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lundi 23 septembre 2024

Science-fiction - Le périple intersidéral de « La porteuse de mort »

Sur la planète Factis, mourir est plus simple que survivre. Dix Low, médecin, tente de sauver des vies. Travail de titan pour un roman de SF brûlant et violent.

Un peu tombé en désuétude, le space opéra est pourtant un genre qui permet aux auteurs les plus imaginatifs de façonner des mondes nouveaux et étonnants. L’action de La porteuse de mort, roman signé par l’Anglaise Stark Holborn, est principalement concentrée sur la planète nommée Factis. 

Loin d’être un paradis. Désert, vents violents, climat aride et caniculaire, rien n’y pousse et les seules bestioles qui survivent, ce sont des serpents agressifs et venimeux. Dix Low, seule au volant de son mulet (sorte de véhicule tout-terrain), ce médecin tente, souvent en vain, de sauver des vies. Dans ses cauchemars, elle tient un compte. Qui n’est jamais à l’équilibre. Combien d’hommes et de femmes devra-t-elle encore sauver pour effacer sa dette ? 

Quand un astronef se crashe, elle a l’occasion de reprendre son travail. Une enfant sort des décombres, « des cheveux noirs encadrent un petit visage rendu gris par l’hémorragie, masqué par une couche de sang séché et de sable. » Une fillette mais qui n’est pas ce qu’elle parait. Gaby est une générale, membre de la force mineure, composée d’enfants-guerriers. 

Une orpheline transformée en bête de guerre dès son plus jeune âge. Comment ces deux femmes, dans ce milieu hostile vont-elles trouver un accord pour survivre ? D’autant qu’elles étaient dans deux camps opposés il y a peu de temps. 

La richesse du roman, en plus des rebondissements psychologiques des deux personnages principaux, réside dans la description de ce monde invivable. Les femmes y sont fortes, les esprits malins, les membres de la secte des Chercheurs, sans pitié. Et tous les autres attendent, résignés, leur fin rapide et inéluctable.  

« La porteuse de mort » de Stark Holborn, Albin Michel, 316 pages, 20,90 €

dimanche 7 janvier 2024

Roman français - « La vie heureuse » passe-t-elle par la mort ?

Les personnages principaux du nouveau roman de David Foenkinos croisent la mort. Et leur vie n’en est que plus heureuse. 



En pleine semaine de remaniement ministériel, le roman La vie heureuse de David Foenkinos apporte un éclairage intéressant sur la formation de ces équipes chargées de se mettre au service de la Nation. Même si ce n’est pas le cœur de l’histoire, cette plongée dans la vie d’un ministère et de ses équipes de conseillers est édifiante. Amélie, directrice de cabinet du secrétaire d’État au Commerce extérieur, est chargée de recruter quelques pointures pour épauler ce membre du premier gouvernement sous l’ère d’Emmanuel Macron. Elle a l’idée de proposer un poste à Éric Kherson, directeur commercial de Décathlon, qu’elle a connu au lycée à Rennes. Éric, séparé, y voit l’occasion de se relancer professionnellement. Amélie ne regrette pas son choix tant il est bosseur.

La bascule a lieu à Séoul. Le binôme doit rencontrer le PDG de Samsung pour vendre l’installation d’une usine en France. Éric, après une nuit de flirt avec Amélie, ne va pas au rendez-vous. Il est en plein doute existentiel : « Au fond, cette réunion avec Samsung n’avait aucun intérêt. Il se mentait. Jouait un rôle, rien de ce qu’il vivait n’avait la moindre saveur. […] Il ne voyait tout simplement plus le sens de ce qui lui apparaissait comme une épuisante comédie. » En déambulant dans Séoul, il découvre un nouveau concept qui fait fureur en Asie : l’organisation de ses propres funérailles, avant l’échéance fatale. Se voir mort, pour mieux vivre, après.

S’il est beaucoup question de bonheur, de vie heureuse et d’épanouissement personnel dans ce roman, paradoxalement le sujet central reste la mort. Cette fin inéluctable, que l’on n’ose pas regarder ni même envisager. Le message est simple : apprivoisez votre mort et vous profiterez pleinement de ce qu’il vous reste à vivre. Un peu angoissant, mais salutaire d’après l’auteur.

« La vie heureuse » de David Foenkinos, Gallimard, 208 pages, 19 €

vendredi 12 mai 2023

BD - La dernière œuvre d’un animateur


Ce roman graphique de Juanungo est un hommage indirect à son père. Ce dessinateur d’origine argentine mais installé en France, raconte les derniers mois d’un animateur. Pas de ceux qui font le show dans les galeries commerciales mais ces artistes de cinéma qui transforment des images fixes en films remplis de vie et de poésie. Neno, spécialisé en stop motion (animation en prise directe où il faut des milliers d’images de marionnettes pour quelques secondes exploitables), est atteint d’un cancer.

La médecine n’a plus d’espoir. Il vit ses dernières semaines. Très affaibli. Sa famille décide d’embaucher un infirmier pour s’occuper de lui, notamment le soir et la nuit. Voilà comment un presque gamin plein d’empathie mais encore peu sûr de lui débarque chez le vieil artiste irascible.


Sur plus de 250 pages Juanungo raconte avec tendresse la connexion qui va se mettre en place entre Neno et l’infirmier. Ce dernier va aider le cinéaste à réaliser son dernier film, une publicité montrant une lingette nettoyer seule une cuisine du sol au plafond. En plus des scènes purement psychologiques ou médicales, on en apprend beaucoup sur la réalisation des films d’animation. On a même droit en fin d’album à un flipbook d’une centaine d’images de la danse finale de la lingette. Beau et émouvant.

« L’animateur », Delcourt, 19,99 €

vendredi 2 décembre 2022

De choses et d’autres - La mort prend son temps

La presse est toujours à la recherche d’informations amusantes pour traiter un jour férié récurrent. Le 1er novembre fait partie de ces fêtes religieuses au cours desquelles le pauvre rédacteur de service, ce jour-là, ne sait plus quoi écrire.

Par chance, il y a toujours des originaux pour lui sauver la mise. Cette année, pour la fameuse fête des morts, le reportage qui a fleuri, un peu partout, avait, en plus, l’avantage d’être dans l’air du temps et de prôner des économies d’énergie. La nouveauté vient de la société Le ciel et la terre.


Des pompes funèbres qui peuvent organiser les obsèques, mais avec une grosse différence. Terminés les corbillards qui roulent au diesel et polluent les vivants (les morts s’en moquent un peu, faut admettre). Pour son dernier déplacement, le cercueil prend place dans une corbicyclette, véhicule hybride avec un peu du vélo et beaucoup du corbillard.

La société, pour illustrer un film montrant un croque-mort sportif pédaler allègrement, explique que certains jours « il faut pouvoir et savoir prendre son temps » La famille suit le cercueil dans les allées du cimetière, « à pied, à bicyclette, en patins à roulettes… »

Le dernier moyen de locomotion n’est certainement pas le meilleur. La tante Gabrielle, 64 ans, mais encore 17 dans sa tête, a effectivement voulu rechausser ses vieux patins pour enterrer Mémé Gertrude. Mais les graviers ont freiné sa progression. Et surtout, un grand écart intempestif l’a propulsée violemment à terre, au grand désespoir de son col du fémur. Les autres participants n’ont pas réussi à éviter l’obstacle provoquant une chute du peloton.

On s’en souviendra longtemps des obsèques de Mémé Gertrude en corbicyclette.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le mercredi 16 novembre 2022

samedi 19 mars 2022

De choses et d’autres - Le chaos après la mort

Les publicités un peu provocantes sont passées de mode. Je me souviens des fausses pubs de Hara-Kiri qui ont sans doute donné des idées à ces enfants de Pub des années 80-90 pour des slogans et visuels décoiffants. Comme ce slogan un peu long mais qui ne passe plus en ces temps de wokisme pur et dur : « J’aime ma femme. J’aime la Kronembourg. Ma femme achète la Kronembourg par pack de six. C’est fou ce que j’aime ma femme. »

Maintenant, le politiquement correct est la ligne à respecter. Comme si titiller les potentiels clients dans leurs pires instincts était une faute de goût éliminatoire. Il existe, pourtant, quelques iconoclastes qui sont persuadés qu’un sourire aura plus d’effet qu’un message édulcoré.

Transmissio, une société contre le chaos après la mort, vend « un service sécurisé d’organisation, de sauvegarde, et de transmission - à vos proches - de l’inventaire de vos biens matériels, de vos souvenirs numériques et de vos volontés obsèques » et joue ouvertement la carte de l’humour. On voit, gravé sur des urnes funéraires ou des plaques mortuaires, le dernier message de proches mécontents.

Quelques exemples : « A notre grand-mère, décédée sans avoir dit où elle cachait ses lingots, bordel. » « À notre grand-père, mort sans avoir rien prévu pour ses obsèques, le relou », « A notre cousin, mort sans avoir communiqué le code de son coffre-fort… »

Il existe même un petit spot racontant comment un homme participe à son premier saut en parachute. Enthousiaste, il saute… sans parachute. Et le film de quelques secondes de prévenir à la fin : « Mourir, ça arrive dans la vie. Préparez votre transmission à l’avance. »

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mercredi 9 mars 2022

jeudi 6 janvier 2022

De choses et d’autres - Trop jeunes pour mourir

 


Les avis de décès sont de plus en plus nombreux. Des personnes physiques qui ont croisé malencontreusement un virus en évitant soigneusement auparavant de prendre rendez-vous avec un vaccin, mais aussi des entreprises qui pourtant étaient plus que prospères il y a quelques années.

 

Ainsi ce fabricant de téléphone mobile avait écoulé 10,6 millions d’appareils durant le premier trimestre 2010. 11 ans plus tard, les derniers smartphones encore en service ne fonctionnent plus depuis hier car le système d’exploitation est devenu obsolète. Pourtant ces téléphones, lourds et résistants, très efficaces et sécurisés, étaient synonymes à l’époque de ce qui se faisait de mieux dans le secteur. L’erreur fatale de ses dirigeants aura été de ne pas croire au clavier tactile. Persuadé que les utilisateurs préféreraient le petit clavier physique, BlackBerry a dénigré avec beaucoup de morgue l’iPhone d’Apple. Les acheteurs ont vite tranché. Malgré sa relative jeunesse, BlackBerry est mort et enterré.

Une autre entreprise a fermé boutique cette semaine. Moins connu du grand public car ouvertement dans l’illégalité, le site de streaming pirate Popcorn Time a publié son propre avis de décès en envoyant un mail annonçant sa fermeture aux rédactions. Devenu l’ennemi public numéro 1 de Netflix, le vilain Popcorn permettait de voir séries et films sans débourser un centime, grâce aux liens détenus par d’autres.

Netflix va pouvoir continuer sa marche en avant, comme Apple. Mais gare, ces deux mastodontes ne sont malgré tout pas à l’abri d’une mort prématurée face à de nouveaux concurrents plus innovateurs et inventifs qu’eux.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le jeudi 6 janvier 2022

jeudi 29 juin 2017

Cinéma : Humour glacial par « Grand froid »


Rire de la mort, fallait oser. Gérard Pautonnier pour son premier long-métrage signe une comédie noire et mortifère. Noire... comme l’humour. Mortifère... parce qu’il y a des morts. Du moins en théorie puisque les personnages principaux travaillent dans une entreprise de pompes funèbres. La maison Zweck ne va pas très bien. Le patron, Monsieur Zweck (Olivier Gourmet) se désespère du manque de travail. Comme si dans cette petite ville de province indéfinissable, les vieux s’étaient donné le mot pour ne plus mourir. Alors il tente d’occuper ses deux employés comme il peut. Eddy (Arthur Dupont), est chargé de passer le corbillard au « carwash » (expression typiquement belge, comme le film). Georges (Jean-Pierre Bacri), le plus vieux, va en repérage dans les salles d’attente du médecin pour essayer de détecter le quidam sur le point de trépasser.


Le début du film, tiré d’un roman de Joël Egloff paru aux éditions Buchet-Chastel, sert de mise en bouche. Il plante le décor du quotidien de cette équipe de bras cassés composée du patron, incroyablement radin, du jeunot, rêveur et un peu abruti et de l’ancien, râleur blasé obnubilé par sa propre mort. Une succession de gags et de situations ubuesques donne le ton : la comédie sera grinçante et sans tabou.
■ Enfin un « client »
Quand un couple de bourgeois pousse la porte de la boutique, les affaires repartent. Une veuve, accompagnée de son frère, veut enterrer son défunt mari. Problème le cimetière est loin. Très loin. De tout. La cérémonie religieuse expédiée, croque-morts, cercueil, famille, curé et garçons de cœur partent dans deux voitures sur des routes désertes et enneigées. Le reste du film se passe essentiellement dans les deux habitacles. La relation des deux employés de la maison Zweck, avec un Jean-Pierre Bacri toujours aussi brillant dans ces rôles de bougons où personne ne lui arrive à la cheville et la révélation Arthur Dupont au potentiel comique énorme. De l’autre côté, rien ne va plus pour la veuve et le curé (Sam Karmann, trop rare au cinéma ces dernières années), bloqués sur un lac gelé...
Tourné en Belgique pour la partie « bar et magasin » puis en Pologne avec ses extérieurs sales et enneigés, ce premier film souffre de quelques maladresses, mais dans l’ensemble il parvient à son but premier : faire rire. A gorge déployée. Et aussi à nous faire réfléchir sur notre mort. Et vous, connaissez-vous déjà l’épitaphe que vous mettrez sur votre pierre tombale ? 

jeudi 1 décembre 2016

De choses et d'autres : Vie et mort(s) de Fidel Castro

castro,mort,cia,lsd,barbeFidel Castro, à 90 ans, est mort de vieillesse. Une fin improbable pour ce chef d’État controversé qui a échappé, selon diverses sources, à 636 tentatives d’assassinat. La CIA a longtemps tenté d’éliminer ce leader de la Révolution mondiale. La déclassification de documents dans les années 2000 a révélé qu’avant de choisir la solution finale, les Américains ont tenté la manière douce. Le but était de discréditer le « leader maximo ».
En pleine période de recrudescence des drogues hallucinogènes, le LSD notamment, des espions ont eu l’idée de piéger le studio d’où le chef castriste prononçait ses discours. Le plan était de diffuser un gaz en pleine intervention. On imagine la suite, forcément très préjudiciable pour un Castro qui n’a jamais été adepte de la frivolité et peu expansif sur ses états d’âme. Autre idée, toujours dans le symbole, badigeonner ses chaussures d’une crème dépilatoire. Car pour les espions US, Fidel Castro sans sa barbe et une bonne part du mythe s’évanouit.
Par la suite, la CIA est passée aux méthodes plus expéditives. Empoisonner les cigares, enduire l’intérieur de sa combinaison de plongée d’un puissant poison, voire bourrer d’explosifs des coquillages dans la zone où il se baignait. En vain… A l’arrivée, le guérillero s’est éteint dans son lit, après des décennies de pouvoir sans partage. La vieillesse se révélant au final, la plus fidèle alliée du capitalisme. 

lundi 14 novembre 2016

De choses et d'autres : Facebook s'offre quelques petites morts éphémères

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D’un coup d’un seul, deux millions de personnes sont passées de vie à trépas durant quelques minutes vendredi dernier. Un décès éphémère et heureusement virtuel, uniquement sur Facebook.
En tête des profils touchés, un petit mot de condoléances tout à fait dans le ton du réseau social : « En souvenir de (nom du titulaire de la page), nous espérons que ceux qui aiment (prénom) trouveront du réconfort en voyant ce que d’autres partagent en hommage à sa vie. » Certains ont donc découvert qu’ils étaient considérés comme morts. Drôle de surprise que ces « petites morts éphémères » ? « Une terrible erreur » de la société selon les explications des responsables de la communication.
La fonctionnalité « En mémoire » n’est déclenchée que si Facebook est informé de la disparition d’une personne par sa famille et uniquement après que cette dernière ait présenté une preuve du décès. Deux millions de morts d’un coup signifient forcément un gros bug quelque part.
À moins que ce coup d’éclat ne soit l’œuvre d’un pirate car dans le lot des tré- passés figure le fondateur de Facebook. J’imagine le hacker acnéique, terré dans son trou sombre, repu de hamburgers et ricanant telle une hyène au moment de détourner cette fonctionnalité et de l’appliquer à ce Mark Zuckerberg honni, tant à cause de ses milliards que de sa propension à se considérer comme le maître du monde. Ce qu’il est peut-être un peu avec son droit de vie ou de mort sur tous les membres de son réseau. 

jeudi 23 juin 2016

Livres de poche : petits et grands effets de la mort


Hemda Horowitch vit ses derniers jours. Ses souvenirs s'imposent à sa conscience : un père trop exigeant, un mariage sans amour, cette difficulté à aimer équitablement ses deux enfants, Avner et Dina. Dans une langue puissante, Zeruya Shalev évoque la colère, le ressentiment et la peur qui construisent les familles autant que l'amour et le bonheur d'être ensemble.
"Ce qui reste de nos vies", Folio, 8,20 euros


D'ordinaire, les amis imaginaires s'éteignent naturellement, peu à peu négligés par ceux qui les ont inventés. Pas Boddah. Pendant les vingt-sept années de sa courte vie, Kurt Cobain n'a jamais cessé de s'adresser à lui. Mêlant scènes réelles et imaginaires, conversations authentiques et inventées, le texte de Héloïse Guay de Bellissen s'offre un narrateur omniscient.
"Le roman de Boddah", Pocket, 6,95 euros


Adolescente taciturne, June rêve d'art et de son oncle Finn, un peintre new-yorkais reconnu. Mais Finn est très affaibli et meurt bientôt de cette maladie qu'on n'évoque qu'à demi-mot en 1980, le sida. Inconsolable, la jeune fille se lie d'amitié avec le mystérieux Toby, l'ami de Finn. Carol Rifka Brunt raconte le passage à l'âge adulte après un deuil.
"Dites aux loups que je suis chez moi", 10/18, 8,80 euros


dimanche 19 juin 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : Les mille et une vies de Coluche


Mort depuis 30 ans, putain de camion, Coluche a droit à toute une salve d'hommages, portraits et autres livres sur sa vie, son œuvre et tout le reste. Parmi les nombreux ouvrages qui lui sont consacrés, ceux qui aimaient particulièrement l'humoriste "bête et méchant", ne manqueront pas "Le petit Coluche illustré par l'exemple". Gilles Bouley-Franchitti a concocté une sorte d'encyclopédie de la pensée coluchienne. Un mot, une citation, une explication : la recette est simple et permet de retrouver quelques perles. A "militaire" par exemple, il déclarait en 1980 au Figaro "le fait militaire que j'admire le plus : la désertion et l'armistice". Le jeune Michel Colucci, dans les années 60, n'a pas échappé au service national. Il a passé au total 53 jours en prison pour "insultes envers des supérieurs ou incorrections avec les gradés". Sa vengeance n'en sera que plus cinglante. Coluche, visionnaire, a même anticipé cette série de commémorations quand il explique : "On dit que j'ai du talent. Quand je serai mort on dira que j'avais du génie. Moi, tant que j'ai du pognon... » 
"Le petit Coluche illustré par l'exemple", Nouveau Monde éditions, 14,90 euros

jeudi 10 mars 2016

DVD : Une "Dernière leçon" à fort potentiel émotif

chatelet, bonnaire, pouzadoux, mort, suicide, dernière leçon, wildsidePréparez les mouchoirs. Impossible de rester insensible à cette histoire de fin de vie racontée avec pudeur et sensibilité par Pascale Pouzadoux.
À la base "La dernière leçon" est un livre témoignage écrit par Noëlle Chatelet. La romancière y raconte les derniers jours de sa mère. Une femme forte qui a décidé d'en finir avant qu'il ne soit trop tard. Le problème du choix de la mort dans la dignité est au centre du livre et du film, qui adapte assez fidèlement l'œuvre originale. Il est vrai que Noëlle Chatelet a régulièrement séjourné sur le tournage (on le voit dans la making of proposé en bonus du DVD) et conseillé les acteurs. Les actrices surtout, Sandrine Bonnaire joue le rôle de Diane, la fille, Marthe Villalonga celle de Madeleine, la mère. Le film débute par un constat d'échec. Madeleine, au volant de sa vieille Renault 5, panique dans la circulation urbaine. Incapable de passer les vitesses. Comme paralysée. De retour chez elle, elle prend un carnet et note "Conduire" et le raye rageusement. Ce journal minimaliste liste les actions qu'elle n'est plus en état de réaliser.
À 92 ans, cette féministe convaincu, ancienne sage-femme, est aussi et surtout une tête de mule. Pas question pour elle de finir impotente dans une maison de retraite. Lors de son repas d'anniversaire, en présence de ses deux enfants, Pierre et Diane, et de ses petits-fils, elle donne, solennellement, la date prochaine de son décès. Dans deux mois. Dès lors ses enfants seront partagés. Si Diane envisage petit à petit cette fin inéluctable, comprend sa mère et ses arguments, Pierre refuse cette hypothèse.
Contrairement au livre, les deux avis sont apportés sur ce problème de société. On peut être pour ou contre le droit de mourir dans la dignité. Diane, malgré son chagrin immense, son impression d'être le soldat qui appuie sur la gâchette dans le peloton d'exécution, va laisser le libre choix à sa mère. Un formidable acte de tolérance porté par une Sandrine Bonnaire exceptionnelle. Avec justesse, elle joue cette prise de conscience, cette évolution face à un problème inéluctable.
Marthe Villalonga interprète une femme amoureuse de la vie mais usée par cette dernière. Un beau film, à voir en famille pour en parler tant qu'il est temps.
"La dernière leçon", Wild Side Vidéo, 14,99 euros le DVD

jeudi 20 août 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - L'enfer au quotidien

Parfois, on se demande pourquoi notre vie ressemble tant à un enfer au quotidien. Chômage, coût de la vie, maladie : personne n'est à l'abri. Quand on se sent frappé, la noirceur s'installe dans notre petite bulle de vie. On peut pleurer sur le sort des autres, mais cela sans aucune utilité. Notre propre malheur a toujours l'air plus pesant. Bombardements, naufrages, famine ou pollution au cyanure, s'ils permettent de relativiser, ne calment en rien nos propres tourments. Ce n'est pas parce qu'il y a plus désespéré que soi que nos souffrances en sont adoucies. La solution pour se sortir de ce cercle infernal (plus on pense à notre malheur, plus on se désespère) consiste plutôt à se couper du monde extérieur. Se recentrer sur soi. Sans aller jusqu'à prôner aveuglément la « positive attitude » de la chanteuse Lorie, pourquoi ne pas se féliciter de tous ces petits moments de la vie, infimes, futiles mais si gais quand on y réfléchit bien. Exemple pratique : votre voiture est vieille ? Non, votre voiture roule toujours malgré les milliers de kilomètres affichés au compteur. Vous n'avez presque plus d'argent sur votre compte en banque ? Tant que vous n'êtes pas à découvert, tout est permis. Vos enfants ne vous parlent plus ? Etes-vous sûr qu'ils sont de vous ? (pour les femmes, envisagez la possibilité d'un échange à la maternité). Vous venez de perdre votre emploi ? A votre tour de profiter de la solidarité nationale. Vous êtes mort ? Ah non, là je ne peux rien faire. Mais si vous lisez ces lignes c'est que ce n'est pas le cas. Alors souriez nom d'un chien !

PS : en bonus qui tue : le clip de Lorie !

jeudi 14 mai 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - Esthétisation de la mort

Le monde de l'art contemporain pleure Chris Burden, décédé à Los Angeles à 69 ans. Américain originaire de Boston, sa cote explose dès 1971 lors de sa performance intitulée « Shoot ». Un idée toute simple, mais risquée. La caméra vidéo, l'arme et l'artiste dans la ligne de mire qui se fait tirer dessus. Pan ! C'est de l'art.

Dans le même genre, il se transforme en Christ des temps modernes lors de sa crucifixion sur une voiture. Avec de vrais clous, évidemment. L'âge aidant, il abandonne ces pratiques extrêmes pour des œuvres monumentales. La plus connue est installée au musée du LACMA de Los Angeles, 202 lampadaires gris des années 20 et 30 de l'âge d'or d'Hollywood, tous de tailles différentes, forment « Urban Light ». Cette forêt lumineuse remporte un tel succès qu'elle devient l'un des rendez-vous privilégié des Californiens.
Si la performance « Shoot » avait mal tourné, la renommée Chris Burden serait retombée comme un soufflé (aux pruneaux). Mais sa mort aurait été l'apothéose de son parcours créatif. Reste à savoir si la vidéo aurait conservé son statut de performance ou endossé celui de pièce à conviction dans une affaire criminelle ?
Question création morbide, le président de Corée du Nord surpasse Burden. La semaine dernière, Kim Jong-un pique une colère froide. Lors d'une parade militaire, son ministre de la Défense, au lieu de s'enthousiasmer, ose une sieste réparatrice. Cinq jours plus tard, le-dit ministre se transforme en chair à canon. Au sens propre : exécuté en public... à la batterie antiaérienne. Burden aurait certainement apprécié la vidéo de cette mise à mort. 

dimanche 23 novembre 2014

BD : Bajram et Mangin nous font visiter leur cimetière céleste


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Denis Bajram et Valérie Mangin ont écrit de concert le scénario de ce diptyque au titre macabre « Expérience mort » mais au contenu plus scientifique et philosophique qu'il n'y paraît. Une riche industrielle, prête à tout pour sauver son fils de la mort, investit des milliards dans la fabrication d'un vaisseau expérimental sensé retenir l'âme du mourant quand il est sur le point d'entrer dans le fameux tunnel blanc décrit par nombre d'hommes et de femmes ayant vécu une expérience de mort imminente. Au début du second tome, rien ne se passe comme prévu. Les scientifiques restés dans notre réalité s'alarment des résultats inquiétant pour les passagers. A l'intérieur, pilote et scientifiques sont au bord de la panique. Les machines, gelées par un froid intense, refusent de fonctionner. Il faut d'urgence trouver une source de chaleur. Dessiné par Jean-Michel Ponzio dans son style habituel de roman photo vectorisé, la BD alterne entre scène techniques dignes d'un space-opera et séquences oniriques plus lumineuses. Avec cependant toujours en fil rouge le questionnement de la mort. Ultime étape ou simple passage ? Les auteurs, grâce à une pirouette astucieuse, concluent cette épopée par une réponse qui, si elle est tirée par les cheveux, permet cependant de faire rêver les amateurs de fantastique.

« Expérience Mort » (tome 2), Ankama, 13,90 €

dimanche 23 mars 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES - Trinquons à la mort, mais avec discrétion et pas n'importe où...

A l'article de la mort, il est de coutume de préciser à ses proches ses dernières volontés. Certains, pour détendre l'atmosphère et dédramatiser l'échéance, expriment des exigences ludiques (tel Brel en son temps le chantait « A mon dernier repas je veux qu'on fasse ripaille »). Jean-Luc Couston, un Gardois de 61 ans, a demandé à son épouse de simplement boire un verre sur sa tombe le jour de son anniversaire. Transformer un moment triste en petite fête conviviale était la philosophie de vie de ce kiné très apprécié de ses patients.

Le 17 juillet dernier, comme promis, Josiane se rend sur la tombe de son mari défunt et boit un verre de champagne avec des amis. Une petite commémoration rapidement interrompue par trois policiers municipaux. Trouble à la quiétude des lieux et violation d'une interdiction édictée par décret. En l'occurrence, il est défendu de boire de l'alcool dans un cimetière. Josiane est condamnée à payer une amende de 38 euros. Jean-Luc, le responsable de tout ce pataquès doit regretter ses dernières volontés qui compliquent la vie de Josiane. Bien que cette dernière, arguant de sa bonne foi, refuse de payer la contravention dans l'attente d'une décision du tribunal de police d'Uzès.

Dans notre société pleine de préjugés et formatée à l'excès, il est compliqué de sortir du troupeau. Pourtant, Josiane a cru bien faire, en écoutant son cœur. Et si certains demandent que l'on laisse les morts en paix, qui nous prouve que ces derniers, dans leur immobilité et leur solitude éternelles, n'apprécieraient pas un peu de distraction ? (Illustration tirée de la série BD Pierre Tombal de Hardy et Cauvin chez Dupuis)

samedi 7 septembre 2013

Billet - Mort augmentée

Artiste multimédia prend tout son sens dans le cas de Davy Mourier. Ce chauve audacieux (l'un ne va pas forcément avec l'autre mais je n'ai rien trouvé de mieux pour décrire le personnage...) a déjà tâté de toutes les formes d'expressions, de la bande dessinée (sa passion première) à la série télé ou au one man show. Mercredi est sortie en librairie sa dernière création, « La petite mort », album de BD paru chez Delcourt racontant l'apprentissage du fils de La Mort au fauchage d'âmes.
Du papier, de l'encre... Trop simple pour Davy. Il a déjà engendré un album accompagné d'un CD où il commentait l'action. Cette fois il profite de la réalité augmentée via une application sur smartphone. Une fois que vous avez acheté l'album (14,95 euros, étape incontournable) munissez-vous de votre téléphone, scannez le QR code en début d'album, téléchargez l'application (gratuite elle, faut pas pousser !) et découvrez la dizaine de bonus placés au gré des pages.
Du personnage de la Petite Mort en 3 D, à un faux site internet en passant par des vidéos où l'auteur explique son cheminement créatif, l'ensemble est conçu avec humour, comme toujours chez Davy Mourier. Cerise sur le gâteau, un jeu vidéo, malheureusement réservé aux possesseurs d'Iphone. Je vous laisse, j'ai de quoi m'occuper ce week-end.



vendredi 31 mai 2013

Billet - RIP Léon Vivien sur Facebook


« Je ne suis plus un homme du vingtième siècle, je suis un soldat de Crécy, un soudard du Moyen Âge, un fantassin sans armure. J'ai peur, Madeleine. Je t'aime. Ils arriv »
Léon Vivien, instituteur, a posté son dernier message sur Facebook le 22 mai 1915 à 12 h 20. L'opération du  Musée de la Grande Guerre s'est achevée dans la boue, les larmes, le sang et la violence. Comme la vie de millions de soldats, des deux camps. Plus de 56 000 personnes ont suivi le destin brisé de Léon et la détresse de sa femme, Madeleine, jeune maman d'un petit Aimé qui ne connaîtra jamais son père. Au cours des  mois d'avril et mai 1915, Léon prend conscience de l'horreur de cette boucherie. Après l'enthousiasme de l'entraînement et la naissance de nouvelles camaraderies, la folie des officiers, la rage des ennemis et les conditions de vie en constante détérioration plombent le quotidien des tranchées. 
La veille de sa mort au combat, Léon, de plus en plus réaliste, raconte comment la troupe est équipée de nouvelles armes : « Des couteaux de boucher ; c'est idéal pour dépecer l'ennemi et ça nous rappelle ce que nous sommes, nous, les biffins : rien de plus que de la viande en uniforme... » En illustration, terminés les sourires de Poilus sûrs de leur force. Les monceaux de cadavres et les champs éventrés par les obus donnent une idée de l'enfer. 
Et puis il y a le dernier message de Madeleine après le statut inachevé de Léon. « Réponds-moi, je t'en supplie... » Toute la détresse d'une génération sacrifiée. Poignant. 

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce vendredi en dernière page de l'Indépendant. 

jeudi 10 janvier 2013

Billet - Jeu presque mortel


Haro sur les jeux vidéos. Source fréquente de discorde familiale, entre frères et sœurs notamment, l'affaire peut aller beaucoup plus loin quand l'addiction aux manettes dépasse les bornes.

L'histoire se passe en Chine. Un bon père de famille se désespère. Son fils, 22 ans, titille le joystick à longueur de journée. Sans travail, ni volonté d'en trouver, il préfère vivre par procuration sur un jeu en ligne. Le père, à bout d'arguments a l'idée du siècle. Si son fils joue, c'est qu'il gagne et y trouve du plaisir. Pour le dégoûter, il faut qu'il perde.
Dans ses jeux favoris, style World of Warcraft ou Call of Duty, perdre c'est se faire tuer. Le paternel  recrute donc sur internet des tueurs à gages... virtuels. Ils ont pour mission de s'immiscer dans les parties du fils et de tout faire pour l'occire.
Imaginez, vous êtes en plein dégommage de terroristes à tire-larigot. Concentrés sur les tirs de l'ennemi. Et tout à coup, votre coéquipier, sans crier gare, vous abat froidement. Une fois, deux fois... De quoi piquer une crise d'épilepsie puissance mille. Le jeune joueur chinois se doute rapidement de l'embrouille. Il devine aussi que son père a organisé toute la mise en scène. Une petite explication plus tard, papa annule tous les contrats. Fiston a promet de lever le pied sur les parties et de chercher sérieusement du travail.
Tout est bien qui finit bien dans ce monde virtuel où l'on peut mourir 20 fois d'affilée, ou assassiner son propre fils, sans en faire le moindre cauchemar.

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce jeudi en dernière page de l'Indépendant.

samedi 6 octobre 2012

Billet - Mourir, la bonne blague !


Personne n'est éternel. S'il est quelque chose que tout le monde partage, c'est bien la mort. Alors sur internet, quelques petits malins ont développé l'idée. Jesuismort.com propose une vaste panoplie de nécrologies de gens célèbres. Très complète, la plate-forme publie le « Top of the top », c'est à dire le niveau de célébrité de la personne disparue. En tête hier Claude François suivi par Jacques Brel et... Jésus de Nazareth. Le chanteur belge doit bien rigoler, où qu'il soit, d'être devant l'idole de ces « Bigotes » dont il s'est si bien moqué.


Le site permet également aux visiteurs d'écrire une lettre d'hommage au défunt. Véritable fourre-tout de la mort médiatique, il répertorie les dates d'anniversaire des disparus.
Aujourd'hui 6 octobre, souvenons-nous de Colette Renard, François Cevert et Henry Calvin. Ce dernier nom ne vous dit peut-être rien, c'est pourtant le nom de l'interprète l'inoubliable Sergent Garcia dans Zorro.
On retrouve un peu le même principe sur necropedia.org. A une différence de taille : les vedettes ne sont pas encore mortes. Il s'agit de « Nécrologies anticipées de personnalités à l'usage des journalistes pressés »... Ces infos un peu glauques permettent de récupérer des pages plus vraies que nature annonçant la mort de votre chanteur préféré ou animateur de télé honni. A ne pas utiliser pour propager de fausses rumeurs demande Nécropédia. D'accord, mais c'est tellement tentant...

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce samedi en dernière page de l'Indépendant.