dimanche 23 juin 2024

Cinéma - “Greenhouse” : vieillesse et solitude coréennes

Une aide-soignante va tomber dans un engrenage criminel implacable. « Greenhouse » est le premier film d’une cinéaste coréenne qui devrait compter ces prochaines années.

Image particulièrement soignée dans les ambiances sombres, interprétation fine et mesurée des comédiens (et ce n’est pas évident car tous les protagonistes ont des problèmes psychiques), montage sans fioritures, au service de l’intrigue : Greenhouse de Lee Sol-hui est un thriller haletant universel car il parle de vieillesse, de maladie d’alzheimer et de solitude dans la vie moderne.

Un premier film qui vaut aussi, et peut-être surtout, pour son scénario. Un script écrit alors qu’elle était encore étudiante. La réalisatrice a eu tout le temps pour épurer sa copie, la peaufiner, ne garder que l’essentiel, le plus frappant.

Frapper justement. C’est le premier verbe qui vient à l’esprit avec la scène d’ouverture. Au propre comme au figuré. Un plan fixe sur la « maison » de Moon-jung (Seo-Hyeong Kim), aide-soignante qui vit dans une sorte de tente en plastique dans une zone isolée de la banlieue d’une grande ville. Moon-jung qui se frappe, littéralement. De grandes gifles. Une sorte d’automutilation qui lui donne le courage d’aller travailler.

Film noir, très noir

Elle est au service d’un couple âgé. Lui, aveugle, semble si gentil avec ses bonnes manières. Elle, atteinte de démence sénile, est la plupart du temps atone. Sauf quand elle entre en crise et hurle sur Moon-jung, prétendant que cette dernière veut la tuer. Comment vivre de façon équilibrée dans ces conditions ? En participant à un groupe de parole. Mais ce n’est pas le fort de l’aide-soignante qui semble traumatisée par son ancien mari et qui espère que son fils, à peine adolescent, sorte vite de prison pour revenir vivre avec elle. Du moins si elle trouve un appartement.

Le tableau est noir. Absolument déprimant. La Corée, mais loin des belles voitures et du strass de la K-pop. Ce n’est pourtant que le début d’un long cauchemar pour Moon-jung. Un accident domestique et tout pourrait s’écrouler. Alors elle va tenter de dissimuler la vérité, jouer avec le feu, au risque de tout perdre dans l’incendie de sa vie.

Le spectateur, passé les 20 premières minutes, se retrouve tétanisé dans son fauteuil, craignant sans cesse pour l’aide-soignante. Pourtant, à cause d’un enchaînement retors de situations de plus en plus extrêmes, tout ne va aller qu’en empirant. Et de la chronique réaliste sociale puis du thriller, on passe au pur film noir. Celui, paradoxalement si brillant, qui détruit méthodiquement le mot espoir.

Film de Sol-hui Lee avec Seo-Hyeong Kim, Jae-sung Yang, So-yo Ahn

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