civilisée, gentille et fade. La Louve apaisée s'ennuie dans ce monde heureux. Elle sent qu'elle est en train de perdre toute personnalité. Elle entreprend donc de retrouver l'autre Louve pour ne plus faire qu'une. Un périple dangereux au cours duquel elle va croiser une vieille connaissance de Thorgal : la Gardienne des Clés. Ecrite par Yann, cette série dérivée est très fidèle à l'esprit de la saga originale : aventure et fantastique. Surzhenko, au dessin, a calqué son trait sur celui du maître. Ces Mondes de Thorgal sont également expliqués dans un troisième album, sorte de making-of du concept. Les interviews des auteurs sont illustrées par des croquis préparatoires, le tout enrichi de 6 planches exclusives et inédites.
« Aux origines du Monde »,
« Kriss de Valnor » (tome 3)
« Louve » (tome 2), Le Lombard, 12 € chaque volume.



Enfant à sauver dans "infiltrée" de Taylor Stevens


Une fillette, prisonnière dans une secte, est l'enjeu de ce thriller d'action de Taylor Stevens, le second dont Vanessa Michal Munroe est l'héroïne

infiltrée, taylor stevens, enfants de dieu, secte, thriller, presses de la CitéLa secte des Elus de Dieu, au centre de ce roman, n'existe pas véritablement. Mais c'est une copie presque conforme de la secte des Enfants de Dieu qui elle sévit toujours. Taylor Stevens, l'auteur, connaît parfaitement cette structure religieuse pour y avoir passé toute son enfance. Elle a réussi à s'en échapper et a certainement beaucoup mis de sa propre histoire dans ce roman saisissant.
Les premières pages d'« Infiltrée » se déroulent au Maroc. Logan, ancien soldat de fortune, va à la rencontre de Munroe, son amie d'armes. Vanessa Munroe, mais elle préfère se faire appeler Michal, file le parfait amour avec un Américain dans un grand appartement à Tanger. Filait plus exactement. De sombres cauchemars agitent ses nuits. Munroe, experte du maniement des poignards, revit ses multiples combats. Efficace, elle tranche les gorges, éventre et tue ses adversaires. Mais si les lieux et les circonstances sont identiques à ses souvenirs, les personnes changent. Ce ne sont plus des « méchants » qu'elle élimine, mais des amis. Des rêves si puissants qu'elle en devient somnambule. Quand elle se réveille, c'est les armes à la main. Au risque de trucider son compagnon...

Libérer Hannah
La venue de Logan pourrait être une solution à son problème. Il lui propose un contrat totalement différent. Il ne pourra pas la payer comme ses riches commanditaires habituels, mais lui demande ce service car il estime qu'elle seule peut remplir la mission. Logan, avant d'être mercenaire, a passé son enfance dans la secte des Elus de Dieu. Une communauté repliée sur elle-même dans différents sanctuaires disséminés un peu partout sur la planète. A sa majorité, il a fait le choix de la fuite. Un retour dans le monde mal vu par les Elus. Ces traîtres sont diabolisés. Et s'ils ont des enfants, ces derniers sont enlevés et cachés dans les communautés.
Hannah, la fille de Logan, a disparu il y a une dizaine d'années. Aujourd'hui elle est presque une adolescente et Logan, à force de recherches, est persuadé qu'elle est en Argentine. Il demande à Munroe de la retrouver, d'infiltrer la secte et d'en extraire Hannah. Une mission quasi humanitaire pour la jeune femme, presque une rédemption. Elle accepte. Bonne occasion pour quitter Tanger, son Américain et les cauchemars...

« Au nom de la justice »
Taylor Stevens dans ce thriller typiquement américain (donc forcément un peu trop manichéen) creuse un peu plus la personnalité de son héroïne. Munroe se reconnaît dans le parcours de ces enfants endoctrinés. En sauver une, c'est un peu se sauver. Longtemps victime de violences, elle s'érige en justicière. Ainsi, quand elle rencontre des amis de Logan à New York pour mettre en place l'opération argentine, une nuit, elle tombe sur une scène de crime. Deux voyous violentent une jeune femme. Incapable de résister, elle intervient. Violemment. « Elle n'était pas surprise que le mal l'attire une fois de plus dans ses bras. Elle éprouvait seulement une rage qui la consumait de l'intérieur, une colère sans bornes face au viol de l'innocence, une poussée sanguinaire qui étouffait les rires et la musique. Les sons ambiants n'existaient plus, seuls comptaient le tambourinement intérieur, l'appel au meurtre, la soif qui ne serait étanchée que quand le sang aurait coulé au nom de la justice. » Ce passage donne l'ambiance générale du roman. Munroe reste une arme de destruction massive. Elle ne fait qu'une bouchée de dix soldats entraînés. Pour elle, tuer est une évidence.
Les scènes d'action sont relatées avec maestria, mais ce roman marque surtout le lecteur par les descriptions du fonctionnement de la secte. Comment un endoctrinement religieux peut modifier des enfants, les transformer en marchandise ou main d’œuvre. Le vrai cauchemar, il est là.
« Infiltrée », Taylor Stevens, Presses de la Cité, 20 €