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samedi 14 mai 2022

Cinéma - L’engrenage fatal de “Varsovie 83, une affaire d’État”

"Varsovie 83,une affaire d'État", film de Jan P. Matuszynski avec Tomasz Zietek, Sandra Korzeniak, Jacek Braciak


À ceux qui prétendent que nous vivons actuellement en France dans une dictature, on ne peut que conseiller d’aller voir en salle Varsovie 83, une affaire d’État. Ils prendront véritablement la mesure de ce qu’est qu’un État omnipotent, prêt à tout pour museler l’opposition et protéger ses sbires les plus violents et déviants. 

En 1983, alors que le syndicat libre Solidarnosc bataille contre le régime du général Jaruzelski, la poétesse Barbara Sadowska (Sandra Korzeniak) est molestée par la police. Et les agents menacent de s’en prendre à son fils. Quelques jours après, il est arrêté en ville alors qu’il fête son bac avec un ami, Jurek (Tomasz Zietek). Violemment tabassé, il meurt deux jours plus tard. La mère va se lancer dans un long combat judiciaire pour faire condamner les policiers violents. Mais elle n’a qu’un atout dans son jeu : Jurek qui a tout vu. 

Ce film magistral retrace avec minutie cette horrible machination. Car la machine à propagande se met en marche pour protéger les tueurs. Pressions économiques, intimidations indirectes, arrestations arbitraires, pots-de-vin : tout est mis en place pour permettre de prouver que la parole de Jurek n’a pas de valeur. 

Un engrenage fatal pour le jeune homme dénigré et la mère qui n’a que ses mots à opposer à la morgue des autorités. Un grand film politique et historique.

lundi 11 avril 2022

Série télé - Terrifiante Cracovie


Si certaines séries diffusées sur des plateformes mondiales ont clairement pour objectif de booster le tourisme des lieux de tournage, cela ne semble pas le cas pour Les monstres de Cracovie, production originale de Netflix se déroulant dans cette ville polonaise au riche passé. Il y a pourtant quelques décors qui méritent le détour, des ambiances sans doute uniques… mais l’ensemble, gris et terne, ne donne pas envie d’aller plus loin. Et pour être totalement franc, la série en elle-même ne donne pas plus l’envie d’aller jusqu’au bout des huit épisodes. 

Dommage, car le début est prometteur. Hania (Kaja Chan), une jeune étudiante veut intégrer le cours d’un célèbre professeur. Elle passe une épreuve, semble la rater, puis un des élèves la séduit et part avec elle faire une balade en voiture. Il fonce alors vers un précipice donnant sur un profond lac, saute de la voiture et laisse Hannia seule dans l’habitacle. Alors qu’elle va mourir, une entité lumineuse intervient et la sauve de la noyade. Le lendemain, Hania se réveille dans la maison commune des étudiants du professeur. 

D’autres jeunes aux pouvoirs fantastiques. Ils forment un groupe chargé de veiller sur la ville de Cracovie, attaquée par des démons. Le dernier en date prend les apparences d’un enfant. Il envoie contre Hania des jumelles (blondes et totalement nues !) puis une sorte de Père Noël crasseux et une horde de zombies. Le scénario manque de cohérence, les acteurs sont peu charismatiques et les trucages entre effets mécaniques ratés et bestioles de jeux vidéo. 

Bref, ces Monstres de Cracovie, qui en plus souffrent d’incroyables longueurs, ne seront pas la série qui fera connaître la peu riante cité polonaise au reste du monde.


mardi 21 décembre 2021

Thriller - L’avenir de l’Humanité passe peut-être par les ours

Vaste roman d’aventures particulièrement dépaysant, Inestimable du Polonais Zygmunt Miloszewski permet de retrouver l’héroïne de son précédent thriller, Inavouable. Zofia est la renommée directrice d’un musée national en Pologne. Mais cette femme qui doit son poste à son aptitude à traquer les voleurs d’œuvres d’art est à l’étroit dans cette structure étatique. Quand elle décide de faire un peu bouger les lignes, elle est licenciée sur-le-champ par le gouvernement qui ne voit qu’une apologie de la pornographie. Il est vrai qu’une banane est très phallique. Surtout pour des religieux intégristes. 

Zofia qui a ainsi l’occasion d’accepter l’offre de Bogdan Smuga, un biologiste et aventurier qui lui propose de retrouver des artefacts d’une tribu aïnous vivant sur l’île de Sakhaline entre Sibérie et Japon. Le froid, la boue, les ours, les chamans : cette partie du roman est très agitée. Par contre pour le mari de Zofia, malade (il perd la mémoire), c’est très calme dans sa clinique retirée dans les Pyrénées. Et le lecteur découvre alors avec étonnement que l’auteur polonais place cet établissement près de Céret dans le Vallespir

L’occasion de parler aussi d’ours, c’est un peu la clé du roman, en racontant une des fêtes : « des autochtones en baskets, déguisés en ursidés, poursuivaient d’autres autochtones et les enduisaient d’une substance noirâtre. » Le roman se déroule aussi en partie à Paris, en Pologne évidemment et en plein océan dans un bateau servant de laboratoire secret ambulant. 

Une écriture brillante, un sens du rythme rarement atteint, des personnages tous complexes, une multitude de lieux dépaysants : ce roman est particulièrement addictif. Et totalement dans l’actualité car en filigrane, on découvre le risque pour l’Humanité de disparaître à cause de l’artefact ramené de Sakhaline, un siècle auparavant, par un Polonais qui l’avait légué à sa compatriote, double prix Nobel, Marie Curie.

« Inestimable » de Zygmunt Miloszewski, Fleuve Noir, 21,90 €


samedi 27 juin 2020

Série télé - Inquiétants bois de la sombre Pologne

Tiré d’un roman d’Harlan Coben, Dans les bois a été mis à la sauce polonaise pour cette production originale Netflix. Six épisodes de 50 minutes pour démêler l’intrigue de ce thriller jouant sur passé et présent. Le roman, paru en 2007, des USA, se transporte à la Pologne. Deux époques. En 1994 et de nos jours. Mais les mêmes personnages. Dans les années 90, Pawel est le surveillant d’une colonie de vacances pour de jeunes adultes, comme lui. Il tombe amoureux de Laura, la fille du directeur. Le dernier soir du camp, alors qu’il s’est isolé avec Laura dans les bois autour de la colonie, le cri d’une jeune fille déchire la nuit. Le lendemain, la sœur de Pawel et trois autres jeunes ont disparu. 

Si les corps, affreusement mutilés d’une fille et d’un garçon sont rapidement retrouvés, la seoir de Pawel et son meilleur ami ne referont jamais surface. Le premier épisode raconte, avec un nombre incalculable de lenteurs, ce préambule dramatique. 

Ensuite on découvre que Pawel est devenu procureur et qu’il a l’occasion de relancer l’enquête sur la disparition de sa sœur. Car le garçon disparu avec elle vient d’être retrouvé dans un terrain vague, assassiné. Ce thriller, remarquablement filmé dans des décors naturels devenant forêts estivales bucoliques ou sombres paysages hivernaux, vaut pour l’interprétation des deux personnages principaux. 

Ils sont quatre en réalité, deux pour Pawel (Grzegorz Damiecki et Hubert Milkowski) et deux pour Laura (Agnieszka Grochowska et Wiktoria Filus). Une complicité amoureuse pour les jeunes, un froid dédain pour les adultes. Car cette nuit, bien des mensonges ont été enfouis au plus profond des consciences de ces jeunes vacanciers dépassés par les événements.


mardi 19 mai 2020

Série Télé - Réalité polonaise avec The Mire


On ne peut pas reprocher à Netflix de ne pas investir partout en Europe. Pour preuve Rojst, mini-série polonaise de cinq épisodes rebaptisée The Mire pour sa sortie mondiale la semaine dernière sur la plateforme de SVOD. L’action se déroule dans les années 80 en Pologne. L’appareil communiste règne toujours en maître sur la pays. Dans cette province reculée, la Vovoïde, un jeune journaliste encore plein d’illusions.

 Confronté à un double crime (une jeune prostituée et son client, un cacique du Parti), retrouvés égorgés dans la forêt), il réfute l’explication officielle de la police et décide d’enquêter. Rapidement il va remuer cette boue qui gangrène la société. Et se retrouver à son tour menacé. 

C’est noir, sombre et pessimisme. La reconstitution de la Pologne d’avant Solidarnosc est bluffante et les comédiens excellents. Une jolie surprise, qui tient en haleine l’abonné du début à la fin. 

lundi 6 mars 2017

De choses et d'autres : les Polonaises apprécieront


Certains ne mesurent pas le danger qu’ils courent, surtout alors que la journée du 8 mars célébrera les femmes. Prenez l’eurodéputé polonais Janusz Korwin-Mikke. La semaine dernière lors d’une séance au Parlement il a sorti une de ces énormités qui donnerait envie au plus pacifiques de lui en coller une illico presto. 
Ce moustachu, conservateur assumé entendait justifier l’inégalité salariale entre hommes et femmes, particulièrement criante dans son pays. « Dans le classement des Olympiades scientifiques polonaises, quelle était la place de la première femme ? 800e . » Conséquence, pour ce macho de première « bien sûr que les femmes doivent gagner moins que les hommes parce qu’elles sont plus faibles, plus petites, moins intelligentes ». 
Nous sommes en 2017, l’Europe combat l’intégrisme religieux qui asservit les femmes, la France se bat pour la parité mais des élus du Vieux continent ont encore des ré- flexes dignes du Moyen âge. 
Heureusement la voix d’Iratxe García Pérez, socialiste espagnole, s’est levée dans l’hémicycle : « Je sais que ça vous ennuie qu’aujourd’hui les femmes puissent représenter le peuple dans les mêmes conditions que vous. A cette place, je vais défendre les femmes européennes contre les hommes comme vous. » Une femme sensée. Janusz a de la chance. Je connais quelques hommes qui auraient reçu une réponse beaucoup plus musclée. 

Edit : le député a été sanctionné... 

jeudi 11 février 2016

Cinéma : La foi à l'épreuve de la vie dans "Les Innocentes" d'Anne Fontaine

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Comment survivre à l'horreur, comment garder la foi ? Le film "Les innocentes" d'Anne Fontaine apporte une réponse forcément subjective mais d'une réelle beauté.

Hiver 1945. La Pologne vient d'être libérée du joug nazi. Libérée mais aussi envahie par les forces russes. Pour certains, les cinq années de crainte et de peur ne font que commencer. Dans ce pays en ruines, la croix rouge française est en mission pour soigner et rapatrier les soldats tricolores blessés au front. Mathilde Beaulieu (Lou de Laâge), jeune interne, se forme en multipliant les opérations de rafistolage de chairs blessées. Elle est sous la responsabilité de Samuel (Vincent Macaigne), médecin haïssant les Polonais. Pas étonnant quand on sait que toute sa famille est morte dans un camp à quelques kilomètres de là. Fataliste il confie à Mathilde, "Les seuls Polonais que j'aime ce sont ceux du ghetto de Varsovie. Mais ils sont tous morts". Le film d'Anne Fontaine, par cette voix de Samuel, ne se prive pas de dénoncer les persécutions des Juifs par les Polonais, catholiques parfois trop primaires. Mais eux aussi ont souffert. Pour preuve la situation des 30 religieuses d'un couvent isolé dans la campagne. Quand les soldats russes sont arrivés en libérateurs, ils ont profité de cette "prise de guerre". Toutes les religieuses ont été violées.
Grossesses compliquées
Quelques mois plus tard, Mathilde reçoit la visite de l'une d'entre elles. Elle veut l'aide d'un médecin car les grossesses de certaines ne se déroulent pas bien. Inspiré d'une histoire craie, ce film marque un tournant dans la carrière d'Anne Fontaine. Habituée aux histoires de triangle amoureux, elle plonge dans ce drame avec une sensibilité et une compréhension revigorante. Car malgré les drames personnels, les doutes, la violence de la guerre, les horreurs du passé, ce film est résolument optimiste. Mathilde, athée et rationnelle, va souvent revenir dans le couvent, se lier d'amitié avec ces femmes à l'esprit si différent du sien. Elle va surtout parvenir à leur faire accepter leur destin et ces enfants de la honte. Elle recevra l'aide d'une religieuse plus ouverte, sœur Maria, interprétée par Agata Buzek, actrice polonaise qui crève l'écran. L'amitié entre ces deux femmes que tout oppose permettra de sauver les enfants et les jeunes femmes craignant la damnation éternelle pour n'avoir pas respecté (pourtant à leur corps défendant) leur vœu de chasteté. Entièrement tourné en Pologne dans un monastère désaffecté (l'église polonaise a refusé de prêter un de ses couvents pour le tournage...), le film oppose la froideur des lieux à la chaleur des cœurs des hommes et femmes, tous liés par les mêmes épreuves. Et au final, la vie l'emporte sur la foi.
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Et Lou de Laâge devint adulte
lou.jpgÀ 25 ans, Lou de Laâge quitte pour la première fois son statut d'adolescente, éternelle espoir du cinéma français. En endossant l'uniforme de ce jeune médecin français, plongée dans les horreurs de la guerre, elle devient adulte. Femme aussi. Très libre. Avec Samuel, elle forme un couple atypique. Ils se vouvoient, travaillent ensemble, dansent parfois et se donnent du bon temps dans les bras l'un de l'autre. Médecin par vocation, elle désire ardemment sauver des vies même si dans les conditions difficiles d'un pays exsangue elle se contente de rafistoler des corps. Aussi quand elle pénètre la première fois dans le couvent et découvre des religieuses vivant comme une honte absolue leur maternité non désirée, elle brise un peu sa carapace. Elle fera tout pour les aider. Elles et les enfants qu'elles portent. Elle se substituera à leur mère supérieure, enferrée dans ses principes et sa doctrine religieuse au point de commettre l'irréparable. Un rôle tout en nuance pour Lou de Laâge. Elle s'en tire parfaitement, dosant avec subtilité ses émotions et son expression, de plus en plus épanouie au fil des semaines et des naissances. Son interprétation de Mathilde devrait lui ouvrir d'autres horizons, elle qui jusqu'à maintenant a essentiellement joué des rôles d'adolescente allumeuse et torturée ("Respire" ou "L'attente").

mardi 9 septembre 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES - Le barbier polonais


Le Royaume Uni a un problème avec l'Europe. Cela ne date pas de son intégration à la communauté européenne. Pour preuve la sortie aujourd'hui à Londres d'un livre révélation sur l'identité de Jack l'éventreur. Loin d'appartenir à la famille royale comme envisagé par quelques auteurs bourrés d'imagination, il ne serait autre qu'un... barbier polonais. En France, on redoute le fameux plombier polonais qui vient prendre le travail des artisans tricolores. Au Royaume Uni, ils vont plus loin. Le barbier polonais a émigré à Londres pour massacrer les prostituées locales. L'identité de Jack l'éventreur serait prouvée par l'analyse ADN du châle qu'une des victimes portait au moment du meurtre, en 1888. La démonstration se veut scientifique, mais parvenir à identifier un ADN plus de 125 ans après les faits relève de l'exploit. Le fameux barbier avait bien été suspecté à l'époque. Un coupable idéal pour les policiers : barbier, il maniait à la perfection rasoirs et autres objets tranchants ; Polonais, la réputation britannique était sauve.


Aujourd'hui, les Anglais se retrouvent face à une nouvelle menace étrangère, sur leur propre sol. L'Écosse pourrait devenir indépendante la semaine prochaine. Pour la première fois un sondage donne la majorité au « oui ». Longtemps caricaturée pour ses pratiques vestimentaires, la radinerie de ses habitants et ses monstres de légende, l'Écosse est très loin de ces clichés. Vous en doutez ? Visionnez « Trainspotting », le film de Danny Boyle. Vos a priori voleront en éclats et l'indépendance de l'Écosse deviendra une évidence.

jeudi 8 mai 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES - "L'enfant de Schindler", un témoignage bouleversant

Aujourd'hui 8 mai, la France célèbre la capitulation de l'Allemagne nazie. Si depuis les deux pays sont réconciliés, cela n'empêche pas de se remémorer les horreurs commises par Hitler et ses sbires. Un bouleversant témoignage vient d'être publié aux éditions PKJ. Leon Leyson raconte comment il est devenu « L'enfant de Schindler ».
Ce jeune Juif polonais, en 1943, était le plus jeune nom de la fameuse liste devenue célèbre après le film de Spielberg. Son témoignage poignant permet de mieux comprendre dans quelles conditions les Nazis ont persécuté la communauté juive. L'action se déroule à Cracovie en Pologne. Leon, gamin insouciant, vit heureux auprès de son père, employé dans une entreprise locale. Quand les Allemands envahissent le pays et s'approprient l'industrie, Moshe Leyson change de patron. Il dépend désormais d'un certain Schindler. Rapidement les Juifs sont parqués dans un ghetto, les premières rafles ont lieu. « Les parents ne pouvaient plus rassurer leurs enfants avec des mots comme "ce sera bientôt fini". A présent ils disaient "ça pourrait être pire" »... Ensuite c'est le transfert dans le camp de travail de Plaszow : « Ma première impression, celle de me trouver en enfer sur terre, n'a jamais changé ». Sa description de la vie (survie exactement) dans ce camp est hallucinante. Encore plus quand on réalise que ces brimades quotidiennes sont vécues par un gamin de 12 ans. Alors pour ne jamais oublier, lisez et faites lire à vos enfants ce récit paru hier en librairie.
« L'enfant de Schindler » de Leon Leyson, PKJ, 15,90 euros.

 Chronique "De choses et d'autres" parue ce jeudi 8 mai en dernière page de l'Indépendant. 

samedi 15 février 2014

Cinéma - Période noire, images grises dans "Ida"

Avec le portrait d'Ida, le réalisateur Pawel Pawlikowski revient sur la Pologne des années 60.

En noir en blanc, personnages souvent immobiles dans un cadre épuré, campagne hivernale et boueuse ou forêts impénétrables : Ida a tout du film graphique à forte teneur artistique. Pourtant son réalisateur a débuté en tournant nombres de documentaires pour la BBC. En s'attaquant à la fiction, il change de registre, conservant cette science du cadrage et de la mise en abîme de ses sujets. Ida se déroule en Pologne durant les années 60. Le pays, après la guerre avec l'Allemagne, la domination soviétique et les purges staliniennes sanglantes, arrive à vivre presque normalement. 
D'autant que le régime, malgré sa sévérité, a toujours préservé les institutions religieuses. Dans un couvent, Ida (Agata Trzebuchowska), jolie novice au sourire rare mais lumineux, va prononcer ses vœux dans quelques jours. Avant ce renoncement, elle part à la rencontre de son unique famille, une tante qu'elle n'a jamais vue. Orpheline, elle a été élevée chez ces sœurs qu'elle désire ardemment rejoindre. Valise à la main, elle débarque un matin chez Wanda (Agata Kulesza), fervente communiste qui a mis sa vie au service du régime. Juge, elle n'a plus trop de pouvoir mais bénéficie d'une appréciable liberté de mouvement. 
Wanda et Ida partent à la recherche de la tombe des parents d'Ida. Une quasi enquête policière car ils étaient juifs. Une révélation pour la jeune fille, qui n'ébranle pas sa foi chrétienne. Pas plus que le sort réservé à ses parents, durant la guerre, par ces « bons catholiques » si vite pardonnés après une confession, deux pater et un « Je vous salue Marie »... 
La force du film réside dans la reconstitution fidèle de cette période. Comme si le périple des deux femmes que tout oppose, était filmé comme un documentaire. Avec sincérité, sans concessions. On est plongé dans un autre monde, partagé entre grands idéaux contraires. Le noir et blanc renforce le côté gris et terne des regrets. Agata Trzebuchowska apporte fraîcheur et spiritualité au rôle d'Ida, qui mettra longtemps avant de choisir la vie qu'elle se réserve.