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mercredi 8 novembre 2023

BD - Astérix et l’iris blanc


Selon Vicévertus, intellectuel au service de César et personnage principal du 40e Astérix signé Fabcaro et Conrad, « un légionnaire heureux est un légionnaire combatif. Pour cela, rien de tel que la pensée positive et une alimentation saine ». Une entrée en matière claire : le scénariste de Montpellier va se payer les gourous qui inondent de nos jours les télés et réseaux sociaux de maximes qui, sous couvert de développement personnel, passent pour de grandes réflexions philosophiques auprès des humbles.

Vicévertus veut remobiliser les soldats romains et surtout rendre moins agressifs les Gaulois qui résistent toujours à l’envahisseur. « Il parle beaucoup pour ne rien dire », relativise Astérix. Mais force est de constater que le philosophe à la petite semaine a de l’effet sur le village gaulois qui se met au sport, à la gentillesse et à la bouffe de qualité. Au grand désespoir d’Obélix qui regrette de ne plus pouvoir boulotter ses trois sangliers quotidiens. Les gags sont nombreux, les reparties souvent drôles, les personnages pas trop caricaturaux.

Pour une première incursion dans l’univers créé par Goscinny et Uderzo, Fabcaro s’en tire avec les honneurs. Quant à Conrad, au dessin, il est toujours irréprochable.

« Astérix - L’Iris blanc » (tome 40), Editions Albert-René, 48 pages, 10,50 € 

dimanche 25 juin 2023

Cinéma - Astérix et Obélix mettent le cap vers l’Empire du Milieu

Production à grand spectacle, le dernier film d’Astérix et Obélix, réalisé par Guillaume Canet, arrive en vidéo avec une flopée de bonus.


Le film est passé entre les filets du Covid. Retardé lors de son tournage, puis décalé pour sa sortie, Astérix et Obélix : l’Empire du Milieu, après une très belle carrière en salles (4,6 millions d’entrées au total), débarque en vidéo dans une édition bourrée de bonus. Super production à la française, ce nouvel opus des aventures du petit Gaulois et de son gros (non, enveloppé) ami a donc été réalisé par Guillaume Canet. Qui, sur la demande insistante de son producteur, a endossé aussi le costume du héros. 

Obélix aussi change d’interprète et revient à Gilles Lellouche, très convaincant dans une composition très touchante d’un timide doublé d’un grand enfant. Cette aventure va propulser les deux héros en Chine, au secours de l’impératrice victime d’un complot dans lequel César (Vincent Cassel) joue un rôle primordial. Si de nombreux youtubers ont de petits rôles et manquent de relief, il faut cependant souligner les très bonnes prestations de quelques pointures de la comédie française comme Manu Payet, Jérôme Commandeur, Pierre Richard ou José Garcia. 

On rit souvent durant le film qui propose aussi de belles scènes d’actions (hommage indirect aux films de kung-fu). 

Les bonus, dans un second DVD, sont composés d’un long making of reprenant la préparation et l’arrêt du film pour cause de confinement mondial. Ensuite, c’est la météo qui a compliqué la vie du réalisateur. On découvre aussi une dizaine de scènes coupées et les interviews des interprètes principaux. Près de 2 h 30 de plongée dans l’univers toujours enchanteur du personnage de fiction français le plus connu au monde.

dimanche 5 février 2023

DVD et blu-ray – Quand le Petit Nicolas rencontre ses deux papas


Moins connu qu’Astérix, le Petit Nicolas est pourtant le personnage de fiction que René Goscinny chérissait le plus. Dessiné par Sempé, le petit garçon redevient d’actualité avec la sortie en DVD et blu-ray chez M6 Vidéo du dessin animé tiré de son univers.

Les réalisateurs, Amandine Fredon et Benjamin Massoubre, n’ont pas voulu signer une simple adaptation des nombreuses histoires publiées. Avec la complicité d’Anne Goscinny, ils ont imaginé que le petit personnage quitte la feuille de papier pour aller à la rencontre de ses deux papas. On découvre ainsi les secrets de la fabrique de livres pour la jeunesse.

Une animation fidèle au style de Sempé et qui donne à découvrir deux créateurs français talentueux. Le film, qui est nommé aux prochains Césars dans la catégorie animation, s’adresse autant aux petits qu’aux grands. Alain Chabat et Laurent Lafitte prêtent leurs voix à Goscinny et Sempé.

Si le DVD n’offre pas de bonus, le blu-ray collector ravira les fans de cet univers. Vous pourrez découvrir un livret de 20 pages ainsi qu’un long documentaire, De la planche à l’écran, avec interviews d’Anne Goscinny et des réalisateurs retraçant l’histoire du Petit Nicolas.

dimanche 25 octobre 2015

BD : Astérix, retour parfait

Les Pictes étaient corrects, le Papyrus est génial. Plus de doute, le choix de Ferri et Conrad pour prolonger les aventures de l'irréductible Gaulois est excellent. Uderzo peut être rassuré, son personnage est entre de bonnes mains et Goscinny pleinement profiter de son séjour au paradis bien mérité après nous avoir tant fait rire. En réalité, on a l'étrange impression de retrouver ce petit monde exactement là où on l'avait laissé juste avant la mort du scénariste survenue en plein test d'effort pour vérifier qu'il était en bonne santé... Au niveau du dessin, Conrad s'est parfaitement coulé dans le style d'Uderzo. Bien difficile désormais de faire la différence entre l'original et le repreneur. Mais la très bonne surprise réside dans l'histoire. Toute l'intrigue n'est qu'un prétexte pour brocarder les mauvaises habitudes contemporaines, sport dans lequel Goscinny excellait. Dans la cible des auteurs, les circuits de l'information, notamment les rumeurs propagées par les réseaux sociaux. César vient de mettre un point final à son manuscrit « La Guerre des Gaules ». Mais dans un chapitre, il reconnaît sa défaite face au village dirigé par Abraracourcix. Une tâche sur son parcours qu'un conseiller en communication, Promoplus, lui suggère d'occulter. C'est cette partie du texte censurée qu'un activiste de la vérité dérobe et tente de rendre public. Intelligent, hilarant et bourré de clins d'œil, cet album sera le livre le plus vendu cette année. Mérité car c'est peut-être aussi le meilleur de toute la production de BD en 2015.   


jeudi 10 juillet 2014

Cinéma : Les jolies vacances du Petit Nicolas


La nostalgie est omniprésente dans le second film inspiré du personnage de Goscinny et Sempé. « Les vacances du Petit Nicolas » ensoleilleront votre été.


Une douce nostalgie est distillée dans « Les vacances du Petit Nicolas », film de Laurent Tirard tiré des œuvres de Goscinny et Sempé. On peut, au gré des plans, savourer quelques clins d'œil aux cinéphiles ou simples amoureux de cette époque révolue des années 50/60. Un gamin, sur la plage, est plongé dans la lecture d'un Spirou, période demi-planche en couverture; un vacancier tente en vain de régler un transistor portatif, ancêtre des ipods de nos jours; si le père de Nicolas enfourche un vieux vélo, il semble intégrer un film de Jacques Tati, quand il dépasse sans se retourner de vigoureux sportifs.

Le film s'adresse essentiellement aux plus jeunes, mais ces mini-hommages rendent le long-métrage très agréable à toutes les générations. Le spectacle familial par excellence à ne pas manquer cet été. Quand il pleut (ou fait trop chaud) sur la plage.

Terrifiante Isabelle
Dernier jour d'école. Le Petit Nicolas (Mathéo Boisselier) est désespéré de quitter son amoureuse, Marie-Edwige, mais il doit d'abord assister à la traditionnelle dispute entre son père (Kad Mérad) et sa mère (Valérie Lemercier) sur leur destination de vacances. Et pour une fois, le papa a le dernier mot. Ce sera la mer. « Avec ma mère » précise immédiatement la perfide maman. Mémé (Dominique Lavanant) est la grande et belle nouveauté de ce second film. Une belle-mère caricaturale mais géniale. Son « Un bisou ! » reste longtemps dans les mémoires.
Une fois à l'hôtel Beau-rivage, la famille va passer ses journées à bronzer sur la plage (quand il ne pleut pas...), nager et déjeuner au restaurant de l'hôtel. Nicolas, tout en écrivant régulièrement à Marie-Edwige se fait de nouveaux copains. Des gamins aux caractères bien trempés, de celui qui veut toujours avoir raison à celui qui mange tout en n'importe quoi sans oublier le plus petit de la bande, toujours à la traîne, toujours en train de se plaindre et de pleurer. Le père de Nicolas, en retrouvant un ami d'enfance, Bernique (Bouli Lanners, toujours aussi irrésistible), impose aussi Isabelle, la fille de ce dernier, aux jeux de Nicolas. Les vacances se transforment en cauchemar tant la fillette semble terrifiante. Au passage, le réalisateur glisse de nouveaux hommages aux films d'horreur, Shining notamment.
Les vacances ne seront donc pas de tout repos pour les enfants. Les parents aussi auront leur lot de surprise. Si le père ne peut s'empêcher de remarquer quelques jolies filles sur la plage, la mère ne laisse pas les vacanciers mâles indifférents, notamment un producteur de cinéma. Au final le divertissement est plaisant et saura séduire les petits comme les grands.

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Une œuvre foisonnante

 Le Petit Nicolas, création de René Goscinny et Jean-Jacques Sempé, semble intemporel. Les relations de ce gamin avec ses parents, ses professeurs et surtout ses copains sont universelles. Écrites durant les années 60 par le créateur d'Astérix, ces nouvelles sont régulièrement rééditées. Depuis quelques années ce sont les éditions IMAV, notamment dirigées par la fille de Goscinny, la romancière Anne, qui proposent une valorisation de la série. L'intégrale est disponible en 14 volumes et les différents titres sont traduits en diverses langues (yiddish, arabe maghrébin, corse ou latin).
Le film qui sort ce mercredi est tiré en partie des 18 histoires contenues dans « Les vacances du Petit Nicolas ». Un recueil remis en vente avec un bonus, une histoire inédite. « La veillée d'adieu », écrite en 1961, n'a jamais été publiée. Le texte a été retrouvé dans les affaires de René Goscinny, sous la forme d'un tapuscrit. Sempé a repris ses pinceaux et s'est replongé avec délice dans l'univers si poétique du Petit Nicolas.
« Les vacances du Petit Nicolas », IMAV éditions, 180 pages, 10,90 euros.

lundi 9 juin 2014

BD - Gotlib, 80 ans “d’umour et bandessinées”


Créateur de Gai Luron, le chien marrant qui ne sourit jamais, de Superdupont, le héros franchouillard et de la revue Fluide Glacial, Marcel Gotlib, monument de la BD, expert en parodie fête ses 80 ans.


Alors qu’il va fêter ses 80 ans, le créateur de Gai Luron et Superdupont est à l’honneur dans une grande rétrospective au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme à Paris (jusqu’au 27 juillet). On peut y admirer 150 planches originales jamais exposées, ainsi que des archives photographiques, écrites et audiovisuelles.
Gotlib a débuté dans les années 60 dans Vaillant et Pilote et a pris sa retraite il y a une quinzaine d’années. Dans ce laps de temps, infatigable créateur à l’imagination débridée, il a publié des milliers d’histoires comiques ou grinçantes. En fait, il a tout inventé. Le moindre rire intelligent qui retentit en France depuis un demi siècle est forcément un peu inspiré de son œuvre.
Gotlib est l’exemple parfait de l’évolution des mœurs du siècle dernier. De Gai Luron à Pervers Pépère il balaie toutes les formes d’humour, du plus classique au trash absolu. Notamment dans Fluide Glacial, le mensuel qu’il lance en 1976 avec Jacques Diamant. Un mensuel “d’umour et bandessinées” comme c’est toujours inscrit en couverture, 454 numéros plus tard.
L’exposition à Paris rend hommage à cet humoriste qui n’a pas oublié ses racines juives. Dès les années 60 il s’est mis en scène dans des BD, petit Juif caché dans une ferme. Son père est mort en déportation. Cette tragédie, comme beaucoup d’enfants survivant de la Shoah, il l’a transformée en force de vie. Gotlib sait rire de tout. Nous émouvoir aussi.

Exposition « Les mondes de Gotlib », Musée d'art et d'histoire du Judaïsme, Hôtel de Saint-Aignan au 71, rue du Temple à Paris. Du lundi au vendredi et le dimanche jusqu'au 27 juillet.



Une œuvre multiple et sans tabou

Entre Nanar et Jujube, ses premiers héros de papier et Pervers Pépère, l’exhibitionniste crasseux, il y a un monde complet d’écart. Pourtant ils sont issus du même foisonnement créatif, avec quelques décennies de différence il est vrai. Œuvre de jeunesse, Nanar et Jujube constitue les années d’apprentissage de Gotlib, jeune dessinateur qui doit beaucoup travailler pour vivre de sa passion. Dans Vaillant, il arrive à imposer le chien limite dépressif de ses héros qu’il met rapidement au placard.
Années Pilote
Gai Luron va commencer sa longue carrière. Au même moment, un nouveau journal fait beaucoup parler de lui. Pilote, avec Goscinny à sa tête, révolutionne la presse BD. 
Gotlib rêve d’être de la partie. Le scénariste d’Astérix, formidable découvreur de talent, est le premier à lui faire une totale confiance. « Il a été le premier qui m’a symboliquement pris par la main et m’a dit, “Vas-y, t’en es capable !”» explique, des années après, le dessinateur des Dingodossiers. Car pour ses débuts dans Pilote, Gotlib illustre des scénarios de Goscinny. Deux génies de la BD moderne, dans un exercice qu’ils adorent tous les deux : la parodie. Débordé par le succès d’Astérix, Goscinny n’arrive plus à suivre le rythme. Qu’importe, il donne carte blanche à Gotlib pour qu’il continue seul l’aventure. Ce sera la Rubrique-à-Brac, avec Newton, sa pomme et la coccinelle. Mai 68 passe par là. La BD pour enfants, même quand elle est très intelligente comme les séries vedettes de Pilote, semble un peu étriquée. De dessinateur, certains veulent devenir créateurs. Il abandonne le doux cocon de Pilote pour lancer avec Mandryka et Bretécher L’écho des Savanes. Un trimestriel où le seul mot d’ordre est totale liberté. Une sorte de galop d’essai avant la grande œuvre de Gotlib, la création de Fluide Glacial, le plus vieux magazine de BD toujours en activité.
Paradoxalement, c’est le moment où il se met à beaucoup moins produire. Des couvertures, quelques éditoriaux (dessinés puis simplement sous forme de textes), Gotlib ne manque pas d’inspiration mais préfère écrire pour les autres. Notamment Alexis, le complice des Cinémastock de Pilote qu’il embarque comme dessinateur dans l’aventure Superdupont. Un Alexis qui meurt prématurément, devenant, pour l’éternité “directeur de conscience “de la revue.
Génération Gotlib
Gotlib est cependant très présent dans la vie du magazine. Il prend en quelque sorte la place de Goscinny dans le rôle du découvreur de talent. Fluide Glacial, depuis bientôt 40 ans, c’est un esprit et un générique exceptionnel : Manu Larcenet, Binet, Riad Sattouf, Edika, Tronchet, Goossens, Gaudelette, Blutch... On peut parler de génération Gotlib, voire d’école.
À 80 ans, il se fait plus discret. Ces dernières années on l’a vu dans quelques films ou romans photos. Mais il ne crée plus. Ce n’est pas qu’il n’ait plus d’idées, au contraire il a l’esprit toujours vif. Simplement il profite de la vie, comme une enfance à rattraper.

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Des livres pour un anniversaire

Gotlib au musée, mais Gotlib aussi dans les librairies. Si l’auteur a pris sa retraite totale et sans condition depuis de nombreuses années, ses BD et écrits restent toujours disponibles. Chez Dargaud, retrouvez l’intégrale des Dingodossiers (scénarios de Goscinny), tout Cinémastock (dessin d’Alexis) et les fameuses Rubrique-à-bracs.

Marcel Gotlib s’est également essayé à l’autobiographie. Le livre intitulé en toute modestie “J’existe, je me suis rencontré” est paru en 1993 chez Flammarion. Un livre désopilant judicieusement réédité en cette année 2014 chez Dargaud. Gotlib raconte son enfance durant l’occupation. Petit Juif fuyant les nazis, il est caché chez des paysans. C’est dramatique et émouvant, mais il ne peut pas s’empêcher de transformer le tout en un témoignage où le pathos s’efface pour laisser place à l’humour. (Dargaud, 19,99 €)

Dans les kiosques, ne manquez pas le numéro spécial de Pilote et Fluide Glacial. Le défunt magazine qui “s’amuse à réfléchir “partage l’honneur de glorifier Gotlib avec le mensuel “d’umour et bandessinées”. Le premier a vu Gotlib débuter, le second a marqué son émancipation après une première tentative dans l’Écho des Savanes. Vous y trouverez une centaine de pages de la main du maître, de ses débuts avec Nanar et Jujube aux ultimes gags de l’horrible Hamster Jovial. En fil rouge, le récit complet “La Coulpe”, sorte de vade-mecum du créateur, seul face à ses doutes et sa feuille de papier blanche... (en kiosques, 7,90 €)


Dernière nouveauté à ne pas rater : le tome 7 des aventures de Superdupont. Le héros tricolore, béret sur la tête et baguette sous le bras, va s’attaquer à l’AntiFrance, ce monstre insidieux imaginé par Gotlib il y a des années et qui refait surface depuis quelques mois avec le fameux “french bashing” dénoncé par Montebourg à la mâchoire aussi carré que le héros dessiné par Solé. Dans cet album retrouvez des histoires courtes écrites avec la complicité de Lefred-Thouron mais également quelques gags dus au génie de Jacques Lob, le créateur avec Gotlib de notre super-héros national. (Fluide Glacial, 10,80 €),

lundi 28 octobre 2013

BD - Cinq bonnes raisons d’acheter « Astérix chez les Pictes »

Les irréductibles Gaulois sont de retour. : Astérix et Obélix se rendent au pays des Pictes pour de nouvelles aventures par Jean-Yves Ferri et Didier Conrad.


Une intrigue prenante, des gags à chaque page et un dessin digne de la meilleure époque d’Uderzo : le 35e album d’Astérix, paru jeudi, est une indéniable réussite.
1 : Une bouffée de nostalgie
Les aventures d’Astérix ont bercé des générations de petits Français. L’humour de Goscinny, le trait vif et élégant d’Uderzo ont forcément meublé un jour de vacances pluvieux. La disparition de Goscinny a failli porter un coup fatal à la série. Uderzo a continué, mais le dessinateur n’a jamais réussi à retrouver le souffle épique.
Astérix chez les Pictes”, tant au niveau de l’histoire que du dessin, est dans la droite ligne des classiques que sont les aventures en Corse, en Hispanie ou chez les Goths.
2 : Jeux de mots savoureux
Jean-Yves Ferri, plutôt scénariste de l’absurde dans ses précédentes créations (Aimé Lacapelle, De Gaule à la plage) a trouvé quantité de jeux de mots dignes du Goscinny de la grande époque. Les noms des Pictes, ancêtres des Écossais, débutent tous par Mac. En rafale vous aurez droit aux simples mais efficaces Oloch, Abbeh et ces deux plus fins : Mac Atrell et Mac Robiotik. Au moment de l’affrontement final, les différentes tribus Pictes se disputent. Elles se différencient avec des couleurs ou des idéogrammes, ce qui permet à un participant de crier « Les tachetés sont des vendus! ».
3 : Un album Rock’n’roll
Quand Mac Oloch, le jeune Picte débarque dans le village d’Astérix, il parle en picte. Surtout ne pas zapper ces déclarations. Les auteurs se sont amusés à y placer des titres de standards du rock, de “Ho Happy day” à “Bad vibrations” en passant par “Stayin alive”..

4 : La politique n’est pas absente
Goscinny a toujours mis une pointe de critique politique dans ses histoires. Ferri, sans avoir le côté incisif de l’original, a mis quelques allusions plus ou moins évidentes. Le scénariste, vivant depuis des années en Ariège place une phrase prémonitoire dans la bouche du chef après l’arrivée inopinée d’un Picte : «Dorénavant, tu es ici chez toi. Car sache que pour nous, Gaulois, le droit d’asile n’est pas un vain mot!» Toute ressemblance avec une affaire récente d’expulsion serait tout à fait fortuite. D’autant que le scénario est bouclé depuis deux ans... Preuve que Ferri a lui aussi une sorte de génie visionnaire comme son prédécesseur.
5 : Pour moins de dix euros !
Culture populaire, de masse. Tiré à 2 millions d’exemplaires, 5 si l’on compte toutes les traductions (dont le catalan), cet album de BD coûte moins de 10 euros (9,90 euros exactement). A l’heure où les prix flambent et où chaque dépense est analysée par les Français, le petit prix de ce bijou est un argument de plus pour l’acquérir. Il existe enfin une dernière excellente raison pour se plonger dans ces 44 pages : c’est la meilleure façon de rire de bon cœur malgré notre époque morose. Et pour ça, le petit Gaulois irréductible et ses amis n’ont pas besoin de potion magique. 

Michel LITOUT

« Astérix chez les Pictes », éditions Albert-René, 9,90 €

jeudi 24 octobre 2013

NET ET SANS BAVURE - Par Toutatis, le nouvel Astérix est excellent !

Ce jeudi 24 octobre 2013 marque la renaissance d'un des symboles le plus fort de la France qui gagne ! Astérix ! Le vaillant Gaulois, star de l'édition mondiale, est de retour dans les librairies pour une 35e aventure, « Astérix chez les Pictes ».
Renaissance tant le personnage imaginé par Goscinny et Uderzo a sérieusement perdu de sa superbe ces dernières années. Scénarios insipides, dessins confiés à des assistants peu inspirés; les ventes dégringolent et les fans désespèrent. Par bonheur, Albert Uderzo décide de confier son petit monde à deux auteurs de talents : Ferri et Conrad. Deux noms inconnus des néophytes, mais les passionnés de BD ne cachent pas leur enthousiasme. Ferri, inventeur d'Aimé Lacapelle, scénarise aussi la série de gags « Le retour à la terre », Larcenet au dessin. Conrad débute sa carrière en 1980 dans Spirou avec les très irrévérencieux « Innommables ». Installé aujourd'hui en Californie, il travaille également pour DreamWorks.

Le plus grand secret entoure cet album. Si quelques dessins « fuitent » sur internet, ce sont tous les mêmes. Hier seulement, on a pu lire les premières critiques (excellentes dans l'ensemble) et voir quelques planches, notamment dans un reportage de la télé belge. Avec un tirage de 2 millions d'exemplaires en France (5 dans toute l'Europe), « Astérix chez les Pictes » s'annonce comme le best-seller de 2013. Pour preuve, il caracole depuis plusieurs semaines en tête des ventes -préventes exactement- sur Amazon.
Sur ce je vous laisse, un village d'irréductibles Gaulois m'attend.

D'autres chroniques sur le blog lelitoulalu

vendredi 9 mars 2012

BD - Iznogoud, 25 histoires pour les 50 ans


25 histoires d’Iznogoud signées René Goscinny et Jean Tabary pour marquer les 50 ans du personnage. Parues entre 1962 et 1978, ces histoires de 2 à 16 planches sont des bijoux d’humour et de dérision. On peut y retrouver la première planche avec Iznogoud, dans sa version originale, en noir et blanc, parue dans le journal Record, puis sa version redessinée et en couleur parue dans Pilote, 11 ans plus tard. Un album de 280 pages présentant également la genèse des personnages, des portraits des auteurs historiques, un lexique des personnages et même une compilation des meilleurs calembours et jeux de mots dont la série est truffée.
Enfin, Anne Goscinny a retrouvé dans les affaires de son père le dernier scénario d’Iznogoud. Pour lui rendre hommage, elle publie la version écrite en vis-à-vis de la planche dessinée par Jean Tabary.
Une façon de découvrir comment travaillait ce génie de l’humour dont on ne dira jamais assez combien sa disparition prématurée à 51 ans nous a privés de milliers de pages hilarantes.

« Iznogoud, 25 histoires de Goscinny et Tabary », Imav Editions, 29,90 euros.


jeudi 8 mars 2012

BD - De Jean à Nicolas : la filiation Tabary

Pour dessiner le nouvel album d'Iznogoud, Anne Goscinny n'a pas eu besoin de chercher un illustrateur coulant son trait dans celui de Jean Tabary. La succession était déjà en cours. Nicolas, le fils de Jean, après s'être approprié le personnage dans quelques gags, a signé la précédente histoire longue, « Les mille et une nuits du calife ». C'est donc un Iznogoud quasi identique graphiquement au personnage connu qui a débarqué cette semaine chez les libraires.



Nicolas, pourquoi cette reprise du dessin d'Iznogoud ?
A la base je travaillais dans la publicité. Je faisais des dessins pour des institutions. Mais je travaillais avec mon père, on était très proche. Quand j'ai dessiné des strips d'Iznogoud, il m'a donné des conseils et je les ai suivis. Je respectais tellement son travail que je voulais que cela corresponde exactement à ce qu'il attendait. Mais je n'ai pas copié mon père. J'ai dessiné la série dans son esprit, sans systématiquement me référer à ses précédents albums. Je ne me suis pas forcé à prendre son graphisme. Si je dessine comme mon père c'est que j'aime dessiner de cette façon-là parce que j'ai baigné dedans toute ma vie depuis ma plus tendre enfance.

Comment s'est passé votre collaboration avec Nicolas Canteloup et Laurent Vassilian.
Le scénario était très intéressant car plein de nouveaux personnages, Iznogoud toujours dans tous ses états, pleins de jeux de mots. J'ai respecté le scénario mais au niveau graphisme et univers, j'ai eu carte blanche. Au niveau des personnages, j'ai pris du plaisir à dessiner leurs expressions. J'aime beaucoup la tête des personnages. Des fois, rien qu'en voyant la tête d'un personnage qui réagit, de voir sa tronche, on sourit car on le voit tout déformé. C'est quelque chose qui me tient à coeur, c'est de faire vivre les expressions.

Votre prénom Nicolas vient-il de l'autre personnage de Goscinny.
Je n'en ai pas parlé directement avec mes parents, mais je pense qu'ils ont été inspiré car le petit Nicolas a été créé bien avant ma naissance. Quand mes parents se sont mariés, j'étais déjà dans le ventre de ma mère. Et c'est marrant car Goscinny et Charlier étaient témoins au mariage. En plus, mon parrain c'est Gotlib. Sans parler de mes oncles, pierre, qui signait des illustrations sous le nom de Peter Glay dans Pilote et Jacques qui dessinait les aventures d'un magicien et les modes d'emploi des gadgets dans Pif. Donc je suis vraiment tombé dans la BD comme Obélix dans la potion magique...


mercredi 7 mars 2012

BD - Iznogoud entre en campagne

Iznogoud, personnage de bande dessinée emblématique, revient sur le devant de la scène dans un album dont le scénario est signé Nicolas Canteloup et Laurent Vassilian.


Lassé de ne pouvoir devenir calife à la place du calife, Iznogoud a une idée géniale pour enfin accéder au pouvoir suprême : il va se faire élire président ! Le fil conducteur de ce nouvel album des aventures du personnage le plus ignoble et méchant de la bande dessinée est directement tiré des événements qui ont secoué les pays arabes en 2011. Mais si la démocratie tient une place prépondérante, ce n'est pas au détriment de l'humour. Et Iznogoud va vite se rendre compte que pour être élu, il faut être aimé du peuple. Hors, les premiers sondages le créditent d'un petit 0%. « Pour l'instant c'est encore faible, constate Iznogoud, mais la bonne nouvelle c'est qu'on ne peut que remonter. »

Scénaristes inspirés

Anne Goscinny, fondatrice des éditions IMAV, est à l'origine de cette reprise d'Iznogoud. Et c'est elle qui a choisi les nouveaux scénaristes. « Je revendique la paternité du casting. Je me suis demandé « Qui me fait rire ? » Or je n'ai pas le rire facile. Mais la réponse s'est imposée assez rapidement, c'est Nicolas Canteloup et ses auteurs qui me font marrer le matin sur Europe 1. Parce qu'ils ont du talent, qu'ils ne sont jamais ni grossier ni méchant. J'ai trouvé que leur humour coïncidait bien avec les codes que mon père avait mis en place » Restait à les convaincre de se lancer dans une aventure nouvelle, alors qu'ils étaient déjà surchargés de travail (chronique quotidienne à la radio et à la télévision, spectacles en tournée...). Le personnage d'Iznogoud étant si riche, si proche de leur univers, ils ont accepté « naturellement » d'en reprendre l'animation.

« Ce personnage il est très étrange, admet Anne Goscinny. Tout le monde le connait. Il a acquis une popularité incroyable sur la base d'une seule formule. Cela a un côté un peu magique. Laurent Canteloup et Laurent Vassilian connaissaient le personnage mais n'avaient pas précisément l'univers et les calembours en tête. »

Une excellente reprise

A la lecture de ces 48 pages riches et mouvementées, on peut dire que la greffe a parfaitement pris. Les gags, clins d'oeils, références détournées sont incessantes. Une seule lecture ne suffit pas à en faire le tour. Sans trop en dévoiler, sachez qu'Iznogoud, au niveau machiavélisme, est presque battu par le mage Lâkan, une sorte de magicien qui par sa seule parole, parvient à changer la mentalité des gens. Le bourreau, par exemple, ne veut plus tuer mais monter sur les planches.

Clin d'œil aussi aux nouvelles technologies. La mode à Bagdad c'est d'avoir un bouc coiffé d'un fez. Il parle, permet d'avoir des amis. C'est le fez-bouc. Et pour qu'il n'y ait pas de jaloux, Twitter aussi jouera un rôle dans l'histoire. Et au final, comme de bien entendu (on ne change pas une formule qui marche), Iznogoud ne sera pas « calife à la place du calife » et encore moins président...

« Iznogoud président » au éditions IMAV, 11 euros.


samedi 22 mars 2008

Roman - Doublement seul


Ce premier roman d'Anne Goscinny nous plonge dans la journée d'un homme menant une double vie professionnelle. Le matin et l'après-midi il est avocat, le soir, dans l'appartement en face, il consulte en tant que psychanalyste. On découvre l'intérieur de son bureau avant de faire connaissance avec quelques-uns de ses clients. Une description détaillée, méthodique, d'un lieu de vie aseptisé. Ses rapports distants avec sa secrétaire, sa volonté de laisser les gens parler, les écouter, un paradoxe dans sa profession d'avocat, un avantage quand il rejoint son fauteuil de psychanalyste.

Il est au centre du roman, mais ce n'est pas véritablement lui le héros. Anne Goscinny le dépersonnalise au maximum pour insuffler toute la vie du roman dans les personnages qui se succèdent dans son bureau. Un veuf qui tente de conserver la maison héritée de sa femme et que sa belle-fille guigne depuis 5 ans, la femme d'un peintre célèbre flouée par son homme de confiance, une maîtresse-femme désirant divorcer. Autant de tranches de vie fortes et intenses, alors que l'avocat-psy végète. Cette première oeuvre vaut surtout pour son ambiance feutrée, comme cotonneuse. Anne Goscinny pour un premier roman maîtrise parfaitement son sujet de bout en bout, semant dans son récit quelques citations chocs comme autant de directs au foie.

"Le bureau des solitudes", Anne Goscinny, Grasset, 15 € (Le Livre de Poche)