Quelques chroniques de livres et BD qui méritent d'être lus et les critiques cinéma des dernières nouveautés. Par Michel et Fabienne Litout
samedi 9 septembre 2017
Rentrée littéraire : La blancheur est à la mode selon Sophie Fontanel
Si l’on en croit Sophie Fontanel, la nouvelle mode des femmes d’un certain âge serait de ne plus se teindre la chevelure et d’assumer les racines puis les cheveux blancs. Voilà le genre de livre promis à un beau succès. Premièrement car le cœur de cible est celui qui est le plus dépensier en librairie. Ensuite car l’auteur a longtemps été une papesse de la mode (elle signe toujours une chronique dans l’Obs’). Enfin car il est raconté à la première personne, comme une initiation secrète à partager. Admettons qu’à 53 ans une femme ait des envies de « naturel ». Mais il n’y a pas que les cheveux que l’on masque. Pourquoi se botoxer pour cacher les rides, se charcuter les seins quand ils tombent, se blanchir les dents, suivre un régime pour rentrer dans du 38... Les cheveux blancs ne sont qu’une étape.
➤ « Une apparition », Sophie Fontanel, Robert Laffont, 17 €
lundi 3 avril 2017
Livre : Les pouvoirs déclinants du héros de "Super normal"
Une pépite qui tombe à point pour comprendre la mode des superhéros qui déferle sur le monde depuis une dizaine d’années.
➤ « Super Normal » de Robert Mayer, Aux forges de Vulcain, 21 €
lundi 6 mars 2017
Roman : Jean-Marie Rouart explore les désirs de la vieillesse
La vieillesse implique-t-elle l’abandon de toute passion ? Cette question est au centre de ce roman de Jean-Marie Rouart de l’Académie française. Pour le narrateur, un riche intellectuel qui dirige une revue d’art, la vieillesse c’est avant tout « Une jeunesse perdue », titre de l’ouvrage.
Il se morfond, constatant que le poids des ans lui enlève fougue et audace lui permettant de conquérir des femmes aux corps doux et parfaits. Aujourd’hui, « quand un miroir se trouvait à portée, je m’observais sans pitié. La flétrissure de mon visage m’affligeait. (…) Cet implacable travail du temps sur mon corps, jamais il ne m’était apparu aussi flagrant que depuis que j’avais besoin qu’il se montrât alerte et séduisant ». Il se croit perdu, incapable de passion. Jusqu’à sa rencontre avec Valentina, une superbe Russe dont il tombe amoureux.
A moins qu’il ne la désire simplement pour une dernière étreinte avec le corps jeune et ferme d’une « femme tempête ».
➤ « Une jeunesse perdue » de Jean-Marie Rouart. Gallimard. 19 €
mercredi 7 septembre 2016
DE CHOSES ET D'AUTRES : Les cernes de la vie

Cette constatation me plonge dans le passé. J'ai 20 ans et étudie le journalisme dans une école près de Bordeaux. Le directeur de l'époque, mon maître de mémoire arbore lui aussi des cernes. J'admire ce signe d'intense travail, de lecture et d'écriture de tous les instants. Mon visage, encore poupin, est à mille lieues de ces signes extérieurs d'intellectuel posé. Il est vrai que le directeur en question multiplie les casquettes. Responsable de l'école, il ne s'en occupe que trois jours par semaine, du lundi au mercredi. Le reste du temps il vit à Paris, écrit des scénarios, des romans, signe des enquêtes dans les magazines. Deux vies en une, en somme. Aucune occasion de s'ennuyer, ma hantise. D'autant qu'à Bordeaux la rumeur court qu'il entretient une relation avec une jeune et charmante étudiante de 20 ans sa cadette.
Ces cernes sous les yeux, signature de son statut d'homme hyperactif, ne sont plus un signe recherché de nos jours. La fraîcheur avant tout. Pour s'en persuader, regardez dans votre quotidien préféré les photos des départs à la retraite qui se multiplient dans les pages villages. Je suis frappé par l'apparente jeunesse de ces futurs inactifs. Une vie de labeur certes, mais sans les stigmates.
Je suis encore très loin de la retraite (dans une bonne dizaine d'années, voire plus), mais j'en porte déjà les marques. Et paradoxalement, je m'en réjouis.
mardi 1 mai 2007
BD - Le naufrage de la vieillesse
« Rides » propose au lecteur un voyage dans les affres de la mémoire défaillante. Signé Paco Roca, auteur espagnol très prometteur, cet album d'une centaine de pages offre un regard sensible, lucide et sans concession sur la maladie d'Alzheimer. Ernest, un paisible retraité, est placé par ses enfants dans une résidence du troisième âge.
Cet ancien banquier a parfois des absences. Il est dans la période critique d'Alzheimer où il en a encore conscience. Mais il n'ose pas réellement y croire. C'est en découvrant qu'il a le même traitement qu'un homme devenu un véritable légume qu'il comprend l'étendue de sa maladie. En compagnie d'Emile, son collègue de chambre, il va tenter de retarder les effets du mal en exerçant sa mémoire puis en mettant des étiquettes sur les objets de la vie courante.
Mais inexorablement le cerveau malade ne tourne plus rond et Ernest s'enferme dans un monde figé et de plus en plus incompréhensible. Emile, de vieillard cynique profitant de tout et de tous, se transforme en compagnon de galère attentif, retrouvant un sens à sa vie, elle aussi en fin de course. Préparez les mouchoirs. (Delcourt, 14,95 €)



