Quelques chroniques de livres et BD qui méritent d'être lus et les critiques cinéma des dernières nouveautés. Par Michel et Fabienne Litout
lundi 18 mai 2020
Littérature - Deux Musso pour relancer l’édition
En cette période économique compliquée pour le secteur de l’édition, personne ne va rouspéter si un champion des ventes permet au public de revenir dans les magasins. Guillaume Musso devrait donc attirer nombre de lecteurs pour la sortie de son nouveau roman, La Vie est un roman, aux éditions Calmann-Lévy, le 26 mai et dès à présent La vie secrète des écrivains au format poche.
Dans ce dernier roman, après avoir publié trois livres devenus cultes, le célèbre écrivain Nathan Fawles annonce qu’il arrête d’écrire et se retire à Beaumont, une île sauvage et sublime au large des côtes de la Méditerranée.
Vingt ans après, alors que ses romans continuent de captiver les lecteurs, Mathilde Monney, une jeune journaliste, débarque sur l’île, bien décidée à percer son secret. Commence entre eux un dangereux face-à-face, où se heurtent vérités et mensonges, où se frôlent l’amour et la peur…
« La vie secrète des écrivains », Le Livre de Poche, 8,40 € (article paru le lundi 18 mai dans l'Indépendant du Midi)
mardi 15 août 2017
Livres de poche : retrouvez les héros de vos films préférés
Sorti au cinéma il y a moins d’une semaine, « La Tour sombre » est tirée d’un roman de Stephen King. Redécouvrez l’œuvre originale dans cette réédition au format poche suivi d’un court roman, « Les petites sœurs d’Elurie ». Roland de Gilead, dernier justicier et aventurier d’un monde dont il cherche à inverser la destruction programmée, doit arracher au sorcier vêtu de noir les secrets qui le mèneront vers la Tour Sombre.
➤ « La Tour sombre », J’ai Lu, 7,80 €
Le prochain Star Wars, au cinéma, est annoncé en décembre. Mais si vous êtes en manque de sabre-laser et de batailles spatiales plongez dans les romans inédits régulièrement édités en poche. Dernier en date « Liens de sang » de Claudia Gray qui a pour vedette la princesse Leia. Désespérés à l’idée de ne pas réussir à prendre les mesures nécessaires face aux menaces tant extérieures qu’intérieures, les Sénateurs réclament l’élection d’un Premier Sénateur. Ils espèrent qu’un leader fort pourra unifier une galaxie divisée.
➤ « Star Wars, Liens de sang », Pocket, 9,30 €
Magnifiquement adapté à l’écran par la cinéaste Naomi Kawase, primée à Cannes, « Les délices de Tokyo », roman de Durian Sukegawa est une ode à la cuisine et à la vie. Poignant, poétique, sensuel : un régal. «Écouter la voix des haricots » : tel est le secret de Tokue, une vieille dame aux doigts mystérieusement déformés, pour réussir le an, la pâte de haricots rouges qui accompagne les dorayaki, des pâtisseries japonaises.
➤ « Les délices de Tokyo », Le Livre de Poche, 6,90 €
dimanche 11 juin 2017
Roman : Souvenirs des Cornouailles
Deux belles histoires, émouvantes et prenantes, rythment ce roman de Sarah Vaughan. Deux drames de la vie ordinaire, espacées d’un demi-siècle. De nos jours, Lucy, trompée par son mari, va trouver refuge dans la ferme de sa grand-mère Maggie. Une exploitation agricole doublée de chambres d’hôtes. Lucy va se rapprocher de cette vieille dame et découvrir le grand secret de sa vie. Elle aussi, très jeune, a aimé. Un amour de jeunesse dans les années 40, en pleine guerre. Le récit actuel alterne avec l’histoire de Maggie jeune et se rejoint au final grâce à Lucy, consolée de ses chagrins amoureux et revigorée par la belle conclusion de la tragique histoire de Maggie. Un texte addictif entre drames du passé, déceptions du quotidien et futur désirable.
➤ « La ferme du bout du monde », Sarah Vaughan, Préludes, 16,90 €
dimanche 14 mai 2017
Livres de poche : Et si on essayait de rire maintenant ?
Ces 3 000 anecdotes, histoires drôles et mots d’esprit de l’humour juif ont été recueillis par Victor Malka, fervent partisan de l’autodérision mais aussi spécialiste d’histoire de la civilisation hébraïque. Aussi hilarant que cinglant, ce florilège n’épargne rien ni personne, des mères juives aux relations pères-fils, en passant par la vie de couple, l’argent ou encore les bar-mitsva.
➤ « Le dico de l’humour juif », Points, 7,40 €
Nouvelle fournée de ces livres signés Hazeley et Morris. Ils nous présentent les mondes merveilleux du bobo, de la femme au foyer et du premier rendez-vous. Second degré à tous les étages. Sur de gentilles gravures tirées de livres éducatifs des années 50, ils brossent une satire au vitriol de notre société moderne. A lire avec modé- ration, risque de fou-rires intempestifs.
➤ « Le monde merveilleux du bobo », 10/18, 6,50 € chaque volume (en vente le 18 mai)
Pour une comédie familiale irrésistible, il vous faut : un père, despotique et égocentrique, une mère, en rébellion après quarante ans de mariage, leurs fils, Matthieu, éternel adolescent ; Nicolas, chef cuisinier le jour et castrateur tout le temps ; Alexandre, rêveur mou du genou. Et… trois belles-filles insupportables ! Satire familiale savoureuse par Aurélie Valognes.
➤ « En voiture, Simone ! », Le Livre de Poche, 7,10 €
dimanche 9 avril 2017
Livres de poche : histoires de pauvres et de minorités
Dans une langue épurée et puissante, Erri De Luca nous offre ici l’histoire d’une jeune femme vivant sur une île grecque qui passe ses nuits à nager avec les dauphins. Un ré- cit inclassable aux frontières du réalisme, traversé de références à la mythologie grecque mais aussi à la Bible. Ce texte est accompagné de deux autres courts récits, « Le ciel dans une étable » et « Une chose très stupide ».
➤ « Histoire d’Irène », Folio, 5,90 €
Les locaux du site d’info W3 ont été soufflés par une terrible explosion. Qui a voulu museler la voix des innocents ? S’agit-il d’un complot d’État comme tous les pensent ? Ou bien de tout autre chose, que les membres de W3 n’ont pas su voir ? Les survivants comprennent vite qu’ils ne sont pas sortis d’affaire. Après le succès des deux premiers volumes de la série Jérôme Camut et Nathalie Hug clôturent la saga W3 sans laisser le moindre répit à leurs personnages.
➤ « Le calice jusqu’à la lie », Le Livre de Poche, 9,40 €
Yonkers, dans l’État de New York. Ville paisible où il fait bon vivre. S’il n’y avait pas cette ligne invisible : d’un côté des quartiers aux pavillons coquets, aux rues propres bordées d’arbres. De l’autre, les barres d’immeubles, les graffitis, la misère. Lorsque tombe l’annonce qu’une loterie permettra à certaines familles modestes d’intégrer des maisons flambant neuves dans les beaux quartiers, ce qui paraît comme un rêve pour certains est vécu comme un cauchemar par d’autres. Roman dur et réaliste de Lisa Belkin.
➤ « Show me a hero », 10/18, 8,80 €
vendredi 30 juillet 2010
Deux romans de Serge Brussolo à redécouvrir
Le Moyen-Age c'est Lancelot et Perceval, mais dans la réalité, les chevaliers avaient beaucoup moins de classe. Serge Brussolo en fait la démonstration dans ce roman noir de crasse et de manigances. Le héros, Jehan, est un simple bûcheron. Mais sa bravoure et sa force lui permettent, sur un champ de bataille d'être ordonné chevalier. Un chevalier sans terre, errant de château en château, convoyant documents ou personnalités sur des chemins peu sûrs. Il accepte ainsi d'escorter Dorius, un moine chargé d'une mission secrète par le seigneur Ornan de Guy. Ce dernier va bientôt se marier avec la belle et frêle Aude. Mais avant de consommer le mariage, le seigneur tout puissant désire guérir de la peste qu'il aurait conntracté en croisade. C'est la mission de Dorius : récupérer des reliques censées supprimer les effets de cette terrible maladie. Jehan, sans le savoir, va devenir un pion dans cette vaste machination qui aboutira à la malédiction du territoire d'Ornan de Guy.
Sorcière, poison, bête méhaignée, prêtre exorciste, bourreau et troubadours se relaieront sous la plume acérée de Serge Brussolo pour alimenter les multiples rebondissements de ce roman à l'ambiance si vénéneuse, un peu comparable au film «La chair et le sang» de Paul Verhoeven. Bref les coups bas et trahisons prennent le pas sur les sentiments purs.
On retrouve Serge Brussolo dans «Les ombres du jardin» mais l'auteur plante cette fois le décor de son cauchemar dans la France des années 50. La nostalgie de cette époque où on s'enthousiasmait de la moindre nouveauté est très présente tout au long du roman.
Mais très vite, le lecteur partage les angoisses de Jeanne et de Martine, sa fille de 8 ans. Un homme déboule dans la vie de cette famille monoparentale. Avec violence il réclame Martine, ce serait sa fille... La fuite semble la seule solution. Le virtuose français del'angoisse frappe. juste et fort.
«Le château des poisons», Serge Brussolo, Le livre de Poche, 5 €
« Les ombres du jardin », Serge Brussolo, Folio, 7,70 € (Chroniques parues une première fois en 1999)
samedi 22 mars 2008
Roman - Doublement seul
Ce premier roman d'Anne Goscinny nous plonge dans la journée d'un homme menant une double vie professionnelle. Le matin et l'après-midi il est avocat, le soir, dans l'appartement en face, il consulte en tant que psychanalyste. On découvre l'intérieur de son bureau avant de faire connaissance avec quelques-uns de ses clients. Une description détaillée, méthodique, d'un lieu de vie aseptisé. Ses rapports distants avec sa secrétaire, sa volonté de laisser les gens parler, les écouter, un paradoxe dans sa profession d'avocat, un avantage quand il rejoint son fauteuil de psychanalyste.
Il est au centre du roman, mais ce n'est pas véritablement lui le héros. Anne Goscinny le dépersonnalise au maximum pour insuffler toute la vie du roman dans les personnages qui se succèdent dans son bureau. Un veuf qui tente de conserver la maison héritée de sa femme et que sa belle-fille guigne depuis 5 ans, la femme d'un peintre célèbre flouée par son homme de confiance, une maîtresse-femme désirant divorcer. Autant de tranches de vie fortes et intenses, alors que l'avocat-psy végète. Cette première oeuvre vaut surtout pour son ambiance feutrée, comme cotonneuse. Anne Goscinny pour un premier roman maîtrise parfaitement son sujet de bout en bout, semant dans son récit quelques citations chocs comme autant de directs au foie.
"Le bureau des solitudes", Anne Goscinny, Grasset, 15 € (Le Livre de Poche)
dimanche 16 mars 2008
Roman - Serge Raffy nous entraîne sur "La piste andalouse"
Les personnages de ce roman à suspense de Serge Raffy semblent normaux. Mais la lecture d'un recueil de poèmes va bouleverser leurs vies, et les emporter dans un tourbillon de folie.
Aimant se promener dans les travées tranquilles du cimetière Montparnasse à Paris, Jérôme Sergent, ancien professeur d'espagnol, ne se doute pas qu'il va y faire une rencontre qui va bouleverser sa vie. Un homme, semblant fuir une menace invisible, s'immobilise en face de lui près de la tombe de Tristan Tzara. Il a une enveloppe dans la main et la tend à Jérôme tout en sortant de son pardessus un revolver avec lequel il se suicide... Complètement interloqué, Jérôme va prendre l'enveloppe dans un premier temps avant de prendre la fuite.
Une fois passée cette scène forte du roman, Serge Raffy, l'auteur, prend un peu plus de temps pour nous présenter Jérôme Sergent et les différents protagonistes de ce roman à suspense.
Le suicidé d'abord, Dimitri Bernès.
Comme Jérôme, il est originaire de Toulouse. Laborantin dans une grosse entreprise pharmaceutique, il travaille sur de nouveaux vaccins. Et comme il a des origines russes, la voie de l'espionnage industriel pour une puissance étrangère se précise. Mais c'est également un poète maudit. Il se trouvait à Paris pour tenter de faire publier un recueil de poèmes intitulé " Bivouacs ". Des poèmes que l'on retrouve dans leur intégralité à la fin du roman. L'enveloppe que Jérôme emporte avec lui est remplie de ces poèmes.
Trois jours après le suicide, en lisant que la police penche plutôt pour l'hypothèse du meurtre, Jérôme se décide à aller témoigner.
Mais sa version des faits est remise en cause par le policier chargé de l'affaire et rapidement Jérôme passe du rôle de témoin à suspect puis rapidement de coupable emprisonné. Perdant peu à peu la raison, Jérôme va faire des aveux, s'accuser du meurtre et tenter de finir les derniers poèmes de Dimitri, comme si l'esprit du suicidé avait pris possession de son cerveau au moment de la mort. Mais ce n'est pas évident de s'improviser écrivain. Surtout quand on confond les vers qui riment avec les vers qui grouillent dans la terre : " Je ne peux dire' voilà j'écris des vers', car je pense immédiatement à 'j'élève de la vermine'. Je ne parviens pas à élever mon regard au-delà de la tourbe... Je ne parviens pas encore à me considérer comme un artiste. J'admire ceux qui ont la force des vaniteux, concentrés sur leur ego, aveuglés par la certitude de porter en eux un bout d'éternité. Moi, je ne vois dans l'art que la perte et la douleur. " Emporté dans un tourbillon frénétique entre folie, espionnage, amour et remise en cause personnelle, le lecteur ne sort pas indemne lui aussi de ces 230 pages. Comme l'auteur, il se posera nombre de questions sur la signification de l'art, sa perception dans un monde hypermatérialiste.
Sans oublier la problématique du "passage" et de la "transmission" au centre de cette Piste andalouse.
"La piste andalouse" de Serge Raffy, Calmann-Lévy
mardi 9 janvier 2007
SF - Dantec, noir visionnaire du futur
1957, lancement de Spoutnik, premier satellite artificiel. 2057, sur la base spatiale de Grande Jonction, la Cosmos Incorporated s'apprête à fêter le centenaire de cet événement.
Un jour anniversaire qui correspond également à la date qu'a choisi Plotkine pour exécuter son contrat : tuer le maire de cette ville autonome coincée entre ce qui reste des Etats-Unis et le Québec. De la science-fiction et de l'action, les prémices du roman de Maurice G. Dantec semblent on ne peut plus classiques. Mais l'auteur français exilé au Canada quitte rapidement les sentiers battus du genre.
Parfois cynique, souvent désespérante, cette histoire mêlant religion et science se termine par un message d'espoir malgré cette réflexion du personnage principal : "Plotkine laissa s'installer le silence. Il n'y avait pas le moindre souffle de vent, il n'entendait aucun insecte, pas un bruit ne provenait de la masse agglutinée des réfugiés. La fin du monde serait probablement d'un grand calme." Dantec, écrivain polémique aux positions souvent très tranchées, signe un grand roman de SF. (Cosmos Incorporated, Le Livre de Poche, 7,50 €)
















