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vendredi 9 août 2024

Nouvelles - La femme et la meute


Louise Mey, révélation des Vendanges Littéraires de Rivesaltes l’an dernier, aime raconter la noirceur de la vie quotidienne. Dans cette nouvelle, elle imagine Geneviève, une femme handicapée. Sourde et aveugle. Le monde, elle le vit au bout de ses mains.

Pour communiquer. Les odeurs aussi lui permettent de se repérer, d’apprécier cette vie que tout être normalement constitué considérerait invivable. Seule dans sa maison, elle n’a pour compagnon qu’un chien. Quand il meurt, elle ne veut pas le remplacer. Quand une meute de chiens (ou de loups ?) passe dans les parages, elle sent cette femme aux vibrations différentes. Et décide de s’installer dans le vaste parc, de cohabiter avec celle qui sent leur présence.

Ce texte, court, incisif, lumineux, est une ode à la nature. On a envie de se joindre à Geneviève pour se baigner dans un étang, se rouler dans l’herbe, se pelotonner contre un chien chaud et rassurant. Mais dans le monde de Louise Mey, il y a des hommes, autoritaires, violents. La nouvelle prend un virage radical. Comme si toute la haine de notre monde devenu fou se déchaînait contre Geneviève.

« La femme aux mains qui parlent », Louise Mey, Au Diable Vauvert 80 pages, 12 €

mardi 6 août 2024

Une épopée chantée - Canso


Félix Jousserand a travaillé des années à la traduction de Canso, poème occitan racontant l’invasion du Pays d’Oc par les croisés francs. Une épopée chantée dans ce petit livre disque qui retrace, selon l’auteur, « la première aventure coloniale de la couronne de France ».

Un texte longtemps oublié, qui raconte crûment ces massacres orchestrés par le sinistre Simon de Montfort : « Des centaines d’hérétiques sont traînés au bûcher, mis au feu comme des chiens, corps tordus par les flammes aux membres calcinés puis réduits en poussière, enfin on jette les restes dans les fosses à purin pour qu’il n’en reste rien, on les fait disparaître. »

« Canso », Au Diable Vauvert, 144 pages, 25 €

mercredi 3 juillet 2024

Science-fiction - Sportifs du futur et « Olympiades truquées »

Tous dopés ! Et en plus ce sont des clones qui participent aux Jeux Olympiques de ce futur proche imaginé par Joëlle Wintrebert.

Paru dans une première version en 1980, puis remanié en grande partie en 1988, Les Olympiades truquées, roman d’anticipation de Joëlle Wintrebert, ressort dans la jolie collection « Les Poches du Diable » des éditions gardoises Au Diable Vauvert.

Devenue depuis une des autrices majeures du genre en France, Joëlle Wintrebert aborde de nombreux sujets devenus depuis centraux dans l’actualité quotidienne, de la problématique du genre en passant par la surveillance à outrance des adolescents. Il y est aussi question de dérèglement climatique puisqu’une partie de l’intrigue se déroule à Narbonne Plage, station balnéaire devenue fantôme depuis que la Méditerranée s’est transformée une mer empoisonnée.

Le père de Sphyrène, nageuse qui va participer aux prochains Jeux Olympiques, est un ancien viticulteur de la Clape. Il s’est reconverti dans le sauvetage de la mer et la culture de posidonies. « Lorsque la mer était calme, on pouvait voir dans sa transparence retrouvée les mulets, rascasses, blades et jusqu’aux minuscules cabassons réensemencés à partir des fermes marines frétiller autour des grandes feuilles de posidonies. »

La partie purement sportive du roman raconte comment des entraîneurs, aidés d’apprentis chimistes, mettent au point des produits pour décupler les forces des athlètes. Et terminé la sélection naturelle. Les meilleurs sont tous des clones de clones. Qui signent de juteux contrats pour dupliquer leurs gènes. « Footballeurs massifs et basketteurs à la carte, deux mètres vingt garantis. »

Mais comment trouver sa place dans la société quand on sait que l’on n’est pas véritablement humain ? C’est aussi ce qui pousse Maël, fille d’un psychologue, à fuguer. Elle a été clonée à partir des gènes de sa mère. Et le père espère ainsi faire passer, dans quelques années, Maël de fille à nouvelle épouse. Joëlle Wintrebert démontre brillament les dérives d’une société où l’homme semble perdre les dernières miettes de son Humanité.

« Les Olympiades truquées » de Joëlle Wintrebert, Au Diable Vauvert, 352 pages, 9,50 €