lundi 22 juin 2020

Cinéma - Benni, fugue mineure

Benni n’est pas une fille facile. Elle donne bien du fil à retordre à ses éducateurs. Benni, blondinette aux yeux bleus pourrait charmer qui elle veut en souriant. Mais Benni est en réalité une enfant sauvage aussi dangereuse qu’un volcan sur le point d’entrer en éruption. Pourquoi Benni rejette-t-elle à ce point la société ? Le spectateur le découvre au fil des minutes, plongeant à son corps défendant dans la psyché de cette enfant qui a visiblement été très mal traitée dans sa petite enfance.

De foyer en hôpital psychiatrique

Le film de Nora Fingscheidt, une des sensations de la dernière Berlinale, est tout le temps sur la corde raine. Comme les humeurs de la petite Benni, magistralement interprétée par Helena Zengel du haut de ses 9 ans. Elle a été retirée du foyer familial. Presque au soulagement de la mère qui a déjà fort à faire avec ses deux autres enfants. Benni est incontrôlable. Elle ne veut pas aller à l’école, a tendance à se battre, surtout avec les garçons mais surtout pique des crises d’hystérie totale si par malheur quelqu’un lui touche le visage. L’explication est donnée au détour d’une des nombreuses consultations médicales (Benni est du pain béni pour certaines psychiatres en mal de phénomènes) : quelqu’un aurait tenté de l’étouffer avec un oreiller quand elle était bébé. Qui, le film ne le dit pas. Reste le traumatisme. 

L’assistante sociale chargée de la suivre ne sait plus quoi faire. Tous les foyers la refusent. Et de toute manière elle fugue quasiment toutes les semaines pour tenter de rejoindre sa mère qui lui manque tant. Il ne reste que la solution de l’institution fermée, mais elles n’acceptent les enfants violents qu’à partir de 12 ans. Peut-elle passer deux années dans un hôpital psychiatrique en attendant ? La solution va venir d’un de ses accompagnants scolaires, Micha (Albrecht Schuch). Il propose de la prendre durant deux semaines dans une cabane isolée dans les bois, sans électricité. Juste lui et elle pour se confronter à une autre réalité. Un point sera fait après cette expérience. Le film, de drame social âpre et violent, se transforme lentement en relation fusionnelle entre deux incompris, sensibles à la poésie de la nature. On est subjugué par la scène de l’écho. Micha emmène Benni très loin dans les bois. Sur une crête, il lui demande de crier pour que l’écho lui réponde. Benni va se défouler durant deux longues minutes à appeler en vain sa maman. Une scène poignante. Comme toutes celles qui suivent car Benni n’en a pas terminé avec les problèmes, malgré ses promesses à Micha à qui elle demande de devenir son père. 

Le destin de cette petite fille perdue, traumatisée, incapable de trouver sa place dans notre société, devient alors un grand film qui restera dans les mémoires

Film allemand de Nora Fingscheidt avec Helena Zengel, Albrecht Schuch, Gabriela Maria Schmeide 

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