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dimanche 17 novembre 2024

Thriller - Les Pyrénées, théâtre de l’angoisse

Une forêt primaire dans les Pyrénées. Des disparitions. Un village isolé et des rumeurs. Jérôme Camut et Nathalie Hug plongent leurs héros dans un univers angoissant, même s’il est « Loin de la fureur du monde ». 

La Mâchecombe. Un plateau, une forêt, des montagnes dans les Pyrénées entre Ariège et Aude. « Par temps clair, le regard portait de la plaine des Pyrénées jusqu’aux remparts de la cité de Carcassonne. » Le cadre est rapidement posé par Jérôme Camut et Nathalie Hug, auteurs de nombreux thrillers. C’est dans ce village et cette forêt protégée de Mâchecombe que l’action du roman se déroule. Un monde à part où tout le monde se connaît, où les rumeurs et légendes tiennent une grande place dans le quotidien des rares habitants.

En ce 15 août, Alix Ravaillé se consacre à son traditionnel pèlerinage. La jeune femme, récemment intégrée dans la police municipale de la commune dirigée par son père, Robert, vient déposer des fleurs là où sa mère aimait se recueillir. Cette dernière a trouvé la mort dans la montagne 8 ans auparavant. Un accident de VTT. Ce n’est pas la première qui meurt dans cette forêt. Mâchecombe a mauvaise réputation. Un massif maudit. Encore plus depuis que l’essentiel de la zone boisée est préservé pour un retour à l’état primaire.C’est l’essentiel de la mission de Robert, son adjoint Christophe et Alix. Mais en plus des ours, loups et autres prédateurs, un monstre se cacherait dans les bois. Dandelombe selon Noa, le petit frère d’Alix. Mi-homme mi-bête, géant et furtif, il fait peur aux locaux, mais n’empêche pas des orpailleurs de saccager la nature pour récupérer quelques grammes d’or. Au cœur de l’été, alors que des orages coupent les routes, des cadavres sont retrouvés dans un camp de fortune. Et Christophe disparaît. Alix, qui l’aime en secret, va tenter de le retrouver. Seule dans cette forêt primaire : « Il ne subsistait de la civilisation qu’une route forestière piquée de nids-de-poule et envahie d’herbe et de fougères qu’Alix emprunta pour rallier son objectif, situé au cœur de la zone protégée. » Mais elle n’est pas si seule et vient, sans s’en douter, de pénétrer sur le territoire de chasse de John, le véritable maître des lieux.

De simple polar en milieu clos, le roman prend des connotations fantastiques. Car longtemps on se demande ce qu’est véritablement ce John, qui se prétend « Dieu de l’ombre » que Noa a transformé en Dandelombe. Alix disparaît à son tour et son père mène l’enquête. Mais il se sent démuni, impuissant : « Autour de lui, les gens n’étaient pas pires ou meilleurs qu’ailleurs. La différence, c’était que, dans ces campagnes reculées, chacun en savait un peu trop sur tout le monde. C’était pratique dans certains cas, étouffant dans d’autres. » Et malgré cette promiscuité, certains secrets restent bien gardés.

Ce roman, très angoissant quand on est aux côtés d’Alix, prisonnière dans la tanière de John, être primitif aux réactions bestiales, est aussi l’occasion pour les auteurs de développer un message écologiste. Même en voulant préserver une forêt, on perturbe la nature. L’homme, du fait même de son existence, détruit son environnement. Une évidence dont on prend un peu conscience en refermant ce thriller finalement plus optimiste qu’il n’y paraît.
« Loin de la fureur du monde », Jérôme Camut et Nathalie Hug, Fleuve Noir, 496 pages, 21,90 €

dimanche 27 mars 2022

Thriller - Cauchemar sur l'île d'Oléron

Les romans de Jérôme Camut et Nathalie Hug explorent depuis de nombreuses années les côtés les plus sombres de l’âme humaine. Dans leur dernière histoire, Nos âmes au diable, le couple va encore plus loin dans l’abomination. Une histoire de petite fille enlevée, mais vue par le prisme de la souffrance de la mère.

Sur l’île d’Oléron, en juillet, Sixtine se prépare à aller faire de la voile en compagnie de son ami Jérémy. Sixtine a dix ans et avant de rejoindre le club de voile, elle décide d’aller une nouvelle fois se faire peur, seule, en tentant d’explorer ces bunkers abandonnés près des plages de l’île charentaise. Quelques heures plus tard, Jeanne, la mère de Sixtine, en pleine réunion de travail à Paris (elle est rédactrice dans une agence de publicité), reçoit un appel de son mari : « Sixtine a disparu ». Fugue, accident ou enlèvement ? Les premières heures, racontées avec détail par les auteurs, plonge le lecteur dans ce cauchemar absolu pour une maman. Sans nouvelles de sa fille, elle imagine le pire. Puis reprend espoir. Et rechute. Le lecteur, lui, sait que Sixtine est vivante car entre les chapitres où Jeanne raconte à la première personne son calvaire, des textes très courts racontent le quotidien de la petite fille, enfermée dans une pièce obscure, affamée, terrorisée. Des passages où les deux romanciers ont poussé très loin le curseur de l’horreur. Qu’y a-t-il de pire que la détresse d’une fillette persuadée qu’elle ne reverra plus jamais ses parents et qu’un ogre va lui faire du mal ?   

Un mince espoir

Une première partie très déstabilisante, oppressante, captivante aussi. Et puis tout bascule. Le short ensanglanté de Sixtine est retrouvé près de la maison un ancien délinquant sexuel. Il avoue son crime, explique avoir jeté le corps de Sixtine à la mer… Désespérée, Jeanne tente de retrouver une vie normale. Retourne au travail, constate que ses collègues ont changé d’attitude : « J’en ai vu se précipiter aux toilettes pour éviter d’avoir à me croiser, d’autres répondre à des coups de fil imaginaires, ou s’enfermer dans leur bureau. C’est dur à affronter, le chagrin des autres. Face à lui, on est démuni, on est lâche. Souvent. Presque toujours. » La vie de Jeanne part à vau-l’eau. Elle démissionne, divorce, trouve un peu de réconfort auprès d’une association de famille de victimes. 

Mais l’espoir n’est plus là. Même si le corps de Sixtine n’a jamais été retrouvé. Jusqu’à ce jour de Noël où Jeanne reçoit un dessin de sa petite fille. En quelques lignes, les auteurs remettent toute l’affaire à plat, le lecteur tente de comprendre avec Jeanne qui s’accroche à cette piste. Le thriller devient polar. Jusqu’à un nouveau rebondissement qui éprouve un peu plus les nerfs de Jeanne. Un roman dur, sans rémission, multipliant les coups de théâtre pour une fin indicible.  

« Nos âmes au diable » de Jérôme Camut et Nathalie Hug, Fleuve Noir, 19,90 €


jeudi 19 mars 2020

Roman. Et si le mal arrivait ?


 Dans « Et le mal viendra » de Jérôme Camut et Nathalie Hug qui vient de sortir en poche chez Pocket et qui est disponible en version numérique sur le site de Fleuve Noir on retrouve deux des protagonistes de leur précédent thriller, « Islanova ». Julian Stark, le flic et Morgan Scali, le terroriste. Le récit se déroule avant et après les événements racontés dans « Islanova », roman lui aussi disponible en version numérique.

Au début du roman, Scali, traumatisé par la mort de sa femme dans l’attentat du Bataclan, a tout plaqué. Il vient d’arriver dans une réserve au Congo. Il va utiliser sa science des drones pour tenter de mettre fin au braconnage. Il s’enfonce dans la forêt et se retrouve nez à nez avec un silverback, un gorille, mâle dominant à dos argenté. Les scènes dans la jungle sont comme toujours avec les Camug d’une vérité criante. On s’y croit. Comme on sent les odeurs immondes des bidonvilles qui ouvrent les yeux de Scali. En Afrique, des milliers d’enfants meurent tous les jours en raison de l’eau impure. Il faut changer cette fatalité. Il essaiera en douceur.

Puis de façon plus directive, comme pour donner un électrochoc à l’Occident opulent.

Le récit va de l’Afrique à New York en passant par l’Allemagne et bien sûr l’île d’Oléron. Les auteurs, sans justifier la dérive de Morgan Scali, ont tenté de comprendre comment on peut basculer dans des actions extrêmes. Comment, aussi, on entraîne des hommes et femmes derrière soi. Bref, comme l’expliquent Jérôme Camut et Nathalie Hug « imaginer le parcours d’un humaniste qui finira par prendre les armes pour imposer ses idées. » En cette période de confinement et de pandémie, ces deux romans qui peuvent se lire indépendamment l’un de l’autre dressent le constat d’une société de plus en plus individualiste. Espérons que l’épreuve que le pays (le monde…) traverse actuellement fera un tout petit peu avancer les choses dans ces domaines si précieux de la solidarité, de l’entraide et du partage des richesses. Sinon, effectivement, « Le mal viendra… »

« Et le mal viendra » de Jérôme Camut et Nathalie Hug, Pocket, 8,70 €, disponible en version numérique.




mardi 30 mai 2017

Livres de poche : des héros à retrouver avec plaisir



On a raconté beaucoup de choses sur Ilya Kalinine. On a dit que c’était un monstre, un assassin de la pire espèce qui tirait son plaisir de la souffrance de ses victimes. On a dit aussi qu’un seul homme ne pouvait pas avoir tué autant de gens. D’autres ont prétendu qu’il n’existait pas. Et pourtant, Ilya Kalinine a existé. Nathalie Hug et Jérôme Camut offrent un ré- cit très sombre des origines d’Ilya Kalinine, le criminel qui hante la trilogie W3.
➤ « Ilya Kalinine », Le Livre de Poche (inédit), 6,60 €


Du monde d’hier, il ne reste rien, juste les armes, nécessaires à la survie. Alice, 15 ans, vit dans une communauté indépendante. Pour toute école, elle n’a connu que celle du combat. Et elle y excelle. Lors d’une patrouille, elle surprend un mort-vivant muni d’oreilles de lapin roses sortir subitement de terre, puis disparaître. Sans l’ombre d’une hésitation, elle s’engouffre à sa suite. Et chute... Mainak Dhar réinvente Alice au pays des Merveilles.
➤ « Alice au pays des morts-vivants », Pocket, 7,40 €



Le lagon bleu était un petit paradis avant qu’on y trouve un cadavre. Un ingénieur de la base américaine qui serait tombé d’un avion. Dans l’atmosphère de la guerre froide, la police s’intéresse à de mysté- rieux vols effectués entre le Groenland et l’Islande. En parallèle, l’inspecteur Erlendur (le héros créé par Erlendur Indridason) enquête sur une jeune fille disparue sur le chemin de l’école quarante ans plus tôt, à l’époque où la modernité arrivait clandestinement en Islande.
➤ « Le lagon noir », Points, 7,90 €


dimanche 9 avril 2017

Livres de poche : histoires de pauvres et de minorités



Dans une langue épurée et puissante, Erri De Luca nous offre ici l’histoire d’une jeune femme vivant sur une île grecque qui passe ses nuits à nager avec les dauphins. Un ré- cit inclassable aux frontières du réalisme, traversé de références à la mythologie grecque mais aussi à la Bible. Ce texte est accompagné de deux autres courts récits, « Le ciel dans une étable » et « Une chose très stupide ».
➤ « Histoire d’Irène », Folio, 5,90 €


Les locaux du site d’info W3 ont été soufflés par une terrible explosion. Qui a voulu museler la voix des innocents ? S’agit-il d’un complot d’État comme tous les pensent ? Ou bien de tout autre chose, que les membres de W3 n’ont pas su voir ? Les survivants comprennent vite qu’ils ne sont pas sortis d’affaire. Après le succès des deux premiers volumes de la série Jérôme Camut et Nathalie Hug clôturent la saga W3 sans laisser le moindre répit à leurs personnages.
➤ « Le calice jusqu’à la lie », Le Livre de Poche, 9,40 €


Yonkers, dans l’État de New York. Ville paisible où il fait bon vivre. S’il n’y avait pas cette ligne invisible : d’un côté des quartiers aux pavillons coquets, aux rues propres bordées d’arbres. De l’autre, les barres d’immeubles, les graffitis, la misère. Lorsque tombe l’annonce qu’une loterie permettra à certaines familles modestes d’intégrer des maisons flambant neuves dans les beaux quartiers, ce qui paraît comme un rêve pour certains est vécu comme un cauchemar par d’autres. Roman dur et réaliste de Lisa Belkin.
➤ « Show me a hero », 10/18, 8,80 €

lundi 14 juillet 2014

Thriller : "Le sourire des pendus" édité au format poche au Livre de Poche


« W3 », la nouvelle série de Jérôme Camut et Nathalie Hug plonge les lecteurs dans un monde perverti. La mise en bouche de ce roman est percutante. En juillet 2002, des hommes cagoulés pénètrent dans une riche demeure. Ils tuent la femme et enlèvent les enfants avant de se charger du propriétaire des lieux, un célèbre avocat, Eric Moreau. Le tueur s'appelle Ilya Kalinine
Dix ans plus tard, Lara Mendès, jeune journaliste à la télévision, cherche par tous les moyens a découvrir le fin mot de ce meurtre sauvage. Parfaitement découpé, ce roman, déjà sombre dans ses premières pages, devient de plus en plus noir. 
Les auteurs, en observateurs attentifs des dérives de notre société, mettent en lumière les agissements de véritables monstres. (Le Livre de Poche, 8,90 €)

jeudi 4 juillet 2013

Thriller - Justice et vengeance dans "Le sourire des pendus" de Jérôme Camut et Nathalie Hug

« W3 », la nouvelle série de Jérôme Camut et Nathalie Hug plonge les lecteur dans un monde perverti. Mais les criminels sont toujours punis. Un jour...

L'été, à l'approche des grandes vacances, on se demande souvent quel livre va nous accompagner durant ces journées chaudes et lascives. Une histoire prenante si possible. Et copieuse, pour qu'elle dure. « Le sourire des pendus » de Jérôme Camut et Nathalie Hug semble un bon choix. Il savent raconter des histoires, leurs précédentes créations le prouvent. Avec plus de 750 pages, on est persuadé que cela va nous occuper un bon mois. Si la première affirmation est correcte, la seconde se révèle rapidement fausse. Les personnages et l'intrigue sont tellement addictifs que le pavé est avalé en quelques jours. Chaque chapitre est tellement captivant qu'on n'a qu'une seule envie : lire la suite. C'est le thriller français de l'année.
La mise en bouche de ce roman est percutante. En juillet 2002, des hommes cagoulés pénètrent dans une riche demeure. Ils tuent la femme et enlèvent les enfants avant de se charger du propriétaire des lieux, un célèbre avocat, Eric Moreau. Le tueur s'appelle Ilya Kalinine. « D'un coup sec il éventra l'avocat puis l'expédia par-dessus le garde-fou. Le corps rebondit contre la façade avant de se balancer lentement, juste devant les fenêtres de l'étage inférieur. Les viscères libérés s'échappaient de la plaie béante. » Dix ans plus tard, Lara Mendès, jeune journaliste à la télévision, cherche par tous les moyens a découvrir le fin mot de ce meurtre sauvage.

Enlevée en enfermée
Petite provinciale, ambitieuse et déterminée, Lara va se jeter dans la gueule du loup. Elle pose trop de questions et est elle aussi enlevée. Elle passe plus de la moitié du livre enfermée, seule, dans un bunker. A Paris, son producteur, Arnault de Battz, s'inquiète. De même que Valentin Mendès, le jeune frère de Lara. Alors que Lara se débat dans les ténèbres, affamée, devenant presque folle en imaginant sa lente mort, oubliée de tous, Valentin et Arnault forment un étrange attelage. Le premier, la cinquantaine bien entretenue est le prototype de l'homosexuel parisien adepte de tous les plaisirs. Raffiné, riche et généreux, il se prend d'amitié pour le jeune Valentin, rugbyman pas dégrossi, naïf mais prêt à tout pour retrouver sa sœur. Ils vont refaire une partie de l'enquête de Lara et démontrer qu'elle a été enlevée alors que son fiancé du moment, Bruno Dessay, célèbre journaliste d'investigation, croit plutôt à une fugue, une mise au vert volontaire.
Pour donner encore plus de force à ce roman déjà prenant, Jérôme Camut et Nathalie Hug lancent une enquête parallèle. Elle n'a rien à voir avec la première. Du moins dans les 300 premières pages. Sookie Castel est gendarme en Bretagne. D'origine Haïtienne, cette jolie « black » se désespère des enquêtes de routine. Par hasard, en ramenant un chien perdu à ses propriétaires, elle tombe sur une scène de crime qui pourrait booster sa carrière. « Trois pendus faisaient face à l'entrée, chacun une chaise renversée à ses pieds. Leurs visages noirâtres étaient gonflés, des vers s'accumulaient dans leurs bouche et leurs yeux, et un nuage de mouches bourdonnait tout autour. » Sookie déchante vite. On lui retire l'affaire. Mais elle s'incruste et se lance sur la piste des tueurs. Car elle ne croit pas à la thèse officielle du suicide en famille.
Parfaitement découpé, ce roman, déjà sombre dans ses premières pages, devient de plus en plus noir. Les auteurs, en observateurs attentifs des dérives de notre société, mettent en lumière les agissements de véritables monstres. « Partout, le destin d'innocents est broyé sans pitié. » est-il expliqué. W3 sera là pour leur donner la parole. Rendre justice. Et les venger.
 

« Le sourire des pendus » de Jérôme Camut et Nathalie Hug, éditions Télémaque, 21 euros

mardi 26 mai 2009

Thriller - Triple erreur dans "trois fois plus loin" de Camut et Hug

L'enfer vert mérite bien son surnom dans ce roman fantastico-scientifique signé d'un duo très efficace : Jérôme Camut et Nathalie Hug.

Il est des milieux naturels où l'homme n'est jamais le bienvenu. Il en va de sa survie. La forêt amazonienne fait encore partie de ces terres inexplorées car foncièrement inhospitalières. Pourtant ils sont quelques-uns à espérer en percer les derniers mystères. Des botanistes, des primatologues. Nina Scott, le personnage principal de « Trois fois plus loin », roman de Jérôme Camut et Nathalie Hug, a trouvé dans cette immensité verte un palliatif à son mal de vivre. Perchée au sommet d'un hévéa, elle cueille des plantes aux vertus médicinales. Une collecte pour un grand groupe pharmaceutique américain. Tout se passe bien, malgré les conditions climatiques extrêmes et le risque de croiser des braconniers, jusqu'au jour où un de ses collègues découvre des ruines au sommet d'un tepui isolé (immenses montagnes à sommet plat, aux contours très abrupts, se dressant au-dessus de la jungle). La jeune femme est persuadée d'avoir découvert les vestiges d'une civilisation perdue et beaucoup plus évoluée que les quelques tribus d'indiens de la région. Mais après une brève exploration elle découvre qu'il s'agit d'un cimetière, d'un charnier exactement. Et les restes humains ne sont pas si anciens que cela. La panique la guette, d'autant qu'elle note la présence inquiétante un groupe de singes, des saïmiris, habituellement bruyants, l'observant en silence. Il n'en faut pas plus pour faire fuir le groupe.

Capturée et mise en cage

Une fois revenue à la civilisation, elle n'aura de cesse de retrouver ces ruines. Cela lui permettrait de faire la nique à son père, richissime romancier qui la surprotège. Mais de retour sur place, c'est un cauchemar qui débute. En pleine nuit, dans le noir complet, ses compagnons sont massacrés et elle est capturée par des inconnus puis enfermée dans une cage suspendue aux branches des arbres immenses. Quand elle est descendue, elle croit sa dernière heure arrivée : « Nina sent d'abord un souffle d'air sur sa nuque, puis elle éprouve avec dégoût le contact d'un visage glacé par une sueur âcre. Quelqu'un la renifle et la jauge comme un morceau de viande exposé que l'étal du boucher. Une main moite soulève ses vêtement pour caresser la peau de son dos. Des doigts inquisiteurs aux ongles cassés effleurent le tissu trempé de sa culotte. » Cette mise en bouche montre toute la virtuosité des auteurs à faire frémir le lecteur au côté de l'héroïne. Heureusement, cette dernière en réchappera et retrouvera la civilisation.

Eden ou enfer ?

Mais quand elle racontera ses déboires à son père accouru la secourir, ce dernier sera sceptique. Randolph Scott a beaucoup d'imagination pour ses romans, mais reste cartésien dans sa vie quotidienne. Au fil des 400 pages écrites par le duo, le lecteur découvrira l'origine du charnier. Il faut remonter dans les années 50. Des chercheurs français, venus étudier les saïmiris muets, ont découvert dans cet enfer vert, ce qui pourrait bien être l'Eden. Mais même au paradis, des idées démoniaques peuvent germer dans les esprits malades. Passionnant, argumenté scientifiquement, dépaysant, ce roman peut effectivement ouvrir votre conscience au monde pour voir « Trois fois plus loin ».

« Trois fois plus loin », Jérôme Camut et Nathalie Hug, Calmann-Lévy, 17 € (Des mêmes auteurs vient de paraître au Livre de Poche « Instinct », dernière partie de la trilogie « Les voies de l'ombre », 8 €)