dimanche 28 juin 2020

Roman - Enquête littéraire sur une disparition



Amateurs de littérature érudite, si en plus vous appréciez les romans policiers, ce petit ouvrage (150 pages) va vous enchanter. Daniel Sangsue, universitaire, spécialiste de l’œuvre de Stendhal, enseignant tant en France qu’en Suisse, abandonne les publications excessivement sérieuses pour cette fiction, presque une autofiction. 

Le narrateur, enseignant dans une université suisse, découvre dans sa librairie préférée l’arrivée de plusieurs livres d’occasion d’excellente facture. Ils proviennent de la bibliothèque de Karl Kleber, un universitaire suisse disparu il y a plus de 20 ans. Pas un décès de sa belle mort mais bel et bien une disparition, du jour au lendem
ain, sans la moindre explication. Le mystère, rien de tel pour pimenter la vie très millimétrée du narrateur. Il va obtenir les premières indications du libraire qui lui vent ces livres, souvent annotés par le chercheur érudit. Ce qui frappe en premier lieu le futur enquêteur, c’est la concordance de goûts entre Karl Kleber et lui. Breton, Aragon, Queneau, Michaux et La disparition de Perec. L’auteur prend ce dernier titre comme un indice et il va dès lors consacrer tous ses loisirs à retracer la vie de Karl Kleber. On apprend donc qu’il était marié, mais avait une aventure avec une de ses étudiantes, qu’il ne supportait pas l’orientation de plus en plus marketing de l’université et qu’enfin il aurait été aperçu, mendiant dans les rues des Paris, une année après son évaporation. 

Coup de théâtre en Aveyron

Ce jeu de piste littéraire où l’on croise Cioran dont l’aphorisme « Ce qui est merveilleux, chaque jour nous apporte une nouvelle raison de disparaître » a été surligné par Kleber. Ensuite, après une séance de spiritisme (Daniel Sangsue a beaucoup étudié et publié sur les fantômes), on croit que le mystère sera résolu comme dans un roman récent de Joël Dicker, « La vérité sur l’affaire Harry Québert » Une fausse joie avec finalement des réponses presque définitives après un séjour dans une ferme aveyronnaise, près de Lassouts, village d’où est originaire Marieus Pouget qui a fait carrière dans la poésie à Paris sous le nom de Léo d’Orfer. Léo d’Orfer, justement est le sujet de la thèse de Karl Kleber parue en 1970. Comme un retour aux sources du maître et de l’élève. Un roman érudit donnant l’impression au lecteur d’être un expert en littérature française. 

 « À la recherche de Karl Kleber » de Daniel Sangsue, Favre, 14 €


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