dimanche 16 décembre 2012

Enfant à sauver dans "infiltrée" de Taylor Stevens


Une fillette, prisonnière dans une secte, est l'enjeu de ce thriller d'action de Taylor Stevens, le second dont Vanessa Michal Munroe est l'héroïne

infiltrée, taylor stevens, enfants de dieu, secte, thriller, presses de la CitéLa secte des Elus de Dieu, au centre de ce roman, n'existe pas véritablement. Mais c'est une copie presque conforme de la secte des Enfants de Dieu qui elle sévit toujours. Taylor Stevens, l'auteur, connaît parfaitement cette structure religieuse pour y avoir passé toute son enfance. Elle a réussi à s'en échapper et a certainement beaucoup mis de sa propre histoire dans ce roman saisissant.
Les premières pages d'« Infiltrée » se déroulent au Maroc. Logan, ancien soldat de fortune, va à la rencontre de Munroe, son amie d'armes. Vanessa Munroe, mais elle préfère se faire appeler Michal, file le parfait amour avec un Américain dans un grand appartement à Tanger. Filait plus exactement. De sombres cauchemars agitent ses nuits. Munroe, experte du maniement des poignards, revit ses multiples combats. Efficace, elle tranche les gorges, éventre et tue ses adversaires. Mais si les lieux et les circonstances sont identiques à ses souvenirs, les personnes changent. Ce ne sont plus des « méchants » qu'elle élimine, mais des amis. Des rêves si puissants qu'elle en devient somnambule. Quand elle se réveille, c'est les armes à la main. Au risque de trucider son compagnon...

Libérer Hannah
La venue de Logan pourrait être une solution à son problème. Il lui propose un contrat totalement différent. Il ne pourra pas la payer comme ses riches commanditaires habituels, mais lui demande ce service car il estime qu'elle seule peut remplir la mission. Logan, avant d'être mercenaire, a passé son enfance dans la secte des Elus de Dieu. Une communauté repliée sur elle-même dans différents sanctuaires disséminés un peu partout sur la planète. A sa majorité, il a fait le choix de la fuite. Un retour dans le monde mal vu par les Elus. Ces traîtres sont diabolisés. Et s'ils ont des enfants, ces derniers sont enlevés et cachés dans les communautés.
Hannah, la fille de Logan, a disparu il y a une dizaine d'années. Aujourd'hui elle est presque une adolescente et Logan, à force de recherches, est persuadé qu'elle est en Argentine. Il demande à Munroe de la retrouver, d'infiltrer la secte et d'en extraire Hannah. Une mission quasi humanitaire pour la jeune femme, presque une rédemption. Elle accepte. Bonne occasion pour quitter Tanger, son Américain et les cauchemars...

« Au nom de la justice »
Taylor Stevens dans ce thriller typiquement américain (donc forcément un peu trop manichéen) creuse un peu plus la personnalité de son héroïne. Munroe se reconnaît dans le parcours de ces enfants endoctrinés. En sauver une, c'est un peu se sauver. Longtemps victime de violences, elle s'érige en justicière. Ainsi, quand elle rencontre des amis de Logan à New York pour mettre en place l'opération argentine, une nuit, elle tombe sur une scène de crime. Deux voyous violentent une jeune femme. Incapable de résister, elle intervient. Violemment. « Elle n'était pas surprise que le mal l'attire une fois de plus dans ses bras. Elle éprouvait seulement une rage qui la consumait de l'intérieur, une colère sans bornes face au viol de l'innocence, une poussée sanguinaire qui étouffait les rires et la musique. Les sons ambiants n'existaient plus, seuls comptaient le tambourinement intérieur, l'appel au meurtre, la soif qui ne serait étanchée que quand le sang aurait coulé au nom de la justice. » Ce passage donne l'ambiance générale du roman. Munroe reste une arme de destruction massive. Elle ne fait qu'une bouchée de dix soldats entraînés. Pour elle, tuer est une évidence.
Les scènes d'action sont relatées avec maestria, mais ce roman marque surtout le lecteur par les descriptions du fonctionnement de la secte. Comment un endoctrinement religieux peut modifier des enfants, les transformer en marchandise ou main d’œuvre. Le vrai cauchemar, il est là.
« Infiltrée », Taylor Stevens, Presses de la Cité, 20 €

Aucun commentaire: