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jeudi 6 février 2025

BD - Fantômes espagnols dans les fosses communes du franquisme


À la fin de la guerre civile en Espagne, en 1939, les Républicains qui n’ont pas pu prendre la fuite ont été emprisonnés et très souvent fusillés par les Franquistes. Des procès expédiés en quelques minutes, des corps jetés dans des fosses communes.

Plusieurs décennies après, les descendants de ces martyrs ont obtenu du gouvernement que les corps soient retrouvés et bénéficient d’une sépulture décente. Ce combat est raconté dans l’enquête de Rodrigo Terrasa, journaliste à El Mundo à Valence. Une série d’articles déclinés en roman graphique mis en images par Paco Roca.


L’abîme de l’oubli
se déroule en grande partie dans le cimetière de Paterna dans la banlieue de Valence. Un village placé entre deux prisons, une caserne et un champ de tir. Le chemin le plus court pour rejoindre ce cimetière où durant des années des fosses communes ont été remplies des corps des condamnés à mort. Pepica, une vieille dame de 70 ans, a obtenu une subvention pour retrouver les ossements de son père, fusillé le 14 septembre 1940 par l’armée de Franco.

Les auteurs, en plus du travail des archéologues, parviennent à retracer le parcours de ces hommes et femmes dont le sel tort a été de se trouver dans le camp perdant. L’émotion est présente durant les fouilles, mais aussi quand on revit l’arrestation, l’emprisonnement et l’exécution des Républicains.

Un roman graphique qui sert de témoignage inaliénable d’une barbarie sans nom. D’une volonté de retrouver les dépouilles des suppliciés, de leur permettre de trouver la paix.
« L’abîme de l’oubli », Delcourt, 296 pages, 29,95 €

samedi 5 novembre 2022

BD - L’Eden perdu de Paco Roca

Une simple photo de famille. Prise sur une plage de Valence durant les années 40, après la guerre civile. Cette photo est presque le dernier vestige qui reste de la jeunesse d’Antonia, la mère de Paco Roca. 

Autour de cette photo, où elle pose, enfant, avec sa mère, sa sœur et ses deux frères, l’auteur espagnol va tisser un récit émouvant d’une fillette tentant de comprendre la vie dans une famille dysfonctionnelle. 


Sa mère, très croyante, n’agit qu’en fonction de Dieu. Le père, cruel et violent, est un véritable tyran. Dans cet environnement toxique, elle a pourtant quelques moments de joie, comme cette journée passée à la plage. Les sorties avec sa grande sœur, Antonia. La découverte du cinéma… 

Un très bel album de plus de près de 180 pages racontant la vie de misère de la classe populaire espagnole, oppressée par le régime dictatorial de Franco. Une leçon d’Histoire et surtout d’Humanité. 

« Retour à l’Eden », Delcourt, 22,95 €

mardi 7 juin 2016

BD : Souvenirs et maison en héritage

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Paco Roca, dessinateur espagnol, aime particulièrement se pencher sur la transmission des souvenirs. Il avait signé une remarquable BD sur la maladie d'Alzheimer (« La tête en l'air », adaptée au cinéma) et livre un peu de sa propre histoire dans « La maison ». Un album à l'italienne, aux dessins d'une grande douceur, comme la campagne méditerranéenne environnant cette résidence secondaire familiale. La première planche montre un vieil homme qui sort de sa maison. La suivante retrace une année d'abandon. On comprend qu'il est mort et que ce n'est qu'une année après le décès que les enfants viennent s'occuper de cette bâtisse qui symbolise tous leurs souvenirs d'enfance. Le premier à remettre les pieds dedans est l'écrivain. Il n'est pas manuel, n'a jamais trop apprécié son père, trop terre-à-terre. Le second est l'ainé, celui qui a hérité de la force de travail physique du patriarche. Il est remonté contre l'écrivain, toujours en retard et indécis. Enfin la petite dernière regrette surtout que son père n'ait pas pu profiter de sa petite-fille. Les trois se retrouvent dans la maison pour la remettre en état. Le projet : la vendre le plus vite possible. Mais cela ne va pas se passer comme prévu, comme si les souvenirs du lieu se révolté contre l'oubli. Sensible et juste. Plein d'espoir aussi.
« La maison », Delcourt, 16,95 euros


mardi 1 mai 2007

BD - Le naufrage de la vieillesse

« Rides » propose au lecteur un voyage dans les affres de la mémoire défaillante. Signé Paco Roca, auteur espagnol très prometteur, cet album d'une centaine de pages offre un regard sensible, lucide et sans concession sur la maladie d'Alzheimer. Ernest, un paisible retraité, est placé par ses enfants dans une résidence du troisième âge. 

Cet ancien banquier a parfois des absences. Il est dans la période critique d'Alzheimer où il en a encore conscience. Mais il n'ose pas réellement y croire. C'est en découvrant qu'il a le même traitement qu'un homme devenu un véritable légume qu'il comprend l'étendue de sa maladie. En compagnie d'Emile, son collègue de chambre, il va tenter de retarder les effets du mal en exerçant sa mémoire puis en mettant des étiquettes sur les objets de la vie courante. 

Mais inexorablement le cerveau malade ne tourne plus rond et Ernest s'enferme dans un monde figé et de plus en plus incompréhensible. Emile, de vieillard cynique profitant de tout et de tous, se transforme en compagnon de galère attentif, retrouvant un sens à sa vie, elle aussi en fin de course. Préparez les mouchoirs. (Delcourt, 14,95 €)