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lundi 30 mai 2016

Roman : Bonbon gigogne

Vincent Ravalec, s'amuse à raconter comment un romancier tente de modifier un thriller qui devient réalité.
bonbon désespéré, ravalec, éditions du rocherPas tendre le nouveau roman de Vincent Ravalec. Même s'il est question de bonbon dans le titre, le texte n'est pas aussi rose que la couverture. Car le bonbon dont il est question dans ce thriller provincial, mystique et farfelu, est désespéré. Tout commence dans l'esprit d'Origène Pildefer. Cet employé de médiathèque tente, en vain, de publier un roman. Après plusieurs refus, il décide de travailler son prochain texte avec l'aide de ses élèves de l'atelier d'écriture qu'il anime en soirée. Nouveau refus. Il est sur le point d'abandonner quand il croise à Paris, trois des personnages de son texte refusé. A-t-il des pouvoirs médiumniques ?
On ne le saura pas exactement, mais Vincent Ravalec, sur cette idée saugrenue, plonge dans un roman gigogne. Origène, pour vérifier si la fiction pouvait devenir réalité, suit les trois jeunes femmes qu'il a imaginées et découvre que comme dans le roman, elles vont passer le week-end dans un village paumé de province. Elles doivent assister à une procession religieuse autour d'une sainte, au pied de la statue d'une friandise en train de fondre intitulée "Bonbon désespéré". Le périple se termine dans un labyrinthe de souterrains creusés sous un château. Problème : elles n'en reviendront jamais. Du moins dans le manuscrit, elles meurent violées et torturées. Peut-il alors changer le cours de l'histoire, réécrire pour que la fin soit moins trash et gore ?
Une course contre la montre racontée avec brio par un Vincent Ravalec très à l'aise dans ces changements de niveau de narration. Grâce aussi à la multitude de personnages tous plus iconoclastes les uns que les autres, des notables grotesques en passant par les voyous psychopathes sans oublier la flamboyante Suzette, fille de la bonne du curé, frustrée sexuellement mais qui découvre durant ce fameux week-end un formidable et insoupçonné amant.
"Bonbon désespéré" de Vincent Ravalec, Editions du Rocher, 16,90 euros

mercredi 2 mai 2007

Roman - Les soins délirants

Dans « Hépatite C », Vincent Ravalec fait le récit des effets secondaires d'un traitement radical contre cette maladie méconnue.

Vincent Ravalec, de « Cantique de la racaille » à « Un pur moment de rock'n roll » s'est beaucoup inspiré de ses aventures (certains parleraient d'errances) de jeunesse pour bâtir des romans forts et sans concession. Il s'est assagi avec l'âge, mais a gardé un soupçon de rébellion. et une sale maladie. Il pose le problème dès les premières pages de ce « récit » : « J'étais écrivain, j'avais légèrement dépassé la quarantaine, et j'étais porteur de l'hépatite C depuis les années soixante-dix. A mon avis depuis 1976. Au moment où j'avais les cheveux plus longs qu'aujourd'hui. Quand un élan un peu fou rassemblait les gens dans des festivals de musique dissidente, avec ce truc de contre-culture, l'héro en pagaille, l'arrivée du punk. Avant la déferlante du sida et des seringues en vente libre. » Une maladie qu'il faut surveiller. Qui peut se faire oublier. Malgré les fréquents examens. « L'hépatite C n'était pas grave tant que vous étiez vert avec un peu de jaune. Quand vous étiez rouge-rouge, c'était le début de la fin ».

Légèrement hypocondriaque

Pour la première fois, les résultats sont « rouge-rouge ». « Je vais clamser, cette fois c'est certain ! » fanfaronne Vincent Ravalec en rentrant chez lui. Ayant une « certaine propension à l'hypocondrie », il n'est pas pris au sérieux par sa petite famille, une femme active et deux ados dont une fille an de David Guetta. Cela pourrait être dramatique, cela prend des airs de farce. Vincent Ravalec n'arrive pas à s'apitoyer sur son sort. Au contraire il se met en scène, tel un pantin hésitant.

Quand on est rouge-rouge, c'est surtout le signe qu'il faut tenter d'éradiquer la maladie. Il existe un traitement, lourd et cher, mais qui donne souvent de bons résultats. Une bithérapie devenue obligatoire, malgré les effets indésirables secondaires. Après avoir listé les symptômes de l'hépatite C (jaunisse, gonflement des chevilles et du ventre, vomissement de sang, infections à répétition...), il détaille avec un plaisir macabre tout ce qui l'attend : « douleurs d'estomac, sang dans les selles, toux persistante, battements cardiaques irréguliers, problèmes de vue et dépression ». Par exemple dans le volet dépression, il est marqué sur la notice livrée avec les médicaments que « certains patients sont allés jusqu'au suicide ».

Ours et nonnes lesbiennes

C'est donc la peur au ventre que l'auteur débute son traitement. Assommé les premiers jours, il va lentement mais sûrement glisser vers un état s'approchant plus en plus de la paranoïa la plus intense. Pour se protéger des murs de son salon qui se rapprochent de lui, il se confectionne un abri avec des chaises recouvertes de draps. C'est là qu'il va passer plusieurs jours, hagard, hébété, de plus en plus déconnecté de la réalité.

La suite du livre va crescendo. Ayant une révélation mystique, il quitte son appartement parisien pour rejoindre un monastère dans les Pyrénées. Il y croisera des nonnes lesbiennes toxicomanes, un ours agressif et un gourou à Lourdes. Son périple, dantesque, délirant et hilarant, s'achèvera à un péage d'autoroute, les gendarmes reconnaissant cet homme qui fait l'objet d'un « avis de recherche dans l'intérêt des familles ». Le récit de sa cavale est entrecoupé de souvenirs de jeunesse et d'affreux cauchemars. Si toute une partie du livre est sérieuse et documentée, apprenant au lecteur nombre d'informations sur l'hépatite C, une maladie qui touche 700 000 personnes en France, Vincent Ravalec n'a pas négligé dans des passages d'anthologie son côté iconoclaste trash, cher à ses lecteurs.

« Hépatite C », Vincent Ravalec, Flammarion, 16 €