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mercredi 17 janvier 2024

Cinéma - L’horreur cachée dans “Les chambres rouges”

Film de Pascal Plante avec Juliette Gariepy, Laurie Fortin-Babin, Elisabeth Locas.



Encore un film sur un serial-killer ! Mais les amateurs de reconstitutions gore en auront pour leur argent. Le scénariste et réalisateur canadien Pascal Plané aborde le problème à travers le prisme de deux jeunes femmes, « fans » d’un homme accusé d’avoir torturé, violé, et dépecé trois adolescentes. Tout en filmant ses actes et en les diffusant sur le dark web au sein de ces « chambres rouges » de sinistre réputation. Le réalisateur dans ses notes de production annonce la couleur : « Au terme de cette plongée au plus sombre de la nature humaine, je ne peux que souhaiter que Les chambres rouges vous colle à la peau. Qu’il vous surprenne. Qu’il vous hante. » Un pari gagné même si, il faut bien le reconnaître, on sort de la séance assez déstabilisé.

À l’ouverture du procès elles sont deux à faire la queue pour avoir une place dans le public. Kelly-Anne (Juliette Gariepy) et Clémentine (Laurie Fortin-Babin). Si la seconde, amoureuse de l’accusé, exubérante, clame haut et fort sa certitude qu’il est innocent, la seconde, mutique, semble plus impénétrable dans ses buts.

C’est pourtant bien pour le tueur présumé (sur les vidéos retrouvées par le FBI, le tueur est toujours cagoulé, mais l’accusation affirme que ses yeux l’ont trahi) que ce mannequin, riche, solitaire, vivant dans le luxe en gagnant des sommes folles en jouant au poker en ligne, met son quotidien en stand-by.

Un film glaçant, du début à la fin. Virtuose quand il s’agit de filmer le procès, effrayant quand on pénètre dans l’intimité des deux jeunes fans. Reste les quelques images des séances dans les chambres rouges, entraperçues à travers les écrans. Elles vous hanteront. À jamais.

 

dimanche 5 mars 2023

BD - Deux romans graphiques pour entrer dans l'intimité des pires tueurs

 On est fasciné par les monstres. La preuve avec ces deux romans graphiques racontant la vie d’un tueur en série américain et de la bande de tueurs à gages employée par Pablo Escobar pour protéger son fils.

Nouveau titre dans la collection « Stéphane Bourgoin présente les sérials killers ». Jean-David Morvan est au scénario pour raconter la vie de Dennis Rader, plus connu sous son nom d’affreux : BTK comme Blind Torture Kill (aveugler, torturer tuer). Ils s’y sont mis à trois pour dessiner ce récit glaçant : Sergio Montes, Facundo Teyo et Francisco Del E.

BTK a tué presque exclusivement dans l’État du Kansas dans les environs de la ville de Wishita entre 1974 et 1991. Arrêté en 2005, il a été condamné à la réclusion à perpétuité et est toujours derrière les barreaux. Dennis semble un enfant dérangé psychiquement. Il aime attacher ses victimes. Il commence sa « carrière » à 30 ans en massacrant presque toute une famille (le père, la mère et deux enfants). Il récidive une quinzaine de fois et s’attaque de préférence aux jeunes femmes.


C’est quand la police soupçonne un inconnu qu’il envoie ses premières lettres de revendication signées BTK. Il semble aussi vénérer les serial-killers, cherchant sans cesse à les dépasser dans l’ingéniosité et la barbarie. Le récit alterne reconstitutions des meurtres, tâtonnements des enquêteurs et surtout entretien de BTK avec un certain Jallieu, universitaire français, double de papier de Stéphane Bourgoin. Une BD à ne pas mettre entre toutes les mains tant le discours de Dennis Rader est dérangeant.

Et pour compléter la BD, en fin de volume, un long dossier présente le profil psychologique de BTK suivi de la retranscription de ses aveux concernant ses premiers meurtres.

Autres tueurs au centre d’une BD, mais cette fois ce sont des professionnels de la profession. L’histoire est en réalité directement tirée des souvenirs de Juan Pablo Escobar, fils de Pablo Escobar, célèbre narcotrafiquant colombien. Un scénario écrit en collaboration avec l’Argentin Pablo Martin Farina et dessiné par l’espagnol Alberto Madrigal. 120 pages qui font le portrait des « nounous » du petit Escobar.

Des hommes et une femme qui tuent comme on respire, toujours prêts à se sacrifier pour protéger le descendant du grand patron.

Tout commence par une double bavure. Chargés de faire évader un indicateur précieux d’Escobar, ils ratent leur coup et ne ramènent qu’un cadavre. Au moment des explications le ton monte et un des tueurs de la bande reçoit une balle dans la tête. Qui a tiré ? Juan Pablo se souvient et fait le CV des différents suspects, des amis malgré leur propension à éliminer toute personne ce qui semble un tant soit peu menaçant. On découvre donc les parcours de Samuel Latuca, « malhonnête et arrogant, addict aux drogues dures, impitoyable et insidieux », Ricardo Amargo « bandit dur et froid qui tire sans hésiter et avec une précision à toute épreuve », Luis Mandarina « type moche, très moche. Lèche-cul du patron et prêt à mourir pour lui » ou La Negra « devenue tueuse à gages de par sa grande habileté avec les armes. Impitoyable, adepte de la torture. »

Une sacrée galerie mais au final on ne peut que les trouver sympathiques. Sans doute à cause du regard de ce gamin de huit ans qui leur doit d’être encore en vie de nos jours.

« BTK, Dennis Blind Torture Kill Rader », Glénat, 17,50 €
« Escobar, une éducation criminelle », Soleil, 18,95 € (parution le 5 avril)

dimanche 23 septembre 2018

BD - Comment ne pas aimer la Barcelone de "L'art de mourir par Raule et Berthet


Raule est de Barcelone. Raule aime Barcelone. Le scénariste de Jazz Maynard, dans la préface de cet album dessiné par Philippe Berthet explique qu’il aime Barcelone, « ma ville invisible, mystérieuse, belle et brutale ». La ville de Gaudi sert de décor à cette histoire sombre comme la collection qui l’héberge, « Ligne noire ».

Un policier français, Philippe Martin, se rend d’urgence dans la capitale catalane. Une jeune fille, étudiante en histoire de l’art, est retrouvée morte dans sa baignoire. Un suicide selon toute probabilité. Dans une lettre d’adieu, elle parle de son père, ce policier français qu’elle n’a jamais connu. De lui, elle a cette passion pour les chansons de Jacques Brel. Lui ne savait pas qu’il avait une fille. La femme avec qui il vivait, l’a quitté il y a 25 ans. Enceinte visiblement. Il se découvre une fille. Et doit en faire le deuil immédiatement.


Le récit devient de plus en plus mystérieux, étonnant et va glisser vers le polar pur et dur. Avec coups de théâtre et scènes d’action dans des lieux emblématiques de cette ville « belle et brutale », du téléphérique du port au labyrinthe d’Horta.

➤ « L’art de mourir », Dupuis, 14,99 €

lundi 15 mai 2017

Thriller : les ténèbres souterraines du "Jour du Chien" de Patrick Bauwen



Simple moyen de transport pour des millions de Franciliens, le métro est beaucoup plus pour certains détraqués. Ce monde clos, tel un iceberg, ne montre qu’une infime partie de son réseau. Là où les lumières n’existent pas, les ténèbres règnent. Le Chien en a fait son royaume, son territoire de chasse. Ce psychopathe, après avoir poussé d’innocentes victimes sous les rues des rames, se réfugie dans des salles à l’abandon. Là, il a quelques esclaves sur lesquels il peaufine son art de la vivisection.
Le nouveau thriller de Patrick Bauwen est violent. Ce Chien va marquer les esprits. Pourtant ce n’est qu’un personnage secondaire. Le récit se focalise sur Christian, un médecin aux urgences. Dépressif depuis la mort de sa femme, Djeen. Justement poussée dans le métro par le Chien. Quand en direct sur une application du genre de Périscope, il se fait agresser dans le métro, il découvre après coup que la jeune femme, morte depuis trois ans, assiste à la scène. Une intrigue pleine de chausse-trappes, avec en plus du Chien, un couple de politiciens corrompus, des fêtes nocturnes sans limites, un policier bourru et une belle juge, planche de salut de Christian dans sa déprime chronique.
Reste à savoir si Djeen est vivante. A moins que cela soit son fantôme, revenu des profondeurs sombres du métro, qui poursuit Christian et le Chien.
➤ « Le jour du Chien » de Patrick Bauwen, Albin Michel, 21,50 €

mercredi 23 novembre 2016

Thriller : La glace de la résurrection dans "Le cadavre était presque parfait"

Un cadavre venu du passé sème le désordre sous l’œil débonnaire du héros très british imaginé par Giles Milton.
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Un bon héros récurrent de roman policier doit avoir un métier atypique. Terminé le temps ou commissaire ou détective privé suffisait à le rendre intéressant. Giles Milton, qui semble bien décidé à faire vivre plusieurs aventures à son personnage Jack Raven, n’a pas choisi la facilité côté CV. Jack, professeur british, est exactement « paléopathologiste, spécialisé en anthropologie médico-légale ». Ce que sa dernière cliente résume par « spécialiste en cadavre, c’est l’expert en criminologie archéologique le plus qualifié du milieu. »
En plein été, alors qu’il s’ennuie et se lamente car sa petite amie (une journaliste allemande) vient de le quitter, il reçoit une proposition qu’il ne peut refuser. Zakron, société américaine spécialisée en cryogénie veut ses lumières pour identifier le cadavre d’un homme entièrement nu et parfaitement conservé retrouvé dans les glaces du Groënland. Rapidement il s’aperçoit que sa venue n’est pas souhaitée par tous les membres du conseil d’administration. Pour eux, le cadavre est celui d’un soldat américain disparu en 1944. Tout est déjà réglé pour le rendre, avec les honneurs, à sa famille.
■ Dégeler le mort
En réalité, le mort, absolument préservé dans la glace, sera le premier à tester une nouvelle technique pour « réveiller » des cadavres gelés. Zakron conserve dans ses frigos de riches clients persuadés que dans un lointain avenir, ils pourront être dégelés, être rajeunis, devenir quasi immortels. Une expérience top secret qu’un vulgaire Anglais ne doit pas ébruiter.
Cela n’empêche pas Jack de continuer ses recherches. Sur la raison du décès et l’identité du mort. Quand il découvre la vérité, il est trop tard : l’expérience a débuté. Or il ne s’agit pas du tout d’un soldat américain. Les multiples cadavres qui jonchent les pages suivantes lui donnent malheureusement raison. Une seule chose importe désormais : arrêter ce massacreur venu du passé.
Entre polar classique, notamment avec l’intervention de policiers pas très futés, précis de science-fiction et récit historique voire fantastique, ce roman tape large dans les intérêts des lecteurs. Et comme l’ensemble est cohérent et parfaitement écrit, on en ressort avec l’impression d’être beaucoup plus intelligent concernant la seconde guerre mondiale au Groënland, les techniques de cryogénie et même les secrets pour séduire les jolies femmes américaines divorcées avec enfants à charge. Tout cela grâce aux lumières de Jack Raven.
➤ « Le cadavre était presque parfait », Giles Milton, Buchet Chastel, 22 €

mercredi 10 août 2016

Livre : Kaput, tueur du passé



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Comment devient-on un assassin, un tueur ? Le narrateur de ces quatre romans, repris dans une intégrale au Fleuve Noir, raconte en détail sa longue descente aux enfers. Jusqu'à la scène finale (celle d'ouverture en l'occurrence) au cours de laquelle il perd la vie sous le couperet de la guillotine. Cezs romans, parus au début des années 50, étaient signés Kaput. En réalité c'est Frédéric Dard qui se cachait derrière ce pseudonyme. Auteur infatigable, il sortait un roman par mois, devenu un véritable pilier de la collection Spécial Police. Si San-Antonio, son héros de prédilection, était une version optimiste de la justice, autant Kaput est sombre. Des romans noirs qui étaient un peu inspirés de l'univers d'André Héléna. Bourré d'expressions d'argot, le récit de la vie de Kaput est publié dans sa version originale, exactement avec les expressions de l'époque. Un côté vintage qui plaira aux plus âgés.
« Un tueur, Kaput » de Frédéric Dard, Fleuve Noir, 21,90 euros


mercredi 29 juillet 2015

DVD - La réalité pour ultime inspiration

Un flic, par ailleurs écrivain, devient le « nègre », d'un redoutable assassin. « Pacte avec un tueur » est un film noir, typique des années 80.Blessé dans un hold-up, un policier en fait un best-seller. Des années plus tard, sans inspiration, un tueur va lui proposer de raconter sa vie jalonnée de meurtres. Avec deux objectifs : être le "gentil" de l'histoire et dénoncer les magouilles de son ancien patron, un riche homme d'affaires de Californie. Le scénario, alléchant, est signé Larry Cohen, une pointure dans sa catégorie. Lancé avec la création de la série des "Envahisseurs", il a multiplié les scripts, les vendant aux plus offrants, se réservant quelques réalisations, généralement les plus gore comme la série des "Monstres".


"Pacte avec un tueur" est longtemps resté dans les cartons des maisons de production. Larry Cohen espérait des "superstars" pour interpréter les deux rôles principaux. Finalement ce sera James Woods pour Cleve, le tueur et Brian Dennehy en policier, connu sous son nom de plume, Dennis Meechum

Après une scène d'ouverture nerveuse et sanglante (un hold-up dans le dépôt du commissariat où Dennis officie), on retrouve le flic dans une descente sur le port. Un peu enrobé, il a toutes les peines à suivre un voleur de diamants. D'ailleurs ce dernier est sur le point de lui tirer dessus quand un tueur providentiel fait son apparition et lui sauve la vie. Cleve tient à Dennis car il est persuadé que ce dernier est l'homme idéal pour raconter sa vie, son œuvre. Depuis une vingtaine d'années, Cleve officie comme tueur à gages pour un riche magnat. Licencié comme un malpropre, il veut se venger en dévoilant comment le milliardaire a acquis son pactole. Dennis, s'il refuse dans un premier temps, accepte car il n'a plus d'inspiration et ses éditeurs lui mettent de plus en plus la pression. Typique des films des années 80 s'appuyant sur un duo désapparié, "Pacte avec un tueur" est réalisé par John Flynn dont le plus gros succès reste "Haute Sécurité" avec Stallone.

Larry Cohen dans le texte
La sortie du film en DVD permet de retrouver cette ambiance des années 80, quand fumer partout était permis et que l'absence de téléphones portables simplifiait certains rebondissements. L'époque aussi où les producteurs avaient toujours le dernier mot. Dans les bonus, Larry Cohen revient sur la genèse de ce film et sa fin qu'il qualifie de "catastrophique". Il est vrai que la scène finale confine au ridicule quand la fille de Dennis se précipite dans les bras du méchant, armé de surcroît, se transformant en otage idiote et pathétique. Dans cette même interview de Larry Cohen, il distille avec fiel des piques sur les acteurs et les producteurs, révélant au passage qu'en plus de sa forte paranoïa (c'est toute la trame des Envahisseurs) il souffre d'une excroissance de l'ego quand il déclare sans ambages que le film aurait forcément été meilleur si c'était lui qui l'avait réalisé...
"Pacte avec un tueur", Wild Side, 19,99 euros le DVD, 24,99 euros le blu-ray


mercredi 4 mars 2015

DVD - Une vengeance à plus de 100 cadavres dans le film d'action "John Wick"

« John Wick » est colère. On lui vole sa voiture et on tue son chien. Malheur au petit voyou...

Depuis la mort de sa femme bien-aimée, John Wick (Keanu Reeves) passe ses journées à retaper sa Ford Mustang de 1969, avec pour seule compagnie sa chienne Daisy. Il mène une vie sans histoire jusqu’à ce qu’un malfrat sadique, nommé Iosef Tarasof (Alfie Allen), remarque sa voiture. John refuse de la lui vendre. Iosef, n’acceptant pas qu’on lui résiste, s’introduit chez John avec deux complices pour voler la Mustang et tuer sauvagement Daisy…
John remonte la piste de Iosef jusqu’à New York. Le malfrat est le fils unique d’un grand patron de la pègre, Viggo Tarasof (Michael Nyqvist). La rumeur se répand rapidement dans le milieu : le légendaire tueur cherche Iosef. Viggo met à prix la tête de John : quiconque l’abattra touchera une énorme récompense. John a désormais tous les assassins de New York aux trousses.
Film d’action absolu, les combats vont crescendo. Keanu Reeves s’est entraîné durant de longs mois pour maîtriser les arts martiaux. Mais comme son arme de prédilection reste le pistolet, il a imaginé le « gung-fu », mélange de kung-fu avec un gros calibre à la place du nunchaku. La mafia russe lancée à ses trousses est rapidement décimée. Ils ont beau être des dizaines à l’attaquer, ils ne font pas le poids. À l’arrivée, le spectateur pointilleux peut se mettre à compter le nombre de cadavres. À vue de nez, on dépasse la centaine... Réalisation nerveuse, dialogues minimalistes, acteurs secondaires excellents (Michael Nyqvist notamment), le film est un concentré d’adrénaline. Au rayon des bonus, le making of est fractionné en une dizaine de petits reportages du Code de conduite des tueurs à la présentation du Blue Circle, la boîte de nuit secrète réservée à la pègre new-yorkaise.

« John Wick », Metropolitan films, 19,99 le DVD, 24,99 euros le blu-ray


samedi 26 janvier 2013

BD - Tuer, toujours tuer...



Très difficile la reconversion professionnelle du héros de la série écrite par Matz et dessinée par Jacamon. Riche, il n'a plus besoin de travailler pour subvenir aux besoins de sa petite famille. Mais il est des métiers plus difficiles que d'autres à abandonner. Le Tuer reprend donc du service, plus par désœuvrement que par nécessité. Il se met au service d'un ami colombine devenu ministre. Pour favoriser son accession au sommet de l'État, le Tueur va « éliminer » quelques obstacles. Nouveau cycle pour cette série de plus en plus littéraire. La voix intérieure du Tueur est parfaitement retranscrite par Matz qui ferait mieux d'écrire un polar plutôt que de la BD ou des jeux vidéo.
« Le tueur » (tome 11), Casterman, 10,95 €

jeudi 10 janvier 2013

Billet - Jeu presque mortel


Haro sur les jeux vidéos. Source fréquente de discorde familiale, entre frères et sœurs notamment, l'affaire peut aller beaucoup plus loin quand l'addiction aux manettes dépasse les bornes.

L'histoire se passe en Chine. Un bon père de famille se désespère. Son fils, 22 ans, titille le joystick à longueur de journée. Sans travail, ni volonté d'en trouver, il préfère vivre par procuration sur un jeu en ligne. Le père, à bout d'arguments a l'idée du siècle. Si son fils joue, c'est qu'il gagne et y trouve du plaisir. Pour le dégoûter, il faut qu'il perde.
Dans ses jeux favoris, style World of Warcraft ou Call of Duty, perdre c'est se faire tuer. Le paternel  recrute donc sur internet des tueurs à gages... virtuels. Ils ont pour mission de s'immiscer dans les parties du fils et de tout faire pour l'occire.
Imaginez, vous êtes en plein dégommage de terroristes à tire-larigot. Concentrés sur les tirs de l'ennemi. Et tout à coup, votre coéquipier, sans crier gare, vous abat froidement. Une fois, deux fois... De quoi piquer une crise d'épilepsie puissance mille. Le jeune joueur chinois se doute rapidement de l'embrouille. Il devine aussi que son père a organisé toute la mise en scène. Une petite explication plus tard, papa annule tous les contrats. Fiston a promet de lever le pied sur les parties et de chercher sérieusement du travail.
Tout est bien qui finit bien dans ce monde virtuel où l'on peut mourir 20 fois d'affilée, ou assassiner son propre fils, sans en faire le moindre cauchemar.

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce jeudi en dernière page de l'Indépendant.

samedi 23 juillet 2011

BD - Le Tueur devient capitaliste

Le Tueur voudrait bien prendre sa retraite. Fatigué d'assassiner sur commande, il a envie de vivre paisiblement près de la femme qu'il aime et de son enfant. Mais pas facile de décrocher. Notamment quand on se retrouve catalogué agent cubain par les « Étasuniens ». Tuer des affreux pour des clients encore plus mauvais, cela forge une conscience politique. 

Dans le précédent album, il semblait avoir choisi son camp. Mais finalement un nouveau contrat (et une entourloupe des Cubains) le pousse à accepter une proposition d'un ancien de la CIA et du lieutenant d'un cartel colombien : créer une société pour exploiter le pétrole cubain. Matz, le scénariste, inverse radicalement le parcours du héros. Même s'il n'était pas spécialement sympathique, il semble devenir ouvertement détestable. Mais cela ne pourrait être qu'une impression.

Cette série, complexe et prenante, n'a jamais été politiquement correcte et encore moins simpliste. Niveau dessin, Jacamon se permet de plus en plus de très grandes cases pour une mise en page dépouillée. On admirera plus spécialement cette fois ses décors désertiques à la chaleur implacable très bien rendue par les couleurs.

« Le Tueur » (tome 9), Casterman, 10,40 € 

jeudi 3 septembre 2009

BD - Un Tueur de plus en plus philosophe


La Havane. Le tueur est en mission. Il doit assassiner un jeune et brillant politicien cubain. D'habitude, il ne se pose pas de questions. Mais cette fois il ne sent pas ses commanditaires. Et puis il apprécie ce pays. Alors il va tenter de jouer un double jeu. Le septième titre de cette série écrite par Matz et dessinée par Jacamon marque un tournant. 

Le héros, froid et sans pitié des précédents épisodes, s'humanise. Un changement longuement expliqué dans un prologue où le tueur s'interroge sur l'Homme et sa propension à torturer, tuer, massacrer : « Tout le monde s'accorde à dire que l'homme est intelligent. Mais il est surtout mauvais. Et il hésite rarement à se livrer à ses pulsions les plus ignobles. » A Cuba, il considère que ce n'est pas le pire des pays. 

Alors pourquoi ne pas collaborer avec les Castristes et s'installer dans cette île, victime du blocus américain mais où on ne meurt pas de faim et où les soins sont gratuits. Reste à passer le premier obstacle bureaucratique, la belle Katia, qui elle aussi pourrait bien jouer un double jeu. Une BD très réaliste de qui la rend encore plus passionnante.

« Le Tueur » (tome 7), Casterman, 10,40 € 

lundi 16 mars 2009

BD - Petiot, vie et morts


La France n'a rien à envier aux USA en matière de serial-killers. On se souvient de Landru et cet album de Rodolphe (scénario) et Jeanne Puchol (dessin) nous remet en mémoire un autre assassin célèbre : le docteur Petiot. 

Il a débuté sa "carrière" dans un gros bourg de l'Yonne. Jeune médecin il a rapidement une bonne clientèle et parvient même à se faire élire maire. Mais déjà une odeur de mort persiste derrière son passage. Femmes de ménages disparues, patients évaporés : les premières disparitions et mises en cause l'obligeront à trouver refuge à Paris, dans les années 30. Il y fera fortune et augmentera son activité durant l'occupation allemande. 

Le sinistre docteur Petiot fera croire à de pauvres malheureux qu'il va leur faire passer la ligne de démarcation. Ils ne verront que la chaudière du tueur, finalement jugé et exécuté à la Libération. Le premier tome d'une nouvelle série sur les grands « Assassins ».

« Assassins » (tome1), Casterman, 10 € 

mardi 4 décembre 2007

BD - Histoires de meurtres

Véritablement passionnante et étonnante cette nouvelle série, écrite par Didier Convard et dessinée par Denis Falque. Ne croyez pas qu'il s'agit d'une nouvelle biographie d'un tueur en série ayant sévit il y quelques années. Certes on pourrait le croire en découvrant les première planches, se déroulant en 1980 sur le bassin d'Arcachon. Un jeune homme tente de séduire une adolescente. Face à son refus, il lui attache les chevilles avec une ficelle et lui met un baillon dans la bouche. Puis... 

Changement radical d'ambiance dans la séquence suivante. De nos jours, le maire d'une grande ville donne un bal à l'occasion de ses 20 ans de mariage. En pleine soirée, un inconnu lui remet un DVD. Dessus, l'assassinat de sa jeune maîtresse, une étudiante en journalisme. Le maire demande à un ami policier de récupérer l'ordinateur portable de la jeune femme. Bien que persuadé qu'il réalise une énorme bêtise, le policier s'exécute. Il perturbe ainsi sa propre enquête sur le tueur à la ficelle, un assassin qui habituellement tue des prostituées en plein air après leur avoir attaché les chevilles. 

Magouilles politiques, chantage, secrets inavouables : cette série, outre une intrigue pleine de rebondissements, explore un monde peu mis en valeur par la BD.

"Le protocole du tueur", Glénat, 9,40 € 

vendredi 19 octobre 2007

BD - Retour d'une fine gâchette

Il nous aurait presque manqué. Pourtant il est solitaire, froid, sans pitié et très professionnel. Le Tueur imaginé par Matz et Jacamon est de retour. Une éclipse au cours de laquelle il a troqué ses petites lunettes rondes d'intellectuel pour des solaires sportives à la mode. Quatre années au cours desquelles il a pris du recul. 

Il a suffisamment d'argent pour être à l'abri mais il s'ennuie dans le petit paradis tropical du Venezuela : « L'inactivité commençait à sérieusement me peser. J'avais besoin d'action. Et pour moi, cela signifiait faire ce que je savais faire. La seule chose que je savais faire... » Il accepte donc plusieurs contrats d'un même commanditaire. Un courtier en pétrole, le sous-directeur d'une banque.

 Du classique. Mais il a un doute quand il découvre l'identité de sa troisième victime : une religieuse très impliquée dans l'aide aux enfants des bidonvilles de Colombie. Pour la première fois il hésite à presser sur la gâchette. Un petit retard qui n'est pas du goût du commanditaire qui lui fait comprendre (avec force) qu'il n'a pas le choix. 

Retour gagnant pour ce héros hors normes. En cinq tomes il était devenu une référence du polar noir. Il revient un peu contre le gré des auteurs qui voulaient passer à autre chose. Le lecteur, lui, en redemande...

("Le tueur", Casterman, 9,80 €)