mardi 30 juin 2020

Série Télé - Campus américain et ordre magique


Depuis la déferlante mondiale d’Harry Potter, les écoles de magie ont la cote. Netflix a logiquement lancé sa propre production originale, en décidant d’entrée de viser le public adolescent. Avec aussi des visées sur Teenwolf puisqu’il y a aussi des loups-garous. Quelques démons aussi, mais pas la queue d’un vampire… Bref, on trouve tous les ingrédients nécessaires à la fabrication d’une bonne série magique dans The Order, dont la saison 2 vient de débarquer sur la plateforme mondiale. 

L’université de Belgrave a tout du campus américain classique. Mais en plus des classiques fraternités, il accueille le très secret Ordre de la rose bleue. Les membres de The Order sont des magiciens. Jack Morton (Jake Manley) veut intégrer l’Ordre pour venger la mort de sa mère, poussée au suicide par le grand Mage. Une intrigue principale pour la première saison, au cours de laquelle Jack se transforme en loup-garou, rejoint un autre ordre de chevaliers destiné à détruire la Rose bleue et tombe amoureux de la blonde et capiteuse Alyssa (Sarah Grey), magicienne en plein dilemme : aimer le jeune loup ou rester fidèle à l’Ordre. 

La saison 2 voit l’émergence de nouveaux personnages, dont la détestable Gabrielle (Louriza Tronco) archétype de la garce qui n’utilise la magie qu’à des fins futiles et personnelles. Elle amène beaucoup d’humour et d’autodérision dans un monde assez irréel. The Order vaut aussi par ses clins d’œil aux spécialistes. Ainsi le professeur d’Éthique de Jack est interprété par Sam Trammell, vu dans True Blood, autre série fantastique qui a marqué les esprits. On note aussi la participation de Jason Priestley dans son propre rôle. L’ancien comédien de Beverly Hills ne devrait, selon The Order, son succès qu’à sa parfaite maîtrise des incantations magiques.

De choses et d’autres - Les nouveaux objets tendances

Cette crise du coronavirus aura eu au moins un mérite : mettre en avant quelques objets qui jusqu’ici étaient relativement inconnus. Le vainqueur toutes catégories est bien évidemment le masque. Sujet à polémique au début, il est vite devenu la principale arme contre la propagation du virus. Et comme l’Humain aime ce qui est beau, plusieurs versions ont vu le jour pour casser le triste bleu hôpital ou la forme bec de canard. 

Force est de constater que plus les jours passent, plus les masques s’imposent et certains sont de véritables réussites. Ceux qui se moquaient des Asiatiques (moi le premier) il y a quelques années, doivent se mordre les doigts aujourd’hui… 

Complément du masque, la visière. Certaines personnes semblent totalement incapables de respirer avec un obstacle devant la bouche et le nez. La visière transparente élimine ce sentiment d’oppression. J’en ai vu une qui se fixe sur la visière d’une casquette. À déconseiller aux « djeuns » qui continuent à porter ce couvre-chef à l’envers. La visière sur leurs omoplates ne servira strictement à rien. 

Plus révélateur le succès phénoménal de l’urinoir portatif. Ses ventes ont été multipliées par cinq en quelques semaines. Les messages incessants nous demandant de nous laver les mains ont peut-être fait prendre conscience que la propreté de certains lieux publics, notamment les toilettes, laisse souvent à désirer. 


L’urinoir portatif permet de faire sa petite affaire en toute discrétion et sans prendre le risque de franchir l’enfer des microbes et autres bactéries. Un masque, une visière et un urinoir portatif : vous êtes équipés pour affronter le monde d’après. 

Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le mardi 30 juin 2020

lundi 29 juin 2020

Série télé et BD - Un Transperceneige universel


Jacques Lob, grand scénariste de bande dessinée française, aurait-il imaginé un jour que sa série lancée dans les années 80 dans les pages du mensuel (A SUIVRE) deviendrait des décennies plus tard une légende de la science-fiction mondiale ? Le Transperceneige, Snowpiercer en anglais, d’abord dessiné par Rochette puis adapté au cinéma par Bong Joon Ho et finalement convertie en série télévisée diffusée depuis un mois au rythme d’un épisode chaque lundi sur Netflix. Le train seul espoir de survie d’une Humanité sur une terre gelée, est devenu universel. 

 

Dans (A SUIVRE)

Mort en 1990 à 57 ans d’un cancer, Jacques Lob est un jovial moustachu qui a marqué plusieurs générations de bédéastes. Le Transperceneige, il en a l’idée dès le milieu des années 70. Il demande à Alexis, dessinateur de SuperDupont, une autre leur création, de faire quelques planches d’essais. Mais Alexis a la mauvaise idée de mourir du jour au lendemain, à peine âgé de 30 ans. Le projet du train sera gelé quelques années. 



Finalement Jean-Marc Rochette accepte de relever le défi et se lance dans la mise en image de ce monde de fer et de glace. Succès immédiat dans les pages du mensuel des éditions Casterman. Jacques Lob, après bien des héros et des séries au succès très relatif, trouvait enfin la voie de la réussite. Un roman graphique unique, majeur, auquel il ne comptait pas donner de suite. Mais après la mort de Lob, Rochette accepte de relancer le train avec Benjamin Legrand au scénario. La saga du Transperceneige peut alors devenir légendaire, planétaire. Trois autres gros albums sont publiés. Rochette s’affirme de plus en plus comme un graphiste d’exception dans la simplicité du noir et blanc. 


Film puis série

L’œuvre tape dans l’œil du cinéaste coréen   Bong Joon Ho qui décide de l’adapter. Un film qui le révélera au monde entier et lui permettra de réaliser ce chef-d’œuvre qu’est Parasite. 

Aujourd’hui le Transperceneige a une double actualité. Une nouvelle série BD, écrite par Matz, toujours dessinée par Rochette et qui raconte le monde d’avant le train. Avant la catastrophe écologique qui a glacifié toute la planète. On y retrouve les messages de Jacques Lob et Rochette, par ailleurs grand peintre de la montagne, peut donner libre cours à son immense talent. 

Mais le train roulant sans cesse dans ce monde où la température extérieure est de - 50 °C, est aussi présent sur la plateforme Netflix. On y retrouve l’idée de classe avec les très riches en tête de convoi et les moins que rien, les clandestins, à l’arrière. L’opposition entre celle qui gouverne (Jennifer Connelly) et le policier sans grade (Daveed Diggs) chargé de démasquer un tueur apporte une touche de suspense parfait pour le côté feuilleton.

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L’Homme au landau


Jacques Lob, en plus de l’univers du Transperceneige, a imaginé plusieurs personnages de BD détonants. Dans les pages de Charlie Mensuel, sous la plume de Pichard, il maltraitait Blanche Epiphanie, héroïne plantureuse aux charmes irrésistibles. 

Dans un tout autre genre ; il a imaginé l’Homme au landau. Un petit homme, qui lui ressemblait étrangement, qui passait sa vie dans un landau à se faire conduire par des nurses aguichantes. Les éditions Cornélius ont récemment réédité cette pépite des années 70, libres et sans tabou. 


dimanche 28 juin 2020

BD - JeanLouis Tripp se dévoile


Tuyau d’arrosage en main, JeanLouis Tripp accueille le visiteur du jour avec un grand sourire. Le petit jardin devant la maison qu’il a achetée et entièrement rénovée au centre de Talairan a soif. Le soleil tape sur la garrigue et les pierres ancestrales du village construit autour de l’église. Cela fait cinq ans qu’il est revenu dans l’Aude, département d’origine de sa famille paternelle. « Mon arrière-grand-père avait les tuileries Coudonne à Narbonne. Il a aussi été maire de Laroque-de-Fa. Quand j’avais 40 ans, avec un copain, on faisait du vélo l’été sur ces routes des Corbières. »

Après avoir bourlingué aux quatre coins du monde (pays de l’Est enfant avec son père fervent militant communiste, Afrique, Amérique du Sud, Asie), il a définitivement largué les amarres avec la France pour s’installer au Québec en 2003. « J’ai occupé un poste de professeur de bande dessinée à l’université du Québec. J’ai pris la suite d’Edmond Baudoin. » Un changement radical après un parcours professionnel atypique.

Jeune dessinateur, il place ses premières histoires dans les revues adultes comme Métal Hurlant. Il est publié chez Futuropolis et lance les aventures de Jacques Gallard où il parle de sujets politiques comme l’apartheid en Afrique du Sud. 
Déjà, son envie de liberté le titillait. Se retrouver enfermé dans une série, à dessiner des heures par jour ne lui donne plus satisfaction. Il range ses pinceaux et décide de faire de la sculpture et de la peinture. Une période de vache enragée, mais sans regret. Cette liberté il en avait besoin pour mieux revenir. Au Canada, donc, il réalise un nouvel album au début des années 2000 et retrouve un vieux copain, Régis Loisel. Ils décident de travailler ensemble sur une série se déroulant dans ce Québec qu’ils découvrent, émerveillés. 

L’histoire du petit frère

Ce sera l’aventure du Magasin général (9 tomes chez Casterman), énorme succès de librairie et un travail en duo inédit. « J’avais des difficultés à débuter une planche, Régis Loisel lui peinait à terminer les siennes. Une fois le scénario écrit à deux, il crayonnait la planche et je la finalisais, en amenant mon style de dessin plus doux. » Plus qu’une collaboration, c’est une fusion de styles qui a donné toute sa force à ce Magasin général, qui reste avant tout « l’histoire de l’émancipation d’une femme » tient à préciser Tripp. 

 

Une fois cette belle aventure refermée, lors d’un repas avec Loisel et son éditeur, JeanLouis évoque son envie de dessiner un récit sur la spiritualité. Loisel, « qui a toujours été mon confident », le convainc que ses aventures sexuelles seraient plus pertinentes. Ce sera Extases, premier tome en 2017, le second vient de sortir (lire ci-dessous), un 3e est dans les cartons. 


Mais avant, toujours dans la veine autobiographique, JeanLouis Tripp veut raconter l’histoire de son petit frère, tué à 11 ans par un chauffard. Un roman graphique, plus sombre qu’Extases, dont il a déjà finalisé 88 pages. Il devrait être terminé en 2021.

Entre-temps, quelques scénarios devraient être confiés à des dessinateurs. Notamment un projet autour d’une star de la radio. Un autre, coécrit avec Aude Mermilliod, se déroule dans un petit village du Sud-Ouest, à l’époque de Mai 68 et dans le milieu du rugby amateur. Sans oublier un autre scénario toujours avec Aude Mermilliod. Seulement trois personnages pour un one-shot ayant pour décor Talairan. L’œil de Tripp frétille de malice en l’évoquant. Il n’en dit pas plus, mais on devine qu’on est à mille lieues du roman de terroir. 

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« Extases » : livre politique et sans tabou

Tout, tout, tout, vous saurez tout sur JeanLouis Tripp ! Une phrase à scander sur l’air du Zizi de Pierre Perret car le dessinateur de la série Magasin Général (avec Régis Loisel) s’est lancé dans une longue et copieuse autobiographie dessinée portant en grande partie sur sa vie sexuelle. Il faut oser se dévoiler ainsi à 60 ans passés.
En noir et blanc, avec une grande variété de traitement graphique, on dévore dans le premier tome la découverte de la sexualité par ce gamin à peine pubère. La suite est dans les 370 pages du tome 2, l’âge adulte mais aussi celui des « Montagnes russes ». Après 8 années de vie commune avec sa première compagne, la lassitude brise le couple. Alors qu’elle ambitionne de rentrer dans le rang pour une vie normale JeanLouis aspire à une existence aventureuse. Il va bien profiter de sa vie de célibataire, mais reste le romantique qui espère le grand amour.

Le coup de foudre frappe en plein festival de BD. Capucine est le rayon de soleil qui lui permet de repartir. Dans ces pages sans la moindre censure, il raconte l’explosion des sens des premières fois, puis la routine et les accrocs, quand en festival, le dessinateur cède aux avances d’une lectrice qui aime, « vraiment beaucoup » ce qu’il fait. Une remise en cause est nécessaire. Elle passe par de nouvelles séparations et une phase de dépression suicidaire.


L’auteur se met à nu physiquement mais intellectuellement aussi. S’il parle à la première personne, chaque lecteur, quel que soit son sexe ou sa situation sentimentale, se reconnaît un peu. Forcément : il n’y a rien de plus universel que la sexualité. Et d’expliquer que ce bouquin est avant tout politique. « Je fais une proposition, dit-il dans un texte liminaire : et si l’on essayait de parler du sexe comme d’une chose naturelle et normale ? De dédramatiser le droit au plaisir ? Dédramatiser. Dire que nous avons le droit de choisir ce que nous faisons avec nos corps. » Et de conclure que sa BD, en « montrant des sexes en action » est « une démarche politique ».  L’histoire va crescendo dans la découverte de la sexualité et l’exploration des tabous. Rien n’est occulté tant qu’il s’agit de pratiques « entre adultes consentants et désirants ».
La dernière partie est consacrée aux premiers pas de JeanLouis et Nathalie (sa petite amie du moment) dans un club échangiste. Le brillant dessinateur casse les codes graphiques de la BD sur la dernière séquence. Sur des doubles pages très sombres, il fait tout pour que le lecteur « entre dans la ronde des corps. Qu’il soit au plus près de l’expérience, au milieu de la chair. » L’effet est saisissant. On ne ressort pas de cette séquence, la dernière du tome 2, sans souhaiter ardemment connaître la suite.
 

« Extases » (tome 2), Casterman, 27,95 €
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Le chalet de Mont-Louis 


La montagne a occupé une grande importance dans l’enfance de JeanLouis Tripp. En fait tout a débuté dans les Pyrénées. Son grand-père avait un chalet à Mont-Louis dans les Pyrénées-Orientales. Dans les années 50, le père de Tripp, jeune élève pilote faisant son service militaire, y passe quelques jours de permission. Arrive un camion camping-car qui se gare devant le chalet. A bord, une jolie Montalbanaise qui va craquer pour le jeune en uniforme. La future maman du dessinateur. Une belle histoire d’amour qui se prolonge par un mariage et la naissance d’un garçon. Il sera baptisé Jean-Louis, en souvenir du chalet.


Le Cambre d’Aze à 7 ans 


Montagne toujours avec un rituel familial des Tripp. Pour les 7 ans des enfants, tout le monde escalade le Cambre d’Aze. JeanLouis Tripp a conservé cet amour de la montagne même si cela fait quelques années qu’il n’est plus retourné à Mont-Louis. Et si le temps le permet, il ne manque pas de photographier le Canigou depuis la garrigue des Corbières. 


L’amour du rugby 


Au Canada, ce qui a le plus manqué à Tripp c’est le rugby. « J’y ai un peu joué gamin, puis le club de mon village près de Montauban a fermé. Je me suis tourné vers le foot. Mais on suivait tous les matches en famille. Je me souviens d’une rencontre entre Narbonne et Montauban. La voiture était décorée aux couleurs des deux clubs, un de chaque côté. Mon père était de Narbonne, ma mère de Montauban. » Montauban dont il se souvient de la victoire en championnat de France en 1967. Il était au match après avoir vu toute la phase finale avec les parents.  Supporteur du Stade Toulousain, quand il est au Québec, il regarde tous les matches du top 14 en streaming.

La Talariane 

Plus qu’un simple restaurant, la Talariane tenue par Sylvie et Benoît est un véritable lieu de vie du village. On s’y retrouve pour un café sous la terrasse ombragée ou pour déguster les superbes entrecôtes à la carte. Tous les midis un menu est proposé avec entrée, plat et dessert. La cuisine est simple et copieuse, avec produits locaux et de saison. 
La Talariane, 8 Avenue du Termenès, 06 78 96 38 32

Le Gourg Goutonnier 


Le Canada, c’est beau, mais un peu lassant. Des forêts, des lacs… Des forêts, des lacs… Se revendiquant « Méditerranéen », Tripp, quand il est dans les Corbières, profite à plein poumons de la garrigue. Variété des paysages et des odeurs avec des endroits magnifiques comme le Gourg Goutonnier. Une résurgence de la rivière, dans un écrin de verdure. Parfait pour cet amateur de grands espaces qui ne peut jamais se trouver trop éloigné de l’eau. 

Le Banquet de Lagrasse 

Quand il a décidé d’acheter une maison dans les Corbières, JeanLouis Tripp visait Lagrasse. Ami depuis plusieurs décennies avec Jean-Michel Mariou, le créateur du Banquet du Livre, il a dessiné dans sa jeunesse pour le journal éphémère de la manifestation littéraire de référence des Corbières. Lagrasse, pour JeanLouis Tripp, c’est un refuge où il sait qu’il va rencontrer artistes et vie culturelle foisonnante.

 

BD - Mondes parallèles d'Alter


Parue il y a quelques années sous le titre de « Parallèles » en quatre tomes, Alter de Pelaez et Laval NG revient sous la forme d’un gros volume de 100 pages avant la parution, mi-août, de la conclusion de cette série de SF ambitieuse. 

Dans un futur proche, un conflit mondial provoque le dédoublement de notre bonne vieille terre. Le capitaine Sylan Kassidy, persuadé de s’être échoué sur une planète éloignée, est en réalité sur la réplique de la planète bleue, version apocalypse. Attaqué par des zombies, il comprend qu’il doit revenir à son point de départ pour espérer survivre. 


Un peu complexe à comprendre au début, mais des doubles planches épurées en milieu de récit permettent de saisir l’idée générale. 

« Alter » (tome 1), Bamboo - Drakoo, 19,90 € 

BD - San-Antonio chez les Bretons




Les vieux héros sont toujours verts. Encore plus quand il s’agit de San-Antonio, commissaire et grand séducteur créé par Frédéric Dard. Avec ses acolytes Bérurier et Pinaud, il revit en BD des histoires parues précédemment. Dans le rôle de celui qui ressuscite : Michaël Sanlaville. 


Après le mythique « San-Antonio chez les Gones », il s’attaque à une aventure bretonne du pétillant flic. Muté avec Béru et Pinuche à Ploumac’h Vermoh, bled paumé de la Bretagne extrême. Une mutation sanction, comme leur patron, rétrogradé au poste de sous-préfet. 

Par chance, un meurtre est commis dans le village. San-A est de retour, tremblez voyous et veuves éplorées. Une adaptation fidèle, avec ce qu’il faut de grivoiserie, d’action et de rebondissements. 

« San-Antonio » (tome 2), Casterman, 16 €

BD - Un virus prémonitoire


Sorti début 1019, le premier tome de la série « Virus » de Ricard et Rica semblait un peu farfelu et invraisemblable à l’époque. Dans un labo, des chercheurs manipulent plusieurs virus pour en fabriquer un très agressif. Par malheur un laborantin est infecté et se retrouve dans la nature. Le cluster principal est sur un paquebot… Alors forcément, quand sort le second tome en cette période d’après-confinement, alors qu’on ne sait pas exactement d’où vient le Covid-19 ni comment faire pour le combattre, on lit cette aventure avec un regard différent. Sur le bateau, c’est la panique. Les morts se comptent par centaines. 

Le gouvernement, à terre, tente d’étouffer l’affaire. Mais des fuites sur internet provoquent une vague de panique. Cette seconde partie, baptisée « Ségrégation », raconte comment la survie s’organise à bord. Le commandant veut rester seul maître à bord en en disant le minimum. 

Mais une partie de l’équipage se doute que la situation est grave et décide de se cloîtrer dans les cuisines. 

Qui va prendre le pouvoir ? Les gendarmes dépêchés sur le bateau vont-ils retrouver le patient zéro ? Le gouvernement va-t-il tomber ? Suspense à la fin de ces 120 pages. Un peu comme dans la vraie vie…

« Virus » (tome 2), Delcourt, 18,95 €

Roman - Enquête littéraire sur une disparition



Amateurs de littérature érudite, si en plus vous appréciez les romans policiers, ce petit ouvrage (150 pages) va vous enchanter. Daniel Sangsue, universitaire, spécialiste de l’œuvre de Stendhal, enseignant tant en France qu’en Suisse, abandonne les publications excessivement sérieuses pour cette fiction, presque une autofiction. 

Le narrateur, enseignant dans une université suisse, découvre dans sa librairie préférée l’arrivée de plusieurs livres d’occasion d’excellente facture. Ils proviennent de la bibliothèque de Karl Kleber, un universitaire suisse disparu il y a plus de 20 ans. Pas un décès de sa belle mort mais bel et bien une disparition, du jour au lendem
ain, sans la moindre explication. Le mystère, rien de tel pour pimenter la vie très millimétrée du narrateur. Il va obtenir les premières indications du libraire qui lui vent ces livres, souvent annotés par le chercheur érudit. Ce qui frappe en premier lieu le futur enquêteur, c’est la concordance de goûts entre Karl Kleber et lui. Breton, Aragon, Queneau, Michaux et La disparition de Perec. L’auteur prend ce dernier titre comme un indice et il va dès lors consacrer tous ses loisirs à retracer la vie de Karl Kleber. On apprend donc qu’il était marié, mais avait une aventure avec une de ses étudiantes, qu’il ne supportait pas l’orientation de plus en plus marketing de l’université et qu’enfin il aurait été aperçu, mendiant dans les rues des Paris, une année après son évaporation. 

Coup de théâtre en Aveyron

Ce jeu de piste littéraire où l’on croise Cioran dont l’aphorisme « Ce qui est merveilleux, chaque jour nous apporte une nouvelle raison de disparaître » a été surligné par Kleber. Ensuite, après une séance de spiritisme (Daniel Sangsue a beaucoup étudié et publié sur les fantômes), on croit que le mystère sera résolu comme dans un roman récent de Joël Dicker, « La vérité sur l’affaire Harry Québert » Une fausse joie avec finalement des réponses presque définitives après un séjour dans une ferme aveyronnaise, près de Lassouts, village d’où est originaire Marieus Pouget qui a fait carrière dans la poésie à Paris sous le nom de Léo d’Orfer. Léo d’Orfer, justement est le sujet de la thèse de Karl Kleber parue en 1970. Comme un retour aux sources du maître et de l’élève. Un roman érudit donnant l’impression au lecteur d’être un expert en littérature française. 

 « À la recherche de Karl Kleber » de Daniel Sangsue, Favre, 14 €


samedi 27 juin 2020

Série télé - Inquiétants bois de la sombre Pologne

Tiré d’un roman d’Harlan Coben, Dans les bois a été mis à la sauce polonaise pour cette production originale Netflix. Six épisodes de 50 minutes pour démêler l’intrigue de ce thriller jouant sur passé et présent. Le roman, paru en 2007, des USA, se transporte à la Pologne. Deux époques. En 1994 et de nos jours. Mais les mêmes personnages. Dans les années 90, Pawel est le surveillant d’une colonie de vacances pour de jeunes adultes, comme lui. Il tombe amoureux de Laura, la fille du directeur. Le dernier soir du camp, alors qu’il s’est isolé avec Laura dans les bois autour de la colonie, le cri d’une jeune fille déchire la nuit. Le lendemain, la sœur de Pawel et trois autres jeunes ont disparu. 

Si les corps, affreusement mutilés d’une fille et d’un garçon sont rapidement retrouvés, la seoir de Pawel et son meilleur ami ne referont jamais surface. Le premier épisode raconte, avec un nombre incalculable de lenteurs, ce préambule dramatique. 

Ensuite on découvre que Pawel est devenu procureur et qu’il a l’occasion de relancer l’enquête sur la disparition de sa sœur. Car le garçon disparu avec elle vient d’être retrouvé dans un terrain vague, assassiné. Ce thriller, remarquablement filmé dans des décors naturels devenant forêts estivales bucoliques ou sombres paysages hivernaux, vaut pour l’interprétation des deux personnages principaux. 

Ils sont quatre en réalité, deux pour Pawel (Grzegorz Damiecki et Hubert Milkowski) et deux pour Laura (Agnieszka Grochowska et Wiktoria Filus). Une complicité amoureuse pour les jeunes, un froid dédain pour les adultes. Car cette nuit, bien des mensonges ont été enfouis au plus profond des consciences de ces jeunes vacanciers dépassés par les événements.


vendredi 26 juin 2020

Roman - Drame aux Roches rouges



 Ils ont menti tous les deux sur leur âge quand ils se sont rencontrés dans la salle d’attente de Pôle Emploi. Leïla prétend avoir 26 ans. Antoine 21. En réalité elle n’a que 21 ans et lui pas tout à fait 18. Ces deux presque enfants sont pourtant entrés de plain-pied, contre leur volonté, dans le monde dur et sans pitié des adultes. Leïla, à peine adolescente, se laisse séduire par son professeur de volley. Elle n’a que 14 ans. Ses parents réprouvent cette relation, mais lui permettent de s’émanciper dès ses 16 ans. A 17 ans elle est la mère d’un petit garçon. Depuis, son gentil prof de sport s’est mué en vigile trempant dans divers trafics. La vie dans le deux-pièces de banlieue est un véritable cauchemar. Aussi, quand Antoine lui fait les yeux doux, elle craque. Les voilà amants, mais en se mentant mutuellement. Antoine aussi est un jeune dont la vie s’est brisée à un moment précis. Le roman d’Olivier Adam tourne autour de ce drame qui l’a fait basculer dans l’échec scolaire, la drogue (du shit essentiellement) et les médicaments pour combattre en vain une dépression. 

Antoine et Leïla ce sont un peu les Roméo et Juliette modernes de ce roman spécifiquement destiné aux jeunes adultes. Quand le vigile découvre l’infidélité de Leïla, il pète les plombs. Les deux jeunes amoureux n’ont d’autre solution que de prendre la fuite, une longue cavale vers la maison des grands-parents, dans les calanques provençales, là où « Les Roches rouges » colorent le bleu de la Méditerranée.

Le récit, raconté en alternance par Leïla et Antoine, donne un joli aperçu des désillusions de la jeunesse actuelle. Mais confirme que l’amour sera toujours plus fort que toutes les difficultés. Émouvant, vrai, dramatique : le texte d’Olivier Adam ne laissera personne indifférent. 

« Les roches rouges », Robert Laffont, collection R., 17,90 €  


jeudi 25 juin 2020

De choses et d’autres - Faille temporelle

Vous souvenez-vous de l’année 1994 ? Pas forcément, si ce n’est pas une étape importante de votre vie du genre naissance, dépucelage, mariage ou divorce. De toute manière c’est du passé révolu. 26 ans, plus d’un quart de siècle. Pourtant, il y en a au moins un, en France qui n’a pas passé le cap. Comme s’il était pris dans une faille temporelle dans laquelle il fait du surplace. 

Tout débute quand l’ancienne cheffe du parquet national financier a évoqué des « pressions » dans l’affaire Fillon. Eric Ciotti, éminent membre de l’Opposition, tendance Les Républicains, a écrit à la garde des Sceaux pour que soit ouverte une enquête judiciaire pour « forfaiture ». Forfaiture, le grand mot. Mais, comme l’inculpation, devenue mise en examen, la forfaiture n’existe plus en droit français. Et ce, depuis le 1er mars 1994. 

Donc, pour Eric Ciotti, si l’on suit sa logique temporelle, le président de la République s’appelle toujours François Mitterrand, le Premier ministre, Edouard Balladur, Ciotti n’a que 29 ans et se souvient encore que c’est grâce à un piston de François Fillon qu’il a été exempté du service militaire. Eric Ciotti n’a pas de page Facebook, ni Twitter, « choses » qui n’existent pas encore dans son présent.

 Il lit en cachette Charles Bukowski, aujourd’hui âgé de 99 ans et moins vert que dans ses jeunes années, admire toujours autant Ayrton Senna (60 ans), recordman de titres de champions du Monde de Formule 1 (14 au total). Enfin, il voit d’un très bon œil l’investiture Républicaine de Kurt Cobain aux USA, l’ancien chanteur grunge qui a viré droite presque extrême après l’attaque des Twins Towers. Eric Ciotti, Mr Forfaiture, est un exemple parfait d’uchronie réelle.  

Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le 25 juin 2020

mercredi 24 juin 2020

BD - Pandora n°5 : 280 pages de BD pour un été divertissant



Pandora, la revue de bande dessinée des éditions Casterman, a décidé de faire peau neuve pour cet été. Sa nouvelle formule de 280 pages, enrichie à la bande dessinée, aux illustrations et autres jeux désopilants, fera de Pandora le compagnon idéal de vos vacances.

Pas moins de 60 auteurs et autrices signent autant de récits libres, aventureux, drolatiques, extravagants et toujours surprenants, autour du thème fédérateur de l’été ! 



On apprécie, dès la 3e page, l’édito illustré par David Prudhomme et mis en page à la mode (A SUIVRE). On retrouve ensuite des récits de quelques stars de la BD, comme Bastien Vivès, Nicolas de Crécy, Bouzard, Taniguchi ou Blain qui signe la couverture, mais l’essentiel du contenu est dû à de jeunes talents comme Icinori, Fanny Dalle-Rive ou Minaverry. 

Pandora, tome 5, Casterman, 19 € (en vente dans les librairies)


mardi 23 juin 2020

De choses et d’autres - Gare à la mémoire courte


Il y a deux mois, on était tous enfermés, interdits de mouvement, obligés de se contenter des mauvaises séries Netflix et du point quotidien du directeur de la Santé, tous les soirs, en direct, sur l’ensemble des chaînes d’info. Deux mois, ce n’est pas si loin que cela. Pas tout à fait de la mémoire immédiate, mais quasi. Alors, comment se fait-il que tant de monde semble avoir oublié aujourd’hui par où on est passé ? 

A Paris, pour la fête de la musique, ils étaient des centaines à danser collé-serré dans la rue. Un verre à la main. Beuverie générale sur fond de musique techno à fond. Dans l’ombre, le virus ricane. Que d’occasions de passer de l’un à l’autre, de se multiplier en toute tranquillité. Et je ne vous dis pas aujourd’hui. 

Chaque nouvel infecté doit en contaminer quelques-uns de plus. Et ne croyez pas que je ne noircis intentionnellement le tableau. Pour preuve le dernier chiffre du taux de reproduction du virus en France, dévoilé vendredi dernier. Il faut qu’il soit inférieur à 1 pour considérer que l’épidémie est contenue. À la fin du confinement, il était de 0,73. 

Mais, vendredi, plusieurs régions affichaient des taux anormalement élevés. Notamment l’Occitanie qui plafonnait à 1,51. Par comparaison, en Guyane ou un reconfinement est envisagé, le taux est de 2,59. 

Alors, après une fête de la musique où les gestes barrières n’ont pas été invités, il faut absolument être intransigeant pour le second tour des municipales de ce dimanche. Sinon, le 14 juillet, non seulement il n’y aura pas de défilé, mais en plus on cuira enfermés à la maison alors que, dehors, il fera 40 °C.  

Chronique parue en dernière page de l'Indépendant du 23 juin.

lundi 22 juin 2020

Cinéma - Benni, fugue mineure

Benni n’est pas une fille facile. Elle donne bien du fil à retordre à ses éducateurs. Benni, blondinette aux yeux bleus pourrait charmer qui elle veut en souriant. Mais Benni est en réalité une enfant sauvage aussi dangereuse qu’un volcan sur le point d’entrer en éruption. Pourquoi Benni rejette-t-elle à ce point la société ? Le spectateur le découvre au fil des minutes, plongeant à son corps défendant dans la psyché de cette enfant qui a visiblement été très mal traitée dans sa petite enfance.

De foyer en hôpital psychiatrique

Le film de Nora Fingscheidt, une des sensations de la dernière Berlinale, est tout le temps sur la corde raine. Comme les humeurs de la petite Benni, magistralement interprétée par Helena Zengel du haut de ses 9 ans. Elle a été retirée du foyer familial. Presque au soulagement de la mère qui a déjà fort à faire avec ses deux autres enfants. Benni est incontrôlable. Elle ne veut pas aller à l’école, a tendance à se battre, surtout avec les garçons mais surtout pique des crises d’hystérie totale si par malheur quelqu’un lui touche le visage. L’explication est donnée au détour d’une des nombreuses consultations médicales (Benni est du pain béni pour certaines psychiatres en mal de phénomènes) : quelqu’un aurait tenté de l’étouffer avec un oreiller quand elle était bébé. Qui, le film ne le dit pas. Reste le traumatisme. 

L’assistante sociale chargée de la suivre ne sait plus quoi faire. Tous les foyers la refusent. Et de toute manière elle fugue quasiment toutes les semaines pour tenter de rejoindre sa mère qui lui manque tant. Il ne reste que la solution de l’institution fermée, mais elles n’acceptent les enfants violents qu’à partir de 12 ans. Peut-elle passer deux années dans un hôpital psychiatrique en attendant ? La solution va venir d’un de ses accompagnants scolaires, Micha (Albrecht Schuch). Il propose de la prendre durant deux semaines dans une cabane isolée dans les bois, sans électricité. Juste lui et elle pour se confronter à une autre réalité. Un point sera fait après cette expérience. Le film, de drame social âpre et violent, se transforme lentement en relation fusionnelle entre deux incompris, sensibles à la poésie de la nature. On est subjugué par la scène de l’écho. Micha emmène Benni très loin dans les bois. Sur une crête, il lui demande de crier pour que l’écho lui réponde. Benni va se défouler durant deux longues minutes à appeler en vain sa maman. Une scène poignante. Comme toutes celles qui suivent car Benni n’en a pas terminé avec les problèmes, malgré ses promesses à Micha à qui elle demande de devenir son père. 

Le destin de cette petite fille perdue, traumatisée, incapable de trouver sa place dans notre société, devient alors un grand film qui restera dans les mémoires

Film allemand de Nora Fingscheidt avec Helena Zengel, Albrecht Schuch, Gabriela Maria Schmeide 

Cinéma - La peine des filles de joie

Le destin de trois femmes, obligées de se prostituer pour survivre dans une société sans pitié.

Tous les matins, elles partent travailler de l’autre côté de la frontière. Ces Françaises ont choisi de gagner leur vie en Belgique. Là où la prostitution dans des bordels est légale. Trois Filles de joie, selon le terme désuet mais si vrai dans ce cas précis, héroïnes au quotidien d’une vie qui ne leur fait pas de cadeau. Le film, politique et réaliste de  Frédéric Fonteyne et Anne Paulicevich montre sans l’enjoliver ce monde où les femmes deviennent de simples « steak hachés » pour les hommes comme le souligne hargneuse Axelle (Sara Forestier). Encore jeune, pleine d’illusions, elle tente d’élever seule avec l’aide de sa mère, les trois enfants qu’elle a eu avec un homme qu’elle n’aime plus. Lui voudrait reprendre la vie commune, juste pour qu’elle redevienne son objet, sa chose. Pour s’en sortir, Sara devient Athena dans la maison close, acceptant toutes les perversions des clients, ceux-là même qui permettent à la prostitution de continuer d’exister depuis la nuit des temps. 

Au boulot, elle y va dans la voiture de Dominique (Noémie Lvovsky). Plus âgée, elle joue le rôle de maman dans le bordel. A un mari, deux grands enfants, un autre métier, infirmière à l’hôpital, mais doit elle aussi faire des passes pour assurer le quotidien. Enfin il y a Conso (Annabelle Lengronne), d’origine africaine, elle est persuadée de filer le parfait amour avec un blondinet qui lui promet monts et merveilles. Elle espère tomber enceinte pour l’obliger de l’épouser. 

Un trio uni, qui tient car chacune est là quand l’autre a des moments de blues. Quand Conso découvre la véritable mentalité de son « amoureux », quand Axelle doit faire face au chantage du père de ses enfants, quand Dominique s’inquiète des relations de sa fille, à peine adolescente, considérée comme de la chair fraîche à monnayer pour les petites racailles du quartier. 

Le film est dur, parfois violent, tendre quand il le faut mais surtout vrai et réaliste. La réalisatrice a longtemps rencontré de véritables prostituées pour s’abreuver de leur vécu, épaissir le scénario, y apportant cette touche d’humanité qui fait si souvent défaut quand il est question de relations sexuelles tarifées. Vous serez touché par les peines de ces trois filles de joie.

Film franco-belge de Frédéric Fonteyne et Anne Paulicevich avec Sara Forestier, Noémie Lvovsky, Annabelle Lengronne


Disney + - Artemus Fowl et le monde magique


Pourtant réalisé Kenneth Branagh, la dernière production Disney qui devait sortir en salles début juin s’est finalement retrouvé directement sur la plateforme Disney + à cause de la pandémie. Cette adaptation fidèle de l’univers magique de l’écrivain Eoin Colfer pèche surtout par le manque de charisme de l’interprète d’Artemis, Ferdia Shaw. 

Par contre, côté effets spéciaux, on regrette fortement la non diffusion sur grand écran tant on en prend plein la vue. Le reste de la distribution sauve le film (qui normalement devrait avoir une suite), notamment Judi Dench en commandante en chef de l’armée des Elfes et Colin Farrell, décidément capable d’endosser tous les rôles, des plus classiques aux plus étranges.


dimanche 21 juin 2020

BD - Les combats des héros solitaires



Seuls, un peu victime de son succès, ne peut plus suivre tous les personnages principaux. Le scénariste, Fabien Vehlmann, se consacre à chaque album sur une personnalité. 

Ce 12e tome voit la belle et rebelle Leïla mises à l’épreuve par Saul, l’empereur de Néosalem. Des combats à morts où elle doit tenter de survivre tout en préparant la rébellion des sans-grade. 



L’opposition Saul-Leïla occupe les deux-tiers de l’histoire, le reste nous met l’eau à la bouche pour l’avenir des autres héros de cette série fantastique, Terry toujours accompagné du redoutable Maître des couteaux, Dodji prisonnier du Maître-Fou et Camille, devenue l’élue du Mal. 

Une série toujours aussi passionnante et de mieux en mieux dessinée par Gazzotti qui se renouvelle sans cesse dans ses cadrages dynamiques et ses scènes d’action criantes de vérité.

« Seuls » (tome 12), Dupuis, 10,95 € 


BD - Planquez vos dentiers !



Politique fiction, combat de rue et vieillissement de la population sont les trois thèmes principaux de cette série BD imaginée par Nicolas Juncker et dessinée par Chico Pacheco. 

Un mélange des genres détonnant qui donne au final le bouquin le plus étrange de cette sortie de confinement. Nous sommes en 2050. Les octogénaires sont de plus en plus nombreux. Mais le pays a basculé dans la dictature depuis la victoire à la présidentielle de Mohamed-Maréchal Le Pen. Conséquence, une fois passé 80 ans, c’est l’euthanasie obligatoire si vous n’êtes pas en parfaite santé. Pas de chance pour Stéphane, ses dernières analyses ne sont pas bonnes. 


Positif à la nicotine, il n’a que 24 heures pour dire au revoir à sa femme Nadège. Mais quitte à mourir, autant le faire avec éclat. Il prend la fuite avec son épouse et tente de trouver refuge chez les néo-ruraux dans une zone de non-droit. Là, dans des centres commerciaux à l’abandon, les barons de la pègre organisent des combats entre octogénaires. 

Stéphane, de papy tranquille, se transforme en bête de ring, capable de tuer tout vieillard qui ose lui tenir tête. Les 120 premières pages de cette sorte de manga (l’ensemble est de petit format en noir et blanc) à la française sont magistrales. 

On apprécie la parabole politique (le Gaullisme, dans 30 ans, sera récupéré à toutes les sauces, les centristes des terroristes impitoyables) mais aussi les scènes d’action qui n’ont rien à envier aux meilleurs films de karaté et rabaissent le MMA à un innocent jeu de récréation pour gamins de 30 ans.  

« OctoFight » (tome 1), Glénat, 12,90 €



L'autre explication du Manuscrit inachevé de Franck Thilliez



Quand Franck Thilliez ne se consacre pas aux enquêtes de Sharko et Lucie Hennebelle, son couple de flics à la vie de plus en plus compliquée et dramatique, il s’attaque à des thrillers diaboliques, à la composition complexe et prenante. Dans Il était deux fois, il raconte en réalité les coulisses de son autre roman terrifiant, Le manuscrit inachevé, paru en 2018.  Son tour de force, c’est en réalité de nous le faire comprendre que vers la moitié de ce présent ouvrage. 

Au début, tout débute de la façon la plus classique pour un bon polar à la française. En 2008, Julie, 17 ans, disparaît en forêt. Son père, gendarme dans la petite ville de Sagas en Savoie, se lance à sa recherche. Il se rend à l’hôtel où elle travaillait l’été précédent. Là, épuisé par ses recherches dans la liste des clients, il s’endort. En pleine nuit, il est réveillé par une pluie d’étourneaux morts. Au petit matin, nauséeux, il ne se reconnaît plus. Il a fait un bond de 12 ans dans le futur. En 2020, Gabriel n’est plus gendarme, mais il cherche toujours sa fille. Il se souvient de peu de choses, excepté « le moment de la disparition, celui entre le juste avant et le juste après. Il faisait partie de ceux définitivement gravés dans l’esprit des proches. Le dernier sourire, le dernier geste, le dernier mot devenaient les ultimes souvenirs. »

Une fois expliquée cette forme très rare d’amnésie brutale, l’auteur déroule l’intrigue avec un savant dosage de révélations et d’interrogations. Le cadavre d’une femme est découvert dans une rivière. Longtemps on croit que c’est Julie. Un corbeau déverse sa haine dans le village à travers des lettres anonymes. La mafia russe serait impliquée. 

Un livre codé dans le roman

Gabriel, en désespoir de cause, demandera de l’aide à son ami de toujours, Paul, gendarme lui aussi, mais qui depuis quelques années vit avec l’ancienne femme de Gabriel. Le déclic se produit quand les deux ennemis, découvrent dans une cabane en pleine forêt la fin d’un roman. Il se trouve que c’est la conclusion inédite du Manuscrit inachevé. Et que l’auteur, Caleb Traksman, a eu une aventure avec Julie. Le cerveau du lecteur se met alors à phosphorer. S’il a lu le précédent roman, il découvre l’envers de l’écriture du livre. Sinon, il n’a qu’une envie, c’est de dévorer cet autre livre signé Franck Thilliez (paru depuis chez Pocket), dont la véritable fin est proposée, sous forme manuscrite dans Il était deux fois. 

Et pour les amateurs d’horreurs, les 520 pages du roman leur offrent des moments épiques, dont une scène finale dans un décor de cauchemar : « Gabriel évoluait à présent dans un univers où la mort régnait, où l’on devinait le tendre feulement de sa faux aiguisée. » Tremblez, le xiphopage va frapper. 


samedi 20 juin 2020

Cinéma - La revanche des classiques


Selon les derniers sondages commandés par les professionnels de l’industrie cinématographique, entre 15 et 17 millions de Français ont déclaré avoir l’intention d’aller au cinéma voir un film, en salle, dès qu’elles seront de nouveau ouvertes. Lundi, ce 22 juin, ce sera chose faite. Mais, il n’y aura pas une ruée sur les fauteuils rouges et les paquets de pop-corns. Les exploitants ont eu toutes les difficultés pour bâtir une programmation, car les nouveautés se font rares. 

Un problème, mais pas pour tout le monde. Jacques Font, patron du Castillet et du Méga Castillet, a profité de l’aubaine pour programmer les « grands classiques américains de mon temps, car à l’époque il n’y avait pas de sorties en juillet. Aux USA, ils sortaient pour la fête nationale, le 4 juillet, mais après, il fallait les traduire, tout un processus qui faisait que les films de juillet ne sortaient jamais avant le 15 août, ici. ». 

La violence d’Orange Mécanique

Des reprises de chefs-d’œuvre qui d’ordinaire se retrouvent dans des salles plus petites. Cette semaine, vous pourrez les voir dans les grandes salles du Méga Castillet. Cela commence par des incontournables qui n’ont pas pris une ride. Sorti en 1972, Orange Mécanique de Stanley Kubrick a horrifié beaucoup de spectateurs. Un film futuriste, où la violence gratuite est devenue la norme. Le réalisateur anglais bouscule tous les codes en filmant tortures et viols avec un réalisme à vous clouer au fauteuil d’effroi. Film visionnaire, il a totalement modifié la façon de filmer la violence. Le redécouvrir, comme lors de sa sortie, redonnera toute sa puissance à une œuvre forte et sans concessions. Interdit aux moins de 16 ans, il est à l’affiche, lundi et mardi, à 21 h 40, au Méga Castillet.

La poésie de Blade Runner


Plus récent, mais tout aussi culte, Blade Runner de Ridley Scott est sorti en 1982. Premier film de science-fiction avec une esthétique, souvent copiée, jamais égalée, ce récit est tiré d’une nouvelle de Philip K. Dick, génie de la littérature américaine. Harrison Ford y interprète un détective privé spécialisé dans la chasse aux androïdes qui tentent de se fondre dans la masse humaine. Rutger Hauer, comédien néerlandais révélé par Paul Verhoeven, crève l’écran en composant ce robot, sans doute plus humain que les êtres faits de chair et de sang qui veulent sa mort. Une version remastérisée à découvrir, lundi, au Méga Castillet, à 19 h. Le Castillet, de son côté, reprend Elephant Man en cette semaine de réouverture et prépare un cycle Christopher Nolan.  

De choses et d’autres - L’écart des températures

Ce week-end, la convention citoyenne pour le climat va définitivement valider ses ultimes propositions après neuf mois de débats. Parmi l’inventaire à la Prévert (reprise du verre consigné, diminution de la vitesse maximale sur les autoroutes, mise à la diète des carnivores...), on trouve cette proposition qui s’annonce assez folklorique si elle est adoptée. La convention pour le climat voudrait « limiter le recours au chauffage et à la climatisation à respectivement 19 ºC et 30 ºC ». 

Les frileux vont devoir enfiler trois couches de laine pour supporter une telle mesure. Car, si cette idée devient loi, on ne pourra plus chauffer sa maison s’il ne fait pas moins de 19 °C dehors. J’imagine déjà les brigades anti-chauffage qui vont sillonner les rues des villes. Thermomètre dans une main, œil rivé sur les cheminées de l’autre, les agents vont traquer les énergivores. 

Une fumée suspecte au-dessus des toits alors que la température est à 19,1 °C ? C’est, direct, l’amende de 135 euros. Et pas de justification oiseuse sur le fait qu’il faut du temps pour que la cheminée chauffe toute la bâtisse. Ils auront aussi accès, en direct, aux compteurs linky. 

Dans cet appartement, la consommation explose, pas de doute, ce sont les radiateurs électriques qui fonctionnent à plein régime. En été, quand il fait 29 °C, sans le moindre souffle de vent, les fenêtres fermées dénonceront de facto les renégats qui ont osé pousser la clim avant les 30 °C réglementaires. 

Mais, je me fais peur inutilement, car même si cette mesure est votée, les avocats se feront un plaisir de la rendre inapplicable, sur la simple question insoluble de la différence entre température réelle et ressentie. 

Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le 20 juin 2020

Littérature. Le camion du Livre de Poche sera à Collioure


Du 5 au 6 août, Le camion qui livre fera une nouvelle escale à Collioure. L’opération lancée par Le Livre de Poche est maintenue pour cet été. Le principe est simple : la maison d’édition, associée avec une librairie locale, propose des rencontres en bord de mer, en toute décontraction. L’occasion de faire un tour d’horizon des dernières parutions, de feuilleter nouveautés, grands succès ou classiques, dans des fauteuils confortables et d’acheter au libraire associé. A Collioure, ce sera une nouvelle fois Cajélice, de Perpignan qui fournira l’infrastructure et assurera la vente des livres. 

Une association importante pour le Livre de Poche qui a sélectionné dix libraires indépendants pour ses dix dates. Un travail en commun qui prend une tournure encore plus importante en ces temps de déconfinement et de reprise progressive dans le secteur de la culture, durement impactée par la pandémie. Si les dates de la venue du Camion qui livre à Collioure sont arrêtées (5 au 6 août), par contre on ne sait pas encore quel auteur sera présent. On aura la surprise entre Laetitia Colombani, Bernard Werber, Sébastien Spitzer, Anne-Gaëlle Huon, Michaël Uras, Laure Manel ou Julien Sandrel… Une Master class serait même envisagée.

Et puis, les écrivains en herbe pourront aussi participer à un atelier d’écriture coordonné par le dernier partenaire du Camion, le Labo des Histoires. Les modalités d’inscription seront à retrouver prochainement sur le site de la librairie cajelice.fr

vendredi 19 juin 2020

Castillet et Méga Castillet prêts pour la reprise

 


Trois mois de fermeture. Qui aurait imaginé que cette formidable machine à rêver qu’est le cinéma s’interrompe complètement, partout sur la planète, durant trois mois ? « La pandémie est derrière nous » se veut rassurant Jacques Font, le patron de Ciné Movida qui exploite Castillet et Méga Castillet à Perpignan. Le gouvernement a annoncé la réouverture des salles le 22 juin et naturellement les deux complexes seront au rendez-vous.  Malgré la contrainte des mesures sanitaires. Même si ce dossier a été largement anticipé par Antoine Font qui épaule son père dans la société. Seulement 50 % des fauteuils de chaque salle seront mis en vente. Un siège de libre séparera chaque spectateur ou groupe de spectateurs, à droite, gauche, devant et derrière. Les distanciations physiques seront ainsi respectées. 

Le Méga Castillet ne proposera que quatre séances par jour pour permettre au personnel de parfaitement nettoyer les salles. Au Castillet, jusqu’au 14 juillet, il n’y aura que deux séances par jour, à 16 h et 20 h 30. Tous les employés auront un masque, spécialement fabriqué par Shop Création et Payote pour Ciné Movida. Des distributeurs de gel hydroalcoolique seront disponibles à l’entrée des salles. Mais surtout, les exploitants perpignanais veulent développer la vente des billets par internet. Jusqu’au 7 juillet, si vous achetez vos places sur le site de Ciné Movida, vous ne paierez que 5 € le film. Un tarif très attractif qui devrait permettre à beaucoup de convertir cette envie d’aller au cinéma en action d’aller au cinéma. 

Peu de blockbusters

Pourtant l’offre de films n’est pas folichonne pour cette reprise. En fait, 80 % des titres seront des œuvres sorties en mars et qui n’ont pas pu rencontrer leur public. Pas de blockbuster pour remplir les salles (même à 50 %). L’épidémie touche durement les USA. Là-bas aussi les salles ont fermé et surtout les tournages ont été interrompus. Résultat, à part Mulan de Disney fin juillet, il n’y a que peu de films susceptibles de dépasser le million d’entrées. Un pessimisme tempéré par Jonathan Salas, directeur du Castillet, énumérant les très bons films de l’été que sont Les Parfums (le 1er juillet), Tout simplement noir (8 juillet), Divorce Club (le 14 juillet), ou Tenet le dernier Christopher Nolan, sans doute courant août. Par contre Wonder Woman a été décalé en fin d’année, comme le nouveau James Bond.

En réalité les exploitants ne savent pas du tout ce que sera la fréquentation ce lundi. D’ordinaire, on va au cinéma pour voir un film. Mais durant cette première semaine de reprise, beaucoup vont aller au cinéma juste pour retrouver cette magie, ce charme et atmosphère uniques de voir un film sur grand écran, confortablement installé et dans des conditions techniques optimales.

Une salle enfants en projet

De confort, il en est justement question avec l’aménagement, sans doute pour la fin d’année, d’une salle en MX-4D. En clair, les fauteuils bougent ou vibrent en fonction de l’action sur l’écran. Ces effets associés à Bass-Me, toujours en location sur certains films, rendront l’immersion dans le film encore plus totale. En projet aussi une salle réservée aux enfants comme elle existe au 7 Batignoles, le complexe parisien de Ciné Movida. Poufs et méridiennes permettent aux plus petits de profiter pleinement des productions qui leur sont destinées. 

Des projets repoussés mais pas abandonnés. La fermeture des cinémas durant trois mois, malgré la mesure bienvenue de chômage partiel pris en charge par l’État, est un rude coup à la société Ciné Movida. Les pertes sont importantes et le retour des spectateurs encore hypothétique. Antoine Font estime qu’il faudra « entre six mois et un an » pour que l’affluence redevienne normale. 

Mais l’optimisme est cependant de mise. Même du côté de la dernière entité de Ciné Movida, le distributeur Bodega, où ce 22 juin marque aussi la reprise de La communion, le film polonais coup de poing nommé aux Oscars. Il sera projeté dans 230 salles dans toute la France. La plus grosse sortie pour Bodega depuis longtemps et peut-être que finalement, ce triste confinement aura été la chance de cette œuvre qui sera diffusée tous les jours au Castillet. 

Article paru le 19 juin dans l'Indépendant, édition Catalan

De choses et d’autres - Une idée fumeuse pour l’après Covid-19


Non, il ne faut surtout pas reprendre la vie exactement comme avant le grand confinement. Il y aura bien un après. Pour l’instant, il ressemble beaucoup à l’avant, en pire. 

Mais certains veulent profiter de la séquence pour changer la donne. Certains politiques remettent sur le tapis le problème de la légalisation du cannabis. Une soixantaine d’élus de tous bords, de La France insoumise aux Républicains en passant par quelques La République en Marche viennent de publier une tribune dans l’Obs réclamant une nouvelle fois la légalisation de cette drogue très consommée en France. 

Pourquoi maintenant ? Pas pour des raisons thérapeutiques. Le cannabis a des vertus médicales, personne ne le nie. Mais n’a pas spécialement d’effet contre le coronavirus. Même si le look de Didier Raoult pourrait laisser penser que ses fulgurances sur la chloroquine est l’effet retard d’une descente mal gérée. La tribune intervient maintenant car, selon les élus, « pour beaucoup de Français, le confinement est resté une douloureuse épreuve que le cannabis est parvenu à soulager.

 Un argument en béton !

 Quand on a terminé toutes les bouteilles d’alcool et qu’il ne reste plus qu’une clope dans le dernier paquet en provenance d’Espagne, il n’y a plus que le bon gros pétard pour supporter les heures d’angoisse distillées par BFM. Au moins, quand on plane, on n’a plus la tentation de sortir se défouler en courant 10 km autour du pâté de maison et se prendre une amende à 135 €. 

Alors, si par malheur, un nouveau confinement était décrété pour contrer la seconde vague toujours menaçante, pensez à faire des provisions. Mais attention, pour l’instant la légalisation n’en est qu’à l’étape de tribune. 

Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le 19 juin

jeudi 18 juin 2020

Cinéma - Une seconde chance pour ces films


La bonne épouse, Une sirène à Paris, Radioactive… Qu’ont en commun ces trois films ? Tout simplement d’être sortis le 11 mars dernier, soit quatre jours avant le confinement et la fermeture de tous les cinémas français. Trois œuvres fauchées en plein décollage, qui n’ont pas réussi à, ou eu le temps de trouver leur public. 

Salles obscures et grand écran

La réouverture ce lundi 22 juin des salles leur donne une seconde chance. Certes, le contexte est peu favorable, mais il y aura certainement quantité de cinéphiles qui auront envie de retrouver l’ambiance des salles obscures et des grands écrans, frustrés de se contenter de l’écran de la télévision, même en HD et aussi large que le bras d’un basketteur. Le 11 mars, c’est La bonne épouse de Martin Provost qui avait remporté le plus de succès. 

Très mérité pour cette comédie menée par trois comédiennes formidables (Juliette Binoche, Yolande Moreau et Noémie Lvovsky) se déroulant dans une école privée de la parfaite ménagère, en plein mai 68, symbole de libération de la femme. Comique et intelligent, le film devrait être la locomotive de cette reprise anticipée d’après confinement.

Lancement plus compliqué pour Une sirène à Paris, le conte romantico-fantasque de Mathias Malzieu avec Nicolas Duvauchelle. Peu de public, mais cette seconde chance pourrait permettre à ce film très original de mieux se faire connaître. Tout comme Radioactive, biopic de Marie Curie par une autre femme remarquable, Marjane Satrapi.



De choses et d’autres - Ces publicités d’avant confinement

La France entière a été saisie par le confinement brutal, décidé en moins de trois jours. Deux mois où tout s’est arrêté, un peu comme le château de la Belle au bois dormant. 

Quand on est ressorti, tout étonné du calme de la ville, si les voitures étaient beaucoup moins nombreuses, les panneaux publicitaires eux n’avaient pas bougé. Au contraire, ils étaient comme figés à faire la réclame d’événements ou de produits devenus obsolètes ou dérisoires, comme des vacances à l’autre bout du monde. Plus étonnant, une fois le déconfinement acté, le 11 mai, certains panneaux n’ont pas du tout changé. On a par exemple vu, durant de longues semaines, passer les bus de ville de Perpignan avec les publicités pour le film Papy Sitter. 

Un film qui n’a pu rencontrer ses spectateurs que durant une semaine. Ensuite, on a dû se contenter des affiches. Si, comme moi, vous avez  été alléché par cette histoire de deux grands-pères que tout oppose, obligés de collaborer pour faire réviser leur petite fille, vous pourrez enfin le découvrir, dès ce lundi, dans tous les cinémas de la région. 

Toujours dans le domaine du cinéma, certains affichages dépendant de la mairie de Perpignan annoncent toujours le 56e festival Confrontation de l’Institut Jean Vigo, du 24 au 29 mars. Là aussi, bonne nouvelle, le thème retenu sur l’Histoire du temps présent est conservé et se déroulera du 13 au 18 avril… 2021. Si les affiches, toujours en place, résistent encore une dizaine de mois, il n’y aura quasiment rien à changer, si ce n’est la date.  

Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le 18 juin 2020


mercredi 17 juin 2020

BD - Jean-Luc Garréra creuse pour trouver des gags aériens


Deux nouvelles séries sinon rien! Jean-Luc Garréra, loin de se laisser gagner par le spleen après l’arrêt de sa série vedette «Les Vélomaniacs», a relancé la machine à gags. Le scénariste audois, fidèle à la ville de Coursan depuis sa naissance, lance en ce mois de juin deux nouvelles bandes dessinées, toujours aux éditions Bamboo.

 Deux séries qui lui permettent de faire rire les lecteurs et lectrices intéressés par l’archéologie et les oiseaux. Le tomeI des Arkéos est dans les bacs des libraires, depuis le 10 juin. Une des premières nouveautés de l’après confinement s’intègre dans la collection «Apprendre en s’amusant». Car on rit en découvrant ces scènes mettant en scène des archéologues, professionnels ou amateurs, mais on découvre aussi la réalité du terrain d’un métier trop souvent assimilé à Indiana Jones. 

Avec l’aide d’un véritable archéologue, pour certaines anecdotes véridiques, il déroule son humour bon enfant dessiné par Cédric Ghorbani. Jean-Luc Garréra ne s’est pas forcé pour aborder ce sujet, car, depuis toujours, il est passionné par l’archéologie et l’idée de la série est venue d’un ami aux Rencontres d’archéologie de la Narbonnaise. Jean-Luc Garréra sera de nouveau présent pour l’édition 2020, du 3 au 7 novembre, mais derrière un stand pour dédicacer sa BD. 

L’autre nouveauté issue du cerveau en ébullition de Jean-Luc Garréra ne sera en librairie que le 24 juin. Il s’attaque cette fois aux oiseaux, une autre de ses passions. Avec Alain Sirvent au dessin, il fera découvrir les histoires étonnantes de certains oiseaux, comme le casoar à casque qui serait l’oiseau le plus dangereux du monde. Le plus marrant, s’il devait exister, serait sans doute un hybride imaginé par Garréra, fin observateur de la faune avicole du pourtour méditerranéen. Des albums en librairies pour le Coursannais, mais d’autres sont en pleine préparation.

 Avant la fin de l’année, il retrouve sa casquette de dessinateur pour une nouvelle aventure de Nino, le héros de OM Droit au But. 

Et en janvier 2021, si tout se passe bien, il proposera le premier tome des aventures comiques des Fatals Picards. Un premier album de trois histoires courtes, dessiné par Juan, et qui ne raconte pas la vie des Fatals Picards, groupe de chanson française déjantée, mais fait d’eux de véritables personnages de BD. De l’humour total pour découvrir une nouvelle facette de Garréra, le comique.