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samedi 25 mars 2017

BD : La vie avant les voyelles



Le titre de la série interpelle. Au début tout le monde lit Franck. Mais en y regardant de plus près, on s’aperçoit qu’il n’y a pas de « a ». Frnck : quel drôle de nom pour un héros. Au début de l’histoire, ce gamin d’une dizaine d’années, orphelin, a bien la voyelle dans son nom. Sur le point d’être adopté, il préfère s’enfuir et en pleine forêt, tombe dans un trou d’eau. Quand il émerge, il a changé d’époque. Il est à la préhistoire. Pour preuve il se retrouve nez à nez avec un tigre aux dents de sabre. Des sauvages le sauvent. Et c’est là qu’il constate qu’ils parlent sans la moindre voyelle. Entre fantastique et humour, cette série écrite par Olivier Bocquet et dessinée par Brice Cossu est particulièrement entraînante. Les tribulations de Frnck chez Cro Magnon font rire, même si on devine, en arrière-plan, une intrigue familiale plus complexe.
➤ « Frnck » (tome 1), Dupuis, 9,90 €

samedi 21 janvier 2017

BD : Inépuisable imagination de H. G. Wells

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Considéré par beaucoup comme l’inventeur de la science-fiction, H. G. Wells n’en finit plus d’inspirer les auteurs de BD. Et cette fois c’est une collection complète consacrée à son œuvre qui est lancée par les éditions Glénat. Un seul scénariste pour adapter ces textes, Dobbs, mais plusieurs dessinateurs pour assurer une parution soutenue. Six titres sont annoncés d’ici juin. Les deux premiers permettent de se faire une idée de la philosophie de l’ensemble. Pas de trahison de l’œuvre, au contraire, une grande fidélité est de mise. La machine à explorer le temps, dessinée par Mathieu Moreau, tient en un seul volume. Le héros et inventeur veut convaincre ses amis sceptiques. Lors d’un repas, il s’absente durant quelques minutes. Des minutes qui en réalité durent des mois pour celui qui a découvert l’avenir de notre planète. Même si l’on connaît tout des ressorts de l’aventure, on se laisse prendre par cette magie indémodable. Il en va de même pour « La guerre des mondes » dessinée par Vicente Cifuentes qui verra une seconde partie paraître en mars avec « L’homme invisible » et « L’île du docteur Moreau ».
➤ « La machine à remonter le temps » « La guerre des mondes », Glénat, 14,50 €

vendredi 19 juin 2015

DVD : Quand l'amour est beaucoup plus fort que la maladie

Le biopic de la rencontre entre Stephen et Jane Hawkins, “Une merveilleuse histoire du temps”, sacré meilleur film britannique en 2014, a permis à Eddie Redmayne de décrocher l'Oscar du meilleur acteur.



Comment faire pleurer avec des histoires de trous noirs, de cosmos et d’équation temporelle ? Facile, il suffit que ces concepts ardus soient vulgarisés par un génie scientifique de la trempe de Stephen Hawkins. Et que l’on se désintéresse de la matérialité pour se concentrer sur les sentiments.
James Marsh, en se lançant dans la réalisation du film « Une merveilleuse histoire du temps », prenait un gros risque. Comment raconter la maladie sans tomber dans le pathos ? De plus, Stephen Hawkins étant toujours en vie, comment allait-il recevoir ce pan de sa vie moins connu et beaucoup plus intime. Enfin il fallait trouver la perle rare capable d’endosser le costume du savant, jeune et valide, puis vieux et impotent ?

Extraordinaire Eddie Redmayne
L’arrivée du jeune acteur britannique Eddie Redmayne dans le projet a certainement levé toutes les interrogations. Totalement impliqué dans le rôle, il est lumineux et a logiquement remporté l’Oscar en 2015 pour une performance qui restera dans les annales du cinéma.
Quand Stephen Hawkins intègre l’université de Cambridge en 1963, il ne sait pas encore sur quoi portera son doctorat. Excessivement brillant, il n’a que l’embarras du choix. Selon ses camarades d’études, il réalise l’exploit d’être le moins assidu aux cours, de ne travailler qu’une heure par jour et d’avoir les meilleurs résultats d’entre tous. Il parvient même à séduire une ravissante étudiante en lettres, Jane (Felicity Jones), charmée par de gringalet à lunettes aux yeux malicieux, toujours souriant.
Mais les belles histoires ce n’est que dans les rêves. Dans la vraie vie, Stephen découvre qu’il est atteint d’une maladie neuro-dégénérative qui le condamne à brève échéance. Deux ans selon les médecins. Et surtout, avant de succomber, il va perdre l’usage de ses membres et de la parole.
Il s’enfonce dans la dépression, se détournant de tous ses amis et de la belle Jane. Il ne veut pas leur faire du mal. Mais l’amour de la jeune femme sera plus fort. Elle l’épouse, et se dévoue corps et âme pour lui.
Cette relation puissante est au centre du film et en fait tout son attrait. Il y a quelques passages sur les recherches et découvertes de Hawkins, mais c’est surtout leur relation fusionnelle qui est mise en valeur. D’autant que la maladie, elle, est implacable. Même si Hawkins veut croire que ce n’est que temporaire (quand il se laisse tomber pour la première fois dans un fauteuil roulant) son état se dégrade. Mais il ne meurt pas, garde toute sa tête et a de plus en plus d’idées. Il devient même mondialement célèbre en écrivant son best-seller « Une brève histoire du temps ». La transformation de Redmayne en pantin désarticulé est criante de vérité. Jamais on ne pense que c’est un acteur valide qui l’interprète. Alors oui, ces histoires de trous noirs et de temps qui passe deviennent poignantes. Difficile de retenir ses larmes.
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Une leçon de cinéma


Dans le blu-ray, de nombreux bonus sont disponibles dont un making of classique, une dizaine de scènes coupées et le commentaire audio du réalisateur. On ne peut que conseiller aux cinéphiles de profiter de ces explications très instructives sur son approche du projet. Elles sont également une remarquable leçon de cinéma. Pourquoi une scène est trop longue ? Pourquoi elle ne s’intègre pas dans l’esprit du film ? Bien mieux que des cours, des exemples concrets.


« Une merveilleuse histoire du temps », Universal, 19,99 euros

samedi 21 février 2009

Science-fiction - Brèche dans le temps

La problématique du voyage dans le passé et une féroce caricature de la téléréalité sont au centre de ce roman signé Christophe Lambert.


En 2060, le voyage dans le temps est devenu une mine pour la télévision qui fait revivre à ses téléspectateurs les moments clés de notre Histoire dans l'émission "Vous y étiez". Mais le public se lassant rapidement, il va falloir trouver un événement fondateur, intense, pour garder les sacro-saintes parts de marché. Un jeune créatif a l'idée qui fait mouche : le débarquement de juin 44 en Normandie. Reste à trouver les volontaires pour aller filmer cette bataille aux airs de boucherie. La production sélectionne deux hommes aux caractères opposés. Gary Hendershot est reporter de guerre. Mitch Kotlowitz est un historien. Gary est un habitué aux missions casse-cou. Encore plus depuis ce funeste jour où sa jeune femme s'est tuée en voiture. Mitch, divorcé et père d'un garçon de dix ans, est un pur intellectuel. Il s'est spécialisé dans les reconstitutions historiques mais cela reste du domaine du jeu.

UN FUTUR FLUCTUANT

Le principe du roman posé, Christophe Lambert a tout loisir de mieux décrire la psychologie des deux héros en puissance et surtout de mieux expliquer les règles du voyage dans le temps. Première directive : ne jamais interférer dans l'action au risque de modifier le futur. Ne pas révéler aux "Pastiens" (les habitants du passé) d'où on vient et ne jamais laisser dans le passé un élément de la technologie du futur.

Les premières heures du programme se passent sans encombre. Les deux envoyés spéciaux filment et décrivent l'embarquement des milliers de soldats, leurs angoisses et espoirs. Le lecteur se doute que quelque chose va coincer dans les rouages du temps quand Mitch, une fois sur la plage, voit un général se faire abattre sous ses yeux. L'historien sait parfaitement que normalement cet homme n'est pas mort le jour du débarquement. Au contraire, c'est le fameux général Cota, héros du débarquement, meneur d'hommes d'exception. S'il n'est plus là, le débarquement risque carrément d'échouer, donnant la possibilité aux armées nazis de se remobiliser, voire de gagner la guerre.

Les deux envoyés spéciaux n'ont plus le choix, ils doivent absolument infléchir le cours de l'histoire, suppléer l'absence de Cota, se transformer en leaders. L'échec serait synonyme pour eux de disparition pure et simple...

Sans avoir le brio de certains romans de Philip K. Dick, grand maître de l'uchronie (reconstitution fictive de l'histoire, relatant des faits tels qu'ils auraient pu se produire), ce récit brillamment mené par Christophe Lambert ne se perd pas en considérations scientifiques, l'auteur préférant décrire minutieusement le quotidien de ces soldats morts pour la liberté.

Certaines scènes du débarquement, déluge de feu et de mort, permettent d'avoir une idée très précise de l'enfer vécu par ces soldats. Quant au paradoxe temporel, il vous réserve encore bien des surprises.

"La brèche" de Christophe Lambert. Fleuve Noir.15 euros (également en poche chez Pocket, 6,80 €)