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mercredi 30 avril 2025

BD - Coup de foudre improbable dans le nouveau monde d'Ales Kot et Tradd Moore

La science-fiction n'empêche pas les sentiments. Dans un futur apocalyptique, Ales Kot et Tradd Moore racontent un coup de foudre aussi bizarre qu'improbable. Mais avant de faire connaissance avec les nouveaux Roméo et Juliette de la Nouvelle Californie, petit rappel de la situation. En 2037, plusieurs bombes atomiques ont pulvérisé simultanément les grandes agglomérations américaines. Le pays est en ruines. 

Une guerre civile se déclenche, les USA se partagent en plusieurs zones plus ou moins indépendantes et sûres. La Nouvelle Californie s'en tire le mieux. Grâce à un mur qui assure sa sécurité au Sud. Mais c'est au prix d'une politique implacable. Toute infraction est punie par les Gardiens, des flics surarmés qui officient en direct à la télévision. La nouvelle téléréalité qui se transforme en tribunal populaire, le coupable, une fois capturé, est au centre d'un dernier sondage où les téléspectateurs se transforment en juges. Deux choix : épargner ou supprimer. La mort en direct. 

Parmi les Gardiens, Stella Marris est la plus célèbre. Une jeune femme, petite fille du président, qui a la particularité de toujours épargner ses prisonniers, même si le public réclame la mort. Un état policier combattu par quelques idéalistes dont Kirby, fils d'un vétéran, hacker de génie. La flic et l'anarchiste. La rencontre est torride. Et comme Kirby est désigné ennemi public numéro 1, Stella doit choisir entre l'ordre et l'amour. 

Une incroyable cavale, dans ce pays qui a tout l'air d'être sorti de l'esprit tordu de Trump, alimente ce comics au dessin très original, tout en courbes et plein de couleurs, de Tradd Moore. Le côté fleur bleue est peut-être un peu trop présent, mais les amateurs de combats, duels et grosses bastons ainsi que les purs et durs en matière de science-fiction qui pousse à la réflexion en auront quand même pour leur argent.    

"The new world", Hi Graphics, 176 pages, 24,95 €

vendredi 18 avril 2025

BD - "Somna", récits de cauchemars sortis de l'enfer


Durant de longs siècles, le sort des femmes dans les sociétés dites "civilisées" était tout sauf enviable. En plus de donner du plaisir aux hommes, elles étaient les porteuses de leur descendance. Sans oublier les contraintes de la vie quotidienne. Mais à une époque, cela ne suffisait pas. Le clergé a donc inventé des faits de sorcellerie, bonne occasion de se débarrasser sans trop de difficulté des rares individualités qui ne se contentaient pas de cette vie de misère. Un procès vite expédié et direct au bûcher !

"Somna", long récit graphique de Becky Clooman et Tula Lotay est l'histoire d'une de ces épouses qui ont eu le tort d'espérer. Dans un village anglais du XVIIe siècle, Ingrid est mariée au bailli, juge et bourreau faisant office de chef des inquisiteurs. 


Ce matin-là, elle refuse de l'accompagner à son travail. Pas étonnant, il a pour mission de tuer en place publique Greta, la femme du charpentier. Ingrid ne pourra cependant pas rater le cadavre de la malheureuse laissé une semaine au centre du village. Une image qui vient s'immiscer dans les cauchemars de la jeune femme. Des rêves où un homme sombre fait aussi de régulières apparitions. Il l'incite à se rebeller. L'entraîne vers le plaisir, la jouissance. Solitaire. Rêves érotiques qu'elle attribue à Satan. De là se prendre pour une sorcière elle aussi... Ce que ses voisins vont rapidement croire. 

Une belle histoire sur le véritable esclavage subi par les femmes. Un récit d'horreur, dessiné dans deux styles différents. Très réaliste pour les rêves, plus comics pour la réalité. L'oeuvre de deux femmes qui ont clairement choisi leur camp. Seul bémol, c'est un peu long et bavard. En d'autres temps (les années 80 par exemple, riches en BD de sorcellerie), un auteur pressé aurait condensé l'ensemble de l'histoire en dix pages.     

"Somna", Delcourt, 180 pages, 23,50 €

samedi 22 mars 2025

BD - Reportage de l'horreur sur la planète Terminus


Parmi les BD de science-fiction, il y a les gentilles, les intelligentes et les noires, généralement très pessimistes et particulièrement violentes. Si c'est cette dernière catégorie qui vous attire, vous devriez apprécier ce one-shot, écrit par Matt Kindt et dessiné par Dan McDaid, au titre énigmatique : "Si vous lisez ça, c'est que je suis déjà morte..." 

Cette phrase c'est Robin qui l'écrit, une journaliste. Elle a été sélectionnée pour réaliser le premier reportage sur la planète Terminus. Un astre qui n'a pour l'instant vu que quelques militaires solidement entraînés. 

Le débarquement se fait dans la grande tradition des films à gros spectacles. Une équipe de durs à cuire pour chaperonner la jeune journaliste intrépide. La nef se pose sur une petite enclave, seul endroit réputé sûr de la planète. Mais rien ne se passe comme prévu. En dix minutes, les soldats sont exterminés, il ne reste plus que Robin, tentant de trouver le salut en se cachant dans des sous-sols hostiles. 

Un long cauchemar pour la jeune femme, confrontée à plusieurs sortes d'extraterrestres, tous plus agressifs les uns que les autres, quasiment des dieux dans ce monde de fureur et de sang. 

La transformation et la survie de Robin n'est pas pour les âmes sensibles. La violence atteint des sommets. Jusqu'à la mort... à moins que. Un roman graphique sur la prétention des Humains, leurs faiblesses et propension à trahir. De la SF noire, pessimiste et violente comme expliqué en introduction.   

"Si vous lisez ça, c'est que je suis déjà morte...", Delcourt, 96 pages, 19,50 €

samedi 7 décembre 2024

BD - Une victime peu banale dans "Cosmic Detective"

Pour attraper les méchants, il y a les policiers mais aussi les détectives privés. Un grand classique dans la littérature et BD américaine, revisitée par deux scénaristes de talent : Jeff Lemire et Matt Kindt. Ils ont imaginé les péripéties de ce Cosmic Detective dans un futur lointain et ont demandé à l’Espagnol David Rubin de traduire le récit en superbes planches.

Ce détective, qui travaille pour une agence non officielle, arrive sur la scène d’un crime avant la police. Pour la première fois de sa carrière, il constate que la victime n’est pas un humain mais un… Dieu. Dans cet univers, ces êtres supérieurs, prétendument immortels, sont au-dessus des Humains. Qui a réussi à en occire un ? Avec quelle arme ? Et surtout pourquoi ?

En recherchant la dernière personne ayant vu le Dieu mort, une jeune femme, le détective tombe sur une information capable de faire s’écrouler le monde actuel. Une longue descente aux enfers pour un homme inflexible, partagé entre son devoir et l’envie de simplement profiter de sa famille.
« Cosmic Detective », Delcourt, 192 pages, 23,75 €

vendredi 16 août 2024

BD - L’horreur parquée de « Dark Ride »


Durant vos vacances, vous avez peut-être prévu de faire un tour dans un parc d’attractions. Reste à en définir le thème. Si dans la réalité on n’a pas trop le choix, (Disney ou Astérix) dans le comics américain Dark Ride de Joshua Williamson (scénario) et Andrei Bressan (dessin), il n’y a qu’un parc qui mérite le détour : Devil Land.

On paie cher mais on s’y amuse à se faire peur. Son créateur, Arthur Dante, est passionné depuis toujours par l’horreur. Dans son parc, vous pourrez croiser démons, goules, zombies et autres vampires. Faux bien évidemment. À moins que…


Owens, jeune fan, enthousiaste à l’idée de travailler dans le parc (il nettoie les vomis…), découvrira dès son premier jour que la réalité dépasse la fiction. Sa sœur va tenter de savoir ce qui est arrivé à son petit frère (vite disparu) et ce qui se trame exactement dans les coulisses du parc.

Une BD à grand spectacle, avec scènes horrifiques à ne pas montrer aux plus jeunes. Le dessinateur, un Brésilien surdoué, déjà repéré dans Birthright, arrive à rendre terrifiants les personnages en peluche chargés d’animer les files d’attente des attractions. Une série terminée aux USA et proposée en trois gros recueils aux fans français.

« Dark Ride », Delcourt, 128 pages, 15,95 €

vendredi 16 février 2024

BD - Loups affamés dans le 4e tome de World War Wolves



La fin du monde, du moins celui dans lequel on vit actuellement, pourrait prendre la forme décrite par le scénariste Jean-Luc Istin dans sa série World war wolves.

Dans un futur proche (encore une fois), aux USA, des humains se transforment en lycanthropes, plus connus sous le nom de loups-garous. Un phénomène qui se propage comme une épidémie car il suffit qu’être mordu une fois pour rejoindre la meute. Rapidement, l’anarchie et le chaos règnent dans les différents états. La police est contaminée, de même que le FBI. Il existe pourtant quelques poches de résistances comme la ville de Las Cruces. C’est là, derrière de solides remparts, que John Marshall, écrivain, a trouvé refuge en compagnie de sa famille.


Dans le 4e tome, désormais dessiné par Radivojevic, des milliers de loups affamés prennent la ville d’assaut. Les combats font rage. On suit aussi, en parallèle, le périple de Malcom Spoding, un bricoleur de génie qui survit avec une relative facilité dans ce monde en décomposition. Sauf quand il tombe sur une bande de cannibales…

Très violente, cette série, à la mode comics US, propose aussi son lot de fantastique optimiste avec un rêve récurrent aux différents protagonistes humains. Ils y voient un vieil Indien leur demandant de rejoindre un lieu mystique dans l’Arizona. Le bout du chemin et du combat ?

 « World war wolves » (tome 4), Soleil, 104 pages, 15,50 € 

mardi 1 août 2023

BD - Goule nocturne entre cinéma et réalité


Scott Snyder est le scénariste de comics à suivre ces dernières années. Nouvelle preuve éclatante avec La nuit de la goule (Delcourt, 168 pages, 17,95 €), récit d’horreur dessiné par Francesco Francavilla et qui rend hommage au meilleur du cinéma d’épouvante. Un passionné de série Z a découvert les restes d’un film maudit tourné dans les années 50. L’unique copie aurait disparu dans l’incendie des studios.


Mais Forest Innman a retrouvé le début du long métrage. Le récit débute quand il arrive dans un hospice perdu dans le désert. Là, le réalisateur de La nuit de la goule semble attendre la mort. Forest lui demande s’il sait où se trouverait la dernière bobine du film. Le vieil homme, à moitié fou, va alors lui raconter ce qu’il considère comme la vérité : la goule existe véritablement, un monstre qui se repaît des cadavres et vit dans le corps de son médecin.

Angoisse à toutes les cases dans ce récit complet qui utilise toutes les ficelles du genre. Le dessinateur italien utilise son trait sombre pour instiller la peur à bon escient. Jusqu’à l’arrivée de la véritable goule… L’horreur n’est plus sur l’écran, mais dans la vraie vie.

mercredi 14 juin 2023

BD - Prise de tête US avec The Blue Flame


Sam Brausam est plus connu sous le nom de The Blue Flame. Cet ouvrier frigoriste le jour, devient la nuit le superhéros qui vole grâce à ses réacteurs alimentés par un carburant se transformant en flamme bleue. Écrite par Christopher Cantwell et dessinée par Adam Gorham, The Blue Flame est très loin des histoires classiques de Marvel ou DC. Blue Flame, et tous ses compagnons héros, sont pris dans un attentat. Des dizaines de morts. Il est le seul à s’en sortir, mais marche désormais avec des béquilles.

Quand il remet son costume, il va jusqu’aux confins de l’univers et se retrouve prisonnier d’un conglomérat de nations extraterrestres. Il vient d’être désigné avocat des Humains. S’il persuade le jury, la Terre ne sera pas détruite.

La BD, dense, qui fait d’incessants allers-retours entre le tribunal, avant et après l’attentat, se transforme en traité philosophique. Mais les dessins superbes et l’évidence des réactions de Blue Flame transforme le tout en petit chef-d’œuvre qui passionnera tous ceux qui parfois se posent des questions sur notre place dans l’univers.

« The Blue Flame », 404 Éditions, 26,50 €


jeudi 13 avril 2023

BD - Clear, un masque pour ne pas voir la réalité


Pas très gai le monde décrit dans Clear, comics écrit par Scott Snyder et dessiné par Francis Manapul. Les USA, sûrs de leur puissance, ont décidé d’aller sauver Taïwan envahi par la Chine. Mais la guerre n’a duré que trois jours. Toutes les armes US ont été piratées par les Chinois qui les ont retournées contre leur expéditeur.

Les USA, depuis, ont abandonné leur rôle de gendarme du monde et se sont repliés sur leur territoire. Et pour oublier cette humiliation planétaire, des masques de réalité virtuelle ont été massivement commercialisé. Chaque habitant peut désormais vivre dans le monde qu’il désire : western , romanche à l’eau de rose, dessin animé…

Sam Dune, vétéran de la guerre éclair, a fait un choix différent. Il a en permanence un masque Clear qui lui permet de voir la réalité de son monde. Sur cette base, les auteurs racontent l’enquête de Sam après le suicide de son ancienne femme. Une recherche dans un monde futuriste aliénant et macabre où toute réalité est subjective et a priori fausse.
Clear est sombre, paradoxe d’un récit futuriste sur l’embellissement virtuel d’une réalité pas assez clinquante et valorisante pour la majorité.
« Clear », Delcourt, 16,95 €

dimanche 11 septembre 2022

Série télé - Faites de bons rêves en regardant Sandman sur Netflix

Certaines bandes dessinées sont si complexes, avec un univers graphique si riche, que l’adaptation en série télé semble totalement impossible. Dans cette catégorie, Sandman de Neal Gaiman (parue chez Delcourt puis Panini Comics) a longtemps été considérée comme la pire à transposer. 

Quand Netflix a décidé de se lancer dans ce difficile challenge, le plus simple a été de demander au créateur de ce riche univers fantastique de coordonner la transposition. Résultat la série est fidèle à l’originale, mais surtout c’est une réelle bonne surprise de cet été un peu creux hormis le retour de The Boys sur Amazon ou le final de Stranger Things, tête de gondole de Netflix.

Le jeu de la vérité 

Le premier arc de narration raconte comment Sandman (Tom Sturridge), le maître des rêves, est capturé sur terre par des sorciers amateurs. Attiré dans un manoir anglais, il est emprisonné dans une cellule de verre durant plus de 100 ans. Une mise en bouche un peu étonnante puisque le véritable héros de la série, appelé aussi Morpheus, n’est film que nu, recroquevillé et muet dans sa petite cage, incapable d’agir, de répliquer.

Un enfermement qui prend fin de nos jours. Sandman retourne dans son royaume pour constater que ses disciples, rêves et cauchemars, ont quitté son royaume pour sévir sur terre. Il devra aussi récupérer ses trois attributs lui assurant puissance : un casque, du sable et un rubis.

La seconde intrigue au long cours le voit pourchasser un cauchemar, le Corinthien (Boyd Holbrook), cherchant à s’affranchir de la tutelle du roi des rêves. La partie la plus violente et sanglante. On retrouve dans la série le côté fragmenté des romans graphiques.

Certains épisodes pouvant se regarder de façon totalement indépendante des autres. Deux, aux univers particulièrement riches, auraient même pu être déclinés pour le cinéma en long-métrage. L’épisode 5 intitulé 24 heures, se déroule presque exclusivement dans une cafétéria. Un homme, en possession du rubis, tente l’expérience de la vérité. Chaque client va quitter son masque social et dire ce qu’il pense véritablement. Une vérité mortelle. L’épisode suivant, le bruit de ses ailes, raconte comment Sandman, décide contre l’avis de sa sœur (La mort…) de donner l’immortalité à un homme. Tous les 100 ans ils se retrouvent au même endroit et Sandman lui demande s’il est toujours satisfait de son éternité. Le potentiel philosophique est immense.

La série, de dix épisodes d’une heure, est plus riche que dix séries de 20 épisodes de bouillie d’héroïc fantasy développant toujours les mêmes thématiques. Mais contrairement aux histoires complètement formatées, Sandman n’est pas encore assuré de revenir pour une seconde saison.

 

mardi 30 août 2022

BD - Destin héroïque pour Radiant Black


Comment réagiriez vous si des superpouvoirs vous tombez dessus ? C’est la question à laquelle va devoir répondre Nathan, un écrivain raté de 30 ans. 


Criblé de dettes, il est obligé de retourner dans la petite ville de son enfance et de vivre de nouveau chez ses parents.

Pourtant une nuit, il est frappé par une sorte de mini-trou noir et se retrouve doté de pouvoirs extraordinaires. Cette BD de Higgins et Costa raconte les cas de conscience quand on est propulsé du jour au lendemain Superhéros. Et ce n’est pas que du bonheur !

« Radiant Black » (tome 1), Delcourt, 15,95 €

samedi 27 août 2022

BD - Enquête enflammée

Tout brûle. Des gigantesques incendies en France, des Landes à la Bretagne. De ces feux monstrueux comme il y en a depuis quelques années chaque été en Californie. Blacking Out, paru en 2020 aux USA, est un thriller dessiné où les forêts qui entourent Edendale, ville moyenne de 26826 habitants, flambent de plus belle pour le second été consécutif. Conrad, ancien flic local, viré pour alcoolisme, est de retour. Il a été embauché par un avocat désireux d’innocenter son client.

Un père de famille accusé d’avoir tué et brûlé Karen, sa fille adolescente. Et c’est en répandant de l’essence sur le corps qu’il aurait en plus cramé la moitié de la commune. Conrad, toujours alcoolique, va démontrer que l’enquête a été bâclée.

Il va trouver des preuves (ou plus exactement les fabriquer) contre le petit ami de Karen, également petite frappe redoutée de tous. Un polar très sombre, écrit par Chip Mosher et dessiné par Peter Krause au trait simple, obscur et d’une rare efficacité pour planter une ambiance.

Alors laissez-vous porter par les errances d’un Conrad entouré de flammes meurtrières ; vous ne serez pas déçu par la conclusion de ce récit encore plus noir que noir.

« Blacking Out », Delcourt, 14,95 €

dimanche 16 septembre 2018

BD - Samantha, traumatisée et hantée


Tous ceux qui ont apprécié Echo ou Strangers in Paradise de Terry Moore se délecteront de l’intégrale de Motor Girl publiée en noir et blanc. Parue en 2016, cette série entre réalisme, humour et science-fiction, confirme le ton unique de cet auteur complet chantre de l’auto-édition. L’héroïne, Samantha, est une ancienne marine. Elle tient une casse perdue en plein désert d’Arizona. Moins elle voit d’humains, mieux elle se porte. Ses journées, en plus de farfouiller dans les moteurs des épaves, elle les passe à dialoguer avec Mike. Mike est un gorille de plus de 2 mètres. Un vrai gorille. Il fume le cigare et aime rouler en Harley. 



Un premier élément fantastique dans un récit qui part vite dans tous les sens. Car Samantha voit arriver une soucoupe volante dans sa casse et recueille un petit extraterrestre répondant au nom de Bik. Ce long récit de 250 pages déroute le lecteur, l’interpelle. Vérité, fantasme, imagination ? Impossible d’avoir un avis tranché. Seule certitude, Samantha a beaucoup souffert quand elle était sous des drapeaux. Blessée dans des explosions, capturée, torturée durant de longs mois, les cicatrices sur son dos et son crâne sont indubitablement réelles. 
« Motor Girl », Delcourt, 19,99 €

vendredi 17 mars 2017

BD : L’enfant derrière les barreaux



Série écrite et dessinée par Run, « Mutafukaz », avant d’être bientôt adaptée au cinéma, se décline sous forme de comics mensuel. Dans « Puta Madre », Run imagine le passé d’un des personnages de la série, Jésus. Ce jeune latino de Los Angeles a 13 ans quand sa vie bascule. Condamné à 7 ans de réclusion, il passe de la case école à celle, moins glorieuse, de prison. Car aux USA, les enfants peuvent être condamnés et emprisonnés. La vie de Jésus est inspirée d’un véritable fait divers. Le premier fascicule de 32 pages, dessiné par Neyef, est paru en février, le second vient d’arriver la semaine dernière dans les bacs des librairies. On ne dira pas pourquoi Jésus est emprisonné. Sachez simplement qu’il est innocent et que d’enfant aimant il va se transformer en redoutable tueur. Réservée à un public averti, cette série a tout pour passionner les amateurs de films noirs américains, de séries télé transgressives et de faits divers sordides.
➤ « Puta Madre » (tomes 1 et 2), Ankama, 3,90 €

lundi 7 novembre 2016

Ces femmes-là, elles sont « super » !

comics,stan lee,super hérosSUPERHÉROS. Au commencement il n’y avait que des hommes : Superman, Batman, Spiderman. Et puis les femmes ont, elles aussi, eu des super pouvoirs. Bonnes à la castagne, effrontées et souvent très belles, elles s’imposent dans un monde beaucoup moins macho qu’il n’y parait.

Décembre 1941, un nouveau personnage entre avec fracas dans l’univers des super héros qui se cantonnent à cette époque dans les comics publiés aux USA. La princesse Diana est une Amazone. Seule sur son île paradisiaque, elle voit débarquer un aviateur américain. Ce dernier l’emmène dans son mode et elle devient Wonder Woman. La première super héroïne vient de naître. Le succès est immédiatement au rendez-vous et la jolie brune armée d’un lasso magique et des ses bracelets anti-balles, obtient six mois plus tard un titre spécifique à son nom. La consécration. Dans ce monde exclusivement masculin des super héros américains, cette première femme dotée de pouvoirs va rapidement se transformer en apôtre du féminisme. Même si au fil des décennies (et d’une certaine « morale » typiquement américaine) elle a parfois été réduite à une simple femme au foyer... Dans les années 70, Wonder Woman franchit un nouveau cap avec la série télévisée où le rôle titre est incarné par Linda Carter. Totalement kitch, mais plein de charme un demi-siècle plus tard. L’an prochain, au début de l’été, le film « Wonder Woman » devrait confirmer que les femmes aussi peuvent attirer les foules. Le personnage, interprété par Gal Gadot, a déjà fait une apparition dans le récent « Batman VS Superman ». Mais cette fois elle sera la vedette incontestée d’un long-métrage réalisé par Patty Jenkins.
■ Girl power
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Même si les comics, comme la société en général, sont loin de la parité, les femmes occupent de plus en plus d’espace. Que serait Superman sans Loïs Lane ? Spider- man serait-il si cool s’il n’y avait pas la belle Mary ? Mais ce ne sont que des rôles annexes. Importants mais surtout de fairevaloir. Pourtant les femmes ayant des pouvoirs sont légion dans les « teams ». Parmi les Avengers on trouvez la Guêpe dans la série dessinée et la Veuve Noire dans les films sortis ces dernières années. Un quart des quatre Fantastiques est féminin. Paradoxalement c’est la femme invisible... Chez les super-vilains aussi les femmes sont de plus en plus présentes. La dernière en date, qui a crevé l’écran cet été dans «Suicide Squad» a un parcours complexe. Comme si la psychologie féminine était forcément plus élaborée que celle des mâles bêtement primaires. Harley Queen (Margot Robbie) est à la base une psychiatre folle amoureuse du Joker, ennemi mortel de Batman. Mais elle parviendra à se défaire de son emprise pour devenir la bad girl dont on rêve tous de devenir amoureux. Provocante et effrontée, ce n’est pas elle qui va faire la vaisselle en plus de ses missions. Elle incarne à la perfection l’avenir des super- héroïnes : des femmes fortes et à la personnalité développée. Il y en aura de plus en plus dans l’univers foisonnant des super héros. Comme dans la vraie vie, on l’espère... 
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 Stan Lee, le maitre-étalon des comics
comics,stan lee,super hérosIcône de la Pop culture américaine, Stan Lee fait partie de ces auteurs qui n’ont obtenu une reconnaissance mondiale que sur la fin de leur carrière. Scénariste de bande dessinée, il a longtemps pondu des kilomètres d’intrigues, toutes plus alambiquées les unes que les autres, multipliant les personnages et les coups de théâtre. Nouveau feuilletoniste de la fin du XXe siècle, son génie a finalement été admis quand des chercheurs et exégètes ont analysé les mondes imaginaires qu’il a mis sur pied. Pour la première fois, un Français se penche sur le phénomène. Jean- Marc Lainé signe une biographie critique sur cet « Homère du XXe siècle ». Celui qui a quasiment tout créé de l’univers Marvel, de Spider-man à Captain America en passant par Hulk ou les X-Men n’est pas le plus offensif pour la cause des femmes, mais il a toujours tenté de les valoriser. L’exemple le plus flagrant étant Misses Marvel, «le pendant féminin de Captain Marvel. Elégante et raffinée, elle devient un dragon dès qu’il s’agit de préserver ses droits, jusque dans l’art délicat de la négociation de salaire. » Très complète, cette biographie s’adresse essentiellement aux passionnés, ceux qui connaissent tout de l’univers Marvel.
● « Stan Lee, Homère du XXe siècle », Jean-Marc Lainé, Fantastik, 25 €
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Encore plus d’héroïnes à la télévision

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Si le cinéma n’a pas encore joué à fond la carte féminine, les séries télé ont franchi le pas depuis longtemps. Depuis Wonder Woman, les héroïnes sont très présentes dans les feuilletons tirés des comics américains. Parmi les plus récentes, notons «Supergirl» avec Melissa Benoist ou «Agent Carter» actuellement en diffusion sur TMC tous les samedis. Tirée de l’univers Marvel, l’histoire se déroule durant la seconde guerre mondiale. Peggy Carter, grand amour du Captain America, se transforme la nuit en justicière et espionne. Deux saisons ont été tournées. « Jessica Jones » a elle aussi eu beaucoup de difficultés dans la vie. A l’origine, adolescente sans intérêt, elle acquiert des pouvoirs après un accident. Beaucoup plus tard, elle les perd et redevient humaine. Mais son envie de combattre pour le bien demeure et elle ouvre une agence de détective privé. C’est cette histoire qui est racontée dans le 13 épisodes de la première saison produite et diffusée sur Netflix. Le succès étant au rendezvous Jessica Jones et son monde assez sombre sera de nouveau sur la plateforme de vidéo à la demande l’an prochain. Une production très féministe puisque tous les épisodes de la saison 2 seront confiés à des réalisatrices. Dernier exemple de ces personnages féminins marquant dans les séries de superhéros, celui de la cheerleader de «Héros», création originale de Tim Kring. Parmi les personnages récurrents, Claire Bennet interprétée par Hayden Panettiere a marqué toute une génération. Cette ado américaine dans tout ce qu’il y a de plus caricatural (pompom girls, blonde et vaguement décérébrée...) cache un pouvoir qui la rend quasiment immortelle. Elle ne paye pas de mine mais est presque la plus puissante de tous les héros imaginés de la série.
(Dossier paru le dimanche 30 octobre dans l'Indépendant.)


dimanche 7 août 2016

BD : reprise en abîme du comics "Airboy"



Quand un personnage de légende tombe dans le domaine public, certains éditeurs se précipitent pour lui faire vivre de nouvelles aventures à moindre coût. James Robinson, scénariste renommé aux USA, n'a pas le choix. Il doit trouver des idées pour relancer la carrière d'Airboy, un super héros américain, pilote d'avion combattant les nazis. Peu enthousiaste, Robinson décline puis pose ses conditions : il choisit son dessinateur (Greg Hinkle) et raconte en parallèle leur collaboration. Résultat un comics de 160 pages avec de l'action, du sexe et de la réflexion. Incapables de se concentrer dans un motel, les deux compères vont en virée dans une boîte de nuit. Alcool, drogues, prostituées : il se font la totale et au pire moment sont rejoint par Airboy en personne. Choc des générations et des cultures, interrogations métaphysiques, transfert des auteurs dans le monde du héros : Robinson explore avec une invention de tous les instants tous les possibles de cette reprise loin de ses classiques Batman et autres 4 Fantastiques.
« Airboy », Jungle comics, 17 € 


lundi 4 juillet 2016

BD : Nouveau monde, nouveaux monstres

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L'exploration de l'Amérique du Nord a réservé bien des surprises aux pionniers courageux. Tribus d'Indiens hostiles, animaux sauvages : les dangers étaient nombreux. Pour corser cette histoire récente, Chris Dingess, le scénariste, envisage d'autres découvertes. Une expédition est envoyée vers l'Ouest, au cœur des forêts inconnues, à la rencontre de colons français. Une petite communauté décimée par une maladie inconnue. Et avant d'arriver dans le village fortifié, les hommes du capitaine Lewis et du lieutenant Clark subissent les assauts de minotaures à tête de bison. Mais ce sont des broutilles face au risque de l'infection verte transformant les humains en zombies végétaux. Imagination débridée pour ce comics dessiné par Matthew Roberts.
« Manifest Destiny » (tome 1), Delcourt, 15,95 euros


lundi 13 juin 2016

BD : Femme au foyer experte en lames


Ne vous fiez pas aux apparences. Josie Schuller a tout de la parfaite femme d'intérieur. Mariée à un bon Américain, mère de deux ravissantes petites filles blondes comme les blés, elle sait parfaitement organiser de cocktails quand son mari reçoit ses collègues de boulot. Mais Josie est également experte en maniement du couteau. Pas pour éplucher des légumes. Pour tuer. Vite et discrètement. Sous couvert de bénévolat, la jolie jeune femme, aux airs de sorcière bien aimée (l'action se déroule dans les années 60), va remplir ses contrats de tueuses à gages. Imaginées et dessinées par Joëlle Jones (avec l'aide de Jamie S. Rich au scénario), les aventures de "Lady Killer" sont très divertissantes. L'opposition entre la gentille mère de famille et rageuse tueuse fait merveille. Le tout dans un style délicieusement rétro et un peu kitsch.
"Lady Killer" (tome 1), Glénat Comics, 15,95 euros


dimanche 20 septembre 2015

BD : Robots psychopathes dans "RUST"

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Dans un futur proche, la Terre est victime d'une attaque surprise. Pas des terroristes, ni des extraterrestres, mais des robots géants sortis des entrailles de la terre. Les S-Cats ont tué les deux-tiers des humains en une semaine. Seule solution pour survivre, s'enterrer. 25 ans plus tard quelques zones de survivants tentent de lancer la contre-attaque. Des savants ont mis au point des Robot Unit, gigantesques machineries d'acier et de matière vivante que de rares humains peuvent contrôler. Problème, les pilotes « compatibles » sont tous morts au combat. Il ne reste plus aux autorités qu'une « black list » pour sauver l'Humanité. Voilà comment un serial killer, un révolutionnaire, un tueur à gages, un mercenaire et une prêtresse fanatique se retrouvent aux commandes des armes les plus puissantes de l'histoire. Le résumé de cette série écrite par Blengino et dessinée par Nesskain est prometteur. Les 150 pages du premier tome confirment qu'une bonne idée peut se transformer en excellente BD. Personnages atypiques, créatures imaginaires époustouflantes, combats épiques et suspense grandissant font de RUST la très bonne surprise de cette rentrée dans la catégorie Comics.

« R.U.S.T. » (tome 1), Delcourt, 17,95 €

lundi 14 septembre 2015

BD - Rentrée résolument "comics"

Si la BD Franco-belge a encore de beaux jours devant elle, le comics américain a de plus en plus d’adeptes. Et il n’est plus spécifiquement réalisé par des auteurs outre-atlantique.


"Orphelins” des Italiens Robert Recchioni (scénario) et Emiliano Mammucari (dessin) ont sans doute beaucoup aimé le film “Starship Troopers” de Paul Verhoeven. Comme dans le long-métrage, la terre est attaquée par des aliens et des commandos de jeunes terriens sont envoyés sur des planètes hostiles pour “botter le cul à ces monstres”. À la différence que les auteurs ont apporté beaucoup plus de soin aux personnalités composant le groupe de combattants. Tout débute par un flash. Une grande lumière blanche qui rend aveugle et sourd des millions d’Humains. L’attaque, un rayon, vient du fin fond de l’espace. Les différents pays s’unissent pour répliquer. Et profitent de la recrudescence d’orphelins pour les enrôler de force, malgré leur jeune âge, dans des bataillons d’élite. La première partie montre ces enfants originaires d’Espagne (Madrid et Barcelone), paumés, seuls, largués en pleine nature, obligés de tuer pour survivre. D’apprendre la solidarité aussi. Quelques années plus tard, les rares survivants forment un commando redoutable. Ils seront en première ligne pour se battre contre les extraterrestres, sortes d’ours en cristal, furtifs et puissants. 200 pages au rythme soutenu (format comic oblige), avec quelques superbes inventions sur la planète ennemie, notamment une réplique de la Sagrada familia de Barcelone tout en cristal.

L’étrange vie de Nobody Owens” est l’adaptation en BD du roman de Neil Gaiman paru chez Albin Michel. L’auteur s’est logiquement chargé de la transposition, déjà connu pour les séries “Sandman” et “Coraline”. Craig Russell a dessiné une aventure et la bible de cet univers, laissant plusieurs autres auteurs jouer avec Nob’. Une nuit, un tueur assassine toute une famille. Le père, la mère, la fille. Mais arrivé dans la chambre du petit dernier, le lit est vide. Il s’est réfugié dans un cimetière. Là, un couple de défunt décide de la protéger et de l’adopter. L’enfant devient Nobody Owens et va grandir entre tombes et chapelles, avec pour seuls compagnons des spectres et Silas, inquiétant homme en noir qui ne sort que la nuit. Entre récit fantastique et conte gothique, des histoires courtes permettent de comprendre comment le petit garçon va se forger une personnalité. Il descendra au plus profond des entrailles du cimetière pour un face-à-face avec une vouivre. Au pays des goules, il manquera mourir sans l’intervention d’un loup-garou (une louve en l’occurrence). Il parvient même à se faire une amie, une petite fille téméraire, prête à croire tout ce que raconte Nob’. Car s’il voit les spectres, pour elle ils restent invisibles. Reste le fil rouge de l’album : le tueur du début qui est toujours sur les traces de l’enfant. Mais ce sera pour le second tome annoncé début 2016...

Orphelins” (tome 1), Glénat, 14,95 euros

L’étrange vie de Nobody Owens” (tome 1), Delcourt, 19,99 euros.