jeudi 31 janvier 2013

Chronique : Conseils téléphoniques hors forfait

smartphone, conseil, téléphone
Les opérateurs de téléphonie mobile l'ont parfaitement compris, le smartphone est le nouveau bijou-doudou que l'on chouchoute comme la prunelle de ses yeux. Qu'importe le prix du forfait (et l'engagement qui va avec) si l'on a en plus le dernier-né de la gamme « Appl'sung ». Ils sont beaux, tactiles, remplis de gadgets, mais pas toujours faciles à maîtriser. « Tiens, voilà un créneau à exploiter » se réjouissent quelques comptables d'un grand groupe de télécommunications. Une amie, abonnée chez cet agrume mastodonte, reçoit ce message sur son vieux Nokia : « Profitez d'une assistance sur l'usage de votre smartphone ! Rendez-vous dans votre boutique (9 euros/prestation assistance smartphone de 45 minutes) ». Conséquence, elle pique une triple colère totalement justifiée. Primo, « ils baissent les tarifs, mais se rattrapent sur les services ! » Secundo, « ils me prennent pour une idiote, comme si je ne savais pas me servir de mon téléphone ». Tertio : « je n'ai pas de smartphone ! » J'ai senti beaucoup de détresse dans cette dernière constatation. Voilà comment, avec un simple SMS publicitaire, on se fâche irrémédiablement avec une bonne cliente.
Reste que l'intention est bonne. Pour beaucoup, les nouvelles technologies sont trop compliquées. Enfants, leur télévision était en noir et blanc et composer un numéro prenait une minute avec le cadran rotatif. 45 minutes de formation, ce n'est pas grand chose en comparaison d'une vie. Pour autant, elle pourrait être comprise dans le forfait !
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce jeudi en dernière page de l'Indépendant.

BD : Pinkerton, le vrai par Guérin et Damour

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L'agence Pinkerton est une légende de l'Ouest américain. Ces détectives privés ont à leur tableau de chasse de très nombreux outlaws. Mais pour arriver à leurs fins, les Pinkerton eux aussi se mettaient parfois hors la loi. Rémi Guérin, le scénariste, raconte la véritable histoire des Pinkerton. Il s'est associé à un dessinateur réaliste confirmé, Damour. Le fils Pinkerton en a assez d'être dans l'ombre de son père, le patriarche. Il a décidé de faire un coup d'éclat. Persuadé que les frères James sont réfugiés dans une maison isolée d'une petite ville du Missouri, il donne l'assaut avec une dizaine de ses agents. Une bavure retentissante : non seulement les James ne sont pas là mais en plus une mère et son enfant de 9ans meurent dans l'incendie de la maison. La BD raconte la haine du fils Pinkerton, la terreur qu'il fait régner et sa soif d'honneur. En parallèle on découvre le père, intrigant, jouant avec les puissants et prêt à tout pour arriver à ses fins, quitte à « fabriquer » des bandits pour amplifier sa gloire.

Pinkerton T1 - Bande annonce par GLENATBD

« Pinkerton » (tome 1), Glénat, 13,90 €

mercredi 30 janvier 2013

Chronique : l'info trash et la photo qui tue

A la base, il y a un de ces faits divers croustillant qui fait les choux gras d'Internet. Une histoire égrillarde, reprise par tous les sites d'information pour faire causer à la machine à café.
Au Brésil, une femme tente d'empoisonner son mari en se badigeonnant le sexe d'un poison violent. Incommodé par l'odeur inhabituelle, l'homme renonce à y regarder de plus près. La dame, victime de son subterfuge, finit aux urgences. Les médecins découvrent le poison. Le mari porte plainte pour tentative d'assassinat. Mieux que le colonel Moutarde au Cluedo !
Le souci dans le cas présent, c'est que toute histoire sur Internet doit obligatoirement être illustrée. Mais quelle photo choisir pour un article titré « Elle tente d'empoisonner son mari... avec son vagin » ou « La tueuse au sexe empoisonné voulait supprimer son mari » ? Impossible de publier une image de vagin. Utiliser le mot dans le titre passe encore. Mais il y a des limites... Il faut donc faire dans le suggestif. Sur plusieurs sites on retrouve la photo d'un corps de femme avec une superbe pomme rouge en cache sexe. Cette composition, entre Blanche Neige et Adam et Eve, est une photo d'art presque trop belle pour un sujet trash. Plus « brésilien » ce cliché montrant des fesses rebondies débordant d'un string dans une ambiance de boîte de nuit. Mais la palme revient à cette photo de pieds recouverts d'une petite culotte. On voit le bas, on imagine le haut. J'ai de la chance. Cette chronique, sur le papier, ne doit pas être illustrée. Mon problème reste entier pour sa version internet...
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mercredi en dernière page de l'Indépendant.

Chronique : Triste poupée Barbie, de chair et de plastique

barbie, beauté, chirurgie esthétique
Dans un monde parfait, tout le monde serait jeune, mince et beau. Ce monde existe : c'est celui de la poupée Barbie. Mais ce qui ne devrait être qu'un jeu peut avoir des conséquences néfastes sur les petites filles.
La blonde plastifiée est à mille lieues de la réalité. Régulièrement, des activistes dénoncent le formatage d'une fausse image de la femme et interviennent sur le net. Vous pouvez ainsi découvrir sur le site d'une revue espagnole la photo d'une Barbie sans maquillage. Cernes sous les yeux, taches sur le visage, dents jaunies et cils quasi inexistants... En fait, une femme (surprise au réveil) comme toutes les autres...

Restent les proportions du corps. Complètement erronées si on y regarde de près. Katie Halchischick, mannequin militant pour des rondeurs assumées, a dessiné sur son corps nu les courbes de la poupée. Là aussi la photo est explicite. Aucun chirurgien ne pourrait obtenir une taille aussi fine. Les seins devraient être remontés, le menton limé, les yeux relevés de plusieurs centimètres. Le cou, très fin, ne pourrait pas supporter le poids de la tête. A moins qu'elle ne soit complètement vide...
Loin de l'idéal féminin, la poupée Barbie tient plus de l'extra-terrestre que du canon de beauté. Pour preuve cette Ukrainienne de 21 ans, Valeria Lukyanova, copie conforme du jouet mythique. Sur son blog elle ne cesse de prendre la pose, décolleté généreux, visage figé, yeux écarquillés.
Pauvre joujou. Plutôt réservé aux grands garçons !


Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue en dernière page de l'Indépendant ce mardi.

mardi 29 janvier 2013

Chronique : Frère Jacques by 1D


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Chaque dimanche en fin d'après-midi, des milliers de Français se connectent sur internet et tentent de rattraper un week-end d'informations. Sur Twitter, les tendances sont affichées en fonction des hashtags les plus célèbres. Très pratique, on pourrait le définir comme un résumé des centres d'intérêts de nos compatriotes. Hier on gazouillait beaucoup autour de François Gabart, du Vendée Globe ou de la manifestation en faveur du mariage pour tous. Mais il étaient loin derrière « Frère Jacques » qui a pris la tête de la course dès samedi soir. Mais qui se cache donc derrière le fameux frère Jacques ? Un religieux favorable au mariage pour tous ? Le futur pape ? Ce n'est quand même pas la comptine chantée aux enfants depuis des siècles ? Eh bien si ! Frères Jacques a fait le buzz. Ou plus exactement,  ses interprètes ont réveillé le refrain dans la mémoire collective. Samedi soir, lors de la remise des NRJ Music Awards, émission diffusée sur TF1 et présentée par Nikos Aliagas, le boys band « One Direction » (OneD ou 1D pour les fans, photo AFP), a chanté en français durant 10 secondes les quatre vers de Frère Jacques. Ce clin d'œil spontané a suffi pour déclencher l'hystérie de leurs admirateurs francophones... 


Avec un bémol cependant : les fans de Justin Bieber (autre phénomène marketing de la variété internationale) ont signalé que leur idole a déjà chanté Frère Jacques. Et comme par hasard c'était déjà sur NRJ, dans une émission du même Nikos Aliagas, un professionnel de la spontanéité...


Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce lundi en dernière page de l'Indépendant.

BD : "Hell School", un pensionnat mortel

hell school, dugomier, ers, lombard
Les écoles de l'élite ont le vent en poupe. On ne cesse d'encenser ces structures permettant aux meilleurs de nos jeunes pousses d'atteindre l'excellence. Mais souvent il y a une monnaie à la pièce. L'esprit de corps fait prospérer le bizutage sous prétexte d'intégration. C'est un peu le fond de la série « Hell School » dont le premier tome vient de paraître au Lombard. On retrouve aux commandes deux auteurs confirmés et complices, Dugomier et Ers. Le premier écrit cette histoire de trois jeunes refusant de se plier aux dictats des anciens. Pour Hina, la fille aux cheveux bleus et au percing dans la lèvre, pas question d'endosser l'uniforme de cette école privée. Bastien a des dreadlocks. Il refuse de les couper. Il se les fera raser dans une agression sordide. Enfin Boris au début joue le jeu. Mais face à la bêtise de certains il préfère rejoindre le clan des frondeurs. Le tout ne peut fonctionner qu'avec des « méchants » dignes de ce nom. Et dans la catégorie, vous ne serez pas déçu par Hell School.
« Hell school » (tome 1), Le Lombard, 10,60 €

dimanche 27 janvier 2013

Chronique : petite amie au kilo en vente sur Facebook

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Un sentiment de solitude vous étreint ? Sur Facebook, votre statut de « célibataire » vous mine ? Pas de problème, achetez-vous une fausse petite amie. Oui, ça aussi c'est possible sur internet. Il n'y a que les idiots pour croire que ce qui est sur les réseaux sociaux est la stricte vérité. La grande majorité des utilisateurs enjolivent leur vie. Plusieurs sociétés ont découvert ce nouveau marché et s'engouffrent dans la brèche. Pour quelques dollars payés à une société brésilienne vous serez « en couple » avec une jolie fille tout ce qu'il y a de plus virtuel. Elle vous fera passer des petits mots doux sur votre mur, likera vos statuts. Il y a même l'option photo à deux (truquée, il va de soi), mais c'est un peu plus cher. Les sociétés vous proposent même des scénarios de rencontre. Vous partez en voyage (totalement virtuel lui aussi), rencontrez la belle autochtone qui succombe à votre charme. Avantage : la distance vous dispense de la présenter physiquement à vos amis. Enfin si vous en avez...
Parfois on peut douter de la santé mentale des hommes (le service ne propose que des girlfriends) prêts à payer pour s'afficher avec une femme. Qui cherchent-ils à tromper ? Leur entourage ou eux ? Après il y a aussi les tordus, les amateurs de billards à double bande. Vous n'osez pas rompre directement avec votre petite amie. En prenant une maîtresse virtuelle sur Facebook, vous lui donnez une occasion de prendre l'initiative. Rassurez votre maman, désespérée de ne pas avoir de petits-enfants à choyer.
Achetez de la copine au kilo sur Facebook, c'est pas cher, c'est du vent !
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce samedi en dernière page de l'Indépendant

BD : Quelle est la valeur du Groom ?

spirou, fantasio, vipère, dupuis, Yoann, Vehlmann
Le personnage de Spirou fête cette année ses 75 ans. Mais il n'en est qu'à sa 53e aventure. Désormais animé par Vehlmann (scénario) et Yoann (dessin), le groom rouge, mascotte des éditions Dupuis, va se frotter au grand capitalisme. Le journal qui emploie Spirou perd un procès intenté par des parents scandalisés par l'immoralité de sa dernière aventure. L'amende est salée. C'est la faillite. Heureusement un riche mécène investit dans l'entreprise. Spirou, en acceptant ces fonds de la Vipère, se vend, littéralement, à ce milliardaire sans scrupule. Le héros est transformé en animal de compagnie.
Une aventure dans l'air du temps, sur les méfaits de l'argent roi. La première édition bénéficie d'une rutilante couverture argentée.
« Spirou et Fantasio » (tome 53), Dupuis, 10,60 €

samedi 26 janvier 2013

BD : Tuer, toujours tuer...

Le tueur, matz, jacamon, casterman
Très difficile la reconversion professionnelle du héros de la série écrite par Matz et dessinée par Jacamon. Riche, il n'a plus besoin de travailler pour subvenir aux besoins de sa petite famille. Mais il est des métiers plus difficiles que d'autres à abandonner. Le Tuer reprend donc du service, plus par désœuvrement que par nécessité. Il se met au service d'un ami colombine devenu ministre. Pour favoriser son accession au sommet de l'État, le Tueur va « éliminer » quelques obstacles. Nouveau cycle pour cette série de plus en plus littéraire. La voix intérieure du Tueur est parfaitement retranscrite par Matz qui ferait mieux d'écrire un polar plutôt que de la BD ou des jeux vidéo.
« Le tueur » (tome 11), Casterman, 10,95 €

Chronique : Mot-dièse et gazouillis

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Dans cette chronique sur les aléas du monde virtuel, j'utilise parfois des mots incompréhensibles pour les non-avertis. Dès qu'il est question de Twitter, le problème du hashtag se pose. Hashtag qu'es aquo ? A plusieurs reprises, dans un souci de clarification, je me suis rabattu sur le terme de mot-clé. Mais les initiés sont accro au hashtag (d'ailleurs il y a hash dans hashtag...)
Le gouvernement français, face à l'urgence de la situation et l'importance du sujet, décide de légiférer sans même passer par la case parlement ou référendum. Dans le Journal officiel de mercredi, page 1515, à la rubrique « Vocabulaire des télécommunications et de l'informatique », il est recommandé d'utiliser « mot-dièse » à la place de « hashtag ». Dans sa grande bonté, le législateur en précise même le pluriel (mots-dièse) et en donne la définition exacte : « Suite signifiante de caractères sans espace commençant par le signe # (dièse), qui signale un sujet d'intérêt et est insérée dans un message par son rédacteur afin d'en faciliter le repérage. » Exit le hashtag, bienvenue au mot-dièse. Enfin, ça c'est dans le monde parfait des bureaucrates qui ressemble parfois à celui des Bisounours.
Les utilisateurs de Twitter ont  vite rangé l'idée aux oubliettes. Mot-dièse est un néologisme mort-né. Même certaines des plus belles trouvailles n'arrivent pas à s'imposer en français. Pour preuve, pourquoi toujours utiliser le mot  « tweet » alors que « gazouillis », en référence à l'oiseau bleu symbolisant ce réseau social, est tellement plus joli ? 
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue jeudi en dernière page de l'Indépendant.

BD : triste voyage en famille

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Léa est belle. Léa est jeune. Léa a du succès. Auprès des hommes, du public de son émission à la télé. Léa a tout pour être heureuse. Jusqu'à ce jour osa tante lui annonce la mort de son père. Durant quelques jours, Léa va mettre sa vie entre parenthèses et tenter de comprendre pourquoi rien n'a jamais marché entre elle et ce père, médecin généraliste, toujours absent. Elle va fouiller dans la grande maison de famille, y retrouver des traces de son enfance et cette piscine, a jamais abandonnée aux grenouilles. Une histoire émouvante de Zidrou, mis en images, avec simplicité et rigueur, par Benoît Springer.
« Le beau voyage », Dargaud, 14,99 €

jeudi 24 janvier 2013

BD : Crève saucisse ou la vengeance du cocu immergé


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Aimer la bande dessinée peut vous amener à faire les pires bêtises. Prenez Didier, le héros de « Crève Saucisse » de Pascal Rabaté et Simon Hureau. Il adore la BD. Son salon en est rempli. Classiques ou modernes. Une véritable passion. Ce boucher jovial, marié et père d'un petit garçon a tout pour être heureux. Si ce n'est le désamour de sa femme. L'été dernier, en vacances, elle a craqué. Pendant que Didier pêchait tranquillement en bord de mer, elle le trompait avec un ami d'enfance. Rabaté, habitué aux peintures sociales grinçantes, aborde le vaudeville avec son sarcasme habituel. Le boucher, cocu, se défoule dans la chambre froide. Armé de son plus beau hachoir, il lacère les carcasses de bœuf en hurlant « Crève salaud ! » Surpris par son gamin, il transforme son imprécation en « Crève saucisse » qui donnera son titre à l'album. De plus en plus amer, le boucher va trouver dans une de ses BD l'idée géniale qui lui permettra de se venger et de retrouver l'amour de sa femme. Un Gil Jourdan de Tillieux dont quelques extraits sont redessinés par Hureau.
« Crève saucisse », Futuropolis, 17 €

mercredi 23 janvier 2013

Chronique : Une place Joe Strummer à Grenade en Espagne

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Ça pétitionne à tour de bras sur Facebook. Et souvent avec efficacité. Pour preuve la municipalité de Grenade en Espagne a accepté de baptiser une place de la ville du nom de Joe Strummer, leader emblématique des Clash. Une initiative d'Ideal, un journal local, relayée par un profil Facebook. Avec plusieurs milliers de signatures en soutien, le principe de donner le nom du chanteur de « London Calling » à un lieu près de l'Alhambra est acté en conseil municipal. La semaine dernière, la « Plaza Joe Strummer » est officiellement inaugurée, « un espace terreux bordé de deux rangées de pins luxuriants. On peut s’y asseoir pour contempler la majestueuse Sierra Nevada » explique Ideal. 
Pas sûr que cet éternel rebelle ait apprécié le geste. Les Clash n'ont jamais été dans le consensus. Une aversion à toute forme d'autorité qui ferait passer aujourd'hui Pete Doherty pour un agneau et renvoie Manu Chao sur l'échiquier politique vers le Modem de François Bayrou. Excessif, visionnaire et révolutionnaire, Joe Strummer incarne tout un pan de cette génération des années 80-90 rejetant en masse le moule dans lequel la société de consommation veut la fondre. 
L'hommage de Grenade est cependant logique car dans « Spanish Bombs », un des titres de « London Calling » élu meilleur album rock de tous les temps,  Joe Strummer parle du bombardement de la ville durant la guerre d'Espagne et de la mort de Federico Garcia Lorca. Ce poète a hanté le chanteur punk. Ils se retrouvent, pour l'éternité, dans cette Andalousie brûlante.
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mercredi en dernière page de l'Indépendant.

mardi 22 janvier 2013

Chronique : Mesdames, un site qui chamboule

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Menalso.fr. Mesdames, cette adresse internet risque de vous faire tourner la tête. A la base c'est un simple site de e-commerce comme il y en a des centaines qui s'ouvrent. Son ambition : « mettre fin à une injustice : le monopole des femmes sur la lingerie. » Acheter des slips, boxers et autres strings en ligne pour son chéri peut devenir une expérience unique quand publicitaires et concepteurs web s'associent. Sur la page d'accueil, un mannequin, de dos, vous demande de cliquer sur play. Au lieu d'avoir une simple photo du produit, c'est une animation à 360° qui s'ouvre. Et pour chaque sous-vêtement, le mannequin est grimé en fonction d'une profession ou d'un style particulier. Au total, 40 ambiances sont proposées aux visiteurs. Et visiteuses. Car ce site semble être une formidable machine à fantasmes pour dames. Les mannequins, en plus d'être jeunes et musclés, ont d'autres atouts mis en valeur par « les plus belles coupes et les plus belles matières des grandes marques de lingerie masculine ». 
A chaque profession son style de sous-vêtement. Si vous êtes à la recherche d'images sages, peintre, pompier et golden-boy peuvent être vus par tous. Un peu plus osées les scènes avec rugbyman, dandy ou médecin. Ils portent des jockstraps dont l'arrière vaut le coup d’œil. Par contre, prenez vos précautions avant de sélectionner la rubrique prêtre : croyante vous risquez l'apoplexie. Non croyante aussi, mais pas pour les mêmes raisons...

En bonus caché, la vidéo !

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue en dernière page de l'Indépendant ce mardi.

BD : Johnny Jungle, acteur sachant nager...

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Johnny Weismuller avant d'incarner Tarzan des années à l'écran, était champion de natation. Sur cette biographie connue, Jean-Christophe Deveney (scénario) et Jérôme Jouvray (dessin) imaginent l'enfance de cette légende d'Hollywood. Un télescopage total car les auteurs prétendent que le jeune Johnny est un gamin de la jungle, élevé par des singes. S'il sait parler l'allemand, c'est grâce au seul Blanc de la région, un missionnaire bavarois amateur de bière et de belles histoires. Il est coupé du monde, entouré d'animaux, respecté. Son destin bascule quand il tombe sur une équipe de cinéma en plein tournage. Il tombe amoureux de l'actrice principale et accepte de la suivre aux USA. En chemin, il est débarqué en France. Par chance, il intègre l'équipe des USA de natation et glane nombre de médailles. Ensuite, il passe un casting et devient célèbre avec son slip léopard.
Entre délire absolu, conte moderne, romance tragique et peinture de l'Amérique des années 40, cette BD joue sur plusieurs tableaux.
« Johnny Jungle » (première partie), Glénat, 17,25 €

lundi 21 janvier 2013

Chronique : De la neige sur tous les écrans

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Exploit du jour : trouver une photo sans neige sur les réseaux sociaux ! Tous, du nord au sud, ont partagé sur Twitter, Facebook ou Instagram les quelques flocons tombés ce week-end en ville ou dans la campagne.
Incroyable comme un phénomène météorologique vieux comme le monde peut encore provoquer enthousiasme et émerveillement. Sarcasme aussi car il y a toujours des aigris pour dénigrer les joies simples. Sur Twitter par exemple, ils sont nombreux à donner la hauteur dans leur rue ou photographier leur bonhomme de neige, mais plus encore envoient des messages pour se plaindre du fait que tout le monde parle de la neige... 
Après, c'est un sujet de plaisanterie comme un autre. ‏@Dedodante prévient : « À tous ceux qui s'éclatent en mangeant des flocons de neige j'espère que dieu existe et qu'il se marre en vous voyant bouffer ses pellicules. »

On a échappé au pire pour ‏@bengallerey : « On a de la chance que les flocons n'aient pas une petite tête de chaton mignon, l'Internet n'aurait pas tenu le choc. »

Mais pourquoi une telle avalanche (blague à deux balles) de photos de neige ? Un certain Laurent tient l'explication : « La neige est beaucoup plus photogénique que la pluie qui a toujours été incapable de poser correctement. » 

Hier la neige était en vedette. Aujourd'hui elle sera oubliée. La boue va lui voler le premier rôle. Même si annoncer sur internet que l'on patauge dans la gadoue est beaucoup moins enchanteur. 


Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce lundi en dernière page de l'Indépendant.

dimanche 20 janvier 2013

BD : Jeu de massacre à la mode Vivès

bande dessinée, bastion vivès, delcourt
Bastien Vivès est définitivement à part dans le petit monde de la bande dessinée. Jeune, une gueule d'ange, de longs cheveux blonds bouclés, il a fait ses premiers pas en ciblant clairement un public féminin et romantique. Succès aidant, il a mené des projets plus personnels et beaucoup moins politiquement corrects. Une évolution que l'on pouvait suivre en direct sur son blog. Les éditions Delcourt ont récupéré pas mal de ces notes, gribouillées plus que dessinées, et les a classées par thème. Le dernier parle de bande dessinée. Et c'est un véritable jeu de massacre. Vivès n'est pas tendre pour ses collègues, encore moins pour lui. Auteurs égocentriques, intéressés, colériques, coupés de la réalité... Mais c'est contre lui que Bastien Vivès est le plus méchant. Il revient sur son premier album, le dénigre, se moque de son vide, ne comprend pas son succès. En interview il agresse les journalistes, de plus en plus imbu de sa personnalité. Impossible de savoir ce qui est vrai ou faux. Mais cet exercice de style, s'il a parfois un goût amer, est quand même très réjouissant. Voire salutaire.
« La bande dessinée », Delcourt, 9,95 €

vendredi 18 janvier 2013

Livre : Nicolas 1er, fin de règne

On va finir par le regretter notre Monarque Étincelant. Nicolas 1er n'est plus au pouvoir. Patrick Rambaud raconte ses derniers mois au Palais.

Nicolas 1er, sarkozy, hollande, rambaud, grasset, pamphletSoulagé. Patrick Rambaud remercie les Français d'avoir suivi son conseil à la fin de la cinquième chronique du règne de Nicolas 1er. En disant « Dégage ! » au « Sautillant monarque », le peuple a mis fin à un feuilleton à succès. Mais l'auteur le reconnaît dès les premières pages, « J'avoue, je n'avais pas le courage d'en reprendre pour cinq ans, tant ce travail de soutier épuise le style et le moral. » Exit donc sa « Désopilante Majesté » et place à François IV, Monsieur de la Corrèze, le roi normal. Un an après, cette version satirique et décalée de la campagne présidentielle nous remet en mémoire quelques péripéties déjà oubliées. Ainsi va la politique en France, superficielle et amnésique.
Dans cette Chronique, la dernière donc du règne de Nicolas 1er, Patrick Rambaud semble avoir pris encore plus de recul. On sent que l'auteur a mis sa plume de côté durant les joutes électorales. Comme pour laisser décanter les soubresauts d'une campagne menée au jour le jour, sans profondeur. Cela permet de mieux appréhender les erreurs des uns et des autres.
Avant l'affrontement final, notre « Croustillante Sérénité » assiste goulûment à la désignation du prétendant du « parti Social ». Il jubile quand il apprend la victoire de Monsieur de la Corrèze. Nicolas 1er et ses conseillers pensent pouvoir croquer sans difficulté ce « mou ». C'est aller vite en besogne. Premier à s'être déclaré, Monsieur de la Corrèze a surmonté l'obstacle DSK, puis bataillé contre Madame de Solférino et l'archiduchesse des Charentes. « Il aspirait au Trône dès le couffin et trépignait le jour des Rois s'il n'avait point la fève de la galette tant il désirait se coiffer de la couronne de papier doré. »

Feu Notre Prince
Le chroniqueur, comme lassé par les frasques du monarque en place, consacre presque plus de place au futur roi « normal ». Et malheureusement, il est beaucoup moins incisif. Difficile de retrouver la même méchanceté contre un homme au parcours droit et sans faille. De pamphlet, le livre devient presque éloge. Par bonheur, Nicolas 1er, avant de quitter le Palais, a dérapé de nombreuses fois. On appréciera notamment son passage au Pays Basque. Une des rares occasions où son service de sécurité a oublié de trier le peuple. Conspué, brocardé puis assiégé dans un bistrot, il découvre que la bataille sera beaucoup plus rude que prévue.
Battu, « Feu Notre Prince» a fait une sortie honorable. Apaisé, comme si lui aussi subissait ce règne et cette dernière année qualifiée de « matamoresque et dangereuse » par Patrick Rambaud. Le dernier chapitre est entièrement consacré à l'avènement de François IV. Et l'entrée en scène, enfin, de la première concubine. Bizarrement, elle est totalement absente de la campagne, mais c'est comme pour mieux exploiter les écarts de la « Marquise de Pompatweet » une fois installée au palais. Elle a un sacré potentiel cette intrigante au rôle obscur. On en regretterait presque que le feuilleton s'achève. A moins qu'un billettiste, de droite et talentueux si possible (oui, cela existe), se décide à prendre la relève de Patrick Rambaud, « écrivain précaire » selon sa biographie officielle, pour nous relater les dessous du règne de « François IV, dit le Normal ».
Michel Litout
« Tombeau de Nicolas 1er et avènement de François IV », Patrick Rambaud, Grasset, 16 €

jeudi 17 janvier 2013

Chronique : « Vas-y le Préfé ! »


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Il neige en Moselle. Les routes sont glissantes. La préfecture ouvre une cellule de crise et analyse la situation. Le service de communication annonce sur Twitter qu'il n'est pas nécessaire de « prendre un arrêté d'interdiction de circulation des transports scolaires. » Une décision qui n'est pas du goût des jeunes Twittos mosellans. Ils apostrophent vertement le compte @PrefetMoselle. Qui répond calmement, avec pédagogie. Des conversations au-delà du surréalisme, à mourir de rire si l'on maîtrise un minimum l'orthographe et la politesse (deux denrées en voie de disparition dans ce département de l'Est de la France). Un Tumblr a rassemblé les meilleures sorties dont voici un florilège (et encore toutes mes excuses pour le langage « fleuri » de certains). @YoungMuiaBaby menace « T'as vue comme y neige negro ! Tu me met un arrêté illico ou j'crame la préfecture ! » Un certain @BadDreeam est tout aussi direct : « Vazy fou un arret préfectoral juska vendredi 00h fait pas ta lopsa. » @NicoWayne3 invective « Oh met un arreter prefectoral ou jte nike ta mere ! » Réponse policée de la préfecture avec un sublime et culte « Etes-vous sûr d'utiliser le ton adéquat ? » Mais Nico est susceptible : « Tu veux pas que je te baise les pieds non ? »

Sur Twitter, la patience du communicant de la préfecture de Moselle a été louée. D'autres se sont étonnés : « Je ne savais pas qu'on pouvait écrire autant de fautes d'orthographe en 140 signes. » Logique pourtant. Ce n'est pas pour rien qu'ils ne veulent pas aller en cours... 
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce jeudi en dernière page de l'Indépendant.

Chronique : le théorème de la fracture appliqué au Mariage pour tous

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Un nouveau théorème est apparu avec l'arrivée d'internet et des réseaux sociaux ces dernières années : « Tout fait de société légèrement clivant se transforme en vif débat sans fin s'il s'échoue sur les plages numériques. » Le mariage « pour tous » ou « gay » (biffez selon votre sensibilité) en est l'exemple parfait. Comme à l'époque de l'affaire Dreyfus, chacun a un avis, une position, une conviction. Impossible de rester neutre.
La manif de dimanche amplifie encore la fracture. Guerre civile  en vue ? Non, car si les « anti » sont assez radicaux dans leurs revendications, les « pro » ont une arme de destruction massive à leur disposition : l'humour. Comment ne pas rire en lisant que Jésus, le premier, a fait l'article pour le mariage gay quand il dit à une douzaine d'hommes « Aimez-vous les uns les autres... »

Même ironie sacrilège pour cet abonné de Twitter : la Vierge Marie a fait appel à la PMA, « procréation miraculeusement assistée ».

Frigide Barjot s'enflamme dans des tirades beaucoup moins comiques. Pourtant son livre « J'élève mon mari » ne manquait pas de piquant à l'époque. 
La fracture touche même la météo. Sur Itélé, Thierry Fréret annonce des températures hivernales, et conseille aux manifestants de bien se couvrir. Mais sur France 3, Jean-Marc Souami estime qu'il n'est « pas la peine de mettre de mettre le nez dehors. Une journée à rester sous sa couette. » Quand un débat de société prend le dessus sur le temps qu'il fait, c'est que l'heure est grave !
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mercredi en dernière page de l'Indépendant.

BD : Grosse évasion en compagnie de "Fatman"

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Un ponte de la mafia américaine est en prison depuis quelques années. Il va y rester jusqu'à sa mort. Qui est proche. Un vieillard en train de perdre la tête. Un danger pour toute l'organisation. Il pourrait parler. Notamment quand il sera interrogé dans quelques semaines par un grand jury. Son petit frère, à la tête du clan, est bien décidé à le faire évader. Mais pour réussir il faut mettre toutes les chances de son côtés. En clair demander de l'aide à Carl, le roi de l'évasion. Cet Anglais, crane rasé, petites lunettes rondes, est surtout remarquable par son embonpoint. Fatman ne paye pas de mine, mais c'est le meilleur dans sa catégorie. Il va mettre au point cette évasion périlleuse et aux multiples enjeux.
Nouvel épisode de la série « La grande évasion », avec Denys au dessin et David Chauvel au scénario. Aussi dense qu'un film à gros budget, aussi intelligent que les séries télé US : cet album prouve que la BD peut largement rivaliser avec les meilleures productions audiovisuelles actuelles.
« La grande évasion, Fatman », Delcourt, 16,95 €

mardi 15 janvier 2013

Chronique : le cri du coeur de Manu Larcenet : "Ne votez pas pour moi !"

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Iconoclaste jusqu'au bout du pinceau, Manu Larcenet, auteur de bande dessinée, se distingue toujours par quelque action d'éclat. Il débute dans Fluide Glacial dans le domaine de l'humour, mais devient célèbre avec « Le combat ordinaire » et « Blast », des romans graphiques salués par la critique et le public. Sur son blog, « Epais et tordu », il s'en prend régulièrement aux critiques BD, aux forums, aux éditeurs, à ses collègues... Souvent sans nuance, limite méchant. La marque du génie, sans doute.
Ce week-end il poste un nouveau texte sur le festival d'Angoulême. La grand-messe du neuvième art (40e édition du 31 janvier au 4 février) modifie l'élection du « grand maître de l'année ». Les professionnels de la BD sélectionneront trois noms dans une liste de 16 auteurs proposés par les organisateurs. Quant aux précédents Grands Prix,  ils choisiront l'heureux élu parmi ces trois noms. 16 auteurs dont Manu Larcenet fait partie. Dans son billet, le créateur de Bill Baroud demande clairement de ne pas voter pour lui ! On reconnaît dans cette prise de position toute la modestie d'un dessinateur majeur. Enfin modeste, mais quand même pas au point de laisser ses collègues décider seuls. « Dieu lui-même me l’a dit : Votez Cosey. Et pas Larcenet, surtout. Et ne me faites pas de coup en douce, hein, je vérifierai chaque bulletin avec Dieu » écrit-il sur son blog.
Si j'étais auteur de BD, rien que pour l'embêter, je voterais Larcenet. D'autant qu'il le mérite largement ce titre de grand maître ! 
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mardi en dernière page de l'Indépendant. 

BD : quand les "Cambrioleurs" deviennent des voleurs de voleurs

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La construction européenne a considérablement modifié les pratiques économiques. Pour tous les secteurs. Même celui de la cambriole ! Exemple avec le premier tome d'une série très sombre signée Jake Raynal. Deux cambrioleurs se spécialisent dans le vol des autres malfrats. Pourquoi se compliquer la vie à fabriquer des drogues de synthèse puisqu'il suffit de les dérober à plus malhonnête que soi ? Ce n'est pas sans risque, mais les deux compères, anciens de la guerre des Balkans, ne sont pas à un cadavre prêt.
Après une présentation sommaire des activités des deux principaux protagonistes, l'histoire se déplace à Mostar. Cette ville est toujours coupée en deux. D'un côté les Musulmans, de l'autre les Serbes. Les rancœurs sont tenaces, la ville aux mains des gangs. Un endroit idéal pour les trafics en tout genre. Justement une cargaison très juteuse se profile à l'horizon : du combustible nucléaire.
Une vison très sombre de l'Europe et de son marché économique ouvert à toutes les perversions.
« Cambrioleurs » (tome 1), Casterman, 13,95 € 

lundi 14 janvier 2013

Chronique : Un génie est parti, RIP Aaron Swartz

aaron.jpg
Internet et les nouvelles technologies permettent l'éclosion d'une génération de génies, des visionnaires plein d'avenir. L'un des meilleurs,  des plus idéalistes, Aaron Swartz, 26 ans, ne bousculera plus les zélateurs d'un internet policé et protectionniste. Aaron s'est pendu le week-end dernier dans son appartement à New York. Le mois prochain, il devait être jugé dans une affaire de piratage de base de données des bibliothèques universitaires américaines. Il risquait 35 ans de prison. 
Aaron Swartz fait parler de lui dès ses 14 ans. Il participe avec d'autres chercheurs à la mise au point du format RSS. Un outil que l'on retrouve sur  les sites internet aujourd'hui et qui permet de recevoir sur sa boîte mail un lien pour toute mise à jour. Faciliter l'accession à la connaissance aura été le combat incessant d'Aaron Swartz. Il fonde le site communautaire Reddit et se révèle l'un des plus actifs contre les nouvelles lois antipiratage SOPA aux USA. Nouveau coup d'éclat quand il met gratuitement à disposition de tous les revues scientifiques et littéraires de plusieurs universités. Ces dernières ne le poursuivent pas, mais un attorney fait du zèle, pour l'exemple. Le procès n'aura finalement pas lieu. Aaron a préféré abandonner la partie au prix de sa vie.
Cory Doctorow, écrivain, souligne que « le monde est un meilleur endroit avec lui dedans. » « Little Brother » roman paru chez Pocket Jeunesse s'inspire un peu du parcours d'Aaron Swartz. Mais la fin est beaucoup moins triste...
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce lundi en dernière page de l'Indépendant.

dimanche 13 janvier 2013

BD : Tardi, père et fils


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Jacques Tardi, dès ses débuts dans le monde de la bande dessinée, a marqué son territoire. Malgré le succès de son héroïne, Adèle Blanc-Sec, il se lance dans des récits complets plus sombres sur la guerre 14/18. Et toute son œuvre est marquée par un profond et radical antimilitarisme. Celui ou celle, au ministère de la Culture, qui a décidé de lui décerner la Légion d'honneur n'a sans doute pas pris l'exacte mesure du personnage. Ainsi, le 2 janvier, Tardi fustige cette breloque : « je refuse avec la plus grande fermeté » la Légion d'honneur pour « rester un homme libre et ne pas être pris en otage par quelque pouvoir que ce soit », a-t-il déclaré à l'AFP. On n'en attendait pas moins de Tardi dont le dernier livre, un pavé de 200 pages sur les années de prison de son père en Allemagne est doublement poignant. L'histoire d'un Français pris dans la tourmente de ces années de guerre mais aussi les souvenirs d'un gamin au caractère bien trempé. L'affaire de la Légion d'honneur en est le dernier exemple en date...
« Moi, René Tardi, prisonnier de guerre, Stalag II B », Casterman, 25 €

samedi 12 janvier 2013

Chronique : Twitter, roi de la blague pourrie

humour, blague, twitterAu concours des blagues les plus pourries, Twitter est imbattable. Il paraît que les humoristes y puisent parfois des idées. Pourtant se distinguent  souvent par leur niveau dramatiquement bas. La faute peut-être à la longueur. 140 signes, pas énorme pour planter une situation et amener la chute. Voilà un petit florilège trouvé hier sur le micro-réseau social.  
Gontran Main fait dans le jeu de mot : « William Lemeyrgie est notre avenir. Économisons-le. » Dans le même genre, cette devinette de H. Patrice : « Quel est le sport préféré des racailles ? Tous les sports hippiques. Hippique ta voiture, hippique ton vélo, hippique ta mobylette... » 
Certaines sont abandonnées avant même d'avoir existé comme cette constatation de Diane Saint-Réquier ‏: « Je me tâtais à faire une blague à base de Kurde Cobain, mais en fait c'est pas drôle. »  Plus compliqué, arriver à faire sourire avec des considérations très personnelles comme Janine, auteur de BD : « Petit déjeuner : brioche. Déjeuner : brioche. Forme et consistance de mon corps : brioche ». Il arrive même que certains fassent des propositions de titres pour la presse. Jean-Daniel Flaysakier, médecin, propose : « Pilule de 3e génération : coup de frein sur les plaquettes »,  précisant qu'il s'agit d'une « titraille nulle et libre de droits »...
Le dernier mot revient à Hugues Serraf : « Sur Twitter, quand tu fais une vanne en 140 signes, il faut que tu l'expliques en 280. »
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce samedi en dernière page de l'Indépendant.

Chronique : Big Brother existe, il a de grandes oreilles

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Ras-le-bol des files d'attente. Poste, banque, cinéma, caisse de supermarché... Mieux vaut ne pas additionner toutes les heures perdues à patienter que cela soit enfin à son tour. Heureusement les nouvelles technologies permettent de raccourcir ce temps gâché. Du drive au billet d'avion acheté en ligne, internet déploie tous ses atouts.
Une étape supplémentaire va être franchie par les parcs Disney aux USA. S'il est bien un lieu où il faut être armé d'une patience à toute épreuve, ce sont ces parcs d'attraction. Entre chaque manège, vous passez de longs moments à détailler les autres visiteurs et tenter de calmer vos enfants. La révolution prendra la forme de bracelets dotés de puces RFID. Ce passe d'un nouveau genre servira aussi de moyen de paiement et de clé d'hôtel. Il vous renseignera sur le temps d'attente des animations et offre trois attractions (de votre choix) en VIP. Mieux, les animateurs seront eux aussi connectés. « Joyeux anniversaire Kevin ! » s'exclamera Mickey en accueillant votre petit dernier...
Cette technologie est cependant très décriée par les défenseurs des libertés individuelles. Une fois le bracelet enfilé, tout ce que vous ferez est enregistré et décortiqué. Une base de données inespérée pour les publicitaires. Impossible de cacher vos goûts, vos préférences culinaires ou de loisirs. Encore plus problématique quand il s'agit de mineurs. 
Big Brother existe. Il a de grandes oreilles... 
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue vendredi en dernière page de l'Indépendant.

vendredi 11 janvier 2013

Livre : August, courageux bonhomme dans "Wonder" de R. J. Palacio chez PKJ

Un monstre ? Non, August Pullman, 10 ans, le visage en désordre à cause d'un gène déficient. Il fait sa rentrée au collège. Mais comment supporter tous ces regards ?

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Emouvant, drôle et dramatique, ce roman de R. J. Palacio, s'il s'adresse aux adolescents, peut aussi intéresser leurs parents. Les passionner en fait. D'un sujet grave, cette auteur américaine en a fait un texte simple et lumineux. Découvrez August, sa malformation faciale, ses rêves, sa vie, son courage. Et tombez sous le charme d'un personnage hors normes, de ceux qui vous restent toute une vie en mémoire, comme si l'on avait partagé toutes ses déboires depuis la petite enfance.
Tout le texte est à la première personne. Au plus près de l'action. C'est August qui parle. Puis sa sœur, Via, ses amis et d'autres connaissances. August, Auggie plus familièrement, est un petit garçon de 10 ans surprotégé par sa mère. Intelligent, il ne sort que rarement à l'extérieur. Il n'est jamais allé à l'école. Auggie souffre d'une maladie rare, un gène déficient qui, à la naissance, a transformé son visage en champ de ruines. Bébé, il n'en était pas conscient. C'est avec les années, en constatant les yeux effarés de rares personnes extérieures qui tombaient en arrêt en le voyant, qu'il a compris combien il était différent. Difforme exactement, mais ce mot est banni dans la famille.
R. J. Palacio surmonte un premier écueil : la description. Elle fait cela tout en finesse dans la bouche même d'August, avec une pointe d'humour. Et parfois beaucoup d'émotion. Après une nouvelle confrontation difficile avec un adulte effaré, August trouve refuge dans les bras de sa maman. « Je sais bien que je suis un monstre » lui dit-il. « Elle m'embrassa partout sur le visage. Elle embrassa mes yeux qui tombaient trop bas. Elle embrassa mes joues qui sont si creuses qu'on dirait que quelqu'un y a enfoncé son poing. Elle embrassa ma bouche de tortue. Ses paroles douces m'ont apaisé. Mais aucun mot ne pourra jamais changer mon visage. » Supporter le regard des autres, les frayeurs, les moqueries : la vie d'August n'est pas une sinécure. On comprend pourquoi durant deux ans il n'est jamais sorti sans son casque d'astronaute qui lui cachait le visage, pourquoi il aime tant Halloween et les déguisements obligatoires. On comprend surtout l'angoisse du gamin quand ses parents lui annoncent qu'il va faire sa première rentrée au collège, en sixième.

Le regard des autres
Être au centre de tous les regards. Agréable quand on vous admire. Beaucoup moins quand on devine du dégoût, du rejet et même de la peur dans ces regards gênés. Mais August est courageux. Et a envie de tenter l’expérience. Peut-il avoir des copains, des amis, une vie normale ? Comment faire oublier ce visage de Quasimodo ?
C'est très dur au début. Mais heureusement, dans toute foule il y a toujours une ou deux perles rares. August, dès le premier jour, rencontre Summer. Une fillette ouverte et intelligente. Elle ne s'arrête pas aux apparences et découvre que derrière ce visage ingrat se cache humour et intelligence. Jack aussi apprécie August. Mais il le paiera le prix fort. Car le reste des enfants évite de parler et surtout toucher le « monstre » au risque d'attraper la « peste » si on ne se lave pas les mains dans les dix minutes. Jack devient lui aussi pestiféré.
Ce roman chorale alterne les points de vue. Jack donne sa vision des choses, Summer aussi. Sans oublier Olivia, la grande sœur d'August. Elle le protège, mais souffre aussi d'un certain abandon de la part de ses parents, accaparés par les souffrances d'August.
Un texte coup de poing, inspiré par une véritable rencontre, écrit par la maman de deux garçons « normaux ». Avec juste ce qu'il faut d'optimisme et de candeur pour le rendre terriblement crédible et inoubliable.
Michel Litout
« Wonder », R. J. Palacio, Pocket jeunesse PKJ, 17,90 €

jeudi 10 janvier 2013

Chronique : invasion de :poop: sur les murs Facebook

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Amis du bon goût, bonjour. Et passez votre chemin. Cette chronique n'est pas pour vous. Les caganers de Catalogne Sud n'ont pas le monopole de l'excrément rieur. Grâce à un collègue farceur, j'ai découvert tout le charme du poop (prononcez « poupe »). « Sur une zone commentaire, notamment sur Facebook, tu tapes :poop: Tu verras, c'est marrant ! » Inconscient, je me lance. Mais de nature un peu méfiante quand même (le sourire ironique du collègue laisse deviner une fourberie), je choisis le mur d'un ami de confiance. J'écris le mot magique, je valide et mon :poop: se transforme en un ravissant... étron. Très marrant ! Certes un peu embarrassant, mais marrant. Si j'étais meilleur en anglais j'aurais su que poop a la même signification que shit ou crap. Par chance, ma victime est un fan inconditionnel des pétomanes, autre façon de transgresser son stade anal. 
Sachez-le, badigeonner le mur virtuel de quelqu'un avec des excréments tout aussi factices s'exécute avec une facilité déconcertante.  Reste à savoir quel programmateur dérangé a réussi l'exploit d'associer cette suite de six caractères à l'image d'un étron ? 
Et pour les perfectionnistes, il existe même des sites pour récupérer des « emoticons » plus élaborés. Dans la catégorie « pooping » vous trouverez des fèces fumantes, des oiseaux atteints d'entérite aiguë, un plombier arrosé ou un smiley marchant dans une crotte : il y en a pour tous les (mauvais) goûts. 
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue mercredi en dernière page de l'Indépendant.

"Le Chinois" de Henning Mankell sort en poche chez Points

chinois, henning mankell, polar, pointsUne vengeance vieille de plus d'un siècle s'abat sur un petit village de Suède. Quel peut être le lien entre un jeune entrepreneur chinois et un petit village suédois ? La juge Birgitta Roslin va se retrouver impliquée dans cette vengeance traversant les siècles et les océans. Ce roman d'Henning Mankell, sans son héros fétiche, Wallander, débute dans un hameau perdu dans la neige et les forêts. Un photographe amateur, désirant immortaliser ces bourgades en voie de désertification, découvre un cadavre en partie dévoré par un loup. Un roman doublement prenant car on ne peut qu'avoir de l'empathie pour les deux parties : les Chinois du passé, la juge du présent. Entre il y a toujours cette violence, cette folie meurtrière des hommes, matière première de tout bon thriller. (Points, 8 €)

Chronique : jeu presque mortel

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Haro sur les jeux vidéos. Source fréquente de discorde familiale, entre frères et sœurs notamment, l'affaire peut aller beaucoup plus loin quand l'addiction aux manettes dépasse les bornes.
L'histoire se passe en Chine. Un bon père de famille se désespère. Son fils, 22 ans, titille le joystick à longueur de journée. Sans travail, ni volonté d'en trouver, il préfère vivre par procuration sur un jeu en ligne. Le père, à bout d'arguments a l'idée du siècle. Si son fils joue, c'est qu'il gagne et y trouve du plaisir. Pour le dégoûter, il faut qu'il perde.
Dans ses jeux favoris, style World of Warcraft ou Call of Duty, perdre c'est se faire tuer. Le paternel  recrute donc sur internet des tueurs à gages... virtuels. Ils ont pour mission de s'immiscer dans les parties du fils et de tout faire pour l'occire.
Imaginez, vous êtes en plein dégommage de terroristes à tire-larigot. Concentrés sur les tirs de l'ennemi. Et tout à coup, votre coéquipier, sans crier gare, vous abat froidement. Une fois, deux fois... De quoi piquer une crise d'épilepsie puissance mille. Le jeune joueur chinois se doute rapidement de l'embrouille. Il devine aussi que son père a organisé toute la mise en scène. Une petite explication plus tard, papa annule tous les contrats. Fiston a promet de lever le pied sur les parties et de chercher sérieusement du travail.
Tout est bien qui finit bien dans ce monde virtuel où l'on peut mourir 20 fois d'affilée, ou assassiner son propre fils, sans en faire le moindre cauchemar.
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce jeudi en dernière page de l'Indépendant.

mardi 8 janvier 2013

Chronique : Trois images au hasard pour résumer internet

gege.jpg
Internet déverse quotidiennement un flot d'images. Sans tri, ni mise en perspective. Le « choc des photos », marque de fabrique d'un hebdomadaire, est mis en pratique à tout moment. Trois exemples vus ce week-end.  
Le ridicule absolu en visionnant, sur le site officiel de la république de Mordovie, la photo d'un Gérard Depardieu engoncé dans un costume traditionnel de cette région de Russie. A un tel niveau de tartufferie, on ne comprend pas le foin fait autour de cet exil fiscal. Notre Gégé (de moins en moins national) est devenu l'un des ces personnages outrageusement caricaturaux inventés par les auteurs de Groland... 
L'émerveillement en détaillant l’œil blanchâtre et les tentacules d'un calamar géant filmé à 900 mètres de profondeur. Le monstre marin de 8 mètres de long a fait une brève apparition devant un sous-marin japonais spécialement affrété pour le filmer. 
L'horreur en comprenant les raisons d'une collision frontale triplement mortelle près de Nantes. Un jeune de 24 ans se filme en train de foncer à 200 km/h sur une petite route départementale. Pour quelques images si prisées sur certaines plate-formes vidéo, il prend des risques déments. La collision est effroyable. Le jeune conducteur est tué sur le coup ainsi que deux autres personnes dans l'autre voiture. On ne verra pas cette image sur internet, mais on l'imagine. C'est insoutenable. 
Ainsi vont les images sur internet. Parfois belles, parfois horribles, souvent banales. Le miroir sans tain de notre société.
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mardi en dernière page de l'Indépendant.

BD : Les griffes du boxeur

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Il y a un peu de BlackSad dans cette BD japonaise de Yoshihiro Yanagawa. Tous les personnages ont des visages de chats. De jolis matous, aux traits fins et délicats. Pourtant le héros, Nido, est un boxeur. Un dur. Surnommé la locomotive car il boxait toujours en avançant. Aujourd'hui, blessé, il est presque à la rue. Une rencontre va pourtant lui donner l'occasion de s'enthousiasmer à nouveau sur un ring. Loin d'être une BD sportive, l'histoire de Nido est surtout celle de la culpabilité d'un frère incapable de protéger son cadet. Un manga hors genre capable d'arracher quelques larmes aux plus sensibles.
« Bye bye, my brother », Casterman, 7,50 €

dimanche 6 janvier 2013

BD : 2013, l'année Groom

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Septante-cinq ans ! Spirou fête ses 75 ans en 2013. Le groom en rouge fait figure de grand ancien dans le monde de la BD franco-belge. Il a aussi la particularité de ne pas appartenir à son créateur, Rob-Vel, mais aux éditions Dupuis. Spirou a traversé les décennies passant de mains en mains. Avec cependant une période reine, quand Franquin s'est approprié le personnage après Jijé. La série a gagné en cohérence, en profondeur et en magie quand est apparu le Marsupilami. Spirou a également été dessiné par Fournier, Nic, Tome & Janry, Munuera et Yoann. La 53e aventure de Spirou et Fantasio, « Dans les griffes de la vipère » sera en librairie le 11 janvier. Premier étage d'une fusée à multiples moteurs qui sera en orbite vers n ovembre avec la parution de « La femme-léopard », le second Spirou par Yann et Schwartz, suite très attendue du « Groom vert-de-gris ». 

BD : Michel Vaillant, de père en fils

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Il a fait rêver les petits garçons dès qu'ils ont pu s'imaginer au volant d'un bolide. A grand renfort de bruitage à base de « VROOOAAAR ! » étalé sur toute la largeur de la page, Michel Vaillant représente l'idéal sportif dans toute sa splendeur. Premiers tours de roues en 1959 avec Jean Graton aux manettes. Pilote de Formule 1 pour la marque Vaillante, Michel côtoiera le milieu de la course automobile au fil des décennies. Il donnera l'envie de courir à un gamin nommé Alain Prost... Chaque épisode met en scène de véritables pilotes et des voitures réelles. Une bible pour tout passionné de sport auto. Si Michel Vaillant doit en être à sa 50e saison en Formule 1, il n'a presque pas vieilli. Miracle de cette BD qui ralentit le temps. Mais il n'est plus le jeune pilote impétueux des premières années. Michel Vaillant c'est aussi une saga familiale. Un aspect moins vrombissant mais essentiel de la série. Jean Graton a longtemps confié le dessin de la série à un studio de dessinateurs anonymes. Signe des temps, son fils, Philippe, gardien du temple et de la marque, a décidé de modifier les règles pour lancer en novembre dernier le premier tome d'une nouvelle saison. « Au nom du père » est une histoire écrite avec la collaboration de Denis Lapière, un pro du scénario (Alter Ego, Tif et Tondu) avec des dessins de Bourgne et Benéteau. Michel Vaillant s'est marié et a un fils. Ce dernier, pensionnaire dans une école suisse cause bien des problèmes à son père. Le premier de la lignée à se rebeller et rejeter l'entreprise familiale. Un album plus humain que les précédents. Tout en gardant le côté compétition automobile au plus près de la réalité. La reprise réussie par excellence. 


BD : Borée, la frontière fantasmée de Raspail et Terpant

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La bonne littérature peut devenir de la très bonne bande dessinée. Il suffit que l'adaptation soit fidèle et surtout que le dessinateur croit en son projet. Jacques Terpant, en proposant l'adaptation du roman « Sept cavaliers » de Jean Raspail aux éditions Delcourt prenait un gros risque. Rapidement les lecteurs ont plébiscité la saga des Pikkendorff et Terpant a logiquement poursuivi sa vision d'un monde à part, où honneur et courage sont des valeurs essentielles. Dans le second tome du Royaume de Borée, Henrick, à la tête d'une petite troupe, poursuit l'exploration de la frontière de l'est. Un monde inconnu, inhospitalier, protégé par un mystérieux petit homme couleur d'écorce.
« Le royaume de Borée » (tome 2), Delcourt, 14,30 €
PS : n'hésitez pas à faire un tour sur le site de Jacques Terpant. Il regorge d'illustrations inédites toutes plus belles les unes que les autres ! 

samedi 5 janvier 2013

BD : Yves Sente, le serial-repreneur

sente_yves[1].jpgQuel est le point commun entre Blake et Mortimer et XIII ? La première est une série mythique des années 50, la seconde un feuilleton d'espionnage dans l'Amérique contemporaine. Outre des tirages astronomiques, Blake et Mortimer ont le même scénariste, Yves Sente. Un spécialiste de la reprise. Il sait parfaitement se couler dans un univers mis en place par un autre. Entre hommage et véritable innovation, il est parvenu à imposer son style à ces monuments de la BD.
« On ne fait pas du Jacobs, on fait du Blake et Mortimer, c’est une nuance de taille. Jacobs, il n’y a que lui pour en faire » (1), déclarait-il en 2008. L'arrivée de Yves Sente dans le monde du scénario de bande dessinée est un peu dû au hasard. Ce Bruxellois, diplômé aux USA, devient directeur éditorial des éditions du Lombard. Chargé de relancer le catalogue de la vieille maison d'édition belge, il écrit, sous le couvert de l'anonymat, le scénario d'un Blake et Mortimer en prévision de la reprise de ces personnages par Van Hamme et Ted Benoit. Ce sera « La machination Voronov » dessinée par Juillard. Coup d'essai, coup de maître. Rapidement les titres se multiplient et les ventes s'envolent. « Ces ventes sont pour moi le reflet de ce besoin qu’on les gens de prolonger l’enfance, de prolonger leurs rêves d’enfants » explique Yves Sente. « Nous ne sommes pas là pour soigner notre égo mais pour se mettre au service de la série. » Un état d'esprit qu'il ne quitte pas pour donner une suite aux aventures de XIII avec Jigounov au dessin ou de Thorgal. Ce serial-repreneur est l'assurance de solides intrigues pour des héros en ayant déjà vu de toutes les couleurs.
Derniers albums parus : « Le serment des cinq lords » (Blake et Mortimer 21), 15,25 €. « L'appat » (XIII 21), Dargaud, 11,99 €.





(1) : entretien paru sur « La Marque Jaune », site dédié à l'univers de Jacobs. http://www.marquejaune.com

BD : Les héros font de la résistance

Blake et Mortimer, Alix, Michel Vaillant, Lucky Luke... Cela fait plus d'un demi-siècle que ces personnages de BD vivent des aventures trépidantes. Ils n'ont pas pris une ride. Leurs créateurs par contre ont tous passé la main à des auteurs plus jeunes. Ces derniers ont modernisé les séries tout en restant fidèles à l'univers d'origine.  
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Que sont devenus les héros des bandes dessinées de notre jeunesse ? Ils n'ont pas pris une ride, toujours prêts à partir à l'aventure pour mettre hors de nuire les « méchants ». Le temps n'a pas de prise sur les personnages de papier. De Blake et Mortimer à Alix en passant par Astérix ou Spirou, ils ont normalement l'âge de partir à la retraite mais n'ont toujours pas raccroché. Leurs « papas » d'origine ont souvent raccroché leur plume depuis des lustres, mais succès oblige les maisons d'éditions ont trouvé des accords avec les ayants-droit pour prolonger les sagas, à l'exception notable de Tintin, Hergé a refusé que son personnage lui survive. 
En cette fin d'année 2012, une salve de titres de « grands anciens » envahit les rayons des librairies. Premier à tirer (toujours plus vite que son ombre), Lucky Luke dès octobre. Le cowboy solitaire animé par Morris durant près de 70 aventures, a changé de dessinateur. Achdé se charge de faire vivre l'éternel duel entre le héros et l'irrésistible quatuor des Dalton. Le succès d'une reprise doit beaucoup à la qualité du scénario. Lucky Luke à ce niveau bénéficie de ce qui se fait de mieux avec le duo Pennac Benacquista. Deux écrivains de renom au service d'une série où l'ombre de Goscinny plane toujours. 
Les deux autres grosses sorties de la fin d'année (le tirage de base est largement supérieur à celui du prix Goncourt) est à mettre à l'actif de Yves Sente, repreneur attitré des plus gros best-sellers du 9e art. En moins d'un mois il aligne un Blake et Mortimer (« Le serment des cinq lords ») et un XIII (« L’appât »). Les deux héros de Jacobs, nés en 1946 dans les pages de l'hebdomadaire Tintin, symboles du style british, sont figés dans les années 50. Juillard dessine cet épisode après Ted Benoit ou René Sterne. 
Plus jeune, XIII a pulvérisé des records de vente durant les années 80. L'espion imaginé par Van Hamme et Vance, a repris du service toujours grâce à Yves Sente et Jigounov au dessin.
Si la BD est un secteur économique florissant, elle le doit beaucoup à ces héros indémodables. Pour preuve la résurrection de Michel Vaillant ou  Iznogoud cette année. Et le meilleur est à venir en 2013. Spirou fête ses 75 ans dans un feu d'artifices de parutions alors qu'Astérix, pour la première fois ne sera plus dessiné par Uderzo. Ferri (scénario) et Conrad (dessin) auront la lourde tâche de relancer le Gaulois le plus célèbre de la planète.   
Dossier paru dans Bol d'Air, supplément culturel de l'Indépendant.

BD : Monstres au lycée et "Pleine Lune"

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Dans le petite monde très masculin des scénaristes de BD, Isabelle Bauthian est l'exception qui confirme la règle. Déjà remarquée dans « Effleurée », elle multiplie les projets et chaque nouveauté confirme son talent, son éclectisme et sa parfaite connaissance des goûts du public d'aujourd'hui. « Pleine Lune » est un subtil mélange de fantastique et de romance au lycée. Koline, adolescente romantique, en pince pour Aurel, un garçon secret. Lors de la fête d'anniversaire d'une amie, ses copines boivent une supposée potion magique. L'effet n'est pas immédiat mais le lendemain, c'est un véritable cauchemar qui s'abat sur le lycée. Aurel révèle alors son véritable visage. Cela ne va qu'amplifier l'amour de Koline. Loin d'être réservée aux adolescentes fan de Twilight, cette BD dessinée par Saponti peut intéresser tous les publics.
« Pleine Lune » (tome 1), Dargaud, 9,99 €