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jeudi 26 septembre 2024

Thriller - Disparition à Copenhague

Plongée dans la noirceur de Copenhague dans ce thriller de Katrine Engberg, valeur montante du polar nordique


Pays le plus au sud de cette région nordique où le polar est roi, le Danemark parvient à se tailler une place de choix entre les productions suédoises et norvégiennes. Avec son troisième roman dont les policiers Jeppe Korner et Anette Werner sont les héros, Katrine Engberg enfonce le clou : sa signature est synonyme d’intrigue élaborée, de crimes horribles et de rebondissements incessants. 

Le passé doit mourir débute par une banale disparition d’adolescent. Oscar n’est pas rentrée chez lui ce vendredi soir après les cours. Il devait passer la nuit chez sa petite amie. Mais il n’y est jamais allé. Et le samedi matin c’est le branle-bas de combat dans le groupe de Jeppe après la découverte d’un message énigmatique chez les parents d’Oscar, de riches et controversés créateurs d’une salle de ventes aux enchères. 

Le roman devient un peu plus labyrinthique quand au gré des premiers chapitres des personnages font leur apparition. Il y a un ingénieur, Kasper, chargé du fonctionnement de l’incinérateur à ordures le plus sophistiqué d’Europe, en phase de lancement dans la capitale danoise. Un homme solitaire aussi, gardien d’un ensemble fortifié placé depuis des siècles à l’entrée du port de Copenhague. Un certain Mads se revendiquant « Robinson Crusoé du port ». Or, ces deux hommes connaissaient Oscar. C’est Mads qui a retrouvé la sacoche du lycéen, sur une jetée. Mads qui intrigue doublement car la romancière, qui excelle dans la description de la vie privée compliquée de ses personnages principaux, le rend terriblement attirant aux yeux d’Anette. 

Pourtant la jeune flic est depuis peu une maman comblée. Pourquoi alors quand elle croise Mads, remarque-t-elle « ce regard couleur mer avec des éclaboussures vertes. » Et un peu plus tard, au moment de partir, « Anette observa ses doigts larges qui tenaient sa carte de visite blanche et eut en même temps envie de tendre la main vers lui et de s’enfuir. » 

Ils sont comme ça les protagonistes imaginés par Katrine Engberg, impulsifs, pleins de doutes. Jeppe n’est pas mieux loti. Il tente de refaire sa vie avec une collègue Sara. Mais elle a deux filles. Celle de 11 ans déclare la guerre au nouvel amant de sa maman. Pour la protéger. Ou se protéger ? Ces histoires annexes à l’intrigue, loin de faire perdre le fil au lecteur, apporte humanité et réalisme à un thriller qui, comme les précédents romans de la romancière, explorent les pires zones des déviances humaines. 

Parmi les décors, l’incinérateur devrait durablement marquer le lecteur. On y découvre un corps, dans une puanteur absolue. Et dans ses entrailles, aussi brûlantes qu’un enfer sur terre, se cachent bien des secrets. Un monstre de technologie, rendu nécessaire pour évacuer les ordures de la ville : « Le haut de la cheminée rougeoyait comme un mauvais œil. Le nouveau point de repère de la ville ressemblait à un animal vivant, clignotant, tapi entre les buissons et les arbres de Refhaleoen. » 

Un thriller addictif, où l’enquête occupe une semaine entière avec son lot d’actions spectaculaires et un dénouement tout sauf téléphoné.    

« Le passé doit mourir » de Katrine Engberg, Fleuve Noir, 400 pages, 21,90 €

mardi 14 juin 2022

DVD - Du nouveau au Département V

Tirées des romans de Jussi Ader-Olsen (Albin Michel), Les enquêtes du Département V font partie des belles réussites du cinéma danois. Les thrillers sont adaptés sur grand écran et c’est déjà le 5e qui sort en DVD et blu-ray. Directement en vidéo (après une diffusion sur Canal +), car la crise sanitaire est passée par là, restreignant les sorties cinéma durant de longs mois. Les amateurs des quatre précédents films seront sans doute déstabilisés car le casting a totalement changé. Pour interpréter Carl Morck, on ne retrouve plus Nikolaj Lie Kaas mais Ulrich Thomsen. De même, son fidèle assistant Assad perd les traits de Fares Fares pour désormais être personnalisé par Zaki Youssef. Si vous voulez jouer au jeu des ressemblances (ou des différences) on ne peut que vous recommander de faire l’acquisition du coffret reprenant cinq longs-métrages, dont le 5e, L’effet Papillon, l’inédit de ce mois de juin chez Wild Side Vidéo. 

Carl Morck, dont la vie est loin d’être un long fleuve tranquille, tente de revenir au travail le plus vite possible. Pourtant il a été le témoin direct d’un drame raconté dans la première scène du film. Mais il est comme ça Morck, dur au mal, sans état d’âme. Même si on comprend vite qu’il a été secoué car il devient de plus en plus borderline dans ses enquêtes. Son département, cantonné au début dans les enquêtes abandonnées, est devenu une pièce maîtresse de la police de Copenhague. Quand un jeune Gitan est arrêté à la frontière en possession du passeport d’un diplomate disparu depuis quatre ans et suspecté d’être un pédophile, l’enquête est rouverte et le département V va mettre toutes ses ressources sur cette énigme. Mais l’adolescent ne collabore pas et va même réussir à s’enfuir d’un centre fermé. 

Sa cavale est racontée en parallèle avec les investigations de Morck auprès d’une jeune nageuse qui a accusé le diplomate, de sa femme, qui a toujours clamé son innocence et d’un journaliste suédois persuadé que cette disparition cache un vaste complot d’État. Le film de 2 heures est rythmé et très sombre. Il s’attache surtout à montrer l’obstination du héros, persuadé qu’il peut, seul contre tous, faire justice et aider ce jeune témoin gênant.  


samedi 8 août 2015

DVD - Morck et Assad, flics danois atypiques du Département V


Adaptés des thrillers de Jussi Adler-Olsen, 'Miséricorde' et 'Profanation' sont deux enquêtes du Département V.Affaire classée ? Pas pour Carl Morck (Nikolaj Lie Kaas) dont c'est justement le fonds de commerce. Ce flic danois d'élite est à la tête du plus petit service du pays. Il doit se contenter d'un assistant, Assad (Fares Fares), un Syrien, touche exotique dans un thriller très noir. Les romans de Jussi Adler-Olsen, parus en France chez Albin Michel, ont rapidement rencontré un grand succès auprès des lecteurs amateurs de littérature policière scandinave.

Logiquement, cette autre pépite nordique, comme Millénium, a intéressé des producteurs de cinéma. C'est Mikkel Norgaard, jeune réalisateur danois, qui a hérité du projet. Il s'est plongé dans les romans et après de longues réflexions (racontées en détail dans le making-of), il s'est approprié cet univers. Résultat les lecteurs seront un peu déboussolés car si les personnages et les intrigues sont respectés, les caractères sont un peu modifiés.

L'autre Assad
Morck reste le flic détruit par une grosse bavure qui a causé la mort d'un collègue et provoqué la paralysie de son meilleur ami. Dépressif, alcoolique, totalement asocial, il hérite du département V, un service chargé de classer les affaires non résolues. Sa feuille de route est simple : clôturer trois affaires par semaine. Mais ce limier, infatigable chercheur de vérité, à l'encontre de sa hiérarchie, préfère rouvrir des dossiers mal ficelés. Dans Miséricorde, le premier volet, il tente de tirer au clair la disparition d'une jeune femme politique. Il y a cinq ans, Merete Lynggaard (Sonja Richter), prend un ferry avec son frère handicapé mental. À l'arrivée, elle a disparu. Les policiers concluent à un suicide. Morck n'y croit pas et va finalement retrouver Merete.

Le second film, Profanation, une bande de jeunes aisés, pour se procurer quelques pics d'adrénaline, laissent libre cours à leur violence. Passages à tabac puis meurtres les transforment en tueurs sans la moindre empathie. Devenus adultes, personnalités influentes, ils voient d'un très mauvais œil l'arrivée de Morck dans leurs affaires de jeunesse. Les films, un peu moins sombres que les romans, perdent un peu de leur saveur avec la modification des caractères d'Assad et Rose. Le premier, de petit, bedonnant et chauve, devient un grand flic baraqué, toujours musulman mais beaucoup plus sûr de lui. Quant à Rose (Johanne Louise Schmidt), exit la gothique provocatrice imaginée par Jussi Adler-Olsen. Elle laisse la place à une secrétaire timide et insipide, juste identifiée par une chevelure rousse là où l'originale avait "une coiffure ébouriffée ultra-courte et noire, des yeux de jais et des vêtements plus sombres que sombres.".
Les deux films sont cependant très efficaces, bien menés, avec un tempo haletant. Mais là où les films adaptés des romans de Stieg Larsson conservaient la force de l'original, ces enquêtes du Département V semblent beaucoup plus quelconques. Dommage, le duo Morck Assad aurait certainement pu devenir aussi célèbre que celui formé par Blomkvist et Lisbeth.
"Miséricorde" et "Profanation", Wild Side, 12,99 euros les DVD, 17,99 euros les blu-ray (sortie le 8 août).

mardi 16 juin 2015

BD - Les "Infiltrés" du Counterjihad


Première incursion d'Olivier Truc dans la bande dessinée. Le journaliste, correspondant pour le Monde dans les pays scandinaves, a remporté un beau succès avec ses deux romans policiers au pays des Lapons. Il quitte les plaines enneigées pour se plonger dans ce qui fait son quotidien de journaliste d'investigation : l'extrême-droite. Avec Sylvain Runberg, il écrit le scénario d'« Infiltrés », thriller futuriste se déroulant au Danemark. Un futur très proche. Quasi du présent. 
Après le massacre commis par Breivik en Norvège, un groupuscule danois veut faire aussi bien. Ils mitraillent une mosquée et se préparent à une action d'éclat. Les services de renseignements, dirigés par Suzanne Hennings, surveille ces nazillons de l'intérieur. Un agent est infiltré. Mais le temps presse, les politiques veulent des résultats et l'attentat se précise. 
Dessiné par Olivier Thomas, cet album est passionnant. Tant par l'idéologie décrite que les méthodes de la police. De plus, un dossier, rédigé par Olivier Truc, permet de mieux cerner la menace de ce qui a déjà pris le nom de « Counterjihad ».

« Infiltrés » (tome 1), Quadrants Soleil, 15,50 €

dimanche 22 juillet 2012

Jeunesse violente dans ce thriller de Jussi Adler Olsen

Carl Morck, policier danois, rouvre une affaire de double meurtre. Un faux coupable se serait dénoncé pour couvrir les agissements violents de plusieurs fils de bonne famille.

Quand on est riche et de bonne famille, se distraire est parfois compliqué. Internes dans une institution privée, six amis vont découvrir que la violence est un excellent fournisseur d'adrénaline. Tabasser des faibles, tuer des animaux, pour eux, c'est un loisir comme un autre... Bénéficiant d'une quasi impunité grâce aux millions et aux relations de leurs parents, ils vont aller crescendo dans leur dérive jusqu'à tuer plusieurs personnes. C'est le double meurtre d'un frère et d'une sœur qui a failli les faire tomber. Mais l'un d'entre eux se dénonce et depuis quelques années croupit en prison et paye pour toute la bande.

Affaire classée ? Pas pour Carl Morck dont c'est justement le fond de commerce. Ce flic danois d'élite est à la tête du plus petit service du pays. Il doit se contenter d'un assistant, Assad, un Syrien, touche exotique dans un thriller très noir.

Le premier roman policier de Jussi Adler Olsen, « Miséricorde » paru en 2011, présentait ce duo peu banal. On les retrouve dans leur bureau au sous-sol, plongé dans cette affaire apparu par enchantement sur leur bureau.

Morck est le prototype du flic bourru et qui n'en fait qu'à sa tête. Il aime travailler en solitaire. Il ne voit pas d'un très bon œil l'arrivée d'une secrétaire dans son service. D'autant que Rose est assez atypique : « Une coiffure ébouriffée ultra-courte et noire, des yeux de jais et des vêtements plus sombres que sombres. La créature que Morck avait devant lui était effarante. » Mais comme elle n'a pas sa langue dans sa poche et qu'elle est particulièrement débrouillarde, elle va autant séduire qu'exaspérer son chef.

La folie de Kimmie
Malgré les ordres de sa hiérarchie lui ordonnant de ne pas enquêter sur ce double meurtre, Morck va creuser et retrouver les jeunes étudiants suspectés à l'époque. Ils sont tous devenus des notables, riches et très influents. Un styliste, le patron de plusieurs cliniques, un trader... Morck s'attaque à forte partie. Manque Kimmie, la seule fille de la bande. Elle a disparu depuis dix ans. Elle vivrait dans la rue. Kimmie personnage principal, pivot du roman dont l'auteur décrit longuement la lente descente aux enfers. Kimmie, la seule s'étant repentie, la plus humaine malgré sa folie irrémédiable.

L'humanité, c'est un concept inconnu aux trois rescapés. Ils se retrouvent régulièrement pour des chasses spéciales dans le domaine de l'un d'entre eux. Ils massacrent des faisans et surtout ont à chaque sortie un gibier exceptionnel qui sort de l'ordinaire. « Tous retinrent leur souffle avec le tireur tandis qu'il épaulait son arme et appuyait sur la gâchette. Il tira un peu bas, ce qui rompit le cou de la bête et la décapita. Il pensait que l'animal tomberait raide mort, mais il continua à courir sans sa tête pendant quelques secondes avant que son cadavre ne trébuche sur le sol inégal. Un spectacle désopilant. » Une ultime partie de chasse compose le final du roman dans laquelle chasseurs et gibiers s'affrontent dans un déchaînement de violence.

« Profanation » fait partie de ces thrillers qui vous tiennent en haleine du début à la fin. Entre scènes d'action et parties plus psychologiques, il est d'une rare richesse. Morck, Assad et Rose reviendront dans une nouvelle enquête. Car pour couronner le tout, Jussi Adler Olsen maîtrise parfaitement le côté feuilleton de son œuvre.

« Profanation » de Jussi Adler Olsen (traduction de Caroline Berg), Albin Michel, 22,90 € (disponible au format poche au Livre de Poche)