dimanche 16 mars 2008

Roman - Serge Raffy nous entraîne sur "La piste andalouse"

Les personnages de ce roman à suspense de Serge Raffy semblent normaux. Mais la lecture d'un recueil de poèmes va bouleverser leurs vies, et les emporter dans un tourbillon de folie.


Aimant se promener dans les travées tranquilles du cimetière Montparnasse à Paris, Jérôme Sergent, ancien professeur d'espagnol, ne se doute pas qu'il va y faire une rencontre qui va bouleverser sa vie. Un homme, semblant fuir une menace invisible, s'immobilise en face de lui près de la tombe de Tristan Tzara. Il a une enveloppe dans la main et la tend à Jérôme tout en sortant de son pardessus un revolver avec lequel il se suicide... Complètement interloqué, Jérôme va prendre l'enveloppe dans un premier temps avant de prendre la fuite.

Une fois passée cette scène forte du roman, Serge Raffy, l'auteur, prend un peu plus de temps pour nous présenter Jérôme Sergent et les différents protagonistes de ce roman à suspense.

Le suicidé d'abord, Dimitri Bernès.

Comme Jérôme, il est originaire de Toulouse. Laborantin dans une grosse entreprise pharmaceutique, il travaille sur de nouveaux vaccins. Et comme il a des origines russes, la voie de l'espionnage industriel pour une puissance étrangère se précise. Mais c'est également un poète maudit. Il se trouvait à Paris pour tenter de faire publier un recueil de poèmes intitulé " Bivouacs ". Des poèmes que l'on retrouve dans leur intégralité à la fin du roman. L'enveloppe que Jérôme emporte avec lui est remplie de ces poèmes.

Trois jours après le suicide, en lisant que la police penche plutôt pour l'hypothèse du meurtre, Jérôme se décide à aller témoigner.

Mais sa version des faits est remise en cause par le policier chargé de l'affaire et rapidement Jérôme passe du rôle de témoin à suspect puis rapidement de coupable emprisonné. Perdant peu à peu la raison, Jérôme va faire des aveux, s'accuser du meurtre et tenter de finir les derniers poèmes de Dimitri, comme si l'esprit du suicidé avait pris possession de son cerveau au moment de la mort. Mais ce n'est pas évident de s'improviser écrivain. Surtout quand on confond les vers qui riment avec les vers qui grouillent dans la terre : " Je ne peux dire' voilà j'écris des vers', car je pense immédiatement à 'j'élève de la vermine'. Je ne parviens pas à élever mon regard au-delà de la tourbe... Je ne parviens pas encore à me considérer comme un artiste. J'admire ceux qui ont la force des vaniteux, concentrés sur leur ego, aveuglés par la certitude de porter en eux un bout d'éternité. Moi, je ne vois dans l'art que la perte et la douleur. " Emporté dans un tourbillon frénétique entre folie, espionnage, amour et remise en cause personnelle, le lecteur ne sort pas indemne lui aussi de ces 230 pages. Comme l'auteur, il se posera nombre de questions sur la signification de l'art, sa perception dans un monde hypermatérialiste.

Sans oublier la problématique du "passage" et de la "transmission" au centre de cette Piste andalouse.

"La piste andalouse" de Serge Raffy, Calmann-Lévy 

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