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jeudi 11 septembre 2025

Thriller – Le diamant de l'apocalypse

Alexandre Murat est un érudit. Sa parfaite connaissance de l'histoire napoléonienne lui a donné l'envie de partager son savoir. Mais au lieu de pondre des études savantes, il a utilisé ces faits parfois extraordinaires pour alimenter en rebondissements des thrillers haletants. Pour se plonger dans l'Histoire, deux héros : Alex et Mary. Un couple. Lui universitaire, elle femme d'action. Pour cette nouvelle enquête, le voyage dans le temps est plus profond. Alex et Mary se lancent à la recherche d'un diamant façonné en 1492 en pleine inquisition espagnole. Sur cette pierre unique, inestimable, est gravée la clé permettant de retrouver un parchemin révolutionnaire pour l’Église catholique. Une secte de fanatiques, espérant la fin du monde, l'Apocalypse, quitte à la provoquer, désire aussi posséder aussi ce diamant. Des USA à Anvers, en passant par Rome, Munich ou l'abbaye de Montserrat en Catalogne, un thriller passionnant par « le Dan Brown français » selon Philippe Labro.

« La prophétie du diamant », Alexandre Murat, Fleuve Noir, 336 pages, 20,95 €

vendredi 9 mai 2025

Thriller - Sharko, en vers et contre tous

Le nouveau roman de Franck Thilliez ne fait pas dans la poésie. Dans « A retardement », il est surtout question de folie et de bestioles visqueuses, de celles qui peuplent nos pires cauchemars.


A plus de 60 ans, Frank Sharko, le policier d’élite imaginé par Franck Thilliez souffre-t-il d’un petit coup de mou ? A Lucie, sa compagne, il dément énergiquement (malgré son souffle court, ses nuits agitées et ses genoux douloureux) : « Quand je serai à la retraite, j’aurai tout le temps de me poser, OK ? De faire des siestes comme les vieux ou d’arracher ces saloperies de mauvaises herbes. » Faut pas lui faire remarquer qu’il n’est plus un poulet de première jeunesse, ça a le don de l’énerver le Sharko. Alors il continue à chasser les méchants (qui eux semblent de plus en plus jeunes) même s’il laisse les courses et bagarres à son second, Nicolas Bellanger, de plus en plus au centre des intrigues imaginées par le maître du thriller français. 

Dans « A retardement », le groupe de Sharko est de garde pour la dernière semaine de l’année. Il est mobilisé après la disparition d’une Parisienne, envolée en traversant le parc des Buttes-Chaumont. Au même moment, un schizophrène est interné dans une unité de malades difficiles de banlieue. Il sera suivi par Eléonore Hourdel, psychiatre renommée. Deux débuts sans directs, permettant de suivre une enquête qui s’enlise et de découvrir le quotidien dans une UMD, endroit au coeur du roman. Quelques jours plus tard, les deux mondes se rencontrent. Sharko et Nicolas vont enquêter sur le meurtre sauvage d’un quinquagénaire. Mort de cinquante coups de tournevis au niveau de l’abdomen, la bouche remplie de soude. L’homme serait le père de la psychiatre. 

Le roman bascule dans l’horrible lors de l’autopsie. Une étrange découverte est faite dans l’intestin du mort : Les visages des deux policiers « se plissèrent de dégoût lorsque, du bout des doigts, le légiste tira de là un organisme blanchâtre, écrasé comme un haricot, présentant de nombreux replis de la forme de ceux de l’intestin où il était logé. » Un ténia plus connu sous le nom de ver solitaire. «Les coups de tournevis avaient atteint la bestiole à certains endroits, la tuant également. » Ce que ne savent pas encore les flics contrairement au lecteur, c’est que le mystérieux patient d’Eléonore Hourdel a tenté de s’éventrer, persuadé que des vers sont en train de le dévorer de l’intérieur. 

La folie est omniprésente dans ce gros roman noir. Dans l’entourage d’Eléonore, évidemment, mais aussi dans le passé de Sharko et le quotidien de Nicolas, homme blessé au bord de la rupture. Même si A retardement peut se lire indépendamment de autres titres, il est cependant fortement conseillé de plonger dans les autres titres de Sharko. Car c’est dans ce volet feuilleton (on dit plutôt série de nos jours), que réside le plus grand intérêt de l’oeuvre de Thilliez. 

« A retardement », Franck Thilliez, Fleuve Noir, 456 pages, 22,90 €

dimanche 17 novembre 2024

Thriller - Les Pyrénées, théâtre de l’angoisse

Une forêt primaire dans les Pyrénées. Des disparitions. Un village isolé et des rumeurs. Jérôme Camut et Nathalie Hug plongent leurs héros dans un univers angoissant, même s’il est « Loin de la fureur du monde ». 

La Mâchecombe. Un plateau, une forêt, des montagnes dans les Pyrénées entre Ariège et Aude. « Par temps clair, le regard portait de la plaine des Pyrénées jusqu’aux remparts de la cité de Carcassonne. » Le cadre est rapidement posé par Jérôme Camut et Nathalie Hug, auteurs de nombreux thrillers. C’est dans ce village et cette forêt protégée de Mâchecombe que l’action du roman se déroule. Un monde à part où tout le monde se connaît, où les rumeurs et légendes tiennent une grande place dans le quotidien des rares habitants.

En ce 15 août, Alix Ravaillé se consacre à son traditionnel pèlerinage. La jeune femme, récemment intégrée dans la police municipale de la commune dirigée par son père, Robert, vient déposer des fleurs là où sa mère aimait se recueillir. Cette dernière a trouvé la mort dans la montagne 8 ans auparavant. Un accident de VTT. Ce n’est pas la première qui meurt dans cette forêt. Mâchecombe a mauvaise réputation. Un massif maudit. Encore plus depuis que l’essentiel de la zone boisée est préservé pour un retour à l’état primaire.C’est l’essentiel de la mission de Robert, son adjoint Christophe et Alix. Mais en plus des ours, loups et autres prédateurs, un monstre se cacherait dans les bois. Dandelombe selon Noa, le petit frère d’Alix. Mi-homme mi-bête, géant et furtif, il fait peur aux locaux, mais n’empêche pas des orpailleurs de saccager la nature pour récupérer quelques grammes d’or. Au cœur de l’été, alors que des orages coupent les routes, des cadavres sont retrouvés dans un camp de fortune. Et Christophe disparaît. Alix, qui l’aime en secret, va tenter de le retrouver. Seule dans cette forêt primaire : « Il ne subsistait de la civilisation qu’une route forestière piquée de nids-de-poule et envahie d’herbe et de fougères qu’Alix emprunta pour rallier son objectif, situé au cœur de la zone protégée. » Mais elle n’est pas si seule et vient, sans s’en douter, de pénétrer sur le territoire de chasse de John, le véritable maître des lieux.

De simple polar en milieu clos, le roman prend des connotations fantastiques. Car longtemps on se demande ce qu’est véritablement ce John, qui se prétend « Dieu de l’ombre » que Noa a transformé en Dandelombe. Alix disparaît à son tour et son père mène l’enquête. Mais il se sent démuni, impuissant : « Autour de lui, les gens n’étaient pas pires ou meilleurs qu’ailleurs. La différence, c’était que, dans ces campagnes reculées, chacun en savait un peu trop sur tout le monde. C’était pratique dans certains cas, étouffant dans d’autres. » Et malgré cette promiscuité, certains secrets restent bien gardés.

Ce roman, très angoissant quand on est aux côtés d’Alix, prisonnière dans la tanière de John, être primitif aux réactions bestiales, est aussi l’occasion pour les auteurs de développer un message écologiste. Même en voulant préserver une forêt, on perturbe la nature. L’homme, du fait même de son existence, détruit son environnement. Une évidence dont on prend un peu conscience en refermant ce thriller finalement plus optimiste qu’il n’y paraît.
« Loin de la fureur du monde », Jérôme Camut et Nathalie Hug, Fleuve Noir, 496 pages, 21,90 €

jeudi 26 septembre 2024

Thriller - Disparition à Copenhague

Plongée dans la noirceur de Copenhague dans ce thriller de Katrine Engberg, valeur montante du polar nordique


Pays le plus au sud de cette région nordique où le polar est roi, le Danemark parvient à se tailler une place de choix entre les productions suédoises et norvégiennes. Avec son troisième roman dont les policiers Jeppe Korner et Anette Werner sont les héros, Katrine Engberg enfonce le clou : sa signature est synonyme d’intrigue élaborée, de crimes horribles et de rebondissements incessants. 

Le passé doit mourir débute par une banale disparition d’adolescent. Oscar n’est pas rentrée chez lui ce vendredi soir après les cours. Il devait passer la nuit chez sa petite amie. Mais il n’y est jamais allé. Et le samedi matin c’est le branle-bas de combat dans le groupe de Jeppe après la découverte d’un message énigmatique chez les parents d’Oscar, de riches et controversés créateurs d’une salle de ventes aux enchères. 

Le roman devient un peu plus labyrinthique quand au gré des premiers chapitres des personnages font leur apparition. Il y a un ingénieur, Kasper, chargé du fonctionnement de l’incinérateur à ordures le plus sophistiqué d’Europe, en phase de lancement dans la capitale danoise. Un homme solitaire aussi, gardien d’un ensemble fortifié placé depuis des siècles à l’entrée du port de Copenhague. Un certain Mads se revendiquant « Robinson Crusoé du port ». Or, ces deux hommes connaissaient Oscar. C’est Mads qui a retrouvé la sacoche du lycéen, sur une jetée. Mads qui intrigue doublement car la romancière, qui excelle dans la description de la vie privée compliquée de ses personnages principaux, le rend terriblement attirant aux yeux d’Anette. 

Pourtant la jeune flic est depuis peu une maman comblée. Pourquoi alors quand elle croise Mads, remarque-t-elle « ce regard couleur mer avec des éclaboussures vertes. » Et un peu plus tard, au moment de partir, « Anette observa ses doigts larges qui tenaient sa carte de visite blanche et eut en même temps envie de tendre la main vers lui et de s’enfuir. » 

Ils sont comme ça les protagonistes imaginés par Katrine Engberg, impulsifs, pleins de doutes. Jeppe n’est pas mieux loti. Il tente de refaire sa vie avec une collègue Sara. Mais elle a deux filles. Celle de 11 ans déclare la guerre au nouvel amant de sa maman. Pour la protéger. Ou se protéger ? Ces histoires annexes à l’intrigue, loin de faire perdre le fil au lecteur, apporte humanité et réalisme à un thriller qui, comme les précédents romans de la romancière, explorent les pires zones des déviances humaines. 

Parmi les décors, l’incinérateur devrait durablement marquer le lecteur. On y découvre un corps, dans une puanteur absolue. Et dans ses entrailles, aussi brûlantes qu’un enfer sur terre, se cachent bien des secrets. Un monstre de technologie, rendu nécessaire pour évacuer les ordures de la ville : « Le haut de la cheminée rougeoyait comme un mauvais œil. Le nouveau point de repère de la ville ressemblait à un animal vivant, clignotant, tapi entre les buissons et les arbres de Refhaleoen. » 

Un thriller addictif, où l’enquête occupe une semaine entière avec son lot d’actions spectaculaires et un dénouement tout sauf téléphoné.    

« Le passé doit mourir » de Katrine Engberg, Fleuve Noir, 400 pages, 21,90 €

vendredi 15 mars 2024

Polar - Mystères et secrets basques dans le nouveau roman de Cécile Cabanac, « À pleurer tout nous condamne »

 Vingt ans après la disparition inexpliquée de sa tante Diane, Alice revient au village, au cœur du Pays basque, pour tenter de dénouer les fils enserrant ce mystère familial. 


 Pour son cinquième roman policier, Cécile Cabanac situe l’action dans une région qu’elle apprécie : le Pays basque. Après la région parisienne, l’Auvergne et le Périgord, c’est dans le Pays basque intérieur, exactement à Saint-Just-Ibarre, un petit village, que cette nouvelle « reine du polar français » déploie son intrigue.

Le personnage principal est attachée parlementaire à Paris. Alice, 25 ans, est au bout du rouleau. Ce matin-là, dans le métro, elle se surprend à vouloir se jeter sous les roues de la rame. Un burn-out carabiné qui la pousse à tout plaquer et partir se réfugier dans la maison familiale de Saint-Just-Ibarre, très éloignée du marigot politique dans lequel elle perd ses repères. L’ancienne maison de sa tante, Diane.

Elle l’a peu connue. Il y a 20 ans, Diane a disparu sans explications. Installée comme médecin de village depuis quelques années, elle vivait seule dans la grande bâtisse. Les gendarmes ont retrouvé des traces de sang dans la cuisine, mais pas de cadavre. Malgré les recherches dans les forêts environnantes et les interrogatoires, Diane n’est jamais réapparue. Une histoire qu’Alice connaît très mal. Sa mère, Annabelle, sœur de Diane, très touchée par cette disparition, refuse d’en parler. Comme pour redonner un but à sa vie, Alice va rouvrir le dossier et questionner les survivants. Mais la jeune fille remue un passé que tout le monde au village semble vouloir oublier.

Sur une trame classique de secrets de village et familiaux, Cécile Cabanac colle la quête obstinée d’une femme forte en situation de faiblesse. Car Alice, déterminée, un peu imprudente malgré les avertissements et les menaces, va lentement mais sûrement découvrir quelques vérités cachées. On apprécie particulièrement le portrait de cette femme, sorte de miroir de Diane.

L’essentiel du roman se déroule de nos jours, mais de courts chapitres permettent au lecteur de comprendre l’état d’esprit de la communauté au moment de la disparition de Diane. L’enquête non officielle d’Alice va devenir plus tendue quand une des seules villageoises prête à l’aider est retrouvée morte chez elle et que Maiana, la fille de la mairesse, meilleure amie de Diane, disparaît elle aussi. Le dernier attrait de ce roman bien ficelé et au suspense parfaitement dosé, réside dans la description de ce Pays basque à la fois extrêmement beau mais parfois peu accueillant comme quand la météo s’affole : « La foudre venait de créer une colonne luminescente et le tonnerre rugissait. L’ambiance était magnifiquement sinistre. Une pluie drue s’abattit, aussitôt accompagnée de nouvelles flèches qui striaient la nuée noire. Les éléments se déchaînaient avec férocité et la jeune femme assistait à ce grand tremblement, les tripes nouées, pleine d’excitation et de peur. »

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« À pleurer tout nous condamne » de Cécile Cabanac, Fleuve Noir, 432 pages, 20,90 €. Le précédent roman de Cécile Cabanac, « Le chaos dans nos veines », vient de paraître en poche chez Pocket, 528 pages, 5,20 €

dimanche 21 mai 2023

Thriller - Sharko et Lucie à la frontière de la mort dans le roman "La faille"

Franck Sharko et sa compagne Lucie Henebelle sont de retour. Ils vont se retrouver aux prises avec un ennemi de taille : le diable. Voyage aux limites de la mort pour les policiers imaginés par Franck Thilliez.


Devenus encore plus populaires depuis l’adaptation de leurs enquêtes pour TF1, Franck Sharko et Lucie Henebelle, policiers à la brigade criminelle de Paris, sont de retour pour un roman inédit toujours signé par Franck Thilliez. Construit comme un long feuilleton qui dure depuis plus d dix ans, les aventures (et amours) de Sharko et Lucie prennent souvent un tour tragique. Le romancier n’hésite pas à leur faire subir des coups du sort que le commun des mortels ne surmonterait pas.

Mais ces deux personnages sont d’une rare solidité, notamment depuis qu’ils se sont trouvés et sont toujours présents l’un pour l’autre dans l’adversité.

La faille débute comme un roman policier classique. Deux flics, Audra et Nicolas, sont en planque de nuit au fin fond de la campagne française. Sur la piste d’un tueur en série. Quand le monstre sort de sa tanière, Sharko et son équipe lancent l’opération d’interpellation. Mais rien ne se passe comme prévu. Le tueur s’enfuit, blesse Audra et meurt sous un train.

Un fiasco lourd de conséquence. La jeune policière qui attend un enfant du second de Sharko, Nicolas, est dans le coma. Son cerveau est irrémédiablement touché. Jamais elle ne se réveillera. Le polar prend des airs de livre politique d’actualité avec ce cas sujet à polémique : faut-il débrancher Audra et entraîner la mort du fœtus ou maintenir le corps en fonctionnement pour permettre à l’enfant de se développer durant quelques mois encore et de naître… d’une mère morte ?

Expérience de mort imminente 

Des considérations quasi philosophiques qui font écho au sujet de l’enquête. Sharko est sur la piste d’une jeune chercheuse disparue depuis trois mois. Elle tentait de définir la notion de mort. Avec d’autres passionnés, elle cherchait des témoignages de personnes ayant vécu une expérience de mort imminente négative. Négative car au lieu de passer par un grand couloir lumineux qui monte vers les cieux, leur départ se traduit par une descente dans un endroit noir et glauque peuplé de démons.

Les rescapés affirment avoir rencontré le diable en personne. Et comme l’écrit le romancier, « Sharko ne croyait pas au diable. Mais ce n’était pas pour ça que le diable n’existait pas. » L’enquête progresse, permettant aux policiers de mettre hors d’état de nuire quelques malfaisants. Un Sharko en plein questionnement existentiel, père de plus en plus malheureux de ses absences, fatigué car proche de la soixantaine : « L’âge se faisait sentir, mais tant que Franck en aurait la force, il retournerait dans la cage aux lions. Une goutte d’eau dans l’océan, certes, mais chaque ordure qu’il envoyait derrière les barreaux lui enlevait un poids sur le cœur. » Le roman flirte avec le fantastique. Ponctué de tableaux dignes des plus horribles des films de genre : morgue, catacombes, autopsie, tortures…

Mort et résurrection du cerveau 

Lucie est presque convaincue que la mort n’est pas une fin, qu’il y a une suite, que l’âme reste présente quelque part, paradis, purgatoire ou enfer. Sharko, cartésien, n’a pas de doute. Notamment quand il découvre un électroencéphalogramme chez un suspect : « La mort, pensa Franck. Elle se dressait là, devant lui, crue, avec un autre visage que dans les catacombes, mais tout aussi effrayant : celui de la science. L’enregistrement de l’activité d’un cerveau en train de mourir. »

La faille fait partie des romans de Franck Thilliez les plus sombres. Il faut avoir le cœur bien accroché pour lire les descriptions des scènes de meurtre découvertes par les deux policiers. Et on tremble souvent quand eux-mêmes se retrouvent à la limite de la Faille, cette barrière symbolique, limite ténue où il serait possible de voir la mort puis de revenir à la vie.

«La faille» de Franck Thilliez, Fleuve Noir, 22,90 €

jeudi 23 mars 2023

Thriller - Deux îles, deux types d’angoisse

 Un duo de policières suédoises et un trio de françaises animent ces deux thrillers qui ont pour point commun de se dérouler en grande partie sur des îles lugubres.


Pour mettre en place un huis clos angoissant, rien de tel que des îles. Les romancières Maria Grund et Sonja Delzongle ont parfaitement maîtrisé ce fait en plantant l’intrigue de leurs derniers thrillers sur des bouts de terre isolés où personne ne vous entendra hurler de peur. La première est au large de la Suède, la seconde au milieu du lac Léman.L’autre point commun de ces deux romans, ce sont les failles psychologiques des différentes protagonistes. 


Le duo suédois est composé de Sanna et Eir. La première, en poste depuis toujours sur cette île où personne ne veut aller, vit depuis quelques mois dans un garage. Elle n’ose plus retourner dans sa maison depuis qu’un pyromane y a mis le feu. Dans les flammes, son mari et son fils ont trouvé la mort. Dépressive, elle se raccroche à son boulot. Et aux médicaments. Elle change de partenaire. L’habituel, qui veille sur elle, prend sa retraite. A la place c’est Eir qui va l’aider. Une ambitieuse. Un peu trop sanguine. Sa mutation est une sanction, elle qui avait intégré le service le plus côté de la police suédoise à la capitale. Ensemble, elles vont apprendre à se connaître, s’apprécier et se lancer dans une enquête qui débute par la découverte d’une adolescente dans un lac. Elle se serait suicidée, avec le masque d’un renard sur le visage.

Une mort rapidement éclipsée par d’autres cadavres. Un tueur semble vouloir faire le ménage dans un groupe qui a pour point commun d’être très croyant et qui a animé un camp pour des enfants il y a sept ans. La fille renard, premier roman de Maria Grund, est dense et violent. Malgré les errances de Sanna et l’impatience d’Eir, on suit la lente progression de l’enquête jusqu’à la conclusion finale, très sombre comme souvent dans les polars nordiques.


Tout aussi sombre le nouveau roman de Sonja Delzongle, Thanatea. Thanatea c’est le nom de cette petite île nichée au centre du lac Léman. Une société l’a transformée en temple de la mort. Un endroit pour dire adieu à ses proches, dans le luxe et la discrétion. C’est là qu’Esther va entamer la seconde partie de sa vie professionnelle. Cette policière lyonnaise, traumatisée après la mort de sa petite fille d’un cancer, devient préposée au café dans ce bunker angoissant. On suit son adaptation en parallèle au quotidien de ses deux meilleures amies, toujours flics, Layla et Hélène. Le roman débute par des obsèques. De l’une des trois. Laquelle ?

Après quantité de rebondissements, le lecteur ne l’apprend que dans les dernières pages, après avoir découvert les pratiques étranges de ces nouvelles entreprises de pompes funèbres. Un roman qui fait la part belle aux errements des trois héroïnes. Esther, toujours dépressive, Layla, mère courage qui affronte le mari de sa fille, de venu violent et Hélène, abandonnée par son compagnon pour une plus jeune.

Ces deux romans, dans des styles différents, s’articulent autour d’amitiés fortes, d’histoires de famille compliquées et de décors parfaitement adaptés aux deux intrigues principales.

« La fille renard » de Maria Grund, Robert Laffont, 21,90 €

« Thanatéa » de Sonja Delzongle, Fleuve Noir, 20,90 €

vendredi 23 décembre 2022

Polar - Se noyer dans le "Bleu"

Si vous faites partie des Français souffrant d’éco-anxiété, ne lisez pas les trois volumes de la série ayant pour nom Apocalypse. Le romancier, caché sous le pseudonyme de Koz, tente d’imaginer comment notre monde pourrait déraper si des esprits malveillants décidaient d’amplifier les catastrophes écologiques qui nous pendent au bout du nez.

Après Noir et notre dépendance à l’électricité (paru en 2021 et complètement d’actualité cet hiver…) puis Rouge sur les feux de forêts dans le Sud de la France (chez Pocket en poche depuis octobre dernier), le 3e volet vient de paraître et aborde les problèmes de pollution de l’eau. Pour mener l’enquête, on retrouve Hugo Kezer, le chef de la cellule Nouvelles menaces de la police judiciaire. Il est toujours secondé par Anne Gilardini, ambitieuse, impétueuse mais surtout enceinte de 8 mois. 

En plein Océan Atlantique, les services météo français surveillent une tempête en formation. Elle gagne en puissance et s’approche des côtes au niveau de Nantes. Elle touche les terres au moment où les marées sont au maximum. Résultat la Loire gonfle et sort de son lit provoquant l’évacuation des communes de l’estuaire et même d’une grande partie de Nantes. Une catastrophe écologique qui n’est que la partie émergée du danger. La crue coupe l’électricité et neutralise les usines produisant l’eau potable. Une eau qui semble en plus porteuse d’un virus qui pousse les consommateurs à se suicider, notamment par noyade.

Kezer et son adjointe débarquent dans l’enquête presque par effraction. Ils viennent prendre des nouvelles de leur ami et collègue Franck Caillot, en cure de repos après un burn-out. Il fait partie des dizaines d’hommes et de femmes qui ont voulu en finir.

Parmi ces désespérés, des sans-papiers africains réfugiés au bord de la Loire dans des camps de fortune. Mais pourquoi tenter d’en finir après avoir surmonté tant d’épreuves, de la fuite du pays à la traversée de la Méditerranée ? Un début de réponse est apporté après l’autopsie des premières victimes : « On observe une encéphalite très violente. La réaction auto-immune a entamé les tissus cérébraux. On note aussi un début de dégradation de la moelle épinière. » Cela provoque selon le médecin légiste, « fièvre, courbatures, raideur cervicale, pertes de repères, problèmes d’élocution voire des hallucinations. » Kezer et son équipe se lancent à la poursuite d’un inquiétant élément pathogène ou d’un virus. 

Toujours aussi bien documenté, ce polar fait parfois penser à un simple voyage dans le temps. Car des tempêtes du siècle, il risque d’y en avoir tous les ans. Et des infections ou pandémies, il n’est plus à démontrer qu’elles peuvent apparaître à tout moment. Une intrigue alarmiste renforcée par les suites des déboires personnels des enquêteurs, notamment la dépression de Kezer toujours marqué par la mort violente de son fils. Et si Bleu était son ultime mission ?    

« Bleu » de Koz, Fleuve Noir, 17,90 €

lundi 17 octobre 2022

Thriller - La Réunion, côté sombre

Tristes tropiques… Pourtant ces petites îles françaises, derniers vestiges d’un empire colonial évaporé, ont tout pour être des paradis miniatures. Mais une certaine fatalité semble plus forte que les atouts intrinsèques de ces territoires. 

Le nouveau roman de Jacques Saussey, L’aigle noir, se déroule à la Réunion. Ce département français dans l’océan Indien, dans l’hémisphère sud, a des paysages d’une richesse incroyable. Quelques plages, un climat favorable, une population métissée vivant en harmonie. Mais ce thriller dresse un portrait assez sombre de cette île. 

Le héros, Paul Kessler, ancien flic dépressif qui a démissionné après un drame familial, est embauché par un riche propriétaire terrien dont la famille a fait fortune dans la culture de la vanille, pour découvrir si la mort de son fils dans un crash d’hélicoptère dans le cirque de Mafate est bien un accident comme le prétendent les gendarmes ou un sabotage. 

Kessler, totalement déboussolé au début, va tenter de trouver des pistes malgré une chape de plomb tombées sur cette affaire qui embarrasse beaucoup trop de personnes. Car le jeune pilote, riche fils à papa, séducteur et fêtard, était moins lisse qu’il n’y paraît. Mauvaises relations, vices cachés, dettes : il avait effectivement maintes raisons pour être éliminé. 

Alors Kessler va décider d’aller sur le lieu du crash, dans cette nature sauvage, accompagné d’une jeune Réunionnaise. Une épreuve pour le vieux flic : « Bientôt le chemin s’éleva. De temps à autre, une trouée dans les arbres leur permettait de voir le ciel se charger de plus en plus. Au bout d’un raidillon très escarpé, tout en haut d’une crête qui dominait une vallée noyée dans la brume, le retraité stoppa une seconde, les mains appuyées sur les genoux. » C’est dans cet enfer vert, coupé de toute civilisation, que Paul va affronter le pire ennemi de sa carrière, un sorcier vaudou qui a trouvé dans les déviances sexuelles d’une partie de la population un terreau idéal pour mettre en place sa nouvelle église. 

Un roman dépaysant, sans concession, parfois glaçant par les sujets abordés (inceste, pédophilie), mais qui reste addictif et édifiant. 

« L’aigle noir » de Jacques Saussey, Fleuve Noir, 22,90 €

mardi 5 juillet 2022

Thriller - Dédale démentiel

Pour bien occuper votre temps libre de cet été, faisons confiance à un spécialiste du suspense. Franck Thilliez est devenu un des auteurs français actuels le plus lu de ces dernières années. Dans Labyrinthes, il délaisse son héros flic Sharko (bientôt adapté en série télé), pour revenir dans le dédale constitué de deux autres de ses thrillers : Le manuscrit inachevé et Il était deux fois.

Au début, rien ne permet de relier ce roman aux autres. On suit les aventures de plusieurs jeunes femmes. Une adolescente enlevée et torturée ; une journaliste qui enquête sur des disparus et une psychiatre recluse dans un village de montagne en pleine tempête de neige. S’y ajoutent une mystérieuse romancière et une policière dépressive.

Avec un machiavélisme et une virtuosité indéniables, Franck Thilliez va perdre le lecteur dans ces récits parallèles. Finalement, on retrouve son chemin dans ce labyrinthe truffé de faux-semblants et on comprend, dans les dernières pages, le fin mot de cette histoire extraordinaire.

«Labyrinthes» de Franck Thilliez, Fleuve Noir, 384 pages, 21,90 €

dimanche 27 mars 2022

Thriller - Cauchemar sur l'île d'Oléron

Les romans de Jérôme Camut et Nathalie Hug explorent depuis de nombreuses années les côtés les plus sombres de l’âme humaine. Dans leur dernière histoire, Nos âmes au diable, le couple va encore plus loin dans l’abomination. Une histoire de petite fille enlevée, mais vue par le prisme de la souffrance de la mère.

Sur l’île d’Oléron, en juillet, Sixtine se prépare à aller faire de la voile en compagnie de son ami Jérémy. Sixtine a dix ans et avant de rejoindre le club de voile, elle décide d’aller une nouvelle fois se faire peur, seule, en tentant d’explorer ces bunkers abandonnés près des plages de l’île charentaise. Quelques heures plus tard, Jeanne, la mère de Sixtine, en pleine réunion de travail à Paris (elle est rédactrice dans une agence de publicité), reçoit un appel de son mari : « Sixtine a disparu ». Fugue, accident ou enlèvement ? Les premières heures, racontées avec détail par les auteurs, plonge le lecteur dans ce cauchemar absolu pour une maman. Sans nouvelles de sa fille, elle imagine le pire. Puis reprend espoir. Et rechute. Le lecteur, lui, sait que Sixtine est vivante car entre les chapitres où Jeanne raconte à la première personne son calvaire, des textes très courts racontent le quotidien de la petite fille, enfermée dans une pièce obscure, affamée, terrorisée. Des passages où les deux romanciers ont poussé très loin le curseur de l’horreur. Qu’y a-t-il de pire que la détresse d’une fillette persuadée qu’elle ne reverra plus jamais ses parents et qu’un ogre va lui faire du mal ?   

Un mince espoir

Une première partie très déstabilisante, oppressante, captivante aussi. Et puis tout bascule. Le short ensanglanté de Sixtine est retrouvé près de la maison un ancien délinquant sexuel. Il avoue son crime, explique avoir jeté le corps de Sixtine à la mer… Désespérée, Jeanne tente de retrouver une vie normale. Retourne au travail, constate que ses collègues ont changé d’attitude : « J’en ai vu se précipiter aux toilettes pour éviter d’avoir à me croiser, d’autres répondre à des coups de fil imaginaires, ou s’enfermer dans leur bureau. C’est dur à affronter, le chagrin des autres. Face à lui, on est démuni, on est lâche. Souvent. Presque toujours. » La vie de Jeanne part à vau-l’eau. Elle démissionne, divorce, trouve un peu de réconfort auprès d’une association de famille de victimes. 

Mais l’espoir n’est plus là. Même si le corps de Sixtine n’a jamais été retrouvé. Jusqu’à ce jour de Noël où Jeanne reçoit un dessin de sa petite fille. En quelques lignes, les auteurs remettent toute l’affaire à plat, le lecteur tente de comprendre avec Jeanne qui s’accroche à cette piste. Le thriller devient polar. Jusqu’à un nouveau rebondissement qui éprouve un peu plus les nerfs de Jeanne. Un roman dur, sans rémission, multipliant les coups de théâtre pour une fin indicible.  

« Nos âmes au diable » de Jérôme Camut et Nathalie Hug, Fleuve Noir, 19,90 €


mardi 21 décembre 2021

Thriller - L’avenir de l’Humanité passe peut-être par les ours

Vaste roman d’aventures particulièrement dépaysant, Inestimable du Polonais Zygmunt Miloszewski permet de retrouver l’héroïne de son précédent thriller, Inavouable. Zofia est la renommée directrice d’un musée national en Pologne. Mais cette femme qui doit son poste à son aptitude à traquer les voleurs d’œuvres d’art est à l’étroit dans cette structure étatique. Quand elle décide de faire un peu bouger les lignes, elle est licenciée sur-le-champ par le gouvernement qui ne voit qu’une apologie de la pornographie. Il est vrai qu’une banane est très phallique. Surtout pour des religieux intégristes. 

Zofia qui a ainsi l’occasion d’accepter l’offre de Bogdan Smuga, un biologiste et aventurier qui lui propose de retrouver des artefacts d’une tribu aïnous vivant sur l’île de Sakhaline entre Sibérie et Japon. Le froid, la boue, les ours, les chamans : cette partie du roman est très agitée. Par contre pour le mari de Zofia, malade (il perd la mémoire), c’est très calme dans sa clinique retirée dans les Pyrénées. Et le lecteur découvre alors avec étonnement que l’auteur polonais place cet établissement près de Céret dans le Vallespir

L’occasion de parler aussi d’ours, c’est un peu la clé du roman, en racontant une des fêtes : « des autochtones en baskets, déguisés en ursidés, poursuivaient d’autres autochtones et les enduisaient d’une substance noirâtre. » Le roman se déroule aussi en partie à Paris, en Pologne évidemment et en plein océan dans un bateau servant de laboratoire secret ambulant. 

Une écriture brillante, un sens du rythme rarement atteint, des personnages tous complexes, une multitude de lieux dépaysants : ce roman est particulièrement addictif. Et totalement dans l’actualité car en filigrane, on découvre le risque pour l’Humanité de disparaître à cause de l’artefact ramené de Sakhaline, un siècle auparavant, par un Polonais qui l’avait légué à sa compatriote, double prix Nobel, Marie Curie.

« Inestimable » de Zygmunt Miloszewski, Fleuve Noir, 21,90 €


dimanche 21 juin 2020

L'autre explication du Manuscrit inachevé de Franck Thilliez



Quand Franck Thilliez ne se consacre pas aux enquêtes de Sharko et Lucie Hennebelle, son couple de flics à la vie de plus en plus compliquée et dramatique, il s’attaque à des thrillers diaboliques, à la composition complexe et prenante. Dans Il était deux fois, il raconte en réalité les coulisses de son autre roman terrifiant, Le manuscrit inachevé, paru en 2018.  Son tour de force, c’est en réalité de nous le faire comprendre que vers la moitié de ce présent ouvrage. 

Au début, tout débute de la façon la plus classique pour un bon polar à la française. En 2008, Julie, 17 ans, disparaît en forêt. Son père, gendarme dans la petite ville de Sagas en Savoie, se lance à sa recherche. Il se rend à l’hôtel où elle travaillait l’été précédent. Là, épuisé par ses recherches dans la liste des clients, il s’endort. En pleine nuit, il est réveillé par une pluie d’étourneaux morts. Au petit matin, nauséeux, il ne se reconnaît plus. Il a fait un bond de 12 ans dans le futur. En 2020, Gabriel n’est plus gendarme, mais il cherche toujours sa fille. Il se souvient de peu de choses, excepté « le moment de la disparition, celui entre le juste avant et le juste après. Il faisait partie de ceux définitivement gravés dans l’esprit des proches. Le dernier sourire, le dernier geste, le dernier mot devenaient les ultimes souvenirs. »

Une fois expliquée cette forme très rare d’amnésie brutale, l’auteur déroule l’intrigue avec un savant dosage de révélations et d’interrogations. Le cadavre d’une femme est découvert dans une rivière. Longtemps on croit que c’est Julie. Un corbeau déverse sa haine dans le village à travers des lettres anonymes. La mafia russe serait impliquée. 

Un livre codé dans le roman

Gabriel, en désespoir de cause, demandera de l’aide à son ami de toujours, Paul, gendarme lui aussi, mais qui depuis quelques années vit avec l’ancienne femme de Gabriel. Le déclic se produit quand les deux ennemis, découvrent dans une cabane en pleine forêt la fin d’un roman. Il se trouve que c’est la conclusion inédite du Manuscrit inachevé. Et que l’auteur, Caleb Traksman, a eu une aventure avec Julie. Le cerveau du lecteur se met alors à phosphorer. S’il a lu le précédent roman, il découvre l’envers de l’écriture du livre. Sinon, il n’a qu’une envie, c’est de dévorer cet autre livre signé Franck Thilliez (paru depuis chez Pocket), dont la véritable fin est proposée, sous forme manuscrite dans Il était deux fois. 

Et pour les amateurs d’horreurs, les 520 pages du roman leur offrent des moments épiques, dont une scène finale dans un décor de cauchemar : « Gabriel évoluait à présent dans un univers où la mort régnait, où l’on devinait le tendre feulement de sa faux aiguisée. » Tremblez, le xiphopage va frapper. 


lundi 12 juin 2017

Thriller : Lucie et Sharko aux portes de l’Enfer


Couple de flics, Lucie Henebelle et Franck Sharko ont un passé douloureux derrière eux. Marqués, chacun de leur côté, par la perte d’êtres chers. Heureusement, ils se sont trouvés. Cette «romance» sert de fil rouge aux romans de Franck Thilliez. Des personnages attachants, plein de fêlures mais qui méritent eux aussi leur petite part de bonheur.
On les a laissés à l’équilibre, vivant ensemble, amoureux et jeunes parents de jumeaux. Tout pour être heureux... Sauf que leur vie ce n’est que faits divers, crimes et enquêtes. Officielles et même parallèles comme dans le cas de Lucie, sollicitée par sa tante pour achever l’enquête abandonnée par l’oncle gendarme, mort trop tôt. Une jeune fille disparue. Peut-être retenue prisonnière chez un suspect, Ramirez.
En pleine nuit, seule, la policière entre par effraction dans ce pavillon isolé. Persuadée qu’il n’y a personne, elle entend des cris dans la cave. Armée, sur ses gardes, elle dé- couvre un chat à l’agonie, tondu et le corps recouvert de sangsues. Elle n’a pas le temps d’être choquée que Ramirez lui saute dessus. Bagarre, strangulation et coup de feu. Lucie, flic d’élite du 36 quai des Orfèvres, se retrouve avec un cadavre sur les bras. En panique elle appelle le seul qui peut l’aider, son homme, Sharko.
Le début du roman est très déstabilisant. Par l’erreur de Lucie mais aussi la réaction de Sharko. Il va tout faire pour couvrir son amoureuse, la mère de ses enfants. Pour préserver ce petit bonheur, quitte à avoir ce meurtre sur la conscience toute sa vie. Il va maquiller la scène de crime et faire le nécessaire pour que l’enquête lui soit confiée. Un plan aussi futé que machiavélique. Tout va pour le mieux jusqu’à un appel de la gendarmerie de Dijon.
■ Vidé de son sang
L’homme tué par Lucie aurait quelques bricoles à se reprocher. Enlèvements mais aussi meurtres et tortures. Une de ses victimes est retrouvée au sommet d’un château d’eau désaffecté. Les résultats de l’autopsie étonnent les enquêteurs. «Le corps ne présentait plus une seule goutte de sang dans l’organisme. Vidé intégralement.» Et Nicolas, le collègue de Sharko, découvre qu’il était adepte d’une secte satanique. Un vampire des temps modernes ? En tout cas, Lucie, après une période de déprime, reprend le dessus car elle veut «résoudre l’énigme, retrouver la jeune femme, peut-être encore vivante. Parce que c’était son job, ses convictions. Parce que c’était dans son ADN de flic et que, si elle y parvenait, elle soulagerait peut-être sa conscience». Voilà donc dans quelle galère sont embarqués Sharko et Lucie. On va les suivre pas à pas dans leurs mensonges, leurs enquêtes et dé- couvertes, toutes plus horribles les unes que les autres.
 ➤ «Sharko» de Franck Thilliez, Fleuve Noir, 21,90 €

mercredi 10 août 2016

Livre : Kaput, tueur du passé



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Comment devient-on un assassin, un tueur ? Le narrateur de ces quatre romans, repris dans une intégrale au Fleuve Noir, raconte en détail sa longue descente aux enfers. Jusqu'à la scène finale (celle d'ouverture en l'occurrence) au cours de laquelle il perd la vie sous le couperet de la guillotine. Cezs romans, parus au début des années 50, étaient signés Kaput. En réalité c'est Frédéric Dard qui se cachait derrière ce pseudonyme. Auteur infatigable, il sortait un roman par mois, devenu un véritable pilier de la collection Spécial Police. Si San-Antonio, son héros de prédilection, était une version optimiste de la justice, autant Kaput est sombre. Des romans noirs qui étaient un peu inspirés de l'univers d'André Héléna. Bourré d'expressions d'argot, le récit de la vie de Kaput est publié dans sa version originale, exactement avec les expressions de l'époque. Un côté vintage qui plaira aux plus âgés.
« Un tueur, Kaput » de Frédéric Dard, Fleuve Noir, 21,90 euros


jeudi 16 juillet 2015

Livre - Assassins invisibles de "Pandemia"

Pour tuer en masse, un virus est plus efficace que deux serial-killers. Les héros récurrents de Franck Thilliez se confrontent à des assassins d'un nouveau genre dans « Pandemia ».

Rien de plus beau qu'un cygne. Ces oiseaux gracieux se transforment pourtant en messagers de la mort dans les premières pages de « Pandemia », le nouveau thriller de Franck Thilliez. L'alerte est donnée par un guide d'une réserve ornithologique dans le Nord de la France. Trois cadavres de cygnes sauvages au bord d'un lac. Des spécialistes du GIM (Groupe d'intervention microbiologique) sont dépêchés en urgence sur place. La moindre mort suspecte d'oiseaux est prise très au sérieux depuis l'apparition du virus de la grippe H5N1. Johan et Amandine se rendent sur place. Cela va les changer de longues journées passées devant leur paillasse à scruter microbes et autres virus dont ils cherchent en permanence à découvrir les secrets. Amandine est le personnage pivot de ce roman, celle qui sera du début à la fin au centre de l'action, épaulée au fil des chapitres par les flics récurrents de l'univers de Thilliez, le couple Sharko et Lucie, leur chef Nicolas et la petite nouvelle, Camille, gendarme greffée du cœur (voir le précédent roman, Angor, paru récemment chez Pocket). Amandine traque les virus mais a une peur bleue d'eux. Elle est à la limite de la folie : elle se lave les mains 20 fois dans la journée, porte un masque en permanence et vide toutes les deux heures un flacon de lotion antiseptique. Quand elle part travailler le matin, obligée de prendre les transports en communs parisiens, elle sait que tout le monde la remarque.
« Comme toujours, on la regarda avec curiosité dans la rame. Son teint d'albâtre, sa protection sur le visage, sa coupe militaire. On devait la prendre au mieux pour une malade atteinte d'une pathologie gravissime et incurable, au pire pour une espèce de junkie. » Dans les cygnes, les deux techniciens découvrent un virus de la grippe jusqu'alors inconnu. Un « mutant » qui vient du porc, est propagé par les oiseaux et peut se transmettre aux hommes. L'alerte est immédiatement donnée. L'action se déroule fin novembre, dans cette période où la traditionnelle épidémie se met en place. Justement, des malades, il y en a de plus en plus au sein des équipes de la criminelle. Lucie notamment est terrassée en quelques heures.

Nouveau terrorisme
Le prologue rejoint alors l'action principale : c'est le fameux virus des cygnes qui décime le Quai des Orfèvres. Une action délibérée, un acte de terrorisme d'un genre nouveau. Et la pandémie menace.
Sharko, force de la nature, semble le plus résistant. Il se lance à corps perdu dans l'enquête qui comme toujours avec Thilliez est dense et complexe (et personne ne s'en plaint). Il se retrouve alors à recueillir le témoignage d'un SDF vivant sous les ponts. Malgré son alcoolisme chronique, Jasper est persuadé que plusieurs de ses compagnons d'infortune ont été enlevés par un être étrange, direction les égouts, « quelqu'un habillé tout en noir, avec un genre de robe, un long bec courbé comme un vautour. Il avait des griffes immenses sur chaque main. Des trucs capables de te couper en morceaux. Un oiseau de malheur. Moi, j'ai pensé à un démon. » Le ton est donné. Dans l'antre de ce terrifiant « homme-oiseau », Sharko découvre l'innommable. Mais ce n'est que le supplétif qu'un être encore plus machiavélique, le fameux « Homme en noir » déjà entraperçu dans « Angor ».
Le roman imposant (plus de 600 pages) se lit pourtant dans un état d'urgence, de fébrilité, tant les événements s'enchainent et la tension va crescendo. Certains passages sont âpres, cauchemardesques, tout le monde n'en sort pas indemne. Quant au lecteur, après avoir ingurgité le roman, il risque faire quelques cauchemars à la vue du moindre oiseau, encore plus d'un rat ou d'une bête puce... 

« Pandemia », Franck Thilliez, Fleuve Noir, 21,90 €

samedi 15 novembre 2014

Livre : Organes de l'enfer

Lucie et Sharko, les héros récurrents des thrillers de Franck Thilliez, s'effacent un peu pour laisser libre cours à l'histoire de Camille et Nicolas, sur fond de trafic d'organes.

lucie, sharko, thilliez, fleuve noirPas facile de conserver son statut de policiers baroudeurs quand on vient d'avoir des jumeaux. En choisissant d'orienter ses romans vers le genre du feuilleton, Franck Thilliez prend un risque. Sharko, le flic de cinquante ans, tombé fou amoureux de sa collègue Lucie, 20 ans de moins, tente de se remettre de ses malheurs. Il a perdu femme et enfants dans une précédente aventure. Comme Lucie, radicalement changée depuis l'assassinat de ses deux petites filles. Leur monde est noir, plein de tueurs en série et de monstres pour qui le mal est le seul moteur pour avancer. Comme pour conjurer cette malédiction ils ont décidé de retenter l'aventure d'être parents. A la fin du précédent roman, Lucie accouche de jumeaux. Sharko est aux anges, ses grosses mains maladroites se transformant en puits de tendresse pour Jules et Adrien. Image de bonheur et de paix. Thilliez sait parfois être tendre avec ses personnages. Mais jamais longtemps...
Par chance pour Sharko et Lucie, il va donner les premiers rôles d'« Angor », son nouveau roman, à deux personnages plus jeunes. Durant les premiers chapitres on suit les pas de Camille Thibault. Cette jeune gendarme, affectée dans le Nord de la France, a subi un gros coup du sort. Une maladie cardiaque la condamnait. Heureusement elle a bénéficié de la transplantation d'un cœur. Depuis, malgré la prise régulière et à heure fixe de plusieurs médicaments, elle mène une vie quasi normale. Si l'on excepte son obsession pour découvrir l'identité du donneur. En France, le secret médical interdit au greffé de connaître le passé de l'organe qui lui permet de rester en vie. Camille utilise toutes ses entrées pour tenter de savoir à qui appartenait ce cœur qui bat dans sa poitrine et semble lui parler. Le roman est proche du fantastique quand la gendarme se réveille en sueur, avec l'image d'une femme enchaînée qui l'appelle à l'aide. Qui est cette femme ? La donneuse ? Une victime ?

Coup de foudre
En parallèle à la quête de la greffée, le lecteur découvre les débuts d'une nouvelle enquête du service de Sharko. Le vieux commissaire a abandonné ses responsabilités pour les confier au jeune et brillant Nicolas Bellanger. Ils se déplacent dans une forêt. Sous un arbre arraché par l'orage, une cavité abritait une femme, sauvage et aveugle. Elle était enfermée dans le noir depuis des années. Durant le premier tiers du roman, les deux histoires se déroulent en parallèle. Camille finit par découvrir l'identité de son donneur qui est aussi l'homme qui retenait prisonnière la femme inconnue. Nicolas croise la route de Camille. Coup de foudre.
Si Nicolas s'abandonne, Camille reste sur la défensive. Elle vient d'apprendre que son cœur de substitution est en train de lâcher. Il ne lui reste que quelques semaines à vivre. C'est récurrent dans les romans de Franck Thilliez, les amours sont toujours très compliquées...
Ce pavé de plus de 600 pages est quand même très éloigné de la bluette à l'eau de rose. Le lecteur suit les héros en Espagne, en Argentine, et dans les catacombes de Paris, au-delà du Styx, le fleuve des enfers. Et croise le chemin de quelques psychopathes de la pire espèce, adeptes du maniement du bistouri à vif.


« Angor », Franck Thilliez, Fleuve Noir, 21,90 €

lundi 11 août 2014

Thriller - Paroles de comateux dans "Ces lieux sont morts" de Patrick Graham

Exploration macabre de l'inconscient d'hommes et de femmes plongés dans le coma au sommaire de « Ces lieux sont morts » de Patrick Graham.


Searl, médecin dans un grand hôpital américain, a une spécialisation peu commune. Il a en charge le réveil de traumatisés plongés dans le coma. Dans ces vastes salles, des hommes et femmes dorment, parfois depuis des mois et des mois. Ils sont coupés du monde. Parfois reprennent conscience. C'est là que Searl intervient le plus rapidement possible. Il a développé une technique pour retenir l'esprit de « l'éveillé » dans la réalité. Car souvent, en constatant ce qu'il est devenu, il retourne volontairement dans « ces lieux morts ». 
Patrick Graham, l'auteur de ce roman terrifiant, a distillé une petite dose de science-fiction dans la réalité médicale de Searl. Grâce à des diffuseurs olfactifs, le médecin parvient à guider la volonté des endormis vers des lieux de leur enfance. Pour qu'ils reprennent conscience de leur réalité dans les meilleures conditions possibles. Il se branche en parallèle et intervient directement dans leur esprit. Une astuce littéraire pour permettre au héros de pénétrer l'esprit des différents protagonistes de ce thriller. Car rapidement cela se complique.

Fillette enlevée
Retardé au travail par l'arrivée d'une femme grièvement blessée dans un accident de la circulation, il ne peut pas rejoindre sa seconde femme, Becka, et ses trois enfants né d'un premier mariage. Ils partent donc à quatre, dans une voiture de location, en pleine tempête de neige, rejoindre un chalet isolé dans la montagne. On est en décembre, à quelques jours de Noël. En chemin, ils sont harcelés par un gros camion transportant des billes de bois. Après une halte dans une station-service, ils prennent à leur bord Liam, un jeune auto-stoppeur qui va dans la même localité rejoindre sa grand-mère.
Il apparaît que Liam est un dangereux serial-killer. Il écorche Becka et les deux ainés et enlève Kirsten, la plus jeune. La première partie du roman se lit d'une traite. 150 pages qui pourtant son peu de choses à côté des suivantes.
Searl est au chevet de ce qui reste de sa famille, une femme et deux ados plongés dans le coma. Kirsten est introuvable. Mais chaque semaine, en pleine nuit, elle appelle son père et lui dit son angoisse d'être prisonnière. La suite du roman se focalise sur la fillette, comment elle survit dans l'obscurité en compagnie de deux autres jeunes filles, Mila et Taylor. Pour donner encore plus de corps à ce roman très dense, Patrick Graham fait intervenir un shérif cancéreux et en fin de vie, une section spéciale du FBI, des vagabonds rejetant toute société de consommation et fait voyager le lecteur des routes de l'Australie au désert du Nevada en passant par le grand rassemblement de Burning Man. Bref, des heures et des heures de dépaysement, d'angoisse et de coups de théâtre. Le tout est sombre, très sombre, comme notre inconscient...
Michel LITOUT

« Ces lieux sont morts », Patrick Graham, Fleuve Noir, 20,90 €

lundi 26 mai 2014

Fantastique - Virus numérique inventé par Koji Suzuki

Après avoir fait trembler la planète entière avec sa trilogie « Ring », Koji Suzuki imagine une suite, tout aussi effrayante, à cette histoire de virus numérique.

Les bonnes histoires fantastiques n'ont jamais de fin. C'est le principe même des cauchemars. S'ils restent si longtemps présents à notre esprit c'est en raison de leur issue toujours incertaine. Certes, à un moment on se réveille, mais rien n'est terminé. On sait pertinemment qu'en cas de nouveau sommeil, on a toutes les chances de replonger dans l'horreur. Koji Suzuki a parfaitement intégré ce principe puisqu'il signe avec « S, Sadako » le prolongement de sa trilogie « Ring ». Comme si cette histoire de cassette vidéo maudite traversait les années et s'adaptait aux nouvelles technologies. Le récit, plus ramassé et un tantinet plus optimiste, peut se lire sans avoir auparavant tremblé devant les 1000 pages de la première histoire, récemment rééditée dans une intégrale chez Pocket.
20 ans après « Ring », les héros de « S, Sadako » sont les descendants de certains des protagonistes du premier opus. Takanori est le fils du médecin légiste qui a autopsié les premières victimes de la vidéo. Anaké, sa petite amie, est professeur dans un collège. Le jeune homme, contre l'avis de ses riches parents qui le destinaient à une carrière dans la médecine, a fait des études artistiques. Aujourd'hui, il vivote en s'occupant d'effets spéciaux dans une petite société de production télé. Dans le cadre de son travail, son chef lui confie une clé USB contenant l'enregistrement d'un suicide diffusé sur le net.

Takanori visionne la séquence pour tenter d'en tirer des images, pas trop violentes, à intégrer dans un programme de télévision un peu trash. Il copie le film sur son ordinateur et le regarde plusieurs fois. On voit un homme se préparer, la tête hors champ, monter sur un tabouret, puis le faire basculer et tournoyer au bout d'une corde. Le lendemain, il regarde de nouveau la séquence et constate que le cadre a bougé. Désormais, le visage est visible. Anaké le voit aussi et reconnaît l'homme qui, il y a de cela bien des années, a tenté de l'assassiner. Kashiwada, un tueur en série de petites filles, exécuté le mois dernier.
Quel rapport entre Anaké et ce suicidé qui n'en est pas un ? Pourquoi au bout de quelques secondes le corps disparaît ? Takanori va enquêter pour tenter de dissiper le malaise grandissant. Anaké, orpheline, a un passé rempli de trous. Son futur mari et père de l'enfant qu'elle porte aura la surprise de découvrir que son enfance à lui aussi contient des zones d'ombres. Il serait même mort (de noyade) durant deux années avant de « ressusciter ».
Koji Suzuki multiplie les interrogations pour mieux intriguer le lecteur. Au début, le lien avec Ring est ténu, mais les révélations du père de Takanori vont permettre de faire le lien avec le chef-d'œuvre de celui que l'on a surnommé le « Stephen King japonais ». C'est peut-être un peu excessif, même s'il faut reconnaître que certains passages, notamment quand le couple se retrouve sur les lieux des précédentes tueries, peut provoquer un sérieux hérissement des poils.
« S, Sadako », Koji Suzuki, Fleuve Noir, 15,90 €


dimanche 22 décembre 2013

BD - Trois belles intégrales à offrir pour les fêtes

500 histoires drôles en BD

Envie de rigoler ? De beaucoup rigoler ? Ce recueil ultime est pour vous. Vous y trouverez 500 histoires drôles en BD étalées sur plus de 330 pages. Pas moins de 25 dessinateurs au sommaire et trois scénaristes. Découpé en chapitres thématiques, ce livre vous permettra de vous moquer des couples ou des toubibs sans oublier un très gros contingent de scénettes polissonnes. (Vents d'Ouest, 13,90 €)



Bidouille et Violette

Série culte des années 80 dans le journal de Spirou, Bidouille et Violette revient dans une intégrale sous-titrée « Chronique mélancolique d'un premier amour ». Bernard Hislaire, jeune auteur complet, voulait casser les codes de la BD pour adolescents. Son personnage principal est un gros garçon timide, fils du tenancier d'une baraque à frites. Ses aventures ? Il n'y en a pas. Bidouille est simplement amoureux de la belle et évanescente Violette. Cet amour naïf, voire impossible, est une sorte de BD documentaire avant la lettre. On y retrouve toute la poésie de Hislaire, mais avec aussi la dureté de notre monde. C'est beau et triste à la fois. Conséquence, avec le temps, cette BD culte est devenue un classique. (Glénat, 38 €)

Le très gros livre de Simon's Cat

Apparu dans des petits films animés sur le net, Simon's Cat a depuis conquis le marché du livre. Et comme ses histoires sont muettes, il inonde la planète entière. Pour ces fêtes de fin d'année retrouvez ce gros chat un peu nigaud, toujours partant pour faire une bêtise, dans un gros recueil de dessins et d'histoires courtes. En noir et blanc, Simon Tofield avec son trait simple et efficace, raconte les mille déboires d'un matou qu'on aimerait câliner tout en redoutant ses envies de destruction. Idéal pour tout public et tous les âges. (Fleuve Noir, 14,90 €)