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mardi 3 janvier 2017

Livre : Vogue la galère avec la belle Marion

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Infatigable Serge Brussolo, toujours à chercher de nouveaux mondes à explorer. Le voilà lancé dans une grande saga de pirates. Du moins c’est ce que laissent entendre le titre et la couverture du roman, mais il semble avoir oublié en cours de route de faire vivre le vaisseau baptisé « L’oiseau des tempêtes ». Ce sera pour la suite des aventures de la belle Marion, véritable héroïne et fil rouge de ces multiples péripéties.
On a droit à des naufrageurs, un peu de bagne en Bretagne, des larcins à Marseille puis une vie de recluse, avec des araignées, sur une île des Caraïbes. Bref, en 400 Pages, l’auteur français le plus prolifique utilise autant de personnages et de lieux qu’un collègue en cinq romans. Direct et sans fioritures, le style Brussolo fait toujours merveille.
➤ « L’oiseau des tempêtes » de Serge Brussolo, Fleuve éditions, 19,90 €

lundi 10 août 2015

SF - La fabrique des Dieux selon Serge Brussolo

Lâchez trois petits dieux sur une planète déserte, mettez-les au travail et vous obtenez un roman de science-fiction foisonnant signé Serge Brussolo, un maître du genre.


Sans limite. Les romans de Serge Brussolo, notamment de science-fiction semblent totalement sans limite. Son imagination féconde ne cesse d'élaborer mondes, peuples, planètes, sociétés et même religions. Il s'était fait un peu rare dans son domaine de prédilection pour explorer d'autres genres comme le roman historique ou le fantastique pour adolescentes (Peggy Sue). Il marque son retour dans une collection de référence : Folio SF. En plus de la réédition de ses œuvres majeures parues en « Présence du futur », il propose des romans inédits. « Frontière barbare » en 2013 et la suite cette année, « Anges de fer, Paradis d'acier ». La religion est au centre de ce roman un peu déroutant au début, mais très cohérent dès que les personnages principaux arrivent sur la planète Almoha.
David Sarella, exovétérinaire, est toujours au service du pape Nothanos III. La religion dominante a du plomb dans l'aile. Les révolutionnaires et dissidents mènent une guerre sans merci. Replié dans une forteresse craquelante, David est chargé d'alimenter les défenses aériennes en munitions. Cela donne une ouverture digne de meilleures attaques aériennes.
Le héros, vieillard dans un corps jeune, ne se console pas de la perte de sa femme. Il a tout fait pour la faire revenir à la vie. En vain. Sa situation change quand le pape (un clone du précédent) l'envoie dans un pénitencier délivrer trois détenus. Pas n'importe qui. Ce sont trois Dieux, neutralisés depuis des siècles, mais qui pourraient de nouveau être utile en cette période trouble de guerre de religion. Le roman prend alors toute son ampleur.

Un monde à créer
Une fois sa mission évasion terminée, David, accompagné de sa fille, une redoutable guerrière, vogue vers la planète Almoha. Une boule sans la moindre vie. Mais c'est là que les dieux pourront être utiles. Ils auront une semaine pour rendre Almoha fertile et vivable. Sept jours pour fabriquer un paradis destiné à accueillir les religieux persécutés sur terre. Dans le trio, David apprécie particulièrement Anatalia : « une adolescente aux cheveux roux, à la peau très blanche. Sa beauté surannée évoquait les portraits féminins de l'époque victorienne. » Ces jeunes Dieux, aux pouvoirs immenses, semblent étonnés de leur mission. Mais ils acceptent de se mettre au service du pape (un paradoxe complet).
Comme ils ont carte blanche, les trois mondes qu'ils créent chacun de leur côté est assez déroutante. Anatalia a une vision très enfantine du paradis habité par des moutons, « grosses pelotes d'une laine dont les couleurs changeaient toutes les deux minutes. Ils ne bêlaient pas produisaient à intervalles réguliers, une sonnerie téléphonique des plus incongrues. » Et tout le reste est à l'avenant, entre loufoquerie et délire cauchemardesque. Car il y a aussi quelques animaux nuisibles dans cette jeune planète comme des lions méduses ou des moustiques dont la piqûre provoque l'explosion du corps. Rapidement hors de contrôle, les dieux n'en font qu'à leur tête et réclament des sacrifices humains. Comme si le sang frais servait d'engrais à la terre depuis peu féconde de la planète.
Sous couvert d'aventures spatiales, Serge Brussolo signe une réflexion sur les dérives des religions. Entre dieux virtuels et réels, les exigences sont parfois contradictoires. Mais le clergé restera toujours le grand gagnant de l'abrutissement des masses. Même quand le grand subterfuge (la véritable grande originalité du roman) est découvert par David. Une histoire sans temps mort, avec quantité de rebondissements comme cet extraordinaire conteur sait si bien truffer ses textes jamais insipides.

« Anges de fer, paradis d'acier » de Serge Brussolo, Folio SF, 8 €


mardi 8 mai 2007

Roman - Une fenêtre jaune sur l'inconnu

Cherchant à retrouver son frère et son fiancé disparus dans le désert américain, Cassidy va découvrir une ouverture sur un monde parallèle.



L'imagination de Serge Brussolo n'a pas de limite. On a même l'impression que cet écrivain ne la maîtrise pas complètement. Certains de ses romans, débutant dans une direction, prennent parfois une toute autre orientation en cours de récit. « La fenêtre jaune », thriller inédit paru directement au Livre de Poche, en est l'exemple même.
Cela débute comme un thriller classique. Très américain. Mais au milieu de l'ouvrage, l'ambiance générale change totalement, basculant dans une science-fiction cauchemardesque toujours chère à Serge Brussolo. Cassidy débarque donc au coeur du désert californien. Cette romancière, spécialisée dans la littérature pour la jeunesse, est interpellée quand elle apprend qu'une voiture vient d'être découverte au sommet d'un piton rocheux totalement inaccessible. Une voiture accidentée. Comme si, après un choc, elle avait été projetée à des centaines de mètres d'altitude.

Légendes indiennes
Cassidy n'est pas par hasard dans cette région. Elle est la recherche de son frère et de son fiancé, disparus quelques mois auparavant. Pour tenter de retrouver leurs traces, elle loue la même maison isolée qu'eux. Elle y découvre un capharnaüm mécanique dantesque. Avant de s'évaporer, ils ont mis au point une voiture à turbine surpuissante pouvant atteindre des vitesses extrêmes. Le début de cette enquête, entre constatation policière et légendes indiennes de la région, est très classique. Serge Brussolo insiste simplement sur l'angoisse de cette jeune femme, seule au milieu du désert.
Une solitude qui ne dure pas. Elle croise la route de Ziggy Starboy, un illuminé qui lui explique dans quelles circonstances les deux hommes ont disparu. Sur la longue piste d'une base aérienne militaire abandonnée, certaines nuits, une mystérieuse fenêtre jaune mobile se matérialise. Il est persuadé qu'il s'agit de l'ouverture sur un monde parallèle. Mais pour arriver à la franchir, il faut se déplacer aussi vite qu'elle. Une fenêtre qui fonctionne dans les deux sens. Ziggy a déjà récupéré sur la piste des hommes affublés d'un scaphandre doré. Mais ils sont tous morts quelques heures après leur arrivée. Quand Cassidy découvre ces humains, littéralement momifiés dans une salle spéciale, elle commence à croire Ziggy. Et prend sa décision : elle aussi va tenter de franchir cette fenêtre jaune. Pour retrouver son fiancé, pour ramener son frère.
A la page 110, « D'une détente des cuisses, Cassidy plonge à l'horizontale en direction de la fenêtre jaune. La lumière l'avale ». A la page 111, c'est presque un nouveau roman qui débute.
De l'autre côté de la fenêtre, le monde décrit par Serge Brussolo est totalement différent. Mais mieux vaut ne pas en dire plus. Car c'est bien là, dans cette formidable capacité à nous étonner, que réside tout l'intérêt des romans de cet auteur hors normes. Précisons simplement qu'il est question d'une société fermée, terrorisée, où les cauchemars des enfants sont monnaie courante. Un monde angoissant que vous n'êtes pas prêt d'oublier...
« La fenêtre jaune », Serge Brussolo, Le Livre de Poche, 6,50 €