samedi 15 mars 2008

Polar - Véra Cabral, amie des barjots

Notre société va de plus en plus mal. Ce n'est pas un propos de voisin blasé improvisé sociologue de bazar autour d'un barbecue trop arrosé mais la constatation bien réelle du docteur Véra Cabral, psychiatre aux urgences en région parisienne imaginée par Virginie Brac. Après une nuit pas plus chargée que les autres, elle reçoit un appel de son chef de service, le professeur Russel. Il lui demande de venir le plus vite possible à son domicile pour une intervention cruciale.

Dans la chambre du fils de ce ponte de la médecine, gît une jeune fille, massacrée au couteau. Dans un coin de la pièce, elle voit le fils de son patron, Fred, recroquevillé, semblant divaguer, visiblement dément ou sous l'emprise d'une puissante drogue. Rapidement les policiers font leur entrée en scène. Menée par la lieutenante Sanchez, sorte de Bérurier femelle avec un peu plus d'intelligence, l'enquête progresse vite. Tout accuse Fred. Le père ne nie pas. Il exige simplement de Véra qu'elle certifie qu'il s'agit d'une crise de démence qui épargnera la prison à son fils. Véra, individualiste et assez réfractaire aux ordres, ne l'entend pas de cette oreille. D'autant qu'elle est persuadée que Fred n'est pas l'assassin de sa camarade de classe. Elle va donc mener sa propre enquête, malgré les menaces de son patron, de la mère de la victime et des policiers rêvant en secret d'épingler le fils d'un notable.

Virginie Brac déroule son intrigue avec une maestria redoutable. Sans pour autant négliger la vie privée de Véra, jeune femme de 33 ans espérant toujours rencontrer le grand amour mais qui n'a jamais osé s'abandonner dans les bras d'un homme.

On découvre au détour de deux interventions la famille envahissante de la psychiatre, ses amitiés avec les travestis faisant le tapin, son dégoût de la hiérarchie et des ambitions professionnelles. Un roman au cours duquel le lecteur est constamment ballotté entre les scènes de pure action, de violence brute mais aussi de réflexion intense et de psychologie très fine.

De quoi contenter tout le monde avec, et c'est peut-être là l'essentiel, une héroïne très humaine qui a toutes les chances de trouver parmi les lecteurs beaucoup de compréhension et de compassion.

"Notre-Dame des barjots" de Virginie Brac au Fleuve Noir et réédité en poche chez Pocket, 6,40 € 

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