mardi 8 mai 2007

Roman - Une fenêtre jaune sur l'inconnu

Cherchant à retrouver son frère et son fiancé disparus dans le désert américain, Cassidy va découvrir une ouverture sur un monde parallèle.



L'imagination de Serge Brussolo n'a pas de limite. On a même l'impression que cet écrivain ne la maîtrise pas complètement. Certains de ses romans, débutant dans une direction, prennent parfois une toute autre orientation en cours de récit. « La fenêtre jaune », thriller inédit paru directement au Livre de Poche, en est l'exemple même.
Cela débute comme un thriller classique. Très américain. Mais au milieu de l'ouvrage, l'ambiance générale change totalement, basculant dans une science-fiction cauchemardesque toujours chère à Serge Brussolo. Cassidy débarque donc au coeur du désert californien. Cette romancière, spécialisée dans la littérature pour la jeunesse, est interpellée quand elle apprend qu'une voiture vient d'être découverte au sommet d'un piton rocheux totalement inaccessible. Une voiture accidentée. Comme si, après un choc, elle avait été projetée à des centaines de mètres d'altitude.

Légendes indiennes
Cassidy n'est pas par hasard dans cette région. Elle est la recherche de son frère et de son fiancé, disparus quelques mois auparavant. Pour tenter de retrouver leurs traces, elle loue la même maison isolée qu'eux. Elle y découvre un capharnaüm mécanique dantesque. Avant de s'évaporer, ils ont mis au point une voiture à turbine surpuissante pouvant atteindre des vitesses extrêmes. Le début de cette enquête, entre constatation policière et légendes indiennes de la région, est très classique. Serge Brussolo insiste simplement sur l'angoisse de cette jeune femme, seule au milieu du désert.
Une solitude qui ne dure pas. Elle croise la route de Ziggy Starboy, un illuminé qui lui explique dans quelles circonstances les deux hommes ont disparu. Sur la longue piste d'une base aérienne militaire abandonnée, certaines nuits, une mystérieuse fenêtre jaune mobile se matérialise. Il est persuadé qu'il s'agit de l'ouverture sur un monde parallèle. Mais pour arriver à la franchir, il faut se déplacer aussi vite qu'elle. Une fenêtre qui fonctionne dans les deux sens. Ziggy a déjà récupéré sur la piste des hommes affublés d'un scaphandre doré. Mais ils sont tous morts quelques heures après leur arrivée. Quand Cassidy découvre ces humains, littéralement momifiés dans une salle spéciale, elle commence à croire Ziggy. Et prend sa décision : elle aussi va tenter de franchir cette fenêtre jaune. Pour retrouver son fiancé, pour ramener son frère.
A la page 110, « D'une détente des cuisses, Cassidy plonge à l'horizontale en direction de la fenêtre jaune. La lumière l'avale ». A la page 111, c'est presque un nouveau roman qui débute.
De l'autre côté de la fenêtre, le monde décrit par Serge Brussolo est totalement différent. Mais mieux vaut ne pas en dire plus. Car c'est bien là, dans cette formidable capacité à nous étonner, que réside tout l'intérêt des romans de cet auteur hors normes. Précisons simplement qu'il est question d'une société fermée, terrorisée, où les cauchemars des enfants sont monnaie courante. Un monde angoissant que vous n'êtes pas prêt d'oublier...
« La fenêtre jaune », Serge Brussolo, Le Livre de Poche, 6,50 €

lundi 7 mai 2007

BD - Une tête pas chère


Il y a à peine un peu plus d'un an, les éditions Futuropolis lançaient la collection 32. 32 pages pour moins de 5 euros. Echec commercial. Mais cela ne décourage pas les éditeurs de trouver des solutions innovantes. Paquet, maison suisse, lance donc en ce mois de mai la collection « Tekap ». Des albums de 30 pages, en couleurs et avec couverture cartonnée pour 5 euros pile poil. Parmi les trois premiers titres, une histoire de pirates par Artur Laperla, auteur du remarquable « Voleurs de chiens ». Au début du 18e siècle, le jeune botaniste Lafleur est envoyé aux Antilles pour y effectuer des recherches. Mais, arrivé sur place, il est enlevé par des pirates. Ils demandent une rançon. L'employeur de Lafleur ne voulant pas payer, il est conduit sur une petite île pour y être exécuté. C'est là que son chemin va croiser celui de Wilson l'enragé, pirate redoutable, victime d'une malédiction. Il ne reste de la terreur des Caraïbes que la tête. Une tête très persuasive qui va sauver Lafleur puis l'entraîner dans des aventures maritimes entre magie vaudou et sanglantes batailles maritimes. 
("La tête de Wilson l'enragé", Paquet, 5 €)