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samedi 15 janvier 2022

Roman - Pêche aux souvenirs dans « Ce n’est pas un fleuve » de Selva Almada


L’Argentine regorge de talents littéraires et de paysages uniques. Dans « Ce n’est pas un fleuve » de Selva Almada, l’action se déroule en grande partie sur une île posée au milieu de ce fleuve qui passe près de Santa Fe. Trois amis y campent pour le week-end. La journée ils pêchent la raie. Le soir ils grillent des saucisses et vont au bal. Une vie simple, routinière, mais qui va apporter son lot de surprise. 

Ils vont croiser des villageois aigris, des jeunes filles fantomatiques et toute sorte d’animaux : « Les sons changent en intensité à mesure qu’ils s’enfoncent dans la forêt. Des bestioles, des oiseaux peut-être, crient en même temps, à la fois effrayées et menaçantes. Des battements d’ailes, des herbes qui s’ouvrent au passage de quelque chose et se referment sur la créature qui vient de passer. » 

La peur est omniprésente. Peur de l’inconnu et surtout de la mort personnifiée par ce Noyé qui hante les pêcheurs. 

« Ce n’est pas un fleuve » de Selva Almada, Métailié, 16 €

mardi 3 janvier 2017

Livre : Vogue la galère avec la belle Marion

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Infatigable Serge Brussolo, toujours à chercher de nouveaux mondes à explorer. Le voilà lancé dans une grande saga de pirates. Du moins c’est ce que laissent entendre le titre et la couverture du roman, mais il semble avoir oublié en cours de route de faire vivre le vaisseau baptisé « L’oiseau des tempêtes ». Ce sera pour la suite des aventures de la belle Marion, véritable héroïne et fil rouge de ces multiples péripéties.
On a droit à des naufrageurs, un peu de bagne en Bretagne, des larcins à Marseille puis une vie de recluse, avec des araignées, sur une île des Caraïbes. Bref, en 400 Pages, l’auteur français le plus prolifique utilise autant de personnages et de lieux qu’un collègue en cinq romans. Direct et sans fioritures, le style Brussolo fait toujours merveille.
➤ « L’oiseau des tempêtes » de Serge Brussolo, Fleuve éditions, 19,90 €

jeudi 18 août 2016

Thriller : "Rêver" de Franck Thilliez, un pavé pour la plage

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Franck Thilliez, en faisant cauchemarder son héroïne, risque de sérieusement perturber vos propres nuits. Abigaël est psychologue pour la police française. Une experte dont les avis sont essentiels pour résoudre les affaires criminelles. Mais elle souffre d'une forme aiguë de narcolepsie qui fait qu'elle peut s'endormir à tout moment. Même en pleine réunion avec l'état-major. Et dès quelle rêve, ses songes empiètent sur sa réalité. Incapable de savoir si elle est dans un cauchemar ou un véritable guet-apens.
Elle va trouver une parade, simple et efficace : la douleur. Mais pour s'empêcher de sombrer dans le sommeil (ou la folie dans son cas particulier), elle doit se faire de plus en plus mal. Thriller écrit par Franck Thilliez, ce roman déconcerte un peu au début par sa construction désordonnée dans le temps. Mais c'est essentiel pour que le lecteur partage les angoisses d'Abigaël. Au point qu'un chapitre est même manquant (mais lisible sur un site dédié). Le tout est véritablement passionnant et novateur si l'on accepte de se projeter dans la peau (et les rêves) de l'héroïne.
« Rêver » de Franck Thilliez, Fleuve Noir, 21,90€.

lundi 21 mars 2016

Livre : Un faux Elvis chez les Belges

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Nadine Monfils agrandit sa galerie de monstres. Après Mémé Cornemuse, place à Elvis Cadillac Presque une parade de monstres. La distribution du nouveau roman de Nadine Monfils ne fait pas dans la dentelle en ce qui concerne les phénomènes de foire. Finalement, Elvis Cadillac, le personnage principal semble le plus « normal » dans cette histoire de sosie et d'héritage dans une grande famille belge.
Elvis ne ressemble pas spécialement au King, mais il l'admire tellement qu'il se confond avec lui. Voiture, habits, attitude : logiquement il devient sosie officiel belge du rocker décédé. Une fois le bonhomme présenté, place au délire made in Belgium. Abandonné par sa Môman, Elvis la voir débarquer chez lui et taper l'incruste. Une vieille folle, digne de Mémé Cornemuse, précédente création de cette romancière qui marche dans les pas de Frédéric Dard. Elvis va donner un récital privé dans une riche famille belge pour l'anniversaire de la doyenne. Elle s'accroche malgré l'envie de ses enfants et petits-enfants de la voir disparaître pour récupérer l'héritage.
Impossible de faire plus délirant que cette réunion de famille, avec meurtre à la clé, enlèvement de chat (prénommé Houellebecq...) et vol de bijoux. Elvis traverse ces événements avec indifférence. Pas très fini le héros : « S'il s'était donné corps et âmes à ce personnage de sosie, c'était d'abord par amour pour Elvis, bien sûr, mais aussi parce que se déguiser faisait partie de l'enfance, de l'insouciance; que quand on est môme, on croit au père Noël et lorsque quelqu'un meurt, on te raconte qu'il est parti en voyage. La mort, c'est rien que des grandes vacances d'où tu ne reviens jamais. » Un roman de Nadine Monfils c'est parfois cru, mais toujours un peu poétique.
"Elvis Cadillac, King from Charleroi", Fleuve éditions, 17,90 euros


samedi 21 février 2009

Science-fiction - Brèche dans le temps

La problématique du voyage dans le passé et une féroce caricature de la téléréalité sont au centre de ce roman signé Christophe Lambert.


En 2060, le voyage dans le temps est devenu une mine pour la télévision qui fait revivre à ses téléspectateurs les moments clés de notre Histoire dans l'émission "Vous y étiez". Mais le public se lassant rapidement, il va falloir trouver un événement fondateur, intense, pour garder les sacro-saintes parts de marché. Un jeune créatif a l'idée qui fait mouche : le débarquement de juin 44 en Normandie. Reste à trouver les volontaires pour aller filmer cette bataille aux airs de boucherie. La production sélectionne deux hommes aux caractères opposés. Gary Hendershot est reporter de guerre. Mitch Kotlowitz est un historien. Gary est un habitué aux missions casse-cou. Encore plus depuis ce funeste jour où sa jeune femme s'est tuée en voiture. Mitch, divorcé et père d'un garçon de dix ans, est un pur intellectuel. Il s'est spécialisé dans les reconstitutions historiques mais cela reste du domaine du jeu.

UN FUTUR FLUCTUANT

Le principe du roman posé, Christophe Lambert a tout loisir de mieux décrire la psychologie des deux héros en puissance et surtout de mieux expliquer les règles du voyage dans le temps. Première directive : ne jamais interférer dans l'action au risque de modifier le futur. Ne pas révéler aux "Pastiens" (les habitants du passé) d'où on vient et ne jamais laisser dans le passé un élément de la technologie du futur.

Les premières heures du programme se passent sans encombre. Les deux envoyés spéciaux filment et décrivent l'embarquement des milliers de soldats, leurs angoisses et espoirs. Le lecteur se doute que quelque chose va coincer dans les rouages du temps quand Mitch, une fois sur la plage, voit un général se faire abattre sous ses yeux. L'historien sait parfaitement que normalement cet homme n'est pas mort le jour du débarquement. Au contraire, c'est le fameux général Cota, héros du débarquement, meneur d'hommes d'exception. S'il n'est plus là, le débarquement risque carrément d'échouer, donnant la possibilité aux armées nazis de se remobiliser, voire de gagner la guerre.

Les deux envoyés spéciaux n'ont plus le choix, ils doivent absolument infléchir le cours de l'histoire, suppléer l'absence de Cota, se transformer en leaders. L'échec serait synonyme pour eux de disparition pure et simple...

Sans avoir le brio de certains romans de Philip K. Dick, grand maître de l'uchronie (reconstitution fictive de l'histoire, relatant des faits tels qu'ils auraient pu se produire), ce récit brillamment mené par Christophe Lambert ne se perd pas en considérations scientifiques, l'auteur préférant décrire minutieusement le quotidien de ces soldats morts pour la liberté.

Certaines scènes du débarquement, déluge de feu et de mort, permettent d'avoir une idée très précise de l'enfer vécu par ces soldats. Quant au paradoxe temporel, il vous réserve encore bien des surprises.

"La brèche" de Christophe Lambert. Fleuve Noir.15 euros (également en poche chez Pocket, 6,80 €)

samedi 15 mars 2008

Polar - Véra Cabral, amie des barjots

Notre société va de plus en plus mal. Ce n'est pas un propos de voisin blasé improvisé sociologue de bazar autour d'un barbecue trop arrosé mais la constatation bien réelle du docteur Véra Cabral, psychiatre aux urgences en région parisienne imaginée par Virginie Brac. Après une nuit pas plus chargée que les autres, elle reçoit un appel de son chef de service, le professeur Russel. Il lui demande de venir le plus vite possible à son domicile pour une intervention cruciale.

Dans la chambre du fils de ce ponte de la médecine, gît une jeune fille, massacrée au couteau. Dans un coin de la pièce, elle voit le fils de son patron, Fred, recroquevillé, semblant divaguer, visiblement dément ou sous l'emprise d'une puissante drogue. Rapidement les policiers font leur entrée en scène. Menée par la lieutenante Sanchez, sorte de Bérurier femelle avec un peu plus d'intelligence, l'enquête progresse vite. Tout accuse Fred. Le père ne nie pas. Il exige simplement de Véra qu'elle certifie qu'il s'agit d'une crise de démence qui épargnera la prison à son fils. Véra, individualiste et assez réfractaire aux ordres, ne l'entend pas de cette oreille. D'autant qu'elle est persuadée que Fred n'est pas l'assassin de sa camarade de classe. Elle va donc mener sa propre enquête, malgré les menaces de son patron, de la mère de la victime et des policiers rêvant en secret d'épingler le fils d'un notable.

Virginie Brac déroule son intrigue avec une maestria redoutable. Sans pour autant négliger la vie privée de Véra, jeune femme de 33 ans espérant toujours rencontrer le grand amour mais qui n'a jamais osé s'abandonner dans les bras d'un homme.

On découvre au détour de deux interventions la famille envahissante de la psychiatre, ses amitiés avec les travestis faisant le tapin, son dégoût de la hiérarchie et des ambitions professionnelles. Un roman au cours duquel le lecteur est constamment ballotté entre les scènes de pure action, de violence brute mais aussi de réflexion intense et de psychologie très fine.

De quoi contenter tout le monde avec, et c'est peut-être là l'essentiel, une héroïne très humaine qui a toutes les chances de trouver parmi les lecteurs beaucoup de compréhension et de compassion.

"Notre-Dame des barjots" de Virginie Brac au Fleuve Noir et réédité en poche chez Pocket, 6,40 €