Affichage des articles dont le libellé est science-fiction. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est science-fiction. Afficher tous les articles

mercredi 25 décembre 2024

Un beau livre – Planètes dans les mondes de la science-fiction



Ouvrir un livre, encore plus un beau livre richement illustré, c’est l’assurance de voyager. Dans le cas précis de Planètes de Renaud Jesionek, c’est un périple de plusieurs milliards de kilomètres qui est proposé avec l’exploration des planètes dans les mondes de la science-fiction. 

Des chapitres courts, des éclairages scientifiques ou romanesques, une iconographie recherchée : ce livre est renversant. De la Terre à la Lune en passant par le système solaire, les planètes désertes ou recouvertes de zones urbaines, c’est tout l’espace qui est à votre portée.
« Planètes, Voyage dans les mondes de la science-fiction », Renaud Jesionek, Hoëbeke, 168 pages, 30 €

lundi 23 septembre 2024

Science-fiction - Le périple intersidéral de « La porteuse de mort »

Sur la planète Factis, mourir est plus simple que survivre. Dix Low, médecin, tente de sauver des vies. Travail de titan pour un roman de SF brûlant et violent.

Un peu tombé en désuétude, le space opéra est pourtant un genre qui permet aux auteurs les plus imaginatifs de façonner des mondes nouveaux et étonnants. L’action de La porteuse de mort, roman signé par l’Anglaise Stark Holborn, est principalement concentrée sur la planète nommée Factis. 

Loin d’être un paradis. Désert, vents violents, climat aride et caniculaire, rien n’y pousse et les seules bestioles qui survivent, ce sont des serpents agressifs et venimeux. Dix Low, seule au volant de son mulet (sorte de véhicule tout-terrain), ce médecin tente, souvent en vain, de sauver des vies. Dans ses cauchemars, elle tient un compte. Qui n’est jamais à l’équilibre. Combien d’hommes et de femmes devra-t-elle encore sauver pour effacer sa dette ? 

Quand un astronef se crashe, elle a l’occasion de reprendre son travail. Une enfant sort des décombres, « des cheveux noirs encadrent un petit visage rendu gris par l’hémorragie, masqué par une couche de sang séché et de sable. » Une fillette mais qui n’est pas ce qu’elle parait. Gaby est une générale, membre de la force mineure, composée d’enfants-guerriers. 

Une orpheline transformée en bête de guerre dès son plus jeune âge. Comment ces deux femmes, dans ce milieu hostile vont-elles trouver un accord pour survivre ? D’autant qu’elles étaient dans deux camps opposés il y a peu de temps. 

La richesse du roman, en plus des rebondissements psychologiques des deux personnages principaux, réside dans la description de ce monde invivable. Les femmes y sont fortes, les esprits malins, les membres de la secte des Chercheurs, sans pitié. Et tous les autres attendent, résignés, leur fin rapide et inéluctable.  

« La porteuse de mort » de Stark Holborn, Albin Michel, 316 pages, 20,90 €

vendredi 12 juillet 2024

Roman de science-fiction - Vénus, porte des étoiles

 Seconde partie de la grande saga vénusienne signée Derek Künsken. Les « coureurs », découvreurs de la porte des étoiles, veulent une société plus juste. 

Rien de tel qu’un roman de science-fiction pour s’évader d’un quotidien trop terre à terre. Sur près de 600 pages, vous allez abandonner l’horizon terrien de moins en moins enthousiasmant pour explorer Les profondeurs de Vénus. Derek Künsken, écrivain canadien, signe La maison des Saints, suite de sa saga se déroulant dans l’atmosphère hostile de Vénus.

Dans deux siècles, quelques inconscients ont décidé de coloniser la « planète déesse ». Impossible de vivre en surface. C’est dans l’atmosphère, chargée d’acide et de tempêtes violentes que quelques « coureurs » vivent dans des habitats précaires constitués de gros champignons domestiqués qui flottent et produisent un peu d’oxygène. Les « coureurs » récupèrent un peu de métal dans les cendres qui flottent depuis des millénaires.

Juste de quoi faire un peu de troc avec les flottilles, plus modernes, où l’État tente de gérer la planète tout en étant sous la coupe d’une puissante banque terrienne.

Une société injuste, qui pousse la famille d’Aquillon, « coureurs », descendants d’immigrés québécois, à tenter de changer la société, la rendre plus juste.

Pascale, une des filles du patriarche, a trouvé le moyen de toucher la surface. Et a découvert dans une grotte un trou de ver permettant de communiquer avec l’espace infini. Avec son amant Gabriel-Antoine, ils débouchent sur « un système solaire mort ». « L’esprit humain a du mal à imaginer une planète entière. Ne parlons même pas de comprendre vraiment la taille d’une étoile. Et une étoile a explosé ici, ce qui a réduit en poussière et petits cailloux la moindre planète, la moindre lune. » Un véritable trésor pour les « coureurs », experts en récupération, géniaux ferrailleurs de l’espace.

L’intrigue se déroule sur plusieurs niveaux. En surface avec l’exploration du trou de ver. Dans les nuages avec le patriarche qui tente de protéger ses enfants, tout en haut, avec les manigances de la banque, prête à tout pour préserver son pouvoir. Même à tuer.

Des morts qui vont déchaîner la colère de la famille d’Aquillon. Un space opéra réaliste, crédible, quasi scientifique, avec l’éternelle lutte du petit contre le gros, des opprimés contre la dictature. Après la lecture de ce roman, vous ne regarderez jamais plus les étoiles de la même façon.


« La maison des Saints » de Derek Künsken, Albin Michel, 592 pages, 25,90 €

mercredi 3 juillet 2024

Science-fiction - Sportifs du futur et « Olympiades truquées »

Tous dopés ! Et en plus ce sont des clones qui participent aux Jeux Olympiques de ce futur proche imaginé par Joëlle Wintrebert.

Paru dans une première version en 1980, puis remanié en grande partie en 1988, Les Olympiades truquées, roman d’anticipation de Joëlle Wintrebert, ressort dans la jolie collection « Les Poches du Diable » des éditions gardoises Au Diable Vauvert.

Devenue depuis une des autrices majeures du genre en France, Joëlle Wintrebert aborde de nombreux sujets devenus depuis centraux dans l’actualité quotidienne, de la problématique du genre en passant par la surveillance à outrance des adolescents. Il y est aussi question de dérèglement climatique puisqu’une partie de l’intrigue se déroule à Narbonne Plage, station balnéaire devenue fantôme depuis que la Méditerranée s’est transformée une mer empoisonnée.

Le père de Sphyrène, nageuse qui va participer aux prochains Jeux Olympiques, est un ancien viticulteur de la Clape. Il s’est reconverti dans le sauvetage de la mer et la culture de posidonies. « Lorsque la mer était calme, on pouvait voir dans sa transparence retrouvée les mulets, rascasses, blades et jusqu’aux minuscules cabassons réensemencés à partir des fermes marines frétiller autour des grandes feuilles de posidonies. »

La partie purement sportive du roman raconte comment des entraîneurs, aidés d’apprentis chimistes, mettent au point des produits pour décupler les forces des athlètes. Et terminé la sélection naturelle. Les meilleurs sont tous des clones de clones. Qui signent de juteux contrats pour dupliquer leurs gènes. « Footballeurs massifs et basketteurs à la carte, deux mètres vingt garantis. »

Mais comment trouver sa place dans la société quand on sait que l’on n’est pas véritablement humain ? C’est aussi ce qui pousse Maël, fille d’un psychologue, à fuguer. Elle a été clonée à partir des gènes de sa mère. Et le père espère ainsi faire passer, dans quelques années, Maël de fille à nouvelle épouse. Joëlle Wintrebert démontre brillament les dérives d’une société où l’homme semble perdre les dernières miettes de son Humanité.

« Les Olympiades truquées » de Joëlle Wintrebert, Au Diable Vauvert, 352 pages, 9,50 €

mardi 1 octobre 2013

SF - Mondes wuliens à redécouvrir


Stefan Wul, après quelques années d'oubli, revient sur le devant de la scène. Une intégrale des œuvres de cet écrivain de SF français vient de sortir chez Bragelonne.

Il n'a pas beaucoup « produit ». Et sur un temps très court. Il a pourtant influencé plusieurs générations d'auteurs, de Laurent Genefort à Jean-Claude Mézières, parmi les plus connus. Stefan Wul est un maître de la SF française. Cette reconnaissance à rebours n'est que méritée.
Au commencement, il y a un jeune dentiste qui s'amuse à écrire des romans populaires durant ses loisirs. Nous sommes dans les années 50, l'espionnage est un genre en plein essor. Pierre Pairault aimait raconter cette anecdote et Laurent Genefort, dans une postface très instructive, la reprend. La femme de Pierre lit un roman de SF et s'exclame « Nom d'un chien, ce que c'est mauvais ! Tu devrais essayer, tu ferais bien mieux ! » Pairault la prend au mot : « Je vais t'écrire un roman de SF, et celui-là sera bon ! ». Quelques jours plus tard, sous le pseudonyme de Stefan Wul, le texte « Retour à O » est finalisé. Proposé au Fleuve Noir, il est accepté dans la collection Anticipation en plein développement. Ce premier essai n'est que l'adaptation d'un précédent roman d'espionnage. Pour le second, Stefan Wul se prend au jeu et se lâche au niveau imagination. Ce sera « Niourk », premier titre de cette intégrale et chef d'œuvre devenu classique.

Adaptation en BD chez Ankama
Dans un monde post-apocaliptique, les humains ont régressé. Ils vivent en tribu comme à la préhistoire. Le héros est un enfant noir, rejeté par son clan en raison de sa couleur. Il va partir à l'aventure, sillonnant les villes abandonnées et les vestiges de la civilisation. Une écriture fluide, des sentiments forts et des décors frappants : toute l'efficacité de Wul est déjà présente dans Niourk. On peut lire le roman ou en découvrir l'adaptation BD faite par Olivier Vatine pour les éditions Ankama.
Le premier tome de l'intégrale reprend deux autres romans de Wul, « La peur géante », archétype du space opéra, genre dans lequel l'auteur français excellait, et « La mort vivante », plus marqué par le fantastique. Dans un château abandonné au cœur d'une chaîne de montagne un vieux savant mène des expériences de clonage le rapprochant de Dieu. Un texte pessimiste en diable, où l'angoisse est omniprésente. Et puis en fin de volume, ne manquez pas les pépites que sont les nouvelles signées Wul. Il n'a pas beaucoup signé de textes courts, il avait besoin de temps, d'espace et de lignes pour développer ses mondes, mais on retrouve dans cette dizaine de nouvelles toute sa faconde. Il y a un petit air Fredric Brown dans certaines idées, comme « Echec au plan 3 » ou « Expertise ». « Jeux de vestales » est plus axée sur les paradoxes temporaux.
La collection « Trésors de la SF », lancée avec Julia Verlanger (alias Gilles Thomas) ne pouvait qu'accueillir en son sein Stefan Wul. La dizaine de romans promet encore au moins deux autres gros volumes, dont le cultissime « Noô », roman fleuve publié en 1977, sorte de testament de Stefan Wul. Pierre Pairault a repris le dessus, le dentiste s'est remis au travail à plein temps. Et une fois à la retraite, il s'est contenté de cultiver son jardin. Comme s'il avait entièrement tarit sa source d'imagination. Mais il a créé suffisamment de mondes pour permettre à plusieurs générations de lecteurs de s'évader loin, très loin....
Michel LITOUT

« L'intégrale Stefan Wul » (tome 1), Bragelonne, 22 €

mercredi 4 janvier 2012

Science-fiction - Virus en mutation dans "Rifteurs" de Peter Watts

Une explosion atomique dans les profondeurs de l'Océan Pacifique a ravagé la côte Ouest des USA. Dans ce chaos, l'Humanité tente de survivre.

Après le huis-clos au plus profond des abysses (« Starfish » paru en 2010 au Fleuve Noir), Peter Watts prolonge sa saga de science-fiction au grand air. Son héroïne, Lenie Clarke a survécu. Après l'explosion et le tsunami qui en a résulté, elle s'est tapi au fond de l'océan. Technicienne chargée d'entretenir ces nouvelles centrales électriques utilisant l'énergie géothermique, elle a a été « améliorée » pour résister aux grandes pressions et respirer sous l'eau. C'est à pied qu'elle rejoint la cote américaine. Et ce qu'elle découvre ne ressemble plus au monde qu'elle a connu avant. « Le fond était entièrement recouvert de cadavres. Qui semblaient eux aussi couvrir plusieurs générations. Certains se réduisaient à  des agglomérats symétriques d'algues. » Des millions de morts, des pans entiers du pays disparu : l'Amérique peine à se redresser.

Camps de réfugiés

Mais dans ce futur proche, des repères restent. Les rares parties côtières épargnées sont toujours longées par un mur infranchissable. Un mur édifié pour empêcher aux réfugiés venus de toutes parts de pénétrer dans cet Eldorado rêvé. Lenie Clarke, en sortant de l'eau, telle une divinité antique, devient un sujet de conversation, puis d'admiration pour les milliers de réfugiés survivant au bord de l'eau. Parqués, mais pas abandonnés. Des machines les nourrissent au quotidien. Un magma de protéines, coupé avec de puissants médicaments pour abolir toute velléité de rébellion. Un homme, tout en se méfiant de Clarke, va lancer un vaste mouvement de grève de la faim. Cela permet aux réfugiés de libérer leur conscience, de retrouver cette volonté d'avancer, de conquérir le pays.

Le Maelström prend le pouvoir

Ce monde apocalyptique, où le clivage entre nantis et moins-que-rien est de plus en plus grand, est surveillé par des drones-robots pilotés par des techniciens bien au chaud dans leurs maisons high-tech. Le roman nous fait découvrir les interrogations d'une de ces surveillantes toute puissante : Sou-Hon. Elle tente de contacter Lenie Clarke alors qu'au même moment des incendies ravagent des régions entières et que le Maelström, l'immense réseau informatique ayant succédé à internet, voit se développer des intelligences artificielles de plus en plus autonomes.

Peter Watts, écrivain canadien, est biologiste marin de formation. Avec ce roman, il quitte son domaine de prédilection pour la terre ferme. Mais ses spéculations sur des thèmes d'actualité (gestion des réfugiés, maîtrise de l'information, nouveaux dangers bactériologiques) cachent un thème plus universel : l'exploration de la psychologie humaine. Il nous avait épaté dans « Starfish », tous les personnages étant des « déviants » (serial-killers, violeurs...). Cette fois, ils sont plus dans la norme, mais tous potentiellement sujets à de graves psychoses. Le constat n'est pas très optimiste. Mais en prendre conscience permettra peut-être d'éviter quelques catastrophes planétaires.

« Rifteurs », Peter Watts, Fleuve Noir, 24 € 

samedi 21 février 2009

Science-fiction - Brèche dans le temps

La problématique du voyage dans le passé et une féroce caricature de la téléréalité sont au centre de ce roman signé Christophe Lambert.


En 2060, le voyage dans le temps est devenu une mine pour la télévision qui fait revivre à ses téléspectateurs les moments clés de notre Histoire dans l'émission "Vous y étiez". Mais le public se lassant rapidement, il va falloir trouver un événement fondateur, intense, pour garder les sacro-saintes parts de marché. Un jeune créatif a l'idée qui fait mouche : le débarquement de juin 44 en Normandie. Reste à trouver les volontaires pour aller filmer cette bataille aux airs de boucherie. La production sélectionne deux hommes aux caractères opposés. Gary Hendershot est reporter de guerre. Mitch Kotlowitz est un historien. Gary est un habitué aux missions casse-cou. Encore plus depuis ce funeste jour où sa jeune femme s'est tuée en voiture. Mitch, divorcé et père d'un garçon de dix ans, est un pur intellectuel. Il s'est spécialisé dans les reconstitutions historiques mais cela reste du domaine du jeu.

UN FUTUR FLUCTUANT

Le principe du roman posé, Christophe Lambert a tout loisir de mieux décrire la psychologie des deux héros en puissance et surtout de mieux expliquer les règles du voyage dans le temps. Première directive : ne jamais interférer dans l'action au risque de modifier le futur. Ne pas révéler aux "Pastiens" (les habitants du passé) d'où on vient et ne jamais laisser dans le passé un élément de la technologie du futur.

Les premières heures du programme se passent sans encombre. Les deux envoyés spéciaux filment et décrivent l'embarquement des milliers de soldats, leurs angoisses et espoirs. Le lecteur se doute que quelque chose va coincer dans les rouages du temps quand Mitch, une fois sur la plage, voit un général se faire abattre sous ses yeux. L'historien sait parfaitement que normalement cet homme n'est pas mort le jour du débarquement. Au contraire, c'est le fameux général Cota, héros du débarquement, meneur d'hommes d'exception. S'il n'est plus là, le débarquement risque carrément d'échouer, donnant la possibilité aux armées nazis de se remobiliser, voire de gagner la guerre.

Les deux envoyés spéciaux n'ont plus le choix, ils doivent absolument infléchir le cours de l'histoire, suppléer l'absence de Cota, se transformer en leaders. L'échec serait synonyme pour eux de disparition pure et simple...

Sans avoir le brio de certains romans de Philip K. Dick, grand maître de l'uchronie (reconstitution fictive de l'histoire, relatant des faits tels qu'ils auraient pu se produire), ce récit brillamment mené par Christophe Lambert ne se perd pas en considérations scientifiques, l'auteur préférant décrire minutieusement le quotidien de ces soldats morts pour la liberté.

Certaines scènes du débarquement, déluge de feu et de mort, permettent d'avoir une idée très précise de l'enfer vécu par ces soldats. Quant au paradoxe temporel, il vous réserve encore bien des surprises.

"La brèche" de Christophe Lambert. Fleuve Noir.15 euros (également en poche chez Pocket, 6,80 €)