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jeudi 13 octobre 2022

Cinéma - Pouvoir et religion au Caire

Première rencontre entre le jeune Adam (Tawfeek Barhom) et l’intrigant colonel Ibrahim (Fares Fares). Atmo

Un thriller politique au cœur d’une université musulmane. Telle est la formule magique qui a permis à Tarik Saleh de décrocher le prix du scénario au dernier festival de Cannes. Ce film, s’il se déroule en Égypte et porte le nom sans équivoque de La conspiration du Caire, est en réalité une coproduction franco suédoise tournée en Turquie. Le réalisateur, avant même qu’il ne débute le tournage de son précédent film, Le Caire confidentiel, a reçu la visite des services de sécurité égyptiens. Avec l’ordre de quitter immédiatement le pays et de ne plus y remettre les pieds au risque d’y être emprisonné. C’est donc un cinéaste en exil, un de plus, qui réalise ce thriller édifiant sur les pratiques d’un pays où la corruption est omniprésente.

Loin de la capitale grouillante d’agitation, dans un petit village en bord de mer, Adam (Tawfeek Barhom) aide son père à ramener tous les jours quelques poissons pour assurer leur subsistance. Adam, très religieux, avec l’appui de l’imam du village, a déposé une demande pour intégrer l’université Al-Azhar. Cette institution religieuse a toujours su rester indépendante du pouvoir. Du temps de Sadate, des Anglais auparavant et même aujourd’hui du général al-Sissi. Adam découvre un monde nouveau. Les étudiants sont placés sous la responsabilité de cheiks qui délivrent parfois des enseignements très différents. Si dans l’ensemble la ligne est très modérée, certains sont des défenseurs des Frères musulmans, considérés comme terroristes par le pouvoir en place.  Quelques jours après son arrivée, le grand cheikh meurt. Commence le processus de succession. Qui va l’emporter ? Dans l’université la compétition fait rage. En coulisse aussi. Les services de sécurité ont des espions dans la place pour savoir ce qui se trame et tenter d’influencer le vote. Adam va se retrouver au centre de cette partie d’échecs qui fera beaucoup de victimes. 

Le film, entre fable religieuse et dénonciation de la manipulation des pouvoirs occultes, permet au public occidental de mieux comprendre le fonctionnement de cette institution musulmane, la plus renommée et respectée du monde sunnite. Loin de l’obscurantisme caricatural, Al-Azhar fait figure de phare intellectuel et culturel dans un pays bouillonnant. Par contre la description des pratiques de la police secrète de l’État égyptien est beaucoup plus sombre. Manipulation, chantage, arrestations arbitraires, torture : tout est bon pour maintenir le pouvoir en place. Dans ce rôle, le général Ibrahim, vieux de la vieille, est le plus grand, le meilleur. Interprété par Fares Fares, acteur fétiche de Tarik Saleh, il signe une performance qui aurait pu lui permettre de prétendre à un prix d’interprétation au festival.

Film de Tarik Saleh avec Tawfeek Barhom, Fares Fares, Mohammad Bakri



mardi 14 juin 2022

DVD - Du nouveau au Département V

Tirées des romans de Jussi Ader-Olsen (Albin Michel), Les enquêtes du Département V font partie des belles réussites du cinéma danois. Les thrillers sont adaptés sur grand écran et c’est déjà le 5e qui sort en DVD et blu-ray. Directement en vidéo (après une diffusion sur Canal +), car la crise sanitaire est passée par là, restreignant les sorties cinéma durant de longs mois. Les amateurs des quatre précédents films seront sans doute déstabilisés car le casting a totalement changé. Pour interpréter Carl Morck, on ne retrouve plus Nikolaj Lie Kaas mais Ulrich Thomsen. De même, son fidèle assistant Assad perd les traits de Fares Fares pour désormais être personnalisé par Zaki Youssef. Si vous voulez jouer au jeu des ressemblances (ou des différences) on ne peut que vous recommander de faire l’acquisition du coffret reprenant cinq longs-métrages, dont le 5e, L’effet Papillon, l’inédit de ce mois de juin chez Wild Side Vidéo. 

Carl Morck, dont la vie est loin d’être un long fleuve tranquille, tente de revenir au travail le plus vite possible. Pourtant il a été le témoin direct d’un drame raconté dans la première scène du film. Mais il est comme ça Morck, dur au mal, sans état d’âme. Même si on comprend vite qu’il a été secoué car il devient de plus en plus borderline dans ses enquêtes. Son département, cantonné au début dans les enquêtes abandonnées, est devenu une pièce maîtresse de la police de Copenhague. Quand un jeune Gitan est arrêté à la frontière en possession du passeport d’un diplomate disparu depuis quatre ans et suspecté d’être un pédophile, l’enquête est rouverte et le département V va mettre toutes ses ressources sur cette énigme. Mais l’adolescent ne collabore pas et va même réussir à s’enfuir d’un centre fermé. 

Sa cavale est racontée en parallèle avec les investigations de Morck auprès d’une jeune nageuse qui a accusé le diplomate, de sa femme, qui a toujours clamé son innocence et d’un journaliste suédois persuadé que cette disparition cache un vaste complot d’État. Le film de 2 heures est rythmé et très sombre. Il s’attache surtout à montrer l’obstination du héros, persuadé qu’il peut, seul contre tous, faire justice et aider ce jeune témoin gênant.