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mardi 5 juillet 2022

Thriller - Dédale démentiel

Pour bien occuper votre temps libre de cet été, faisons confiance à un spécialiste du suspense. Franck Thilliez est devenu un des auteurs français actuels le plus lu de ces dernières années. Dans Labyrinthes, il délaisse son héros flic Sharko (bientôt adapté en série télé), pour revenir dans le dédale constitué de deux autres de ses thrillers : Le manuscrit inachevé et Il était deux fois.

Au début, rien ne permet de relier ce roman aux autres. On suit les aventures de plusieurs jeunes femmes. Une adolescente enlevée et torturée ; une journaliste qui enquête sur des disparus et une psychiatre recluse dans un village de montagne en pleine tempête de neige. S’y ajoutent une mystérieuse romancière et une policière dépressive.

Avec un machiavélisme et une virtuosité indéniables, Franck Thilliez va perdre le lecteur dans ces récits parallèles. Finalement, on retrouve son chemin dans ce labyrinthe truffé de faux-semblants et on comprend, dans les dernières pages, le fin mot de cette histoire extraordinaire.

«Labyrinthes» de Franck Thilliez, Fleuve Noir, 384 pages, 21,90 €

dimanche 21 juin 2020

L'autre explication du Manuscrit inachevé de Franck Thilliez



Quand Franck Thilliez ne se consacre pas aux enquêtes de Sharko et Lucie Hennebelle, son couple de flics à la vie de plus en plus compliquée et dramatique, il s’attaque à des thrillers diaboliques, à la composition complexe et prenante. Dans Il était deux fois, il raconte en réalité les coulisses de son autre roman terrifiant, Le manuscrit inachevé, paru en 2018.  Son tour de force, c’est en réalité de nous le faire comprendre que vers la moitié de ce présent ouvrage. 

Au début, tout débute de la façon la plus classique pour un bon polar à la française. En 2008, Julie, 17 ans, disparaît en forêt. Son père, gendarme dans la petite ville de Sagas en Savoie, se lance à sa recherche. Il se rend à l’hôtel où elle travaillait l’été précédent. Là, épuisé par ses recherches dans la liste des clients, il s’endort. En pleine nuit, il est réveillé par une pluie d’étourneaux morts. Au petit matin, nauséeux, il ne se reconnaît plus. Il a fait un bond de 12 ans dans le futur. En 2020, Gabriel n’est plus gendarme, mais il cherche toujours sa fille. Il se souvient de peu de choses, excepté « le moment de la disparition, celui entre le juste avant et le juste après. Il faisait partie de ceux définitivement gravés dans l’esprit des proches. Le dernier sourire, le dernier geste, le dernier mot devenaient les ultimes souvenirs. »

Une fois expliquée cette forme très rare d’amnésie brutale, l’auteur déroule l’intrigue avec un savant dosage de révélations et d’interrogations. Le cadavre d’une femme est découvert dans une rivière. Longtemps on croit que c’est Julie. Un corbeau déverse sa haine dans le village à travers des lettres anonymes. La mafia russe serait impliquée. 

Un livre codé dans le roman

Gabriel, en désespoir de cause, demandera de l’aide à son ami de toujours, Paul, gendarme lui aussi, mais qui depuis quelques années vit avec l’ancienne femme de Gabriel. Le déclic se produit quand les deux ennemis, découvrent dans une cabane en pleine forêt la fin d’un roman. Il se trouve que c’est la conclusion inédite du Manuscrit inachevé. Et que l’auteur, Caleb Traksman, a eu une aventure avec Julie. Le cerveau du lecteur se met alors à phosphorer. S’il a lu le précédent roman, il découvre l’envers de l’écriture du livre. Sinon, il n’a qu’une envie, c’est de dévorer cet autre livre signé Franck Thilliez (paru depuis chez Pocket), dont la véritable fin est proposée, sous forme manuscrite dans Il était deux fois. 

Et pour les amateurs d’horreurs, les 520 pages du roman leur offrent des moments épiques, dont une scène finale dans un décor de cauchemar : « Gabriel évoluait à présent dans un univers où la mort régnait, où l’on devinait le tendre feulement de sa faux aiguisée. » Tremblez, le xiphopage va frapper. 


lundi 12 juin 2017

Thriller : Lucie et Sharko aux portes de l’Enfer


Couple de flics, Lucie Henebelle et Franck Sharko ont un passé douloureux derrière eux. Marqués, chacun de leur côté, par la perte d’êtres chers. Heureusement, ils se sont trouvés. Cette «romance» sert de fil rouge aux romans de Franck Thilliez. Des personnages attachants, plein de fêlures mais qui méritent eux aussi leur petite part de bonheur.
On les a laissés à l’équilibre, vivant ensemble, amoureux et jeunes parents de jumeaux. Tout pour être heureux... Sauf que leur vie ce n’est que faits divers, crimes et enquêtes. Officielles et même parallèles comme dans le cas de Lucie, sollicitée par sa tante pour achever l’enquête abandonnée par l’oncle gendarme, mort trop tôt. Une jeune fille disparue. Peut-être retenue prisonnière chez un suspect, Ramirez.
En pleine nuit, seule, la policière entre par effraction dans ce pavillon isolé. Persuadée qu’il n’y a personne, elle entend des cris dans la cave. Armée, sur ses gardes, elle dé- couvre un chat à l’agonie, tondu et le corps recouvert de sangsues. Elle n’a pas le temps d’être choquée que Ramirez lui saute dessus. Bagarre, strangulation et coup de feu. Lucie, flic d’élite du 36 quai des Orfèvres, se retrouve avec un cadavre sur les bras. En panique elle appelle le seul qui peut l’aider, son homme, Sharko.
Le début du roman est très déstabilisant. Par l’erreur de Lucie mais aussi la réaction de Sharko. Il va tout faire pour couvrir son amoureuse, la mère de ses enfants. Pour préserver ce petit bonheur, quitte à avoir ce meurtre sur la conscience toute sa vie. Il va maquiller la scène de crime et faire le nécessaire pour que l’enquête lui soit confiée. Un plan aussi futé que machiavélique. Tout va pour le mieux jusqu’à un appel de la gendarmerie de Dijon.
■ Vidé de son sang
L’homme tué par Lucie aurait quelques bricoles à se reprocher. Enlèvements mais aussi meurtres et tortures. Une de ses victimes est retrouvée au sommet d’un château d’eau désaffecté. Les résultats de l’autopsie étonnent les enquêteurs. «Le corps ne présentait plus une seule goutte de sang dans l’organisme. Vidé intégralement.» Et Nicolas, le collègue de Sharko, découvre qu’il était adepte d’une secte satanique. Un vampire des temps modernes ? En tout cas, Lucie, après une période de déprime, reprend le dessus car elle veut «résoudre l’énigme, retrouver la jeune femme, peut-être encore vivante. Parce que c’était son job, ses convictions. Parce que c’était dans son ADN de flic et que, si elle y parvenait, elle soulagerait peut-être sa conscience». Voilà donc dans quelle galère sont embarqués Sharko et Lucie. On va les suivre pas à pas dans leurs mensonges, leurs enquêtes et dé- couvertes, toutes plus horribles les unes que les autres.
 ➤ «Sharko» de Franck Thilliez, Fleuve Noir, 21,90 €

jeudi 16 juillet 2015

Livre - Assassins invisibles de "Pandemia"

Pour tuer en masse, un virus est plus efficace que deux serial-killers. Les héros récurrents de Franck Thilliez se confrontent à des assassins d'un nouveau genre dans « Pandemia ».

Rien de plus beau qu'un cygne. Ces oiseaux gracieux se transforment pourtant en messagers de la mort dans les premières pages de « Pandemia », le nouveau thriller de Franck Thilliez. L'alerte est donnée par un guide d'une réserve ornithologique dans le Nord de la France. Trois cadavres de cygnes sauvages au bord d'un lac. Des spécialistes du GIM (Groupe d'intervention microbiologique) sont dépêchés en urgence sur place. La moindre mort suspecte d'oiseaux est prise très au sérieux depuis l'apparition du virus de la grippe H5N1. Johan et Amandine se rendent sur place. Cela va les changer de longues journées passées devant leur paillasse à scruter microbes et autres virus dont ils cherchent en permanence à découvrir les secrets. Amandine est le personnage pivot de ce roman, celle qui sera du début à la fin au centre de l'action, épaulée au fil des chapitres par les flics récurrents de l'univers de Thilliez, le couple Sharko et Lucie, leur chef Nicolas et la petite nouvelle, Camille, gendarme greffée du cœur (voir le précédent roman, Angor, paru récemment chez Pocket). Amandine traque les virus mais a une peur bleue d'eux. Elle est à la limite de la folie : elle se lave les mains 20 fois dans la journée, porte un masque en permanence et vide toutes les deux heures un flacon de lotion antiseptique. Quand elle part travailler le matin, obligée de prendre les transports en communs parisiens, elle sait que tout le monde la remarque.
« Comme toujours, on la regarda avec curiosité dans la rame. Son teint d'albâtre, sa protection sur le visage, sa coupe militaire. On devait la prendre au mieux pour une malade atteinte d'une pathologie gravissime et incurable, au pire pour une espèce de junkie. » Dans les cygnes, les deux techniciens découvrent un virus de la grippe jusqu'alors inconnu. Un « mutant » qui vient du porc, est propagé par les oiseaux et peut se transmettre aux hommes. L'alerte est immédiatement donnée. L'action se déroule fin novembre, dans cette période où la traditionnelle épidémie se met en place. Justement, des malades, il y en a de plus en plus au sein des équipes de la criminelle. Lucie notamment est terrassée en quelques heures.

Nouveau terrorisme
Le prologue rejoint alors l'action principale : c'est le fameux virus des cygnes qui décime le Quai des Orfèvres. Une action délibérée, un acte de terrorisme d'un genre nouveau. Et la pandémie menace.
Sharko, force de la nature, semble le plus résistant. Il se lance à corps perdu dans l'enquête qui comme toujours avec Thilliez est dense et complexe (et personne ne s'en plaint). Il se retrouve alors à recueillir le témoignage d'un SDF vivant sous les ponts. Malgré son alcoolisme chronique, Jasper est persuadé que plusieurs de ses compagnons d'infortune ont été enlevés par un être étrange, direction les égouts, « quelqu'un habillé tout en noir, avec un genre de robe, un long bec courbé comme un vautour. Il avait des griffes immenses sur chaque main. Des trucs capables de te couper en morceaux. Un oiseau de malheur. Moi, j'ai pensé à un démon. » Le ton est donné. Dans l'antre de ce terrifiant « homme-oiseau », Sharko découvre l'innommable. Mais ce n'est que le supplétif qu'un être encore plus machiavélique, le fameux « Homme en noir » déjà entraperçu dans « Angor ».
Le roman imposant (plus de 600 pages) se lit pourtant dans un état d'urgence, de fébrilité, tant les événements s'enchainent et la tension va crescendo. Certains passages sont âpres, cauchemardesques, tout le monde n'en sort pas indemne. Quant au lecteur, après avoir ingurgité le roman, il risque faire quelques cauchemars à la vue du moindre oiseau, encore plus d'un rat ou d'une bête puce... 

« Pandemia », Franck Thilliez, Fleuve Noir, 21,90 €

mercredi 19 décembre 2012

Thriller - Souvenirs radioactifs dans "AtomKa" de Franck Thilliez

Alors que Sharko et Lucie essaient vainement d'avoir un enfant, les deux flics imaginés par Franck Thilliez plongent dans une affaire entre science et folie meurtrière.

Un bon thriller, comme les grandes recettes, nécessite des ingrédients de qualité. L'intrigue fait beaucoup, mais sans des personnages forts et des rebondissements minutés, il y a toutes les chances que la sauce ne prenne pas. Franck Thilliez a parfaitement intégré cette règle. Depuis quelques années il ajoute à ses romans une part de feuilleton avec deux personnages centraux: Sharko et Lucie. Deux écorchés, aux parcours chaotiques, pleins de drames et de sang. Collègues, ils sont devenus amants. Comme pour conjurer un double mauvais sort. Mais qu'il est difficile de prétendre à sa part de bonheur quand son quotidien est fait de meurtres, enlèvements et autres crimes sadiques.
« Atomka » est un roman policier de circonstance pour ce qui est de la météo. Il règne en permanence un froid glacial, quasi mortel. Tout débute par la découverte du corps d'un journaliste d'investigation à son domicile. Il est mort de froid. Le tueur l'a enfermé vivant dans un congélateur. Et a même percé un petit trou dans le couvercle pour assister à l'agonie. Enquête classique au début. Sharko retrace la vie de Christophe Gamblin. Relations de travail. Derniers articles parus.
Une première partie un peu lente car l'auteur veut aussi dérouler un peu de la vie privée de ses deux héros. Lucie veut un enfant. Avec Sharko. Mais leurs efforts restent vains. Sharko se résout à faire une analyse de son sperme pour déterminer si le problème ne vient pas de son côté. Mais en cachette de sa compagne. Comme s'il culpabilisait.
Un passage familial de courte durée car l'affaire du meurtre du journaliste se corse. Il enquêtait sur une série d'accidents dans des lacs gelés. Et les policiers arrivent à la conclusion que Gamblin était sur la piste d'un psychopathe s'attaquant aux femmes. Il les enlevait, les droguait et les jetait dans l'eau glacée. Immédiatement il téléphonait aux secours. Certaines n'ont pas survécu, d'autres ont été sauvées, mais après un laps de temps plus ou moins long de mort virtuelle dans les eaux gelées.

Les limites de la mort
Où se situe la limite de la mort ? Cette question semble tarauder le psychopathe. Une autre journaliste était sur ses traces. Elle a disparu. Sharko et Lucie vont se lancer à sa recherche, la suivre dans ses déplacements, en France et à l'étranger. Le roman va faire voyager le lecteur. Des montagnes enneigées près de Grenoble au désert du Nouveau-Mexique. Avec rapidement un dénominateur commun : la radioactivité.
Et le roman atteint son paroxysme quand les enquêteurs découvrent d'autres victimes, des enfants malades. Lucie, encore sous le coup de la perte de ses deux fillettes, vit très mal cette évolution.
Sharko va tenter de la protéger au maximum, mais pour lui aussi des souvenirs pénibles reviennent à la surface. Il semble que son ennemi absolu, l'Ange Rouge, ait fait des émules. Les deux policiers, pris entre leur enquête et des souvenirs pénibles, auront toutes les difficultés pour se concentrer et retrouver leur efficacité.
Un thriller redoutable d'efficacité. On est doublement accroché. Par l'enquête tournant autour des séquelles de la radioactivité, mais aussi (et surtout) par les doutes existentiels des deux héros. Lucie si fragile mais inflexible, Sharko, déterminé mais plein de doute.
Michel LITOUT
« Atomka », Franck Thilliez, Fleuve Noir, 21,90 €

lundi 13 juin 2011

Thriller - ADN haine dans "Gataca" de Franck Thilliez

Les secrets de l'ADN sont au cœur de « Gataca », thriller de Franck Thilliez et suite très attendue du « Syndrome E ».

La recette pour un obtenir un bon roman policier est assez simple : une solide intrigue, des rebondissements et des personnages ayant un minimum de relief. Franck Thilliez, dans « Gataca », a soigné ces trois bases, particulièrement le dernier ingrédient.

Suite du « Syndrome E », il reprend donc ses deux flics quasiment où il les avait laissés. Sharko, le commissaire parisien et Lucie, la Lilloise. Lucie détruite dans les dernières pages car on venait d'enlever ses deux petites filles, des jumelles. Les premières pages de « Gataca » sont sombres. Très sombres. Carnot, le kidnappeur, a tué Clara. Brulée vive. Juliette est retrouvée vivante. Lucie a quitte la police et tente de bien élever la survivante. Sharko, de son côté, a abandonné ses responsabilités pour redevenir simple inspecteur, au plus près du terrain, de la fange humaine.

Les « amants maudits »

Le roman montre dans un premier temps le quotidien de ces deux « amants maudits ». Tout bascule quand Sharko doit enquêter sur la mort d'une étudiante, Eva Louts. Elle semble avoir été tuée par un chimpanzé dans un centre d'études des primates qui l'employait. Au même moment, Lucie apprend que Carnot s'est suicidé dans sa cellule : « Il a réussi à s'arracher une artère de la gorge avec les doigts » lui apprend un ancien collègue. Lucie, comme pour faire un deuil véritable, décide d'aller aux obsèques de Carnot.

Sharko poursuit son enquête et explore le passé d'Eva Louts. Après avoir fait de rapides voyages au Mexique et au Brésil, elle a entrepris le tour des prisons françaises pour rencontrer des détenus. Leur point commun : ils sont gauchers et violents. Parmi eux, Carnot.

Au cimetière, Sharko et Lucie vont se retrouver. Le flic, encore très perturbé par l'enlèvement des jumelles dont il est persuadé être le responsable, va entraîner Lucie dans son enquête. Elle va se rendre dans les Alpes, toujours sur les traces d'Eva. Là-bas, elle tombera sur une scène de crime vieille de plusieurs milliers d'années. Un homme de Cro-Magnon a sauvagement assassiné toute une famille de néandertaliens. Sharko, lui explorera le passé de Carnot.

Les secrets cachés de l'ADN

A des centaines de kilomètres de distance et des siècles d'écart, ils vont trouver une même piste, un embryon d'explication, dans « le symbole représentant la structure en double hélice de l'ADN » des tueurs. « Lucie se rappelait vaguement ses cours de biologie de terminale, notamment les noms des quatre types de barreaux de cette gigantesque échelle hélicoïdale, barreaux formés des lettres G, A, T, C : guanine, adénine, thymine, cytosine. Quatre bases azotées, communes à tous les êtres vivants, et dont les combinaisons alambiquées, formant entre autres les gènes et les chromosomes, donnaient des yeux bleus, le sexe féminin ou les maladies génétiques. » L'enquête policière trouvera un prolongement dans ces considérations scientifiques, parfaitement vulgarisées par Franck Thilliez.

Thriller ambitieux par son thème, il l'est aussi par la description des personnalités très complexes des deux héros. Sharko et Lucie, leur obsession et obstination, donnent un air encore plus dramatique à « Gataca », roman sur l'ADN, la violence et la haine.

« Gataca » de Franck Thilliez, Fleuve Noir, 20,90 €


 




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