mardi 25 juin 2024

BD - Jesse Owens, fuite victorieuse

Dans quelques jours ils seront des dizaines à rêver de victoire sur la piste d'athlétisme du Stade de France. Les Jeux Olympiques font de belles histoires. Gradimir Smudja l'a bien compris, lui qui vient de sortir un roman graphique sur la vie de Jesse Owens.

Le dessinateur d'origine serbe, réfugié en Italie depuis le début des années 80, est surtout connu pour des récits très poétiques et oniriques. Comment dès lors se frotter à la pure biographie ? Pour lui il suffit de donner le rôle de narrateur à un chat noir, Essej, musicien de jazz de son état, meilleur ami du petit Jesse Owens.

Car avant de faire fouler au géant de l'athlétisme la piste de Berlin en 1936, quand il remporte quatre médailles d'or sous les yeux horrifiés d'un Hitler vert de rage, Gradimir Smudja va raconter ce qui a donne des ailes à Jesse Owens. Et ses rêves de gloire sont directement issus de ses pires cauchemars.

Jesse a toujours eu l'impression d'être au mauvais endroit, au mauvais moment. Enfant, il court pour échapper à un jars agressif ou un bouc caractériel. Ensuite, il galopera pour échapper aux tueurs du Ku Klux Klan, aux policiers, aux milices blanches... Une fuite qui le conduira directement à la victoire. Un grand du sport mondial, mais qui sera rejeté par une partie de cette Amérique encore profondément raciste et ségrégationniste.

A son retour, après le triomphe de Berlin, Roosevelt, président, ne le recevra pas à la Maison Blanche. Il faudra attendre les années 70 pour que Gérald Ford lui remette la Médaille de la Liberté, plus haute décoration des USA.

Cette belle vie, remplie de gloire, passage très symbolique d'esclave à champion pour toute une partie de la population américaine, donne l'occasion à l'artiste d'origine serbe de signer des planches d'une incroyable beauté. Certaines, pleine page, voire sur des double pages, devraient faire saliver des galeristes en mal de peintures de qualité et bourrées de personnalité.

« Jesse Owens, des miles et des miles », Futuropolis, 128 pages, 24 €
 

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