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dimanche 23 juin 2024

Cinéma - “Greenhouse” : vieillesse et solitude coréennes

Une aide-soignante va tomber dans un engrenage criminel implacable. « Greenhouse » est le premier film d’une cinéaste coréenne qui devrait compter ces prochaines années.

Image particulièrement soignée dans les ambiances sombres, interprétation fine et mesurée des comédiens (et ce n’est pas évident car tous les protagonistes ont des problèmes psychiques), montage sans fioritures, au service de l’intrigue : Greenhouse de Lee Sol-hui est un thriller haletant universel car il parle de vieillesse, de maladie d’alzheimer et de solitude dans la vie moderne.

Un premier film qui vaut aussi, et peut-être surtout, pour son scénario. Un script écrit alors qu’elle était encore étudiante. La réalisatrice a eu tout le temps pour épurer sa copie, la peaufiner, ne garder que l’essentiel, le plus frappant.

Frapper justement. C’est le premier verbe qui vient à l’esprit avec la scène d’ouverture. Au propre comme au figuré. Un plan fixe sur la « maison » de Moon-jung (Seo-Hyeong Kim), aide-soignante qui vit dans une sorte de tente en plastique dans une zone isolée de la banlieue d’une grande ville. Moon-jung qui se frappe, littéralement. De grandes gifles. Une sorte d’automutilation qui lui donne le courage d’aller travailler.

Film noir, très noir

Elle est au service d’un couple âgé. Lui, aveugle, semble si gentil avec ses bonnes manières. Elle, atteinte de démence sénile, est la plupart du temps atone. Sauf quand elle entre en crise et hurle sur Moon-jung, prétendant que cette dernière veut la tuer. Comment vivre de façon équilibrée dans ces conditions ? En participant à un groupe de parole. Mais ce n’est pas le fort de l’aide-soignante qui semble traumatisée par son ancien mari et qui espère que son fils, à peine adolescent, sorte vite de prison pour revenir vivre avec elle. Du moins si elle trouve un appartement.

Le tableau est noir. Absolument déprimant. La Corée, mais loin des belles voitures et du strass de la K-pop. Ce n’est pourtant que le début d’un long cauchemar pour Moon-jung. Un accident domestique et tout pourrait s’écrouler. Alors elle va tenter de dissimuler la vérité, jouer avec le feu, au risque de tout perdre dans l’incendie de sa vie.

Le spectateur, passé les 20 premières minutes, se retrouve tétanisé dans son fauteuil, craignant sans cesse pour l’aide-soignante. Pourtant, à cause d’un enchaînement retors de situations de plus en plus extrêmes, tout ne va aller qu’en empirant. Et de la chronique réaliste sociale puis du thriller, on passe au pur film noir. Celui, paradoxalement si brillant, qui détruit méthodiquement le mot espoir.

Film de Sol-hui Lee avec Seo-Hyeong Kim, Jae-sung Yang, So-yo Ahn

dimanche 7 janvier 2024

Roman français - « La vie heureuse » passe-t-elle par la mort ?

Les personnages principaux du nouveau roman de David Foenkinos croisent la mort. Et leur vie n’en est que plus heureuse. 



En pleine semaine de remaniement ministériel, le roman La vie heureuse de David Foenkinos apporte un éclairage intéressant sur la formation de ces équipes chargées de se mettre au service de la Nation. Même si ce n’est pas le cœur de l’histoire, cette plongée dans la vie d’un ministère et de ses équipes de conseillers est édifiante. Amélie, directrice de cabinet du secrétaire d’État au Commerce extérieur, est chargée de recruter quelques pointures pour épauler ce membre du premier gouvernement sous l’ère d’Emmanuel Macron. Elle a l’idée de proposer un poste à Éric Kherson, directeur commercial de Décathlon, qu’elle a connu au lycée à Rennes. Éric, séparé, y voit l’occasion de se relancer professionnellement. Amélie ne regrette pas son choix tant il est bosseur.

La bascule a lieu à Séoul. Le binôme doit rencontrer le PDG de Samsung pour vendre l’installation d’une usine en France. Éric, après une nuit de flirt avec Amélie, ne va pas au rendez-vous. Il est en plein doute existentiel : « Au fond, cette réunion avec Samsung n’avait aucun intérêt. Il se mentait. Jouait un rôle, rien de ce qu’il vivait n’avait la moindre saveur. […] Il ne voyait tout simplement plus le sens de ce qui lui apparaissait comme une épuisante comédie. » En déambulant dans Séoul, il découvre un nouveau concept qui fait fureur en Asie : l’organisation de ses propres funérailles, avant l’échéance fatale. Se voir mort, pour mieux vivre, après.

S’il est beaucoup question de bonheur, de vie heureuse et d’épanouissement personnel dans ce roman, paradoxalement le sujet central reste la mort. Cette fin inéluctable, que l’on n’ose pas regarder ni même envisager. Le message est simple : apprivoisez votre mort et vous profiterez pleinement de ce qu’il vous reste à vivre. Un peu angoissant, mais salutaire d’après l’auteur.

« La vie heureuse » de David Foenkinos, Gallimard, 208 pages, 19 €

samedi 13 mai 2023

BD - La vie en France décortiquée par une dessinatrice coréenne


Étudiante coréenne passée par les universités françaises, Silki a décidé de rester en Europe et d’y faire sa vie. Privée, artistique et professionnelle. Son trait rond et expressif fait des merveilles tous les matins tous les jours à 7 h 07 quand est mise en ligne une petite BD digitale sur Instagram dans la zone de Mâtin, la revue numérique des éditions Dargaud. Des récits complets repris dans l »album Kimchi baguette.


C’est plus que de l’autofiction. Silki raconte comment elle perçoit la France, les Français, notre vision des Asiatiques, des femmes. C’est édifiant, parfois inquiétant tant nous sommes arriérés, mais aussi rassurant car Silki n’entend pas quitter notre pays même si parfois la Corée lui manque un peu.

Dans les thèmes abordés, très diversifiés, on apprend comment le nouvel an est fêté en Asie, pourquoi les tétons des femmes posent problème ou en quoi, les micro-agressions racistes de tous les jours sont aussi graves que les gros dérapages. Et puis il est question de gastronomie. De baguette (le pain français), de baguettes (les instruments pour manger) et de kimchi, ces condiments typiquement coréens qui sont aussi une bonne occasion de se retrouver entre amis à éplucher des légumes.
« Kimchi baguette », Mâtin Dargaud, 19 €

lundi 16 janvier 2023

Cinéma - “Retour à Séoul” et à ses origines

Durant des années, la Corée du Sud a servi de réservoir à bébés pour les couples français en mal d’enfants. Une filière d’adoption très active, mais qui a, forcément laissé des traces dans la construction de ces hommes et femmes coupés de leurs racines. David Chou s’empare du sujet dans Retour à Séoul, avec le cas particulier de Freddie (Park Ji-min). Elle a 25 ans, a vécu toute son enfance dans la campagne française (le Lot), habite désormais Paris et devait passer 15 jours au Japon. Le hasard a voulu qu’elle ait finalement choisi, au dernier moment, Séoul comme destination de vacances. 

Très vite, elle va entrer en contact avec l’organisme chargé des adoptions et tenter de rencontrer ses parents biologiques. Une quête de parents qui ne se passe pas comme elle le voudrait. La mère refuse de la rencontrer. Le père par contre, alcoolique et possessif, ne veut plus qu’elle reparte en France, qu’elle reste en Corée pour qu’il lui trouve un bon mari. 

Freddie, entre ces deux cultures, mais avant tout femme libre, ne trouve plus sa place. La suite du film raconte l’évolution de Fredie, sur une dizaine d’années. Elle va vivre en Corée durant quelques années, loin des traditions, dans un milieu très branché. Puis devenir marchande d’armes et sillonner le monde, revenant parfois au pays du matin calme. Avec toujours l’espoir de persuader sa mère biologique d’entrer en contact avec elle. 

Un film qui passe par toutes les facettes, de la mélancolie à la révolte en passant par l’abnégation et la résignation. Preuve que l’adoption est une solution qui, trop souvent, laisse des traces indélébiles dans l’esprit des enfants, forcément partagés entre deux origines souvent très opposées. 

Film de Davy Chou avec Park Ji-min, Oh Kwang-rok, Guka Han


mercredi 28 décembre 2022

Série télé - « Glitch » et ses aliens venus de Corée du Sud


La production télévisuelle de la Corée du Sud est pléthorique et très diversifiée. Si certaines séries sont hyperviolentes, d’autres très basiques, il y a aussi quelques œuvres assez inclassables. Glitch, visible sur Netflix, intègre parfaitement cette dernière catégorie. En 10 épisodes d’un peu moins d’une heure le spectateur rentre dans la paranoïa de Jihyo Hong (Jeon Yeo-bin). Cette jeune fille très effacée, est convaincue d’avoir été contactée par des extraterrestres en étant enfant. 

Quand son petit ami disparaît du jour au lendemain, elle se persuade que ce sont ces fameux aliens qui l’ont enlevé. Elle repère des signes et les voit même lors de flashes dont on ne sait si c’est la réalité ou des hallucinations. Elle va finalement aller chercher de l’aide auprès d’un club d’amateurs pour tenter de retrouver son fiancé et démontrer la réalité de la présence de ces petits hommes verts. 

On est loin des Envahisseurs de David Vincent, même si on retrouve la thématique du « seul contre tous ». Une série assez hypnotisante dans sa façon de montrer la folie de certains et l’incompréhension de la majorité.


mercredi 30 novembre 2022

DVD et Blu-ray - "Decision to leave", de l'enquête criminelle à l'amour

Decision to leave (M6 vidéo) le nouveau film de Park Chan-wook, virtuose du cinéma coréen, est une belle et triste romance qui débute par la découverte d’un cadavre. Hae-Joon (Park Hae-il), est chargé de cette enquête de routine. 

Un homme a été retrouvé mort au pied d’une montagne. Il aurait dévissé lors de son ascension. Cet ancien agent de l’immigration est marié avec Sore (Tang Wei), une jeune Chinoise, récemment naturalisée. Le policier, un modèle de professionnalisme, consciencieux, opiniâtre, passant au crible tous les détails de l’enquête, ne peut pas s’empêcher de suspecter la veuve tout en la réconfortant. 

Elle aussi remarque ce policier qui passe ses nuits à son chevet et va se trouver attirée par lui. 

D’une banale intrigue policière, Park Chan-wook transforme Decision to leave en film d’amour ambigu. Au dernier festival de Cannes le réalisateur coréen a remporté le Prix de la mise en scène.

jeudi 13 janvier 2022

Série Télé. The Silent Sea, la Lune aquatique à la sauce coréenne


La mode des séries coréennes sur Netflix bat son plein. Mais pour une fois, The Silent Sea de Park Eun-kyo manque cruellement d’originalité. Pourtant le casting avait tout pour hisser la série au firmament : le premier rôle masculin est tenu par Gong Yoo vu dans Le dernier train pour Busan et la vedette féminine n’est autre que Doona Bae vue et grandement appréciée dans Sense 8 ou Stranger. Cette aventure spatiale sur la Lune dans un futur proche joue sur le ressort du réchauffement climatique. Les ressources en eau sont en train de s’épuiser. Le liquide est rationné. Tout le monde a soif. 

C’est dans ce contexte qu’une expédition est lancée pour aller sur une base lunaire coréenne. Fermée depuis la mort de tous ses membres, elle renfermerait des échantillons vitaux pour l’avenir de l’Humanité. Doona Bae interprète une scientifique qui cherche à savoir comment est morte sa sœur, présente sur la Lune lors de la catastrophe. 

Le capitaine de la navette, un militaire miné par la maladie de sa petite fille, fera tout pour mener à bien la mission. La série bascule dans le n’importe quoi quand les acteurs, pour faire croire qu’ils sont sur la Lune, font semblant de marcher au ralenti en décomposant leur mouvement. Effets totalement ratés. 

La suite alterne psychologie familiale primaire et grand guignol. Une grosse déception, c’est rare en provenance de Corée.

jeudi 16 décembre 2021

Série télé - Hellbound, l’autre cauchemar coréen


Attention, petit chef-d’œuvre d’une noirceur absolue. Hellbound est la nouvelle série coréenne qui fait sensation sur la plateforme de streaming Netflix. Après le choc Spide Game (série qui a battu des records d’audience, partout dans le monde, beaucoup plus subtile et politique que les raccourcis faits par des critiques abrutis sans doute fans en secret de Plus belle la vie et Joséphine Ange gardien), place aux enfers de Hellbound, série en six épisodes seulement, que l’on doit à Sang-Ho Yeon, révélé avec le film de zombies Dernier train pour Busan.

Dans un Séoul contemporain, des démons apparaissent dans les rues et se mettent à pourchasser un homme paniqué. Ils le frappent à mort, puis le carbonisent. La scène d’ouverture de Hellbound marque les esprits. Effets spéciaux impeccables, monstres réellement effrayants, tension maximale : impossible de faire plus virtuose. La suite sera du même acabit. Un policier est chargé de l’enquête. Un franc-tireur qui est sceptique sur cette histoire de démons venus de l’enfer pour punir des pécheurs. Quand une mère de famille est, elle aussi, désignée comme prochaine victime, elle demande la protection d’une avocate qui pense voir dans ces manifestations la main d’une religion émergente, la Nouvelle Vérité.

Durant les trois premiers épisodes, on est assailli de doutes sur ces démons. Réalité ou simple manipulation de religieux fanatiques ? La suite, sur les trois derniers épisodes, bouleverse toutes nos certitudes. Et les scènes d’action et de violence permettent, en réalité, de remettre en cause toutes nos certitudes, doutes ou croyances. Hellbound, en creux, est une sévère critique des sectes et autres religions. Et, dans le lot, on met également les télévisions qui cherchent, par tous les moyens, (en Corée encore plus qu’en France), à faire de l’audience. Ou, quand le fantastique et l’horreur servent, comme dans Spide Game, à dénoncer les dérives en cours de nos sociétés.      

 


samedi 4 avril 2020

VOD - Tremblez dans le "Dernier train pour Busan"


Cet été (le 12 août exactement) sort sur les écrans Peninsula, le nouveau film du Coréen Sang-Ho Yeon. Une première bande-annonce a été dévoilée cette semaine donnant furieusement envie de se précipiter dans les salles de cinéma pour profiter sur grand écran et en son dolby de ce qui a tout l’air d’être la suite de « Dernier train pour Busan ». Le 2 août c’est un peu loin, alors avant de frissonner au cœur de l’été, révisez ce film devenu un classique dans la catégorie « zombies rapides » et qui justement vient de rejoindre le catalogue de Netflix. 
Durant deux heures, on est tétanisé avec les passagers du train à destination de Busan. Un long trajet commencé sans encombre mais qui se transforme en cauchemar au fil des kilomètres. Au début, le réalisateur se concentre sur les petites histoires des voyageurs. Leurs impatiences, petites habitudes ou indifférence. 
Prendre le train n’a rien de folichon. C’est plutôt du domaine de l’ennui. Mais juste avant de quitter la gare, les premières attaques sèment le chaos en ville. Et par malheur un contaminé parvient à monter à bord. Comme un virus du covid-19, il va lentement mais sûrement toucher la majorité des occupants du convoi. Mais pas par l’intermédiaire d’un postillon ou d’un éternuement. En bon zombie fidèle aux méthodes qui ont fait leurs preuves, il mange la cervelle de ces humains si appétissants. 
Ensuite c’est une histoire de confinement, les héros parvenant à se barricader dans un wagon. Mais jusqu’à quand ? Le suspense est présent tout au long du film, l’angoisse aussi. Car Sang-Ho Yeon en bon raconteur d’histoires, sait parfois sacrifier des personnages importants. Alors, qui va s’en sortir à la fin ?

mercredi 17 octobre 2018

BD - Ouvrir la boîte de ses origines

Longtemps, les familles en mal d’enfant ont privilégié une adoption à l’étranger. La filière de Corée du Sud a laissé des traces en France et en Belgique. Parmi ces enfants déracinés il y a quelques décennies, plusieurs ont percé comme Fleur Pelerin, ancienne ministre, Jean-Vincent Placé, politicien ou Jung, dessinateur. Ce dernier revient sur le phénomène dans son nouvel album, « Babybox ». Cette box d’un genre particulier, c’est le sas inventé et placé dans la rue par un pasteur. A Séoul, il permet aux mères dépassées d’abandonner leur enfant en toute sécurité. L’héroïne de ce roman graphique de 156 pages, Claire, ne connaissait pas la babybox. 

Ses parents sont Coréens. Ils vivent en France depuis longtemps. Elle y est née comme son petit frère. Mais quand la mère meurt dans un accident de la route et que son père se retrouve dans le coma, Claire va devoir se plonger dans les papiers de la famille et découvrir qu’elle a été adoptée à l’âge d’un an. Elle a été trouvée dans une babybox. Pour faire le deuil de sa mère qui ne l’était pas, elle va en Corée pour tenter de retrouver sa véritable mère. Un récit initiatique peut-être encore plus fort que les mémoires dessinées de Jung, « Couleur de peau : miel ».
« Babybox », Soleil Noctambule, 18,95 €

lundi 13 novembre 2017

Bande dessinée : itinéraires artistiques parallèles

Remarquable travail graphique et éditorial réalisé par Samir Dahmani et Yunbo. Deux albums, deux romans, sur un même sujet, mais vu par des yeux différents et surtout dans une temporalité décalée.


Même si l’ordre de lecture importe peu, les deux récits étant totalement indépendants, mieux vaut débuter par « Je ne suis pas d’ici ». Une jeune dessinatrice sud-coréenne raconte son arrivée en France pour y suivre des études. Directement inspiré de sa propre histoire, ce récit montre une jeune femme déboussolée, perdue dans des pratiques sociétales radicalement différentes de son pays d’origine. Elle raconte sans détour ses mésaventures. Avec les Français, mais aussi ses compatriotes, eux aussi exilés. Un dessin très sensuel donne un tour intimiste à cette BD. Yunbo, après ses études à Angoulême, est retournée au pays. Même si elle a rencontré chez nous et aimé un étudiant au parcours un peu identique.


Samir Dahmani, en plus de ses doubles racines (né en France de parents maghrébins), a décidé d’apprendre le coréen pour rejoindre sa bien-aimée en Asie. Mais dans « Je suis encore là-bas », il ne raconte pas sa plongée dans cette civilisation différente. Il se base en fait sur le ressenti de son amie pour raconter la suite du voyage. Isnook est de retour en Corée après dix ans passés en France. Elle travaille pour une grosse société. Chargée d’accueillir et de servir d’interprète à un client français, elle va se replonger avec délice dans cette langue. Mais surtout elle va se rendre compte que c’est à cet étranger, qui ne la juge pas qu’elle va raconter tout son mal-être.
 ➤ « Je ne suis pas d’ici », Warum, 16 €
➤ « Je suis encore là-bas », Steinkis, 15 €

jeudi 16 mars 2017

De choses et d'autres : enfants envahissants


Pour les allergiques à internet, le terme de « video bombing » ne dit pas grand-chose. Pourtant ils en ont certainement déjà vu dans les innombrables bêtisiers multidiffusés en fin d’année. Une video bombing c’est un aléa du direct. Il y en a eu un mardi sur BFM TV. La journaliste chargée de couvrir la manif des pompiers place de la République à Paris a réussi à éviter un bisou donné par un manifestant un peu trop entreprenant.

Rien d’exceptionnel à côté de la séquence diffusée en direct par la BBC la semaine dernière. Un professeur de sciences politiques est interrogé sur la crise présidentielle en Corée du Sud, pays où il vit. Filmé dans son bureau, tout se passe normalement, jusqu’à l’ouverture de la porte du fond. Une fillette regarde par l’entrebâillement et pénètre dans la pièce en se dandinant. Elle se place juste à côté de son père et regarde la caméra. L’expert tente de la repousser. Elle résiste. A chacun son heure de gloire. Et le petit frère n’est pas en reste. Il arrive par la porte ouverte dans un trotteur. En plateau, le journaliste rigole, l’expert semble désespéré.
Tout dégénère quand sa femme pénètre à son tour dans la pièce en courant. Sans ménagement elle tente de ramener les enfants d’où ils viennent. Elle glisse, tombe, marche à quatre pattes et parvient finalement à refermer la porte. Fin de l’interview. Début de la célébrité pour la famille de Robert Kelly : plus de 90 millions de vues en moins d’une semaine. 

vendredi 27 mai 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : Cerveau en pause

smartphone, burn-out, corée, jeux video
A l'ouest, rien de nouveau. Très à l'est de l'Europe par contre se concentrent les modes et dérives de nos sociétés occidentales. Au Japon et de plus en plus en Corée du Sud, sorte de concentré du pire comme du meilleur des nouvelles technologies. Les parents français ont tendance à se plaindre de l'addiction de leurs enfants à leur smartphone ; ils seraient catastrophés en Corée du Sud. Au point que le gouvernement a décidé de légiférer, mettant en place dès 2011 une loi dite "Cendrillon". En clair, les plateformes de jeux en ligne ont l'obligation d'en interdire l'accès aux moins de 16 ans entre minuit et 7 heures du matin. Une loi pour obliger la jeunesse à dormir la nuit. Pas si étonnant quand on sait que de récentes études démontrent que 10 % des jeunes Coréens s'avouent dépendants de ce type de distraction. Ils ne sont cependant pas les seuls dans le pays à abuser du smartphone. En moyenne, un habitant de la péninsule passe 4 heures par jour les yeux rivés à un écran. Une situation dramatique qui a conduit des artistes à organiser un happening appelé "Relax your brain" soit "Relaxez votre cerveau". Les volontaires, téléphone éteint, assis immobiles dans un parc pendant 90 minutes, avaient pour instruction de ne rien faire si ce n'est laisser vagabonder leur esprit. Un exercice "recommandé pour ceux qui souffrent de pensées compliquées", explique après coup l'un des protagonistes. Imparable. Excepté si l'on joue sur son smartphone dans le seul but de se vider la tête de ces fameuses "pensées compliquées".

jeudi 14 mai 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - Esthétisation de la mort

Le monde de l'art contemporain pleure Chris Burden, décédé à Los Angeles à 69 ans. Américain originaire de Boston, sa cote explose dès 1971 lors de sa performance intitulée « Shoot ». Un idée toute simple, mais risquée. La caméra vidéo, l'arme et l'artiste dans la ligne de mire qui se fait tirer dessus. Pan ! C'est de l'art.

Dans le même genre, il se transforme en Christ des temps modernes lors de sa crucifixion sur une voiture. Avec de vrais clous, évidemment. L'âge aidant, il abandonne ces pratiques extrêmes pour des œuvres monumentales. La plus connue est installée au musée du LACMA de Los Angeles, 202 lampadaires gris des années 20 et 30 de l'âge d'or d'Hollywood, tous de tailles différentes, forment « Urban Light ». Cette forêt lumineuse remporte un tel succès qu'elle devient l'un des rendez-vous privilégié des Californiens.
Si la performance « Shoot » avait mal tourné, la renommée Chris Burden serait retombée comme un soufflé (aux pruneaux). Mais sa mort aurait été l'apothéose de son parcours créatif. Reste à savoir si la vidéo aurait conservé son statut de performance ou endossé celui de pièce à conviction dans une affaire criminelle ?
Question création morbide, le président de Corée du Nord surpasse Burden. La semaine dernière, Kim Jong-un pique une colère froide. Lors d'une parade militaire, son ministre de la Défense, au lieu de s'enthousiasmer, ose une sieste réparatrice. Cinq jours plus tard, le-dit ministre se transforme en chair à canon. Au sens propre : exécuté en public... à la batterie antiaérienne. Burden aurait certainement apprécié la vidéo de cette mise à mort. 

jeudi 17 octobre 2013

BD - Racines introuvables pour Jung dans "Couleur de peau : miel"


Retour au pays natal pour Jung. Jeune orphelin de Corée du Sud, il a été adopté par une famille belge. C'était il y a 40 ans. Dans la troisième et dernière partie de cette autobiographie dessinée, il revient enfin en Corée. Le premier tome, en remportant un formidable succès critique et populaire, a ouvert de nouvelles perspectives pour le dessinateur. Il a développé, en parallèle aux albums, un documentaire sur sa quête d'identité. Ce retour en Corée du Sud est en grande partie lié à la réalisation du film. Jung avoue ne pas se sentir véritablement prêt. Mais production oblige, il s'embarque pour l'Asie et sur place une équipe l'attend, filme ses premiers pas, ses rencontres, son émotion, ses déceptions. Quelques chapitres sont essentiellement consacrés au « making of » du documentaire. D'autres racontent les doutes, la solitude dans un hôtel, cette perte de racines. Une nouvelle fois l'émotion est au rendez-vous. Jung a cependant décidé de refermer la page et c'est la dernière fois que vous pourrez assister aux dialogues entre Jung, gamin de 5 ans, et Jung, dessinateur de BD adulte en plein doute.

« Couleur de peau : miel » (tome 3), Soleil Quadrants, 17,95 €

dimanche 29 juillet 2012

Les Jeux Olympiques de Londres sur tous les écrans

Le rouleau compresseur des Jeux olympiques 2012 est annoncé. Durant deux semaines, il va tout écraser sur son passage. En direct live absolu et partout grâce aux nouvelles technologies. Vous pourrez toujours faire du sport par procuration bien installé dans votre canapé devant votre télé. Fabriquer du gras chez soi à base de chips, cacahuètes, bière et soda pendant que d'autres transpirent sang et eau est un des derniers luxes permis dans notre société du « évitez de grignoter entre les repas »... Mais avec la diffusion de l'ensemble des épreuves sur le net (notamment sur le site de FranceTV), vous pourrez tout regarder en direct sur vos smartphones et autres tablettes. Même à la plage, dans les embouteillages ou au cours d'un repas en amoureux (soyez discret dans ce dernier cas).

Avant même la cérémonie officielle, quelques affaires ont défrayé la chronique. Une athlète grecque a été exclue de sa délégation pour cause de tweet raciste. Cette triple-sauteuse a mordu trois fois avant même le début du concours. Dans le tournoi de foot féminin, les Coréennes du Nord ont refusé de jouer durant une heure : le drapeau n'était pas le bon. Se retrouver associé, au royaume de l'affairisme capitaliste, au drapeau de la Corée du Sud, l'ennemi absolu, il y a de quoi être en colère. Colère bénéfique puisqu'elles ont battu la Colombie 2 à 0. Message pour les organisateurs : au prochain match des Françaises, hissez le drapeau allemand...
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET (MÊME L'ÉTÉ)" parue en dernière page de l'Indépendant du vendredi 27 juillet

mardi 22 mai 2007

BD - Justicier coréen


Chaque pays ou civilisation a, dans son histoire, la légende d'un justicier venu du peuple pour combattre les abus de pouvoir des puissants. En Corée, Lim Keok Jeong, le bandit généreux, est encore très présent dans l'imaginaire populaire. Lee Doo Ho, talentueux dessinateur, a décidé de retracer son histoire. Le premier tome permet de découvrir l'enfance et l'adolescence de cette force de la nature. Il y apprendra le maniement du sabre chez un vieux maître puis se trouvera deux frères de coeur. En noir et blanc, cet album accorde beaucoup plus d'importance à la psychologie des personnages qu'à l'action. La relation, exigeante et aimante, entre le maître et l'élève est parfaitement retranscrite.

Le bandit généreux, Paquet, 14,95 euros

mercredi 25 octobre 2006

BD - Jeune BD coréenne


On parle beaucoup de la Corée ces derniers temps. Celle du Nord, qui tente de maîtriser l'arme nucléaire. Au Sud, dans une démocratie très capitalistique, la jeunesse se gorge de bande dessinée. Des centaines d'albums bons marchés, comme au Japon, peu ambitieux. Mais à côté de ce volet très commercial, quelques auteurs parviennent à proposer des récits adultes et ambitieux. Une jeune bande dessinée coréenne que Casterman a décidé de mettre en avant dans une nouvelle collection. Premier exemple avec « Le marécage » de Choi Kyu-sok. Un étudiant en bande dessinée, raconte dans ce courtes scénettes de 3 ou 4 pages, sa vie en cohabitation avec trois amis. Dans une minuscule pièce, ils mangent, dorment et travaillent. Problèmes de coeur, d'argent, d'étude ou de relations constituent le pain quotidien de cette BD qui nous en apprend beaucoup sur la jeunesse coréenne. On rit souvent, mais l'émotion n'est pas absente, l'auteur donnant parfois un ton très sérieux et politique à son propos. Une belle découverte. (Casterman, Hanguk, 15,75 €)