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jeudi 6 février 2025

BD - Fantômes espagnols dans les fosses communes du franquisme


À la fin de la guerre civile en Espagne, en 1939, les Républicains qui n’ont pas pu prendre la fuite ont été emprisonnés et très souvent fusillés par les Franquistes. Des procès expédiés en quelques minutes, des corps jetés dans des fosses communes.

Plusieurs décennies après, les descendants de ces martyrs ont obtenu du gouvernement que les corps soient retrouvés et bénéficient d’une sépulture décente. Ce combat est raconté dans l’enquête de Rodrigo Terrasa, journaliste à El Mundo à Valence. Une série d’articles déclinés en roman graphique mis en images par Paco Roca.


L’abîme de l’oubli
se déroule en grande partie dans le cimetière de Paterna dans la banlieue de Valence. Un village placé entre deux prisons, une caserne et un champ de tir. Le chemin le plus court pour rejoindre ce cimetière où durant des années des fosses communes ont été remplies des corps des condamnés à mort. Pepica, une vieille dame de 70 ans, a obtenu une subvention pour retrouver les ossements de son père, fusillé le 14 septembre 1940 par l’armée de Franco.

Les auteurs, en plus du travail des archéologues, parviennent à retracer le parcours de ces hommes et femmes dont le sel tort a été de se trouver dans le camp perdant. L’émotion est présente durant les fouilles, mais aussi quand on revit l’arrestation, l’emprisonnement et l’exécution des Républicains.

Un roman graphique qui sert de témoignage inaliénable d’une barbarie sans nom. D’une volonté de retrouver les dépouilles des suppliciés, de leur permettre de trouver la paix.
« L’abîme de l’oubli », Delcourt, 296 pages, 29,95 €

mardi 28 janvier 2025

Un premier roman - Carcoma


Plus qu’une maison hantée, c’est une maison maléfique qui est au centre de Carcoma, premier roman de la jeune autrice espagnole Layla Martinez.

Ce texte, paru en 2021 en Espagne, est enfin traduit en français par Isabelle Gugnon qui a osé se confronter à ce récit de femmes au bord de la folie. Carcoma, ce sont les vers à bois qui détruisent les charpentes des maisons. C’est aussi, dans la langue de Cervantès, une « préoccupation constante et grave qui vous consume, vous ronge peu à peu. » Les habitantes de la maison, de l’arrière-grand-mère à la dernière petite fille, sont toutes un peu dérangées. Comme possédées par cette maison qui regorge d’ombres. La grand-mère de la dernière narratrice, à moitié folle, implore « toutes les petites saintes mortes par la main d’hommes enragés ».

Le premier homme « enragé », celui qui a construit le bâtiment pour y enfermer son épouse, est mort sur place. Dans d’atroces souffrances qui n’ont fait qu’amplifier les rumeurs au village. Un texte fort et violent, sur la peine des femmes et leur pouvoir de vengeance.
« Carcoma » de Layla Martinez, Seuil, 144 pages, 18,50 €

mercredi 4 septembre 2024

BD - À deux, au fond…


Après un roman graphique historique, Alicia Jaraba, jeune autrice espagnole, va puiser dans ses propres démons pour signer une œuvre singulière, pleine et aboutie. L’histoire d’un couple qui ne sait plus trop où il en est.

Aimée et Ulysse. C’est la première qui raconte ce road-trip vers le sud de l’Espagne. Ulysse a une passion : la plongée. Un but ultime : voir un poisson-lune. Il est donc impatient de partir, au volant de son combi aménagé en camping-car, vers Cabo de Gata, station balnéaire aux fonds sous-marins remarquables. Aimée va le suivre. Mais sans enthousiasme.


Elle n’aime pas quitter sa zone de confort. À peur de l’eau. Encore plus de la plongée. Dès les premiers kilomètres la tension est palpable. Une panne va provoquer encore plus de remous entre les deux amants. Il faudra l’intervention d’un drôle de retraité, Paco, pour remettre un peu d’ordre dans le voyage chaotique. On apprécie l’enchaînement des rebondissements, les doutes d’Aimée, les rêves d’Ulysse.

Un roman graphique sur les choix que l’on doit faire dans la vie pour être heureux, sur l’écoute de l’autre, les petits arrangements et concessions pour rendre le tout plus lisse, plus acceptable. Une belle histoire servie par un dessin simple, aussi fluide que l’eau de la mer.
« Loin », Bamboo Grand Angle, 136 pages, 19,90 €

lundi 12 août 2024

Cinéma - La filiation retrouvée de “Dos madres”


Dans ses notes d’intention, le réalisateur Victor Iriarte explique que Dos madres est « un film d’aventures, un road-movie, c’est un thriller, un film noir, une enquête policière. C’est un mélodrame. C’est un film qui devient un autre film. » On trouve effectivement un peu de tout ça dans cette histoire, mais cela reste avant tout une réalisation libre, déstructurée, à la limite parfois de l’expérimentation.

Pour son premier projet de long-métrage, après de nombreux courts, le cinéaste n’a pas choisi la facilité. Il faut d’ailleurs faire un petit effort pour entrer dans l’histoire. Un récit écrit par Vera (Lola Dueñas). Cette sténotypiste de tribunal cherche depuis des années son bébé volé.

En Espagne, à l’époque du franquisme, des centaines de milliers de bébés de mères célibataires ont été enlevés dès leur naissance et confiés à des familles en mal d’enfant. À force de patience et d’abnégation, Vera a retrouvé Egoz (Manuel Egozkue). Il a été élevé par Cora (Anna Torrent). Plus qu’une vengeance contre l’institution - le fil rouge du film - Dos madres est avant tout les retrouvailles de trois êtres qui semblaient se connaître, s’apprécier. Les deux mères se comprennent malgré le passif. Une relation apaisée qui doit beaucoup à Egoz, lui aussi déchiré par son histoire mais qui ne veut pas faire de choix.

Les trois comédiens portent cette réalisation, chacun dans son style. Joie sereine pour Lola Dueñas, fatalisme rédempteur pour Anna Torrent, amour infini pour Manuel Egozkue. Un trio marquant pour une histoire particulière, sur un fait de société qui continue à faire grand bruit de l’autre côté des Pyrénées.


Film espagnol de Víctor Iriarte avec Lola Dueñas, Ana Torrent, Manuel Egozkue.

samedi 5 novembre 2022

BD - L’Eden perdu de Paco Roca

Une simple photo de famille. Prise sur une plage de Valence durant les années 40, après la guerre civile. Cette photo est presque le dernier vestige qui reste de la jeunesse d’Antonia, la mère de Paco Roca. 

Autour de cette photo, où elle pose, enfant, avec sa mère, sa sœur et ses deux frères, l’auteur espagnol va tisser un récit émouvant d’une fillette tentant de comprendre la vie dans une famille dysfonctionnelle. 


Sa mère, très croyante, n’agit qu’en fonction de Dieu. Le père, cruel et violent, est un véritable tyran. Dans cet environnement toxique, elle a pourtant quelques moments de joie, comme cette journée passée à la plage. Les sorties avec sa grande sœur, Antonia. La découverte du cinéma… 

Un très bel album de plus de près de 180 pages racontant la vie de misère de la classe populaire espagnole, oppressée par le régime dictatorial de Franco. Une leçon d’Histoire et surtout d’Humanité. 

« Retour à l’Eden », Delcourt, 22,95 €

mardi 21 juin 2022

Cinéma - Caustique “El buen patrón”

"El buen patron", film espagnol de Fernando León de Aranoa avec Javier Bardem, Manolo Solo, Almudena Amor


Fernando León de Aranoa s’est fait une spécialité de films sociaux assez critiques. Il manie l’humour noir et caustique avec une dextérité rare. Cette fois, il s’attaque à un symbole de l’Espagne qui gagne : la petite et moyenne entreprise. Exactement, au patron qui répète à longueur de journée que sa famille, c’est sa boîte ; ses enfants ses employés. Pour endosser le costume d’El buen patrón, le réalisateur retrouve Javier Bardem, avec qui il a déjà tourné Les lundis au soleil, au début des années 2000. 

Spécialiste des balances, depuis des décennies, l’entreprise Blanco est dirigée par le fils du créateur. Le film retrace une semaine de la vie de l’entreprise et de son patron qui ne manque pas de contrariétés au quotidien. Car, si tout semble parfait au pays de la précision, en réalité les problèmes s’accumulent. Et, au pire moment, car l’entreprise va recevoir la visite d’une commission qui doit décider de la remise d’un important prix économique régional. Alors, il faut faire bonne figure. Malgré les erreurs à répétition du chef de fabrication, très négligeant dans son travail, depuis qu’il a appris que sa femme a un amant. 

Comptable récalcitrant

Autre souci, ce comptable, récemment licencié et qui a décidé de camper devant l’entrée de l’usine en arborant des slogans vengeurs sur le patron qui licencie sans état d’âme. Seule bonne nouvelle, les nouvelles stagiaires sont arrivées et la jeune Liliana (Almudena Amor) semble sensible au charme de Blanco. Mais, là aussi, cela devient un problème quand il découvre, après une nuit d’amour torride, que c’est la fille d’un de ses meilleurs amis. Bref, le jeudi, la vie du patron est sur le point de s’effondrer. Mais il a de la ressource, le filou.

Le film va crescendo, on attend la chute de l’abominable manipulateur. Mais, comme dans la vraie vie, le capitaliste, celui qui a le pouvoir et l’argent, parvient toujours à s’en sortir. Malheur aux faibles et vive les « bons patrons ».

mercredi 22 juillet 2020

Série télé - Faut pas énerver les nonnes !


Tirée d’une BD très sexy (sexiste pour certains…), la série télé Warrior Nun diffusée sur Netflix est beaucoup plus sage. Le résultat manque un peu de pimpant, la distribution très européenne desservant un peu cette production du Canadien Simon Barry. 

Dans le rôle principal, Alba Baptista, actrice portugaise qui parle en anglais et parfois en espagnol, l’action se déroulant en Andalousie. Elle interprète une tétraplégique de 16 ans, morte quelques heures plus tôt, est ressuscitée par le halo d’un ange la transformant en nonne guerrière. 

Elle devra, malgré son opposition, combattre les démons et une conspiration à l’intérieur du Vatican. Les combats sont impressionnants, les effets spéciaux acceptables. Le meilleur restant les décors naturels méditerranéens très ensoleillés. Ça donne d’aller y passer ses vacances. Dommage… 

jeudi 2 avril 2020

#SérieTélé - Marguerites fanées sur Netflix



L’Espagne occupe une place de choix dans le monde des séries télé en Europe. La Casa de Papel a braqué les projecteurs sur une industrie pleine de bonnes surprises. Mais il n’y a pas que de l’exceptionnel de l’autre côté des Pyrénées. Parfois, c’est un peu moyen comme ce « Goût des marguerites » peu relevé dans le catalogue Netflix. 
Une série policière provinciale comme la télé européenne aime à en produire comme des petits pains. Cette fois c’est en Galice que l’action nous conduit. Région verte mais peu télégénique. Une petite ville, considérée à juste titre par nombre de ses habitants comme un bled paumé. Mais tranquille. Quand Rosa, inspectrice à la brigade criminelle de la Guardia Civile arrive sur place, les policiers installés sont surpris et sur leurs gardes. Elle enquête sur la disparition de Marta, une jeune marginale. Elle travaille à la station-service, deale un peu et par moments se prostitue. Elle a disparu en plein après-midi. Rosa (María Mera), débutante, mène là sa première affaire. Ses collègues l’aident mollement, les connaissances de Marta encore moins. Comme s’ils avaient tous quelque chose à cacher. Et effectivement, ces citoyens exemplaires au-dessus  de tout soupçon ont bien des cadavres dans leurs greniers. La série en 6 épisodes de 70 minutes, est d’une lenteur trop souvent exaspérante. Par chance, quelques rebondissements inattendus relancent l’intérêt en cours d’intrigue. On notera qu’en Galice, les femmes sont souvent considérées comme des moins que rien. La policière est moquée par ses collègues, les autres femmes sont soit femmes au foyer très jalouses, soit prostituées dociles. A ce niveau, l’Espagne a effectivement beaucoup à apprendre.

mercredi 18 mars 2020

Série télé - Le voisin calamiteux devient un superhéros


Sur Netflix il n’y a pas que des séries américaines. La production espagnole est très bien représentée. Tout le monde connaît « La casa de Papel », mais « Le voisin » mérite lui aussi que l’on se penche sur son cas. Pas de scénario compliqué dans cette parodie d’histoire de superhéros. Ce qui prime, c’est la rigolade. 
Javier est en couple avec Lola. Enfin pas longtemps. 
Ce fainéant de première, menteur et profiteur, est incapable de tenir une promesse et de garder un boulot. Lola, journaliste qui tente de survivre en tenant un blog vidéo. Tout change pour Javier quand un voyageur de l’espace lui donne une combinaison de super héros et des pilules le rendant invincible. Il va devenir Titan. Mais un collant, une cape et le pouvoir de voler peuvent-ils rendre Javier meilleur ? 
On rit beaucoup de ces caricatures d’Espagnols contemporains, du couple qui se déchire au colocataire, provincial trop coincé au voisin dealer, complètement défoncé 24 heures sur 24. Les dix épisodes de 30 minutes ne tiendront pas la durée du confinement mais permettra de passer un bon moment, loin des soucis du quotidien.

mercredi 19 février 2020

La mise en garde du film espagnol "Lettre à Franco"


"Aujourd’hui, on assiste à une résurgence des mouvements fascistes, notamment en Europe. Dans ce sens, le film parle autant du présent que passé. » Le film d’Alejandro Amenábar Lettre à Franco est donc à voir à deux niveaux. Un plan historique donc, précis et détaillé sur la prise du pouvoir par Franco et l’aveuglement de certains intellectuels, mais aussi un éclairage sur ce qui se passe dans trop de pays européens depuis l’émergence des mouvements populistes.
Comme s’il fallait ce rappel historique pour comprendre le risque de laisser accéder au pouvoir ces hommes ou femmes qui cachent trop bien leur jeu.



En ce sens, Lettre à Franco devient un film d’utilité publique, notamment dans les villes où les candidats du Rassemblement national, sous couvert de dédiabolisation ou de liste sans étiquette, sont parvenus à convaincre des personnalités, des intellectuels parfois, à les rejoindre. 

L'Histoire se répète...

Ces “prises” se retrouvent de fait dans la situation de Miguel de Unamuno au début du film. Nous sommes en 1936.
Une junte de généraux a décidé de reprendre le pouvoir en Espagne. Unamuno, recteur d’université de Salamanque, voit d’un bon œil cette volonté de promouvoir une grande Espagne. Ayant longtemps lutté contre la royauté, il est persuadé qu’il faut conserver Pays basque et Catalogne. En face, les Républicains sont caricaturés comme des supplétifs des Soviétiques, allant jusqu’à brûler des églises. Pourtant l’écrivain a parmi ses amis des hommes de gauche. Ils tentent de lui ouvrir les yeux sur les méthodes fascistes. Les épurations et exécutions sommaires.
Dans cette bataille très binaire, il va longtemps rester dans le même camp. Jusqu’à la disparition, l’emprisonnement puis les exécutions de deux de ses meilleurs amis. Un pasteur, juste coupable d’être protestant et franc-maçon, un de ses anciens élèves, professeur à l’université, aux convictions gauchistes trop voyantes.
Le film décrit cette ambiance de suspicion montant dans Salamanque. En parallèle, on voit comment Franco, petit général venu d’Afrique, manœuvre habilement pour devenir le caudillo qui restera au pouvoir jusqu’à sa mort.
Quant à l’intellectuel, de plus en plus terrorisé, surtout pour sa famille, il fait le dos rond. Mais lors de la fête de la race espagnole en 1936, il décide de prendre la parole devant des centaines de militaires fascistes. Dans un discours devenu célèbre, il défend les Catalans et les Basques et attaque l’évêque, caution religieuse des nationalistes. Une sortie flamboyante, mais trop tardive.

Le message du film est là : dénoncer, certes, mais suffisamment tôt. Après, il est trop tard.


Film espagnol d’Alejandro Amenábar avec Karra Elejalde, Eduard Fernández, Santi Prego
 

 

dimanche 24 novembre 2019

BD - Mattéo et Jean-Pierre Gibrat sont de retour à Collioure




Entre la Catalogne et Jean-Pierre Gibrat, la belle histoire se prolonge. Dans sa série historique Mattéo, il a propulsé son héros en pleine guerre civile. Le cinquième tome vient de paraître, couvrant la période entre septembre 1936 et janvier 1939.
Dans la région, tout le monde sait ce qui s’est passé début 39. La Retirada a jeté sur les routes de l’exil des milliers de Républicains. Mattéo, à la fin de l’album, lui aussi devra fuir vers la France pour éviter le peloton d’exécution. Il arrivera à Collioure et découvrira « le fort, mais de l’intérieur. Pauvres perdants que nous étions ». 
Avant cet épilogue qui marque en fait le début d’un nouveau cycle pour une 6e époque, Mattéo va vivre la guerre de l’intérieur. Avec ses camarades anarchistes il occupe un village de Catalogne sud.



Les phalangistes sont à quelques kilomètres. Une sorte de guerre de position marquée par des escarmouches et des nouvelles, bonnes ou mauvaises en provenance du véritable front. Mattéo qui habite dans la grande maison du curé, vieil homme impotent qui n’aime pas les révolutionnaires, sans pour autant approuver les Franquistes. Avec Mattéo ils vont longuement discuter, donnant à l’album un ton plus philosophique. 

Amélie change

Reste que les fusils parlent souvent. Notamment lors de l’échange d’un jeune moine fasciste avec la belle Amélie. Amélie qui est en couverture de l’album, infirmière révolutionnaire qui décide d’apprendre à se servir d’un fusil. 


Longtemps captive, elle ne dira jamais rien sur son séjour en prison. Mais elle a changé, décidée de rendre coup pour coup. Avec Mattéo la relation est toujours aussi compliquée. Ils s’apprécient, mais sans aller plus loin.
Mattéo préfère passer ses nuits dans les bras de la blonde et fougueuse Aneshka. Même si Amélie reste pour notre héros « la femme d’à côté de ma vie ».
Ce nouvel album de Gibrat était très attendu. Il clôt le cycle espagnol de son personnage écorché vif et donne l’occasion au dessinateur de croquer en couleurs directes cette montagne catalane, ensoleillée en été, froide et recouverte de neige en hiver. Autant d’ambiances pour un album qui confirme l’extraordinaire talent de ce dessinateur, amoureux de Collioure et de la région. 



« Mattéo » (tome 5) Futuropolis, 17 €. Un tirage de tête grand format, numéroté et signé par l’auteur, sera mis en vente 160 € le 27 novembre.

jeudi 21 novembre 2019

DVD et Bluray - Hierro, poussière espagnole au large de l’Afrique 




Bienvenue à El Hierro, petite île des Canaries. Ce brin de terre volcanique, aux paysages à couper le souffle, est le théâtre d’une de ces séries qui allient intrigue policière et découverte d’une région. Hierro (Arte Vidéo), débute par la découverte d’un cadavre dans la mer. 

Fran, tout le monde le cherchait. Il devait se marier avec la fille de Diaz (Dario Grandinetti), un riche agriculteur de l’île, spécialiste de la banane. La toute nouvelle juge (Candela Pena) se charge de l’enquête. Ils vont jouer au chat et à la souris, la seconde suspectant le premier d’être le tueur. Il est vrai que Diaz, lui aussi un « étranger » comme la juge dans cette île très repliée sur elle-même, n’est pas exemplaire. Il a déjà fait de la prison et ne voyait pas d’un bon œil l’union de sa fille avec Fran.


*Personnages entiers, secrets bien cachés, tromperies et trafics en tout genre : Hierro des frères Coira se termine en apothéose avec la procession de la Bajada, spectaculaire fête religieuse qui n’a lieu que tous les 4 ans.

jeudi 25 octobre 2018

Cinéma - « Quién te cantará » sans fausse note



L’une chante, l’autre ne s’en souvient pas. Lila (Najwa Nimri) est célèbre, Violeta (Eva Llorach) travaille dans un karaoké et se contente de l’imiter en fin de soirée. Deux femmes autour d’une légende de la chanson espagnole. Le film de Carlos Vermut utilise la ficelle usée de la fan face à son idole.

Mais il transforme cette relation, trop souvent binaire et simpliste, en véritable introspection des deux femmes qui, en se reconnaissant un peu l’une dans l’autre, vont se remettre radicalement en cause. Avant d’arriver à ce « duel », le spectateur est plongé dans le monde étrange de Lila.

Cette chanteuse, très célèbre, a cessé de se produire sur scène depuis dix ans. L’argent commençant à manquer, son agent, un comeback est programmé.

Deux femmes et une star   
Mais à deux mois du premier concert à Madrid, Lila est retrouvée inconsciente sur la plage bordant sa belle maison. Quand elle se réveille à l’hôpital, elle est devenue amnésique. Pour lui rendre sa personnalité, sa meilleure amie embauche Violeta, sa plus grande fan, celle qui connaît toutes les chansons de Lila par cœur et le moindre détail de sa vie.


Cette rencontre va radicalement réorienter la vie des deux femmes à un tournant de leur existence. Le film, un peu long parfois, vaut surtout pour l’interprétation des deux comédiennes principales. Elles sont différentes mais doivent pourtant s’accaparer la personnalité de celle qui écrase tout sur son passage : la star. Lila car elle ne se souvient plus de sa vie d’avant. Violeta car de plus en plus elle se rêve à la place de sa chanteuse préférée.

Film noir, à l’ambiance trouble et malsaine, sur une dualité complexe et maladive, il ne donne pas toutes les clés. Dans le dossier de presse, Carlos Vermut, le réalisateur de « Quien te cantara », précise son but : que le spectateur « passe un bon moment, qu’il soit perdu, qu’il soit ému, qu’il nourrisse les blancs du film par son propre imaginaire ou alors qu’il savoure le mystère qui échappe. »

Mystère. C’est le mot exact pour définir la fin, étonnante, déroutante et diablement mystérieuse.

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Duel musical   


La musique tient une place prépondérante dans le film de Carlos Verlut. Si la bande originale est d’Alberto Iglesias, le compositeur attitré de Pedro Aldomovar, il y a aussi nombre de chansons romantiques comme l’Espagne aime en produire. Les amoureux du genre seront comblés avec plusieurs extraits et même une chanson complète à la fin du film, avec un trucage virtuose à la clé pour « boucler » le film. Mais quand Marta (Natalia de Molina) la fille de Violeta intervient, cette boule de nerfs à la violence explosive n’en a cure des romances.

Ce qui lui plaît c’est le défoulement extrême sur des rythmes modernes. Au bord de la plage ou dans sa chambre, place à la techno, brutale, agressive, assourdissante. L’opposé de la musique que sa mère aime. Ce duel musical et de générations passe par une opposition radicale des genres. La douceur, l’émotion et la mélancolie contre l’ardeur, la force et l’abrutissement.

Les deux styles permettent de mieux cerner l’opposition des deux femmes, la mère et sa fille. La plus jeune, autoritaire, exclusive et intransigeante domine littéralement sa génitrice. Mais cette dernière, grâce à Lila, va trouver les forces pour inverser la tendance. Quel qu’en soit le prix à payer.

➤ « Quién te cantará », drame de Carlos Vermut (Espagne, 2 h 02) avec Najwa Nimri, Eva Llorach, Carme Elias.

vendredi 23 juin 2017

De choses et d'autres : Paris à l'espagnole


Je viens de passer trois jours à Paris. Bien choisi ma période moi... Trois jours totalement caniculaires, étouffants, avec alerte pollution à la clé. A la descente du TGV, mardi, j’ai eu des relents d’arrivées sous les tropiques, quand on ouvrait la porte de l’appareil et qu’une bouffée de chaleur enveloppait les pauvres touristes occidentaux peu habitués à de telles différences de températures. Un Paris presque équatorial. Et pas un brin de vent, ni tramontane, ni marinade qui rafraîchissent un peu en cas de fortes chaleurs. En surface le goudron fond. Mais le pire est au sous-sol, dans le métro qui prend des airs d’enfer. Dans les couloirs, ça va à peu près, mais dans les rames, notamment les plus anciennes totalement dépourvues de climatisation, c’est intenable. Et l’accessoire à la mode est l’éventail. La ligne 6 a des airs andalous. D’autant qu’un des buts de ma visite est de voir en avant-première « Que dios nos perdone », film de Rodrigo Sorogoyen (sortie en France le 9 août). Un thriller implacable sur le Madrid de 2011, entre viol de femmes âgées, visite du pape pour les JMJ et début de l’insurrection des Indignés. « Petit problème technique, prévient l’organisateur, il n’y a pas de climatisation dans la salle...» Normal, ce vieux cinéma de quartier, spacieux et au cachet certain, n’a pas anticipé le réchauffement climatique. Cela tombe bien finalement car le film se déroule l’été, en pleine canicule. On est plongé dans l’ambiance quand un des héros constate que « les gens sentent plus » (je confirme dans le métro). Et comme de nombreuses Espagnoles sont dans la salle, les éventails sont authentiques et maniés avec une grâce indéniable.
(Chronique parue le 23 juin 2017 en dernière page de l'Indépendant)

mercredi 15 février 2017

DVD et blu-ray : Un "Toro" fougueux et dangereux


Non sorti en salles, ce film espagnol de Kike Maillo vaut pourtant largement nombre de films d’actions français ou même américains. Ce jeune réalisateur, originaire d’Andalousie, a décroché son diplôme à Barcelone et a déjà réalisé une série pour la télévision catalane TV3.

Pour cette histoire de deux frères pris dans les filets de la mafia et qui tentent de s’en sortir, il a sorti l’artillerie lourde côté cascades, bagarres et paysages. Et la distribution aussi a de la gueule avec Mario Casas (beau gosse et gros biscotos), Luis Tosar (parfait en père aimant mais débordé) et José Sacristain (grand du cinéma espagnol à la carrière prestigieuse). Du très bon donc, avec en prime les paysages de l’Andalousie, plages et constructions modernes. Toro, plus jeune des frères Lopez, travaille pour Romano, le notable de la ville à qui tout (ou presque appartient). Et ce qui lui échappe directement, il le rackette avec l’aide des frères. Mais Toro en a assez. Il décide d’arrêter ces boulots violents.


Pour une dernière intervention, tout dérape. Poursuivis par la police, l’aîné est tué d’une balle perdue. Toro écope de cinq années de prison. On le retrouve à quelques mois de sa sortie définitive. Il est en conditionnelle. Tous les jours il sort pour conduire les touristes de l’aéroport aux hô- tels de luxe. Avant de rejoindre sa cellule, il va roucouler avec sa fiancée, institutrice. Mais Lopez, son frère, endetté, n’arrive pas à rendre ce qu’il doit à Romano. Les sbires de ce dernier enlèvent sa fille. Acculé, il demande l’aide de Toro qui va abandonner ses rêves de tranquillité pour une course-poursuite sanglante et meurtrière. On apprécie particulièrement dans ce thriller les cascades très spectaculaires sur la plage d’Almeria ou les personnalités tortueuses des seconds rôles, avec une préférence pour Romano interprété par José Sacristain étonnamment crédible dans la peau de ce vieillard vicieux pourtant très croyant et attaché aux traditions.
Le DVD et blu-ray offrent en prime un long making of de plus de 30 minutes parsemé d’interviews du réalisateur et des acteurs.
 ➤ « Toro », Wild Side Vidéo, 14,99 € le DVD et 19,99 € le bluray (sortie le 22 février, en VOD le 17 février).


jeudi 4 août 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : Zone frontière (1/3)

le perthus, commerce, tabac, alcool, frontière, espagne
"Tu es fou !" me lance ma femme. "Pas le choix, plus de cartouche (*). » « Alors ce sera sans moi !" Logique. Qui aurait l'idée saugrenue d'aller au Perthus un 3 août ? Excepté les milliers de touristes qui, sans jamais l'avouer, choisissent les plages des Pyrénées-Orientales pour leur proximité avec ce marché géant de l'alcool et du tabac.
J'espère éviter le pire en partant tôt. Mais même à 8 h 30, on roule au pas sur le dernier kilomètre de la nationale. Connaissant ma propension à rater mes créneaux, j'évite la rue centrale et oblique directement vers le parking 2, celui des hauteurs. La bonne idée que voilà. Des places en pagaille et surtout la possibilité de prendre un peu de fraîcheur dans une chênaie ouverte à la promenade. Mais je ne suis pas là pour faire de la randonnée touristique. Seul l'attrait des prix cassés me conduit dans cette zone frontière.
Le problème du parking en hauteur, c'est qu'il faudra au retour gravir un long escalier (87 marches exactement) pour récupérer mon véhicule. A entendre l'accent des autres piétons, plus de doute, je suis arrivé. Je croise un hipster parisien tatoué de partout et des vacanciers ch'tis qui se demandent s'ils sont déjà en Espagne. Remarque pleine d'à-propos de la charmante quadra en robe bleue : "Non. On est encore dans la partie française. Sinon mon téléphone me l'aurait dit." La belle et aveugle confiance dans les miracles de la géolocalisation. 9 heures. Me voilà dans la place. Comme des centaines de visiteurs. La mêlée commence.
(*) Il ne s'agit ni de cartouches d'encre et encore moins d'armes...

mercredi 8 juin 2016

BD : Un mercredi tendre et émouvant

mercredi, espagne, steinkis
Ce n'est pas une maison mais tout un immeuble qui est au centre de l'album « Mercredi », Juan Berrio, auteur complet espagnol. Un jour de semaine comme les autres, avec ses occupations routinières, l'extraordinaire et l'éternel recommencement de la vie quotidienne. Avec une virtuosité étonnante, l'auteur suit les différents habitants de l'immeuble, du jeune couple follement amoureux à la concierge maman poule en passant par le couple de petits vieux. Ils se lèvent, écoutent la radio, sortent, se rencontrent, vont faire leurs cours, déjeunent au restaurant, promènent leurs chiens. La douce poésie de la vie banale, de l'aventure au quotidien quand un voleur décide de sévir. L'amour frappe aussi en la personne d'une jolie touriste qui aime se faire photographier. Le dessin, ligne claire très stylisée, presque à angle droit, aux décors un peu de carton-pâte, donnent l'impression de se trouver dans une vieille comédie en noir et blanc. Une journée simple et finalement passionnante, avec au passage quelques très bonnes idées comme le dialogue sans cesse interrompu entre les deux jeunes amoureux.
« Mercredi », Steinkis, 15 euros


mardi 7 juin 2016

BD : Souvenirs et maison en héritage

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Paco Roca, dessinateur espagnol, aime particulièrement se pencher sur la transmission des souvenirs. Il avait signé une remarquable BD sur la maladie d'Alzheimer (« La tête en l'air », adaptée au cinéma) et livre un peu de sa propre histoire dans « La maison ». Un album à l'italienne, aux dessins d'une grande douceur, comme la campagne méditerranéenne environnant cette résidence secondaire familiale. La première planche montre un vieil homme qui sort de sa maison. La suivante retrace une année d'abandon. On comprend qu'il est mort et que ce n'est qu'une année après le décès que les enfants viennent s'occuper de cette bâtisse qui symbolise tous leurs souvenirs d'enfance. Le premier à remettre les pieds dedans est l'écrivain. Il n'est pas manuel, n'a jamais trop apprécié son père, trop terre-à-terre. Le second est l'ainé, celui qui a hérité de la force de travail physique du patriarche. Il est remonté contre l'écrivain, toujours en retard et indécis. Enfin la petite dernière regrette surtout que son père n'ait pas pu profiter de sa petite-fille. Les trois se retrouvent dans la maison pour la remettre en état. Le projet : la vendre le plus vite possible. Mais cela ne va pas se passer comme prévu, comme si les souvenirs du lieu se révolté contre l'oubli. Sensible et juste. Plein d'espoir aussi.
« La maison », Delcourt, 16,95 euros


lundi 16 juin 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES - Rions du ballon rond

L'entrée en lice hier soir de la France marque pour nous le véritable début de ce Mundial 2014. On va enfin pouvoir s'y intéresser à fond, et pour de bonnes raisons. Car pour l'instant, je n'ai retenu de ces premiers matches que quelques anecdotes juste pour le fun.
Par exemple la déroute de l'équipe d'Espagne. Ou plus exactement du gardien Casillas. Notamment le 4e but par Van Persie sur un contrôle totalement raté du goal espagnol après une passe en retrait. On pensait le gardien de but jamaïcain inégalable en terme d'inefficacité (8 fois il est allé chercher le ballon au fond des filets contre la France), mais Casillas place la barre très haut. Une "branlée" en match amical ne laisse pas de traces, celle de l'Espagne au second jour du Mundial risque d'en laisser de durables.
Avant il y a la bourde de Marcelo, le Brésilien. Le défenseur a l'honneur d'être le premier joueur à marquer dans cette édition. Mais contre son camp.... Le plus marrant reste le déchaînement sur Twitter contre un homonyme. Les Cariocas, par dizaines, ont reproché à Marcello (avec deux L) de twitter durant le match, ce qui expliquerait sa bévue.
Le meilleur, comme toujours, vient du camp français. Ribery aurait déclaré forfait... car il a peur des piqûres. Le joueur du Bayern de Munich a officiellement démenti la rumeur. Exactement, son mal au dos récurrent aurait dû être traité par des injections de cortisone. Non il n'a pas peur des piqûres dans la fesse comme un gamin trouillard. C'est la cortisone et ses effets secondaires qui l'effraient... Une nuance qui change tout.

samedi 7 juin 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES - Mal de cap final

Parfait. Le reste du séjour (voir l'Indépendant depuis lundi) dans cet hôtel de Catalogne Sud se déroule idéalement. Cerise sur le gâteau, les deux heures passées dans la salle de sport l'ont été en solitaire.
Cette tranquillité me donne enfin l'occasion de galoper sur un tapis de course. Jusqu'à ce jour, j'ai toujours évité cet instrument de torture de peur de chuter comme sur ces vidéos hilarantes vues sur internet. Finalement l'opération se révèle assez simple. Et par chance je ne suis pas tombé. Sinon j'aurais immédiatement exigé l'effacement de l'enregistrement car si la salle est vide, un objectif de caméra est braqué sur les tapis. J'ai pu aussi tester tous les appareils destinés à soulever des poids. Visiblement le précédent utilisateur s'appelle Musclor car la charge était toujours maximale. Tant et si bien qu'au début je crois à une défaillance mécanique. En fait il suffit de baisser le réglage. J'oublie le 15 (des tonnes?) et me contente d'un petit 5 (kilos sans doute!).
Croyant notre malédiction terminée, le dernier soir nous descendons au bar. Mon épouse pour écrire quelques cartes, moi pour consulter mes deux jours de mails grâce au wifi gratuit. Un moment d'inattention et nous replongeons dans l'horreur installés à côté de la tablée Monique, petit mari moustachu et consorts. L'apéro, très chargé, provoque une montée de décibels insupportable. Changement de place. Dans la précipitation je renverse mon cocktail. Au final nous remontons dans la chambre avec un « mal de cap » carabiné.
La prochaine fois ce n'est pas une chambre que je réserve, mais tout l'hôtel. Dès que j'ai empoché l'Euro Millions...